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Israël: Netanyahu défie la justice en nommant un nouveau chef du Shin Bet

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a défié ouvertement la justice et une bonne partie de la société israélienne en annonçant jeudi soir la nomination d’un nouveau chef de l’Agence de la sécurité intérieure, le Shin Bet.Accusé par ses détracteurs de dérive dictatoriale et de conflit d’intérêts dans une affaire qui agite Israël depuis trois mois, M. Netanyahu a décidé de faire fi de l’interdiction que lui avait intimée la veille la procureure générale, en annonçant avoir choisi le général de division David Zini pour succéder au directeur démissionnaire du Shin Bet, Ronen Bar.Le Mouvement pour un gouvernement de qualité, ONG luttant pour la transparence a immédiatement annoncé son intention de contester cette nomination devant la Cour suprême.Le Mouvement avait été à la pointe de la lutte contre la réforme de la justice portée par le gouvernement, l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, projet qui avait profondément fracturé le pays en 2023 avant que l’exécutif y renonce, temporairement, dans les premiers jours de la guerre déclenchée le 7 octobre de cette année-là par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas.D’autres recours sont attendus et le chef de l’opposition, le centriste Yaïr Lapid a appelé le général Zini à “annoncer qu’il ne peut pas accepter cette nomination tant que la Cour suprême ne s’est pas prononcée” sur la légalité de cette décision.La procureure générale Gali Baharav-Miara, également conseillère juridique du gouvernement, a rapidement dégainé contre l’annonce du Premier ministre. “Il existe un sérieux soupçon (que M. Netanyahu) ait agi en situation de conflit d’intérêts, et le processus de nomination est vicié”, a-t-elle déclaré.- Pots-de-vin -En cause, une enquête du Shin Bet diligentée par son chef sortant et visant des proches de M. Netanyahu soupçonnés d’avoir touché des pots-de-vin du Qatar.Les avis juridiques défavorables émis par Mme Baharav-Miara à l’encontre de plusieurs projets du gouvernement insupportent l’exécutif au point que le cabinet a entamé contre elle une procédure de destitution.Mercredi soir, la Cour suprême a statué sur le renvoi de M. Bar en jugeant que la décision prise le 21 mars par le gouvernement de le limoger était “contraire à la loi”.Ce limogeage avait ravivé les divisions de la société israélienne, au moment où le gouvernement décidait de repartir à l’offensive contre le Hamas après deux mois de trêve, provoquant d’importantes manifestation contre l’exécutif.Selon le bureau du Premier ministre, “le général Zini a occupé de nombreux postes opérationnels et de commandement dans les Forces de défense israéliennes”, notamment comme combattant de l’unité d’élite Sayeret Matkal, ou encore de fondateur de la brigade commando, un corps créé en 2015 pour regrouper des unités d’élite.- “Respecter la loi” -Fils d’émigrés venus de France et petit-fils d’une survivante du camp d’extermination nazi d’Auschwitz, le général Zini est actuellement chef du commandement de la formation au sein de l’armée israélienne et à la tête du corps d’état-major général.Le gouvernement le crédite d’avoir rédigé en mars 2023, six mois avant l’attaque du Hamas, un rapport exposant les failles de l’armée israélienne en cas “d’incursion surprise” en Israël à partir de la bande de Gaza.”Le chef du Shin Bet est nommé par le gouvernement sur proposition du Premier ministre, c’est la loi et tout le monde doit respecter la loi, y compris la Cour et la conseillère juridique du gouvernement”, avait déclaré M. Netanyahu mercredi soir, indiquant déjà son intention de passer outre les recommandations de cette dernière.M. Netanyahu affirme que le gouvernement peut décider à sa guise de nommer et renvoyer le chef du Shin Bet. Il reproche à Ronen Bar son incapacité à empêcher l’attaque sanglante du Hamas ayant déclenché la guerre, le 7 octobre 2023.M. Bar, qui a reconnu sa responsabilité personnelle dans cet échec, a toujours soutenu que la décision de M. Netanyahu de le limoger était motivée par une animosité personnelle à son endroit et non pour des raisons liées à ses compétences professionnelles.Il avait finalement accepté de jeter l’éponge fin avril, en annonçant qu’il quitterait ses fonctions le 15 juin, non sans adresser à la Cour suprême une déclaration écrite affirmant que le Premier ministre avait exigé de lui une loyauté personnelle et lui avait ordonné d’espionner des manifestants antigouvernementaux, ce que M. Netanyahu a qualifié de “mensonge absolu”. 

Au Pakistan, traitement de choc inédit pour deux éléphantes tuberculeuses

Quatre cents comprimés tous les deux jours, des dizaines de boulettes de riz pour les cacher et 18 employés mobilisés: le parc animalier de Karachi, la grande ville côtière du Pakistan, redouble d’ingéniosité pour soigner ses deux derniers éléphants atteints de la tuberculose.L’affaire est inédite dans ce pays d’Asie du Sud, englué dans le marasme politique et économique, et pointé du doigt pour le mauvais traitement des animaux en captivité.Il a donc fallu appeler du renfort: le vétérinaire Buddhika Bandara est venu spécialement du Sri Lanka pour s’occuper des pachydermes.Lui qui a déjà guéri 15 éléphants de la tuberculose détaille la marche à suivre à des soignants désormais aux petits soins pour les dernières éléphantes du Pakistan.En 2009, le pays avait accueilli quatre soeurs éléphantes capturées à l’état sauvage en Tanzanie. En 2023, Noor Jehan s’éteignait à 17 ans. Fin 2024, c’est Sonia, 19 ans, qui la suivait dans la tombe. Quelques semaines plus tard, l’autopsie révélait qu’elle avait notamment contracté la tuberculose.A Karachi, cela a été le déclic. Le parc s’est aperçu que Malika, 21 ans et Madhubala, 18 ans, étaient elles aussi atteintes de la tuberculose, maladie endémique dans ce pays de 240 millions d’habitants.- “Cas d’étude passionnant” -Ses équipes ont décidé de mettre les bouchées doubles car le pays a déjà été épinglé pour avoir laissé dépérir un autre élephant.En 2012, Kaavan, un pachyderme obèse de 35 ans détenu au zoo d’Islamabad, avait ému le monde entier. La chanteuse américaine Cher avait mené campagne pour l’extraire de son enclos de béton exigu vers une réserve au Cambodge. Il était l’unique éléphant d’Asie du pays et vivait seul depuis la mort en 2012 de sa compagne Saheli.Pour traiter ses deux éléphantes, la Karachi Metropolitan Corporation a mobilisé 18 personnes: des vétérinaires, des cornacs, des employés du parc et le docteur Naseem Salahuddin, chef du service des maladies infectieuses de l’Indus Hospital and Health Network.”J’ai été surpris d’apprendre l’existence de cette maladie infectieuse chez les éléphants”, raconte ce dernier à l’AFP. “C’est un cas d’étude passionnant pour moi comme pour mes étudiants, tout le monde veut connaître la procédure et ses évolutions”.Courante chez les humains comme chez les animaux, la tuberculose “peut être soignée avec les mêmes médicaments”, explique le docteur Bandara.La posologie a été adaptée au poids des deux femelles: pour leurs 4.000 kilos, Madhubala doit ingérer 415 comprimés par jour et Malika 409. Et cela, un jour sur deux pendant plus d’un an.Le problème? Ces pilules, prescrites depuis début mai, sont amères et leur faire avaler “n’est pas une mince affaire”, s’amuse Buddhika Bandara.Alors, pour masquer le goût des médicaments, Ali Baloch, un cornac de 22 ans, a dû se transformer en cuisinier.- Boulettes de riz ou pâtisseries -Un matin sur deux, dès huit heures, il fait cuire riz et lentilles dans une énorme marmite d’acier. Il forme ensuite avec un autre soignant des dizaines de boulettes, incorporant subrepticement dans chacune d’elles une poignée de comprimés rouges.Les boulettes sont ensuite distribuées aux deux éléphantes par des employés gantés, masqués et vêtus de blouses chirurgicales, redoublant de prudence pour éviter la contagion dans un pays qui compte plus de 500.000 cas de tuberculose chez l’humain par an.Ali Baloch insère aussi parfois les médicaments dans des pommes, des bananes et des gulab jamun, ces petites boules de farine sucrées, emblématiques de la pâtisserie traditionnelle pakistanaise.Et pour tromper encore plus l’animal, de temps à autre, le cornac distribue ces mêmes aliments mais sans médicament.Le vétérinaire et le cornac soulignent que les éléphants sont très curieux et intelligents en matière de goût et qu’il faut donc ruser.Les deux premiers jours, les éléphantes ont refusé d’ingérer la nourriture –et les médicaments qui y étaient cachés– “mais petit à petit, elles se sont habituées et ne montrent quasiment plus aucune résistance désormais”, assure le docteur Bandara.Encore aujourd’hui, “Malika sent le médicament, alors elle le prend d’abord avec sa trompe, tandis que Madhubala le gobe directement par la bouche”, décrit Ali Baloch.Une fois les boulettes ingurgitées, Madhubala et Malika profitent du moment et s’égayent sous le tuyau d’arrosage des employés du parc qui tentent de les soulager de la chaleur qui dépasse allègrement les 40°C degrés. 

Au Pakistan, traitement de choc inédit pour deux éléphantes tuberculeuses

Quatre cents comprimés tous les deux jours, des dizaines de boulettes de riz pour les cacher et 18 employés mobilisés: le parc animalier de Karachi, la grande ville côtière du Pakistan, redouble d’ingéniosité pour soigner ses deux derniers éléphants atteints de la tuberculose.L’affaire est inédite dans ce pays d’Asie du Sud, englué dans le marasme …

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Cannes rend hommage à Pierre Richard, clown sensible du cinéma français

Pilier de la comédie populaire française, Pierre Richard, auquel le Festival de Cannes a rendu hommage jeudi, incarne à la perfection le clown sensible, l’hurluberlu gaffeur, la tête dans la lune et les pieds sur les plateaux de tournage.”L’homme qui a vu l’ours qui a vu l’homme”, son dernier film et le premier qu’il réalise depuis près de 30 ans, a été projeté en séance spéciale, avant de sortir en salles le 24 septembre.Le film, tourné en Occitanie, raconte l’amitié entre un vieux pêcheur ayant fui son milieu – joué par Pierre Richard lui-même – et un jeune garçon autiste, qui partagent le même amour de la nature.”C’est une sorte d’ovni”, a déclaré le cinéaste lors de la projection, avant d’évoquer l’ours qui donne son titre au film. Il y a “un ours qui fait plus de 500 kg et dont je ne pouvais pas m’approcher à moins de 5 mètres”, a-t-il ajouté.A 90 ans, dont plus de 60 ans de carrière, l’acteur, qui restera à jamais le “Grand blond avec une chaussure noire” (1972), a fait rire de sa gaucherie dans plus de 100 longs métrages, traversant comme peu d’acteurs l’histoire de la comédie française.Inoubliable avec son grand sourire et sa tignasse frisée dans les succès de Francis Veber (“La Chèvre”, “Le Jouet”…), il a encore prêté ces dernières années son capital sympathie à Pierrot, l’un des incorrigibles vieillards des “Vieux Fourneaux” (2018), ou au druide Panoramix dans “Astérix et Obélix: l’Empire du milieu” (2023).Cet acteur au jeu burlesque, volontiers lunaire, a reçu en 2006 un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Lors de la remise du prix, la musique du “Grand blond” accompagnant son entrée sur scène, il a écouté l’ovation de ses pairs avant de lâcher: “moi qui n’ai jamais été qu’un impair…”- “Tu es un personnage” -De son vrai nom Pierre Defays (Richard est son deuxième prénom), il naît le 16 août 1934 à Valenciennes (Nord). Ses parents étant séparés, il grandit en partie dans le château de son grand-père, aristocrate et grand industriel, qui rêve pour lui d’études brillantes.Le jeune homme obtient un diplôme de kinésithérapeute mais préfère suivre des cours d’art dramatique à Paris. Après des passages dans des cabarets, il débute au cinéma avec un petit rôle dans “Alexandre le bienheureux” (1968). Le réalisateur Yves Robert lui dit : “tu n’es pas un acteur, tu es un personnage, alors fais ton cinéma toi-même”. Au départ vexé, Pierre Richard retiendra la leçon.Car il fait partie de ces personnes qui perdent régulièrement leur carte de crédit, qui mettent leur cigarette à l’envers et allument le filtre, qui se coincent le doigt dans l’anse d’une tasse: “dans un film, c’est drôle mais, dans la vie, ça me pose de vrais problèmes”, admet-il.En 1970, il écrit, réalise et interprète son premier film, le bien-nommé “Le distrait” puis, en 1972, “Les malheurs d’Alfred”. Cette même année sort “Le grand blond…” du même Yves Robert, dans lequel il incarne un violoniste étourdi, provoquant catastrophe sur catastrophe, hypnotisé par la chute de reins de Mireille Darc.Il enchaîne les comédies, dirigé par Claude Zidi, Georges Lautner ou Gérard Oury. Parallèlement, il met en scène “Je sais rien mais je dirai tout” (1973), “Je suis timide mais je me soigne” (1978), “C’est pas moi, c’est lui” (1979). Il a joué dans tous les films qu’il a réalisés.- Complice de Depardieu -Dans les années 1980, il s’essaye à la chanson mais, surtout, joue dans “La chèvre”, puis “Les compères” et “Les fugitifs”, les trois avec Gérard Depardieu, de Francis Veber. Un triomphe: le premier attire plus de sept millions de spectateurs, les autres près de cinq.”Quand j’ai arrêté de collaborer avec Francis Veber, je me suis senti un peu orphelin”, disait-il au Journal du dimanche en 2000. “On me taillait des costumes dans lesquels j’entrais facilement. J’étais habitué. Et puis, un jour, j’ai trouvé que les costumes ne m’allaient plus, je voulais autre chose”.Se qualifiant de “socialiste romantique”, il réalise en 1987 un documentaire sur Che Guevara, tente de changer de registre, sans rencontrer le même succès public, ni se réconcilier avec la critique. A 80 ans passés, il tourne encore dans deux, trois ou quatre films par an et joue encore à 90 ans au théâtre en solo.Pierre Richard a deux fils avec sa première épouse, l’actrice Danielle Minazzoli. Il a ensuite épousé l’ex-mannequin brésilienne Ceyla Lacerda.