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Surveillante tuée: le parquet requiert la mise en examen du collégien pour meurtre

Le parquet de Dijon a requis jeudi la mise en examen pour “meurtre d’une personne chargée de mission de service public” de l’adolescent de 14 ans qui a tué mardi de plusieurs coups de couteau une surveillante de son collège à Nogent (Haute-Marne).Le parquet requiert également sa mise en examen pour “violences volontaires ayant entraîné une incapacité supérieure à huit jours” contre un gendarme blessé lors de son interpellation et son placement en détention provisoire, a annoncé dans un communiqué le procureur de Dijon, Olivier Caracotch.En raison de sa minorité, le suspect encourt une peine de 20 ans de réclusion criminelle au lieu d’une peine de prison à perpétuité.L’adolescent est présenté jeudi à un juge d’instruction de Dijon à l’issue de deux jours de garde à vue, alors que le collège Françoise-Dolto de Nogent a rouvert ses portes jeudi matin.De premiers élèves sont arrivés au collège peu après 08H00 dans un silence de marbre, escortés par un membre de l’établissement, a constaté un journaliste de l’AFP.A 09H00, seuls quelques dizaines d’élèves étaient entrés dans le collège, ainsi que des gendarmes.”On va avoir un temps d’échange, on va parler”, explique Jade, 15 ans. “Ce qui va faire bizarre, c’est de ne plus voir la surveillante”.”J’ai dit à mes filles d’aller à la cellule d’écoute, pour parler”, assure Danièle Quentin, 52 ans, mère de trois enfants inscrits au collège dont deux filles. “Ça va être dur d’avancer pour les filles, qui aimaient beaucoup” la surveillante, craint-elle.Une minute de silence en mémoire de Mélanie, la surveillante de 31 ans poignardée, doit être observée à midi dans tous les établissements scolaires du pays, à la demande de la ministre de l’Education nationale Elisabeth Borne.Pendant sa garde à vue, le collégien de 14 ans a dit vouloir tuer une surveillante, “n’importe laquelle”, a rapporté mercredi le procureur de Chaumont Denis Devallois, dressant le portrait glaçant d’un adolescent “fasciné par la violence” et “en perte de repères”.Il avait été interpellé mardi matin juste après les faits, lors d’un contrôle inopiné des sacs des élèves par des gendarmes devant son établissement.- “Meurtre aggravé” -Le suspect ne présente “aucun signe évoquant un possible trouble mental”, selon le procureur.Le mis en cause a confié aux enquêteurs “avoir eu l’intention de tuer”, a-t-il souligné.Le drame de Nogent a eu un énorme retentissement dans les sphères éducatives et politiques. Sur la grille du collège de Nogent, des familles, passants ou proches, ont déposé des roses blanches, des bouquets, et parfois un message de soutien. Une cellule psychologique y est activée au moins jusqu’à la fin de la semaine, a indiqué le rectorat.Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi que l’accès des plus jeunes aux réseaux sociaux est porteur d'”épidémies de violences” qu’il faut “absolument réguler”, promettant leur interdiction prochaine aux moins de 15 ans. Selon le procureur, le mis en cause “utilise peu les réseaux sociaux”.Au-delà de l’interdiction immédiate de la vente de couteaux aux mineurs, et “l’expérimentation” de portiques de sécurité voulue par le Premier ministre, le camp présidentiel et la gauche préviennent que la réponse est multiple et qu’il n’y a pas de “solution magique”. La droite, elle, insiste sur “la sanction”.Les proches de la victime ont annoncé une marche blanche au départ du collège de Nogent, vendredi à 18H00.Une cagnotte lancée pour aider le conjoint et l’enfant de Mélanie avait récolté jeudi matin plus de 10.000 euros.

Le collège de Nogent rouvre après le meurtre d’une surveillante, le suspect bientôt devant un juge d’instruction

Le collège de Nogent (Haute-Marne) a rouvert ses portes jeudi matin, deux jours après le meurtre d’une surveillante, alors que la justice s’oriente vers une mise en examen de l’élève de 14 ans en garde à vue pour l’avoir poignardée.De premiers élèves sont arrivés au collège Françoise-Dolto peu après 08H00 dans un silence de marbre, escortés par un membre de l’établissement, a constaté un journaliste de l’AFP.A 09H00, seules quelques dizaines d’élèves étaient entrés dans le collège, ainsi que des gendarmes.”On va avoir un temps d’échange, on va parler”, explique Jade, 15 ans. “Ce qui va faire bizarre, c’est de ne plus voir la surveillante”.”J’ai dit à mes filles d’aller à la cellule d’écoute, pour parler”, assure Danièle Quentin, 52 ans, mère de trois enfants dont deux filles au collège. “Ça va être dur d’avancer pour les filles, qui aimaient beaucoup” la surveillante, craint-elle.Une minute de silence en mémoire de Mélanie, la surveillante de 31 ans tuée, doit être observée à midi dans tous les établissements scolaires du pays, à la demande de la ministre de l’Education nationale Elisabeth Borne.Pendant sa garde à vue, le collégien de 14 ans a dit vouloir tuer une surveillante, “n’importe laquelle”, a rapporté mercredi le procureur de Chaumont Denis Devallois, dressant le portrait glaçant d’un adolescent “fasciné par la violence” et “en perte de repère”. Il avait été interpellé mardi matin juste après les faits, lors d’un contrôle inopiné des sacs des élèves par des gendarmes devant son établissement.Au terme de deux jours de garde à vue, le suspect est “actuellement transporté à Dijon pour comparaître devant un juge du pôle de l’instruction”, a déclaré jeudi à l’AFP le procureur de Chaumont Denis Devallois.- “Meurtre aggravé” -Le suspect ne présente “aucun signe évoquant un possible trouble mental”, selon le procureur.L’enquête a été ouverte pour “meurtre aggravé”, du fait du statut de la victime, chargée d’une mission de service public, et pour “tentative de meurtre sur une personne dépositaire de l’autorité publique”, puisque le gendarme qui l’a maîtrisé a été blessé à la main par un coup de couteau.”La question de la qualification se pose” et “sera probablement évoquée” jeudi lors de sa présentation à un juge d’instruction de Dijon, a indiqué le procureur lors d’une conférence de presse mercredi. En effet, le mis en cause a confié aux enquêteurs “avoir eu l’intention de tuer”, a-t-il souligné.La préméditation est une circonstance aggravante, susceptible de faire évoluer le chef de “meurtre” en “assassinat”.En raison de sa minorité, le suspect encourt une peine de 20 ans de réclusion criminelle au lieu d’une peine de prison à perpétuité, a encore relevé M. Devallois.- Marche blanche -Le drame de Nogent a eu un énorme retentissement dans les sphères éducatives et politiques. Sur la grille du collège de Nogent, des familles, passants ou proches, ont déposé des roses blanches, des bouquets, et parfois un message de soutien. Une cellule psychologique y est activée au moins jusqu’à la fin de la semaine, a indiqué le rectorat.Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi que l’accès des plus jeunes aux réseaux sociaux est porteur d'”épidémies de violences” qu’il faut “absolument réguler”, promettant leur interdiction prochaine aux moins de 15 ans. Selon le procureur, le mis en cause “utilise peu les réseaux sociaux”.Au-delà de l’interdiction immédiate de la vente de couteaux aux mineurs, et “l’expérimentation” de portiques de sécurité voulue par le Premier ministre, le camp présidentiel et la gauche préviennent que la réponse est multiple et qu’il n’y a pas de “solution magique”. La droite, elle, insiste sur “la sanction”.Les proches de la victime ont annoncé une marche blanche au départ du collège de Nogent, vendredi à 18H00.lv-etb-kau-bj/pta

Gaza: une agence humanitaire dit que cinq de ses membres ont été tués par le Hamas

La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par Washington et Israël, a affirmé qu’au moins cinq de ses employés palestiniens avaient été tués mercredi soir dans une attaque du Hamas, après un nouvel épisode meurtrier en marge de ses opérations.Le territoire palestinien traverse une grave crise humanitaire après 20 mois d’une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.Mercredi, la Défense civile de Gaza a annoncé que les forces israéliennes avaient ouvert le feu sur des Palestiniens allant chercher de l’aide humanitaire dans un centre de la GHF, faisant 31 morts et environ 200 blessés.Quelques heures plus tard, la GHF a dénoncé une “attaque odieuse et délibérée” visant ses activités.”Vers 22H00 locales (19H00 GMT), un bus transportant plus d’une vingtaine de membres de l’équipe de GHF (…) a été violemment attaqué par le Hamas”, a déclaré l’organisation dans un communiqué, précisant que les passagers étaient tous palestiniens.”Il y a au moins cinq morts, plusieurs blessés, et nous craignons que certains membres de notre équipe aient été pris en otage”, a-t-elle affirmé.Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a accusé le Hamas de “meurtre de sang-froid”. “Le Hamas instrumentalise la souffrance à Gaza: il prive la population de nourriture, prend pour cible ceux qui aident à sauver des vies et abandonne son propre peuple”, a-t-il dit sur X.La GHF, une organisation au financement opaque, soutenue par les Etats-Unis et Israël, est déployée depuis fin mai dans le territoire palestinien assiégé par l’armée israélienne depuis octobre 2023. L’ONU refuse de travailler avec cette organisation faute de garanties sur sa neutralité. – Tir de drone meurtrier -Nombre des distributions de la GHF ont donné lieu à des scènes meurtrières près de ses sites. L’hôpital Al-Awda du camp de Nousseirat (centre) a encore fait état tôt jeudi de quatre Palestiniens tués et 100 blessés lors d’une attaque par un drone israélien sur un rassemblement près d’un centre de l’organisation.Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain en guerre, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations en provenance du territoire, notamment les bilans des morts palestiniens. L’armée israélienne a intensifié le 17 mai son offensive à Gaza, dans le but affiché de libérer les derniers otages du 7-Octobre, prendre le contrôle de l’ensemble du petit territoire coincé entre Israël, l’Egypte et la Méditerranée, et anéantir le Hamas qui y a pris le pouvoir en 2007.Alors que le gouvernement de Benjamin Netanyahu, l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, risquait de chuter, le Parlement a rejeté jeudi d’une courte majorité un projet de loi de l’opposition visant à sa dissolution.- Réunion de l’Assemblée générale de l’ONU -M. Netanyahu fait cependant face à une pression internationale accrue pour mettre fin à la guerre à Gaza et rouvrir les vannes humanitaires dans le territoire, où les quelque 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine selon l’ONU.Disant vouloir “briser le blocus israélien”, 12 militants dont la Suédoise Greta Thunberg ont tenté d’approcher Gaza, mais leur voilier a été intercepté lundi par la marine israélienne.Quatre militants français pro-palestiniens encore retenus en Israël, dont l’eurodéputée de gauche radicale Rima Hassan, doivent être expulsés jeudi soir et vendredi, selon la diplomatie françaiseGreta Thunberg a été expulsée vers la Suède. Quatre autres militants – une Allemande, un Turc, un Néerlandais et un Brésilien- restent maintenus dans un centre de détention à Ramla, près de l’aéroport de Tel-Aviv, selon l’ONG israélienne Adalah.L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles. Le gouvernement israélien a annoncé mercredi avoir récupéré à Gaza les dépouilles de deux otages enlevés ce jour là. Avant cette annonce, les autorités israéliennes recensaient 54 personnes toujours retenues dans le territoire palestinien, dont au moins 32 mortes, sur un total de 251 enlevées le 7-Octobre. Plus de 55.104 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l’offensive israélienne de représailles à Gaza, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.Après le veto américain ayant empêché le Conseil de sécurité de réclamer un cessez-le-feu à Gaza, l’Assemblée générale de l’ONU va discuter jeudi d’un projet de résolution non contraignante exigeant “un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent” à Gaza ainsi que la libération des otages.

Gaza: une agence humanitaire dit que cinq de ses membres ont été tués par le Hamas

La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par Washington et Israël, a affirmé qu’au moins cinq de ses employés palestiniens avaient été tués mercredi soir dans une attaque du Hamas, après un nouvel épisode meurtrier en marge de ses opérations.Le territoire palestinien traverse une grave crise humanitaire après 20 mois d’une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.Mercredi, la Défense civile de Gaza a annoncé que les forces israéliennes avaient ouvert le feu sur des Palestiniens allant chercher de l’aide humanitaire dans un centre de la GHF, faisant 31 morts et environ 200 blessés.Quelques heures plus tard, la GHF a dénoncé une “attaque odieuse et délibérée” visant ses activités.”Vers 22H00 locales (19H00 GMT), un bus transportant plus d’une vingtaine de membres de l’équipe de GHF (…) a été violemment attaqué par le Hamas”, a déclaré l’organisation dans un communiqué, précisant que les passagers étaient tous palestiniens.”Il y a au moins cinq morts, plusieurs blessés, et nous craignons que certains membres de notre équipe aient été pris en otage”, a-t-elle affirmé.Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a accusé le Hamas de “meurtre de sang-froid”. “Le Hamas instrumentalise la souffrance à Gaza: il prive la population de nourriture, prend pour cible ceux qui aident à sauver des vies et abandonne son propre peuple”, a-t-il dit sur X.La GHF, une organisation au financement opaque, soutenue par les Etats-Unis et Israël, est déployée depuis fin mai dans le territoire palestinien assiégé par l’armée israélienne depuis octobre 2023. L’ONU refuse de travailler avec cette organisation faute de garanties sur sa neutralité. – Tir de drone meurtrier -Nombre des distributions de la GHF ont donné lieu à des scènes meurtrières près de ses sites. L’hôpital Al-Awda du camp de Nousseirat (centre) a encore fait état tôt jeudi de quatre Palestiniens tués et 100 blessés lors d’une attaque par un drone israélien sur un rassemblement près d’un centre de l’organisation.Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain en guerre, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations en provenance du territoire, notamment les bilans des morts palestiniens. L’armée israélienne a intensifié le 17 mai son offensive à Gaza, dans le but affiché de libérer les derniers otages du 7-Octobre, prendre le contrôle de l’ensemble du petit territoire coincé entre Israël, l’Egypte et la Méditerranée, et anéantir le Hamas qui y a pris le pouvoir en 2007.Alors que le gouvernement de Benjamin Netanyahu, l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, risquait de chuter, le Parlement a rejeté jeudi d’une courte majorité un projet de loi de l’opposition visant à sa dissolution.- Réunion de l’Assemblée générale de l’ONU -M. Netanyahu fait cependant face à une pression internationale accrue pour mettre fin à la guerre à Gaza et rouvrir les vannes humanitaires dans le territoire, où les quelque 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine selon l’ONU.Disant vouloir “briser le blocus israélien”, 12 militants dont la Suédoise Greta Thunberg ont tenté d’approcher Gaza, mais leur voilier a été intercepté lundi par la marine israélienne.Quatre militants français pro-palestiniens encore retenus en Israël, dont l’eurodéputée de gauche radicale Rima Hassan, doivent être expulsés jeudi soir et vendredi, selon la diplomatie françaiseGreta Thunberg a été expulsée vers la Suède. Quatre autres militants – une Allemande, un Turc, un Néerlandais et un Brésilien- restent maintenus dans un centre de détention à Ramla, près de l’aéroport de Tel-Aviv, selon l’ONG israélienne Adalah.L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles. Le gouvernement israélien a annoncé mercredi avoir récupéré à Gaza les dépouilles de deux otages enlevés ce jour là. Avant cette annonce, les autorités israéliennes recensaient 54 personnes toujours retenues dans le territoire palestinien, dont au moins 32 mortes, sur un total de 251 enlevées le 7-Octobre. Plus de 55.104 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l’offensive israélienne de représailles à Gaza, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.Après le veto américain ayant empêché le Conseil de sécurité de réclamer un cessez-le-feu à Gaza, l’Assemblée générale de l’ONU va discuter jeudi d’un projet de résolution non contraignante exigeant “un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent” à Gaza ainsi que la libération des otages.

Face à la flambée des prix du riz, les agriculteurs japonais sonnent l’alarme

La rizière de Satoshi Yamazaki, aux rangées de jeunes plants d’un vert éclatant, respire une ambiance paisible à l’heure où la flambée des prix du riz met cependant en exergue des problèmes structurels de l’agriculture japonaise.En avril, le riz vendu dans les commerces nippons était deux fois plus cher qu’un an auparavant, envolée que le gouvernement tente ces derniers mois d’enrayer en débloquant les réserves stratégiques du pays.Une initiative rare que Satoshi Yamazaki, cultivateur de 42 ans de la région du Niigata (centre), qualifie de signal d’alarme, y voyant “l’occasion pour le public de réfléchir à la manière dont le riz est produit”.Ce renchérissement depuis près d’un an a des facteurs multiples.La récolte 2023 (consommée l’an dernier) avait été pénalisée par des chaleurs record, réduisant drastiquement l’offre. La demande de riz, elle, était gonflée par le renchérissement des aliments importés, ainsi que par une vague d’achats paniques déclenchés en août 2024 par un avertissement au “mégaséisme”. L’afflux record de touristes est accusé d’avoir encore grossi la consommation.Surtout, des négociants stockaient du riz pour muscler leurs profits à terme, selon les experts.- “Enorme opportunité” -“Les consommateurs, ou plutôt les détaillants, nous obligent à produire du riz de haute qualité”, explique M. Yamazaki, près des plants inondés étincelant au soleil.Il assure que la flambée des prix ne lui fait pas gagner d’argent, car il vend l’essentiel de sa récolte directement aux détaillants ou consommateurs via des contrats conclus à l’avance.Un modèle contournant l’habituel réseau de distribution nippon, qui inclut firmes de “nettoyage” du riz, grossistes, coopératives… l’acteur à chaque étape collectant sa marge.Sa ferme du Niigata est un cas atypique: 80% des riziculteurs japonais travaillent à temps partiel, à petite échelle, et dépendent complètement des chaînes de production en place, selon l’agronome Kazunuki Oizumin, de l’Université de Miyagi.Et la production n’a cessé de décroître ces dernières décennies: l’an dernier, la surface consacrée à la riziculture (en excluant le riz destiné à l’alimentation animale) est tombée sous 1,4 million d’hectares dans l’archipel, très en-deçà du pic de 3,3 millions en 1960.Un déclin dû au vieillissement démographique et à la difficulté de trouver des successeurs aux cultivateurs.Par ailleurs, une politique gouvernementale en vigueur depuis 1971 oblige les agriculteurs à réduire la superficie consacrée à la riziculture, au profit notamment d’autres céréales.La mesure, censée maintenir stables les prix du riz, a contribué à réduire les marges de manœuvre en cas de tensions sur l’offre.Toru Wakui, président d’une grande exploitation de la région d’Akita (nord), fustige cette politique: le Japon devrait “s’efforcer d’accroître sa production de riz et les exportations vers les marchés étrangers” tout en facilitant l’accès des jeunes à l’agriculture, déclare-t-il à l’AFP.La crise actuelle est “une énorme opportunité” pour encourager l’émergence de grands exploitants à temps plein, beaucoup plus productifs et rentables, abonde l’universitaire Kazunuki Oizumin.- “Vieux riz”? -Le sujet “riz” est devenu politiquement sensible à l’approche des élections pour la Chambre haute du Parlement en juillet sur fond de frustration des consommateurs confrontés à une inflation générale persistante (+3,5% en avril).Le ministre de l’Agriculture a dû démissionner en mai après s’être vanté de ne jamais acheter de riz lui-même puisqu’il en recevait gratuitement.Son successeur Shinjiro Koizumi a, lui, décidé de céder directement aux détaillants le riz tiré des stocks stratégiques… provoquant aussitôt de longues files d’attente dans certains magasins.Les efforts gouvernementaux semblent porter leurs fruits: le prix au détail moyen a légèrement baissé début juin pour la deuxième semaine consécutive, à 4.223 yens (25,55 euros) les cinq kilos.Responsables de l’opposition et commentateurs ont cependant fustigé des stocks de “vieux” riz d’une qualité qui devrait selon eux les destiner aux animaux.Ce dossier complique la situation du Premier ministre conservateur Shigeru Ishiba, le soutien public étant au plus bas depuis son élection en octobre. M. Ishiba voit dans l’accroissement de la production une “solution” pour faire baisser les prix. Mais les défis sont nombreux.Sataoshi Yamazaki, qui cultive 10% du riz en bio et a agrandi ses terres en louant des champs à de petits exploitants, souligne les difficultés du secteur: renchérissement des équipements, pénurie chronique de chauffeurs… “Peut-on ajouter ces coûts au prix du riz?”, soupire-t-il.