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Espagne: face aux scandales, Sánchez dégaine un plan anti-corruption, sans convaincre l’opposition

Confronté à la plus grave crise depuis son arrivée au pouvoir, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a tenté de circonscrire les dégâts en présentant mercredi un plan anti-corruption élaboré avec l’OCDE, sans toutefois convaincre l’opposition, qui a de nouveau réclamé des élections anticipées.Dans une allocution solennelle d’environ 45 minutes prononcée devant les députés, M. Sánchez a assuré avoir “envisagé” de démissionner et de convoquer des élections après les révélations ayant abouti au placement en détention provisoire de l’ex-N.3 du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Santos Cerdán.Mais “après avoir réfléchi et écouté beaucoup de gens, j’ai compris que jeter l’éponge n’était pas une option”, a-t-il lancé.”Nous allons continuer (…) parce que je suis un homme politique propre”, a poursuivi celui qui était arrivé au pouvoir en 2018 après un vaste scandale de corruption ayant touché, à l’époque, le gouvernement du Parti populaire (PP, droite conservatrice).Santos Cerdán, jusqu’alors secrétaire de l’organisation du PSOE et proche de Sánchez, a été mis en cause après la publication le 12 juin d’un rapport de police laissant penser qu’il était au coeur d’un réseau de corruption et avait touché des pots-de-vin en échange de contrats publics. – 15 mesures anti-corruption -Au coeur de cette même enquête se trouvent également l’ancien ministre et ex-bras droit du Premier ministre, José Luis Ábalos, ainsi que son proche conseiller, Koldo García.Ces révélations ont suscité un scandale tel que Pedro Sánchez lui-même a demandé pardon à plusieurs reprises, dont une nouvelle fois mercredi devant les députés, assurant qu’il ignorait tout de l’affaire et que son parti n’avait jamais bénéficié de financements illégaux. “Les partis politiques, les organes de direction des différentes administrations, les entreprises doivent adopter davantage de mesures” pour faire face à la corruption, a toutefois convenu Pedro Sánchez, en proposant “l’approbation d’un plan national de lutte contre la corruption” de 15 mesures élaboré avec l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique).Ce plan a également été préparé à la suite de réunions avec les différents groupes parlementaires et incorpore des propositions du Conseil de l’Europe et de la Commission européenne, a encore précisé le dirigeant socialiste, sous pression de ses alliés au Parlement, qui lui réclamaient des mesures fortes contre la corruption.Parmi les mesures énumérées par le chef du gouvernement devant les députés figurent la mise en place d’une “agence d’intégrité publique indépendante”, l’utilisation de l’intelligence artificielle pour détecter des “indices de fraude” dans la plateforme d’attribution des contrats publics, des contrôles de patrimoine aléatoires des hauts fonctionnaires ou encore un renforcement des mesures de protection des lanceurs d’alerte.- “Organisation criminelle” -“Ce plan de lutte contre la corruption représentera le plus grand effort en matière de prévention, de lutte et de réparation de la corruption réalisé au cours des dernières décennies dans notre pays”, a martelé le Premier ministre.Mais le discours de M. Sánchez a été immédiatement rejeté sans ambage par le leader du PP, Alberto Núñez Feijóo, qui a assimilé le PSOE à “une organisation criminelle”.”Nous ne savons pas où commence et où finit votre responsabilité directe”, a-t-il lancé au Premier ministre. “Alors, comment allez-vous nous sortir de ce cauchemar si c’est vous qui nous y avez plongés? Le mieux pour vous est d’avouer tout ce que vous savez, d’aider à rendre le butin et de convoquer des élections”, a-t-il lancé.La chute brutale de Santos Cerdán est survenue alors que les enquêtes judiciaires visant des proches du Premier ministre se multiplient depuis des mois et que la liste des dossiers qui l’éclaboussent ne cessent de s’allonger.Outre MM. Cerdán, Ábalos et Garcia, sa femme Begoña Gómez est visée par une enquête pour corruption et trafic d’influence, son frère David doit bientôt être jugé pour trafic d’influence et le procureur général de l’Etat, plus haut magistrat du parquet, nommé sur proposition du gouvernement de gauche, pourrait être jugé pour des fuites d’informations judiciaires.

Le feu à Marseille en “très nette régression”, l’évaluation des dégâts commence

Le violent incendie qui a menacé Marseille mardi, dopé par une longue canicule et un mistral violent, est en “très nette régression” mercredi matin, selon le préfet, même s’il n’est toujours pas fixé, et la phase d’évaluation des dégâts a commencé, avec au moins 10 maisons détruites.”Le feu est en très nette régression mais il est évident que sur un feu aussi impactant, sur autant de surface, il peut y avoir de nouveaux départs, des sauts, des fumerolles”, a insisté le préfet des Bouches-du-Rhône, Georges-François Leclerc, lors d’un point presse au PC sécurité installé dans les quartiers Nord à Marseille.”La progression du feu est arrêtée, nous sommes à 750 hectares” touchés, a ajouté le vice-amiral Lionel Mathieu, chef du bataillon des marins-pompiers de la deuxième ville de France. Et 700 pompiers sont toujours mobilisés. A ce stade, 70 maisons ont été “atteintes” et 10 ont été totalement détruites et “nous sommes en train de réfléchir ensemble, dès que nous aurons le bilan bâtimentaire, à une aide aux victimes”, a indiqué le préfet.Face à cette amélioration, les 15.000 habitants du 16e arrondissement ont été déconfinés tôt dans la matinée. Ils avaient été confinés mardi vers 16h00 alors que le feu arrivait sur leur quartier, tous prévenus sur leurs téléphones par le système FR.alert.Plus tôt mercredi, les autorités avaient évoqué une “réactivation du feu” dans la nuit du côté des Pennes-Mirabeau, cette commune limitrophe de Marseille au nord, d’où était parti mardi en fin de matinée cet incendie, après un feu de véhicule.Si le ciel est redevenu bleu mercredi matin dans la cité phocéenne, une odeur de brûlé persiste. Le mistral s’est considérablement calmé mais les autorités craignent une reprise des bourrasques à la mi-journée.Aucune information sur la qualité de l’air n’était disponible mercredi, en raison de “l’évacuation du centre de données”, indique AtmoSud.- “Eté à haut risque” -Le panache de fumée dégagé avait provoqué la veille une concentration en particules fines dix fois supérieure aux normes sur Marseille et s’étendait en mer sur une centaine de kilomètres, selon les images satellites.Et un vent de panique avait gagné le nord de la ville: “J’ai essayé d’éteindre au maximum le feu dans le jardin, les haies et compagnie. Et bon, quand j’ai réussi à éteindre, j’ai vu que la maison de mon voisin prenait feu. Avec la chaleur, je ne pouvais plus rester. Donc, je me suis complètement arrosé, j’ai pris ma voiture et je suis descendu”, a témoigné auprès de l’AFPTV Djamel Yahiaoui, retraité de 56 ans habitant l’Estaque.Ces feux virulents dans le sud du pays en tout début d’été inquiètent.”Il y a tout lieu de penser qu’on va vers un été à haut risque”, avait averti Bruno Retailleau mardi soir, à Marseille. 400 personnes au total ont été évacuées face à cet incendie, dont les 71 résidents d’un Ehpad aux Pennes-Mirabeau, selon le ministre de l’Intérieur. De fait, les conditions météo, canicule et végétation desséchée, rendent ce début d’été particulièrement dangereux: rien que mardi, les pompiers des Bouches-du-Rhône sont intervenus à 40 reprises sur des incendies ou départs de feu mardi, un chiffre “exceptionnel”, six fois plus élevé qu’en moyenne.Le ministre a appelé au civisme, rappelant que neuf incendies sur dix sont d’origine humaine.Interrompu mardi après-midi, avec plus de 110 vols annulés, le trafic à l’aéroport d’Aix-Marseille Provence, le quatrième français en nombre de passagers, situé sur l’étang-de-Berre, à Marignane, a repris partiellement sans la soirée.Et la reprise totale des vols a été décidée mercredi matin. Mais la situation pourrait évoluer en fonction des besoins aériens à mettre en place, a précisé la porte-parole de l’aéroport.- Reprise du trafic des TGV -Sur la route, le trafic doit également reprendre dans la matinée sur l’A55, en direction de Marseille, et c’est “en prévision” dans l’autre sens.Sur l’autoroute A7, vers Aix-en-Provence et Lyon, “deux voies devraient être sanctuarisées pour les secours dans le sens Lyon Marseille”, avait précisé dans la matinée la préfecture des Bouches-du-Rhône.La circulation des trains à grande vitesse à Marseille a repris depuis 06h00, mais le trafic TER sur la ligne Marseille-Miramas est toujours interrompu jusqu’à midi par la Côte bleue et Rognac.A l’autre bout du littoral méditerranéen, près de Narbonne, dans l’Aude, département touché par trois feux de forêt en une semaine, plus d’un millier de pompiers venus de toute la France continuent de lutter contre l’incendie qui a parcouru au moins 2.000 hectares de forêt depuis lundi. Là aussi le feu, parti d’un domaine viticole des Corbières, s’est très vite propagé, sur une végétation desséchée et sous l’effet d’un vent soufflant jusqu’à 90 km/h.Dans l’Hérault, l’incendie de Castelnau-de-Guers, qui avait entraîné la fermeture temporaire mardi de l’autoroute A9 entre Sète et Agde, a été fixé vers 05h00 mercredi. Celui de Montdardier (Gard), qui a parcouru 500 hectares, n’est pas encore maîtrisé, selon les pompiers.burs-san/ol/so/pta

A Cuba, un parcours du combattant face à la pénurie de médicaments

Dans l’attente d’une greffe de l’œsophage pour son fils de quatre ans, la Cubaine Jessica Rodriguez lutte chaque jour pour trouver les traitements et le matériel médical dont il a désespérément besoin, dans un pays où près des deux tiers des médicaments essentiels manquent à l’appel. “Je suis constamment angoissée à l’idée de ne pas avoir ce dont il pourrait avoir besoin”, explique à l’AFP cette mère de 27 ans depuis sa maison à Santa Fe, quartier de l’ouest de La Havane. À ses côtés, le petit Luis Angelo regarde un dessin animé. Né avec une malformation de l’œsophage, il survit grâce à une trachéotomie et se nourrit par voie gastrique. En plus d’être asthmatique et allergique, l’enfant souffre d’une légère cardiopathie et de crises d’épilepsie. Dans un pays soumis aux effets du durcissement de l’embargo américain, plongé dans sa pire crise économique depuis plus de trois décennies – avec des pénuries de toute sorte et une inflation galopante-, obtenir les sept médicaments et l’équipement médical dont Luis Angelo a besoin est un combat quotidien pour sa famille.”L’absence d’un médicament, le manque de sondes d’aspiration ou le fait de ne pas pouvoir changer un cathéter peut nuire à sa santé et entraîner des maladies graves qui pourraient lui coûter la vie”, souligne Mme Rodriguez. Comme elle, de nombreux Cubains vivent dans la crainte de ne pas pouvoir se procurer des médicaments indispensables. “Plus de 70% des médicaments essentiels sont affectés” par la pénurie, a récemment reconnu le président Miguel Diaz-Canel lors d’un entretien à la télévision.Ces dernières années, Cuba n’a pas eu les moyens d’importer les matières premières permettant de produire sur place la majorité des 650 médicaments qui constituent sa liste de médicaments essentiels.- Étagères désespérément vides – Dans l’île communiste de 9,7 millions d’habitants, connue pour faire bénéficier d’autre pays de ses médecins hautement qualifiés et pour son industrie pharmaceutique développée, les étagères des pharmacies sont vides et les hôpitaux manquent du matériel médical élémentaire tel que compresses, fils de suture, désinfectants ou oxygène. “Il y a des jours où il n’y a rien”, dit à l’AFP, sous couvert de l’anonymat, un médecin travaillant dans un hôpital de la capitale. Les malades chroniques comme Luis Angelo disposent d’une carte pour acheter à prix subventionné des médicaments mais il arrive qu’il n’y en ait pas de disponible pendant des mois, témoigne sa mère, souvent obligée de les acheter sur le marché noir à prix d’or.Physiothérapeute, Jessica Rodriguez a arrêté de travailler pour s’occuper de son fils et touche une aide de l’État de 1.400 pesos par mois, moins de 12 dollars au taux officiel. Le père du petit garçon travaille à son compte.Les parents déboursent régulièrement entre 350 et 450 pesos (environ 3 ou 4 dollars) pour une plaquette de comprimés achetée en dehors des pharmacies, publiques, seules autorisées à distribuer les médicaments. Un prix élevé alors que le salaire moyen mensuel est de 6.500 pesos, soit 54 dollars au taux officiel, et 17 dollars sur le marché informel. Face à la pénurie, le gouvernement communiste autorise depuis 2021 la population à ramener de l’étranger des médicaments exonérés d’impôts, pour un usage non commercial. De nombreux médicaments introduits dans le pays par cette voie alimentent un marché informel florissant, opérant via des groupes WhatsApp et des sites internet et se nourrissant du désespoir des habitants. – Entraide -Plusieurs initiatives basées sur l’entraide ont également fleuri.Sur les réseaux sociaux, un groupe propose ainsi des médicaments gratuits ou en échange d’aliments. Sophi y laisse un message: elle cherche de la dorzolamide, un traitement contre l’hypertension oculaire, pour sa grand-mère de 86 ans.Des projets comme Palomas ont aussi vu le jour. La plateforme récupère des médicaments auprès des particuliers, “des restes de traitements ou bien de médicaments ramenés de l’étranger”, explique son coordinateur général, Sergio Cabrera. Elle publie quotidiennement sur divers groupes de messagerie en ligne les produits disponibles et ceux qui sont recherchés. Palomas affirme avoir réussi à distribuer des médicaments gratuits à plus de 179.000 Cubains depuis sa création à La Havane en 2021. “Grâce à ce projet, aujourd’hui, j’ai pu obtenir les médicaments pour ma maman” diabétique, introuvables au niveau national, déclare à l’AFP Ibis Montalban, reconnaissante. Témoin de la détresse des familles confrontées au manque criant de médicaments, M. Cabrera explique qu'”ici, beaucoup de gens pleurent”. Palomas leur offre au moins un peu d’espoir.

A Cuba, un parcours du combattant face à la pénurie de médicaments

Dans l’attente d’une greffe de l’œsophage pour son fils de quatre ans, la Cubaine Jessica Rodriguez lutte chaque jour pour trouver les traitements et le matériel médical dont il a désespérément besoin, dans un pays où près des deux tiers des médicaments essentiels manquent à l’appel. “Je suis constamment angoissée à l’idée de ne pas avoir ce dont il pourrait avoir besoin”, explique à l’AFP cette mère de 27 ans depuis sa maison à Santa Fe, quartier de l’ouest de La Havane. À ses côtés, le petit Luis Angelo regarde un dessin animé. Né avec une malformation de l’œsophage, il survit grâce à une trachéotomie et se nourrit par voie gastrique. En plus d’être asthmatique et allergique, l’enfant souffre d’une légère cardiopathie et de crises d’épilepsie. Dans un pays soumis aux effets du durcissement de l’embargo américain, plongé dans sa pire crise économique depuis plus de trois décennies – avec des pénuries de toute sorte et une inflation galopante-, obtenir les sept médicaments et l’équipement médical dont Luis Angelo a besoin est un combat quotidien pour sa famille.”L’absence d’un médicament, le manque de sondes d’aspiration ou le fait de ne pas pouvoir changer un cathéter peut nuire à sa santé et entraîner des maladies graves qui pourraient lui coûter la vie”, souligne Mme Rodriguez. Comme elle, de nombreux Cubains vivent dans la crainte de ne pas pouvoir se procurer des médicaments indispensables. “Plus de 70% des médicaments essentiels sont affectés” par la pénurie, a récemment reconnu le président Miguel Diaz-Canel lors d’un entretien à la télévision.Ces dernières années, Cuba n’a pas eu les moyens d’importer les matières premières permettant de produire sur place la majorité des 650 médicaments qui constituent sa liste de médicaments essentiels.- Étagères désespérément vides – Dans l’île communiste de 9,7 millions d’habitants, connue pour faire bénéficier d’autre pays de ses médecins hautement qualifiés et pour son industrie pharmaceutique développée, les étagères des pharmacies sont vides et les hôpitaux manquent du matériel médical élémentaire tel que compresses, fils de suture, désinfectants ou oxygène. “Il y a des jours où il n’y a rien”, dit à l’AFP, sous couvert de l’anonymat, un médecin travaillant dans un hôpital de la capitale. Les malades chroniques comme Luis Angelo disposent d’une carte pour acheter à prix subventionné des médicaments mais il arrive qu’il n’y en ait pas de disponible pendant des mois, témoigne sa mère, souvent obligée de les acheter sur le marché noir à prix d’or.Physiothérapeute, Jessica Rodriguez a arrêté de travailler pour s’occuper de son fils et touche une aide de l’État de 1.400 pesos par mois, moins de 12 dollars au taux officiel. Le père du petit garçon travaille à son compte.Les parents déboursent régulièrement entre 350 et 450 pesos (environ 3 ou 4 dollars) pour une plaquette de comprimés achetée en dehors des pharmacies, publiques, seules autorisées à distribuer les médicaments. Un prix élevé alors que le salaire moyen mensuel est de 6.500 pesos, soit 54 dollars au taux officiel, et 17 dollars sur le marché informel. Face à la pénurie, le gouvernement communiste autorise depuis 2021 la population à ramener de l’étranger des médicaments exonérés d’impôts, pour un usage non commercial. De nombreux médicaments introduits dans le pays par cette voie alimentent un marché informel florissant, opérant via des groupes WhatsApp et des sites internet et se nourrissant du désespoir des habitants. – Entraide -Plusieurs initiatives basées sur l’entraide ont également fleuri.Sur les réseaux sociaux, un groupe propose ainsi des médicaments gratuits ou en échange d’aliments. Sophi y laisse un message: elle cherche de la dorzolamide, un traitement contre l’hypertension oculaire, pour sa grand-mère de 86 ans.Des projets comme Palomas ont aussi vu le jour. La plateforme récupère des médicaments auprès des particuliers, “des restes de traitements ou bien de médicaments ramenés de l’étranger”, explique son coordinateur général, Sergio Cabrera. Elle publie quotidiennement sur divers groupes de messagerie en ligne les produits disponibles et ceux qui sont recherchés. Palomas affirme avoir réussi à distribuer des médicaments gratuits à plus de 179.000 Cubains depuis sa création à La Havane en 2021. “Grâce à ce projet, aujourd’hui, j’ai pu obtenir les médicaments pour ma maman” diabétique, introuvables au niveau national, déclare à l’AFP Ibis Montalban, reconnaissante. Témoin de la détresse des familles confrontées au manque criant de médicaments, M. Cabrera explique qu'”ici, beaucoup de gens pleurent”. Palomas leur offre au moins un peu d’espoir.

Après les inondations au Texas, à la recherche de mamie Alicia

Javier Torres creuse dans la boue sèche du Guadalupe, en se rappelant les bons souvenirs de sorties de pêche avec sa grand-mère au bord de ce fleuve du Texas, celui-là même qui l’a peut-être engloutie.Le vendredi précédent, le niveau du Guadalupe montait de huit mètres en seulement 45 minutes, douché par des pluies diluviennes que le sol alentour, asséché, n’a pas pu absorber. Les inondations qui se sont ensuivies ont fait au moins une centaine de morts, alors que 161 personnes manquent à l’appel.Javier, 24 ans, continue de chercher sa mamie.Alicia Olvera, née au Mexique, a célébré ses 68 ans deux semaines avant le désastre, avec sa grande famille dans la maison de sa fille Angélica, près d’Austin, la capitale texane.La grand-mère retourne ensuite à Hunt, près du fleuve Guadalupe, où elle s’occupe depuis deux décennies d’une maison avec son mari José, 70 ans. Elle est là, à l’aube du 4 juillet, quand la pluie s’abat.Ses proches ne réussissent pas à la joindre. Le samedi matin, ils finissent par arriver sur les lieux, recouverts de boue.La piscine où Javier se baignait: un marécage. Et autour de la bâtisse, une tourbière de plusieurs mètres de haut se dérobe sous les pas des chercheurs. Ils commencent par découvrir José.”Il était enterré dans la boue, près d’une camionnette. On l’a sorti de là, mais sans vie. Il était avec un garçon et une fille” qui avaient vraisemblablement été emportés par le courant, raconte Javier.La famille bricole un autel et dispose trois croix pour leur rendre hommage. Toujours aucun signe d’Alicia.”Nous continuons à chercher ma mère, nous cherchons depuis samedi sans résultat, on a demandé à la communauté de nous envoyer plus d’aide parce que ce que nous voulons le plus, c’est la retrouver. J’aimerais qu’elle soit en vie mais, à ce stade, nous avons perdu tout espoir”, confie Angélica Torres, fille d’Alicia, âgée de 48 ans.- “Miracle”La maison d’Alicia Olvera se situe à cinq minutes en voiture de Camp Mystic, un camp de vacances chrétien pour filles sur les rives du Guadalupe. Sur les 750 enfants qui séjournaient là, 27 sont morts.Mardi, les affaires abandonnées sur les lieux étaient soigneusement disposées devant les cabanes du camp. Des hélicoptères survolent toujours la zone, alors que les autorités visitent le complexe sinistré, où l’accès est restreint.Les secouristes ont été rejoints par des volontaires pour retrouver les victimes. Brett Lang est arrivé chez Alicia avec ses trois chiens renifleurs pour ratisser la zone. Mais pas de trace de la grand-mère pour le moment.Pendant ce temps, ses enfants et petits-enfants s’affairent à retourner chaque centimètre de terre autour de la maison, qui leur rappelle de bons souvenirs.”Nous nous sentions à l’aise quand on venait, elle aimait beaucoup cuisiner, nous étions toujours en train de manger, elle voulait faire ses +tamales+ à chaque fois que nous lui rendions visite”, se remémore Angélica, évoquant ce plat traditionnel mésoaméricain à base de pâte de maïs.”Je veux la retrouver, même si c’est différent, je veux qu’elle soit là pour la suite (…) Je demande ce miracle à Dieu”, implore-t-elle.