Un nouveau pas dans les restrictions des droits LGBT+ en Hongrie: le Parlement a adopté mardi à Budapest une loi pour bannir la Marche des fiertés – souvent appelée Gay Pride -, le Premier ministre nationaliste Viktor Orban s’insurgeant contre “l’idéologie woke”.Ce vote, qui intervient sur fond d’atteintes similaires ailleurs dans le monde, a poussé plusieurs milliers de personnes dans la rue. “Nous n’avons pas peur!”, ont-elles scandé, bloquant dans la soirée l’accès à un pont de la capitale.Ils ont reçu mardi soir le soutien de la Commissaire européenne à l’Egalité, qui a affirmé le “droit fondamental” de réunion pacifique dans l’UE.”Nous sommes aux côtés de la communauté LGBTQI – en Hongrie et dans tous les Etats membres”, a posté Hadja Lahbib sur X. “Le droit de se réunir pacifiquement est un droit fondamental qui doit être défendu dans toute l’Union européenne”, a-t-elle ajouté.Des manifestants interrogés par l’AFP ont dit leur “ras-le-bol du dictateur” à la tête du pays d’Europe centrale, comme Laszlo Donat, ingénieur en environnement de 40 ans. “Nous voulons restaurer la démocratie, et nous le ferons, nous remplacerons ce putain de système corrompu et mafieux”.Après déjà plusieurs mesures ciblant la communauté LGBT+ ces dernières années, le gouvernement Orban franchit là un cap. Le texte “interdit la tenue d’un rassemblement qui violerait la législation” de 2021, selon laquelle il n’est pas possible de promouvoir auprès des mineurs “l’homosexualité et le changement de sexe”.Soumis seulement la veille, il a été adopté via une procédure exceptionnelle à une large majorité par la coalition au pouvoir soutenue par des députés d’extrême droite (136 voix pour, 27 contre).L’opposition a perturbé le vote en allumant des fumigènes et en diffusant l’hymne russe dans l’hémicycle.- “Fascisation” -La législation, qui modifie les règles sur la liberté de réunion, vise à garantir que seuls les événements “respectant le droit des enfants à un développement physique, mental et moral correct peuvent avoir lieu”.”Aujourd’hui nous avons voté” pour “la protection des enfants”, a écrit Viktor Orban sur X. “Nous ne laisserons pas l’idéologie woke les mettre en danger”.Pour les organisateurs de la parade, prévue cette année le 28 juin, c’est “une étape supplémentaire dans la fascisation de la société”, une “tentative du pouvoir de les déshumaniser”.Les participants s’exposent à une amende pouvant aller jusqu’à 500 euros, somme “qui sera reversée aux fins de protection de l’enfance”. Avec la possibilité pour la police d’identifier les contrevenants via des outils de reconnaissance faciale.Malgré cette menace, les gens “ont envie de venir et d’afficher leur soutien à la communauté”, a déclaré à l’AFP le porte-parole de la Marche, Mate Hegedus, refusant de se “laisser intimider par le gouvernement qui cherche un bouc émissaire”.Enhardi par l’arrivée à la Maison Blanche de son allié Donald Trump, parti en croisade contre “le délire transgenre”, M. Orban ne cesse de durcir son discours et l’arsenal législatif.Il a traité ce week-end ses ennemis politiques, juges, médias et ONG de “punaises”, promettant “d’éliminer cette armée de l’ombre”.Des révisions constitutionnelles sont aussi au programme, dans le but d’expulser les binationaux jugés traîtres à la nation ou encore de stipuler qu’une personne est “soit un homme, soit une femme”.- “Sans précédent” dans l’UE -Cette offensive se déroule dans un contexte préélectoral tendu, M. Orban faisant face à un défi inédit en 15 ans de règne en la personne d’un connaisseur des arcanes du système devenu farouche critique, Peter Magyar.”Il est très facile de gagner des voix en restreignant les droits d’une telle minorité dans une société très conservatrice”, analyse pour l’AFP Szabolcs Hegyi, de l’association des libertés civiles TASZ.L’expert met en garde contre une interdiction sur le modèle russe, “sans équivalent dans l’UE” et “totalement contraire à la Charte européenne des droits fondamentaux”.Depuis son retour au pouvoir en 2010, le dirigeant proche du Kremlin est accusé par la grande majorité de ses alliés européens d’avoir porté atteinte à l’État de droit. Ce qui lui vaut plusieurs procédures de la part de Bruxelles, dont le gel de plusieurs milliards d’euros de fonds européens.