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Washington secoue le sommet sur l’énergie en fustigeant les politiques “dangereuses” contre les fossiles

Les Etats-Unis ont fustigé jeudi les politiques hostiles aux énergies fossiles, les qualifiant de “néfastes et dangereuses”, au premier jour du sommet de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur la sécurité énergétique, à Londres, s’opposant fermement aux pays favorables aux renouvelables.”Certains veulent réglementer toutes les formes d’énergie, sauf les soi-disant renouvelables, jusqu’à leur disparition complète, au nom de la neutralité carbone. Nous nous opposons à ces politiques néfastes et dangereuses”, a déclaré Tommy Joyce, secrétaire adjoint par intérim à l’Energie pour les affaires internationales.Une critique à peine voilée de l’administration Trump sur la politique de l’AIE, devenue boussole de la transition énergétique: en 2021, cette agence née en 1974 en réponse au premier choc pétrolier avait surpris le monde et ulcéré les pétroliers en affirmant qu’il fallait renoncer immédiatement à tout nouveau projet hydrocarbure face au réchauffement climatique.Les représentants d’une soixantaine de pays et d’une cinquantaine d’entreprises planchent depuis jeudi sur l’avenir de la sécurité énergétique, au moment où le monde est secoué par les conflits en Ukraine et au Proche-Orient, les droits de douane américains, ainsi que le climato-scepticisme du président américain Donald Trump.La Chine, l’Arabie saoudite ou la Russie ne sont cependant pas représentées, tandis que les Etats-Unis n’ont envoyé que des secrétaires d’Etat adjoints par intérim à ce sommet, co-présidé par le Royaume-Uni.Le Premier ministre britannique Keir Starmer doit prononcer un discours dans l’après-midi, suivi de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.- “Une arme contre nous” -Sans surprise, de profondes divergences sont rapidement apparues sur le rôle des énergies renouvelables dans la sécurité énergétique.La matinée a été marquée par le discours plus modéré qu’à l’accoutumée du directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, qui a reconnu le pétrole et le gaz comme “des éléments clés (du) mix énergétique”.”Ils le resteront dans les années à venir”, a-t-il ajouté, allant à rebours des prévisions de son agence, qui annonçait en 2023 un pic de la consommation d’énergies fossiles avant 2030.Il a aussi souligné que l’essor exponentiel des énergies bas carbone faisait naître “un nouveau défi”: l’approvisionnement en métaux critiques indispensable à la transition énergétique, mais qui se trouvent principalement en Chine.Près de 40 ans après le premier choc pétrolier, “ces dernières années nous ont montré que la sécurité énergétique ne doit pas être considérée comme acquise”, a-t-il poursuivi dans son discours d’ouverture. “Tant que l’énergie peut être utilisée comme une arme contre nous, nos pays et nos citoyens sont vulnérables et exposés”, a appuyé le ministre britannique de l’Energie Ed Miliband.- “Trois règles d’or” -Face aux menaces, trois “règles d’or” doivent être garanties, selon Fatih Birol: la “diversification” des sources d’énergie, la “prévisibilité” des politiques et une “coopération” entre les Etats.Les investissements dans l’énergie sont le plus souvent gigantesques et pensés à long terme. Or, “si les politiques ne sont pas prévisibles, si elles changent d’un jour à l’autre, cela crée de l’incertitude” et donc “un problème majeur pour les investisseurs”, a-t-il déclaré, au moment où la politique de Donald Trump plonge marchés et pays dans la fébrilité.Dans un monde fragmenté, Fatih Birol et Ed Miliband ont aussi appelé à plus de “coopération” et au “multilatéralisme”.De manière inattendue, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait salué mercredi la tenue de ce sommet, jugeant “positif de voir l’AIE se recentrer sur la sécurité énergétique”, son “objectif fondamental”.Le cartel, qui avait qualifié la sortie des énergies fossiles de “fantasme”, reproche à cette agence de l’OCDE, qui réunit les pays développés, de promouvoir des scénarios de neutralité carbone “irréalistes, sans tenir compte de la sécurité énergétique, de l’accessibilité financière ou de la faisabilité” de ces objectifs.La raison d’être de l’AIE reste “de promouvoir la transition énergétique comme un outil de souveraineté”, répond le cabinet du ministère français de l’Energie, assurant qu’il n’y a “pas d’inquiétude européenne sur une déviation de l’agenda” de l’Agence. 

Climat: des pays accusés de “jouer” avec les forêts pour réduire leur ambition

De grandes puissances surestiment la capacité d’absorption de CO2 de leurs forêts et s’en servent pour ralentir leur sortie des énergies fossiles tout en prétendant tenir leurs objectifs climatiques, dénonce l’évaluation d’un observatoire international publiée jeudi.L’analyse de l’institut Climate Analytics, qui épingle le Brésil et l’Australie, critique la faiblesse des règles sur le calcul de …

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Climat: des pays accusés de “jouer” avec les forêts pour réduire leur ambition

De grandes puissances surestiment la capacité d’absorption de CO2 de leurs forêts et s’en servent pour ralentir leur sortie des énergies fossiles tout en prétendant tenir leurs objectifs climatiques, dénonce l’évaluation d’un observatoire international publiée jeudi.L’analyse de l’institut Climate Analytics, qui épingle le Brésil et l’Australie, critique la faiblesse des règles sur le calcul de l’efficacité des puits de carbone terrestres, qui ouvre une faille permettant aux pays de “jouer avec le système” de comptabilisation de leurs émissions de gaz à effet de serre.La quantité de CO2 absorbée par les sols, les forêts et les zones humides est difficile à calculer. Et les scientifiques craignent même que ces puits de carbones en absorbent moins sous l’effet du changement climatique, synonyme par exemple d’incendies plus intenses. Ces incertitudes n’ont pas empêché les pays de faire leurs propres hypothèses, parfois généreuses, qui viennent ainsi bonifier leur bilan carbone national, constitué par la somme des pollutions carbones émises par l’activité humaine sur leur territoire moins la quantité absorbée par leurs puits naturels.Ces bilans carbone sont des instruments clés pour vérifier le respect des engagements des pays à l’heure où chacun doit présenter avant la COP30, en novembre au Brésil, quel sera son nouvel objectif de réduction de ses émissions pour 2035.Ces hypothèses trop optimistes “masquent l’ampleur et le rythme de la réduction des émissions d’énergies fossiles nécessaires” pour que chaque pays fasse sa part de l’accord de Paris, dénonce Climate Analytics.Depuis 2018, l’Australie a plusieurs fois réhaussé ses estimations du CO2 absorbé par ses forêts. A tel point qu’elle assure avoir réduit son bilan carbone de 28% entre 2005 et 2024, alors que ses émissions brutes de gaz à effet de serre n’ont baissé que de 2%, selon le Climate Action Tracker (CAT).Le Brésil a annoncé qu’il réduirait sa pollution carbone dans une fourchette de 59% à 67% d’ici 2035 par rapport à 2005. Mais sans définir la contribution des forêts dans la hausse de l’effort.”Si vous ne comptez pas les forêts, alors toute la réduction doit être faite par le secteur énergétique”, explique à l’AFP Claudio Forner, co-auteur de l’étude. “Mais si vous comptez toutes les forêts, alors les émissions peuvent en fait continuer à augmenter”.L’accord de Paris de 2015 permet aux pays de formuler leurs propres hypothèses de performances des puits de carbone, regrette-t-il, et “sans règles, les pays ne font que jouer avec le système”.Selon Climate Analytics, l’incertitude sur les performances des puits de carbone pourrait représenter jusqu’à trois milliards de tonnes de CO2, soit environ les émissions annuelles de l’Union européenne.

Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s’étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l’avancée des fidèles, a constaté l’AFP.De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu’à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.”Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouillen”, a témoigné jeudi matin auprès de l’AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François “a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j’espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien”, a-t-il également confié.Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d’une mitre blanche et d’une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.- Le père des “laissés-pour-compte” -“C’était un grand homme, c’était le père des laissés-pour-compte, des invisibles”, a également confié jeudi à l’AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n’a pas hésité à rejoindre la file d’attente, armée d’un café, pour vivre ce “moment historique”. Surtout pour nous “parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment”, a-t-elle ajouté.Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d’une nouvelle “congrégation” en présence de 103 d’entre eux – électeurs et non électeurs.Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs – ceux âgés de moins de 80 ans – sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu’ils ne viendraient pas pour raison de santé.Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l’AFP.Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l’armée de l’air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.  Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu’à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.- Funérailles samedi -L’affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s’y sont pressées à l’heure du déjeuner.Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu’à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces “novemdiales”, des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu’au 4 mai.Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d’une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l’Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu’au conclave.Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.”Il est impossible de savoir” combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, “quelques centaines de milliers au minimum”, a déclaré à l’AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d’Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l’Eglise catholique, sous haute sécurité.Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.Le roi Felipe VI et la reine Letizia d’Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.bur-jra-cmk-ljm-tc/glr/pt

Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s’étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l’avancée des fidèles, a constaté l’AFP.De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu’à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.”Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouillen”, a témoigné jeudi matin auprès de l’AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François “a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j’espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien”, a-t-il également confié.Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d’une mitre blanche et d’une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.- Le père des “laissés-pour-compte” -“C’était un grand homme, c’était le père des laissés-pour-compte, des invisibles”, a également confié jeudi à l’AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n’a pas hésité à rejoindre la file d’attente, armée d’un café, pour vivre ce “moment historique”. Surtout pour nous “parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment”, a-t-elle ajouté.Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d’une nouvelle “congrégation” en présence de 103 d’entre eux – électeurs et non électeurs.Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs – ceux âgés de moins de 80 ans – sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu’ils ne viendraient pas pour raison de santé.Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l’AFP.Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l’armée de l’air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.  Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu’à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.- Funérailles samedi -L’affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s’y sont pressées à l’heure du déjeuner.Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu’à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces “novemdiales”, des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu’au 4 mai.Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d’une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l’Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu’au conclave.Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.”Il est impossible de savoir” combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, “quelques centaines de milliers au minimum”, a déclaré à l’AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d’Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l’Eglise catholique, sous haute sécurité.Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.Le roi Felipe VI et la reine Letizia d’Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.bur-jra-cmk-ljm-tc/glr/pt

Le maire de Budapest, épine dans le pied d’Orban

Quand il voit le sort réservé au maire d’Istanbul, Gergely Karacsony se réjouit que la Hongrie soit membre de l’UE. Le premier édile de Budapest peut encore résister au Premier ministre Viktor Orban et remporte même parfois quelques batailles.Pour l’heure, “notre appartenance à l’Union européenne offre aux figures de l’opposition une sorte de protection”, souffle l’élu écologiste de 49 ans, “très affecté” par l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, principal rival du président turc, qu’il connaît.”J’espère que nous n’en arriverons pas là en Hongrie”, dit-il.Lui-même a abandonné toute prétention nationale après son échec aux dernières primaires de l’opposition.Mais à la tête de la capitale hongroise depuis 2019, il mène combat contre certains projets “absurdes” du gouvernement pour sa ville. Quand le reste du pays a lui été largement conquis par Viktor Orban, qui détient une écrasante majorité au Parlement et contrôle de nombreux médias.”Je ne veux pas être casse-pieds mais je dois avant tout défendre les intérêts des habitants”, explique-t-il lors d’un récent entretien à l’AFP.- Un mini-Dubaï “surréaliste” -Sa dernière victoire: avoir fait capoter le “mini-Dubaï”, officiellement nommé “Grand Budapest”, un ambitieux projet immobilier confié à une société émiratie. Annoncée l’an dernier avec pour objectif de moderniser le quartier d’une gare désaffectée, l’opération de 12 milliards d’euros aurait peut-être débouché sur la construction des gratte-ciels les plus hauts de l’UE.Une aberration pour Gergely Karacsony, qui a décidé d’exercer son droit de préemption sur le terrain et en a repris possession en mars.L’occasion “historique” d’ériger un nouveau district de logements accessibles et de créer un parc, même s’il faudra d’abord relever les nombreux défis de décontamination de la zone.Dans ce paysage urbain exceptionnel, au centre classé par l’Unesco, “bâtir un bâtiment vertical de 400 à 500 mètres est une idée surréaliste”, peste-t-il.Le gouvernement hongrois avait fait miroiter un développement économique de la zone et des créations d’emplois.Mais selon le maire, l’initiative qui a “glissé sur une peau de banane légale” n’avait qu’un but: emplir les poches des proches de Viktor Orban “via des contrats lucratifs” et surtout flatter l’ego du dirigeant nationaliste.”Il veut laisser sa marque dans l’histoire. Mais est-elle pertinente et durable ou au contraire un pur produit de son ambition politique et de la vanité humaine?”, lance-t-il.Le promoteur Eagle Hills n’a pas annoncé l’abandon officiel du projet mais plus aucune mention ne figure sur son site internet. Il n’a pas répondu aux requêtes de l’AFP.- Soutien à la Marche des fiertés -Même s’il préférerait travailler “main dans la main” avec le gouvernement, Gergely Karacsony partage sa “grande joie” devant ce succès. Tout comme il se félicite d’avoir contribué à stopper le projet du tout premier campus européen de l’université Fudan de Shanghaï.Les détracteurs de ce plan dévoilé en 2021 voyaient là un moyen pour Pékin d’étendre son influence et pointaient les menaces pour les libertés académiques, sans compter le coût pour les contribuables. Plusieurs milliers de personnes avaient manifesté pour demander son retrait. Finalement les autorités ont jeté l’éponge.A ces combats contre des investissements gaspillant “l’argent public ou posant un risque pour la sécurité nationale”, s’ajoutent des batailles idéologiques, pour défendre par exemple la Marche des fiertés, qu’une récente loi met en danger.Ne cessant de restreindre les droits des personnes LGBT+, le gouvernement a menacé de frapper les participants d’amendes.Une “menace vide” pour “instiller la peur”, réagit le maire de la capitale qui sera présent. “Plus nombreux on sera et moins les autorités oseront appliquer les sanctions”.Face à un pouvoir qui “se radicalise”, les partis d’opposition n’ont d’autre choix que de durcir leurs actions, estime-t-il.Il observe avec intérêt la montée dans les sondages du conservateur Peter Magyar, le premier depuis 2010 à avoir selon lui “une chance” réelle de détrôner Viktor Orban lors des législatives du printemps 2026.Mais en tant qu’ex-analyste politique, il se demande si ses réticences à soutenir clairement l’Ukraine ou à prendre position sur les sujets LGBT+ ne vont pas finir par se retourner contre lui.Tout dépendra de ce qui importe le plus aux électeurs de gauche, résume-t-il: voter pour le candidat le mieux à même de mettre fin à 15 ans de pouvoir illibéral, ou “voter pour les partis incarnant leurs valeurs”.