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Friedrich Merz, un mal-aimé puni avant même d’avoir commencé

Il se croyait enfin arrivé au but… Le conservateur Friedrich Merz, qui a échoué mardi à se faire élire chancelier au premier tour par les députés, fait figure de héros tragique, mal aimé par la population et qui peine à rassembler ses rangs.L’aspirant chancelier de 69 ans n’a certes pas perdu ses chances d’accéder aux commandes de la première puissance économique européenne.Mais le rejet inédit de son élection au Bundestag lors du premier tour jette une ombre sur sa personne et l’ensemble de son gouvernement avec le centre gauche du SPD tant attendu en Europe dans un contexte géopolitique chamboulé par Donald Trump et menacé par Vladimir Poutine.Même s’il était intronisé au second tour, “les dégâts seraient importants. Merz est désormais considéré comme un chancelier affaibli, sans alliance stable, et sa cote de popularité n’est déjà pas bonne”, juge Der Spiegel.Faisant montre d’une rare persévérance, il était revenu sur le devant de la scène politique après avoir été écarté du pouvoir au début des années 2000 par Angela Merkel, alors qu’il se considérait comme l’héritier naturel d’Helmut Kohl, le père de la réunification allemande.Ce multi-millionnaire, pilote amateur et propriétaire d’un jet privé, a longtemps été perçu comme un grand bourgeois hautain, même s’il a tenté lors de la campagne de renvoyer une image d’élu accessible et humain, se montrant verre de bière à la main lors un meeting, ou dévoilant des drames privés méconnus comme le décès à 21 ans de sa jeune soeur dans un accident de voiture.- Promesse trahie -Mais l’impulsif Friedrich Merz, dont le camp conservateur CDU/CSU a remporté sans gloire le scrutin législatif du 23 février, a surtout brusqué à la fois la population et son parti en assouplissant peu après les élections le sacro-saint “frein à la dette”, inscrit dans la constitution nationale, pour réarmer et moderniser le pays.Et ce alors même qu’il s’était engagé à ne pas y toucher pendant la campagne électorale.Cela a profité au parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), arrivé deuxième avec un score historique aux législatives, qui dénonce à l’envi son “mensonge”. Cette formation a récemment dépassé les conservateurs dans des sondages et ses députés ont jubilé mardi à l’annonce de son échec au Bundestag.L’avocat de formation a en outre flirté avec ce parti en votant avec lui une résolution sur la migration au Bundestag en janvier.Cette manoeuvre inédite depuis l’après-guerre, qui lui a coûté des voix aux élections, avaient provoqué de grandes manifestations de protestation dans le pays. Il a depuis dit exclure toute coopération malgré les exhortations de Trump et de ses proches.- Loué à l’étrangerS’il peine à convaincre chez lui, celui qui n’a jamais occupé de poste ministériel suscite les espoirs de ses pairs européens comptant sur Berlin à un moment où le continent cherche à s’affranchir de la tutelle militaire d’un allié américain devenu imprévisible pour assurer sa défense face à la menace russe.Atlantiste convaincu, il a toutefois promis de ramener son pays au centre du jeu européen avec une “voix forte” pour défendre les intérêts du continent, ce qui passe par un resserrement des liens avec Paris mais aussi avec Varsovie. Et le soutien sans faille à l’Ukraine contre la guerre d’agression russe fait parti des priorités de son futur gouvernement.En matière de politique domestique, l’ancien député européen (1989-1994) puis au Bundestag a promis un net virage à droite, avec notamment un durcissement des règles migratoires. Lors de son élection – après deux échecs – à la tête de la CDU en 2022 , il avait annoncé un renversement complet de la généreuse politique d’accueil héritée d’Angela Merkel (2005-2021). Une revanche face à celle qui l’écarta en 2002 du poste stratégique de président du groupe parlementaire CDU, le conduisant à se reconvertir dans la finance en 2009, notamment chez BlackRock, l’un des plus gros gestionnaires d’actifs au monde.Celui qui a promis de “redonner sa fierté” à l’Allemagne devra aussi trouver la parade pour résoudre la crise profonde du modèle industriel traversée par le pays, qui a enchaîné deux récessions d’affilée et dont l’économie reste faible.

Gaza: le Hamas ne voit plus d’intérêt à négocier une trêve

Le Hamas a estimé mardi que des négociations pour une trêve à Gaza n’avaient plus d’intérêt à ce stade et appelé le monde à faire pression sur Israël pour faire cesser “la guerre de la faim”, au lendemain de l’annonce par Israël d’un plan de “conquête” du territoire palestinien.”Il n’y a aucun sens à engager des négociations, ni à examiner de nouvelles propositions de cessez-le-feu tant que se poursuivent la guerre de la faim et la guerre d’extermination dans la bande de Gaza”, a déclaré à l’AFP Bassem Naïm, membre du bureau politique du mouvement islamiste palestinien.”Le monde doit faire pression sur le gouvernement (de Benjamin) Netanyahu pour mettre fin aux crimes de la faim, de la soif et aux meurtres”, a-t-il ajouté.Ces déclarations surviennent au lendemain de l’annonce par le gouvernement israélien d’une nouvelle campagne militaire qui prévoit la “conquête” de la bande de Gaza et un déplacement massif de sa population à l’intérieur du territoire.”Gaza sera totalement détruite”, a affirmé mardi le ministre israélien des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, interrogé sur sa vision de l’après-guerre à Gaza. Après avoir été déplacée vers le sud, la population gazaouie commencera à “partir en grand nombre vers des pays tiers”, a-t-il dit lors d’un colloque dans la colonie israélienne d’Ofra, en Cisjordanie occupée.Le Qatar, l’un des pays médiateurs entre Israël et le Hamas, a dit poursuivre ses efforts en vue d’une trêve.Après d’autres voix la veille, la France a “fermement” condamné le plan israélien, tandis que la Chine disait “s’oppose(r) à la poursuite des opérations militaires israéliennes à Gaza”. – “Forte explosion” -La bande de Gaza, dont la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants ont déjà été déplacés, souvent à plusieurs reprises, depuis le début de la guerre, est soumise à un blocus hermétique par Israël depuis le 2 mars et en proie à une grave crise humanitaire.”Le Hamas a utilisé l’aide humanitaire entrée dans Gaza pour alimenter sa machine de guerre”, a fait valoir le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar.L’ONU a accusé Israël d’utiliser l’aide humanitaire comme “arme” de guerre, en envoyant “des bombes” plutôt que de l’eau et de la nourriture.Les autorités israéliennes ont demandé aux organisations “de livrer les fournitures à travers des centres israéliens, une fois que le gouvernement israélien aura accepté de rouvrir les points de passage qui sont fermés depuis maintenant neuf semaines”, a indiqué un porte-parole du bureau des Affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU, Jens Laerke.”Cela semble être une tentative délibérée d’utiliser l’aide comme arme”, a-t-il ajouté lors d’un point de presse à Genève.A Gaza, le porte-parole de la défense civile, Mahmoud Bassal, a déclaré qu’au moins sept Palestiniens, parmi lesquels deux enfants, avaient été tués dans différents bombardements israéliens depuis l’aube.L’armée israélienne a repris son offensive sur le territoire le 18 mars, mettant fin à deux mois de trêve avec le Hamas.L’objectif affiché par le gouvernement de Benjamin Netanyahu est toujours de “vaincre” le mouvement islamiste, qui a déclenché la guerre avec son attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël, et de “ramener les otages” enlevés ce jour-là.- “Mettre fin à la guerre” -En Israël, l’armée a lancé un appel à des dizaines de milliers de réservistes mais un haut responsable sécuritaire a affirmé lundi qu’il restait une “fenêtre” de négociations en vue de la libération des otages jusqu’à la fin de la visite du président américain, Donald Trump, attendu du 13 au 16 mai au Moyen-Orient.Le président israélien, Isaac Herzog, a estimé mardi que “toutes les parties devraient faire des efforts supplémentaires (…), afin de voir nos otages revenir immédiatement”, selon un communiqué de son bureau.L’attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne. Le Hamas retient également la dépouille d’un soldat israélien tué lors d’une précédente guerre à Gaza, en 2014.La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 52.615 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

Gaza: le Hamas ne voit plus d’intérêt à négocier une trêve

Le Hamas a estimé mardi que des négociations pour une trêve à Gaza n’avaient plus d’intérêt à ce stade et appelé le monde à faire pression sur Israël pour faire cesser “la guerre de la faim”, au lendemain de l’annonce par Israël d’un plan de “conquête” du territoire palestinien.”Il n’y a aucun sens à engager des négociations, ni à examiner de nouvelles propositions de cessez-le-feu tant que se poursuivent la guerre de la faim et la guerre d’extermination dans la bande de Gaza”, a déclaré à l’AFP Bassem Naïm, membre du bureau politique du mouvement islamiste palestinien.”Le monde doit faire pression sur le gouvernement (de Benjamin) Netanyahu pour mettre fin aux crimes de la faim, de la soif et aux meurtres”, a-t-il ajouté.Ces déclarations surviennent au lendemain de l’annonce par le gouvernement israélien d’une nouvelle campagne militaire qui prévoit la “conquête” de la bande de Gaza et un déplacement massif de sa population à l’intérieur du territoire.”Gaza sera totalement détruite”, a affirmé mardi le ministre israélien des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, interrogé sur sa vision de l’après-guerre à Gaza. Après avoir été déplacée vers le sud, la population gazaouie commencera à “partir en grand nombre vers des pays tiers”, a-t-il dit lors d’un colloque dans la colonie israélienne d’Ofra, en Cisjordanie occupée.Le Qatar, l’un des pays médiateurs entre Israël et le Hamas, a dit poursuivre ses efforts en vue d’une trêve.Après d’autres voix la veille, la France a “fermement” condamné le plan israélien, tandis que la Chine disait “s’oppose(r) à la poursuite des opérations militaires israéliennes à Gaza”. – “Forte explosion” -La bande de Gaza, dont la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants ont déjà été déplacés, souvent à plusieurs reprises, depuis le début de la guerre, est soumise à un blocus hermétique par Israël depuis le 2 mars et en proie à une grave crise humanitaire.”Le Hamas a utilisé l’aide humanitaire entrée dans Gaza pour alimenter sa machine de guerre”, a fait valoir le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar.L’ONU a accusé Israël d’utiliser l’aide humanitaire comme “arme” de guerre, en envoyant “des bombes” plutôt que de l’eau et de la nourriture.Les autorités israéliennes ont demandé aux organisations “de livrer les fournitures à travers des centres israéliens, une fois que le gouvernement israélien aura accepté de rouvrir les points de passage qui sont fermés depuis maintenant neuf semaines”, a indiqué un porte-parole du bureau des Affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU, Jens Laerke.”Cela semble être une tentative délibérée d’utiliser l’aide comme arme”, a-t-il ajouté lors d’un point de presse à Genève.A Gaza, le porte-parole de la défense civile, Mahmoud Bassal, a déclaré qu’au moins sept Palestiniens, parmi lesquels deux enfants, avaient été tués dans différents bombardements israéliens depuis l’aube.L’armée israélienne a repris son offensive sur le territoire le 18 mars, mettant fin à deux mois de trêve avec le Hamas.L’objectif affiché par le gouvernement de Benjamin Netanyahu est toujours de “vaincre” le mouvement islamiste, qui a déclenché la guerre avec son attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël, et de “ramener les otages” enlevés ce jour-là.- “Mettre fin à la guerre” -En Israël, l’armée a lancé un appel à des dizaines de milliers de réservistes mais un haut responsable sécuritaire a affirmé lundi qu’il restait une “fenêtre” de négociations en vue de la libération des otages jusqu’à la fin de la visite du président américain, Donald Trump, attendu du 13 au 16 mai au Moyen-Orient.Le président israélien, Isaac Herzog, a estimé mardi que “toutes les parties devraient faire des efforts supplémentaires (…), afin de voir nos otages revenir immédiatement”, selon un communiqué de son bureau.L’attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne. Le Hamas retient également la dépouille d’un soldat israélien tué lors d’une précédente guerre à Gaza, en 2014.La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 52.615 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

Camouflet historique pour Friedrich Merz sur la route de la chancellerie

Le camouflet est historique: le conservateur Friedrich Merz est contraint mardi à un second tour de scrutin devant les députés allemands pour tenter de se faire élire chancelier, après un premier échec qui a provoqué la stupéfaction et plongé le pays dans une crise inédite.Un tel échec pour un candidat chancelier est sans précédent dans l’histoire politique de l’Allemagne d’après-guerre. Il illustre la fragilité du dirigeant démocrate-chrétien et de la coalition avec laquelle il entend gouverner la première économie européenne, aux côtés des sociaux-démocrates, sous pression d’une extrême droite en plein essor .Dans un scénario totalement inattendu, l’élu de 69 ans n’a pas obtenu au premier tour de scrutin la majorité requise des 630 élus du Bundestag, la chambre basse du parlement.Après plusieurs heures d’incertitude, tous les groupes parlementaires, hormis l’extrême droite, se sont mis d’accord pour procéder à un deuxième tour à 15h15 (13h15 GMT).Mais la partie n’est pas gagnée pour Friedrich Merz. Avec 310 voix pour et 307 voix contre, il lui a manqué 6 voix pour être élu au premier tour. Neuf députés étaient absents, 3 se sont abstenus et un vote a été déclaré invalide. Ce vote à bulletin secret, qui devait n’être pour lui qu’une formalité, a tourné à l’humiliation publique, traduisant le déficit de confiance envers le futur dirigeant au sein même de la majorité composée des conservateurs (CDU/CSU) et des sociaux-démocrates (SPD).Dans le système parlementaire allemand, ce sont les députés qui élisent le chef du gouvernement, à la suite des élections législatives.- Instabilité -Ce contretemps est “un camouflet” et “aura forcément un impact sur ses débuts en tant que chancelier et ensuite sur la période gouvernementale à venir. Et au niveau international aussi, ce n’est vraiment pas bon signe”, a indiqué à l’AFP Claire Demesmay, professeure à la chaire Alfred Grosser de Sciences Po Paris et chercheuse associée au Centre Marc Bloch de Berlin.Il affaiblit le futur gouvernement, attendu avec anxiété par l’Europe entière après des mois d’instabilité politique en Allemagne, d’abord avec la chute du gouvernement d’Olaf Scholz fin 2024, puis des élections législatives anticipées fin février, difficilement remportées par les conservateurs de Friedrich Merz.Ces rebondissements pourraient aussi entraîner le report des premières visites du chancelier à l’étranger, prévues mercredi à Paris puis à Varsovie.Friedrich Merz savait qu’il ne bénéficierait d’aucun état de grâce mais ne s’attendait pas à ce fiasco, comme l’a laissé transparaître son visage fermé, dans les travées de l’assemblée, à l’issue du vote.Sur l’ensemble des forces de sa coalition, qui rassemble conservateurs et sociaux-démocrates, il est loin d’avoir fait le plein, avec 18 voix manquantes.Il fait probablement les frais, dans son propre camp conservateur, de sa décision récente d’assouplir les règles budgétaires très strictes du pays pour pouvoir financer son vaste programme de réarmement et de modernisation du pays à hauteur de centaines de milliards d’euros.De nombreux élus conservateurs s’en sont émus ces dernières semaines, faisant valoir que leur parti avait promis l’inverse durant la campagne électorale.S’il ne devait à nouveau pas obtenir de majorité durant la deuxième phase de vote des députés, qui peut s’étaler sur deux semaines, une majorité relative des députés serait alors suffisante, au troisième tour, pour qu’il devienne chancelier.- L’extrême droite en embuscade -Dans le chaos ambiant, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) a immédiatement réclamé de nouvelles élections.”Nous sommes prêts à assumer la responsabilité gouvernementale”, a déclaré Alice Weidel, dont le mouvement dépasse aujourd’hui dans certains sondages les conservateurs, après avoir déjà obtenu 20% aux législatives.Ces turbulences surviennent alors que l’Allemagne se trouve à un moment de bascule géopolitique, contrainte de s’affranchir de la tutelle militaire d’un allié américain devenu imprévisible et de réinventer son modèle économique.Partisan d’un soutien sans faille à l’Ukraine, M. Merz a promis un nouveau “leadership” en Europe, qui passe par un resserrement des liens avec Paris mais aussi Varsovie.Pour faire face à la menace russe, sa coalition veut poursuivre la remise à niveau de l’armée allemande. Mais aussi d’infrastructures essentielles comme les routes et les écoles, en mauvais état après des années de sous-investissement.Sur le plan intérieur encore, Friedrich Merz entend faire reculer l’AfD en se montrant dur sur l’immigration.S’il est finalement élu, son succès dépendra aussi de l’alignement des vues avec les alliés sociaux-démocrates.Avec les portefeuilles des Finances, revenu à Lars Klingbeil, et de la Défense où reste le sortant Boris Pistorius, le parti social-démocrate a les moyens de peser sur la politique du prochain gouvernement.

Camouflet historique pour Friedrich Merz sur la route de la chancellerie

Le camouflet est historique: le conservateur Friedrich Merz est contraint mardi à un second tour de scrutin devant les députés allemands pour tenter de se faire élire chancelier, après un premier échec qui a provoqué la stupéfaction et plongé le pays dans une crise inédite.Un tel échec pour un candidat chancelier est sans précédent dans l’histoire politique de l’Allemagne d’après-guerre. Il illustre la fragilité du dirigeant démocrate-chrétien et de la coalition avec laquelle il entend gouverner la première économie européenne, aux côtés des sociaux-démocrates, sous pression d’une extrême droite en plein essor .Dans un scénario totalement inattendu, l’élu de 69 ans n’a pas obtenu au premier tour de scrutin la majorité requise des 630 élus du Bundestag, la chambre basse du parlement.Après plusieurs heures d’incertitude, tous les groupes parlementaires, hormis l’extrême droite, se sont mis d’accord pour procéder à un deuxième tour à 15h15 (13h15 GMT).Mais la partie n’est pas gagnée pour Friedrich Merz. Avec 310 voix pour et 307 voix contre, il lui a manqué 6 voix pour être élu au premier tour. Neuf députés étaient absents, 3 se sont abstenus et un vote a été déclaré invalide. Ce vote à bulletin secret, qui devait n’être pour lui qu’une formalité, a tourné à l’humiliation publique, traduisant le déficit de confiance envers le futur dirigeant au sein même de la majorité composée des conservateurs (CDU/CSU) et des sociaux-démocrates (SPD).Dans le système parlementaire allemand, ce sont les députés qui élisent le chef du gouvernement, à la suite des élections législatives.- Instabilité -Ce contretemps est “un camouflet” et “aura forcément un impact sur ses débuts en tant que chancelier et ensuite sur la période gouvernementale à venir. Et au niveau international aussi, ce n’est vraiment pas bon signe”, a indiqué à l’AFP Claire Demesmay, professeure à la chaire Alfred Grosser de Sciences Po Paris et chercheuse associée au Centre Marc Bloch de Berlin.Il affaiblit le futur gouvernement, attendu avec anxiété par l’Europe entière après des mois d’instabilité politique en Allemagne, d’abord avec la chute du gouvernement d’Olaf Scholz fin 2024, puis des élections législatives anticipées fin février, difficilement remportées par les conservateurs de Friedrich Merz.Ces rebondissements pourraient aussi entraîner le report des premières visites du chancelier à l’étranger, prévues mercredi à Paris puis à Varsovie.Friedrich Merz savait qu’il ne bénéficierait d’aucun état de grâce mais ne s’attendait pas à ce fiasco, comme l’a laissé transparaître son visage fermé, dans les travées de l’assemblée, à l’issue du vote.Sur l’ensemble des forces de sa coalition, qui rassemble conservateurs et sociaux-démocrates, il est loin d’avoir fait le plein, avec 18 voix manquantes.Il fait probablement les frais, dans son propre camp conservateur, de sa décision récente d’assouplir les règles budgétaires très strictes du pays pour pouvoir financer son vaste programme de réarmement et de modernisation du pays à hauteur de centaines de milliards d’euros.De nombreux élus conservateurs s’en sont émus ces dernières semaines, faisant valoir que leur parti avait promis l’inverse durant la campagne électorale.S’il ne devait à nouveau pas obtenir de majorité durant la deuxième phase de vote des députés, qui peut s’étaler sur deux semaines, une majorité relative des députés serait alors suffisante, au troisième tour, pour qu’il devienne chancelier.- L’extrême droite en embuscade -Dans le chaos ambiant, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) a immédiatement réclamé de nouvelles élections.”Nous sommes prêts à assumer la responsabilité gouvernementale”, a déclaré Alice Weidel, dont le mouvement dépasse aujourd’hui dans certains sondages les conservateurs, après avoir déjà obtenu 20% aux législatives.Ces turbulences surviennent alors que l’Allemagne se trouve à un moment de bascule géopolitique, contrainte de s’affranchir de la tutelle militaire d’un allié américain devenu imprévisible et de réinventer son modèle économique.Partisan d’un soutien sans faille à l’Ukraine, M. Merz a promis un nouveau “leadership” en Europe, qui passe par un resserrement des liens avec Paris mais aussi Varsovie.Pour faire face à la menace russe, sa coalition veut poursuivre la remise à niveau de l’armée allemande. Mais aussi d’infrastructures essentielles comme les routes et les écoles, en mauvais état après des années de sous-investissement.Sur le plan intérieur encore, Friedrich Merz entend faire reculer l’AfD en se montrant dur sur l’immigration.S’il est finalement élu, son succès dépendra aussi de l’alignement des vues avec les alliés sociaux-démocrates.Avec les portefeuilles des Finances, revenu à Lars Klingbeil, et de la Défense où reste le sortant Boris Pistorius, le parti social-démocrate a les moyens de peser sur la politique du prochain gouvernement.

Rouvrir Alcatraz, une idée glanée par Trump dans les films ?

Donald Trump a-t-il eu l’idée de rouvrir la célèbre prison insulaire d’Alcatraz en regardant la télévision ? Certains Américains s’interrogent avec dérision, après la dernière décision choc du président américain, sortie de nulle part ce week-end.Sur son réseau Truth Social, le milliardaire républicain a soudainement ordonné dimanche à son administration “de rouvrir Alcatraz, après l’avoir considérablement agrandie et reconstruite, afin d’y accueillir les criminels les plus violents et les plus impitoyables des États-Unis”.Construite sur une île en face de San Francisco, cette forteresse carcérale a imprimé sa marque dans l’imaginaire américain avec l’évasion de trois détenus en 1962, qui a inspiré le film “L’Evadé d’Alcatraz” de Clint Eastwood.Ce long-métrage était diffusé samedi soir à la télévision en Floride, où se trouvait Donald Trump car il passait le week-end dans sa résidence Mar-a-Lago. Une coïncidence qui n’a pas échappé aux réseaux sociaux.”Est-il possible que Trump ait regardé le film et se soit laissé emporter ? Ce qui a conduit à la brillante idée de reconstruire Alcatraz ?”, s’interroge une utilisatrice sur X. “La politique américaine s’inspire-t-elle des programmes télévisés ?””Nous allons dépenser un demi-milliard de dollars pour rénover Alcatraz (…), tout cela parce qu’un vieil homme s’ennuyait et zappait devant la télévision un samedi soir”, plaisante un autre internaute. – “Cinéaste” -Interrogé lundi sur l’origine de son idée, M. Trump a entretenu l’ambiguïté.”Je suppose que j’étais destiné à être cinéaste”, a-t-il déclaré à la presse dans le Bureau ovale. La prison “représente quelque chose de très fort, de très puissant, en termes de loi et d’ordre”, a-t-il estimé. “Personne ne s’est jamais échappé”, a observé le président, en étayant son propos avec des approximations. “Une personne a failli y arriver, mais ils (…) ont retrouvé ses vêtements en lambeaux, avec de nombreuses morsures de requins.”Selon l’administration pénitentiaire américaine, 36 personnes ont tenté de s’échapper d’Alcatraz. Si la plupart ont été rattrapées ou sont mortes lors de leur tentative, le sort de cinq d’entre elles reste inconnu et elles sont répertoriées comme “disparues et présumées noyées”.Mais aucun fugitif n’a jamais été dévoré par un requin, contrairement aux légendes entourant la mythique prison.”Il n’y a pas de requins +mangeurs d’hommes+ dans la baie de San Francisco, seulement de petits requins qui se nourrissent au fond de l’eau”, précise l’administration pénitentiaire sur son site.Quoi qu’il en soit, l’administration pénitentiaire “mettra tout en Å“uvre pour soutenir et appliquer le programme du président”, a déclaré son nouveau directeur William Marshall.Il a ordonné “une évaluation immédiate afin de déterminer nos besoins et les prochaines étapes” pour rouvrir Alcatraz.- Coûts exorbitants -Construite pour abriter une garnison militaire, Alcatraz a ensuite été reconvertie en prison. Mais l’établissement pénitentiaire n’a opéré que pendant 29 ans, avant de fermer ses portes en 1963, à cause de ses coûts exorbitants.Il fallait acheminer chaque semaine sur l’île la nourriture, le matériel, l’essence et même l’eau potable nécessaire à son fonctionnement. La prison coûtait donc trois fois plus cher qu’un établissement pénitentiaire classique.Au moment de sa fermeture, Alcatraz était délabrée et son éventuelle rénovation était estimée à cinq millions de dollars. Les autorités ont préféré construire de nouvelles prisons ailleurs et mettre un terme à son activité.Après sa reconversion en attraction touristique en 1973, elle est devenue un passage quasiment obligé pour les voyageurs séjournant à San Francisco. Plus d’un million de visiteurs y défilent chaque année.Ils y découvrent les cellules spartiates, sans porte et avec de simples barreaux, qui permettaient aux gardiens de surveiller en permanence les détenus – dont le mafieux Al Capone, qui y a passé près de cinq ans.Ils visitent également les pièces d’isolement brutales et plongées dans l’obscurité totale, où les prisonniers étaient enfermés s’ils se mettaient en travers du chemin du redoutable directeur.Difficile de dire à quel point cet univers sera ressuscité par l’administration Trump. Mais en cas de réouverture une chose semble acquise : la boutique de souvenirs, qui vend des t-shirts et des affiches de la prison insulaire, semble condamnée à la fermeture.

A la frontière indo-pakistanaise, la bataille du chapardage des pigeons

Le face-à-face tendu entre l’Inde et le Pakistan a bloqué à leur frontière la circulation des hommes et des marchandises. Pas celle des pigeons, qui continuent à la franchir et perpétuent une bataille méconnue entre colombophiles des deux camps.Dans le petit village indien de Pangali, Pyara Singh, 33 ans, est l’un des combattants d’une étonnante bataille aérienne qui se joue le long de la “ligne de contrôle” entre les deux pays.Chaque jour, il essaie de capturer des pigeons voyageurs qui viennent du Pakistan, et s’efforce d’empêcher les siens de faire le chemin inverse.”Nous attrapons des pigeons du Pakistan. Et parfois, ils attrapent les nôtres”, résume-t-il.Depuis qu’un attentat a tué 26 civils le 22 avril dernier à Pahalgam, une ville touristique dans la partie indienne du Cachemire, l’Inde et le Pakistan sont à nouveau sur le pied de guerre.New Delhi a dénoncé l’implication dans l’attaque d’Islamabad, qui l’a aussitôt démentie. Les deux puissances nucléaires ont échangé des sanctions, expulsé leurs ressortissants et, chaque nuit, leurs soldats font le coup de feu.Les risques de confrontation militaire sont au plus haut mais pas au point, semble-t-il, de menacer la pratique centenaire du “kabutar-baazi”, l’art de contrôler le vol des pigeons.A Pangali, Pyara Singh entraîne une bonne centaine d’oiseaux, dont il guide les vols à coups de sifflet et ne se lasse pas d’admirer les arabesques en formation serrée dans le ciel.- “Meilleurs et plus forts” -Mais à ses yeux, les pigeons pakistanais sont d’une autre trempe. “Meilleurs et plus forts”, dit-il.”Ils sont très recherchés”, complète un de ses collègues du village voisin de Sainth, Aarav Khajuria, en présentant fièrement sa propre escadrille forte de 29 spécimens.Le jeune homme raconte être entré dans le métier il y a quatre ans. “J’étais fasciné”, se souvient-il. “Depuis je passe tout mon temps sur mon toit avant et après l’école”.Dans sa volée, Aarav Khajuria est particulièrement fier de ses trois pigeons pakistanais.”Ils sont meilleurs parce que mieux entraînés, ils peuvent voler plus longtemps dans les compétitions et ils perdent jamais leur chemin”, énumère le colombophile. “J’ai réussi à les attraper une fois qu’ils avaient franchi la frontière”.Les pigeons ne sont pas très farouches. Quelques grains de céréales, un peu d’eau où simplement la présence d’autres volatiles suffisent à les attirer.Alors les propriétaires les plus prudents les équipent d’une bague portant leur nom et leur numéro de téléphone.”Si on attrape un oiseau qui appartient à quelqu’un d’un village des environs ou que l’on connaît, on l’appelle et on le lui rend”, assure Pyara Singh.- “Pigeons sans frontières” -“Mais vu la situation et les risques qu’elle comporte, personne ne s’aventure à prendre contact si l’oiseau vient de l’autre côté”, s’empresse-t-il d’ajouter. “Personne ne veut d’ennui. Vous imaginez ? Un Indien qui communique avec un Pakistanais…”A chaque crise entre les deux pays, les colombophiles indiens confient observer d’un peu plus près les pigeons qui viennent d’en face, afin de s’assurer qu’ils ne jouent pas les espions…La police indienne a confirmé en avoir déjà intercepté plusieurs qui portaient des messages destinés au Pakistan ou la Chine.”Les Pakistanais identifient souvent leurs pigeons en les marquant d’un nom ou en les équipant d’une bague, mais nous n’avons vraiment rien remarqué de suspect jusque-là”, note Pyara Singh.”Si on en trouve un, on prévient l’armée. Mais on n’est encore jamais tombé sur un pigeon équipé d’une caméra”, s’amuse-t-il.Comme de nombreux autres frontaliers indiens, le colombophile s’inquiète d’une possible guerre avec le Pakistan. “J’espère que ça n’arrivera pas”, dit-il, même si l’attentat “est tellement grave qu’il ne devrait pas rester sans riposte”.Quoi qu’il arrive, Pyara Singh veut croire que des combats n’affecteront pas l’activité de ses pigeons.”Les oiseaux ne connaissent pas de frontière. Ces barrières et ces soldats ne sont là que pour nous”, se réjouit le colombophile. “Les oiseaux peuvent voler par-dessus, rien ne saurait les arrêter, eux”.