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Parcoursup: l’heure du verdict approche pour les lycéens de terminale

“Ça me stresse beaucoup plus que le bac”. Pour Gabriel, 17 ans, comme pour tous les élèves de terminale, c’est le moment tant attendu: les premiers résultats de la plateforme d’inscription post-bac Parcoursup tombent lundi soir pour les lycéens.”J’attends de voir où je vais être accepté”, poursuit ce lycéen d’Auxerre. Il a fait quatre voeux en licence de sciences politiques, et cinq en licence de cinéma à Paris, et n’a pas encore vraiment choisi entre ces deux voies différentes.”Je ne sais pas si c’est Parcoursup qui va décider à ma place”, poursuit-il même si les pouvoirs publics s’évertuent à rappeler que ce n’est pas l’algorithme de la plateforme qui sélectionne mais les responsables pédagogiques des formations visées.Parcoursup n’est “qu’une étape” qu’il faut “dédramatiser”, a déclaré lundi sur franceinfo le ministre chargé de l’Enseignement supérieur Philippe Baptiste, ajoutant que la question cruciale est celle de l’orientation, sur laquelle le gouvernement fera des annonces “dans quelques jours”.Pour les candidats, les premières réponses tomberont officiellement à 19H00.Cette année, les lycéens avaient jusqu’à mi-mars pour inscrire leurs voeux sur la plateforme, puis jusqu’au 2 avril pour compléter leur dossier et confirmer leurs vœux.Après deux mois et demi d’attente, Elsa, 18 ans, lycéenne à Strasbourg, n’a fait que trois choix sur Parcoursup et espère être prise en licence intensive de sciences sociales. “Je serai très déçue si je ne suis pas acceptée”, dit-elle. “Je suis dans le flou, parce qu’avec Parcoursup, j’ai l’impression qu’on sait pas trop trop à quoi s’attendre”, ajoute-t-elle.Parcoursup, qui a succédé en 2018 à APB, a recueilli cette année les voeux de 980.000 candidats dans l’enseignement supérieur, contre 945.500 l’an dernier.Parmi eux, les plus nombreux sont des lycéens: ils sont 650.000, contre 183.000 étudiants souhaitant changer de voie.Plusieurs réponses sont possibles pour chaque formation: être accepté (“oui”), être accepté sous condition (“oui si”, pour des filières universitaires qui demandent à l’étudiant de suivre un parcours d’accompagnement pédagogique ou personnalisé), être sur liste d’attente ou encore être refusé (uniquement pour les filières sélectives).Comme chaque année, dans les premières heures, il sera possible seulement de consulter les résultats. C’est plus tard dans la soirée que les candidats pourront commencer à répondre aux propositions.- “faire un choix” -La phase principale d’admission durera jusqu’au au 10 juillet, période pendant laquelle les candidats continueront de recevoir des réponses. Les candidats sont souvent sur des listes d’attente, qui peuvent évoluer vite: il faut donc consulter régulièrement Parcoursup. “Ce qui me fait peur, c’est d’être accepté le 2 juin dans plusieurs licences de cinéma, mais pas encore en sciences politiques, et de devoir déjà faire un choix”, explique Gabriel.Cette année, pour accélérer la procédure, il sera demandé aux candidats ayant des voeux en attente de classer par ordre de préférence ceux qu’ils souhaitent conserver entre le 6 et le 10 juin.Du 11 juin au 11 septembre, de nouveaux vœux seront possibles dans les formations qui disposent encore de places.Chaque matin, jusqu’au 10 juillet, les dossiers des candidats seront mis à jour en fonction de l’évolution des listes d’attente. Ils seront alertés par mail et SMS, ainsi que leurs parents, dès qu’ils recevront une ou plusieurs propositions d’admission, auxquelles ils doivent répondre avant une date limite.Tout ce processus reste conditionné à l’obtention du bac, dont les résultats seront communiqués le 4 juillet.Parallèlement à leurs démarches pour Parcoursup, les lycéens passeront la philo le 16 juin puis les épreuves de spécialité entre le 17 et le 19 juin et le Grand oral du 23 juin au 2 juillet.Face au stress généré par Parcoursup, un site de mise en situation est proposé par le ministère de l’Enseignement supérieur pour aider les candidats.Un numéro vert est aussi disponible pour répondre aux questions: 0.800.400.070. L’an dernier, 94% des lycéens inscrits sur Parcoursup ont reçu au moins une proposition d’admission, selon le ministère.Pour les étudiants titulaires d’un diplôme bac+3 qui ont postulé sur la plateforme Mon master, c’est aussi l’heure du verdict ce lundi: ils ont commencé à recevoir à 9H00 les premières réponses à leurs candidatures pour des masters.

Nouveaux pourparlers directs à Istanbul entre Russes et Ukrainiens

Des délégations russe et ukrainienne se retrouvent lundi à Istanbul pour de nouveaux pourparlers directs, au lendemain de l’attaque de drones lancée par Kiev contre des aérodromes militaires en Russie, la plus importante depuis le début du conflit.Moscou et Kiev avaient déjà engagé de premières discussions directes le 16 mai dans la métropole turque, mais le rendez-vous avait été peu fructueux, les deux pays ne s’engageant que sur un échange de prisonniers à grande échelle.La réunion entre Russes et Ukrainiens, sous la médiation notamment du ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan, doit débuter lundi à 13H00 (10H00 GMT), au palais Ciragan.Elle intervient au lendemain d’un vaste assaut ukrainien de drones contre quatre aérodromes militaires russes qui a touché plusieurs dizaines d’avions, dont des bombardiers stratégiques, y compris en Sibérie très loin du front, selon les services de sécurité ukrainiens (SBU). Lundi matin, l’armée russe a annoncé avoir abattu dans la nuit 162 drones ukrainiens, Kiev affirmant de son côté que Moscou avait lancé 80 drones contre son territoire. La délégation de négociateurs russe est arrivée dimanche soir à Istanbul, selon les médias russes d’Etat, tandis que l’équipe ukrainienne est sur place depuis lundi matin.  Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov s’est entretenu dimanche au téléphone avec son homologue américain Marco Rubio au sujet de ces pourparlers, selon le ministère russe des Affaires étrangères cité par l’agence Tass.La Russie avait annoncé qu’elle présenterait un “mémorandum” de ses conditions pour un accord de paix, qu’elle a refusé de transmettre à l’avance à l’Ukraine comme Kiev le réclamait. – Garanties de sécurité -Les deux parties sont très loin d’un accord, que ce soit une trêve ou un règlement à plus long terme.Les priorités de l’Ukraine sont “un cessez-le-feu complet et inconditionnel”, et le “retour des prisonniers” et des enfants ukrainiens que Kiev accuse Moscou d’avoir enlevés, a déclaré dimanche sur les réseaux sociaux le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.M. Zelensky souhaite également une rencontre directe avec son homologue russe Vladimir Poutine. Perspective que le Kremlin a plusieurs fois repoussée.Moscou refuse le “cessez-le-feu inconditionnel” demandé par Kiev et les Occidentaux et insiste pour régler ce qu’elle nomme les “causes profondes” du conflit, en référence à une série de demandes maximalistes.La Russie exige notamment que l’Ukraine renonce définitivement à rejoindre l’Otan et lui cède les cinq régions dont elle revendique l’annexion.Ces conditions sont inacceptables pour Kiev, qui exige en retour un retrait pur et simple des troupes russes de son territoire.L’Ukraine veut aussi des garanties de sécurité concrètes, appuyées par les Occidentaux, comme la protection de l’Otan ou la présence de troupes occidentales sur le terrain, ce que la Russie exclut.La guerre, qui dure depuis plus de trois ans, a fait au moins des dizaines de milliers de morts civils et militaires dans les deux camps.- La guerre continue -Le principal négociateur russe à Istanbul sera Vladimir Medinski, un conseiller idéologique de M. Poutine qui a mené les négociations avortées de 2022,  qui a rédigé des manuels scolaires justifiant l’invasion et remis en question le droit à l’existence de l’Ukraine.La délégation ukrainienne sera, elle, dirigée par le ministre de la Défense Roustem Oumerov, considéré comme un fin négociateur mais dont le ministère reste empêtré dans des scandales.Des “conseillers diplomatiques” d’Allemagne, de France et de Grande-Bretagne seront “sur le terrain (…) en étroite coordination avec l’équipe de négociation ukrainienne”, a déclaré dimanche à Berlin un porte-parole du gouvernement allemand. L’Ukraine a annoncé dimanche avoir touché une quarantaine d’avions militaires russes, et revendiqué des dégâts à hauteur de 7 milliards de dollars, en frappant à des milliers de kilomètres du front.Cette opération d’ampleur a été menée via des drones introduits clandestinement en Russie, puis lancés sur des bases militaires.Ses conséquences sur les capacités militaires russes sont difficiles à prédire, mais sa portée symbolique est importante dans le contexte des négociations.Sur le terrain en revanche, Kiev est à la peine, les troupes de Moscou ayant progressé ces derniers jours, notamment dans la région ukrainienne de Soumy (nord-est).

Nouveaux pourparlers directs à Istanbul entre Russes et Ukrainiens

Des délégations russe et ukrainienne se retrouvent lundi à Istanbul pour de nouveaux pourparlers directs, au lendemain de l’attaque de drones lancée par Kiev contre des aérodromes militaires en Russie, la plus importante depuis le début du conflit.Moscou et Kiev avaient déjà engagé de premières discussions directes le 16 mai dans la métropole turque, mais le rendez-vous avait été peu fructueux, les deux pays ne s’engageant que sur un échange de prisonniers à grande échelle.La réunion entre Russes et Ukrainiens, sous la médiation notamment du ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan, doit débuter lundi à 13H00 (10H00 GMT), au palais Ciragan.Elle intervient au lendemain d’un vaste assaut ukrainien de drones contre quatre aérodromes militaires russes qui a touché plusieurs dizaines d’avions, dont des bombardiers stratégiques, y compris en Sibérie très loin du front, selon les services de sécurité ukrainiens (SBU). Lundi matin, l’armée russe a annoncé avoir abattu dans la nuit 162 drones ukrainiens, Kiev affirmant de son côté que Moscou avait lancé 80 drones contre son territoire. La délégation de négociateurs russe est arrivée dimanche soir à Istanbul, selon les médias russes d’Etat, tandis que l’équipe ukrainienne est sur place depuis lundi matin.  Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov s’est entretenu dimanche au téléphone avec son homologue américain Marco Rubio au sujet de ces pourparlers, selon le ministère russe des Affaires étrangères cité par l’agence Tass.La Russie avait annoncé qu’elle présenterait un “mémorandum” de ses conditions pour un accord de paix, qu’elle a refusé de transmettre à l’avance à l’Ukraine comme Kiev le réclamait. – Garanties de sécurité -Les deux parties sont très loin d’un accord, que ce soit une trêve ou un règlement à plus long terme.Les priorités de l’Ukraine sont “un cessez-le-feu complet et inconditionnel”, et le “retour des prisonniers” et des enfants ukrainiens que Kiev accuse Moscou d’avoir enlevés, a déclaré dimanche sur les réseaux sociaux le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.M. Zelensky souhaite également une rencontre directe avec son homologue russe Vladimir Poutine. Perspective que le Kremlin a plusieurs fois repoussée.Moscou refuse le “cessez-le-feu inconditionnel” demandé par Kiev et les Occidentaux et insiste pour régler ce qu’elle nomme les “causes profondes” du conflit, en référence à une série de demandes maximalistes.La Russie exige notamment que l’Ukraine renonce définitivement à rejoindre l’Otan et lui cède les cinq régions dont elle revendique l’annexion.Ces conditions sont inacceptables pour Kiev, qui exige en retour un retrait pur et simple des troupes russes de son territoire.L’Ukraine veut aussi des garanties de sécurité concrètes, appuyées par les Occidentaux, comme la protection de l’Otan ou la présence de troupes occidentales sur le terrain, ce que la Russie exclut.La guerre, qui dure depuis plus de trois ans, a fait au moins des dizaines de milliers de morts civils et militaires dans les deux camps.- La guerre continue -Le principal négociateur russe à Istanbul sera Vladimir Medinski, un conseiller idéologique de M. Poutine qui a mené les négociations avortées de 2022,  qui a rédigé des manuels scolaires justifiant l’invasion et remis en question le droit à l’existence de l’Ukraine.La délégation ukrainienne sera, elle, dirigée par le ministre de la Défense Roustem Oumerov, considéré comme un fin négociateur mais dont le ministère reste empêtré dans des scandales.Des “conseillers diplomatiques” d’Allemagne, de France et de Grande-Bretagne seront “sur le terrain (…) en étroite coordination avec l’équipe de négociation ukrainienne”, a déclaré dimanche à Berlin un porte-parole du gouvernement allemand. L’Ukraine a annoncé dimanche avoir touché une quarantaine d’avions militaires russes, et revendiqué des dégâts à hauteur de 7 milliards de dollars, en frappant à des milliers de kilomètres du front.Cette opération d’ampleur a été menée via des drones introduits clandestinement en Russie, puis lancés sur des bases militaires.Ses conséquences sur les capacités militaires russes sont difficiles à prédire, mais sa portée symbolique est importante dans le contexte des négociations.Sur le terrain en revanche, Kiev est à la peine, les troupes de Moscou ayant progressé ces derniers jours, notamment dans la région ukrainienne de Soumy (nord-est).

Election des juges au Mexique, faible participation pour une première mondiale

A peine plus d’un Mexicain sur dix a participé dimanche à l’élection unique au monde de tous les juges jusqu’à la Cour suprême, une réforme défendue par la gauche au pouvoir pour lutter contre la “corruption” au sein de la justice.C’est un “succès total”, a cependant proclamé la présidente de gauche Claudia Sheinbaum juste après la première estimation de l’Institut national électoral (INE): entre 12,57% et 13,32% des quelque 100 millions d’électeurs inscrits se sont rendus aux urnes.”Près de 13 millions de Mexicaines et Mexicains ont exercé pour la première fois dans l’histoire leur droit de décider qui doivent être les nouveaux ministres (ndr: membres de la Cour suprême), magistrats et juges”, a déclaré la présidente dans une vidéo sur X.Par comparaison, c’est avec un taux de participation de plus de 60% que Mme Sheinbaum était elle-même élue il y a tout juste un an première femme présidente dans l’histoire du Mexique, avec près de 60% des voix.”Le Mexique est le pays le plus démocratique du monde”, a ajouté l’ex-maire de Mexico en conclusion d’un message de 2 minutes 31 pendant lequel elle a de nouveau défendu cette élection d’un nouveau genre.”Nous ne devons pas oublier que l’actuel pouvoir judiciaire, que certains défendent, porte la responsabilité d’avoir favorisé des membres de la délinquance organisée”, a déclaré la présidente.”La moitié du pouvoir judiciaire (…) est arrivée là par népotisme”, a-t-elle lancé.L’élection de dimanche était la pierre angulaire d’une réforme constitutionnelle promulguée par le prédécesseur et mentor politique de Mme Sheinbaum, Andres Manuel Lopez Obrador, juste avant de lui remettre le pouvoir le 1er octobre.Père de la réforme, l’ex-président a d’ailleurs fait sa première réapparition publique depuis octobre en allant voter à Palenque (Chiapas, sud), pour saluer une “élection historique”.La présidente a voté à Mexico, en passant 11 minutes et 10 secondes à remplir les bulletins, a calculé la chaîne d’information Milenio TV, qui a souligné la “complexité” des procédures.Au total, 881 postes étaient en jeu au niveau fédéral, depuis les juges de district jusqu’aux neuf membres de la Cour suprême. Quelque 1.700 juges devaient aussi être élus dans 19 des 32 Etats. Des élections complémentaires auront lieu en 2027.Les électeurs devaient choisir parmi des centaines de candidats avec des bulletins de tailles diverses, ce qui pouvait nécessiter des heures de recherches, explique David Shirk, professeur à l’université de San Diego, aux Etats-Unis. “Tu ne connais pas les candidats, sauf ceux qui faisaient des vidéos sur TikTok”, a ajouté à l’AFP Leslie Moreno, une avocate de 30 ans, qui a malgré tout fait l’effort d’aller voter.A Mexico, des centaines d’opposants à la réforme se sont rassemblés sous des pancartes “Non à la dictature” ou “Non à la fraude judiciaire. Moi je ne vote pas”.”La République est perdue. La séparation des pouvoirs est perdue et nous sommes dans une dictature de fait”, a déclaré à l’AFPTV Leticia Ramirez, retraitée de 60 ans.Comme elle, les adversaires de la réforme accusent le Mouvement pour la régénération nationale (Morena, gauche) au pouvoir depuis décembre 2018 de vouloir faire main basse sur l’appareil judiciaire.Parti d’opposition, le PRI a dénoncé une “farce” par son chef de file Alejandro Moreno.- Candidats douteux -La lutte contre l’impunité est également un enjeu de la réforme du système judiciaire. Le Mexique, qui compte près de 130 millions d’habitants, enregistre chaque année 30.000 homicides. La plupart restent impunis. Le pays compte six des huit bandes criminelles d’Amérique latine qualifiées d'”organisations terroristes” par le président américain Donald Trump.L’ONG Defensorxs a identifié près de 20 candidats à risque pour leurs liens présents ou passés avec des figures du crime. Parmi eux, Silvia Delgado, ex-avocate de Joaquín “Chapo” Guzmán, cofondateur du cartel de Sinaloa, condamné à la perpétuité aux Etats-Unis.Mme Delgado est candidate à un poste de juge pénal à Ciudad Juarez, ville-frontière avec les Etats-Unis.Autre exemple: Leopoldo Chávez, en campagne dans l’Etat du Durango (nord), a passé six ans en prison aux Etats-Unis pour trafic de méthamphétamines. “Je ne me suis jamais vendu auprès de vous comme le candidat parfait”, a-t-il affirmé dans une vidéo sur Facebook.Les candidats doivent être diplômés en droit, avoir de l’expérience et “une bonne réputation”.La corruption se joue encore davantage au niveau des parquets que des juges, rappelle M. Shirk, de l’université de San Diego.”Il est beaucoup plus facile d’acheter un procureur” que “d’influencer le juge”, explique celui qui dirige un projet de recherche sur la justice au Mexique.

En Syrie, des déplacés reviennent camper sur les ruines de leurs maisons

Près des décombres de sa maison dans le nord de la Syrie, Aref Chamtan s’est installé sous une tente: il a décidé de quitter le camp de déplacés où il vivait, après la chute de Bachar al-Assad.”Mieux vaut vivre dans les ruines que dans les camps”, dit cet homme de 73 ans, assis à même le sol, en buvant tranquillement son thé. “Je me sens bien ici.”Dès la chute de l’ex-président en décembre, cet agriculteur s’est précipité avec son fils dans son village d’al-Hawach, encore truffé de mines, pour découvrir qu’il ne restait plus que les murs de sa maison encore debout.Malgré cela, il a décidé il y a deux mois de quitter le camp proche de la frontière avec la Turquie, après 14 ans de déplacement.Pendant la guerre civile, son village, contrôlé par l’armée syrienne, était situé sur la ligne de front avec les ex-rebelles de la région d’Idleb, qui ont pris le pouvoir en Syrie.Le conflit, déclenché en 2011 après la répression sanglante de manifestations populaires contre le clan Assad, a déplacé des millions de Syriens, à l’intérieur du pays comme à l’étranger.Aref Chamtan n’a pas les moyens de reconstruire sa maison mais entend recommencer à cultiver ses terres.”Nous avons décidé de monter une tente et d’y vivre en attendant des jours meilleurs”, déclare-t-il. “Nous espérons que les organisations et l’État nous viendront en aide”.Depuis le renversement du pouvoir d’Assad, le 8 décembre, seuls 1,87 million de réfugiés et déplacés sont rentrés dans leurs régions d’origine, selon l’ONU, pour laquelle “le manque d’opportunités économiques et de services de base constitue le principal obstacle” à leur retour.Plus de six millions de personnes restent déplacées à l’intérieur du pays, selon l’ONU.- “Fou de joie” -Abdel Ghafour al-Khatib, un responsable local, est également rentré à al-Hawach dans la foulée de la chute d’Assad, après avoir fui en 2019 avec sa famille vers un camp proche de la frontière turque.”Je voulais juste retrouver ma maison, j’étais fou de joie”, raconte cet homme de 72 ans. “J’ai installé une vieille tente en mauvais état. Ce qui comptait, c’était de vivre dans mon village”.Selon lui, “tout le monde veut rentrer mais beaucoup n’ont même pas de quoi payer un trajet en voiture” et l’absence “d’écoles, de dispensaires, d’eau et d’électricité” dissuade plusieurs déplacés. Les nouvelles autorités syriennes comptent sur le soutien des pays du Golfe et occidentaux pour lancer la phase de reconstruction. L’ONU en estime le coût à plus de 400 milliards de dollars, notamment après la levée des sanctions par l’Union européenne et les États-Unis.- “Serpents et insectes” -Après des années d’errance, Souad Othman, 47 ans, a elle aussi fini par retrouver le chemin d’al-Hawach ce mois-ci, avec ses trois filles et son fils.Cette ouvrière saisonnière a improvisé un espace pour dormir et installé un lit de fortune devant sa maison, près de panneaux solaires. Sur les gravats, elle a construit un coin cuisine rudimentaire.”Tout a changé, les maisons sont détruites et il ne reste plus rien”, dit cette femme qui a perdu son mari pendant la guerre.Vivant sans électricité, elle a été contrainte d’emprunter 80 dollars pour acheter une batterie. “On sait qu’il y a des serpents et des insectes ici. On ne peut pas vivre sans lumière la nuit”, explique-t-elle.Selon Jalal al-Omar, 37 ans, un responsable d’une section d’un camp de déplacés situé près de la frontière turque, cent familles sont parties pour regagner leurs foyers dans la province de Hama. Mais “700 familles ne peuvent toujours pas partir, faute de moyens”, dit-il.”L’absence totale d’infrastructures de base (…) empêche les gens de rentrer chez eux”, déclare celui qui dit attendre d’avoir un toit dans son propre village avant d’y retourner.