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Olivier Faure, patron du PS insubmersible, mais contesté

Longtemps accusé d’avoir voulu effacer le Parti socialiste, dont il conserve la tête, Olivier Faure est passé en sept ans de la figure de discret apparatchik au patron indéboulonnable, potentiel présidentiable, mais plus que jamais honni par une partie des pontes du parti.A 56 ans, ce fervent partisan de l’union de la gauche s’est imposé face au maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, avec 50,9% des voix, selon des résultats provisoires.Ce flegmatique, indissociable de sa cigarette électronique, appelle à une candidature commune de la gauche non mélenchoniste en 2027, de Glucksmann à Ruffin, mais balaye toute ambition personnelle. “Si je suis la solution, je ne me déroberai pas. Si un autre présente de meilleures garanties de victoire, alors je me rangerai derrière lui”.L’homme au phrasé rapide, quitte parfois à sacrifier quelques syllabes, avance quand même ses pions: en mai, il se prête au jeu de l’autobiographie, dévoilant, dans “Je reviens te chercher”, son histoire de “Français de sang mêlé”, né en 1968 à La Tronche (Isère) d’une mère infirmière vietnamienne et d’un père d’extrême droite, fonctionnaire du Trésor public.”Je ne suis pas né avec l’idée d’un destin. Je n’ai jamais imaginé un plan de carrière qui m’aurait conduit à diriger le Parti socialiste”, raconte celui qui a adhéré au PS à 16 ans et travaillé aux côtés de Martine Aubry, François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Ce père de quatre enfants, que tous s’accordent à décrire comme un fin tacticien, se targue d’avoir remis le parti “au coeur de la gauche”, après avoir pris, en 2018, la tête d’un PS moribond après la fin du quinquennat Hollande. Il raconte souvent avoir été marqué par cette période où les socialistes étaient “expulsés des manifestations” et traités de “sociaux-traitres”. – “Les éléphants ne me font plus mal” -Dès lors, l’objectif de ce juriste de formation sera de défendre le rassemblement de la gauche. Longtemps envers et contre tous. Et notamment face aux “éléphants du PS”, et au premier d’entre eux, l’ex-président François Hollande, qui a peu goûté “l’inventaire” de son quinquennat lancé par celui qui a été son directeur adjoint au sein du parti de 2000 à 2007.Quant à Anne Hidalgo, elle rend Olivier Faure en partie responsable de son échec historique à la présidentielle de 2022 (1,7%), l’accusant d’avoir manqué d’entrain à la soutenir. “A force de me taper dessus, les éléphants ont fini par ne plus me faire mal”, répond l’intéressé. “Plus jamais je ne me laisserai marcher sur les pieds”. En 2022, il devient l’un des artisans de l’alliance Nupes avec La France insoumise, accusé par une partie du PS d’avoir vendu son âme au “diable” Mélenchon. Il rompt avec le mouvement après de nombreux désaccords, notamment sur l’attaque sans précédent du Hamas, le 7 octobre 2023, contre Israël.Aux européennes, face au refus des Ecologistes de faire liste commune, il confirme le leader de Place publique Raphaël Glucksmann pour mener la liste socialiste, comme en 2019. Ce dernier arrive en tête de la gauche.Un résultat qui permet, dans la précipitation de la dissolution, la création du Nouveau Front populaire, un rééquilibrage vers le PS au détriment de LFI.Olivier Faure propose alors à ses partenaires de gauche sa candidature comme Premier ministre. Ils refusent.Après avoir appuyé la censure du gouvernement Barnier fin 2024, il fait ensuite opérer à son parti une mue réformiste, acceptant de discuter avec le nouveau locataire de Matignon, François Bayrou, et refusant de le censurer sur le budget, malgré la pression de ses alliés.- Coalition anti-Faure -Au PS, il attise aussi les rancoeurs: une coalition “anti-Faure” formée autour de Nicolas Mayer-Rossignol, lui reproche le “flou” de sa relation avec LFI, le faible nombre d’adhérents -40.000, le plus bas jamais enregistré- , un manque de considération pour les grands élus. Même le patron des députés Boris Vallaud, pourtant sur sa ligne stratégique, a pris le risque de l’affronter au congrès, déplorant un manque de travail interne. Avant de le rallier au second tour.Olivier Faure reste imperturbable. “Il est calme et serein dans la tempête, il encaisse”, souligne la députée Dieynaba Diop. “Une force tranquille”, abonde son bras droit Pierre Jouvet. Il met en avant un premier secrétaire qui a doublé le nombre de députés socialistes depuis 2017 et triplé celui des eurodéputés depuis 2019. “Nous sommes de nouveau là, visibles, au coeur de la gauche, forts de nouvelles générations de militants et d’élus”, assure Olivier Faure dans son livre.

Retraites: l’Assemblée appelle à abroger la réforme, la CGT dans la rue

Plus de deux ans après la promulgation de la réforme des retraites, l’Assemblée nationale a appelé jeudi à son abrogation lors d’un premier vote à portée symbolique sur le sujet dans l’hémicycle, tandis que la CGT a tenté de remobiliser la rue contre une loi qui reste très impopulaire.A quelques jours de la fin des travaux du “conclave” entre partenaires sociaux sur les retraites, les députés ont adopté une proposition de résolution déposée par le groupe GDR (communistes et ultra-marins), lors d’une journée dédiée à ses textes.A la tribune, le président du groupe Stéphane Peu (PCF) a dénoncé le passage de l’âge légal de départ à 64 ans, adopté à l’époque sans vote, grâce à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. “La plus grande blessure démocratique depuis la négation du vote des Français lors du référendum de 2005”, a-t-il lancé.Adoptée par 198 voix contre 35, avec celles de la gauche, du Rassemblement national et d’une partie du groupe centriste Liot, la résolution n’aura aucune valeur normative. Mais les communistes espèrent en faire un levier politique pour ranimer la contestation.Dans la rue, la CGT avait prévu 165 points de rassemblement ce jeudi, mais ses habituels partenaires de Solidaires et de la FSU n’ont pas relayé leur appel. Depuis Strasbourg, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a salué un “grand événement” à l’Assemblée, qui montre que “quand la démocratie parle, elle défait cette réforme”, dont elle a de nouveau demandé l’abrogation. – “Aucune légitimité” -Le vote de l’Assemblée est “une preuve supplémentaire que cette réforme n’a aucune légitimité, ni populaire, ni parlementaire”, a déclaré le groupe Insoumis dans un communiqué.Le chef du groupe communiste, qui a commencé son discours devant un hémicycle quasiment vide, a exigé du gouvernement qu’il respecte le vote de la résolution, en abrogeant la réforme ou en convoquant un référendum.”La démographie et l’allongement de la durée de vie constituent des contraintes qui conditionnent les recettes et les dépenses de notre système de retraite. Que vous le vouliez ou non”, a rétorqué Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail. Le texte “affirme l’impérieuse nécessité d’aboutir à l’abrogation des mesures les plus régressives” de la loi du 14 avril 2023, à savoir “le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et l’augmentation de la durée de cotisation portée à 43 annuités dès 2027″.”Une simple pétition de principe”, a critiqué Théo Bernhardt (RN), reprochant à la gauche de ne pas avoir soutenu les initiatives de son groupe pour une abrogation.Le RN mais aussi le groupe Liot et les Insoumis ont mené différentes initiatives parlementaires pour tenter d’obtenir un vote, sans succès. La dernière en date étant celle de LFI, fin novembre: la proposition de loi des Insoumis n’avait pu aboutir, victime de l’obstruction du camp gouvernemental.- Et la censure ? -Le sujet des retraites a retrouvé une actualité en janvier, à la faveur du compromis noué entre le Premier ministre François Bayrou et le groupe PS à l’Assemblée.Ces derniers ont accepté de ne pas censurer son gouvernement, contre un ensemble de promesses, dont la remise en chantier de la réforme des retraites.Mais l’enthousiasme a rapidement fait place à la déception. Après avoir appelé à des discussions “sans totem ni tabou”, le Premier ministre a successivement imposé l’objectif d’un équilibre financier en 2030, puis fermé la porte à un retour aux 62 ans. Les syndicats FO et CGT ont claqué la porte dès le début des discussions.Les organisations restant autour de la table, qui se retrouvaient jeudi après-midi, prévoient de clore leurs travaux le 17 juin. La réunion s’est terminée sans avancée concrète.Quant aux députés socialistes, ils agitent de nouveau la menace d’une censure du gouvernement Bayrou, si ce dernier ne soumet pas au Parlement un éventuel accord entre les partenaires sociaux.Les communistes ont obtenu jeudi l’adoption de plusieurs autres textes, sur le logement dans les Outre-mer (adoption définitive), pour le versement d’allocations familiales dès le premier enfant (première lecture), ou encore pour la création d’une commission d’enquête sur les carences de la justice dans les Outre-mer.sl-sac-av-boc/alu/hdz/alh

Flairer disques durs et clés USB, la nouvelle mission des chiens gendarmes

Pour trouver la caméra espion, Snatch fait glisser son museau au ras du sol et renifle, minutieusement mais à toute allure, chaque cachette potentielle: présenté jeudi par la gendarmerie, il est l’un des premiers chiens policiers de France capables de localiser du matériel électronique, crucial dans certaines enquêtes.Formé au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG), installé à Gramat (Lot) et qui fête jeudi son 80e anniversaire, ce berger belge malinois de 4 ans a été jugé opérationnel à l’automne 2024, tout comme un second chien basé dans le Doubs, et tous deux comptent déjà une vingtaine d’opérations.Ces “e-dogs”, comme les désignent aussi les gendarmes, peuvent repérer tout ce qui comporte un circuit électronique: ordinateurs, téléphones, clés USB, disques durs, cartes SIM ou SD, voire microSD…”La numérisation des usages fait que le chien de recherche de supports de données numériques (leur appellation officielle, ndlr) peut être utilisé pour tout type d’affaires (…) parce que l’électronique peut être le vecteur de la commission d’infractions ou détenir les preuves de la commission d’une infraction”, explique le chef d’escadron Damien Courton, responsable du département formation du CNICG.Les principaux besoins concernent “la pédopornographie, parce que ce sont des types d’infractions où il y a beaucoup de stockage de données qui peuvent s’échanger entre les utilisateurs, mais aussi la délinquance économique et financière (…) ou le trafic de stupéfiants”, ajoute-t-il.- Métal rare -Quelques jours avant l’anniversaire du centre, Snatch pointe sa truffe vers chacun des 25 récipients métalliques fermés d’un couvercle posés au sol puis parcourt les alvéoles en brique dont sont tapissés les murs d’une salle d’entraînement, avant de se figer soudainement devant l’une de ces cavités et de s’allonger.C’est là que son maître, l’adjudant-chef David Rodriguez, a caché le stylo qui comporte une caméra espion. Pour Snatch, que la caméra soit dissimulée dans un tel gadget n’a aucune importance: ce qu’il cherche, c’est l’odeur du tantale, un métal rare présent dans la plupart des circuits imprimés.Contrairement aux Américains, qui font flairer à leurs chiens l’oxyde de triphénylphosphine, un composé chimique utilisé lors de la production de matériel électronique, mais n’obtiennent que 30% de réussite, la gendarmerie française a décidé de privilégier le tantale, identifié par des chercheurs néerlandais comme potentiellement plus efficace, explique David Rodriguez.”Ils ont obtenu des résultats autour de 70%, et c’est à peu près ce qu’on obtient, nous aussi”, explique-t-il.- “Boudin” -Pour féliciter Snatch de sa trouvaille, le gendarme lui lance son “boudin”, jouet en tissu de forme cylindrique que le malinois attrape au vol et mâchouille immédiatement avec application. La notion de récompense par le jeu est au coeur du dressage des chiens policiers, et cette nouvelle spécialité ne fait pas exception.Qu’il s’agisse de rechercher billets de banque, cannabis, armes à feu, une personne disparue ou en l’occurrence une clé USB ou un téléphone, ces officiers canins sont en fait entraînés à retrouver l’odeur qu’ils associent à l’idée de jouer avec leurs maîtres.”Pour choisir les chiens, mon premier critère, c’est que quand je leur sors un jouet, il faut qu’ils le prennent et ne le rendent jamais”, explique avec un sourire l’adjudant Pierre Goyard, chargé de dresser les quatre prochains e-dogs.Dans la salle de dressage du CNICG, Snatch découvre successivement une tablette, une smartwatch et une carte microSD, et rechigne chaque fois à rendre son jouet. “Donne ! Donne !”, gronde son maître David Rodriguez, qui glisse toutefois sa satisfaction en aparté. “C’est une bonne chose.”Face à l’efficacité confondante du jeune chien, l’expérimenté gendarme lâche: “On n’est plus étonné de rien, maintenant, quand on voit qu’ils peuvent détecter des cancers ou des fuites d’eau…”De fait, Snatch a déjà réussi à repérer une batterie au lithium qui ne comportait pas de tantale. “Les chiens repèrent un cocktail d’odeurs qu’on n’a pas forcément identifié”, explique le commandant Courton, et Snatch aura repéré “une deuxième odeur qu’il doit marquer”.”C’est la magie des chiens”, conclut-il.

Nantes: manifestation contre un gala organisé par un fonds créé par le milliardaire Stérin

Un millier de personnes ont manifesté jeudi soir à Nantes leur opposition à l’organisation d’un gala “La nuit du Bien commun”, mouvement fondé notamment par le milliardaire conservateur Pierre-Édouard Stérin, selon un chiffrage de la préfecture.Un rassemblement, à l’appel de diverses associations et syndicats, était organisé à 17h00 à quelques centaines de mètres de la cité des congrès, où le gala est organisé, et un autre se tenait devant le centre hospitalier.Selon la préfecture de Loire-Atlantique, 1.100 personnes étaient rassemblées, 900 à la manifestation à l’appel de l’ultra gauche et 200 à la manifestation syndicale.”Cette Nuit porte mal son nom. Ça n’a rien du bien commun. Le bien commun, c’est l’argent des contribuables qu’on redistribue pour plus de services publics, pour plus de solidarité, etc. Et là, ils sont en train d’accaparer cette idée de bien commun par des milliardaires, par des fortunes qui choisissent lors de galas, à qui ils donnent, à quelles associations…”, a déclaré Pierre Bedouet, 36 ans, de la CGT spectacle. Parmi les banderoles figuraient notamment “Stérin nuit au bien commun”, “Ne financez pas la peur mais plutôt les Restos du cÅ“ur” ou encore “Stérin glissant”.Pierre-Edouard Stérin “s’est retiré il y a quelques jours de la Nuit du bien commun avec trois cofondateurs apparemment. Mais bon, ça ne change rien. Il a lancé quelque chose avec un état d’esprit et on continue à lutter contre cet état d’esprit”, a déclaré Céline Pella, co-secrétaire FSU de Loire-Atlantique. Dans un communiqué de la CGT, la LDH ou encore de la FSU, les opposants estiment que “le fonds du bien commun est en fait une façade du véritable projet de Pierre-Edouard Stérin qui s’appelle Pericles (…), ce plan vise à faire gagner les idées de l’extrême droite et des droites extrêmes dans les têtes et dans les urnes (…)”.Un important dispositif policier était en place et les manifestations étaient interdites par arrêté préfectoral aux abords de la cité des congrès.Vers 20h00, des heurts ont éclaté et en fin de soirée la préfecture a indiqué à l’AFP qu’il y avait eu sept interpellations.Pierre-Edouard Stérin, homme d’affaires conservateur devenu milliardaire avec son entreprise de coffrets cadeaux Smartbox, est initiateur d’un projet politique baptisé “Périclès”.La Nuit du Bien Commun, qui comprend notamment un fonds de dotation destiné à financer des projets associatifs, est née en 2017, au théâtre Mogador, à Paris, sur une idée de Thibault Farrenq, Pierre-Edouard Stérin et Stanislas Billot de Lochner.Les galas de levée de dons sont organisés dans différentes villes de France, ainsi qu’à Bruxelles et Genève.”Thibault Farrenq et Pierre-Edouard Stérin n’exercent désormais plus aucune responsabilité exécutive dans l’organisation de ces soirées. En décembre 2024, Stanislas Billot de Lochner a même estimé que le +temps des fondateurs était terminé+ officialisant ainsi la transmission de ce concept innovant à une nouvelle génération d’équipes engagées dans ce projet”, selon le site internet du Bien commun. 

Le suspect du meurtre d’Hichem Miraoui mis en examen et écroué

Christophe B. a été mis en examen jeudi pour l’assassinat terroriste en raison de l’origine d’Hichem Miraoui, un quadragénaire tunisien abattu samedi à Puget-sur-Argens (Var), un crime que reconnaît le suspect mais dont il conteste le caractère raciste.Après quatre jours de garde à vue et un transfert de l’enquête du parquet de Draguignan aux mains du parquet antiterroriste (Pnat), celui-ci a ouvert jeudi une information judiciaire.En fin d’après-midi, Christophe B. a été mis en examen pour assassinat terroriste et tentatives d’assassinat sur plusieurs personnes, en raison de l’origine, selon le Pnat.Veste grise, cheveux bouclés, barbe poivre et sel et air agacé, Christophe B. est apparu un bref instant devant quelques journalistes présents au début de son audience devant la juge des libertés et de la détention, qui l’a écroué. “Dans le cadre de sa garde à vue, si Christophe B. reconnaît la matérialité des faits, il conteste toute motivation raciste à ses actes, ainsi que toute intention terroriste”, avait détaillé le Pnat dans un communiqué dans l’après-midi.L’avocat du suspect, Me Reda Ghilaci, a confirmé cette ligne de défense, soulignant que “la réalité matérielle du dossier est à ce stade très claire : la qualification terroriste, comme l’intention raciste, sont particulièrement contestables en droit et contestées”.Il a indiqué que son client de 53 ans “a d’ores et déjà activement participé à la manifestation de la vérité et il continuera à le faire.””Le juge d’instruction a écarté l’association de malfaiteurs terroriste dès le stade de la mise en examen, comme le soutenait la défense et contrairement aux réquisitions du Pnat”, a ajouté Me Ghilaci.A Puget sur-Argens, samedi soir vers 22 heures, le suspect de nationalité française, qui avait consommé de l’alcool dans la journée, a selon le Pnat “tiré à plusieurs reprises” sur son “voisin”, Hichem Miraoui, depuis sa voiture.Il a ensuite tiré sur un autre logement puis sur deux de ses occupants, “blessant l’un d’entre eux à la main”, un homme né en 1990 en Turquie, avant de s’enfuir en voiture. D’après le communiqué, il avait diffusé sur Facebook avant les faits une vidéo interpellant ainsi les “Français” : “Réveillez-vous, allez les chercher là où ils sont”. Il faisait “allégeance au bleu blanc rouge” et annonçait son intention de dire “stop aux islamiques”.Après son périple meurtrier et jusqu’à son interpellation par les gendarmes du GIGN à 5h00 le dimanche matin, il a publié selon le Pnat quatre autres vidéos sur Facebook dans lesquelles il lançait “avoir dégommé les 2-3 merdes qui étaient près de chez (lui)”.Outre ces vidéos, le parquet relève que Christophe B. ciblait sur les réseaux sociaux “le terrorisme, les étrangers, l’islam, l’ultra-droite ou les instances gouvernementales françaises.”Selon le Pnat, son examen psychiatrique n’a pointé “aucune pathologie ou anomalie mentale”.D’après une source proche du dossier, il a exprimé de “profonds regrets” sur son acte.C’est la première saisine du Pnat concernant un homicide raciste lié à l’ultradroite.Une source proche du dossier a souligné à l’AFP que ce parquet spécialisé appréciait “au cas par cas” sa compétence concernant les faits liés à l’ultradroite, qui ne sont pas rattachés à un groupe dont les actions passées auraient déjà reçu une qualification terroriste, contrairement aux actes jihadistes avec le groupe Etat islamique.Selon cette source proche du dossier, le Pnat s’est saisi car Christophe B. voulait “troubler l’ordre public par la terreur”. – Marche blanche -Mardi après-midi, devant l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a exprimé “une pensée émue” pour les victimes, leurs familles, mais aussi pour “la communauté tunisienne”. Ce meurtre est “clairement un crime raciste”, “sans doute aussi antimusulman”, et “peut-être aussi un crime terroriste”, a ajouté le ministre.”Je veux justice pour mon frère”, “victime d’un acte terroriste”, a déclaré mardi à l’AFP sa soeur Hanen Miraoui. Samedi soir, elle discutait au téléphone avec son frère quand “tout d’un coup, je l’ai entendu dire +Aïe+ puis la communication s’est interrompue”.D’après elle, le suspect “était connu dans le quartier de (son) frère pour sa haine des Arabes”.Organisée par les proches d’Hichem Miraoui, une marche blanche doit avoir lieu dimanche à 15H00 à Puget-sur-Argens.Les actes antimusulmans ont augmenté de 72% au premier trimestre, avec 79 cas recensés, selon le décompte du ministère de l’Intérieur.

Levée de boucliers contre la suspension de MaPrimeRénov’

Professionnels et politiques sont vent debout contre la suspension des aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov’, dispositif que le gouvernement prévoit de changer pour mieux gérer l’augmentation des demandes et des tentatives de fraudes. La ministre chargée du Logement Valérie Létard a précisé jeudi sur France Inter une fermeture “d’ici le 1er juillet” du guichet de dépôt des dossiers de demande d’aide MaPrimeRénov’ pour les rénovations énergétiques globales et les travaux d’isolation et de remplacement de chaudière ponctuels. Le gouvernement avait confirmé la suspension du dispositif mercredi.Elle a aussi indiquer vouloir “changer les règles” du dispositif applicable à l’issue de la suspension et réfléchir à un moyen de “rythmer la consommation de l’enveloppe (budgétaire, NDLR) au fur et à mesure” de l’année. Mme Létard réunira la filière du secteur “d’ici dix jours”. Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), juge la décision du gouvernement de fermer ce guichet “injustifiable, inqualifiable”, risquant de  mettre “sur le carreau 100.000 salariés du secteur”.La FFB compte profiter de son congrès national le 13 juin pour “décider des mesures à prendre”, indique Olivier Salleron à l’AFP. “Ca va gronder”, ajoute-t-il, manifestation, blocage, montage de grues dans des “lieux stratégiques” étant envisagés. Même volonté de protester du côté du syndicat des artisans du bâtiment, la Capeb qui s’organise pour définir “un mouvement” afin de “réagir fortement et dire notre mécontentement”, selon son président Jean-Christophe Repon, interrogé par Franceinfo. La rénovation énergétique représente 30% de l’activité des adhérents de la FFB et 600.000 salariés, selon Olivier Salleron. “Avec en plus la crise grave et historique du logement neuf, trop c’est trop, on ne va pas se laisser crever sans rien dire”, gronde-t-il.Colère identique chez les fabricants de pompes à chaleur ou chauffe-eau dont certains “suspendent” déjà leurs décisions d’investissement dans des agrandissements d’usine, souligne Teoman Bakoglu, délégué-général adjoint de la FIEEC qui regroupe les industries électriques, électroniques et de communication. “S’il n’y a plus de carnet de commandes, les usines s’arrêtent” a-t-il dit à l’AFP.Dans un communiqué commun, 19 organisations professionnelles de la rénovation énergétique expriment leur “stupéfaction” et leurs “inquiétudes” quant aux “milliers d’entreprises d’installateurs, d’artisans du bâtiment, de distributeurs et d’emplois industriels qui sont directement fragilisés”.- “Fléau” de la fraude -La suspension estivale concerne uniquement les nouveaux dossiers. “Les dossiers non frauduleux déposés avant la fermeture seront instruits et payés dans les meilleurs délais, et une démarche d’accélération de l’instruction sera mise en place”, a précisé le ministère chargé du Logement.Des politiques de tous bords ont vivement critiqué cette décision, qualifiée d'”irresponsable” par Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise et de “pas acceptable” par Antoine Armand, ancien ministre de l’Economie et député macroniste de Haute-Savoie. “Interrompre en cours d’année un programme aussi structurant, (…) c’est déloyal et, surtout, c’est prendre le risque de mettre en danger toute une filière”, a estimé Antoine Armand, tandis que Manuel Bompard a déploré “une longue série de reculs en matière écologique, de coupes dans le budget de l’économie”.Cette pause du dispositif est motivée par “un encombrement (de nouvelles demandes, NDLR) en ce moment et un excès des fraudes”, selon Eric Lombard, ministre de l’Economie qui évaluent à “16.000” le nombre de “dossiers suspicieux”, soit “12% du stock”. Les principales fraudes sont des usurpations d’identité pour demander des aides pour des travaux inexistants. Une inflation non justifiée des devis, par effet d’aubaine, est aussi dénoncée régulièrement par les acteurs du secteur.Pour Hugues Sartre, porte-parole d’un groupement d’une dizaine d’entreprises du secteur dénommé GERE, ce sont surtout les entreprises qui promettent aux particuliers “d’effacer le reste à charge” ou “une rénovation à 1 euro” qui “gonflent les devis pour capter plus de subventions”.”C’est dommage de se dire que pour évincer une minorité de margoulins, il faut stopper tout le mécanisme”, déplore, Louis-Clair François Poncet, fondateur du réseau de PME SATEP, spécialisé en décarbonation des bâtiments.En 2024, 44.172 dossiers frauduleux de demande d’aide MaPrimeRénov’ avaient été détectés par l’Agence nationale de l’habitat (Anah) avant leur mise en paiement, ce qui représentait 229 millions d’euros de fraudes évitées.nal-im-mpa-leo-jvi/mat/spi

A Fos-sur-Mer, les dockers CGT bloquent trois conteneurs de composants militaires en partance pour Israël

Après avoir refusé mercredi de charger sur un navire à destination d’Israël un conteneur rempli de composants militaires, les dockers CGT du port de Marseille-Fos en ont bloqué deux autres jeudi, destinés au même navire, expliquant ne pas vouloir “être complices de massacres”.”Aujourd’hui (…), c’est avec écoeurement que nous avons découvert deux autres conteneurs qui devaient embarquer sur le Contship Era. Il s’agit, d’après nos informations, de tubes de canons fabriqués par la société Aubert et Duval à Firminy” (Loire), a alerté jeudi le syndicat CGT des dockers et personnels portuaires du Golfe de Fos (Bouches-du-Rhône) dans un communiqué.Mercredi, les dockers de Marseille-Fos avaient déjà refusé de charger à bord de ce même navire, en partance pour Haïfa en Israël, des pièces pour fusils mitrailleurs fabriquées par l’entreprise marseillaise Eurolinks, afin de ne pas “participer au génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien”. “Le port de Fos (…) ne doit pas servir à expédier des munitions ou des armes pour n’importe quelle guerre que ce soit. Les travailleurs du port de Fos ne veulent pas être complices de massacres, de pertes de vies humaines”, écrit le syndicat ce jeudi.Une action à laquelle la Fédération CGT des services publics a apporté son “total soutien”, annonçant que “les dockers italiens du port de Gênes ont décidé de prendre le relais des dockers français”.Sur sa page Facebook, un groupe de dockers génois, “convaincus que la lutte contre le trafic d’armes dans les ports passe par l’action”, a en effet annoncé qu’il bloquerait l’activité du port italien vendredi à 15h00.A Marseille jeudi soir, une manifestation en soutien des dockers a réuni une centaine de personnes. Selon la CGT, le conteneur bloqué mercredi contenait 19 palettes de maillons, ces petites pièces métalliques permettant aux fusils mitrailleurs de tirer en rafale. L’exportation de ces maillons avait été évoquée dès mars 2024 par Disclose et Marsactu, selon qui ils seraient “susceptibles d’être utilisés contre des civils dans la bande de Gaza”.- Des armes réexportées ? -Réagissant à ces affirmations, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu avait affirmé à l’époque que ces pièces pouvaient seulement être “réexportées” par Israël. Le ministère des Armées a confirmé jeudi que leur licence prévoit effectivement qu’elles soient réexportées en totalité vers la France et d’autres pays partenaires.Pour les tubes de canons de la société Aubert et Duval, il s’agit, selon une source proche du dossier, “d’une licence de réexportation vers des pays européens”.”Aubert & Duval vend des tubes en acier à Elbit Systems qui les transforme. La licence d’exportation de matériel de guerre accordée par l’Etat français à Aubert & Duval prévoit explicitement que le produit final (…) soit réexporté à des forces armées qui ne sont pas celles d’Israël. Aubert & Duval ne vend donc aucun matériel militaire destiné aux forces armées israéliennes”, a réagi l’entreprise auprès de l’AFP.Contacté par l’AFP, Eurolinks n’a pas donné suite.Soutenant le mouvement des dockers marseillais, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a appelé jeudi le gouvernement à “bloquer immédiatement toute livraison d’armes en direction de l’Etat d’Israël”.”Si la France continue à autoriser la livraison de matériel de guerre à Israël, elle alimente ce génocide”, a également réagi dans un communiqué Anne Savinel-Barras, présidente d’Amnesty International France.Le blocage du premier conteneur mercredi avait été salué par plusieurs responsables politiques de gauche, notamment le premier secrétaire du parti socialiste, Olivier Faure, pour qui “l’humanisme n’est pas à vendre”, ou encore le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui a réclamé un “embargo maintenant sur les armes du génocide”.Après l’attaque contre Israël menée par le mouvement islamiste armé du Hamas le 7 octobre 2023, qui a fait 1.218 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles, l’armée israélienne a mené en représailles une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza.Celle-ci a fait plus de 54.607 morts, en majorité des civils, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.jra-eg-ar-mra/ol/sp