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Une extraordinaire collection consacrée à la musique latino au coeur des montagnes près de Madrid

Nichée dans les massifs proches de Madrid, une jolie maison de pierre abrite un trésor pour les aficionados de musique latino-américaine, la collection Gladys Palmera: des dizaines de milliers de disques, de photos, d’affiches… et mêmes des boîtes d’allumettes de clubs mythiques.Gladys Palmera est en réalité Alejandra Fierro Eleta, 65 ans, une philanthrope madrilène, fille d’un père espagnol et d’une mère panaméenne, et nièce d’un compositeur d’un boléro, Carlos Eleta, un genre qui la passionne et qui l’a éveillée à la musique.Celle qui rechigne à donner des interviews a pris ce pseudonyme, raconte son proche collaborateur José Arteaga, quand son père lui a demandé de ne pas utiliser son nom de famille pour ses affaires liées à sa passion, qu’il jugeait peu sérieuse.En 1998, elle crée à Barcelone la première station radio consacrée à la musique latine en Espagne, à partir de laquelle elle commence à rassembler son trésor discographique, riche aujourd’hui de quelque 65.000 vinyles et 30.000 CD.Après plus de dix ans à Barcelone, elle revient à Madrid et “attrape le virus de la collectionneuse”, poursuit José Arteaga, un Colombien de 61 ans, en charge de la radio Gladys Palmera, aujourd’hui uniquement disponible en ligne, et éditeur de ses pages internet.Commencent alors ses voyages à travers le monde et sa quête de disques et d’objets de collection, de San Francisco à Paris, en passant par Los Angeles, Miami, New York, Porto Rico, Panama, Mexico ou Bogota.La collection est aujourd’hui rassemblée près du monastère de L’Escurial, à une cinquantaine de kilomètres de Madrid, où reposent de nombreux monarques espagnols.- “De Rosalía à Rosalía” -Fermée au public, elle se dévoile toutefois en partie à Madrid à la Casa de América jusqu’à début juillet, dans l’exposition “Latina”, une rétrospective consacrée aux grandes divas du monde hispanophone qui ont précédé Shakira et Rosalía, comme Celia Cruz, Chavela Vargas ou Carmen Miranda.”On a pensé à sous-titrer l’exposition +De Rosalía à Rosalía+”, en référence à Rosalía Díaz, alias Chalía Herrera, une chanteuse lyrique cubaine, “la première femme latinoaméricaine à avoir enregistré dans les années 1880”, et à la star espagnole contemporaine Rosalía, explique Tommy Meini, le conservateur de la collection Gladys Palmera et de cette exposition.La collection Gladys Palmera est aussi exposée ponctuellement dans des festivals, comme Tempo Latino, qui se tient dans le sud-ouest de la France en juillet.Tous les genres et tous les rythmes y sont représentés, énumère Arteaga: la rumba, le boléro, le mambo, le chachacha, le tango, la salsa, mais aussi la guajira, le guaguanco ou la bachata…Le disque le plus ancien date de 1899: une interprétation de la chanson “Cuba Libre” par un groupe de militaires mexicains. Parmi d’autres pépites insolites, un enregistrement de Fidel Castro lisant une lettre de Che Guevara.La collection a vocation à embrasser tout le phénomène de la musique latine et vient d’acquérir le fonds du designer graphique Izzy Sanabria, auteur de pochettes de disques historiques dans l’histoire de la salsa.Que vont devenir ces archives à l’avenir? Il y a débat, explique Arteaga.L’Amérique latine voudrait “un retour aux origines”, mais cela coûterait cher, tandis qu’en Espagne, où la population latinoaméricaine ne cesse d’augmenter ces dernières décennies, “on voudrait que la collection reste ici”, mais il y aurait beaucoup de formalités à faire.Les Etats-Unis seraient une autre option mais le climat politique actuel ne s’y prête guère.”Finalement, il reste la France, qui en a bien le souhait, et ce serait un scénario merveilleux et parfait pour l’accueillir, mais c’est surtout une collection en espagnol…”, conclut-il.

Dans un hameau rasé de Cisjordanie, résister à la colonisation israélienne en restant

Juché sur ce qui fut sa maison, Haitham Dababseh aide son père à dégager les gravats. Immortalisé dans un documentaire oscarisé, leur hameau de Khallet Al-Dabaa n’est plus qu’un champ de ruines depuis que les bulldozers israéliens sont passés par là.Dans cette région du sud de la Cisjordanie occupée, les habitants palestiniens subissent depuis des décennies les violences de colons israéliens et les démolitions menées par l’armée, mais c’est la première fois qu’un hameau de cette taille est intégralement rasé.Ils “sont venus par le passé et ont démoli trois fois, quatre fois, mais c’est la plus grande entreprise de démolition qu’on ait jamais vue”, explique Haitham Dababseh à l’AFP.”Je n’ai plus que mes vêtements, tout le reste est sous les décombres”, ajoute l’agriculteur de 34 ans.Derrière lui, son père de 86 ans peine à dégager la porte de leur ancienne demeure pour faire place à leur prochain abri, une tente.L’armée israélienne a indiqué de son côté que “les autorités chargées de l’application de la loi (…) ont démantelé plusieurs structures illégales construites dans une zone militaire fermée” près d’Hébron. Elle précise que cette mesure a été prise à l’issue “de toutes les procédures administratives requises”.Khallet al-Dabaa, comme d’autres localités de la région de Masafer Yatta, figure en bonne place dans “No Other Land”, Oscar du meilleur documentaire, qui retrace la résistance des habitants face aux colons et à l’armée.Depuis la consécration de ce film israélo-palestinien à Hollywood en mars, plusieurs des localités qui y apparaissent ont été la cible de nouvelles attaques ou de démolitions.- “Laissez-moi vivre” -L’armée israélienne a désigné la zone, où vivent un gros millier de personnes réparties entre plusieurs villages, comme terrain de tir militaire depuis les années 1970. Régulièrement, elle y démantèle des bâtisses, qualifiées d’illégales.Autrefois, bon nombre d’habitants vivaient dans des grottes blotties dans la roche. Puis ils ont érigé quelque 25 habitations, même après la militarisation de la zone.Premier dans sa famille à être né dans un hôpital et non pas dans une grotte, Haitham Dababseh déplore que les décombres du village bloquent désormais l’accès à l’antre où sont nés son père et son grand-père.Au centre de Khallet Al-Dabaa, où vivent une centaine de personnes, ce qui faisait office de centre médical et maison communautaire n’est plus qu’un amas de béton brisé.Au sol gisent encore quelques carreaux –mais plus aucun mur autour– et un carnet de santé recouvert de poussière.Sur la paroi de la seule structure encore debout, une peinture murale supplie “Laissez-moi vivre”.- Le ciel pour couverture -La communauté internationale “fournit une aide de base qui permet aux Palestiniens de survivre, mais pas de protection”, regrette Mohammed Rabaa, président du conseil du village voisin de Tuwani.Du doigt, il désigne les collines encerclant le hameau détruit, toutes surmontées d’avant-postes tenus par des colons israéliens.”Depuis le début de la guerre à Gaza [en octobre 2023], neuf avant-postes ont germé dans la région de Masafer Yatta”, affirme Mohammed Rabaa.Les colons qui y habitent “attaquent les maisons, brûlent des biens, détruisent et vandalisent” en toute impunité, voire avec la protection de l’armée, pour pousser les Palestiniens à partir, selon lui.”Ils ne veulent pas d’une présence palestinienne”, dit-il.La colonisation juive en Cisjordanie, où vivent aujourd’hui environ 500.000 Israéliens au milieu de quelque trois millions de Palestiniens, est régulièrement dénoncée par l’ONU comme illégale au regard du droit international.Israël n’en a cure et, mardi, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, colon d’extrême droite, a dit espérer que son gouvernement annexerait formellement la Cisjordanie avant la fin de la législature, en novembre 2026.A 76 ans, dont 60 passés à Khallet Al-Dabaa, Oum Ibrahim Dababseh assure qu’elle ne quittera jamais les lieux.”Je leur ai dit +Creusez ma tombe ici même+”, confie-t-elle, en racontant comment des soldats l’avaient traînée hors de chez elle.”Je n’ai même pas eu le temps de m’habiller correctement, je faisais le ménage chez moi”, ajoute-t-elle, assise avec ses petites-filles à l’ombre d’un olivier.Tout près, des proches fouillent parmi les gravats.Comme Oum Ibrahim, avec qui il a des liens de parenté éloignés, Haitham Dababseh refuse de partir.”La nuit dernière, j’ai dormi là”, dit-il en désignant un lit installé à même le sol rocailleux et exposé aux éléments. “J’ai un lit, très bien… Le ciel sera ma couverture, mais je ne partirai pas”.

A Berlin, le Mémorial de l’Holocauste lutte face à l’érosion mémorielle

Un champ de pierres tombales, étrangement silencieux, en plein coeur de Berlin: si le Mémorial de l’Holocauste, inauguré il y a tout juste 20 ans, ne laisse personne indifférent, les craintes d’une érosion de la culture mémorielle allemande le gagnent aussi.Quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, que le monde s’apprête à commémorer, le mémorial dédié aux millions de Juifs assassinés par les Nazis est devenu un symbole puissant de la détermination de l’Allemagne à s’assurer que les crimes de la Shoah ne seront pas oubliés.Depuis son inauguration en mai 2005, ce dédale de 2.711 sombres stèles de béton a attiré des millions de visiteurs.”Les gens le trouvent assez effrayant parce que même s’il est ouvert à la ville, vous pouvez y disparaître et perdre un enfant, par exemple”, explique à l’AFP l’architecte Peter Eisenman, 92 ans, dont le cabinet new-yorkais a conçu le mémorial.Mais l’idée “n’était pas de faire en sorte que les gens se sentent mal ou coupables ou quoi que ce soit”, a-t-il dit, dédouanant les enfants qui “jouent à cache-cache” ou les adultes qui “bronzent sur les piliers”.”Vous êtes censé faire ce que vous voulez”, assure-t-il.L’idée d’établir un mémorial central de l’Holocauste à Berlin est née dans les années 1980, mais le projet a été longtemps retardé, paradoxalement par crainte qu’il nourrisse l’antisémitisme.Le parlement allemand l’a finalement acté en 1999 et le mémorial, qui comprend un centre d’information en sous-sol, a officiellement ouvert le 10 mai 2005.- “Calme et paisible” -L’endroit étant accessible jour et nuit, gratuitement et sans contrôle, il n’y a pas de statistiques sur sa fréquentation. Mais selon Uwe Neumärker, le responsable de la fondation qui le gère, “tous ceux qui visitent Berlin visitent également ce mémorial”.Tous les jours et par tout temps, des groupes de touristes errent au milieu des stèles.Venu d’Angleterre, Clifford Greenhalgh, 74 ans, salue “la nation allemande” pour avoir créé un monument “inoubliable”.Pour Polina Chernyavskaya, 24 ans, une étudiante originaire du Kazakhstan, la visite du mémorial était un “incontournable”.”Pendant que je marche ici, je me sens très calme et paisible”, comme “dans un cimetière”, a-t-elle ressenti.La commémoration régulière de la Shoah et des autres atrocités nazies a longtemps été un marqueur de l’Allemagne d’après-guerre.Mais 80 ans après, les derniers témoins directs de ce génocide disparaissent. Et les craintes que cette culture de la mémoire ne s’efface progressivement se font plus fortes. Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), désormais placé en tête de certains sondages dans le pays, veut rompre avec la tradition de repentance.Figure de son aile la plus radicale, Björn Höcke a en 2017 dénoncé un “mémorial de la honte”.Pendant la dernière campagne des législatives, le milliardaire américain Elon Musk, fervent soutien de l’AfD, a estimé que l’Allemagne ressassait trop ses fautes du passé.- Un “tournant” ? -Dans une étude publiée en avril par EVZ, une fondation dédiée à la culture du souvenir, plus de 38% des personnes interrogées ont déclaré qu’il était temps de “tirer un trait” sur le national-socialisme.Pour la première fois dans cette enquête, réalisée quatre fois depuis 2018, plus d’Allemands étaient d’accord avec cette affirmation qu’en désaccord.Pour Veronika Hager, consultante de l’EVZ, ce résultat peut être vu comme un “tournant”.”Pour de plus en plus de gens, le national-socialisme est une époque historique parmi tant d’autres, qui n’a plus grand-chose à voir avec le présent”, estime-t-elle.Le mémorial de l’Holocauste avait été plutôt épargné par la montée récente des attaques antisémites. Jusqu’à une attaque au couteau commise en février: un touriste espagnol a été gravement blessé. Le suspect syrien arrêté avait, selon la police, “l’intention de tuer des Juifs”.Par “ces temps difficiles”, Uwe Neumärker estime qu'”un mémorial comme celui-ci est plus important que jamais”.L’architecte Peter Eisenman se veut optimiste. Il pense lui avoir réalisé “un bon mémorial”, à la fois “abstrait”, “pas kitsch” et “très sérieux”, qui tiendra “longtemps”. 

Attaque de drone contre la plus importante base navale du Soudan

Une attaque de drone a visé la principale base navale du Soudan mercredi, a indiqué une source militaire à l’AFP, au quatrième jour de frappes sur Port-Soudan, grand port de la mer Rouge abritant le siège provisoire du gouvernement.Depuis avril 2023, ce pays d’Afrique de l’Est est dévasté par une guerre opposant le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays depuis un coup d’Etat en 2021, et son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).Longtemps épargnée, la ville de Port-Soudan (est), plaque tournante de l’aide humanitaire qui abrite des agences de l’ONU et des milliers de déplacés est depuis dimanche la cible de frappes que l’armée attribue aux FSR avec des “armes stratégiques et sophistiquées” fournies par les Emirats Arabes Unis.Mercredi matin, des drones “ont attaqué la base Flamingo et les missiles anti-aériens sont entrés en action”, a indiqué la source militaire sous couvert d’anonymat.A l’aube, un correspondant de l’AFP a entendu une série d’explosions dans la zone du port et vu une colonne de fumée s’élevant du secteur de la base.La veille, des frappes également attribuées par l’armée aux FSR avaient endommagé des infrastructures stratégiques, notamment l’aéroport civil, le dernier encore opérationnel dans le pays, une base militaire, une station électrique et des dépôts de carburants à Port-Soudan, principal port du pays.- “Lien vital” -A près de 600 kilomètres plus au sud, “trois drones ont tenté de frapper des installations aéroportuaires” à Kassala, ville tenue par l’armée, près de la frontière avec l’Erythrée, a rapporté mercredi une source sécuritaire.Les FSR n’ont pas directement commenté les attaques de cette semaine.Les frappes font craindre une interruption de l’aide humanitaire au Soudan, où la famine a déjà été déclarée dans certaines régions et où près de 25 millions de personnes souffrent d’une grave insécurité alimentaire.Tom Fletcher, responsable des secours de l’ONU, s’est déclaré “très préoccupé” par les frappes de drones sur Port-Soudan, “point d’entrée clé pour l’aide” humanitaire.L’ONU redoute de voir s’aggraver “les souffrances humaines dans ce qui est déjà la plus grande crise humanitaire au monde”.Les Etats-Unis ont condamné mardi les attaques de drones “contre des infrastructures essentielles et d’autres cibles civiles” en s’inquiétant d'”une escalade dangereuse du conflit”. L’Espagne a également dénoncé ces frappes menaçant les “efforts de paix”, pour l’instant restés vains.La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné 13 millions et provoqué “la pire catastrophe humanitaire” au monde, selon l’ONU.- Des drones “disponibles que dans certains pays” -L’attaque de mercredi survient au lendemain de la rupture par le Soudan de ses relations diplomatiques avec les Emirats arabes unis, accusés par Khartoum d’équiper les FSR.Abou Dhabi a toujours nié ces accusations, malgré des rapports d’experts de l’ONU, de responsables politiques américains et d’organisations internationales.Les drones utilisés lors des récentes attaques “ne sont disponibles que dans certains pays” et les  autorités “disposent d’informations documentées sur la nature et l’origine de ces armes, qui seront rendues publiques en temps voulu”, a affirmé mercredi le ministère soudanais des Affaires étrangères.Après avoir perdu plusieurs positions dont la capitale Khartoum en mars, les FSR, privées d’aviation, recourent davantage aux drones déployés depuis leurs bases dans la région du Darfour, à quelque 1.500 kilomètres à l’ouest de Port-Soudan. Le but est de couper les approvisionnements de l’armée, selon des experts.L’Egypte voisine, elle aussi dirigée par un pouvoir militaire, reste le principal soutien de l’armée soudanaise et exerce, selon des experts, une influence notable sur le général al-Burhane.Le chef de l’armée s’est également rapproché de la Turquie et de l’Iran, qui lui auraient fourni des drones, contribuant à inverser le cours de la guerre ces derniers mois.La Russie, qui soutenait auparavant les FSR par le biais de son groupe de mercenaires Wagner, a désormais rejoint le camp de l’armée, cherchant à obtenir une base navale sur la mer Rouge près de Port-Soudan.La guerre a divisé le Soudan, l’armée contrôlant le centre, le nord et l’est, et les FSR la quasi-totalité du Darfour (ouest) et certaines parties du sud. 

Attaque de drone contre la plus importante base navale du Soudan

Une attaque de drone a visé la principale base navale du Soudan mercredi, a indiqué une source militaire à l’AFP, au quatrième jour de frappes sur Port-Soudan, grand port de la mer Rouge abritant le siège provisoire du gouvernement.Depuis avril 2023, ce pays d’Afrique de l’Est est dévasté par une guerre opposant le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays depuis un coup d’Etat en 2021, et son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).Longtemps épargnée, la ville de Port-Soudan (est), plaque tournante de l’aide humanitaire qui abrite des agences de l’ONU et des milliers de déplacés est depuis dimanche la cible de frappes que l’armée attribue aux FSR avec des “armes stratégiques et sophistiquées” fournies par les Emirats Arabes Unis.Mercredi matin, des drones “ont attaqué la base Flamingo et les missiles anti-aériens sont entrés en action”, a indiqué la source militaire sous couvert d’anonymat.A l’aube, un correspondant de l’AFP a entendu une série d’explosions dans la zone du port et vu une colonne de fumée s’élevant du secteur de la base.La veille, des frappes également attribuées par l’armée aux FSR avaient endommagé des infrastructures stratégiques, notamment l’aéroport civil, le dernier encore opérationnel dans le pays, une base militaire, une station électrique et des dépôts de carburants à Port-Soudan, principal port du pays.- “Lien vital” -A près de 600 kilomètres plus au sud, “trois drones ont tenté de frapper des installations aéroportuaires” à Kassala, ville tenue par l’armée, près de la frontière avec l’Erythrée, a rapporté mercredi une source sécuritaire.Les FSR n’ont pas directement commenté les attaques de cette semaine.Les frappes font craindre une interruption de l’aide humanitaire au Soudan, où la famine a déjà été déclarée dans certaines régions et où près de 25 millions de personnes souffrent d’une grave insécurité alimentaire.Tom Fletcher, responsable des secours de l’ONU, s’est déclaré “très préoccupé” par les frappes de drones sur Port-Soudan, “point d’entrée clé pour l’aide” humanitaire.L’ONU redoute de voir s’aggraver “les souffrances humaines dans ce qui est déjà la plus grande crise humanitaire au monde”.Les Etats-Unis ont condamné mardi les attaques de drones “contre des infrastructures essentielles et d’autres cibles civiles” en s’inquiétant d'”une escalade dangereuse du conflit”. L’Espagne a également dénoncé ces frappes menaçant les “efforts de paix”, pour l’instant restés vains.La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné 13 millions et provoqué “la pire catastrophe humanitaire” au monde, selon l’ONU.- Des drones “disponibles que dans certains pays” -L’attaque de mercredi survient au lendemain de la rupture par le Soudan de ses relations diplomatiques avec les Emirats arabes unis, accusés par Khartoum d’équiper les FSR.Abou Dhabi a toujours nié ces accusations, malgré des rapports d’experts de l’ONU, de responsables politiques américains et d’organisations internationales.Les drones utilisés lors des récentes attaques “ne sont disponibles que dans certains pays” et les  autorités “disposent d’informations documentées sur la nature et l’origine de ces armes, qui seront rendues publiques en temps voulu”, a affirmé mercredi le ministère soudanais des Affaires étrangères.Après avoir perdu plusieurs positions dont la capitale Khartoum en mars, les FSR, privées d’aviation, recourent davantage aux drones déployés depuis leurs bases dans la région du Darfour, à quelque 1.500 kilomètres à l’ouest de Port-Soudan. Le but est de couper les approvisionnements de l’armée, selon des experts.L’Egypte voisine, elle aussi dirigée par un pouvoir militaire, reste le principal soutien de l’armée soudanaise et exerce, selon des experts, une influence notable sur le général al-Burhane.Le chef de l’armée s’est également rapproché de la Turquie et de l’Iran, qui lui auraient fourni des drones, contribuant à inverser le cours de la guerre ces derniers mois.La Russie, qui soutenait auparavant les FSR par le biais de son groupe de mercenaires Wagner, a désormais rejoint le camp de l’armée, cherchant à obtenir une base navale sur la mer Rouge près de Port-Soudan.La guerre a divisé le Soudan, l’armée contrôlant le centre, le nord et l’est, et les FSR la quasi-totalité du Darfour (ouest) et certaines parties du sud. 

Le nouveau chancelier allemand à l’Elysée pour relancer la relation avec Paris

Le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz, à peine élu, a été accueilli mercredi par Emmanuel Macron à l’Elysée avec l’ambition affichée de redonner du lustre au couple franco-allemand et tout son poids à l’Allemagne en Europe, confrontée à des défis majeurs, des coups de butoir de Donald Trump à la guerre en Ukraine.Friedrich Merz, européen convaincu, est arrivé à Paris, première étape traditionnelle d’un nouveau dirigeant allemand à l’étranger, en chancelier affaibli, après son élection au forceps mardi. Il se rendra dans la foulée à Varsovie, autre capitale où il espère relancer des relations en souffrance, puis à Bruxelles vendredi.Le président français l’a accueilli sur le perron de l’Elysée vers 12H15 (10H15 GMT). Les deux hommes se sont donné une franche accolade et doivent s’entretenir avant une conférence de presse commune.Après quatre année souvent compliquées avec le social-démocrate Olaf Scholz, les deux dirigeants veulent envoyer un “signal très fort et immédiat de renouveau dans la relation franco-allemande et pour l’Europe”, souligne l’Elysée. Il faut un “retour du réflexe franco-allemand” et d’une “concertation systématique” sur tout l’agenda européen, de la défense aux enjeux de compétitivité, budgétaires et migratoires, explique encore la présidence française.Le nouveau dirigeant conservateur assure de son côté que son pays assumera “à nouveau”, après des années de retrait, “ses responsabilités de leader en Europe et avec les autres membres de l’Union européenne”. Mais son élection par les députés allemands au second tour, alors qu’il devait s’agir d’une formalité, inquiète. Car elle a révélé au grand jour la fragilité de sa coalition avec les sociaux-démocrates, sur laquelle toute l’Europe compte pour remettre l’Allemagne au centre du jeu après des années de surplace sous l’ère Olaf Scholz et six mois de crise politique intérieure.- Espoirs -“La situation en Allemagne est un choc politique”, a asséné sur X l’eurodéputée française Valérie Hayer, du camp Macron. “Une catastrophe absolue”, affirmait une ministre française sous couvert d’anonymat à l’AFP.Paris nourrit de grands espoirs dans le dirigeant démocrate-chrétien allemand, qui parle ouvertement de renforcer la souveraineté européenne, y compris militaire. Sur les questions de défense et l’Ukraine, l’hostilité affichée par Donald Trump et son administration à l’égard de l’Europe et les doutes sur le soutien militaire américain ont fait bouger les lignes en Allemagne.Friedrich Merz est favorable à l’idée de placer son pays – dépendant jusqu’ici de la protection nucléaire américaine – sous le parapluie français et britannique. Ce qui constitue une césure énorme avec la tradition atlantiste germanique.Il est aussi – prudemment – ouvert à l’idée de fournir des missiles longue portée Taurus à Kiev.D’autres divergences traditionnelles ne devraient toutefois pas disparaître du jour au lendemain.Berlin a certes assoupli en mars sa règle du “frein à l’endettement”, qui limite la capacité d’emprunt du pays pour les dépenses militaires et pour les régions, mais elle n’est pas prête à donner son feu vert à des euro-obligations, promues par la France.- Un trio avec Varsovie -Sur le plan commercial, l’Allemagne, nation fortement exportatrice, devrait continuer à pousser à la signature d’accords de libre-échange, comme celui du Mercosur, tandis que la France, craignant une fronde agricole, y est défavorable.Le nouveau gouvernement allemand promet de “renforcer l’amitié” aussi bien avec la France que la Pologne, notamment dans le cadre du “Triangle de Weimar”, ce forum de coopération trilatérale entre la France, l’Allemagne et la Pologne créé en 1991. “La volonté d’échanger avec ces deux pays est clairement là”, relève Martin Koopmann, directeur de la fondation Genshagen, basée près de Berlin et chargée de développer les relations entre ces trois pays. Mais les relations restent aussi compliquées entre l’Allemagne et la Pologne qui, par ailleurs, n’est pas dans la zone euro contrairement à Paris et Berlin.Le parti nationaliste Droit et Justice (PiS), actuellement dans l’opposition, continue de réclamer des réparations pour les dégâts et pertes de la Seconde Guerre mondiale à l’Allemagne.A moins de deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle polonaise, le 18 mai, ce sujet est particulièrement sensible: pour le Premier ministre Donald Tusk, il est délicat d’afficher une trop grande proximité avec le chancelier allemand. 

Le nouveau chancelier allemand à l’Elysée pour relancer la relation avec Paris

Le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz, à peine élu, a été accueilli mercredi par Emmanuel Macron à l’Elysée avec l’ambition affichée de redonner du lustre au couple franco-allemand et tout son poids à l’Allemagne en Europe, confrontée à des défis majeurs, des coups de butoir de Donald Trump à la guerre en Ukraine.Friedrich Merz, européen convaincu, est arrivé à Paris, première étape traditionnelle d’un nouveau dirigeant allemand à l’étranger, en chancelier affaibli, après son élection au forceps mardi. Il se rendra dans la foulée à Varsovie, autre capitale où il espère relancer des relations en souffrance, puis à Bruxelles vendredi.Le président français l’a accueilli sur le perron de l’Elysée vers 12H15 (10H15 GMT). Les deux hommes se sont donné une franche accolade et doivent s’entretenir avant une conférence de presse commune.Après quatre année souvent compliquées avec le social-démocrate Olaf Scholz, les deux dirigeants veulent envoyer un “signal très fort et immédiat de renouveau dans la relation franco-allemande et pour l’Europe”, souligne l’Elysée. Il faut un “retour du réflexe franco-allemand” et d’une “concertation systématique” sur tout l’agenda européen, de la défense aux enjeux de compétitivité, budgétaires et migratoires, explique encore la présidence française.Le nouveau dirigeant conservateur assure de son côté que son pays assumera “à nouveau”, après des années de retrait, “ses responsabilités de leader en Europe et avec les autres membres de l’Union européenne”. Mais son élection par les députés allemands au second tour, alors qu’il devait s’agir d’une formalité, inquiète. Car elle a révélé au grand jour la fragilité de sa coalition avec les sociaux-démocrates, sur laquelle toute l’Europe compte pour remettre l’Allemagne au centre du jeu après des années de surplace sous l’ère Olaf Scholz et six mois de crise politique intérieure.- Espoirs -“La situation en Allemagne est un choc politique”, a asséné sur X l’eurodéputée française Valérie Hayer, du camp Macron. “Une catastrophe absolue”, affirmait une ministre française sous couvert d’anonymat à l’AFP.Paris nourrit de grands espoirs dans le dirigeant démocrate-chrétien allemand, qui parle ouvertement de renforcer la souveraineté européenne, y compris militaire. Sur les questions de défense et l’Ukraine, l’hostilité affichée par Donald Trump et son administration à l’égard de l’Europe et les doutes sur le soutien militaire américain ont fait bouger les lignes en Allemagne.Friedrich Merz est favorable à l’idée de placer son pays – dépendant jusqu’ici de la protection nucléaire américaine – sous le parapluie français et britannique. Ce qui constitue une césure énorme avec la tradition atlantiste germanique.Il est aussi – prudemment – ouvert à l’idée de fournir des missiles longue portée Taurus à Kiev.D’autres divergences traditionnelles ne devraient toutefois pas disparaître du jour au lendemain.Berlin a certes assoupli en mars sa règle du “frein à l’endettement”, qui limite la capacité d’emprunt du pays pour les dépenses militaires et pour les régions, mais elle n’est pas prête à donner son feu vert à des euro-obligations, promues par la France.- Un trio avec Varsovie -Sur le plan commercial, l’Allemagne, nation fortement exportatrice, devrait continuer à pousser à la signature d’accords de libre-échange, comme celui du Mercosur, tandis que la France, craignant une fronde agricole, y est défavorable.Le nouveau gouvernement allemand promet de “renforcer l’amitié” aussi bien avec la France que la Pologne, notamment dans le cadre du “Triangle de Weimar”, ce forum de coopération trilatérale entre la France, l’Allemagne et la Pologne créé en 1991. “La volonté d’échanger avec ces deux pays est clairement là”, relève Martin Koopmann, directeur de la fondation Genshagen, basée près de Berlin et chargée de développer les relations entre ces trois pays. Mais les relations restent aussi compliquées entre l’Allemagne et la Pologne qui, par ailleurs, n’est pas dans la zone euro contrairement à Paris et Berlin.Le parti nationaliste Droit et Justice (PiS), actuellement dans l’opposition, continue de réclamer des réparations pour les dégâts et pertes de la Seconde Guerre mondiale à l’Allemagne.A moins de deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle polonaise, le 18 mai, ce sujet est particulièrement sensible: pour le Premier ministre Donald Tusk, il est délicat d’afficher une trop grande proximité avec le chancelier allemand.Â