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“Pas de nourriture”: après les inondations, les habitants de Sumatra face aux pénuries

Nur Apsyah a bravé la chaleur accablante pour faire la queue sous un soleil de plomb à Sumatra, région indonésienne dévastée par les inondations. Mais elle fait partie des chanceux qui ont pu obtenir une aide alimentaire, pourtant rare.Des centaines de personnes se pressaient mercredi devant un entrepôt, à l’extérieur de Sibolga, ville côtière de …

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Le Conseil de sécurité de l’ONU en visite à Damas près d’un an après la chute d’Assad

Une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU est arrivée jeudi en Syrie, pour une toute première visite dans ce pays, à quelques jours du premier anniversaire de la chute de l’ex président Bachar al-Assad, a rapporté l’agence Sana.Les quinze diplomates onusiens, arrivés par le point de passage de Jdeidet Yabus entre le Liban et …

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Trump assure que Poutine “veut mettre fin à la guerre” en Ukraine

Donald Trump a assuré mercredi que Vladimir Poutine voulait “mettre fin à la guerre” en Ukraine, au lendemain d’une “très bonne rencontre” à Moscou entre le président russe et son émissaire Steve Witkoff, qui va discuter jeudi en Floride avec le négociateur ukrainien Roustem Oumerov.Depuis deux semaines, Washington cherche à faire adopter un plan pour …

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L’économie serbe menacée par la fermeture de la seule raffinerie du pays

La mise à l’arrêt depuis mardi de la seule raffinerie de Serbie pourrait avoir des conséquences pendant plusieurs années, mettre en péril des milliers d’emplois et priver l’Etat d’importantes recettes, mettent en garde plusieurs experts interrogés par l’AFP. Depuis le 9 octobre, NIS, principale entreprise pétrolière de Serbie, est sous le coup de sanctions américaines visant …

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Inquiétude face à de nouvelles pluies prévues en Indonésie et au Sri Lanka

Des pluies attendues jeudi font craindre de nouveaux dégâts en Indonésie et au Sri Lanka, déjà durement touchés par les inondations qui ont fait plus de 1.500 morts dans quatre pays.En Indonésie, l’agence météorologique a averti que les trois provinces de Sumatra les plus touchées connaîtraient des pluies “modérées à fortes” entre jeudi et vendredi.L’agence indonésienne de gestion des catastrophes (BNPB) a actualisé jeudi soir son bilan qui atteint désormais 836 morts et 518 disparus, pour 839.000 habitants déplacés, dont 817.000 pour la seule province d’Aceh, la plus touchée.Le nombre de morts avait été annoncé au-delà de la barre des 800 mercredi soir avant d’être ramené, sans explications, à 776.Au Sri Lanka, le bilan s’établit à au moins 479 morts et plus d’1,5 million de sinistrés, soit la plus grave catastrophe naturelle subie par l’île d’Asie du Sud depuis le tsunami de 2004.Sur la grande île de Sumatra, dans l’ouest du vaste archipel indonésien, la pluie est de nouveau tombée dans la nuit de mercredi à jeudi mais jusqu’à présent à une intensité bien inférieure à celle qui a provoqué des crues soudaines et des glissements de terrain la semaine dernière.Une grande partie de l’Asie est actuellement en pleine saison de la mousson, qui provoque souvent des inondations.Mais deux systèmes météorologiques distincts ont déversé des pluies diluviennes sur l’ensemble du Sri Lanka, sur Sumatra, le nord de la Malaisie voisine et le sud de la Thaïlande la semaine dernière.Selon les experts, le changement climatique engendre des épisodes de pluie plus intenses car une atmosphère plus chaude contient davantage d’humidité, et des températures plus élevées dans les océans peuvent amplifier les tempêtes.En Indonésie, alors que les communications sont coupées dans de nombreuses régions de Sumatra et l’électricité irrégulière, des centaines de milliers d’habitants sont encore hébergés dans des abris temporaires.”Nous avons peur”, a confié Sabandi, une femme de 54 ans, réfugiée dans un abri à Pandan (Sumatra nord). “Nous craignons que si la pluie survient, les inondations reviennent”, a ajouté cette habitante qui ne porte qu’un seul nom.Traumatisée, elle a eu la vie sauve après avoir attendu sur son toit pendant deux jours, bloquée sans eau ni nourriture.”Ma maison était remplie de boue, il y en avait tellement que nous ne pouvions pas entrer”, raconte-t-elle.L’ampleur de la catastrophe à Sumatra rend les opérations de secours difficiles.À Banda Aceh, selon un journaliste de l’AFP, la file d’attente pour faire le plein dans une station-service s’étendait jeudi sur quatre kilomètres.Le gouverneur provincial a conduit un groupe de secours dans la région dévastée d’Aceh Tamiang mercredi soir, livrant 30 tonnes de produits de première nécessité, notamment de l’eau potable, du riz, des nouilles instantanées, des biscuits, des œufs et des médicaments, selon un communiqué.Dans la ville voisine de Langsa, Erni, âgée de 49 ans, a trouvé refuge avec sa famille dans une salle de prière islamique alors que sa maison a été dévastée. Mais elle reste inquiète.”Pour être honnête, nous n’arrivons pas à dormir, nous pensons constamment à ce qui se passerait si une nouvelle inondation survenait”, a-t-elle confié.- Mousson au Sri Lanka -Au Sri Lanka, l’agence météorologique a annoncé que des pluies de mousson devraient arriver à partir de jeudi après-midi sur le nord-est du pays.Les alertes aux glissements de terrain ont été renouvelées pour certaines des régions montagneuses centrales les plus touchées, et les habitants ont été priés de ne pas rentrer chez eux car les pentes saturées pourraient s’effondrer sous l’effet de nouvelles pluies.Mais jeudi, des recherches étaient en cours dans le village d’Hadabima pour retrouver les disparus. Dix-huit corps ont été extraits de six maisons détruites par des glissements de terrain, a déclaré à l’AFP un survivant, VK Muthukrishnan.Six personnes sont toujours portées disparues, a déclaré l’électricien de 42 ans. “Nous ne pouvons plus vivre ici car ce village est désormais un cimetière”, a-t-il dit.Le gouvernement a estimé mercredi à sept milliards de dollars le coût de la reconstruction, dans un pays en phase de fragile reprise depuis la grave crise économique en 2022.burs-sah-sco-ebe/pt

L’Union européenne trouve un accord sur une nouvelle génération d’OGM

Les députés européens et les Etats membres de l’UE ont scellé un accord dans la nuit de mercredi à jeudi pour autoriser des plantes issues de nouvelles techniques génomiques (NGT) dans l’agriculture au sein de l’Union.Qualifiées de “nouveaux OGM” par leurs détracteurs, ces NGT permettent de modifier le génome d’une plante mais sans introduire d’ADN étranger, contrairement aux OGM de première génération.Les semences obtenues par NGT sont donc bien des organismes génétiquement modifiés mais ne sont pas “transgéniques”.Variétés résistantes à la sécheresse ou aux maladies, moins gourmandes en pesticides, blé pauvre en gluten… Les grands syndicats agricoles soutiennent ardemment ces biotechnologies, qui inquiètent les organisations environnementales.Au Parlement, l’eurodéputée suédoise Jessica Polfjärd (PPE, droite), rapporteure de ce texte, s’est réjouie d’une “avancée majeure”.- Changement climatique -“Cette technologie permettra de cultiver des plantes résistantes au changement climatique et d’obtenir des rendements plus élevés sur des surfaces plus réduites”, a-t-elle assuré.Le centriste français Pascal Canfin a lui aussi salué une “excellente nouvelle”, avec “davantage de solutions” face aux pénuries d’eau.Le compromis scellé dans la nuit assouplit les règles actuelles pour une partie des NGT, dites de catégorie 1, qui, sous réserve d’un nombre limité de mutations, seront considérées comme équivalentes aux variétés conventionnelles.Les NGT résistantes aux herbicides ou produisant des insecticides ne seront pas autorisées sur le marché, au nom de la durabilité.Et dans l’agriculture biologique, aucune NGT ne sera autorisée.L’autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) s’était montrée favorable à l’approche de Bruxelles visant à autoriser une partie des NGT.Plus prudente, l’agence sanitaire française, l’Anses, avait quant à elle préconisé dans un avis de 2024 une évaluation “au cas par cas” des “risques sanitaires et environnementaux” avant toute mise sur le marché.Le débat sur ces biotechnologies est tendu en Europe, où cette technique “d’édition” génomique était jusqu’ici classée dans la catégorie des OGM, tous interdits à la culture, à l’exception du maïs Monsanto 810, cultivé sur de petites surfaces en Espagne et au Portugal.La simplification des règles était réclamée par la puissante organisation agricole Copa-Cogeca, comme par les grands semenciers, au nom de la compétitivité européenne face aux Etats-Unis et à la Chine, qui autorisent les NGT.Le Copa-Cogeca, qui regroupe les syndicats agricoles majoritaires, appelait à “libérer le potentiel” des NGT afin de placer “l’Europe sur un pied d’égalité avec ses principaux concurrents”. – Absence d’étiquetage – Des organisations environnementales et le secteur de l’agriculture biologique dénoncent à l’inverse une pente dangereuse, qui pourrait faire “courir des risques majeurs pour notre agriculture et notre alimentation”, avance l’ONG Pollinis.L’une de ses responsables Charlotte Labauge pointe notamment l’absence d’étiquetage dans les produits finaux, “une atteinte grave aux droits fondamentaux des consommateurs” selon elle.D’après l’accord, la présence de NGT de catégorie 1 devra figurer sur les sacs de semences achetés par les agriculteurs, mais pas dans l’étiquetage du produit final.Les débats se sont éternisés de longs mois au sein de l’Union européenne sur cette question de la traçabilité ainsi que sur les brevets dont pourront bénéficier ces NGT.Les eurodéputés et certains Etats membres redoutaient que ces brevets viennent déstabiliser le secteur agricole.Des ONG mettent aussi en garde contre une concentration de brevets onéreux aux mains de multinationales, au détriment de petits agriculteurs.Au Parlement, le socialiste français Christophe Clergeau a critiqué le compromis scellé dans la nuit. “On joue aux apprentis sorciers, on enlève aux consommateurs leur liberté de choix” et “on jette les agriculteurs dans les bras de grands groupes internationaux”, a-t-il affirmé à l’AFP.Cet accord doit désormais être approuvé une dernière fois par les Etats membres et le Parlement européen, pour entrer en vigueur.Entre la phase de test des nouvelles variétés et leur commercialisation, il faudra plusieurs années avant que des aliments produits avec des NGT arrivent dans les assiettes des Européens.

Pour les exilés syriens de retour, voir Daraya et rebâtir

Comme un fantôme dans la nuit, l’artiste Bilal Shorba, surnommé le Banksy syrien, se faufilait dans les décombres de Daraya pour peindre ses graffitis, priant pour ne pas être touché par un bombardement.De retour d’exil, l’ex-rebelle n’en revient pas. Dans cette ville de la banlieue de Damas, l’une des premières à rejoindre la contestation, quelques-uns de ses graffitis ont échappé à la destruction parmi la trentaine dessinés alors.Celui-ci par exemple, qui retrace l’évolution tragique de la “révolution syrienne”: violon à l’épaule, une femme en robe de mariée mène la danse suivie d’un soldat, d’un rebelle, d’un jihadiste armés de Kalachnikovs. Sur le mur d’une maison en ruine dans un quartier en ruine, le graffiti criblé de balles est éborgné par endroits, déchiqueté par d’autres.Mais il est toujours là. C’est “une victoire”, dit Bilal Shorba, 31 ans. “Malgré l’entrée du régime dans la région, malgré notre exil, ces simples graffitis sont restés et le régime est parti.”Daraya occupe une place particulière dans l’histoire de la révolution syrienne.C’est ici, qu’à ses prémices en mars 2011, des manifestants ont offert des fleurs aux militaires. Ici aussi que les forces gouvernementales ont perpétré en août 2012 leur pire campagne d’exécutions sommaires. Assiégée ensuite pendant des années, Daraya sera la seule ville syrienne totalement vidée.Trois ans, de 2016 à 2019, sans un seul de ses 250.000 habitants avant-guerre contraints par le pouvoir à l’exode, partis en Europe ou dans les pays voisins durant la grande vague migratoire commencée en 2015 ou bien réfugiés à Damas à sept kilomètres de là.Avec une petite valise où il avait fourré “des vêtements pour deux ou trois jours, des crayons de couleurs, un cahier de dessin et un exemplaire des Misérables” en arabe, Bilal Shorba, originaire de Damas, avait rejoint la ville en 2013 pour porter les armes aux côtés des rebelles.Il y est resté trois ans, endurant le siège implacable sous les bombardements terrestres et aériens quand pour survivre il fallait manger des herbes sauvages. Forcé, avec quelques milliers de combattants, d’évacuer Daraya vers la zone rebelle du nord-ouest de la Syrie en août 2016, il a gagné la Turquie.Il en est revenu formé à l’art des fresques murales, avec lesquelles il veut désormais “gommer” les reliques du passé et les innombrables effigies à la gloire du clan Assad.- Comment rentrer ? -Bilal Shorba est un de ces milliers d’exilés rentrés à Daraya depuis la chute de Bachar al Assad le 8 décembre 2024 et l’arrivée au pouvoir du groupe islamiste syrien Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et de son leader, le désormais président Ahmad al-Chareh.Si depuis 2019, des femmes, des enfants et ceux capables de prouver n’avoir pas de liens avec l’opposition ont été progressivement autorisés à revenir chez eux, la plupart des hommes, parmi lesquels nombre de médecins, ingénieurs, professeurs, ouvriers ou agriculteurs ont attendu la fin de la guerre.De leur exil, ils ont rapporté de nouvelles compétences, parfois de l’argent collecté auprès d’expatriés, l’expérience de la liberté et cette détermination propre aux habitants de Daraya qui furent à l’avant-garde de la révolution.Mais beaucoup attendent encore. A l’échelle nationale, entre décembre 2024 et septembre 2025, un million de réfugiés syriens étaient rentrés de l’étranger mais plus de 4,5 millions s’y trouvent toujours, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).Comment rentrer avec sa famille dans une ville où 65 % des bâtiments sont totalement détruits, 14 % endommagés, 21 % nécessitent une rénovation, selon une évaluation en avril de la Syrian American Engineers Association ? Où seuls un quart des puits fonctionnent, où par endroits les égouts débordent chaque jour ? La question ne s’est pas posée pour Hussam Lahham, exilé à Idleb depuis 2016. Parmi un des derniers à avoir quitté la ville rebelle, le jeune homme de 35 ans, moteur de la société civile qui collectait des vivres avant de rejoindre les combattants et devenir commandant, est un des premiers à être revenu. Il fallait voir Daraya et rebâtir, “pour les sacrifices consentis par Daraya pour recouvrer sa liberté, comme le reste de la Syrie”, explique-t-il.Aujourd’hui volontaire au sein de l’administration civile, il se démène pour trouver des fonds pour la réhabilitation. Il fait faire le tour de la ville.Par endroits c’est une véritable ruche, avec ouvriers sur les toits, ravalant des façades, réparant une pompe à eau ou transportant des meubles fabriqués dans la ville où les ateliers de menuiserie fleurissent comme avant la guerre.Par d’autres, ce ne sont qu’immeubles d’habitation éventrés, réseaux électriques détruits, quartiers désertés. Les infrastructures de santé ont été particulièrement touchées: les quatre hôpitaux de Daraya sont hors service.Surplombant le quartier al-Khaleej entièrement détruit, l’Hôpital national de la ville, d’une capacité de quelque 200 lits qui soignait plus d’un million d’habitants de la région, a été bombardé en 2016. Il n’en reste qu’une énorme carcasse de béton, d’où l’on peut voir sur une colline en face le palais présidentiel qu’habitait Bachar al-Assad.”Aujourd’hui, il n’y a à Daraya aucun hôpital, aucune salle d’opération” pour les cas urgents, explique Hussam Lahham.De nombreux professionnels de santé ont émigré pendant la guerre, vers l’Égypte, la Jordanie, la Turquie ou en Europe en Allemagne et la majorité ne sont pas rentrés.Seule une équipe de Médecins sans frontières assure des soins jusqu’à la fin de l’année. “Les gens seront encouragés à revenir si les soins de santé sont fournis”, assure-t-il.- “Servir son pays” – Quand il a remis les pieds à Daraya, le docteur Hussam Jamous n’a pas reconnu sa ville. “Je m’attendais à ce qu’elle soit détruite mais pas à ce point”, lâche cet otorhinolaryngologiste de 55 ans qui en était parti fin 2012 au début du siège, comme la plupart des habitants.Pendant son exil de dix ans en Jordanie, Hussam Jamous a perdu ses 30.000 patients et le droit d’exercer dans son pays d’accueil. Pas résigné, il a travaillé comme volontaire dans une association de bienfaisance puis dans un hôpital du Croissant-rouge émirati. Et en a profité pour se former à la médecine esthétique. Dès que cela lui a été possible, il est rentré, “tellement heureux de revenir, comme si je revivais à nouveau”, dit-il.Sur le mur d’entrée criblé de balles de son cabinet, dans la rue de la Révolution au centre de la ville, il a apposé une plaque portant son nom en grandes lettres: chirurgien ORL et injection de botox – une pratique devenue courante à Damas mais nouvelle à Daraya.En quelques semaines, il a reçu plusieurs centaines de patients, enfants aux amygdales enflammées, anciens détenus aux “tympans perforés ou nés cassés sous les coups”.”Comme j’ai servi mes concitoyens réfugiés en Jordanie, je continue aujourd’hui à les servir dans mon pays”, dit-il devant ses diplômes syrien et jordanien.C’est aussi l’ambition de l’équipe d’Enab Baladi, média né au début de la guerre à Daraya sous l’impulsion d’une vingtaine d’étudiants engagés dans la contestation, dont quatre sont morts dans les premières années de la guerre.Exilés en Turquie ou en Allemagne, les jeunes journalistes ont pu se perfectionner auprès de grands médias internationaux. A leur retour de l’étranger, le site, lancé comme un journal local est devenu l’un des principaux médias indépendants en Syrie.Sa rédaction, formée à l’image du pays morcelé de correspondants alaouites, chrétiens, kurdes, druzes, sunnites, n’hésite pas à traiter de sujets sensibles y compris quand ils mettent en cause les nouvelles autorités sunnites islamistes – comme les violences inter-communautaires qui ont visé la minorité druze en juillet à Soueida (sud). Devant les ruines de la maison d’où était sorti le numéro zéro, l’un des fondateurs Ammar Ziadeh, 35 ans, espère que “les médias indépendants pourront maintenir un espace de liberté” dans ce pays où les journalistes ont été muselés pendant des décennies.- Alphabétisation en arabe – Un pays où les enfants de Mohammed Nakkash pourront se sentir enfin chez eux.Omar, six ans, et Hamza, huit ans, sont nés en Turquie, où leur père, un ancien militaire, s’est réfugié après avoir fait défection en 2012 et “enterré huit amis de (ses) mains”.Dans leur pays d’accueil, les enfants ont souffert de racisme et lui a été exploité par un patron qui ne l’a jamais payé, affirme l’homme de 31 ans. “Quand le régime est tombé (…) il n’y avait aucune raison pour nous de rester là-bas.” Le retour sur la terre natale est dur. “On manque d’eau potable, d’électricité, de conditions d’hygiène décentes.”Eloignés de leur culture, les enfants ont dû tout réapprendre. “En Turquie, ils ne se mêlaient pas aux petits Turcs et depuis que nous sommes arrivés ici, ils ne sont pas rapprochés de mes parents ni de mes frères et sœurs.”Il a cru un moment qu’ils étaient autistes et les amenés consulter, avant qu’ils ne commencent à s’habituer à leur nouvel environnement et reprennent l’école.Mais là aussi, c’est difficile. Dans les 17 écoles de la ville (contre 24 avant-guerre), les équipements et surtout les professeurs de mathématiques, de sciences ou d’anglais manquent.Parmi les écoliers, beaucoup sont nés en Jordanie, en Egypte, au Liban ou en Turquie – pays d’où viennent plus de la moitié des exilés rentrés en Syrie selon l’ONU.Et les enfants nés durant l’exil turc de leurs parents “ont des difficultés en arabe qu’ils parlent sans savoir l’écrire, ce qui nous oblige à organiser des cours quasi d’alphabétisation en arabe”, explique un responsable éducatif qui a requis l’anonymat.Cahin-caha, la famille Nakkash construit sa vie à Daraya. Mohammed travaille dans la menuiserie de son père. Leur habitation est en ruines, alors ils vivent chez des proches, allant de l’un à l’autre, comme beaucoup ici.Alors que la population commence à revenir – environ 200.000 selon les autorités locales – “nous recevons chaque jour des habitants de retour, qui ont trouvé leur maison en ruines et nous demandent un abri ou de l’aide pour reconstruire”, dit le président de la municipalité, Mohammed Jaanina.Mais pour reconstruire sa maison, il faut montrer un titre de propriété souvent perdu dans les différents exodes…- Une tombe pour les morts  -Avant de quitter Daraya en 2016, craignant que les tombes du cimetière ne soient profanées par l’armée, les combattants et militants ont retiré les pierres tombales après les avoir documentées, racontent à l’AFP les derniers témoins, dont Bilal Shorba et Hussam Lahham.A leur retour, sur la base des photos conservées, ils les ont remises en place. Au total 421 stèles avec noms et dates de décès d’habitants de la ville morts entre 2012 et 2016. En face, sous des rectangles de terre plantée d’arbustes, les corps de victimes inconnues tuées quand les forces gouvernementales et des milices alliées ont exécuté 700 personnes en 72 heures en août 2012.En ce jour d’automne, Amneh Khoulani se recueille dans ce “cimetière des martyrs” de Daraya.”Aujourd’hui, je lutte pour que mes frères aient une tombe”, dit en retenant ses larmes cette femme de 51 ans qui vit entre la Syrie et la Grande-Bretagne.Arrêtés pendant le conflit, trois de ses frères ont été exécutés et leurs corps n’ont jamais été retrouvés. La photo de l’un d’eux est apparue dans le dossier César parmi les 55.000 portant sur 11.000 détenus torturés et morts entre 2011 et 2013 dans des centres de détention d’Assad.”A Daraya, il y a une grande souffrance, beaucoup d’habitants ne savent pas où se trouvent leurs enfants”, poursuit celle qui est devenue membre de la Commission nationale des disparus et deux fois s’est exprimée au Conseil de sécurité de l’ONU pour appeler à construire “un Etat de droit où la justice est rendue”.”Nous avons lutté pour nous débarrasser d’Assad, mais nous sommes aujourd’hui à la recherche des tombes”, rappelle-t-elle.A l’entrée du cimetière, des farandoles de photos passées de disparus flottent au vent et sur une bannière il est écrit : “Ce ne sont pas des numéros”.Sur un mur, Bilal Shorba a peint une fresque: sur fond bleu ciel, une fillette cueille des roses à la mémoire de son père et se demande qu’en faire sans tombe où les déposer.