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Budget de la Sécu: intenses tractations à l’Assemblée sur une hausse de la CSG sur le capital

Les débats se prolongent jeudi soir à l’Assemblée nationale sur une mesure clé du budget de la Sécurité sociale, la hausse de la CSG sur les revenus du capital, le gouvernement étant à la recherche d’un compromis qui pourrait s’avérer décisif pour le sort de l’ensemble du texte. La hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) visant spécifiquement les revenus du capital est réclamée par la gauche pour générer des recettes pour la Sécurité sociale. Elle avait été adoptée en première lecture à l’Assemblée, puis supprimée au Sénat. La droite est elle opposée à cette mesure qui touche selon elle les “petits épargnants”.”Ne tapez pas l’épargne populaire des Français”, a martelé Laurent Wauquiez, patron des députés LR. Juste avant la suspension à 20H00, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a présenté un amendement gouvernemental cherchant à la fois à “sécuriser des recettes” et “nous assurer que les classes moyennes ne soient pas impactées”.Il prévoit bien une hausse de cette CSG à 10,6%, mais en la maintenant au taux actuel de 9,2% pour les revenus fonciers et plus-values immobilières, les assurances vie, plans d’épargne logement (PEL), et plans d’épargne populaire (PEP), selon l’exposé des motifs de l’amendement.Les députés, en attente notamment de détails sur son rendement, voteront dans la soirée sur cette proposition. Signe qu’on approche de l’heure de vérité, le Premier ministre a consacré sa journée aux débats parlementaires, reportant ses rendez-vous prévus.Sébastien Lecornu a fait monter la pression dans l’hémicycle, où il a martelé que l’absence de texte conduirait à “29 ou 30 milliards” d’euros de déficit pour la Sécu l’an prochain. Le but du gouvernement est de le contenir autour de 20 milliards d’euros. Juste avant que le Premier ministre ne prenne la parole, son entourage a publié un courrier daté de mardi au directeur de la Sécurité sociale, dans lequel il demande de lui présenter les “conséquences” d’une absence ou d’un retard de budget de la Sécu, notamment en matière de remboursements.La réponse, faisant état d’un “risque très élevé sur le financement du système de protection sociale”, a été transmise jeudi aux députés.Pressé par ailleurs par plusieurs ténors de son camp, chez Horizons, Les Républicains ou par le président LR du Sénat Gérard Larcher, d’activer l’article 49.3 de la Constitution, il l’a de nouveau exclu.Il avait abandonné cet outil constitutionnel, qui permet l’adoption d’un texte sans vote, dans un geste en direction des socialistes qui le réclamaient.”Vous avez critiqué le 49.3 pendant des années et, au moment où nous le laissons tomber, vous continuez de critiquer”, a lancé M. Lecornu, en invitant les députés à “engager (leur) propre responsabilité”.- Camp gouvernemental divisé -Le scrutin sur l’ensemble du projet de loi n’est prévu que le 9 décembre. Mais un rejet de son volet “recettes” ce jeudi ou vendredi interromprait l’examen, faisant tomber tout le texte. Cela hypothèquerait grandement l’adoption du budget de la Sécu au Parlement avant le 31 décembre. Car après un nouveau passage au Sénat, le dernier mot ne pourrait pas être donné à l’Assemblée en l’absence de texte adopté par elle. Une nouvelle navette ne pourrait ensuite s’achever que par un vote conforme entre les deux chambres, très peu probable. Le texte est réécrit par les députés depuis mardi dans l’hémicycle en nouvelle lecture, après que le Sénat a supprimé plusieurs concessions du gouvernement au PS, dont l’emblématique suspension de la réforme des retraites.Ces concessions échaudent le groupe Horizons et Les Républicains.  En l’état, “on ne peut pas voter pour”, a asséné Édouard Philippe, chef des députés Horizons qui oscillent à ce stade entre abstention et vote contre.De quoi faire peser une sérieuse menace sur l’adoption du texte. Car même avec des votes “pour” du PS et des abstentions écologistes – deux conditions loin d’être acquises -, l’absence de soutien des deux groupes à la droite du camp gouvernemental pourrait concourir au rejet du texte.Notamment si LFI, le RN –qui prévoit de voter contre selon son porte-parole Laurent Jacobelli–, et une partie de la gauche hors-PS votent contre, comme en première lecture. LR et Horizons “ont tout fait péter”, pointe un cadre PS, critiquant le manque d’unité du camp gouvernemental.Sébastien Lecornu a par ailleurs promis jeudi des “clarifications” à venir sur ce sujet et le doublement des franchises médicales.Pendant ce temps, le Sénat a adopté la partie dédiée aux recettes du projet de budget de l’Etat pour 2026, après l’avoir largement remaniée par rapport à la copie initiale du gouvernement, supprimant notamment plusieurs milliards d’euros de hausses de prélèvements.sac-far-are-la/jmt 

Israël attend la dépouille de son dernier otage à Gaza

Israël a annoncé jeudi avoir envoyé une délégation au Caire en vue du retour de la dépouille de son dernier otage à Gaza, un policier tué au combat le jour de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023.Quelques heures plus tôt, l’armée avait dit avoir identifié la dépouille de l’avant-dernier otage, un ressortissant thaïlandais.Sudthisak Rinthalak était un ouvrier agricole âgé de 43 ans au moment de sa mort. Ses restes avaient été remis mercredi par des groupes armés palestiniens. Après ce retour, les autorités israéliennes ont promis d’oeuvrer “sans relâche” pour obtenir celui du dernier otage mort, Ran Gvili, sous-officier dans une unité d’élite de la police.”Une délégation s’est rendue ce matin au Caire (…) et a tenu des discussions avec les médiateurs dans le but d’assurer le retour immédiat” de Ran Gvili, a indiqué dans un communiqué le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.Au total, 251 personnes avaient été enlevées en Israël lors de l’attaque sanglante du Hamas qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien.Les 20 derniers otages encore en vie avaient été remis à Israël au début de la trêve entrée en vigueur le 10 octobre sous la pression des Etats-Unis, et 27 des 28 dernières dépouilles d’otages morts ont été rendues à ce jour. L’ouvrier agricole dont le corps a été restitué mercredi travaillait dans des plantations du kibboutz Beeri, près de la bande de Gaza. Son décès avait été confirmé par Israël en mai 2024.Le Forum des familles, principale association israélienne militant pour le retour des otages, a décrit Sudthisak Rinthalak comme un ouvrier “travailleur et apprécié de ses collègues”, arrivé en Israël en 2017 dans le cadre d’un programme de travailleurs étrangers.- “Le dernier à revenir” -Ran Gvili, un sous-officier passionné de moto qui faisait partie de l’unité d’élite Yassam de la police israélienne dans la région du Néguev, était en arrêt maladie le 7 octobre 2023, dans l’attente d’une opération à l’épaule.Apprenant l’attaque en cours, il avait décidé de sortir de chez lui avec son arme personnelle. Il est mort dans des combats devant le kibboutz Aloumim et son corps a été emmené à Gaza.”Le premier à sortir, le dernier à revenir. Nous ne baisserons pas les bras jusqu’à ce que tu reviennes”, a réagi sa mère, Talik Gvili, dans un message sur X accompagné d’une photo de son fils.La première phase du cessez-le-feu prévoyait la restitution de tous les otages ainsi qu’un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza.La deuxième étape du plan, qui n’a pas encore été approuvée, prévoit le désarmement du Hamas, la mise en place d’une autorité de transition et le déploiement d’une force internationale de stabilisation.Mais le cessez-le-feu reste fragile.Mercredi, la Défense civile a déclaré à l’AFP qu’une frappe israélienne dans le sud de Gaza avait fait cinq morts.L’armée israélienne a affirmé avoir visé un combattant du Hamas en riposte à un affrontement dans lequel cinq soldats avaient été blessés.Des images de l’AFP ont montré jeudi des dizaines de personnes pleurant leurs proches tués à Khan Younès.”Nous espérons que le monde se tiendra à nos côtés et mettra fin à ce bain de sang, pour que puisse commencer la deuxième phase” du cessez-le-feu, “suivie par la troisième phase de reconstruction, pour que nous puissions retrouver nos vies d’avant”, a lancé Raafat Abou Hussein, un homme en deuil.Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, au moins 366 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis le début de la trêve. L’armée israélienne a annoncé la mort de trois soldats pendant cette période.Au total, l’offensive israélienne menée en représailles à l’attaque du 7 octobre 2023 a fait au moins 70.125 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé, dont les chiffres sont jugés fiables par l’Onu.Du côté israélien, l’attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de chiffres officiels.

Israël autorisé à participer à l’Eurovision 2026, des pays boycottent

Israël pourra participer à la prochaine édition de l’Eurovision à Vienne en mai prochain, “une majorité” des membres de l’Union Européenne de Radio-Télévision (UER) ayant estimé qu’il n’était pas nécessaire de voter sur la question, déclenchant instantanément des annonces de boycott de plusieurs pays.Lors d’un vote à bulletin secret organisé au premier jour de l’assemblée générale de l’UER à Genève, ses membres “ont soutenu une série de modifications ciblées du règlement” du célèbre télé-crochet, visant “à renforcer la confiance, la transparence et la neutralité de l’événement”. Par ailleurs, “une large majorité des membres ont convenu qu’il n’était pas nécessaire de procéder à un vote supplémentaire sur la participation” d’Israël et que l’édition 2026 “devrait se dérouler comme prévu, avec les garanties supplémentaires en place”, a ajouté l’organisation dans un communiqué.Les diffuseurs doivent désormais confirmer ou pas leur participation au concours, la liste complète devant être annoncée “avant Noël”, selon l’UER. Mais les diffuseurs de l’Espagne, des Pays-Bas, de l’Irlande et de la Slovénie ont annoncé, dans la foulée du vote, qu’ils ne participeraient pas.- Gaza -A Dublin, le groupe audiovisuel public irlandais RTE a expliqué avoir pris cette décision “compte tenu des pertes humaines effroyables à Gaza et de la crise humanitaire qui continue de mettre en danger la vie de tant de civils”.”Après avoir pesé tous les aspects, Avrotros conclut que, dans les circonstances actuelles, la participation n’est pas compatible avec les valeurs publiques fondamentales de notre organisation”, a déclaré de son côté le diffuseur néerlandais.”Nous continuons d’appeler au boycott sportif et culturel de tout événement auquel Israël participe avec son drapeau, comme c’est le cas pour l’Eurovision”, a déclaré le ministre espagnol de la Culture, Ernest Urtasun.La directrice de la télévision publique slovène RTVSLO, Natasa Gorscak, a confirmé que la Slovénie ne participerait “absolument pas” au concours 2026.D’autres boycotts pourraient être annoncés dans les prochaines heures, comme celui du diffuseur islandais RUV, qui a annoncé une décision “mercredi prochain”. La Belgique, également, avait indiqué songer à un boycott.De son côté, Israël, par la voix de son président Isaac Herzog, a salué cette annonce, estimant qu’il “mérit(ait) d’être représenté sur toutes les scènes du monde”.Le directeur général du groupe audiovisuel public autrichien ORF, Roland Weissmann, hôte du prochain concours, s’est aussi “réjoui” que la radio-télévision publique israélienne KAN puisse figurer à Vienne, tout en indiquant “regretter que des chaînes décident maintenant de ne pas participer”.La chaîne régionale allemande SWR, chargée à compter de 2026 de la retransmission de l’événement en Allemagne, avait également estimé que KAN répondait “à toutes les exigences pour participer” au concours.- Oppositions géopolitiques -Pour la présidente de l’UER Delphine Ernotte-Cunci, citée dans le communiqué, “le résultat de ce vote démontre l’engagement commun de nos membres à protéger la transparence et la confiance dans le Concours Eurovision de la chanson, le plus grand événement musical live au monde”.Le 21 novembre, l’UER avait annoncé avoir modifié ses règles de vote pour le concours et vouloir renforcer ses efforts pour “détecter et prévenir toute activité de vote frauduleuse ou coordonnée”, alors que le soutien public massif attribué aux candidats israéliens ces dernières années avait suscité la controverse.Le concours prévoit que tous les habitants des dizaines de pays participants au concours peuvent voter, par téléphone, SMS ou en ligne. Dans chaque pays, un jury de professionnels vote également. Ces deux votes ont le même poids, mais il n’est pas possible de voter pour son propre pays.Avec les nouvelles règles, le nombre maximal de voix par mode de paiement “passera de 20 à 10”. Et les jurys de professionnels, dont les votes comptent pour moitié dans la finale et sont composés d’experts de la musique, feront leur retour dans les demi-finales, une première depuis 2022.Cette année, la chanteuse israélienne Yuval Raphael, survivante de l’attaque du 7 octobre 2023, était arrivée deuxième au concours, portée par le vote du public.En 2024 aussi, les jurys nationaux avaient largement snobé Israël. Mais le vote du public avait donné un spectaculaire coup de pouce à la candidate israélienne, Eden Golan, la catapultant à la cinquième place.L’Eurovision est régulièrement le théâtre d’oppositions géopolitiques. La Russie avait été exclue à la suite de l’invasion de l’Ukraine en 2022. Le Bélarus l’avait été un an plus tôt après la réélection contestée du président Alexandre Loukachenko.burx-apo/ag/ib

RDC et Rwanda: Trump vante un accord de paix “miracle” alors que les combats continuent

Donald Trump a présidé jeudi à Washington une cérémonie de signature d’un accord de paix avec ses homologues congolais et rwandais, dans un bâtiment renommé en son honneur, parlant d’un “miracle” alors même que d’intenses combats se déroulent dans l’est de la République du Congo.”Cela va être un grand miracle”, a dit le président américain, en vantant un accord “puissant et détaillé”, tandis que les présidents de la RDC Félix Tshisekedi et du Rwanda Paul Kagame ont eu une tonalité plus prudente.Les deux dirigeants vont à l’avenir “passer beaucoup de temps à se donner des accolades et se tenir la main”, a prédit Donald Trump, avec son emphase habituelle, en assurant aussi que “tout le monde allait gagner beaucoup d’argent” grâce à ces “accords de Washington”, qui comportent une dimension économique.Reagan Miviri, chercheur à l’institut congolais Ebuteli, contacté par l’AFP, estime que cette cérémonie est le résultat d’une “forte pression” exercée par les Etats-Unis, et ajoute: “Pour eux, l’essentiel est peut-être moins le contenu de l’accord que l’événement lui-même”.La signature, qui visait à formaliser des engagements pris en juin déjà sous la houlette de Washington, a eu lieu au siège de l'”Institut Donald Trump pour la paix”.- “Grand honneur” -Anciennement “Institut américain pour la paix”, cet organisme a été renommé mercredi par le département d’Etat et porte désormais sur sa façade le nom du président américain.”C’est un grand honneur”, s’est réjoui Donald Trump, qui se targue d’être un grand pacificateur même si ses interventions dans divers conflits internationaux ont eu des résultats contrastés.Paul Kagame a salué sa médiation “pragmatique”, tout en avertissant qu’il y aurait “des hauts et des bas” dans l’application de l’accord.Félix Tshisekedi a lui aussi remercié le républicain de 79 ans pour avoir amené un “tournant”, et a salué “le début d’un nouveau chemin”, avertissant toutefois qu’il serait “exigeant” et “assez difficile”.Sur le terrain, les combats font rage depuis plusieurs jours entre le groupe armé M23, soutenu par Kigali, et l’armée congolaise appuyée par des milices, dans la province du Sud-Kivu (est de la RDC), selon des sources locales.Le M23 – qui n’a jamais reconnu officiellement ses liens avec Kigali – et les autorités de RDC s’accusent régulièrement de violer le cessez-le-feu qu’ils s’étaient engagés à respecter dans le cadre d’une médiation parallèle menée par le Qatar à Doha.Des tirs d’armes lourdes et légères ont résonné en début de matinée aux abords de Kamanyola, une agglomération congolaise contrôlée par le M23, frontalière du Rwanda et du Burundi, a constaté un journaliste de l’AFP sur place. A Kaziba, une localité située dans les plateaux du Sud-Kivu, les affrontements ont repris “à partir de 05h30” locales, et des avions de chasse ont “pilonné” la zone vers 08h30, a précisé un représentant de la société civile sous couvert de l’anonymat.- “Beaucoup de morts” -L’AFP n’a pas été en mesure de déterminer un bilan fiable de ces affrontements auprès de sources indépendantes.”Beaucoup de maisons ont été bombardées et il y a beaucoup de morts”, avait déclaré mercredi à l’AFP René Chubaka Kalembire, un responsable administratif à Kaziba, localité sous contrôle du M23.Les conflits armés qui ensanglantent la région depuis trois décennies ont déplacé des centaines de milliers de personnes et provoqué une vaste crise humanitaire.Les accords signés jeudi comportent trois volets.Le premier porte sur la cessation des hostilités, avec l’instauration d’un cessez-le-feu, un programme de désarmement, un processus de retour des personnes déplacées et des mesures de “justice” contre les responsables d’exactions, selon Donald Trump.Le second volet est un cadre d’intégration économique régionale.Le dernier pan porte sur la conclusion d’accords bilatéraux des Etats-Unis avec chacun des deux pays sur l’exploitation de minerais stratégiques, indispensables aux industries de pointe et dont la RDC en particulier regorge.

Pétrole, armement et diplomatie: Poutine en Inde pour une coopération dont l’étendue est “immense”

Vladimir Poutine est arrivé jeudi en ami en Inde, pays avec lequel il juge “immense” l’étendue de la coopération, dans le contexte des sanctions douanières imposées par Donald Trump en représailles à ses achats de pétrole russe en pleine invasion de l’Ukraine.Le président russe, qui ne s’était plus rendu à New Delhi depuis 2021, l’année ayant précédé le déclenchement de l’offensive militaire qu’il a ordonnée sur le sol ukrainien, a été accueilli à l’aéroport de la capitale indienne par le Premier ministre Narendra Modi. Dans la soirée, il devait dîner en privé avec lui, en préambule à leurs entretiens officiels vendredi.Vladimir Poutine, qui est accompagné de son ministre de la Défense, Andreï Belooussov – la question d’éventuels accords sur des avions de chasse et des systèmes de défense antiaérienne devant en principe être abordée -, a déclaré être “très heureux” de revoir son “ami” Narendra Modi, dans un entretien accordé à India Today avant son départ. “L’étendue de notre coopération avec l’Inde est immense”, a-t-il insisté, citant la construction navale et l’industrie aéronautique, l’énergie nucléaire et l’exploration spatiale. Le chef de l’Etat russe a par ailleurs souligné que les négociations en cours avec les Etats-Unis sur l’Ukraine constituaient “une tâche complexe, une mission ardue que le président Trump s’est lui-même donnée”. “Parvenir à un consensus entre des parties en conflit n’est pas chose aisée mais je crois que le président Trump s’y emploie sincèrement”, a-t-il poursuivi, avant d’ajouter: “Je pense que nous devons nous engager dans cet effort plutôt que d’y faire obstruction.”Narendra Modi s’est de son côté dit “ravi d’accueillir (son) ami, le président Poutine”. “Je me réjouis de nos échanges ce soir et demain”, a-t-il écrit sur X. “L’amitié indo-russe est une amitié éprouvée par le temps qui a grandement profité à nos peuples”, a martelé le chef du gouvernement indien, publiant une photo d’eux deux prise dans la voiture qui les transportait.Voici les principaux sujets au menu de leurs discussions :- PétroleL’Inde est l’un des principaux importateurs de pétrole russe, à rebours des Occidentaux qui ont pris des mesures de rétorsion dans ce domaine à cause de la guerre en Ukraine.En 2024, la Russie a livré aux raffineries indiennes 36% du brut qu’elles utilisent, selon la plateforme d’informations commerciales Kpler.L’Inde, qui importe 85% de l’or noir qu’elle consomme, y a trouvé moyen de remplir ses cuves à bon prix. Mais les Etats-Unis l’ont punie en août d’une surtaxe de 50% sur ses exportations au motif que ces achats financent l’effort de guerre russe en Ukraine.Donald Trump a assuré que Narendra Modi lui avait promis de renoncer au pétrole russe, en pleine tractations commerciales entre leurs deux pays.New Delhi ne l’a pas confirmé. Mais les statistiques récentes montrent que les livraisons de brut par la Russie aux Indiens ont baissé.”Nous n’avons aucun doute quant au fait que ces échanges bénéficient largement à l’Inde et sont avantageux pour les deux parties”, a noté avant le voyage du président russe son porte-parole, Dmitri Peskov.- DéfenseMême si l’Inde s’est récemment tournée vers d’autres fournisseurs – dont la France – et privilégie les armes qu’elle produit elles-mêmes, la Russie reste une de ses principales sources d’approvisionnement en matériel militaire.Selon l’Institut international pour la recherche sur la paix (SIPRI) de Stockholm, la part des équipements russes dans l’arsenal indien a reculé de 76% sur la période 2009-2013 à 36% en 2019-2023.Tirant les enseignements de la confrontation militaire avec le Pakistan en mai, New Delhi a manifesté son intérêt pour l’achat de nouveaux missiles sol-air russes de type S-400.”Il ne fait aucun doute que ce sujet sera évoqué pendant la visite”, a affirmé M. Peskov.La presse indienne a par ailleurs souligné l’intérêt de l’armée indienne pour le chasseur russe de 5e génération Su-57.- CommerceLa Russie est le quatrième partenaire commercial de l’Inde avec des échanges bilatéraux d’un montant de 68,7 milliards de dollars – un record – sur l’année 2024-2025, d’après les statistiques officielles.Mais leurs relations restent très déséquilibrées. Plus de 90% de cette somme – 63,8 milliards de dollars – provient des importations indiennes, pour l’essentiel d’hydrocarbures. En retour, l’Inde vend à la Russie des machines-outils et des médicaments pour l’essentiel.”Nous voulons diversifier nos échanges et faire en sorte de les rééquilibrer”, a fait savoir un diplomate indien de haut rang s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.”Notre volonté est de maintenir et même d’accroître le volume de nos échanges bilatéraux”, a pour sa part lancé Dmitri Peskov, “sans laisser qui que ce soit d’autre s’en mêler”.- DiplomatieLe même diplomate indien considère que les relations de son pays avec Moscou sont “les plus stables des temps modernes”.Jusqu’à ce jour, l’Inde a évité d’ouvertement condamner l’invasion de l’Ukraine, tout en réussissant à maintenir ses liens avec l’Europe et les Etats-Unis.Narendra Modi a rarement haussé le ton vis-à-vis de Vladimir Poutine sur ce thème, sauf en 2022 au cours d’une rencontre en Ouzbékistan, quand il avait exigé la fin de la guerre “le plus vite possible”.Il a depuis répété à de multiples reprises son attachement à un ordre mondial “multipolaire” et résisté aux injonctions occidentales à s’éloigner de la Russie.