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Nigeria: 50 élèves kidnappés d’une école se sont échappés, 38 fidèles enlevés d’une église secourus
Au moins 50 des plus de 300 élèves enlevés vendredi dans une école catholique de l’ouest du Nigeria se sont échappés, tandis que 38 fidèles kidnappés récemment dans leur église ont tous été secourus par les forces de sécurité, a annoncé le président nigérian Bola Tinubu dimanche.Au total, 303 élèves et 12 enseignants avaient été emmenés vendredi par des hommes armés non identifiés ayant attaqué l’école catholique mixte Saint Mary, située dans l’Etat du Niger, l’un des plus importants enlèvements de masse jamais perpétrés au Nigeria, pays ravagé par le phénomène.Agés de huit à 18 ans, les garçons et filles enlevés à Saint Mary représentent près de la moitié de ses 629 élèves.L’Association chrétienne du Nigeria (CAN) a annoncé dimanche que 50 élèves de l’école Saint Mary – située à Papiri, à environ 600 km au nord-ouest d’Abuja – s’étaient “échappés” entre vendredi et samedi et avaient depuis “retrouvé leurs parents”.Dans un post sur X, le président Tinubu s’est dit “heureux que 51 des élèves disparus de l’école catholique dans l’Etat du Niger aient été retrouvés”.Plus tôt dans la semaine, un autre groupe d’hommes armés avait pris d’assaut lundi un lycée de l’Etat voisin de Kebbi (nord-ouest) et enlevé 25 jeunes filles, dont l’une est parvenue à s’enfuir. Le lendemain soir, une église pentecôtiste d’Eruku, dans l’ouest du Nigeria, avait été attaquée en plein service, retransmis en direct en ligne: deux personnes avaient été tuées et un nombre indéterminé emmenés par les assaillants non identifiés.- écoles fermées -Le président Tinubu, qui avait annulé dans la foulée de cette série de violences ses engagements internationaux, notamment sa participation au sommet du G20 ce week-end à Johannesburg, a également annoncé que les forces de sécurité avaient libéré “les 38 fidèles” enlevés dans leur église de la congrégation locale de l’Eglise apostolique du Christ (CAC).”Grâce aux efforts de nos forces de sécurité ces derniers jours, l’ensemble des 38 fidèles enlevés à Eruku, dans l’Etat de Kwara, ont été secourus”, indique le chef de l’Etat, sans autre détail sur les auteurs présumés de l’attaque ou les circonstances dans lesquels les otages ont été secourus.Près d’une semaine après, les 24 élèves enlevées dans l’Etat de Kebbi sont toujours portées disparues. Une source sécuritaire a confié que de potentiels lieux de détention avaient été localisés.Cette nouvelle série d’enlèvements dans des écoles a entraîné la fermeture par précaution de nombreux établissements scolaires à travers le pays le plus peuplé d’Afrique (230 millions d’habitants), confronté à de multiples menaces.Les autorités combattent depuis 2009 une insurrection jihadiste dans le nord-est du pays et font face à des bandes criminelles lourdement armées, appelées localement “bandits”, qui ont intensifié ces dernières années leurs attaques meurtrières dans le nord-ouest et le centre, parfois accompagnées d’enlèvements pour obtenir des rançons.- victimes musulmanes et chrétiennes -Aucune des récentes attaques n’a été revendiquée.Le Nigeria reste profondément marqué par un autre enlèvement de masse, celui de près de 300 jeunes filles par les jihadistes de Boko Haram à Chibok, dans l’Etat de Borno (nord-est), en avril 2014. Plus de dix ans plus tard, certaines d’entre elles sont toujours portées disparues.Selon Aisha Yesufu, cofondatrice du mouvement #BringBackOurGirls (Ramenez nos filles) créé après ce terrible événement, les enlèvements continuent car “les autorités ne font rien”.”Ils sont plus intéressés par leur propagande” visant “à ne pas paraître inapte ou incompétent”, a-t-elle affirmé à l’AFP.Vendredi, le président américain Donald Trump avait réagi à ces récentes attaques en estimant que “ce qui se passe au Nigeria est une honte”. Il a récemment menacé d’intervenir militairement au Nigeria, accusant les autorités nigérianes de “tolérer les meurtres de chrétiens” par des islamistes radicaux.Les autorités d’Abuja ont estimé ces accusations “erronées” et nié toute “persécution religieuse systématique” au Nigeria, divisé de manière presque égale entre un nord à majorité musulmane et un sud majoritairement chrétien.Les attaques dans le pays visent et tuent aussi bien des chrétiens que des musulmans, souvent sans distinction.Samedi, 13 femmes et filles “toutes musulmanes” et âgées de 16 à 23 ans ont été kidnappées près de leurs fermes de l’Etat de Borno, selon Abubakar Mazhinyi, un édile local, ajoutant que la zone concernée se trouvait à 20 km d’une réserve naturelle devenue un sanctuaire jihadiste. L’un des femmes a été libérée après avoir affirmé à ses ravisseurs être mariée.
“Réconciliation” France-Algérie et mots choisis: Sansal reprend la parole
Pour sa première prise de parole depuis sa libération par l’Algérie et son retour en France, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a assuré dimanche avoir toujours voulu “la réconciliation” entre les deux pays, en reconnaissant que sa parole était bridée par les enjeux diplomatiques.”Je suis depuis toujours pour la réconciliation entre la France et l’Algérie”, a déclaré M. Sansal dans le journal de 20h00 de France 2, en estimant que les deux pays avaient “raté le coche” après l’indépendance de l’ancienne colonie en 1962.”Soixante années sont passées, on est encore en train d’utiliser des discours de la guerre de libération”, a-t-il déploré.Sa parole est-elle bridée par les enjeux diplomatiques, lui a demandé le journaliste Laurent Delahousse? “Oui, en quelque sorte, je ne vous parle pas de manière naturelle (…), je contrôle chacun de mes mots”, a-t-il concédé.”Je pense à Christophe Gleizes”, journaliste français emprisonné en Algérie et qui sera jugé en appel le 3 décembre, a-t-il enchaîné.Incarcéré en Algérie pendant un an pour certaines prises de position sur son pays natal, Boualem Sansal, 81 ans, a retrouvé la liberté le 12 novembre. Il a été gracié par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a répondu favorablement à une demande des autorités allemandes.- Sahara occidental -L’écrivain, qui était au cœur d’une crise diplomatique entre Alger et Paris, est rentré en France mardi, après avoir d’abord été transféré à Berlin pour des soins médicaux, et a été reçu par Emmanuel Macron dès son retour. Un retour discret, hors de la vue des médias.Selon lui, les positions de la France sur le Sahara occidental, sujet de tensions entre l’Algérie et le Maroc, ont en partie motivé son arrestation.Fin juillet 2024, le président français avait apporté son soutien total à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger.”Tout est parti de là”, a estimé M. Sansal, selon qui cela a déclenché “une guerre” entre la France et l’Algérie.”En bonne santé” après avoir été traité “de manière remarquable” pour son cancer de la prostate, il a dit avoir appris sa libération seulement “la veille”. Cela a suivi sa rencontre en prison avec “un monsieur très autoritaire”, qu’il pensait être un membre “des services secrets” ou “un personnage très important”.”Il disait toujours: +Dans l’hypothèse où vous sortez, est-ce que vous allez continuer vos critiques sur l’Algérie+? J’ai dit +Monsieur, je n’ai jamais critiqué l’Algérie, je critique un régime, je critique des gens, je critique une dictature+”, a raconté l’écrivain.Il a en outre affirmé que Bruno Retailleau était son “ami”, tout en admettant que l’ex-ministre de l’Intérieur, très ferme face à l’Algérie, avait pu être “d’une certaine manière” un obstacle à sa libération.”Il offrait à l’Algérie l’occasion de rebondir sur: +Regardez, c’est notre ennemi, ils nous détestent, etc.+ Mais avec ou sans Bruno Retailleau, ils auraient réagi de la même manière avec n’importe qui”, a jugé l’écrivain.- “Stratège” -Écrivain dissident admirateur de Camus et Orwell, polémiste révéré par les droites françaises, Boualem Sansal purgeait en Algérie une peine de cinq ans de prison notamment pour “atteinte à l’unité nationale”.Le romancier avait été condamné pour avoir notamment déclaré en octobre 2024 au média français d’extrême droite Frontières que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de régions appartenant précédemment, selon lui, au Maroc.Cet ancien haut fonctionnaire en Algérie avait été arrêté le 16 novembre 2024 à son arrivée à l’aéroport d’Alger avant d’être emprisonné, aggravant le froid diplomatique entre la France et son ancienne colonie.Le retour médiatique de M. Sansal a été soigneusement orchestré. Outre le 20h00 de France 2, il s’est exprimé dans Le Figaro et sera l’invité de la matinale de France Inter lundi.Au Figaro, il a expliqué avoir écrit “au moins dix fois” à M. Tebboune pour demander sa libération. Après de premières lettres “très accusatoires”, il a décidé “d’être plus stratège”: “Je lui ai expliqué que la seule solution, c’était de me libérer, de réconcilier l’Algérie avec la France”.Enfin, il a assuré vouloir retourner bientôt dans son pays natal. “Si vous subissez une injustice, vous cherchez naturellement à obtenir réparation. Pour moi, aller (en Algérie) et ressortir” serait “une grosse réparation”, a-t-il déclaré à France Inter selon de premiers extraits diffusés par la radio.


