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Vers un “nouvel âge d’or”: à Tokyo, Trump conquis par la nouvelle Première ministre Takaichi

Promesse d’un “nouvel âge d’or”, accord sur les terres rares et échanges très chaleureux: la Première ministre japonaise Sanae Takaichi a soigné mardi sa première rencontre avec Donald Trump, lequel l’a assurée que Washington était le plus solide des alliés de Tokyo.Le Japon est la deuxième étape de la tournée du président américain en Asie, après la Malaisie et avant la Corée du Sud, où aura lieu jeudi sa rencontre la plus attendue du voyage, avec son homologue chinois Xi Jinping, censée sceller un compromis commercial entre les deux puissances.Un test diplomatique à forts enjeux pour Sanae Takaichi, première femme à gouverner le Japon.En poste depuis seulement une semaine, elle dispose d’un atout dans son jeu: sa proximité avec l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe, son mentor, assassiné en 2022… et dont Donald Trump lui-même était devenu proche pendant son premier mandat. La dirigeante japonaise a remercié mardi Donald Trump pour son “amitié durable” avec Shinzo Abe. “J’ai été très impressionnée et inspirée par vous”, a-t-elle aussi lancé à M. Trump.Mme Takaichi a également indiqué vouloir ouvrir “un nouvel âge d’or” des relations nippo-américaines, alors que Tokyo fait face à la montée en puissance militaire de son voisin chinois — et qu’il subit les surtaxes douanières de Washington.”Je tiens à vous assurer que ce sera une relation privilégiée. Sachez que (…) si vous avez besoin de quoi que ce soit, si je peux aider, nous serons là. Nous sommes un allié au plus haut niveau”, l’a rassuré M. Trump en début d’entretien.Selon une déclaration des deux dirigeants, Tokyo et Washington “feront de nouveaux pas vers un nouvel âge d’or” de leur alliance “toujours plus grande”.Selon la Maison Blanche, Mme Takaichi a par ailleurs indiqué son intention de recommander le dirigeant américain pour le prix Nobel de la Paix –devenu une obsession pour M. Trump.- Dépenses militaires -Signe de proximité, les deux pays ont signé mardi un accord-cadre pour “sécuriser” leurs approvisionnements de terres rares et minéraux critiques, via une étroite coopération et des soutiens financiers.Et ce peu après que Pékin a adopté des restrictions drastiques sur ses exportations de ces matériaux essentiels pour les industries de pointe et sur lesquels la Chine exerce un quasi-monopole.En matière de défense, M. Trump, adepte du donnant-donnant, exige que les alliés des Etats-Unis musclent leurs dépenses militaires pour continuer à bénéficier de la protection américaine –et en particulier le Japon, où quelque 60.000 militaires américains sont stationnés.M. Trump rendra d’ailleurs visite mardi à certains à bord du porte-avions USS George Washington, au large de Tokyo.Soucieuse de ménager Washington, Sanae Takaichi avait annoncé vendredi que le Japon porterait à 2% du PIB son budget de défense dès l’exercice fiscal actuel, avec deux ans d’avance.Egalement pour mettre le milliardaire de 79 ans dans les meilleures dispositions, son hôte lui a offert des clubs de golf ayant appartenu à Shinzo Abe et des balles de golf plaquées or.Tokyo pourrait aussi dévoiler l’achat d’une centaine de pick-up Ford F-150, dans un geste de bonne volonté commerciale.Pour sa part, Donald Trump a rencontré mardi des familles de Japonais enlevés par la Corée du Nord, un sujet extrêmement sensible dans l’archipel.- Automobile -Le commerce domine également cette rencontre.Le Japon et les Etats-Unis ont déjà trouvé cet été un compromis commercial, mais certains points restent en suspens.Washington a abaissé mi-septembre à 15% les droits de douane totaux sur les automobiles japonaises, jugés encore trop élevés par les constructeurs. Le secteur est crucial pour les exportations et l’économie nippones. Autre sujet de discussion: la forme que prendront les 550 milliards de dollars d’investissements nippons sur le sol américain, prévus dans l’accord conclu en juillet. A rebours de propos de M. Trump, Tokyo avait estimé que seuls 1 à 2% du montant seraient des investissements directs réels, le reste étant constitué de prêts et garanties de prêts.Selon la télévision NHK, Tokyo et Washington devaient aussi signer un protocole d’accord sur la construction navale, secteur où les Etats-Unis entendent rattraper leur retard.Après Tokyo, Donald Trump se rend  mercredi en Corée du Sud, où il rencontrera jeudi Xi Jinping, en marge d’un sommet des pays de l’Asie Pacifique (Apec). Un entretien où est attendue la conclusion d’une trêve dans la guerre commerciale que se livrent Pékin et Washington à coups de droits de douane et de restrictions diverses.

Le très puissant ouragan Melissa s’apprête à frapper la Jamaïque

Des fortes pluies et des vents violents secouent lundi la Jamaïque à l’approche de l’ouragan Melissa, qui pourrait être le plus violent à toucher terre dans le pays caribéen sur lequel il menace d’entraîner inondations et glissements de terrain catastrophiques.Avec des vents allant jusqu’à 280 kilomètres par heure, l’ouragan Melissa figure en catégorie 5, la maximale sur l’échelle de Saffir-Simpson, et devrait frapper l’île de plein fouet tôt mardi.”Ne sortez pas dehors”, insiste le centre américain des ouragans (NHC).S’il ne perd pas en intensité, il s’agira du plus puissant ouragan à toucher terre en Jamaïque depuis le début des suivis météorologiques.Le Premier ministre Andrew Holness a alerté sur des risques de dégâts particulièrement importants dans l’ouest du pays. “Je ne pense pas qu’une seule infrastructure de cette région puisse résister à un ouragan de catégorie 5, donc il pourrait y avoir d’importantes destructions”, a-t-il déclaré sur CNN, appelant les habitants “à monter sur les hauteurs, à protéger vos biens et votre famille”, et surtout à évacuer les zones les plus à risques.- Refus d’évacuer -Mais de leur propre aveu, de nombreux habitants ont refusé de suivre les consignes des autorités. “Je ne veux tout simplement pas partir”, explique Jennifer Ramdial, une pêcheuse, rencontrée lundi par l’AFP à Port-Royal, petite bourgade côtière sur une langue de terre près de la capitale Kingston. “Même s’il était de catégorie 6, je ne bougerais pas”, abonde Roy Brown, un plombier-carreleur, bien que l’échelle de Saffir-Simpson s’arrête à la catégorie 5.Selon lui, nombre de personnes ont refusé de fuir la localité en raison de mauvaises expériences passées dans les abris anti-ouragans proposés par les autorités. A Saint-Thomas, dans l’est, une soixantaine de personnes étaient néanmoins réfugiées dans l’école primaire, a constaté l’AFP.Selon le Premier ministre, 881 abris sont ouverts aux 2,8 millions d’habitants de l’île.Evoluant depuis plusieurs jours dans les Caraïbes, l’ouragan a déjà fait au moins quatre morts en Haïti et en République dominicaine.En Jamaïque, Melissa va provoquer mardi une submersion côtière, pouvant atteindre quatre mètres, menaçant d’inondations le littoral sud du pays, ainsi que des précipitations torrentielles dans les terres, a prévenu Michael Brennan, le directeur du NHC.”Tout le monde en Jamaïque doit être désormais dans un endroit sûr afin d’y rester le temps que la tempête passe demain”, a-t-il prévenu lundi soir.La pluie est déjà là, comme des rafales de vent, et “ça s’aggrave d’heure en heure”, a précisé lundi soir à l’AFP Esther Pinnock, chargée de communication à la Croix-Rouge pour la Jamaïque.- Changement climatique -L’inquiétude est d’autant plus grande que l’ouragan Melissa évolue à une vitesse très basse, de quatre kilomètres par heure. Les pluies torrentielles et vents puissants pourraient donc s’éterniser sur les localités affectées.Et, souligne Esther Pinnock de la Croix-Rouge, les sols sont déjà lourds, gorgés d’eau après des pluies des semaines précédentes, aggravant les risques de glissements de terrain.Pour le climatologue Daniel Gliford, le changement climatique aggrave par ailleurs “tous les aspects les plus néfastes de l’ouragan Melissa”.”Il entraîne des précipitations et des submersions côtières plus importantes et avec des intensités plus fortes que ce qui aurait été observé dans un monde sans changement climatique”, insiste l’expert auprès de l’AFP.Le dernier ouragan majeur à avoir touché terre en Jamaïque était l’ouragan Gilbert de septembre 1988, tuant 40 personnes et faisant d’énormes dégâts dans le pays.A l’approche de l’arrivée de l’ouragan Melissa, les autorités jamaïcaines ont fermé les ports ainsi que l’aéroport international qui dessert la capitale.Melissa devrait ensuite, mercredi, toucher tôt Cuba, où les autorités ont commencé à fermer des écoles et à évacuer des habitants, alors que le manque d’électricité empêche la bonne diffusion des messages d’alerte des autorités.Continuant sa route vers le nord, l’ouragan pourrait après toucher le sud des Bahamas et l’archipel des îles Turques-et-Caïques, un territoire britannique.burs-cha-ube/aem

Droits de douane: Trump rejette la main tendue du Canada

Arcbouté sur une nouvelle hausse des droits de douane pour les produits de son voisin, Donald Trump a refusé lundi toute rencontre avec le Premier ministre canadien Mark Carney, sur fond de brouille autour d’une publicité qu’il a qualifiée d'”acte hostile”.”Nous sommes prêts à nous asseoir à la table des négociations (…) lorsque les Etats-Unis seront prêts à s’y asseoir”, a tenté M. Carney devant les journalistes, en marge du sommet de l’Asean (Association des Nations d’Asie du sud-est), en Malaisie.Mais une telle perspective semblait bien improbable à court terme. Le dirigeant canadien a indiqué n’avoir eu aucun contact avec le milliardaire américain à Kuala Lumpur, où ils se trouvaient tous les deux lundi. Et ce dernier s’est montré inflexible sur une entrevue au sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec), mercredi en Corée du Sud.”Je ne veux pas le rencontrer. Je ne vais pas le rencontrer avant longtemps”, a-t-il indiqué à la presse. “L’un des pays les plus difficiles à gérer, c’est le Canada, même si j’aime le Canada lui-même et le peuple canadien”.Il n’a donné aucune information sur la date d’entrée en vigueur de ces 10% additionnels.Donald Trump, qui a rompu les négociations commerciales avec son voisin, avait annoncé samedi l’ajout de 10% supplémentaires sur les importations déjà concernées. En cause, une campagne publicitaire produite par la province canadienne de l’Ontario (centre-est), diffusée vendredi soir à l’occasion du premier match des finales du championnat nord-américain de baseball.Le spot utilisait des extraits d’un discours de Ronald Reagan, dans lequel l’ex-président américain expliquait que les “droits de douanes élevés entraînent des représailles de la part des pays étrangers et déclenchent de féroces guerres commerciales”. Une citation vérifiée par l’AFP.  Donald Trump a dénoncé une “grave déformation des faits”, un “acte hostile” et un “coup tordu” du Canada sur sa plateforme Truth Social. La Fondation Ronald Reagan a pour sa part accusé la campagne sur X de “déformer” les propos de l’ex-président, utilisés “de manière sélective”. Elle a précisé examiner des “options juridiques”.Le Premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a défendu lundi cette publicité, se félicitant qu’elle ait été vue “plus d’un milliard de fois à travers le monde”. “Nous avons ouvert une conversation qui n’existait pas aux Etats-Unis”, a-t-il ajouté, multipliant ces derniers jours les entrevues dans les grands médias américains.- Une rencontre Xi-Carney mercredi -Avant la diffusion de cette publicité, une rencontre entre Mark Carney et Donald Trump était prévue au sommet de l’Apec.Ce nouvel épisode est un coup dur pour le Canada au moment où un accord commercial entre les deux pays — portant sur l’acier, l’aluminium et l’énergie — semblait pouvoir être conclu, selon le journal canadien Globe and Mail.Le président républicain a imposé, depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, des surtaxes sur les importations du monde entier, y compris ses alliés majeurs. Il a négocié — et obtenu avec un certain nombre de pays — des accords bilatéraux. En sus, il a décidé d’appliquer des droits de douane sur certains produits spécifiques (acier et aluminium, en particulier). Le Canada est le deuxième partenaire commercial des Etats-Unis et un fournisseur majeur d’acier et d’aluminium pour les entreprises américaines, notamment la construction automobile.Avant l’annonce de samedi, une partie des importations canadiennes subissaient des droits de douane maximum de 25% (10% pour l’énergie et la potasse). Mais en sont exemptées toutes les marchandises entrant dans le cadre de l’accord de libre-échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique (ACEUM).Ces surtaxes ont durement touché Ottawa, entraînant des pertes d’emploi et mettant les entreprises sous pression.S’exprimant vendredi avant de s’envoler, lui aussi, pour l’Asie, M. Carney avait jugé que les discussions bilatérales montraient des “progrès”. Mais “nous ne pouvons pas contrôler la politique commerciale des Etats-Unis”, avait-il relevé, soulignant son désir d’approfondir les échanges commerciaux avec d’autres pays.A cet égard, il a indiqué lundi avoir accepté de rencontrer le président chinois Xi Jinping lors du sommet de l’Apec, pour des discussions sur la “relation commerciale bilatérale ainsi que l’évolution du système mondial”.