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Ukraine, commerce… Macron presse Xi, qui refuse toute responsabilité dans la guerre

Le président français Emmanuel Macron a pressé jeudi son homologue chinois Xi Jinping d’oeuvrer à la fin de la guerre en Ukraine et à corriger les déséquilibres commerciaux, mais a entendu son hôte rejeter fermement toute part de responsabilité dans la poursuite de la crise ukrainienne.”La Chine soutient tous les efforts pour la paix” et “continuera à jouer un rôle constructif pour une solution à la crise” ukrainienne, a dit M. Xi. “En même temps, elle s’oppose fermement à toute tentative irresponsable visant à rejeter la faute ou à diffamer quiconque”, a-t-il ajouté alors que M. Macron n’a publiquement formulé aucun grief.Lors d’une apparition commune devant les médias, M. Macron a dit avoir “longuement évoqué” avec son homologue le conflit en Ukraine, “menace vitale pour la sécurité européenne”. “J’espère que la Chine pourra se joindre à notre appel et à nos efforts pour parvenir dans les meilleurs délais à tout le moins à un cessez-le-feu”, a-t-il dit.Il avait auparavant qualifié la coopération avec la Chine de “déterminante” sur l’Ukraine. Il avait plus largement reconnu l’existence de “désaccords” avec la Chine, mais avait affirmé “la responsabilité de savoir les dépasser”.Le président chinois, accompagné de son épouse Peng Liyuan, a reçu M. Macron et son épouse Brigitte dans le cadre monumental du Palais du peuple, décor des congrès du Parti communiste chinois. Ils ont écouté les hymnes nationaux et passé en revue la garde, avant d’être salués par des enfants auxquels M. Macron a adressé un baiser de la main.Le chef de l’Etat français, arrivé mercredi soir, accompagné également par 35 dirigeants de grands groupes (Airbus, EDF, Danone..) et d’entreprises familiales, du luxe à l’agroalimentaire, a assisté à la signature d’un certain nombre d’accords.Il s’agit de sa quatrième visite d’Etat en Chine depuis qu’il a été élu président en 2017. Xi Jinping a lui-même été reçu en France en grande pompe en 2024 et l’Elysée présente le temps que M. Xi passera avec M. Macron d’ici à vendredi, y compris à titre privé, comme un signe de l’importance accordée à la relation.Cependant, les différends avec la France et, plus largement l’Europe, sont profonds. L’Europe voudrait voir la Chine user de son influence pour mettre fin à la guerre à ses portes.La Chine n’a jamais condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Partenaire économique et politique primordial de la Russie, elle est le premier pays acheteur de combustibles fossiles russes au monde, y compris de produits pétroliers, alimentant ainsi la machine de guerre. Des Européens l’accusent de fournir des composants militaires à Moscou, ce que dément Pékin.- Diplomatie des pandas -Le président chinois a réservé un traitement privilégié à son homologue russe Vladimir Poutine en septembre en l’invitant, avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, à un défilé militaire géant célébrant les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale.Les déséquilibres commerciaux constituent un autre lourd contentieux, avec les pratiques commerciales chinoises jugées déloyales, des voitures électriques à l’acier.La relation entre la Chine et l’Union européenne se caractérise par un déficit commercial massif (357 milliards de dollars) en défaveur de l’UE.M. Macron semble avoir été entendu dans son appel à plus d’investissements chinois en France et à des investissements croisés, avec un partage de technologies comparable à celui opéré par les Européens et qui a contribué au décollage économique de Pékin.”Nous voulons accueillir davantage de projets chinois dans le domaine des batteries, de la mobilité décarbonée, de la robotique industrielle, du photovoltaïque, de l’éolien”, a dit M. Macron. Une lettre d’intention a été signée en ce sens.”Les deux parties se sont engagées à promouvoir le développement équilibré des relations économiques et commerciales bilatérales, à accroître les investissements réciproques et à offrir un environnement commercial équitable”, a dit M. Xi, dont le pays a livré en 2025 aux Etats-Unis une intense guerre commerciale aux retombées mondiales.”L’interdépendance n’est pas un risque et la convergence d’intérêts n’est pas une menace”, a-t-il dit.M. et Mme Macron devaient quitter Pékin jeudi en fin d’après-midi à destination de Chengdu, dans la province du Sichuan (sud-ouest), où les deux couples présidentiels se retrouveront dans un cadre plus informel, comme en 2024 en France.M. Macron, populaire en Chine, aura un échange avec des étudiants tandis que son épouse se rendra à la base de recherche pour la reproduction des pandas géants. Les deux pays se sont entendus sur la poursuite de la coopération pour la conservation de l’animal emblématique, devenu quasiment ambassadeur de la Chine.

Christophe Gleizes condamné en Algérie: sa famille espère une grâce, Macron promet d’agir

Les proches du journaliste français Christophe Gleizes espèrent une grâce du président algérien après la confirmation en appel de sa condamnation à sept ans de prison en Algérie, tandis que l’Elysée a promis jeudi de continuer à “agir” pour “obtenir sa libération”.”On appelle à la grâce présidentielle, on appelle à la libération dès demain”, a déclaré sur France Inter Maxime Gleizes, frère cadet du seul journaliste français incarcéré à l’étranger. La justice algérienne a confirmé mercredi la condamnation à sept ans de prison pour “apologie du terrorisme” du journaliste sportif de 36 ans, emprisonné depuis juin. Son avocat français, Me Emmanuel Daoud, fustige un “dossier vide” et des accusations “obscènes et ridicules”.”On ne baissera pas les bras. On va continuer à se battre. C’est d’ailleurs l’état d’esprit de Christophe que j’ai vu ce (jeudi) matin en prison”, a assuré à l’AFP Me Daoud, qui qualifie le verdict de “farce judiciaire”.”Avec la diplomatie entre la France et l’Algérie qui semblait s’apaiser, on avait beaucoup d’espoir (…) On a cru à sa libération hier soir, et là, on a ce sentiment d’avoir été menés en bateau”, a déploré Maxime Gleizes. “Mais on est encore là (…) et donc on se mobilise”, a-t-il ajouté.L’Elysée a, de son côté, promis de continuer à “agir auprès des autorités algériennes pour obtenir sa libération et son retour en France dans les plus brefs délais”, faisant part de la “profonde inquiétude” d’Emmanuel Macron.La mère de Christophe Gleizes, Sylvie Godard, a confirmé s’en remettre au président français. “Nous attendons vraiment d’abord de le rencontrer dans les prochains jours et de voir avec lui quelles sont les voies possibles et les stratégies à mettre en place”, a-t-elle indiqué sur RFI.Le journaliste dispose d’une semaine pour se pourvoir en cassation. Selon Me Daoud, un tel pourvoi n’empêcherait pas de mener des démarches en parallèle pour obtenir une grâce.- Un message de Rai -Collaborateur des magazines français So Foot et Society, Christophe Gleizes s’était rendu en Algérie en mai 2024 pour un article sur le club de football le plus titré du pays, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi Ouzou, à 100 kilomètres à l’est d’Alger.Arrêté le 28 mai 2024 et placé sous contrôle judiciaire, il avait été condamné en juin dernier pour “apologie du terrorisme” en première instance à sept ans de prison et se trouve depuis incarcéré.Cette première condamnation avait été prononcée au pic d’une grave crise entre la France et l’Algérie, marquée notamment par le retrait des deux ambassadeurs et des expulsions réciproques de diplomates.La justice algérienne reproche à Christophe Gleizes des contacts avec des personnes liées au mouvement séparatiste MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie), classé terroriste en Algérie. Mercredi, l’organisation Reporters Sans Frontières (RSF), qui soutient M. Gleizes depuis le début, a “condamné avec la plus grande fermeté cette décision aberrante”, visant un “journaliste n’ayant fait que son travail”.”Le journalisme n’est pas un crime, et sa place n’est pas en prison”, ont également dénoncé les syndicats SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes et SGJ-FO. Les instances du football français ont également apporté leur soutien au journaliste, la Ligue professionnelle (LFP) appelant “l’ensemble de l’écosystème du football (clubs, supporteurs, partenaires) à amplifier la mobilisation”.”Il faut libérer Christophe Gleizes”, a réclamé Rai, l’ancien joueur et idole du Paris Saint-Germain, club de cœur de Christophe Gleizes, dans une vidéo publiée par le compte X de So Foot.Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a quant à lui assuré que la libération du journaliste était “un élément majeur” des discussions en cours “entre Paris et Alger”, relancées depuis la grâce présidentielle octroyée mi-novembre à l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal par l’Algérie. “L’État algérien n’avait pas besoin de poursuivre dans cet acharnement”, a dénoncé sur RTL le romancier, libéré après près d’un an d’incarcération, tout en se disant “confiant” s’agissant d’une possible grâce présidentielle pour Christophe Gleizes.

IA: Meta soupçonné par l’UE d’entraver la concurrence dans WhatsApp

L’UE a lancé jeudi une enquête sur le géant américain de la tech Meta, propriétaire de WhatsApp, pour une possible infraction aux règles de la concurrence liée aux fonctions d’intelligence artificielle (IA) dans l’application de messagerie. Cette nouvelle enquête démontre la détermination de Bruxelles à réguler les entreprises du numérique, malgré les pressions répétées des Etats-Unis de Donald Trump, qui accusent l’UE de cibler injustement les champions américains du secteur.Selon la Commission européenne, une nouvelle politique annoncée par Meta “pourrait empêcher les fournisseurs tiers d’intelligence artificielle de proposer leurs services via WhatsApp”, ce qui, si ces soupçons étaient confirmés, constituerait un abus de position dominante.Un porte-parole de WhatsApp, contacté par l’AFP, a rejeté catégoriquement ces allégations.Au moment où “les activités d’IA sont en plein développement”, Bruxelles veut s’assurer “que les citoyens et les entreprises bénéficient pleinement de cette révolution technologique, en empêchant les détenteurs de positions dominantes d’en profiter pour évincer les concurrents”, souligne pour sa part Teresa Ribera, vice-présidente de la Commission européenne chargée de la Concurrence.- Robots conversationnels -Actuellement, explique l’exécutif européen, WhatsApp permet aux entreprises d’échanger avec leurs clients via sa plateforme, et certaines le font en utilisant des services d’IA développés par des fournisseurs indépendants de Meta, sous la forme de robots conversationnels ou “chatbots” qui répondent par exemple aux questions des consommateurs.Mais selon la Commission, de nouvelles règles de fonctionnement annoncées par Meta pourraient priver d’accès ces fournisseurs tiers, au bénéfice de son propre service, baptisé Meta AI.”Ces affirmations sont sans fondement”, a réagi un porte-parole de WhatsApp sollicité par l’AFP. La multiplication des chatbots d’IA utilisant l’interface de programmation (API) de WhatsApp destinée aux entreprises “met nos systèmes à rude épreuve, alors qu’ils n’ont pas été conçus pour supporter une telle charge”, d’où les changements annoncés, a-t-il indiqué.En outre, “le secteur de l’IA est extrêmement concurrentiel et les utilisateurs ont accès aux services de leur choix de multiples façons, notamment via les boutiques d’applications, les moteurs de recherche (…) et les systèmes d’exploitation”, a ajouté ce porte-parole.- Pressions américaines -Fin novembre, le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, avait appelé l’UE à “rééquilibrer” ses lois régulant la tech, comme le DSA et le DMA, deux lois phares entrées récemment en vigueur, en proposant en échange une diminution des droits de douane imposés par Washington sur l’acier européen.Une idée aussitôt rejetée par plusieurs responsables européens, qui ont réaffirmé le droit souverain de l’Union européenne à adopter et appliquer ses propres lois, et rappelé qu’elles s’appliquaient à toutes les entreprises actives sur le marché européen, quelle que soit leur nationalité.Il ne s’agit pas du premier contentieux entre Meta et l’UE.Le groupe a écopé en avril d’une amende de 200 millions d’euros pour infraction à la concurrence dans le cadre du DMA, le règlement sur les marchés numériques entré en vigueur l’an dernier, concernant l’utilisation à des fins publicitaires des données personnelles des utilisateurs de ses plateformes comme Facebook et Instagram. Le groupe américain a fait appel de cette décision.Auparavant, l’UE avait sanctionné le groupe à hauteur de 798 millions d’euros en novembre 2024, pour avoir abusé de sa position dominante dans les petites annonces en ligne, en liant son service Facebook Marketplace à Facebook.Meta faisait déjà l’objet depuis juillet d’une enquête en Italie liée au déploiement de son assistant d’IA dans WhatsApp, l’autorité de la concurrence italienne (AGCM) estimant qu’il pourrait nuire à ses concurrents. Bruxelles a précisé qu’elle veillerait à mener ses investigations sans empiéter sur cette enquête italienne. 

Municipales: Serge Blanco, légende du rugby, candidat chez lui à Biarritz

Serge Blanco, légende du rugby français, a annoncé jeudi sa candidature à la mairie de Biarritz, sa ville d’adoption où il a effectué toute sa carrière sportive, avant d’y devenir dirigeant et chef d’entreprise. “Depuis une dizaine d’années, j’ai vu Biarritz se fracturer. Le pacte de confiance entre les Biarrots et leur Mairie s’est rompu (…) Ce constat me conduit aujourd’hui à me présenter”, déclare dans un communiqué transmis à l’AFP l’ancien arrière du XV de France et du Biarritz olympique, son club de toujours comme joueur et dirigeant (président de 1995 à 1998 et de 2008 à 2015)”Ma démarche aujourd’hui n’est ni celle d’un homme isolé, ni celle d’un caprice ou d’un coup de tête. C’est d’abord celle d’un enfant de Biarritz”, ajoute Serge Blanco dans une lettre qui sera distribuée samedi dans cette ville huppée de 25.000 habitants historiquement à droite.Pour sa première aventure en politique, à 67 ans, il n’affiche pas de positionnement, mais ses soutiens connus sont plutôt orientés au centre-droit.Son nom circulait régulièrement à l’approche des échéances politiques locales, mais il n’avait jamais franchi le pas. Il se lance “maintenant” – trois mois après un autre ancien poids lourd du sport français, l’ex-patron de l’OL Jean-Michel Aulas, qui brigue la mairie de Lyon -, car il est “grand temps de redonner à Biarritz l’élan qu’elle mérite”.- Trois exigences -Sa candidature était attendue depuis qu’il avait participé mi-septembre à une manifestation au conseil municipal contre l’édification d’immeubles résidentiels sur le site d’Aguilera, où joue le BO et qui est le dernier foncier public de cette commune où les locaux peinent à se loger en raison de l’explosion des prix de l’immobilier et du nombre de résidences secondaires.Ce projet a été au cœur d’un long conflit entre la maire LR Maider Arosteguy et l’ex-président du club basque Jean-Baptiste Aldigé, notamment sur la part d’argent réinjecté pour moderniser le stade.Parti depuis à Nice, ce dernier a plusieurs fois menacé de délocaliser dans une autre région la structure professionnelle du club quintuple champion de France, englué en ProD2 depuis 2022 et en difficultés financières récurrentes, avec le soutien de Blanco, aujourd’hui à la tête de l’association du Biarritz olympique rugby amateur. L’ancien arrière appelle à “stopper l’improvisation” et “les revirements” sur ce dossier et met par ailleurs en avant “trois exigences”: “gestion rigoureuse des finances”, “transition écologique assumée” et “pratique démocratique de proximité”.Mme Arosteguy, candidate déclarée à sa réélection, “salue l’engagement de monsieur Blanco, comme celui de tous les autres candidats déclarés ou à venir”, dans une courte déclaration transmise à l’AFP. – Liquidation judiciaire -Natif de Caracas, au Venezuela, en 1958, mais débarqué à Biarritz après la mort de son père à tout juste deux ans, Blanco n’a depuis jamais quitté la côte basque.Sélectionné à 93 reprises en équipe de France, il a remporté six Tournois des cinq nations, dont deux Grands Chelems (1981 et 1987), et a disputé la première finale de la Coupe du monde contre la Nouvelle-Zélande en 1987. Celui que l’on surnomme “le Pelé du rugby”, longtemps détenteur du record d’essais en équipe de France (38) avant d’être dépassé le mois dernier par Damian Penaud (40), n’a jamais été champion de France (finaliste en 1992) mais a participé au développement du professionnalisme dans son sport, amateur jusqu’en 1995.D’abord consultant pour Canal + (1995 à 1998), il a été le premier président de la Ligue nationale de rugby (1998 à 2008) avant d’occuper le poste de vice-président de la Fédération française (2012 à 2016). A la fin de sa carrière sportive, il s’est aussi lancé dans les affaires (marque de vêtements, centre de thalassothérapie, hôtellerie) mais l’aventure a mal terminé. En janvier 2020, après plusieurs années de déficit, la holding Serge Blanco, regroupant l’hôtellerie et la thalasso, a été placée en liquidation judiciaire.

Vers un accord de paix entre la RDC et le Rwanda, combats dans l’est

Le président américain Donald Trump accueille jeudi à Washington ses homologues congolais et rwandais pour ratifier un accord de paix censé mettre fin aux violences dans l’est de la République démocratique du Congo, ravagé par trois décennies de conflits armés.Mais à quelques heures de cette cérémonie, qui se déroulera en présence des présidents de la RDC Félix Tshisekedi et du Rwanda Paul Kagame, d’intenses combats ont encore opposé jeudi le groupe armé M23, soutenu par Kigali, à l’armée congolaise appuyée par des milices, dans la province du Sud-Kivu, selon des sources locales.C’est que malgré la signature en juin par les deux pays voisins de cet accord de paix, déjà à Washington sous les auspices de Donald Trump, les hostilités se sont poursuivies dans cette région riche en ressources naturelles très convoitées.Le M23 – qui n’a jamais reconnu officiellement ses liens avec Kigali – et les autorités de RDC s’accusent régulièrement de violer le cessez-le-feu qu’ils se sont engagés à respecter dans le cadre d’une médiation parallèle menée par le Qatar à Doha.- les combats font rage -Depuis mardi, des combats font rage en plusieurs points de la ligne de front dans la province du Sud-Kivu, où le M23 grignote du terrain depuis plusieurs semaines.Des tirs d’armes lourdes et légères ont résonné en début de matinée aux abords de Kamanyola, une agglomération congolaise contrôlée par le M23, frontalière du Rwanda et du Burundi, a constaté un journaliste de l’AFP sur place. A Kaziba, une localité située dans les plateaux du Sud-Kivu et théâtre d’intenses combats depuis mardi, les affrontements ont repris “à partir de 05h30” locales, et des avions de chasse ont “pilonné” la zone vers 08h30, a précisé un représentant de la société civile sous couvert de l’anonymat.L’AFP n’a pas été en mesure de déterminer un bilan fiable de ces affrontements auprès de sources indépendantes.”Beaucoup de maisons ont été bombardées et il y a beaucoup de morts”, avait déclaré mercredi à l’AFP René Chubaka Kalembire, un responsable administratif à Kaziba, localité sous contrôle du M23.Théâtre de conflits armés depuis trois décennies, les violences se sont intensifiées depuis janvier avec la prise des grandes villes de Goma et Bukavu par le M23.De multiples cessez-le-feu ont été conclus et violés depuis la reprise des opérations de ce groupe armé dans l’est de la RDC en 2021, et les affrontements avec les forces gouvernementales et alliées ont déplacé des centaines de milliers de personnes et provoqué une vaste crise humanitaire.Kigali affirme que sa sécurité est depuis longtemps menacée par des groupes armés, notamment les FDLR, créées par d’anciens dirigeants hutus liés au génocide rwandais de 1994, et a conditionné la levée de ses “mesures défensives” à leur neutralisation.- Pas à vendre -Les deux présidents doivent d’abord être reçus à la Maison Blanche avant une cérémonie de signature à l’Institut américain pour la paix, renommé mercredi en “Institut Donald Trump pour la Paix” par le département d’Etat.L’accord est composé de plusieurs volets, a dit mercredi la porte-parole du président de la RDC, Tina Salama: le volet sur la paix, un cadre d’intégration économique régionale et un partenariat stratégique avec les Etats-Unis pour l’exploitation des minerais, dont la RDC regorge.Il comprend aussi des dispositions sur le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques, qui se fera de manière “individuelle”, a dit Mme Salama.Pour le président Trump, au-delà de sa quête du Nobel de la paix, l’enjeu est aussi économique.Il a ainsi exprimé l’espoir que les Etats-Unis puissent exploiter les minerais de RDC qui, autrement, pourraient être acheminés vers la Chine.Premier producteur mondial de cobalt, essentiel pour les batteries de véhicules électriques, la RDC, deuxième plus vaste pays d’Afrique, détient aussi dans ses sous-sols au moins 60% des réserves mondiales de coltan, minerai stratégique pour l’industrie électronique.Evoquant ce volet économique, la porte-parole Tina Salama a réfuté toute notion d’échange paix contre minerais.Elle a souligné devant la presse à Washington que Kinshasa entendait conserver sa souveraineté sur les ressources naturelles du pays.Comme on lui demandait si Washington exigeait en contrepartie de ses efforts que la RDC accueille aussi des migrants expulsés des Etats-Unis, elle a répondu: “On ne sait pas encore s’ils mettront cela sur la table”.Le Rwanda a déjà conclu un tel accord avec Washington.

Pétrole, armement et diplomatie : Poutine en Inde pour une copieuse visite bilatérale

Vladimir Poutine est arrivé jeudi en ami en Inde, pour une visite très attendue, dans le contexte des sanctions douanières imposées à New Delhi par Donald Trump en représailles à ses achats de pétrole russe.Le président russe, qui ne s’était plus rendu à New Delhi depuis 2021, a été accueilli à l’aéroport de New Delhi par le Premier ministre Narendra Modi, avec lequel il devait dîner en privé en soirée, en préambule à leurs entretiens officiels vendredi.Dans un entretien accordé à India Today avant son départ, M. Poutine s’est dit “très heureux” de revoir son “ami” M. Modi, se réjouissant de la “coopération très large” entre leurs deux pays.Voici les principaux sujets au menu de leurs discussions:PétroleL’Inde est l’un des principaux importateurs de pétrole russe, à rebours des Occidentaux qui ont coupé leur robinet de brut à cause de la guerre en Ukraine.En 2024, la Russie a livré aux raffineries indiennes 36% de leur consommation, selon la plateforme d’informations commerciales Kpler.L’Inde, qui importe 85% de ses besoins en or noir, y a trouvé moyen de remplir ses cuves à bon prix. Mais les Etats-Unis l’ont punie en août d’une surtaxe de 50% sur ses exportations au motif que ces achats financent l’effort de guerre de Moscou en Ukraine.Donald Trump a assuré que Narendra Modi lui avait promis de renoncer au pétrole russe, en pleine tractations commerciales entre leurs deux pays.New Delhi n’a rien confirmé. Mais les statistiques récentes révèlent que ses achats auprès de Moscou ont baissé.”Nous n’avons aucun doute que ces échanges bénéficient largement à l’Inde, et sont avantageux pour les deux parties”, a noté avant la visite du président russe son porte-parole, Dmitri Peskov.”Il y aura peut-être une réduction des achats d’énergie (indiens) sous pression américaine, mais le lien sera maintenu car les deux pays ont stratégiquement besoin l’un de l’autre”, a jugé pour l’AFP Nandan Unnikrishnan, du centre de réflexion Observer Research Foundation, proche du gouvernement indien.DéfenseMême si l’Inde s’est récemment tournée vers d’autres fournisseurs – dont la France – et privilégie les équipements nationaux, la Russie reste une de ses principales sources d’approvisionnement en matériels militaires.Selon l’Institut international pour la recherche sur la paix (SIPRI) de Stockholm, la part des équipements russes dans l’arsenal indien a reculé de 76% sur la période 2009-2013 à 36% en 2019-2023.Tirant les enseignements de sa confrontation militaire avec le Pakistan en mai, New Delhi a manifesté son intérêt pour l’achat de nouveaux missiles sol-air russes de type S-400.”Il ne fait aucun doute que ce sujet sera évoqué pendant la visite”, a indiqué M. Peskov.La presse indienne a par ailleurs souligné l’intérêt de New Delhi pour le chasseur russe de 5e génération Su-57.CommerceLa Russie arrive au 4e rang des partenaires commerciaux de l’Inde avec des échanges bilatéraux chiffrés à 68,7 milliards de dollars – un record – sur l’année 2024-25, selon les statistiques officielles.Mais la relation reste très déséquilibrée. Plus de 90% de ce montant – 63,8 milliards de dollars – provient des importations indiennes, pour l’essentiel des hydrocarbures. En retour, l’Inde vend à la Russie des machines-outils et des médicaments pour l’essentiel.”Nous voulons diversifier nos échanges et faire en sorte de les rééquilibrer”, a fait savoir un haut-diplomate indien s’exprimant sous couvert d’anonymat.”Notre volonté est de maintenir et même d’accroître le volume de nos échanges bilatéraux”, a pour sa part assuré Dmitri Peskov, “sans laisser qui que ce soit d’autre s’en mêler”.DiplomatieLe haut-diplomate indien a qualifié la relation de son pays avec la Russie de “la plus stable des temps modernes”.Jusqu’à ce jour, l’Inde a évité de condamner ouvertement l’invasion russe en Ukraine, tout en réussissant à maintenir ses liens avec l’Europe et les Etats-Unis.Narendra Modi a rarement haussé le ton vis-à-vis de Vladimir Poutine sur ce thème, sauf en 2022 lors d’une rencontre en Ouzbékistan où il avait exigé la fin de la guerre “le plus vite possible”.Il a depuis répété à de multiples reprises son attachement à un ordre mondial “multipolaire” et résisté aux injonctions occidentales à s’éloigner de Moscou.”Nous sommes unis par notre vision commune d’un avenir mondial multipolaire”, a abondé M. Peskov.

L’Eurovision se penche sur la participation d’Israël après des appels au boycott

La question sensible de la participation d’Israël au célèbre Concours Eurovision de la Chanson est au coeur d’une réunion de deux jours des membres de l’Union Européenne de Radio-Télévision (UER) qui s’ouvre jeudi à Genève, après les appels au boycott de plusieurs pays en raison notamment de la situation à Gaza.Cette réunion des diffuseurs membres de l’UER se tient à huis clos au siège de l’organisation, qui a été, pour l’occasion, barricadé et placé sous surveillance, ont constaté des journalistes de l’AFP. L’UER n’a d’ailleurs laissé filtré aucun détail sur le déroulé de cette assemblée générale.Le président de la télévision publique espagnole RTVE, José Pablo López, qui a appelé à l’exclusion d’Israël, n’a pas mâché ses mots jeudi.”La direction de l’UER et l’Eurovision vont aujourd’hui soumettre l’organisation à la plus grande tension interne de son histoire. On n’aurait jamais dû en arriver là”, a-t-il dénoncé sur X. “Les sanctions contre Israël pour ses manquements répétés à l’Eurovision auraient dû être adoptées au niveau exécutif et non en transférant le conflit à l’Assemblée”, a-t-il ajouté.L’Espagne, mais aussi l’Irlande, la Slovénie, l’Islande et les Pays-Bas, ont menacé ces derniers mois de ne pas envoyer de représentant au concours à Vienne en mai prochain si Israël était autorisé à participer. D’autres pays, comme la Belgique, la Suède et la Finlande, ont également indiqué y songer.Les organisateurs du télé-crochet le plus suivi au monde avaient prévu de faire voter les membres de l’UER sur ce sujet en novembre. Mais quelques jours après l’annonce de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, l’UER avait finalement annoncé, le 13 octobre, qu’elle reportait la discussion à son assemblée générale ordinaire.- Compromis -Depuis, l’UER a annoncé, le 21 novembre, avoir modifié ses règles de vote pour le concours et vouloir renforcer ses efforts pour “détecter et prévenir toute activité de vote frauduleuse ou coordonnée”, alors que le soutien public massif attribué aux candidats israéliens ces dernières années avait suscité la controverse.Le concours prévoit que tous les habitants des dizaines de pays participants au concours peuvent voter, par téléphone, SMS ou en ligne. Dans chaque pays, un jury de professionnels vote également. Ces deux votes ont le même poids, mais il n’est pas possible de voter pour son propre pays.Avec les nouvelles règles, le nombre maximal de voix par mode de paiement “passera de 20 à 10″. Et les jurys de professionnels, dont les votes comptent pour moitié dans la finale et sont composés d’experts de la musique, feront leur retour dans les demi-finales, une première depuis 2022.”L’objectif est de discuter et de voter sur ces modifications lors de l’assemblée générale de l’UER plus tard dans la journée”, a indiqué jeudi la chaîne de télévision publique finlandaise Yle, indiquant qu’elle prendrait sa décision de participer à l’Eurovision “en fonction du résultat de la discussion et du vote”.Le groupe audiovisuel public autrichien ORF a dit espérer qu’un compromis serait trouvé.  Mais plusieurs diffuseurs ont récemment indiqué que les mesures prises par l’UER n’étaient pas suffisantes.- “Fins politiques” -Ainsi, la chaine de télévision islandaise RUV a décidé la semaine dernière qu’elle allait demander l’exclusion d’Israël, avant de se prononcer sur sa propre participation au concours.La télévision publique espagnole RTVE a elle réaffirmé son intention de boycotter le concours si Israël y participe. “Israël a utilisé le concours à des fins politiques” et “a tenté d’influencer le résultat”, a récemment déclaré José Pablo López.La chaîne publique slovène RTVSLO ne prévoit pas non plus, en l’état, de concourir. Mais “si un vote a lieu lors de l’assemblée générale” et qu’Israël est exclu, “alors nous proposerons (…) de participer”, a déclaré la directrice de RTVSLO, Natasa Gorscak.Cette année, la chanteuse israélienne Yuval Raphael, survivante de l’attaque du 7 octobre 2023, était arrivée deuxième au concours, portée par le vote du public. Plusieurs diffuseurs du concours avaient demandé que la lumière soit faite sur le détail des votes.En 2024 aussi, les jurys nationaux avaient largement snobé Israël. Mais le vote du public avait donné un spectaculaire coup de pouce à la candidate israélienne, Eden Golan, la catapultant à la cinquième place.L’Eurovision est régulièrement le théâtre d’oppositions géopolitiques. La Russie a été exclue à la suite de l’invasion de l’Ukraine en 2022. Le Bélarus l’avait été un an plus tôt après la réélection contestée du président Alexandre Loukachenko.burx-apo/ag/thm