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Attentat à Damas: les autorités annoncent plusieurs arrestations

Les autorités syriennes ont annoncé lundi avoir arrêté six personnes “impliquées” dans l’attentat-suicide contre une église orthodoxe à Damas, qui a fait au moins 25 morts la veille.Deux autres personnes “impliquées” ont été tuées, selon cette même source.Cette annonce intervient quelques heures après que le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh a promis de traduire en justice les personnes liées à cet attentat “odieux”, condamné par les Nations unies et nombre de pays, dont les Etats-Unis et la France, et qui a ravivé les inquiétudes des minorités de ce pays.Le ministère de l’Intérieur a annoncé que “plusieurs criminels impliqués dans l’attaque contre l’église Saint-Elie (avaient) été arrêtés”. Des “ceintures d’explosifs, des mines prêtes à être déclenchées et une moto piégée” ont été saisies “dans une cache lors d’une opération de sécurité ciblant des cellules de l’organisation terroriste Daech (acronyme arabe de l’Etat islamique)” dans la région de Damas, selon le ministère.”Ces opérations ont donné lieu à des affrontements au cours desquels le chef de la cellule et cinq membres ont été arrêtés, tandis que deux autres ont été tués : l’un était le principal planificateur de l’entrée du kamikaze dans l’église, l’autre préparait également une attaque terroriste dans un quartier de la capitale”, a ajouté le ministère.D’après les autorités, un kamikaze du groupe jihadiste Etat islamique a fait irruption dimanche dans l’église Saint-Élie du quartier de Dwelaa, a tiré sur les fidèles, avant d’activer sa ceinture d’explosifs.Le groupe État islamique (EI) n’a pas revendiqué l’attentat contre l’église orthodoxe.- “Crime odieux” -“Nous travaillerons jour et nuit pour arrêter tous ceux qui ont participé ou planifié ce crime odieux, et les traduire en justice afin qu’ils reçoivent la peine qu’ils méritent”, avait martelé dans un communiqué le président Chareh.L’attentat visant “des innocents en sécurité dans leurs lieux de culte nous rappelle l’importance de la solidarité et de l’unité — gouvernement et peuple — face à tout ce qui menace la sécurité et la stabilité de notre patrie”, a-t-il ajouté.”Gloire au Christ”, “Le sang des chrétiens est précieux”, ont scandé dans la soirée des centaines de manifestants dans le quartier chrétien de Bab Touma à Damas, dénonçant l’attentat et réclamant justice, selon un correspondant de l’AFP.Le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, Youhanna X, a annoncé lundi, lors d’une visite à l’église Saint-Elie, qu’”une cérémonie funèbre collective aura lieu mardi après-midi pour plusieurs des victimes de l’attentat”.Cette attaque est la première du genre depuis la chute le 8 décembre du président d’alors Bachar al-Assad, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh.En mai, l’EI avait revendiqué sa première attaque contre les nouvelles forces gouvernementales syriennes, qui avaient ensuite arrêté des membres de cellules de l’EI à Alep dans le nord et près de Damas.La Syrie compte une minorité chrétienne dont le nombre est passé d’environ un million avant le début du conflit en 2011 à moins de 300.000, selon des experts, en raison de l’exode et de l’émigration.Durant les près de 14 ans de guerre civile, des églises ont été endommagées et des attaques ont eu lieu près de lieux de culte chrétiens mais aucun attentat suicide n’avait frappé à l’intérieur d’une église, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.La sécurité reste l’un des plus grands défis pour les autorités syriennes, appelées par la communauté internationale à protéger les minorités et à les inclure dans le processus de transition.

Attentat à Damas: les autorités annoncent plusieurs arrestations

Les autorités syriennes ont annoncé lundi avoir arrêté six personnes “impliquées” dans l’attentat-suicide contre une église orthodoxe à Damas, qui a fait au moins 25 morts la veille.Deux autres personnes “impliquées” ont été tuées, selon cette même source.Cette annonce intervient quelques heures après que le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh a promis de traduire en …

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Macron veut renforcer les liens de défense avec la Norvège

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre ont affiché lundi leur volonté de renforcer les liens entre les deux pays en matière de défense, face à la menace russe comme aux enjeux de sécurité dans le Grand Nord.La France et la Norvège sont “engagées main dans la main, en particulier pour réagir à la guerre d’agression russe en Ukraine”, a relevé le chef de l’Etat lors de la signature, à Oslo, d’un partenariat stratégique avec la Norvège.Il s’agissait de la première visite officielle d’un président français dans ce pays membre de l’Otan mais pas de l’Union européenne depuis 41 ans.Le partenariat stratégique porte sur la coopération au sein de l’Otan, le renforcement de l’interopérabilité entre les deux armées, les opérations conjointes dans le Grand Nord et le soutien à des projets industriels de défense.Il vise aussi à renforcer les coopérations en matière de nouvelles technologies et de transition énergétique et écologique. Les deux pays ont d’ailleurs aussi signé un accord sur la captage et le stockage de dioxyde de carbone.Emmanuel Macron a vanté au passage les mérites des frégates françaises, alors que la Norvège a lancé un appel d’offres pour cinq bâtiments de ce type.- “Un bon vendeur” -“Ce sont des frégates très fiables. Nous les utilisons et les distribuons à beaucoup de clients toujours dans les temps”, a-t-il lancé en pointant aussi l’intérêt “stratégique” pour les Européens de travailler ensemble dans ce domaine.”C’est un bon vendeur !”, a répliqué Jonas Gahr Støre, alors que l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis aspirent aussi à remporter le marché. Le Premier ministre britannique Keir Starmer est ainsi venu deux fois en Norvège ces derniers mois.”Nous choisirons le meilleur navire pour la Norvège, adapté aux conditions norvégiennes, au meilleur prix, et il doit venir d’un partenaire avec lequel nous pouvons collaborer étroitement”, a-t-il ajouté.Emmanuel et Brigitte Macron ont ensuite été reçus en audience par le roi Harald et son épouse Sonja, qui donneront un dîner en leur honneur.Une semaine après sa visite au Groenland, Emmanuel Macron entendait aussi souligner l’engagement de la France en matière de sécurité dans la région nordique et arctique.Le 15 juin, le président français a critiqué la volonté de Donald Trump de mettre la main sur ce territoire autonome du Danemark, et appelé à renforcer la sécurité de l’Arctique face aux ambitions chinoises et russes concernant les nouvelles routes maritimes.Mardi matin, Emmanuel Macron participera à un brief opérationnel sur les forces navales françaises présentes dans la région à bord de la frégate multimissions Normandie dans le port d’Oslo.- “Pas de légalité” -Les deux dirigeants ont aussi marqué leurs convergence de vues sur les frappes américaines contre des sites nucléaires iraniens. Elle ne reposent sur aucun “cadre de légalité” même si elle peuvent avoir une “légitimité”, a jugé Emmanuel Macron.L’attaque américaine n’est “pas conforme au droit international”, a encore insisté Jonas Gahr Støre, là où le chancelier allemand ne voit “aucune raison de critiquer” ces frappes.Emmanuel Macron estime qu'”aucune réponse strictement militaire” ne peut suffire à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, et appelle à un “retour à la voie diplomatique”.La Norvège a par ailleurs reconnu l’Etat palestinien, mais la France, qui l’envisage, n’a pas encore franchi le pas. Emmanuel Macron a dû suspendre mi-juin son initiative diplomatique pour relancer une solution à deux Etats avec le début des frappes israéliennes en Iran mais voudrait faire avancer le projet.Le président français rencontrera mardi matin les dirigeants du Fonds souverain norvégien et rendra hommage aux soldats norvégiens qui ont participé au débarquement de Normandie avant de rejoindre le sommet de l’Otan à La Haye (Pays-Bas).Les 32 pays de l’Alliance vont se pencher mardi et mercredi, sous la pression de Donald Trump et de la menace russe, sur une augmentation de leurs dépenses militaires à hauteur de 5% de leur PIB.

Macron veut renforcer les liens de défense avec la Norvège

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre ont affiché lundi leur volonté de renforcer les liens entre les deux pays en matière de défense, face à la menace russe comme aux enjeux de sécurité dans le Grand Nord.La France et la Norvège sont “engagées main dans la main, en particulier pour réagir à la guerre d’agression russe en Ukraine”, a relevé le chef de l’Etat lors de la signature, à Oslo, d’un partenariat stratégique avec la Norvège.Il s’agissait de la première visite officielle d’un président français dans ce pays membre de l’Otan mais pas de l’Union européenne depuis 41 ans.Le partenariat stratégique porte sur la coopération au sein de l’Otan, le renforcement de l’interopérabilité entre les deux armées, les opérations conjointes dans le Grand Nord et le soutien à des projets industriels de défense.Il vise aussi à renforcer les coopérations en matière de nouvelles technologies et de transition énergétique et écologique. Les deux pays ont d’ailleurs aussi signé un accord sur la captage et le stockage de dioxyde de carbone.Emmanuel Macron a vanté au passage les mérites des frégates françaises, alors que la Norvège a lancé un appel d’offres pour cinq bâtiments de ce type.- “Un bon vendeur” -“Ce sont des frégates très fiables. Nous les utilisons et les distribuons à beaucoup de clients toujours dans les temps”, a-t-il lancé en pointant aussi l’intérêt “stratégique” pour les Européens de travailler ensemble dans ce domaine.”C’est un bon vendeur !”, a répliqué Jonas Gahr Støre, alors que l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis aspirent aussi à remporter le marché. Le Premier ministre britannique Keir Starmer est ainsi venu deux fois en Norvège ces derniers mois.”Nous choisirons le meilleur navire pour la Norvège, adapté aux conditions norvégiennes, au meilleur prix, et il doit venir d’un partenaire avec lequel nous pouvons collaborer étroitement”, a-t-il ajouté.Emmanuel et Brigitte Macron ont ensuite été reçus en audience par le roi Harald et son épouse Sonja, qui donneront un dîner en leur honneur.Une semaine après sa visite au Groenland, Emmanuel Macron entendait aussi souligner l’engagement de la France en matière de sécurité dans la région nordique et arctique.Le 15 juin, le président français a critiqué la volonté de Donald Trump de mettre la main sur ce territoire autonome du Danemark, et appelé à renforcer la sécurité de l’Arctique face aux ambitions chinoises et russes concernant les nouvelles routes maritimes.Mardi matin, Emmanuel Macron participera à un brief opérationnel sur les forces navales françaises présentes dans la région à bord de la frégate multimissions Normandie dans le port d’Oslo.- “Pas de légalité” -Les deux dirigeants ont aussi marqué leurs convergence de vues sur les frappes américaines contre des sites nucléaires iraniens. Elle ne reposent sur aucun “cadre de légalité” même si elle peuvent avoir une “légitimité”, a jugé Emmanuel Macron.L’attaque américaine n’est “pas conforme au droit international”, a encore insisté Jonas Gahr Støre, là où le chancelier allemand ne voit “aucune raison de critiquer” ces frappes.Emmanuel Macron estime qu'”aucune réponse strictement militaire” ne peut suffire à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, et appelle à un “retour à la voie diplomatique”.La Norvège a par ailleurs reconnu l’Etat palestinien, mais la France, qui l’envisage, n’a pas encore franchi le pas. Emmanuel Macron a dû suspendre mi-juin son initiative diplomatique pour relancer une solution à deux Etats avec le début des frappes israéliennes en Iran mais voudrait faire avancer le projet.Le président français rencontrera mardi matin les dirigeants du Fonds souverain norvégien et rendra hommage aux soldats norvégiens qui ont participé au débarquement de Normandie avant de rejoindre le sommet de l’Otan à La Haye (Pays-Bas).Les 32 pays de l’Alliance vont se pencher mardi et mercredi, sous la pression de Donald Trump et de la menace russe, sur une augmentation de leurs dépenses militaires à hauteur de 5% de leur PIB.

“La fin du régime est proche”, estime Reza Pahlavi, figure de l’opposition iranienne

“La fin du régime est proche” en Iran, a déclaré lundi à l’AFP le fils de l’ancien chah et une des figures de l’opposition en exil, Reza Pahlavi, en appelant les Occidentaux à ne pas entamer de nouvelles négociations avec le système religieux au pouvoir à Téhéran.”La fin du régime est proche, c’est pour nous un moment semblable à la chute du mur de Berlin”, a affirmé l’ancien prince héritier dans un entretien accordé à l’AFP à Paris.”Le régime est en train de s’effondrer. (…) Il faut faciliter ce mouvement en se tenant aux côtés (du peuple iranien), pas en lançant une nouvelle bouée de sauvetage” au pouvoir dirigé depuis 1989 par l’ayatollah Ali Khamenei, a-t-il lancé à l’adresse de l’Europe et des Etats-Unis, en référence à d’éventuelles négociations avec Téhéran. “Je ne peux pas imaginer qu’un régime aussi sévèrement diminué et concrètement humilié soit d’humeur à négocier de nouveau”, a ajouté l’ancien prince héritier, aujourd’hui âgé de 64 ans, qui vit en exil aux Etats-Unis.Ces déclarations interviennent quelques heures après qu’un porte-parole de la Maison Blanche a affirmé que Donald Trump était “toujours intéressé” par une issue diplomatique avec l’Iran. Le président américain avait évoqué la veille un possible “changement de régime” à Téhéran.Israël mène depuis le 13 juin des frappes aériennes contre l’Iran en vue de dégrader ses programmes nucléaires et balistiques. L’Iran riposte avec des salves de missiles et de drones, qui ont atteint des zones urbaines en Israël.Les Etats-Unis ont, quant à eux, lancé dimanche des frappes sans précédent contre le site souterrain d’enrichissement d’uranium à Fordo et les installations nucléaires à Ispahan et Natanz (centre).Reza Pahlavi est partisan de longue date de renouer des liens et de reconnaître Israël, et a refusé de condamner les frappes israéliennes.- “Dans un bunker” -Israël, qui a décapité l’état-major général des forces armées iraniennes et tué une dizaine de scientifiques du nucléaire, n’a jusqu’à présent pas exclu une élimination du guide suprême iranien Ali Khamenei, dont la localisation reste incertaine. “D’après les informations dont nous disposons pour l’instant, il est encore dans un bunker quelque part et utilise malheureusement des gens comme boucliers humains,”, a affirmé Reza Pahlavi, ajoutant avoir “reçu des rapports crédibles concernant des préparatifs de sortie (d’Iran) de nombreux hauts responsables, y compris des membres de sa propre famille”. Selon lui, certains membres des forces de sécurité iraniennes seraient prêts à changer de camp. “Ils commencent à communiquer avec nous depuis l’armée, les appareils de renseignement… Les gens verront cela de manière plus tangible dans les jours et semaines à venir”, a-t-il assuré.S’il dit depuis longtemps ne pas revendiquer le trône iranien, Reza Pahlavi a réaffirmé sa volonté de “mener cette transition nationale” vers une nouvelle ère en Iran, en cas de chute de la République islamique proclamée en 1979 par l’ayatollah Khomeiny qui avait renversé son père, le chah Mohammad Reza Pahlavi.- “Référendum national” -M. Pahlavi prône un nouveau système avec comme principes fondamentaux l’intégrité territoriale, les libertés individuelles et la séparation de la religion et de l’État. “La forme définitive de cette future démocratie que nous recherchons sera celle décidée par le peuple iranien dans un référendum national”, a déclaré cette figure d’un des nombreux courants d’opposition au pouvoir iranien, connus pour leurs querelles intestines.Interrogé par l’AFP sur un possible rôle de président, voire de roi, pour mener à bien un tel processus, il a répondu: “J’interviens pour mener cette transition. Je ne crois pas avoir besoin d’un titre pour jouer ce rôle. L’important est d’être quelqu’un qui puisse galvaniser une nation.”Aucune rencontre officielle n’est prévue durant son séjour en France, dont le président Emmanuel Macron a estimé que “chercher par la voie militaire à faire un changement de régime” conduirait au “chaos”.Mais M. Pahlavi affirme être en contact avec des officiels occidentaux: “des membres de mon équipe ont été en contact à différents niveaux avec des interlocuteurs de haut niveau en Europe et aux États-Unis”.

“La fin du régime est proche”, estime Reza Pahlavi, figure de l’opposition iranienne

“La fin du régime est proche” en Iran, a déclaré lundi à l’AFP le fils de l’ancien chah et une des figures de l’opposition en exil, Reza Pahlavi, en appelant les Occidentaux à ne pas entamer de nouvelles négociations avec le système religieux au pouvoir à Téhéran.”La fin du régime est proche, c’est pour nous …

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“Jusqu’au dernier”: au Japon, des chercheurs d’os sur les traces des morts de la Seconde Guerre mondiale

Enchaînant les pas dans la boue de la jungle humide de l’île d’Okinawa, dans le sud du Japon, Takamatsu Gushiken atteint une pente où des restes humains, oubliés depuis la Seconde Guerre mondiale, reposent encore.L’homme de 72 ans prononce une courte prière avant de soulever une couverture. Dessous apparaissent des os, à moitié enterrés, ceux, croit-il, d’un jeune soldat japonais.”Ces dépouilles ont le droit d’être rendues à leur famille”, déclare Gushiken, un homme d’affaires qui cherche bénévolement les morts de la guerre depuis plus de 40 ans.Sur l’île ensoleillée d’Okinawa, ce lundi marque les 80 ans de la bataille éponyme, une campagne militaire surnommée “typhon d’acier”, qui a fait quelque 200.000 morts en trois mois, dont près de la moitié était des civils.Depuis, le Japon et les Etats-Unis sont devenus alliés, et les estimations officielles indiquent qu’il ne resterait que 2.600 corps à retrouver.Mais pour les habitants et les vétérans comme Gushiken, ils seraient bien plus nombreux, enfouis sous des bâtiments, dans des champs ou cachés dans les forêts et les grottes.Les terres du sud d’Okinawa, lieu des combats les plus sanglants, sont désormais des carrières exploitées pour construire les fondations d’une nouvelle base aérienne américaine dans le nord de l’île.Un projet qui suscite la colère de M. Gushiken et d’autres résidents, qui y voient une profanation des restes de victimes de la guerre, probablement tuées par les forces américaines.- Squelette entier -Okinawa est aujourd’hui une destination balnéaire prisée, mais sa jungle luxuriante porte encore les cicatrices des combats de mars à juin 1945, lorsque l’armée américaine a débarqué pour lancer ses ultimes assauts contre le Japon impérial.En arpentant les sentiers sinueux de la forêt de la ville d’Itoman, à l’extrémité sud d’Okinawa, M. Gushiken imagine où il se serait caché en tant que civil ou soldat pendant les attaques, ou encore où il aurait cherché s’il avait été un soldat américain.Après avoir gravi un sentier étroit parsemé de rochers couverts de mousse, il atteint une faille entre deux énormes blocs de pierre, assez grande pour abriter deux ou trois personnes.Il fouille alors délicatement la terre, jonchée de fragments d’os, de boutons d’uniformes japonais, d’un couvercle rouillé et d’un morceau de masque à gaz.Non loin de là, en avril, il a découvert, avec un collègue un squelette entier, sans doute celui d’un soldat mort d’une blessure au visage causée par une explosion. Tout près, des os reposaient dans un tapis de feuilles, de branches et de lianes.”Tous ces gens ici… leurs derniers mots étaient +Maman, Maman+”, raconte-t-il, estimant que la société a le devoir de ramener les dépouilles dans les tombes familiales.Le chercheur d’os avait pris part à sa toute première mission à l’âge de 28 ans, alors qu’il était chef scout. Il se souvient avoir été bouleversé par le nombre de corps disséminés sur ce territoire immense.Sur le moment, M. Gushiken avait pensé ne jamais pouvoir y retourner. Mais avec le temps, il a estimé qu’il devait réunir les familles dans la mort.- “Jusqu’au dernier” -A la fin de la guerre, les survivants d’Okinawa, longtemps détenus par les forces américaines, sont revenus dans leurs villages détruits.Alors qu’ils tentaient désespérément de reconstruire leur vie, ils ont enterré les corps dans des fosses communes ou individuellement, souvent sans pouvoir les identifier.”Ils ont vu leurs quartiers entièrement réduits en cendres. Personne ne reconnaissait plus sa maison. Des corps pendaient aux branches des arbres”, témoigne Mitsuru Matsukawa, 72 ans, membre d’une fondation qui aide à gérer le parc commémoratif pour la paix d’Okinawa, où se trouve un cimetière national pour les morts de guerre.Des jeunes participent désormais à ces recherches, comme Wataru Ishiyama, étudiant en histoire à Kyoto, qui se rend régulièrement à Okinawa.Agé de 22 ans, il est membre de la Japan Youth Memorial Association, une organisation dédiée à la recherche des dépouilles de soldats japonais.”Ces personnes sont restées pendant des décennies dans l’obscurité, dans des lieux reculés. Je veux les ramener à leur famille… jusqu’au dernier”, affirme-t-il.Son engagement a éveillé chez lui un intérêt pour les questions de “défense nationale et de sécurité” dans le Japon contemporain, envisageant même une carrière liée à l’armée.Pendant ce temps, la nouvelle base aérienne américaine est en cours de construction sur un terrain partiellement gagné sur la mer, dans le nord d’Okinawa, à partir de matériaux extraits dans le sud de l’île.”C’est un sacrilège envers les morts de la guerre que de jeter à la mer une terre imprégnée de leur sang pour y construire une nouvelle base militaire”, dénonce Takamatsu Gushiken.Selon lui, les zones forestières susceptibles de contenir encore des restes humains devraient être protégées comme sites historiques et lieux de mémoire.”Nous appartenons désormais à une génération où de moins en moins de gens se souviennent de la bataille d’Okinawa”, dit-il.”Bientôt, il ne restera plus que les os, les champs et quelques objets retrouvés pour transmettre cette mémoire.”