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En Equateur, les producteurs de cacao se frottent les mains

L’envol des prix du cacao sur le marché international profite aux producteurs équatoriens qui avaient misé sur la fève plutôt que sur la banane, dont le pays est le premier exportateur mondial, les revenus générés dépassant même ceux de l’exploitation minière.Sur la côte pacifique de l’Equateur, la vie a changé pour les agriculteurs qui avaient parié sur la culture de cacaoyers.Autrefois, le prix du cacao “était très bas et on avait juste assez (d’argent) pour entretenir la ferme”, mais aujourd’hui “j’envisage de faire des économies, de décrocher un crédit et d’acheter un autre terrain” pour étendre les cultures, s’enthousiasme Cergio Lema, 50 ans, interrogé par l’AFP.Dans sa ferme située à Milagro, près de Guayaquil (sud-ouest), les fèves de cacao sont séchées sur le sol puis conditionnées dans des sacs pour l’exportation.Le quintal (100 kilos) vendu à un grossiste lui rapporte aujourd’hui 350 dollars, contre une centaine avant l’envol des cours en raison des sécheresses et des ravages de parasites sur les plantations de Côte d’Ivoire et du Ghana, les principaux producteurs mondiaux.La tonne de cacao est cotée à 9.000 dollars sur le marché international. En octobre 2024, elle a atteint un plus haut à 12.000 dollars.- Arriba – L’augmentation des prix depuis fin 2023 profite à la balance commerciale de l’Equateur, dont l’économie dépend largement de l’exploitation des ressources naturelles.En 2024, le cacao équatorien a généré 3,6 milliards de dollars de revenus, soit 600 millions de plus que l’exploitation minière.Entre septembre et mars, les exportations de cacao (2,9 milliards de dollars) ont même dépassé en valeur le secteur de la banane, une première en soixante ans, selon la Banque centrale. La banane a ensuite relevé la tête, mais le cacao la suit de près.L’Equateur est le principal exportateur de cacao dit “fin et aromatique”, très prisé en cuisine. La variété Arriba, une des plus reconnues et appréciées à travers le monde, est originaire de ce pays sud-américain. Son goût raffiné aux notes fleuries de jasmin, de violette ou de lavande présente une teneur en amertume modérée pour plus de finesse et de subtilité.En Equateur, 90% de la production de cacao est issue d’une variété génétique, le CCN-51, un clone créé dans les années 80 pour résister aux ravageurs.”La prospérité actuelle n’est pas une coïncidence, nous récoltons les fruits de nombreuses années d’investissement privé et de recherche dans une variété résistante”, affirme Ivan Ontaneda, président de l’Association nationale des exportateurs et industriels de cacao de l’Equateur (Anecacao).- Extorsion et déforestation – Benjamin Rosales, administrateur d’une exploitation de 100 hectares de cacao, se réjouit de prix “compétitifs” qui lui permettent “d’investir”.Marco Vasquez, 42 ans, a lui modernisé sa ferme dans la province de Los Rios, dans le sud-ouest du pays. “Avec les prix d’avant, il n’était pas possible d’investir”, dit-il. Là, j’ai racheté des semences, j’ai construit un petit pont pour traverser l’estuaire qui inondait auparavant les plantations”.Anecacao estime qu’environ 400.000 producteurs et exportateurs ont bénéficié de la hausse des prix. Mais, revers de la médaille, ils sont désormais la cible d’extorsions dont le nombre de cas recensés a, selon le gouvernement, presque quadruplé entre 2022 et 2024.L’attrait pour la culture de cacao alimente également la déforestation, ont alerté en 2024 plusieurs ONG. La Commission européenne n’a cependant pas classé l’Equateur dans sa première liste des pays à risque pour la production de matières premières potentiellement liées à la déforestation et à la dégradation des forêts, publiée fin mai.

Retraites: Bayrou cherche un chemin, le PS dépose une motion de censure

Le Premier ministre François Bayrou qui a rencontré mardi les partenaires sociaux pour tenter de surmonter l’échec du conclave sur les retraites est désormais visé par une motion de censure des députés PS.”Vous avez pris des engagements” qui “n’ont pas été tenus”, a lancé le président du groupe PS à l’Assemblée, Boris Vallaud, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.Les socialistes reprochent à M. Bayrou de ne pas s’engager à présenter un texte qui permettrait de débattre de l’âge de départ à 64 ans.”Le but du travail que je me suis fixé c’est qu'(…) on trouve ce chemin” vers “un texte qui pourrait être examiné par la représentation nationale”, a répondu François Bayrou.Juste avant ce face-à-face dans l’hémicycle, il a reçu à Matignon les trois syndicats participant au conclave (CDFT, CFTC et CFE-CGC), puis le président du Medef, Patrick Martin, et enfin le patron de la CPME, Amir Reza-Tofighi.Le Premier ministre a décidé de lancer ces rendez-vous après l’échec lundi soir du conclave, qui est aussi un revers pour la méthode de dialogue social qu’il prônait.”Je ne peux pas accepter sans réagir qu’on se satisfasse d’échouer si près du but”, a-t-il expliqué mardi matin. – Liste de désaccords -Il a reçu le soutien du président Emmanuel Macron, qui depuis Oslo a “encouragé ardemment” les partenaires sociaux “à savoir aller au-delà des désaccords qui persistent et à trouver ensemble une solution qui soit bonne pour le pays”. Selon les déclarations des partenaires sociaux à leur sortie de Matignon, le Premier ministre leur a notamment demandé pendant le rendez-vous de lui adresser leurs points de blocage dans leurs discussions.”L’idée est qu’il n’y ait pas de nouvelle séance de négociation, charge au Premier ministre de prendre acte et de décider d’ici la fin de la semaine ce qu’il fait de ce qui est aujourd’hui sur la table”, a déclaré Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, à la sortie.Du côté du Medef, son président Patrick Martin s’est dit “tout à fait d’accord pour transmettre” au Premier ministre la liste des désaccords qui demeurent, “dans l’esprit d’aboutir” à un accord, mais “sans que cela se traduise par une augmentation des cotisations des salariés ou des entreprises”.FO et la CGT, qui étaient sorties très rapidement des discussions, n’ont pas été invitées à Matignon mardi, malgré la demande de la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet.Les partenaires sociaux n’ont pas réussi à trouver lundi soir un accord permettant d’aménager la réforme Borne pour la rendre moins impopulaire, et remettre le système des retraites à l’équilibre en 2030, alors qu’un déficit de 6,6 milliards d’euros est aujourd’hui prévu pour cette échéance.Les partenaires sociaux, proches d’un consensus sur les mesures en faveur des femmes ayant eu des enfants, s’opposent sur la prise en compte de la pénibilité. Le Medef refuse la proposition de la CFDT, soutenue par les deux autres syndicats, d’un système à points qui permette de comptabiliser les heures de travail pénible d’un point de vue physique (port de charge, postures physiques, vibrations mécaniques) et d’obtenir une possibilité de départ anticipé.- Sous-indexation -Il propose à la place d’avancer d’un an ou deux selon les cas les départs en retraite des personnes en invalidité ou reconnues inaptes au travail. Le patron de la CPME, Amir Reza-Tofighi, a exhorté mardi soir à trouver un accord sur cette question: “il faut vraiment que ce soit autour de la pénibilité qu’on puisse trouver” une “voie de passage”, a-t-il déclaré, après sa rencontre avec François Bayrou.Les partenaires sociaux se déchirent également sur le financement des mesures qui seraient adoptées. Ils sont d’accord pour que les retraités assument une très large part du coût du retour à l’équilibre, via une sous-indexation des retraites. Mais les syndicats reprochent au Medef de refuser toute participation des entreprises à ce retour à l’équilibre, en s’opposant par exemple à toute augmentation de cotisations sociales, qu’elles soient patronales ou salariales. Et les deux parties sont en désaccord sur l’ampleur du resserrement à apporter au dispositif des carrières longues, le Medef souhaitant un très gros tour de vis aux dépens des salariés, quand les syndicats n’acceptent qu’une refonte plus limitée. Le conclave était le fruit d’un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement lors du vote du budget 2025. Et le Premier ministre s’était engagé à en présenter les conclusions devant le Parlement. La possibilité de revenir sur le départ à la retraite à 64 ans avait été vite balayée. Cette mesure phare, et impopulaire, de la réforme Borne de 2023 sera donc toujours en vigueur pour les salariés nés à partir du 1er janvier 1968.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, patron des Républicains, a estimé mardi que “la plus grande réussite” du conclave serait que l’on confie la gestion des retraites aux partenaires sociaux.Avant les socialistes, La France insoumise avait très vite appelé lundi soir les autres groupes de gauche à se joindre à une motion de censure contre le gouvernement. Mais en l’absence des voix du Rassemblement national qui a prévenu qu’il ne s’y associerait pas, le gouvernement semble assuré de se maintenir. Avant d’affronter les débats budgétaires encore plus périlleux, cet été et à l’automne.are-bat-lby-fcz/ak/cbn

Taux de la Fed: Powell temporise, Trump s’acharne

Le président de la banque centrale des États-Unis (Fed) Jerome Powell a répété mardi qu’il ne voyait “pas d’urgence” à baisser les taux d’intérêt, à contre-courant d’autres membres de l’institution et surtout de Donald Trump.”Pour l’instant, nous sommes bien placés pour attendre d’en savoir plus sur l’évolution probable de l’économie avant d’envisager tout ajustement de notre politique”, a déclaré M. Powell au début d’une audition devant la Commission financière de la Chambre des représentants à Washington.”Je ne pense pas que nous avons besoin de nous presser [de bouger les taux] parce que l’économie est toujours solide”, a-t-il dit un peu plus tard. Le patron de la Fed fait face depuis des mois à un feu nourri de critiques de la part de M. Trump. Le président américain lui reproche de conduire une politique monétaire trop restrictive.Quelques heures avant l’audition de mardi, M. Trump a qualifié M. Powell de “bête” et “têtu”. Les États-Unis vont payer “pour son incompétence pendant bien des années”, a jugé le chef de l’État.”Pas d’inflation, une superbe économie. Nous devrions être au moins deux ou trois points [de pourcentage] plus bas” en matière de taux directeurs, a également affirmé le président Trump sur sa plateforme Truth Social.Il a appelé le Conseil des gouverneurs de la Fed à “agir” contre M. Powell. Vendredi dernier, il avait suggéré aux autres banquiers centraux américains de le renverser.Les taux directeurs de la Fed — qui guident les coûts d’emprunt des particuliers et des entreprises — sont compris entre 4,25% et 4,50% depuis décembre.M. Powell, dont le mandat court jusqu’au printemps 2026, avait été propulsé à la tête de la banque centrale par M. Trump lui-même pendant son premier mandat.Interrogé sur l’impact des pressions présidentielles sur son travail, M. Powell a affirmé que lui et ses collègues étaient “uniquement concentrés” sur leur mission au service des Américains.”Tout le reste relève de la distraction en quelque sorte. (…) On fait toujours ce que l’on pense juste, et on vit avec les conséquences”, a-t-il ajouté.Il a par ailleurs jugé fondamental de préserver la crédibilité de la Fed en matière de lutte contre l’inflation.- Appels à la désescalade des taux -Les banquiers centraux américains s’attendent, à divers degrés, à voir l’inflation rebondir aux Etats-Unis du fait des droits de douane mis en place par M. Trump depuis son retour au pouvoir en janvier.Selon M. Powell, l’indice d’inflation PCE pour le mois de mai, qui sera publié vendredi, devrait montrer que les prix ont augmenté de 2,3% sur un an aux Etats-Unis. Cela représenterait une accélération par rapport à avril (+2,1%).Les responsables de la Réserve fédérale (Fed) étaient tous d’accord pour laisser les taux directeurs inchangés lors de la dernière réunion de l’institution, la semaine passée.Plusieurs d’entre eux paraissent désormais pencher en faveur d’un abaissement des taux dès que possible.”Je ne pense pas que nous devrions attendre beaucoup plus”, avait affirmé le gouverneur Christopher Waller vendredi.”Si les pressions sur l’inflation restent contenues” d’ici la prochaine réunion de la Fed, les 29 et 30 juillet, “je soutiendrai une diminution des taux directeurs”, a déclaré lundi Michelle Bowman, vice-présidente de la banque centrale américaine.M. Waller est considéré comme un candidat potentiel à la succession de M. Powell. Il était devenu gouverneur de la Fed sous le premier mandat de M. Trump, à l’initiative de ce dernier.Le président américain a récemment propulsé Mme Bowman à son poste de vice-présidente chargée de la régulation, dans l’optique de lâcher la bride aux acteurs financiers.Au sein du comité de politique monétaire de la Fed, qui compte douze membres, M. Powell ne semble pas le seul à préférer attendre d’y voir plus clair avant de bouger les taux.”La politique monétaire est bien placée pour nous permettre d’attendre et de voir comment les conditions économiques évoluent”, a ainsi dit mardi le gouverneur Michael Barr, lors d’un événement organisé dans le Nebraska (centre).

Avant le sommet de l’Otan, Trump sème le doute sur la défense des alliés

Donald Trump a une nouvelle fois déconcerté ses alliés de l’Otan, en restant évasif sur son engagement à les défendre, peu avant son arrivée mardi en début de soirée au sommet de l’Alliance à La Haye, pourtant réunie pour s’engager à dépenser plus, conformément à ses exigences.L’article 5 peut “se définir de plusieurs façons”, a-t-il lancé dans l’avion le transportant vers La Haye. Cet article, pierre angulaire de l’Alliance, pose le principe de défense mutuelle: si un pays membre est attaqué, tous les autres se portent à son secours.Arrivé mardi en début de soirée, le président américain s’est rendu au palais royal de la famille régnante des Pays-Bas, où il doit participer à un dîner de gala, à l’invitation du roi Willem-Alexander. Il y passera également la nuit avant d’assister mercredi à l’unique session de travail, réduite à moins de trois heures.Les 32 pays de l’Otan vont confirmer lors de ce sommet leur engagement à consacrer au moins 5% de leur Produit intérieur brut (PIB) à leurs dépenses de sécurité d’ici 2035. Ce pourcentage a été réclamé par le président américain, faute de quoi il a menacé de ne plus défendre les “mauvais payeurs”.En répondant à cette exigence, les pays européens de l’Otan espéraient en retour un engagement ferme des Etats-Unis, conformément à l’article 5 du traité de l’Alliance.”Cinq, c’est le chiffre magique” du sommet: 5% et article 5, résumait un diplomate européen à Bruxelles peu avant ce sommet.La durée du sommet a également été resserrée au maximum pour éviter tout impair et ne pas contrarier M. Trump, dont l’humeur est parfois versatile. Mardi matin, il a ainsi laissé éclater sa colère après la rupture du cessez-le-feu entre l’Iran et Israël, qu’il avait lui-même annoncé. “Ils ne savent pas ce qu’ils foutent!”, a-t-il lancé avant de quitter Washington.Le secrétaire général de l’Alliance, Mark Rutte, espère néanmoins que la situation au Moyen-Orient ne chamboulera pas complètement la chorégraphie du sommet qu’il a déjà qualifié d'”historique”, après les menaces de désengagement américain du continent européen.”Le président américain et les dirigeants des Etats-Unis sont totalement engagés en faveur de l’Otan”, a-t-il assuré mardi. “Arrêtez de vous inquiéter !”, a-t-il lancé à l’adresse des Européens, les appelant à se concentrer sur ce “gros problème, cet énorme caillou dans la chaussure, à savoir que nous ne dépensons pas assez”.”L’Europe de la défense s’est enfin réveillée”, a assuré de son côté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, saluant “de nouveaux objectifs de dépenses historiques”.- “Bond en avant” -Les membres de l’Otan se sont mis d’accord sur un compromis: un engagement à consacrer, d’ici 2035, 3,5% aux dépenses militaires stricto sensu, et 1,5% à des dépenses de sécurité au sens large, comme la cybersécurité ou la mobilité militaire, plus facilement atteignables.Même limité à 3,5%, l’effort budgétaire est considérable, plusieurs centaines de milliards d’euros, pour nombre de pays qui peinent déjà à atteindre l’objectif de 2% de dépenses militaires, fixé en 2014 lors d’un précédent sommet.Lundi, M. Rutte s’est réjoui de ce “bond en avant”, le Kremlin dénonçant le lendemain une “militarisation effrénée” de l’Alliance.Dans une tribune commune publiée lundi soir par le Financial Times, Emmanuel Macron et Friedrich Merz ont souligné que l’Europe devait se réarmer “non pas parce que quelqu’un nous le demande, mais parce que nous sommes clairvoyants et le devons à nos citoyens”. Une réunion entre le président français, le chancelier allemand et le Premier ministre britannique Keir Starmer a eu lieu mardi en début de soirée avec un objectif principal: s’assurer que l’Ukraine reste tout en haut de l’agenda du sommet, et convaincre Donald Trump de la nécessité de renforcer les sanctions contre la Russie.”La Russie rejette toutes les propositions de paix, y compris celles des États-Unis. Poutine ne pense qu’à la guerre. C’est un fait”, a lancé mardi le président ukrainien Volodymyr Zelensky devant des industriels de la défense, réunis en marge du sommet de La Haye.Donald Trump a assuré dans l’avion le conduisant aux Pays-Bas qu’il rencontrerait “probablement” son homologue ukrainien.Dans leur déclaration finale, les Alliés réaffirmeront leur soutien à Kiev, qui a déjà atteint cette année quelque 35 milliards d’euros, a assuré lundi M. Rutte.

Avant le sommet de l’Otan, Trump sème le doute sur la défense des alliés

Donald Trump a une nouvelle fois déconcerté ses alliés de l’Otan, en restant évasif sur son engagement à les défendre, peu avant son arrivée mardi en début de soirée au sommet de l’Alliance à La Haye, pourtant réunie pour s’engager à dépenser plus, conformément à ses exigences.L’article 5 peut “se définir de plusieurs façons”, a-t-il lancé dans l’avion le transportant vers La Haye. Cet article, pierre angulaire de l’Alliance, pose le principe de défense mutuelle: si un pays membre est attaqué, tous les autres se portent à son secours.Arrivé mardi en début de soirée, le président américain s’est rendu au palais royal de la famille régnante des Pays-Bas, où il doit participer à un dîner de gala, à l’invitation du roi Willem-Alexander. Il y passera également la nuit avant d’assister mercredi à l’unique session de travail, réduite à moins de trois heures.Les 32 pays de l’Otan vont confirmer lors de ce sommet leur engagement à consacrer au moins 5% de leur Produit intérieur brut (PIB) à leurs dépenses de sécurité d’ici 2035. Ce pourcentage a été réclamé par le président américain, faute de quoi il a menacé de ne plus défendre les “mauvais payeurs”.En répondant à cette exigence, les pays européens de l’Otan espéraient en retour un engagement ferme des Etats-Unis, conformément à l’article 5 du traité de l’Alliance.”Cinq, c’est le chiffre magique” du sommet: 5% et article 5, résumait un diplomate européen à Bruxelles peu avant ce sommet.La durée du sommet a également été resserrée au maximum pour éviter tout impair et ne pas contrarier M. Trump, dont l’humeur est parfois versatile. Mardi matin, il a ainsi laissé éclater sa colère après la rupture du cessez-le-feu entre l’Iran et Israël, qu’il avait lui-même annoncé. “Ils ne savent pas ce qu’ils foutent!”, a-t-il lancé avant de quitter Washington.Le secrétaire général de l’Alliance, Mark Rutte, espère néanmoins que la situation au Moyen-Orient ne chamboulera pas complètement la chorégraphie du sommet qu’il a déjà qualifié d'”historique”, après les menaces de désengagement américain du continent européen.”Le président américain et les dirigeants des Etats-Unis sont totalement engagés en faveur de l’Otan”, a-t-il assuré mardi. “Arrêtez de vous inquiéter !”, a-t-il lancé à l’adresse des Européens, les appelant à se concentrer sur ce “gros problème, cet énorme caillou dans la chaussure, à savoir que nous ne dépensons pas assez”.”L’Europe de la défense s’est enfin réveillée”, a assuré de son côté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, saluant “de nouveaux objectifs de dépenses historiques”.- “Bond en avant” -Les membres de l’Otan se sont mis d’accord sur un compromis: un engagement à consacrer, d’ici 2035, 3,5% aux dépenses militaires stricto sensu, et 1,5% à des dépenses de sécurité au sens large, comme la cybersécurité ou la mobilité militaire, plus facilement atteignables.Même limité à 3,5%, l’effort budgétaire est considérable, plusieurs centaines de milliards d’euros, pour nombre de pays qui peinent déjà à atteindre l’objectif de 2% de dépenses militaires, fixé en 2014 lors d’un précédent sommet.Lundi, M. Rutte s’est réjoui de ce “bond en avant”, le Kremlin dénonçant le lendemain une “militarisation effrénée” de l’Alliance.Dans une tribune commune publiée lundi soir par le Financial Times, Emmanuel Macron et Friedrich Merz ont souligné que l’Europe devait se réarmer “non pas parce que quelqu’un nous le demande, mais parce que nous sommes clairvoyants et le devons à nos citoyens”. Une réunion entre le président français, le chancelier allemand et le Premier ministre britannique Keir Starmer a eu lieu mardi en début de soirée avec un objectif principal: s’assurer que l’Ukraine reste tout en haut de l’agenda du sommet, et convaincre Donald Trump de la nécessité de renforcer les sanctions contre la Russie.”La Russie rejette toutes les propositions de paix, y compris celles des États-Unis. Poutine ne pense qu’à la guerre. C’est un fait”, a lancé mardi le président ukrainien Volodymyr Zelensky devant des industriels de la défense, réunis en marge du sommet de La Haye.Donald Trump a assuré dans l’avion le conduisant aux Pays-Bas qu’il rencontrerait “probablement” son homologue ukrainien.Dans leur déclaration finale, les Alliés réaffirmeront leur soutien à Kiev, qui a déjà atteint cette année quelque 35 milliards d’euros, a assuré lundi M. Rutte.

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Donald Trump a une nouvelle fois déconcerté ses alliés de l’Otan, en restant évasif sur son engagement à les défendre, peu avant son arrivée mardi en début de soirée au sommet de l’Alliance à La Haye, pourtant réunie pour s’engager à dépenser plus, conformément à ses exigences.L’article 5 peut “se définir de plusieurs façons”, a-t-il …

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En Chine, des GPS humains pour naviguer dans le labyrinthe hospitalier

Dans un hôpital bondé de Pékin, Tian Yigui, 83 ans, remet des documents médicaux de son épouse à une accompagnatrice professionnelle, chargée de les guider à travers les méandres d’un système hospitalier chinois parfois labyrinthique.Les cabinets médicaux privés sont rares en Chine. Même pour des affections bénignes, l’écrasante majorité des Chinois se rendent donc dans …

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En Chine, des GPS humains pour naviguer dans le labyrinthe hospitalier

Dans un hôpital bondé de Pékin, Tian Yigui, 83 ans, remet des documents médicaux de son épouse à une accompagnatrice professionnelle, chargée de les guider à travers les méandres d’un système hospitalier chinois parfois labyrinthique.Les cabinets médicaux privés sont rares en Chine. Même pour des affections bénignes, l’écrasante majorité des Chinois se rendent donc dans les hôpitaux, où travaillent les docteurs.La qualité inégale des établissements et du personnel de santé pousse les patients, notamment de zones rurales, vers les meilleurs établissements des grandes villes. Mais immenses, très fréquentés et bruyants, ils sont souvent épuisants.Cette situation a donné naissance au métier d'”accompagnateur médical”, en plein essor en Chine où le secteur des services à la demande, réservables en ligne, est bien plus développé qu’en Occident.”Les hôpitaux pékinois sont d’une grande complexité”, déclare Tian Yigui, l’homme de 83 ans.”Il faut sans cesse monter et descendre les étages, attendre les ascenseurs, faire la queue… C’est exténuant”, souligne-t-il. Comme dans les autres hôpitaux, les patients font face à de longues files d’attente, de multiples formalités d’admission et plusieurs paiements à effectuer.Documents en main, Meng Jia, l’accompagnatrice de M. Tian et de son épouse Gao Yingmin, enchaîne les démarches avec dextérité avant de les rejoindre en salle de consultation.Elle se rend ensuite avec le mari au guichet de paiement, puis explique au couple comment retirer les médicaments prescrits par le médecin. – “Ça nous rassure” -Quatre heures d’accompagnement coûtent généralement aux alentours de 300 yuans (36 euros).Un investissement justifié pour Mme Gao, 78 ans, suivie pour des complications après une opération à la gorge.”C’est pratique, efficace et ça nous rassure”, déclare-t-elle, parlant avec difficulté en raison de sa canule respiratoire.”On n’a plus à s’en faire” car “ils font tout à notre place”, souligne-t-elle.L’offre d’accompagnateurs médicaux est pléthorique sur internet.Agée de 39 ans, Meng Jia explique qu’elle n’avait aucune formation dans le secteur médical avant de s’inscrire à une formation d’une semaine dispensée par Chengyi Santé, une plateforme en ligne qui met en relation patients et accompagnateurs.Son fondateur, Li Gang, un ancien anesthésiste, souligne que les grands hôpitaux peuvent compter plus de 50 services et que de nombreuses personnes “ne savent pas comment aller consulter”.Si certaines futures mamans font appel à ses services, l’essentiel de ses clients ont 60 ans ou plus.En formation pour devenir accompagnateur médical, Tao Yuan, 24 ans, dit avoir quitté son emploi dans une entreprise de l’internet pour un métier “qui a davantage de valeur que l’argent”.La politique de l’enfant unique, jusqu’en 2015, a condamné nombre de Chinois, notamment ceux âgés aujourd’hui de 30 à 40 ans, à n’avoir ni frères ni soeurs. Ils sont donc contraints de s’occuper seuls de leurs parents vieillissants.- Demande croissante -Il y a ainsi “un véritable besoin” de service d’accompagnement, souligne Tao Yuan.Le système de santé peine à résorber les disparités régionales et l’accès inégal aux soins.”C’est un problème structurel récurrent”, indique Wang Feng, expert en démographie chinoise à l’Université de Californie à Irvine.Les actifs n’ont souvent pas le temps d’emmener leurs parents à l’hôpital.La Chine va donc “avoir une demande croissante (…) en soins à la personne” avec la proportion grandissante de seniors dans sa population, explique Wang Feng.Pour relancer la consommation, les autorités misent beaucoup sur l’économie dite “des cheveux gris”, ces produits et services destinés aux seniors.Le secteur représentait l’an passé 7.000 milliards de yuans (847 milliards d’euros), selon l’Association chinoise pour le bien-être social et les services aux personnes âgées.Un accompagnant qui travaille en indépendant, Xiao Shu (pseudonyme), 36 ans, dit gagner environ 10.000 yuans (1.200 euros) par mois – un salaire moyen à Pékin.Mais il souligne les limites du service.Xiao Shu a ainsi refusé d’accompagner un homme de près de 90 ans à une consultation post-opératoire, considérant la mission trop risquée au vu de l’état du patient.”Qui aurait été responsable en cas de problème?”, souligne-t-il.