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L’ONU met en garde contre un risque de famine dans toute la bande de Gaza

Les Nations unies ont averti vendredi que toute la population de la bande de Gaza était menacée de famine après bientôt 20 mois de guerre, à un moment où Israël annonce la construction de “l’Etat juif israélien” en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967.Israël fait face à une pression internationale croissante concernant la guerre à Gaza et la situation humanitaire dans ce territoire, où un blocus de plus de deux mois, partiellement assoupli la semaine dernière, a entraîné de graves pénuries de nourriture, de médicaments et d’autres biens de première nécessité.Entre-temps, Israël a multiplié l’expansion de ses colonies en Cisjordanie, tout en défiant les appels du président français, Emmanuel Macron, et d’autres dirigeants mondiaux ainsi que de l’ONU en faveur d’une solution à deux Etats, israélien et palestinien.Dans la bande de Gaza, la situation humanitaire reste désastreuse. Un porte-parole du bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), Jens Laerke, a déclaré vendredi à Genève que c’était “l’endroit le plus affamé au monde”, où “100% de la population est menacée de famine”.Israël y a récemment intensifié ses opérations militaires, dans le but affiché de prendre le contrôle de la totalité du territoire palestinien, d’anéantir le Hamas, et de libérer les derniers otages enlevés lors de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 en Israël, qui a déclenché la guerre.Les déclarations sur la Cisjordanie interviennent au lendemain de l’annonce de la création de 22 nouvelles colonies israéliennes dans le territoire palestinien, considérées comme illégales au regard du droit international.- “Devoir moral” -Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a défié ouvertement vendredi le président français, Emmanuel Macron, et les Nations unies en affirmant qu’il n’était pas question de laisser advenir un Etat palestinien en Cisjordanie.Lors d’une visite à l’avant-poste de colonisation de Sa-Nur, dans le nord de la Cisjordanie, M. Katz a affirmé que le gouvernement israélien comptait élever au rang de municipalité autonome cette ancienne colonie démantelée par Israël en 2005 dans le cadre du plan de retrait unilatéral de la bande de Gaza réalisé par le Premier ministre d’alors, Ariel Sharon.M. Katz a souligné que c’était un “message clair” au président français qui insiste sur le nécessité d’une solution à deux Etats.Lors d’une visite à Singapour vendredi, M. Macron a lui déclaré que la reconnaissance d’un Etat palestinien n’était “pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique”, tout en énumérant plusieurs conditions pour franchir le pas, avant une conférence à l’ONU sur le sujet à laquelle il doit participer le 18 juin.Israël a accusé vendredi le président français d’être en “croisade contre l’Etat juif”.Parallèlement, les négociations sur un cessez-le-feu visant à mettre fin à près de 20 mois d’une guerre ayant dévasté la bande de Gaza n’ont pas encore abouti depuis la reprise des combats à la mi-mars, à l’initiative d’Israël, après une trêve de deux mois.Jeudi soir, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait annoncé qu’une nouvelle proposition américaine de cessez-le-feu avait été approuvée par Israël. Il n’y a eu jusqu’ici aucune réaction officielle d’Israël.Un peu plus tard, Bassem Naïm, l’un des dirigeants en exil du Hamas, avait déclaré à l’AFP que cette proposition ne répondait pas aux demandes du mouvement, dans la mesure où elle “signifie, en essence, la perpétuation de l’occupation, la poursuite des meurtres et de la famine”.Selon une source proche du Hamas, le mouvement déplore l’absence dans la proposition américaine de garanties sur la poursuite des discussions pendant la trêve, en vue de parvenir à un cessez-le-feu permanent.- “Toute la force nécessaire” -Réagissant aux prises de position du Hamas, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir (extrême droite), hostile à tout compromis depuis le début de la guerre, a appelé vendredi le gouvernement à employer “toute la force nécessaire” pour en finir avec le mouvement islamiste palestinien.Sur le terrain, la Défense civile de Gaza a indiqué que 45 personnes avaient été tuées vendredi dans des attaques israéliennes à travers le territoire palestinien.L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées par le Hamas ce jour-là, 57 sont toujours retenues dans la bande Gaza, dont au moins 34 sont mortes, selon les autorités israéliennes.Plus de 54.321 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l’ONU.

Eboulement en Suisse: du mieux mais la prudence reste de mise

Le lac artificiel qui s’est formé contre un barrage de millions de tonnes de gravats de roche et de glace qui ont dévalé la montagne et détruit un petit village, commence à s’écouler et fait baisser le risque d’une inondation en aval de la vallée du Lötschental, l’une des plus belles du sud de la Suisse.”L’évolution est positive mais nous restons prudents”, a résumé Stéphane Ganzer, le chef du département de la sécurité du canton du Valais, lors d’un point de presse, en présence de la présidente de la Confédération helvétique, Karin Keller-Sutter. “Le risque demeure, même s’il diminue”, a ajouté le responsable, insistant sur le fait que “aucune évacuation n’est prévue” dans les villages en aval.Jeudi matin, les autorités envisageaient encore une catastrophe, à savoir une rupture brutale du barrage naturel de gravats. Les eaux du lac artificiel, qui continuent de grossir, auraient alors inondé la vallée.Mais au fur et à mesure des vols de reconnaissance et des observations, les autorités ont constaté que l’eau du lac artificiel, qui a recouvert ce qui restait debout des maisons du village de Blatten, commençait à se trouver un chemin par-dessus le bouchon de gravats qui bloque la rivière Lonza sur plus de deux kilomètres.Cet écoulement “nous rend optimiste et nous fait penser que l’eau trouve un bon chemin jusque dans la partie encore dégagée de la Lonza”, a expliqué Christian Studer, du Service cantonal des dangers naturels. Pour autant, les travaux de pompage de l’eau du lac ou de déblaiement n’ont toujours pas pu commencer, le terrain restant beaucoup trop instable en particulier sur les flancs de la montagne. La vallée du Lötschental s’étend sur un peu moins de 30 kilomètres et compte quelque 1.500 habitants. C’est un endroit réputé pour la beauté de ses paysages dominés par les cimes enneigées, ses petits villages traditionnels et ses chemins de randonnées spectaculaires. Mais son visage est changé pour toujours.- Un seul disparu -Les autorités restent en alerte et les communes situées en aval de l’éboulement, y compris dans la vallée du Rhône, se préparent à une éventuelle évacuation. Des digues ont aussi été installées.Pour l’heure, cet événement exceptionnel n’a fait qu’un disparu, un homme de 64 ans de la région. Les recherches interrompues en raison des risques que cela aurait fait courir aux sauveteurs devraient pouvoir reprendre incessament, ont indiqué les autorités.Les 300 habitants de Blatten ont été évacués dès le 19 mai.”Cela montre l’importance des alertes et des interventions précoces”, s’est félicitée Clare Nullis, porte-parole de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) lors d’un point presse à Genève.”Le paysage ne sera plus jamais le même. Le village ne sera plus jamais le même, mais c’est un exemple de la façon dont nous pouvons utiliser les prévisions et les alertes pour sauver des vies”, a-t-elle souligné, tout en rappelant que de nombreux pays moins riches que la Suisse n’avaient pas les moyens de le faire.L’OMM a lancé un vaste programme pour s’assurer que partout dans le monde, la population pourra bénéficier de moyens d’alerte précoce pour échapper aux catastrophes météos.- Pourquoi ? -La quantité de roche et de gravats qui a dévalé la montagne mercredi vers 15H30 (13H30 GMT) est tellement importante que les sismographes du pays l’ont enregistré. A la place du glacier du Birch, entraîné par la chute des roches qui le surplombaient, on voit un trou béant sur le flanc de la montagne.Les experts interrogés par l’AFP pensent que le dégel du pergélisol dans les fissures de la roche a probablement joué un rôle dans la déstabilisation de la montagne du petit Nesthorn qui dominait le glacier.Au cours des deux semaines précédant l’effondrement final, une série d’éboulements ont déversé trois millions de mètres cubes de roche sur la surface du glacier, qui se trouve sur une pente raide et qu’il a dévalé mercredi avec l’éboulement principal.Matthias Huss, directeur de l’Observatoire suisse des glaciers (GLAMOS), espère que cela attire l’attention sur le sort des glaciers et de l’impact du changement climatique, même s’il faudra de longues études pour déterminer s’il y a un lien direct avec cet événement exceptionnel. “Il faut souvent qu’une catastrophe majeure se produise avant que les gens réalisent qu’il se passe quelque chose”, explique t-il à l’AFP.”C’est très tangible. La destruction d’un village entier est facilement compréhensible pour tous. Des gens y vivent depuis des centaines d’années et tout a été effacé en quelques secondes”.

En Asie, Macron appelle à de “nouvelles coalitions” face aux superpuissances

Emmanuel Macron a appelé vendredi à “bâtir de nouvelles alliances” basées sur le droit et à refuser le “deux poids deux mesures”, face au règne de la force et des superpuissances, lors du principal forum asiatique de défense et de sécurité à Singapour.”Nous sommes confrontés au défi de pays révisionnistes qui veulent imposer, au nom de sphères d’influence, des sphères de coercition”, a déclaré le président français au Shangri-La Dialogue.Un discours très offensif à l’égard de la Chine, clairement pointée du doigt pour ses revendications territoriales et sur Taïwan, comme pour son rôle dans la sécurité régionale, alors que, pour la première fois depuis 2019, elle n’envoie pas de responsable de haut niveau à ce forum.Mais aussi, plus implicitement, à l’égard des Etats-Unis, alors que le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, l’écoutait dans le salon de l’hôtel singapourien qui accueille la réunion avant de s’y exprimer samedi matin.Dans ce contexte, “bâtissons une nouvelle alliance positive entre l’Europe et l’Asie, fondée sur nos normes communes, sur nos principes communs”, de “nouvelles coalitions” pour le “libre-échange” et un “ordre fondé sur le droit”, de façon à ne pas être “les victimes collatérales” des “décisions prises par les superpuissances”, a lancé le chef d’Etat français.- “Devoir moral” -Premier dirigeant européen invité à tenir le discours d’ouverture du Shangri-La Dialogue, dont la 22e édition se tient jusqu’à dimanche, Emmanuel Macron a tenté d’asseoir la crédibilité de son appel en assurant, d’emblée, que la France et l’Europe ne pratiquent pas le “deux poids deux mesures”. Une manière de balayer le reproche qui est souvent fait aux Occidentaux, accusés de s’engager massivement en faveur de l’Ukraine face à la Russie et moins dans d’autres conflits, à commencer par celui de Gaza.”Si nous considérons que la Russie peut être autorisée à s’emparer d’une partie du territoire de l’Ukraine sans restriction, sans contrainte, sans réaction de l’ordre mondial, que dira-t-on au sujet de ce qui pourrait se passer à Taïwan”, a-t-il lancé dans un avertissement particulièrement ferme à Pékin, qui semble traduire la crainte de voire la Chine affirmer de manière plus offensive sa volonté d’annexer l’île qu’elle considère comme partie de son territoire.A ce sujet, il a aussi rappelé les autorités chinoises à ce qu’il considère être leur rôle dans la sécurité internationale.”Si la Chine ne veut pas que l’Otan soit impliquée en Asie du Sud-Est ou en Asie, elle doit empêcher clairement la Corée du Nord d’être impliquée sur le sol européen”, où elle a déployé des soldats contre l’Ukraine aux côtés de la Russie, a-t-il affirmé.Plus tôt vendredi à Singapour, Emmanuel Macron avait estimé que la décision ou non de sanctionner la Russie si elle refuse un cessez-le-feu en Ukraine était un “test de crédibilité” pour les Etats-Unis de Donald Trump.Mais le président français a également estimé vendredi soir que si les Occidentaux “abandonnent Gaza” et “laissent faire Israël”, ils risquent de “perdre toute crédibilité à l’égard du reste du monde”. “C’est pourquoi nous rejetons le deux poids deux mesures”, a-t-il martelé au Shangri-La Dialogue, point d’orgue d’une tournée en Asie du Sud-Est qui l’a conduit au Vietnam et en Indonésie pour proposer une troisième voie entre Washington et Pékin.Le matin, il avait estimé que les Européens devaient “durcir” leur position contre Israël, et “appliquer des sanctions”, faute de “réponse” humanitaire.Il a également jugé que la reconnaissance d’un Etat palestinien n’était “pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique”, tout en énumérant plusieurs conditions pour franchir le pas, avant une conférence à l’ONU sur le sujet à laquelle il participera le 18 juin.En réponse, le ministère israélien des Affaires étrangères l’a accusé vendredi d’être en “croisade contre l’Etat juif”, après qu’il a demandé à la communauté internationale à durcir sa position à l’égard d’Israël si la situation humanitaire à Gaza ne s’améliorait pas.

Ecologie: la France dit avoir trouvé des “points de convergence” avec la Chine

Des “points de convergence” ont été trouvés entre la France et la Chine en matière d’environnement, a affirmé vendredi la ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, à l’issue d’une visite dans le pays asiatique.Sa venue à Pékin intervient notamment avant la conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC) organisée prochainement à Nice dans le sud de la France (9-13 juin) et la conférence sur les changements climatiques (COP30) au Brésil (10-21 novembre).Après le vide laissé par les Etats-Unis, qui ont annoncé leur retrait de l’accord de Paris sur le climat, la France milite pour un front commun entre l’Union européenne (UE) et la Chine sur ces questions.”Des points de convergence se sont fait clairement sentir”, a indiqué à l’AFP Mme Pannier-Runacher après plusieurs entretiens, notamment avec le ministre chinois de l’Ecologie et de l’Environnement, Huang Runqiu, ainsi que celui des Ressources naturelles, Guan Zhi’ou.Parmi ces consensus, elle a notamment évoqué “l’attachement à l’accord de Paris” et au “multilatéralisme”.”J’appelle de mes voeux une déclaration commune, comme celles qu’ont pu prendre, avant certaines COP par exemple, les Etats-Unis et la Chine, ou l’Union européenne et la Chine avant la COP 21 (à Paris en 2015, ndlr) et qui ont permis de donner une dynamique favorable à la négociation”, a-t-elle déclaré.”Au moment où la science est remise en doute par certains, où on conteste l’impact du dérèglement climatique sur nos vies (…) il est important que l’Union européenne et la Chine prennent leurs responsabilités”, a-t-elle plaidé.De son côté, le ministre chinois de l’Environnement a affirmé à Mme Pannier-Runacher que son pays “maintiendrait les objectifs fixés par l’accord de Paris et travaillerait avec toutes les parties pour promouvoir des résultats positifs” à la COP30, selon un communiqué diffusé par son ministère. – “Rapidité” chinoise -Principal émetteur mondial de gaz à effet de serre, la Chine est toutefois en pointe sur le déploiement des énergies renouvelables, les véhicules électriques et la décarbonation de son économie.Elle se fixe pour objectif d’arriver d’ici 2030 à un pic de ses émissions. Signe encourageant: celles-ci ont baissé au premier trimestre 2025, selon une étude indépendante publiée en mai.”Sa dynamique témoigne d’une rapidité et d’une capacité à tenir ses objectifs”, a salué Agnès Pannier-Runacher, qui a appelé à “apprendre” de cette “rapidité”, sur le déploiement des renouvelables ou de filières industrielles vertes.”On peut aussi apprendre de ses technologies. La Chine est aujourd’hui le premier pays en termes de dépôt de brevets et donc nous avons un intérêt à aussi travailler sur les technologies et à inciter la Chine à investir en France et en Europe pour y créer des emplois”, a-t-elle plaidé.

Comparution de l’automobiliste accusé d’avoir foncé dans la foule à Liverpool

Un Britannique accusé d’avoir foncé en voiture dans une foule festive lundi soir à Liverpool, faisant 79 blessés, a comparu vendredi, visiblement ému alors que lui étaient signifiés les sept chefs d’accusation retenus contre lui.Paul Doyle, 53 ans, père de trois adolescents, habitant dans la banlieue de Liverpool (nord-ouest), où il a comparu, est notamment accusé de conduite dangereuse et blessures graves volontaires. Ces chefs d’accusation concernent six victimes dont un enfant de 11 ans dont l’identité restera protégée, sur décision du juge.En costume noir, chemise blanche et cravate grise, Paul Doyle a décliné son nom, son âge et son adresse, et gardé la tête baissée et les mains jointes la plupart du temps. Il semblait retenir ses larmes quand il est entré dans la salle d’audience du tribunal, où le procureur Philip Astbury a affirmé qu’il avait foncé “délibérément” sur la foule, utilisant sa voiture “comme une arme”.”Il s’agit d’une enquête en cours. De nombreux témoins doivent être interrogés et de nombreuses images de vidéosurveillance doivent être analysées”, a-t-il ajouté.Une nouvelle audience est prévue le 14 août, durant laquelle Paul Doyle devrait plaider coupable ou non coupable. Une date provisoire de procès a été fixée au 24 novembre. Il pourrait durer de trois à quatre semaines.Le suspect a été maintenu en détention vendredi.Lundi soir, alors que des centaines de milliers de supporters du Liverpool FC se trouvaient en centre-ville pour la parade célébrant la victoire du club en championnat d’Angleterre de football, sa voiture était entrée dans une rue qui venait d’être rouverte pour laisser passer une ambulance, selon les premiers éléments de l’enquête. La voiture avait été rapidement entourée par une foule de supporters, certains hostiles. L’un d’eux avait cherché à ouvrir sa portière, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.- désolation et chaos -Le conducteur avait reculé, puis accéléré, zigzagant et heurtant des gens des deux côtés de la rue. Un homme avait été projeté sur le capot. Un enfant s’était retrouvé coincé sous la voiture, et une journée de célébrations s’était transformée en scènes de chaos et de désolation.Paul Doyle avait été arrêté sur place, et la police avait très rapidement écarté la piste terroriste, précisant qu’il s’agissait d’un incident isolé. Elle avait aussi indiqué le soir même que le suspect était un Britannique blanc de 53 ans de la banlieue de Liverpool, et avait demandé au public de ne pas spéculer ou publier de fausses informations en ligne.Les 79 blessés, tous Britanniques, sont âgés de 9 à 78 ans. Sept sont toujours hospitalisés, a déclaré jeudi la police locale.”Les chefs d’accusation continueront à être examinés au fur et à mesure de l’avancement de l’enquête”, a précisé jeudi dans un communiqué la procureure en cheffe locale Sarah Hammond. Elle a souligné que l’enquête n’en était qu’à ses débuts, avec “un volume considérable d’éléments” à étudier, dont “de nombreuses vidéos et témoignages”.Paul Doyle, marié depuis 20 ans, a été membre de la Royal Marine entre 1990 et 1994 et travaille dans la cybersécurité, selon certains médias britanniques.Des photos sur les réseaux sociaux le montrent en vacances en famille, au Japon, en Inde ou aux îles Fidji. Il aurait aussi participé à des triathlons et escaladé le Kilimandjaro.

Etienne-Emile Baulieu: le père de la pilule abortive

De la pilule abortive à la lutte contre le vieillissement, Etienne-Emile Baulieu, mort vendredi à l’âge de 98 ans, a placé les questions de société au coeur de ses recherches qui lui ont valu une reconnaissance mondiale.”J’ai toujours essayé de combiner la science et le progrès, les applications utiles au bien-être de l’Homme”, déclarait celui qui se disait “libre chercheur”.Le bureau de l’unité Inserm au CHU du Kremlin-Bicêtre, qu’il a continué d’occuper même nonagénaire, témoignait du caractère foisonnant de ce scientifique ouvert sur le monde, bardé de prix et professeur au Collège de France. Dans ce cabinet de curiosités s’entassaient masques africains, ouvrages de Pasteur, croquis du cerveau humain, sculpture offerte par son amie Niki de Saint-Phalle…”Si je ne travaillais plus, je m’ennuierais je crois”, confiait-il à l’AFP en mars 2023, alors âgé de 96 ans.Proche d’Andy Warhol, ce passionné de littérature se disait “fasciné par les artistes, qui prétendent accéder à l’âme humaine, ce qui restera à jamais hors de portée des scientifiques”.Fils d’un néphrologue qui meurt alors qu’il n’a que 3 ans, Etienne-Emile Baulieu est né le 12 décembre 1926 à Strasbourg, sous le patronyme d’Etienne Blum. Entouré de deux soeurs, il est élevé par sa mère, ancienne avocate et féministe convaincue.Réfugié à Grenoble pendant la Seconde Guerre mondiale, il prend le nom d’Emile Baulieu, puis d’Etienne-Emile Baulieu, et s’engage dans la Résistance au sein des Francs-tireurs et partisans, à l’âge de 15 ans.Au sortir de la guerre, il entame un double cursus universitaire en sciences et en médecine et se spécialise dans l’étude des hormones stéroïdes.- “Anti-hormone” -Invité à travailler aux Etats-Unis, il est remarqué par Gregory Pincus, le père de la pilule contraceptive, qui le convainc de travailler sur les hormones sexuelles.Fin politique, ce scientifique lui apprend aussi l’importance des réseaux et du “faire-savoir” pour faire avancer ses recherches et ses combats. Etienne-Emile Baulieu deviendra un expert en la matière, n’hésitant pas à médiatiser ses découvertes et à user de son entregent pour obtenir des fonds, suscitant quelques jalousies dans le milieu feutré des labos.De retour en France, le médecin découvre une “anti-hormone” qui s’oppose à l’action de la progestérone, essentielle à l’implantation de l’oeuf dans l’utérus.La molécule RU-486, mise au point en 1982 par le laboratoire Roussel-Uclaf avec lequel il s’est associé, est une alternative médicamenteuse à l’avortement chirurgical, sûre et peu onéreuse.La bataille pour sa commercialisation ne fait que commencer. Traîné devant les tribunaux, diabolisé par les puissantes ligues américaines anti-avortement qui l’accusent d’avoir inventé une “pilule de la mort”, ce père de trois enfants tient bon et fait plier Roussel-Uclaf qui avait renoncé à la distribuer.”L’adversité glisse sur lui comme l’eau sur les plumes d’un canard”, confiait à l’AFP la productrice Simone Harari Baulieu, qu’il a épousée en 2016.En 1988, le ministre de la Santé Claude Evin ordonne au laboratoire de commercialiser la pilule, arguant qu’elle est la “propriété morale des femmes”.- DHEA et Alzheimer -L’année suivante, Etienne-Emile Baulieu reçoit le prix Lasker, considéré comme l’antichambre du Nobel. Dans les années qui suivent, il tente inlassablement de convaincre d’autres gouvernements d’autoriser la distribution de la RU-486.Quand le droit d’avorter a été remis en cause en 2023 aux Etats-Unis, il a dénoncé “un retour en arrière” trahissant “fanatisme et ignorance”.Il avait parallèlement repris ses travaux sur la DHEA, une hormone naturelle, dont il pensait qu’elle peut retarder le vieillissement. Il en avait décrit la sécrétion par les glandes surrénales en 1963. Fortement médiatisés, ses recherches ont montré des effets limités (raffermissement de la peau, baisse des dépressions, amélioration de la libido).Malgré ces résultats décevants, le Professeur Baulieu, qui confiait en utiliser lui-même, a fait du grand âge son nouveau cheval de bataille. Toujours actif bien après que l’heure de la retraite a sonné, il a créé en 2008 l’Institut Baulieu destiné à financer des recherches en vue de retarder le moment de la dépendance.En 2010, à 83 ans, il publiait encore des travaux réalisés avec son équipe sur une protéine pouvant jouer un rôle dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer. “Il n’y a pas de raison qu’on ne trouve pas de traitements”, déclarait à l’AFP ce grand optimiste.

Trump fait ses adieux à Musk, un allié devenu encombrant

Donald Trump fera publiquement vendredi ses adieux au “formidable” Elon Musk, qui quitte sans fanfare son impopulaire rôle de conseiller à l’austérité budgétaire.L’annonce d’une “conférence de presse” commune dans le Bureau ovale vendredi est tombée la veille, alors que les spéculations montaient sur un coup de froid entre le président américain et l’homme le plus riche du monde, par ailleurs le premier contributeur de sa campagne électorale.”Ce sera son dernier jour, mais pas vraiment, car il sera toujours avec nous, pour nous aider jusqu’au bout. Elon est formidable!”, a déclaré Donald Trump sur son réseau Truth Social.Le vice-président JD Vance a lui vanté, dans une interview avec la chaîne Newsmax, le travail “incroyable” effectué par le patron de SpaceX et Tesla à la tête de Doge, sa commission à l’efficacité gouvernementale.L’activité de cette cellule, dont les méthodes ont été critiquées pour leur opacité autant que pour leur brutalité, “va continuer”, a assuré JD Vance.Sous la houlette d’Elon Musk, un ultra-libéral qui voudrait cantonner l’Etat aux seules fonctions sécuritaires, le Doge a initié des coupes massives dans l’aide publique internationale, des fermetures d’agences fédérales entières et des milliers de licenciements de fonctionnaires.Mais les estimations des économies réalisées sont très loin du faramineux chiffre de 2.000 milliards de dollars, puis 1.000 milliards de dollars avancé par l’hyperactif entrepreneur de 53 ans. Arriver à cette somme demanderait de torpiller les régimes de prestations sociales pour les retraités et pour les ménages modestes, ce que Donald Trump avait exclu d’entrée.- Conflits d’intérêt -Un site indépendant, le “Doge Tracker”, arrive à un total de seulement 12 milliards de dollars, le magazine The Atlantic ne trouve lui pas plus de 2 milliards de coupes réalisées.Arrivé en fanfare à la Maison Blanche, où Donald Trump lui a au début donné une visibilité absolument extraordinaire, le natif d’Afrique du Sud met fin avec une amertume à peine dissimulée à une mission teintée dès le départ de soupçons de conflit d’intérêt.Via sa société spatiale SpaceX, Elon Musk pilote en effet d’importants contrats passés avec le gouvernement, et ses détracteurs l’accusent d’avoir voulu utiliser sa toute fraîche influence politique pour soutenir ses autres intérêts, notamment dans l’intelligence artificielle.Dans une rare critique, il s’est dit “déçu” des dérapages budgétaires selon lui associés à une grande loi économique du président américain, le “One Big Beautiful Bill”.L’entrepreneur, qui a multiplié les gestes provocateurs et les bizarreries pendant la campagne comme à la Maison Blanche, a aussi regretté que le Doge soit devenu un “bouc émissaire” à Washington.”Je crois qu’il ne savait vraiment pas ce qu’il faisait ni où il mettait les pieds. Puis il s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de volonté politique pour des coupes budgétaires réellement significatives, que ce soit de la part du président ou du Congrès”, explique à l’AFP Elaine Kamarck, experte de la Brookings Institution.Selon elle, le propriétaire du réseau X (anciennement Twitter), très impopulaire auprès des Américains et abondamment critiqué en Europe où il soutient des formations d’extrême droite, est devenu un “boulet politique”.Cette impopularité s’est par exemple manifestée très concrètement dans le recul des ventes de sa marque Tesla.Elaine Kamarck s’attend toutefois à ce que la relation entre Elon Musk et Donald Trump “continue” mais sur un autre mode. Elle note aussi que le multimilliardaire a encore “beaucoup d’argent à dépenser pour des campagnes électorales si l’envie lui prend”.Il pourrait être interrogé vendredi sur un article du New York Times faisant état d’une consommation importante de kétamine de l’homme d’affaires pendant la campagne électorale.Elon Musk avait déjà déclaré publiquement qu’il consommait à petites doses ce psychotrope afin de lutter contre des tendances dépressives.