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Chef d’orchestre pro-Kremlin en Italie: Rome et la veuve de Navalny s’insurgent

Le ministre italien de la Culture Alessandro Giuli et la veuve de l’opposant russe Alexeï Navalny ont critiqué mardi l’invitation à se produire près de Naples adressée au célèbre chef d’orchestre pro-Poutine Valeri Guerguiev, estimant que cela contribuerait à la propagande de Moscou. Valeri Guerguiev, directeur du célèbre Théâtre Bolchoï de Moscou et ami personnel du chef du Kremlin, est blacklisté en Occident depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 pour ne pas avoir dénoncé l’offensive contre Kiev.Mais cette mise à l’écart pourrait prendre fin le 27 juillet au palais de Caserte, ex-résidence royale des Bourbons surnommée le Versailles italien, où il a été invité à diriger un concert dans le cadre du festival “Un’Estate da Re” (“Un été de roi”) promu par la région Campanie.Le Fonds de lutte contre la corruption (FBK), l’organisation de l’opposant Alexeï Navalny mort en prison, avait exigé vendredi “l’annulation du concert” et annoncé l’envoi de lettres en ce sens au festival et aux ministres italiens de la Culture et de l’Intérieur.”En tant qu’+ambassadeur culturel+ de Poutine, Valeri Guerguiev met en Å“uvre la politique russe de soft power. Actuellement, l’un de ses objectifs est de normaliser la guerre et le régime de Poutine”, explique Ioulia Navalnaïa, veuve d’Alexeï Navalny, dans une tribune publiée mardi dans le quotidien La Repubblica.Dans un communiqué, le ministre de la Culture déplore lui aussi l’invitation au maestro, qui pourrait transformer le festival en “une caisse de résonance de la propagande russe”, alors que le gouvernement ultra-conservateur de Giorgia Meloni a toujours affiché un soutien sans faille à Kiev. Invité à réagir, le président de la région Campanie Vincenzo De Luca est monté au créneau pour défendre la venue du chef d’orchestre. Tout en dénonçant l’invasion russe, il a affirmé que “l’interruption du dialogue (…) n’aide pas la paix mais sert seulement à alimenter les sources de la haine”.”Les décisions politiques ne sont pas entre les mains de ceux qui font partie du monde de la culture et de l’art”, a ajouté ce membre du Parti démocrate (opposition, centre-gauche), précisant qu’un chef d’orchestre israélien figurait également au programme. Un avis non partagé par Ioulia Navalnaïa, pour laquelle “prétendre qu’il s’agit simplement d’un événement culturel sans dimension politique (…) est de la pure hypocrisie”. Le directeur général du Metropolitan Opera de New York, Peter Gelb, a de son côté déclaré à l’AFP que M. Guerguiev “n’est rien de moins qu’une doublure artistique de Poutine”. “Il ne peut y avoir d’+échange culturel+ avec des meurtriers de masse et des kidnappeurs d’enfants, ce qui constitue l’actuel modus operandi du régime russe”, a estimé ce fervent défenseur de l’Ukraine.Navalny, principal opposant de Poutine, est mort soudainement dans une colonie pénitentiaire arctique le 16 février 2024. Sa famille et ses partisans affirment qu’il a été tué sur ordre de Poutine.

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Le ministre italien de la Culture Alessandro Giuli et la veuve de l’opposant russe Alexeï Navalny ont critiqué mardi l’invitation à se produire près de Naples adressée au célèbre chef d’orchestre pro-Poutine Valeri Guerguiev, estimant que cela contribuerait à la propagande de Moscou. Valeri Guerguiev, directeur du célèbre Théâtre Bolchoï de Moscou et ami personnel du chef …

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Dans la ville de Soueida, des habitants terrorisés racontent les exactions

Dans la ville à majorité druze de Soueida, où les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés sont entrés mardi, les habitants terrorisés rapportent de nombreuses exactions: exécutions, pillages et maisons brûlées.Les forces gouvernementales se sont déployées mardi matin dans cette ville du sud de la Syrie, jusque là tenue par les combattants locaux druzes, et ont instauré un cessez-le-feu.Un correspondant de l’AFP, entré peu après, a vu des corps gisant par terre, alors que des coups de feu résonnaient par intermittence dans la ville déserte.”Je me trouve dans le centre de Soueida”, a déclaré au téléphone à l’AFP un habitant terré chez lui. “Il y a des exécutions, des maisons et des magasins qui sont brûlés, des vols et des pillages”.”L’un de mes amis qui habite dans l’ouest de la ville m’a dit qu’ils sont entrés dans sa maison, ont chassé sa famille après avoir confisqué leurs portables et ont mis le feu à la maison”, a ajouté cet homme qui a requis l’anonymat de peur d’être identifié.Sur les images vidéo de l’AFP, on voit clairement de la fumée s’élevant de bâtiments de la ville, qui compte quelque 150.000 habitants.Un autre habitant de Soueida qui a également requis l’anonymat a affirmé avoir vu “des hommes armés en civil (…) piller des magasins et y mettre le feu”.”Il y a des tirs aveugles, j’ai peur de sortir de la maison”, a ajouté cet homme en regrettant de “ne pas avoir fui avant qu’ils arrivent”.- Civils tués -Dans un scénario qui s’est déjà répété dans d’autres régions syriennes depuis la chute du pouvoir de Bachar al-Assad, les forces gouvernementales islamistes sont accompagnées de combattants qui ne sont pas clairement identifiés et se livrent à des exactions.Début mars, des centaines de civils de la minorité alaouite avaient été massacrés sur le littoral après des attaques contre les forces de sécurité. Ces dernières, des groupes armés alliés ou des jihadistes étrangers ont été mis en cause. Lundi, les troupes gouvernementales sont intervenues dans la région de Soueida, affirmant vouloir mettre fin à des combats qui opposaient des combattants druzes à des tribus bédouines locales, les relations entre les deux parties étant tendues depuis des décennies.Les forces gouvernementales ont pris part aux combats contre les factions druzes aux côtés des bédouins, selon l’Observatoire syrien des droits l’homme (OSDH), des témoins et des groupes druzes.Elles étaient accompagnées mardi de combattants bédouins lorsqu’elles sont entrées dans la ville, selon des témoins. Sur une vidéo de l’AFP, on peut voir des combattants, certains en civil, pavoisant en brandissant leurs armes, juchés sur un char.Dans des vidéos postées sur les réseaux sociaux, des combattants tirent en l’air en répétant des slogans islamiques. “Les forces gouvernementales sont entrées dans la ville sous prétexte de rétablir la sécurité (…) mais malheureusement elles se sont livrées à des pratiques sauvages”, a affirmé à l’AFP Rayan Maarouf, rédacteur en chef du site local Suwayda 24.”Il y a des cas de civils tués (…) des dizaines, mais nous n’avons pas de chiffres précis”, a-t-il ajouté, accusant “les forces gouvernementales”.Selon l’OSDH, douze civils ont été tués dans une maisons d’invités de la ville par les troupes gouvernementales dans un seul incident.- Statues détruites -Les combattants ont également détruit plusieurs statues ornant les places de la ville, selon des photographes de l’AFP. Les islamistes radicaux estiment que les statues sont prohibées car ils les assimilent à l’idolâtrie.Sur une vidéo qui circulait sur les réseaux sociaux et dont l’AFP n’a pas pu confirmer l’authenticité, on peut voir des hommes armés raser la moustache d’un vieux druze, symbole de virilité, une insulte suprême pour cette minorité de fiers guerriers.Des avions miliaires survolent la ville, selon les correspondants de l’AFP sur place. L’armée israélienne a annoncé avoir frappé des véhicules militaires des forces du pouvoir syrien, affirmant vouloir protéger les druzes.Un correspondant de l’AFP a vu un véhicule militaire frappé de plein fouet dans le centre de la ville et plusieurs corps gisant à côté.Des milliers d’habitants ont fui, certains vers les zones proches de la frontière jordanienne, selon M. Maarouf.Un correspondant de l’AFP a vu dans le village voisin de Walgha des civils, dont des femmes, qui ont quitté la ville et sont réfugiés dans une mosquée.

Tour de France: Pogacar, la main de fer

Vainqueur sortant, Tadej Pogacar tient le Tour de France 2025 d’une main de fer face à l’équipe Visma de Jonas Vingegaard qui, malgré sa guérilla permanente et son armée de chamois, semble plus que jamais face à une équation insoluble.La journée de repos mardi à Toulouse est tombée à pic pour un peloton assommé de fatigue après un début de course particulièrement intense depuis le départ de Lille le 5 juillet.Courue devant une foule énorme et battant des records d’audience –plus de 32 millions de Français ont regardé au moins une minute du Tours, selon France Télévisions– cette 112e édition a été marquée par les raids généreux de l’Irlandais Ben Healy, actuel maillot jaune, et de Mathieu van der Poel, la mise en lumière de Kévin Vauquelin ainsi que le duel de sprinteurs entre Jonathan Milan et Tim Merlier.Mais, d’entrée de jeu, s’est aussi installée une sacrée guerre des nerfs entre Pogacar et l’équipe Visma qui tente tous les jours de piéger le champion du monde, avant même la haute montagne au menu dès jeudi avec l’arrivée au sommet à Hautacam.Cette bataille tourne pour l’instant largement à l’avantage de Pogacar, vainqueur déjà de deux étapes et deuxième du général avec 1 minute et 17 secondes d’avance sur Jonas Vingegaard, qui paie surtout son contre-la-montre raté à Caen.Depuis, son équipe ne cesse de harceler Pogacar, qui s’en agace de plus en plus ouvertement.”Ils étaient un peu énervants avec leurs attaques alors j’ai décidé d’en placer une moi-même, en mieux”, a-t-il rapidement lâché lundi soir aux médias slovènes après l’étape dans le Massif Central, se murant ensuite dans le silence.- “Il commence à s’énerver” -“J’ai l’impression qu’il commence à s’énerver. Nous on essaye juste de suivre notre plan qui est de lui rendre la vie la plus difficile possible”, explique le Belge Victor Campenaerts, parti dans l’échappée lundi pour servir de point d’appui à Vingegaard.”On est les outsiders donc on doit être plus créatifs que seulement rouler le plus rapidement possible dans la dernière montée”, ajoute Sepp Kuss qui a attaqué dans le peloton lundi, tout comme l’autre Américain de l’équipe, Matteo Jorgenson.”On n’a pas réussi à les faire craquer encore. On ne sait pas si et quand ça peut arriver mais on attend notre moment”, poursuit Kuss.Le but de cette guérilla est clair. Il s’agit, explique Grischa Niermann, directeur course chez Visma, “d’isoler Pogacar” dont l’équipe souffre de la comparaison avec l’abandon d’Almeida et l’état de forme précaire de Sivakov, malade ces derniers jours.Cela a d’ailleurs marché lundi lorsque Pogacar s’est retrouvé seul dans le final.”Mais il est incroyablement fort, c’est le meilleur coureur du monde, peut-être le meilleur de tous les temps, alors c’est difficile de le lâcher”, constate Campenaerts.Surtout si Vingegaard ne termine pas le travail. Or, lundi, le Danois est resté dans la roue de Pogacar sans jamais tenter de l’attaquer. “Je sais bien qu’il va falloir lui reprendre du temps à un moment”, a avoué le Danois. Mais il préférait retenir d’abord qu’il a “toujours réussi à suivre pour l’instant”, alors qu’il avait été systématiquement largué dans le Critérium du Dauphiné en juin.- La montagne au secours? -Bjarne Riis, vainqueur du Tour en 1996, aimerait voir son compatriote prendre plus de risques: “On ne peut crier sur tous les toits qu’on est super fort et ne pas attaquer après. Pour moi, il n’a pas d’autre choix”, dit-il dans sa chronique pour le quotidien danois BT.Visma mise pour cela sur la haute montagne, le terrain de jeu préféré de Vingegaard où il s’était montré supérieur à Pogacar en 2022 et 2023, notamment dans la fameuse étape du Granon qui reste la référence ultime pour la formation néerlandaise.”On a de sacrés grimpeurs”, prévient Matteo Jorgenson.Mais, depuis, Pogacar a beaucoup progressé, gommant ses deux faiblesses –altitude et chaleur– par un entraînement ajusté. Il est moins “chien fou” aussi, impressionne le peloton par sa science du placement qui lui évite toute dépense d’énergie inutile et semble le mettre à l’abri d’une défaillance comme dans le Granon.Dans l’ensemble, le triple vainqueur du Tour paraît, à 26 ans, au sommet de son art et dégage une impression d’invincibilité qui ramène l’équipe Visma à la case départ.”S’il continue à être aussi fort, admet Grischa Niermann, il sera difficile à battre.”

Moscou dit que les propos de Trump pousseront Kiev à continuer le conflit

Le Kremlin a affirmé mardi que l’ultimatum qui lui a été adressé la veille par Donald Trump, ainsi que les nouvelles livraisons d’armes promises à l’Ukraine, pousseraient Kiev à “prolonger la guerre”. Lundi, le président américain s’est engagé à fournir des équipements militaires supplémentaires à l’Ukraine et a donné 50 jours à la Russie pour mettre fin à son offensive dans ce pays, déclenchée en février 2022, sous peine de sanctions sévères.”Il semble que cette décision prise à Washington, dans les pays de l’Otan et directement à Bruxelles sera perçue par Kiev non comme un signal en faveur de la paix mais comme un signal pour la poursuite de la guerre”, a répondu mardi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.”Les déclarations du président Trump sont très sérieuses. Nous avons bien sûr besoin de temps pour analyser ce qui a été dit à Washington et si ou quand le président Poutine le jugera nécessaire, il commentera”, a-t-il dit au cours de son briefing quotidien, auquel participait l’AFP.Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a essayé de pousser Moscou et Kiev à mettre fin au conflit, notamment en se rapprochant de Vladimir Poutine dont il se dit désormais “déçu”.”Je pensais que nous aurions un accord il y a deux mois mais ça ne semble pas se concrétiser”, a-t-il regretté lundi à la Maison Blanche, au côté du secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte.Sans accord d’ici à 50 jours, les Etats-Unis mettront en place des “droits de douane secondaires”, c’est-à-dire contre les alliés de Moscou, a averti le président américain.L’an dernier, les principaux partenaires commerciaux de la Russie étaient la Chine, pour quelque 34% du total des échanges, ainsi que, dans une moindre mesure, l’Inde, la Turquie et le Bélarus, selon les Douanes russes.Pékin a fustigé mardi une “coercition qui ne mène nulle part”.- “Déçu” -Donald Trump a par ailleurs annoncé lundi que des équipements militaires “d’une valeur de plusieurs milliards de dollars”, en particulier des systèmes de défense antiaérienne Patriot, seraient envoyés à l’Ukraine.Ce matériel sera acheté par les membres européens de l’Otan. Mark Rutte a précisé que l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Finlande, le Canada, la Norvège, la Suède et le Danemark feraient partie des acheteurs.Le Danemark et les Pays-Bas ont annoncé mardi à Bruxelles être prêts à participer au plan de Donald Trump.Mais reste à savoir combien de temps il faudra aux pays européens pour expédier ces armes en Ukraine, cible chaque jour par de frappes russes.Mardi, le ministère russe de la Défense a encore revendiqué la prise de deux villages dans la région de Donetsk (est).Les attaques aériennes russes se sont aussi intensifiées ces dernières semaines.Dmitri Peskov a affirmé que la Russie restait prête à négocier mais attendait “des propositions de la partie ukrainienne” concernant un troisième cycle de négociations, après deux récentes sessions peu fructueuses à Istanbul.La Russie a rejeté toute trêve prolongée, qui permettrait selon elle aux forces ukrainiennes de se réarmer.Moscou exige, entre autres, que l’Ukraine lui cède quatre régions, en plus de la péninsule de Crimée annexée en 2014, et qu’elle renonce à rejoindre l’Alliance atlantique.Inacceptable pour Kiev qui réclame, avec ses alliés européens, un cessez-le-feu sans conditions de 30 jours avant des négociations de paix et veut que l’armée russe se retire entièrement du territoire ukrainien.- Promesses et réalité -De leur côté, des moscovites interrogés par l’AFP considèrent les déclarations de Donald Trump comme un jeu politique.”C’est une partie d’échecs”, commente ainsi Svetlana, une ingénieure dans l’aéronautique.”Les négociations vont se poursuivre”, juge cette femme de 47 ans, peu impressionnée. Donald Trump “a donné 50 jours, et puis ensuite ce sera prolongé”, ajoute-t-elle, soulignant attendre “le prochain coup” de Vladimir Poutine.Dans l’est de l’Ukraine, des soldats ukrainiens se disent quant à eux reconnaissants, sans nourrir trop d’illusions.Un militaire de 44 ans, qui se fait appeler Shah, dit ainsi ne pas croire aux paroles de Donald Trump, dénonçant un “fossé entre les promesses (des Etats-Unis) et la réalité”.Un autre soldat, Master, juge que les systèmes Patriot, très efficaces contre les frappes aériennes russes, “auraient pu être envoyés plus tôt” et sauver des vies.Avec sa longue barbe rousse, Rouslan, 29 ans, est plus positif. “Mieux vaut tard que jamais”, soupire-t-il

Moscou dit que les propos de Trump pousseront Kiev à continuer le conflit

Le Kremlin a affirmé mardi que l’ultimatum qui lui a été adressé la veille par Donald Trump, ainsi que les nouvelles livraisons d’armes promises à l’Ukraine, pousseraient Kiev à “prolonger la guerre”. Lundi, le président américain s’est engagé à fournir des équipements militaires supplémentaires à l’Ukraine et a donné 50 jours à la Russie pour mettre fin à son offensive dans ce pays, déclenchée en février 2022, sous peine de sanctions sévères.”Il semble que cette décision prise à Washington, dans les pays de l’Otan et directement à Bruxelles sera perçue par Kiev non comme un signal en faveur de la paix mais comme un signal pour la poursuite de la guerre”, a répondu mardi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.”Les déclarations du président Trump sont très sérieuses. Nous avons bien sûr besoin de temps pour analyser ce qui a été dit à Washington et si ou quand le président Poutine le jugera nécessaire, il commentera”, a-t-il dit au cours de son briefing quotidien, auquel participait l’AFP.Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a essayé de pousser Moscou et Kiev à mettre fin au conflit, notamment en se rapprochant de Vladimir Poutine dont il se dit désormais “déçu”.”Je pensais que nous aurions un accord il y a deux mois mais ça ne semble pas se concrétiser”, a-t-il regretté lundi à la Maison Blanche, au côté du secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte.Sans accord d’ici à 50 jours, les Etats-Unis mettront en place des “droits de douane secondaires”, c’est-à-dire contre les alliés de Moscou, a averti le président américain.L’an dernier, les principaux partenaires commerciaux de la Russie étaient la Chine, pour quelque 34% du total des échanges, ainsi que, dans une moindre mesure, l’Inde, la Turquie et le Bélarus, selon les Douanes russes.Pékin a fustigé mardi une “coercition qui ne mène nulle part”.- “Déçu” -Donald Trump a par ailleurs annoncé lundi que des équipements militaires “d’une valeur de plusieurs milliards de dollars”, en particulier des systèmes de défense antiaérienne Patriot, seraient envoyés à l’Ukraine.Ce matériel sera acheté par les membres européens de l’Otan. Mark Rutte a précisé que l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Finlande, le Canada, la Norvège, la Suède et le Danemark feraient partie des acheteurs.Le Danemark et les Pays-Bas ont annoncé mardi à Bruxelles être prêts à participer au plan de Donald Trump.Mais reste à savoir combien de temps il faudra aux pays européens pour expédier ces armes en Ukraine, cible chaque jour par de frappes russes.Mardi, le ministère russe de la Défense a encore revendiqué la prise de deux villages dans la région de Donetsk (est).Les attaques aériennes russes se sont aussi intensifiées ces dernières semaines.Dmitri Peskov a affirmé que la Russie restait prête à négocier mais attendait “des propositions de la partie ukrainienne” concernant un troisième cycle de négociations, après deux récentes sessions peu fructueuses à Istanbul.La Russie a rejeté toute trêve prolongée, qui permettrait selon elle aux forces ukrainiennes de se réarmer.Moscou exige, entre autres, que l’Ukraine lui cède quatre régions, en plus de la péninsule de Crimée annexée en 2014, et qu’elle renonce à rejoindre l’Alliance atlantique.Inacceptable pour Kiev qui réclame, avec ses alliés européens, un cessez-le-feu sans conditions de 30 jours avant des négociations de paix et veut que l’armée russe se retire entièrement du territoire ukrainien.- Promesses et réalité -De leur côté, des moscovites interrogés par l’AFP considèrent les déclarations de Donald Trump comme un jeu politique.”C’est une partie d’échecs”, commente ainsi Svetlana, une ingénieure dans l’aéronautique.”Les négociations vont se poursuivre”, juge cette femme de 47 ans, peu impressionnée. Donald Trump “a donné 50 jours, et puis ensuite ce sera prolongé”, ajoute-t-elle, soulignant attendre “le prochain coup” de Vladimir Poutine.Dans l’est de l’Ukraine, des soldats ukrainiens se disent quant à eux reconnaissants, sans nourrir trop d’illusions.Un militaire de 44 ans, qui se fait appeler Shah, dit ainsi ne pas croire aux paroles de Donald Trump, dénonçant un “fossé entre les promesses (des Etats-Unis) et la réalité”.Un autre soldat, Master, juge que les systèmes Patriot, très efficaces contre les frappes aériennes russes, “auraient pu être envoyés plus tôt” et sauver des vies.Avec sa longue barbe rousse, Rouslan, 29 ans, est plus positif. “Mieux vaut tard que jamais”, soupire-t-il