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Afrique du Sud: l’écornage des rhinocéros a fortement réduit le braconnage

Couper les cornes des rhinocéros, très convoitées par les trafiquants, a entraîné une chute de près de 80% la chasse illégale de ce mammifère, selon une étude menée pendant sept ans dans le secteur du célèbre parc national Kruger en Afrique du Sud, ont indiqué jeudi des chercheurs.L’étude, publiée par le journal Science, a été réalisée entre 2017 et 2023 dans onze réserves autour du parc Kruger, la plus grande réserve animalière d’Afrique du Sud.Au cours de cette période, 1.985 rhinocéros ont été braconnés dans les réserves naturelles de la région du Grand Kruger en dépit des 74 millions de dollars dépensés pour appliquer la loi, des mesures qui ont permis l’arrestation de quelque 700 braconniers, selon l’étude. Le déploiement de gardes et de chiens font partie de ces mesures.En revanche, l’écornage de 2.284 rhinocéros s’est traduit par une réduction de 78% du braconnage, pour un coût qui ne représente que 1,2% de ce budget, selon l’étude publiée par l’American Association for the Advancement of Science.”Certains braconnages de rhinocéros écornés se sont poursuivis, les braconniers ciblant les moignons de cornes et la repousse, ce qui souligne la nécessité d’un écornage régulier associé à une application judicieuse de la loi”, relève l’étude.L’Afrique du Sud, qui abrite la plus grande partie des rhinocéros dans le monde, dont le rhinocéros noir en danger critique d’extinction, est fortement touchée par le braconnage, en raison d’une grande demande dans les pays asiatiques, où les cornes de rhinocéros, utilisées par la médecine traditionnelle, sont très prisées.La corne de rhinocéros est très recherchée sur le marché noir, où son prix au poids rivalise avec celui de l’or et de la cocaïne.Comme l’ivoire, les cornes de rhinocéros sont utilisées par la médecine traditionnelle pour leurs supposées propriétés aphrodisiaques, mais elles sont aussi une marque de prestige social.”Les inégalités socio-économiques persistantes incitent un grand nombre de personnes vulnérables et motivées à rejoindre des organisations criminelles ou à braconner pour eux, même quand les risques sont élevés”, soulignent les chercheurs.La corruption joue un rôle dans ce phénomène, les gangs étant prévenus par des informateurs, ce qui leur permet d’échapper à une arrestation.- Impact incertain -L’étude souligne que “les effets de l’écornage sur la biologie des rhicncéros ne sont toujours pas clairs, les recherches actuelles suggérant que l’écornage peut modifier l’utilisation par les rhinocéros de leur territoire, mais (sans affecter) leur survie et la reproduction”.Les co-auteurs de l’étude sont des chercheurs de l’Université Nelson Mandela d’Afrique du Sud et de l’Université du Cap, ainsi que de plusieurs organisations comme le Réseau de préservation de la faune sauvage (Wildlife Conservation Network) et Save the Rhino International du Royaume-Uni.Selon des données gouvernementales, l’Afrique du Sud comptait plus de 16.000 rhinocéros à la fin de l’année 2023, principalement des rhinocéros blancs.Mais au moins 34 rhinocéros sont tués chaque mois, avait indiqué en mai le ministre sud-africain de l’Environnement.En 2024, des scientifiques sud-africains avaient injecté des matériaux radioactifs dans les cornes de rhinocéros vivants afin de permettre plus facilement leur détection éventuelle aux postes frontières. Les matériaux radioactifs n’affectaient ni la santé des animaux ni l’environnement, mais rendaient les cornes toxiques pour la consommation humaine, selon le département de l’Université de Witwatersrand qui a supervisé cette expérience.Les rhinocéros noirs font partie de la liste des espèces en danger critique d’extinction de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

A Reims, un incendie dans une tour HLM fait quatre morts, dont un enfant

Quatre personnes, dont un enfant, ont perdu la vie dans un incendie survenu dans la nuit de jeudi à vendredi dans un immeuble HLM à Reims et une enquête a été ouverte pour établir les causes du drame.Par ailleurs, un enfant est “pour l’instant considéré comme disparu”, selon le préfet de la Marne, Henri Prévost. “On ne sait pas s’il était présent dans l’appartement ou pas”, a-t-il précisé à l’AFP. “Ce sont les investigations complémentaires qui vont permettre de savoir où il est, s’il est encore vivant ou s’il est malheureusement à compter parmi les victimes”.Deux adultes gravement blessés, classés en urgence absolue, ont été transportés à l’hôpital. Douze autres personnes, enfants et adultes, ont été plus légèrement touchées.Le maire de Reims, Arnaud Robinet, avait indiqué dans la matinée que les pompiers n’avaient pas trouvé de corps supplémentaire lors de leurs opérations de reconnaissance.L’élu précise que les victimes appartiennent à des familles différentes. L’enfant a été retrouvé mort au quatrième étage, d’où serait parti le feu, deux autres personnes sont décédées par inhalation de fumée et la dernière s’est défenestrée, a-t-il indiqué.L’incendie, qui est terminé, s’est déclaré vers 00H30 au quatrième étage de cette tour de HLM et s’est rapidement propagé aux étages supérieurs, notamment par la façade, selon la préfecture. “On voyait tout le monde qui criait, qui était sur les fenêtres de l’immeuble en train d’appeler à l’aide, jusqu’au dernier étage, il y avait des personnes en danger, c’était assez impressionnant”, raconte un lycéen témoin des débuts de l’incendie, Yael Coché. “Au bout d’un moment, il y avait des explosions, je suppose de gaz, qui ont retenti et là, les flammes étaient énormes, ça montait jusqu’en haut des arbres, c’était impressionnant.”La préfecture a indiqué que “les sapeurs-pompiers ont pu effectuer une reconnaissance dans l’ensemble des appartements à l’exception d’un appartement situé au quatrième étage dans lequel les dégâts et les débris sont beaucoup plus importants”. Elle précise dans un communiqué diffusé à 7h que “le bilan définitif ne sera connu qu’à l’issue de la reconnaissance des dégâts”.”Il n’y a pas d’hypothèse pour la cause de l’incendie pour l’instant”, a indiqué le procureur de Reims François Schneider, ajoutant qu’une enquête était en cours pour la déterminer.- “Énorme courage” -Le quartier Croix-Rouge, mêlant hauts immeubles et maisons dans le sud-ouest de Reims, était entièrement bouclé en tout début de matinée, l’accès à la tour sinistrée interdit par de la rubalise, a constaté une journaliste de l’AFP sur place. Des fenêtres étaient entièrement noircies sur trois niveaux, et plus légèrement sur deux autres au-dessus.L’immeuble où le drame s’est produit compte 11 niveaux, comportant quatre appartements chacun. Selon Arnaud Robinet, il ne posait pas de problème de salubrité et avait fait l’objet d’un programme de rénovation thermique. L’immeuble voisin avait été touché par un incendie en février, causé par un “feu de cuisine”, selon le maire.Des policiers nationaux patrouillant dans ce quartier populaire pendant la nuit sont intervenus les premiers après le départ de feu et ont évacué des personnes qui se trouvaient dans les escaliers “avec un énorme courage”, a rapporté M. Robinet. Les pompiers sont ensuite arrivés rapidement sur les lieux.Sur place, l’intervention s’est révélée “difficile”, a précisé le préfet, en raison de la taille de l’immeuble, mais aussi des conditions météorologiques.”Il y avait beaucoup de vent sur Reims dans la nuit, et les fumées avaient tendance à se rabattre vers l’intérieur”, ce qui compliquait l’évacuation, a-t-il expliqué.Quinze véhicules de pompiers et 62 sapeurs-pompiers ont été mobilisés, ainsi que 20 policiers nationaux, 20 policiers municipaux et neuf soignants du Smur.Une quarantaine de personnes sinistrées ont été prises en charge par la Croix-Rouge dans un gymnase mis à disposition par la municipalité.Un résident de l’immeuble voisin, Cyril Gasnier, a raconté à l’AFP qu’il était au téléphone avec sa mère, vers minuit, quand il a entendu des gens hurler. Il est descendu dans la rue et a confié avoir eu peur pour son logement mais a ensuite pu rentrer chez lui.cor-bj-bbr-zl/cnp/vk

Lieux juifs aspergés de peinture: les suspects serbes écroués, possible influence russe

Trois Serbes  ont été mis en examen et écroués à Paris, suspectés d’avoir dégradé des lieux juifs à Paris avec de la peinture verte le week-end dernier “dans le but de servir les intérêts d’une puissance étrangère”, possiblement la Russie.Selon une source judiciaire, ces deux hommés nés en 1995 et un né en 2003 sont mis en cause pour dégradations commises en réunion, en raison de la religion ou de l’ethnie supposée, et pour servir les intérêts d’une puissance étrangère, ce qui est passible de 20 ans de détention criminelle et de 300.000 euros d’amende.Selon une source proche du dossier, les enquêteurs suspectent la Russie d’avoir instigué ces actions, mais le dossier est à ce stade dépourvu d’éléments sur cela, selon une autre source proche.La Serbie, où se sont installés plusieurs dizaines de Russes ces trois dernières années, n’a jamais coupé ses liens historiques et politiques avec la Russie et n’a imposé aucune sanction à Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022. Contactés par l’AFP, les ministères serbes de la Justice et des Affaires étrangères n’avaient pas répondu vendredi.Selon la source proche du dossier, les mis en cause auraient échangé des messages sur Telegram avec d’autres protagonistes qui n’auraient pas été interpellés à ce stade. Les trois hommes, présentés par cette source comme des exécutants simplement motivés par une rémunération mais sans conscience des enjeux géopolitiques, avaient été interpellés lundi dans les Alpes-Maritimes alors qu’ils s’apprêtaient à quitter le territoire. Deux suspects ont été placés en détention provisoire, le troisième sera fixé en milieu de semaine prochaine, selon la source judiciaire.”Il y a une disproportion manifeste entre les faits reprochés et la qualification criminelle retenue pour tous, indifféremment du rôle de chacun”, a réagi Julia d’Avout d’Auerstaedt, avocate d’un des deux frères mis en cause.”Nous parlons uniquement de jets de peinture en contrepartie d’une somme d’argent dérisoire” a aussi déploré Reda Ghilaci, avocat d’un troisième homme établi en France depuis plusieurs années.”Mon client a immédiatement reconnu les faits et a par ailleurs manifesté un profond respect pour notre pays dans lequel il a des attaches (…). Il avait sa place en comparution immédiate, pas à l’instruction criminelle”, a-t-il ajouté.- Opération de déstabilisation -Dans la nuit de vendredi à samedi, ces trois hommes sont suspectés d’avoir aspergé de peinture verte le mur des Justes du Mémorial de la Shoah, deux synagogues et un restaurant de la communauté juive, situés dans le 4e arrondissement de la capitale, ainsi qu’une synagogue du 20e arrondissement.Les faits ont été découverts au petit matin par des policiers en patrouille.Les caméras de surveillance du Mémorial et de deux synagogues ont capté des images de plusieurs hommes vêtus de noir. Un filmait, un autre lançait de la peinture, selon une des sources proches.Aucun message ni revendication n’a été trouvé sur place.Ces actes ont été immédiatement condamnés par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, la maire de Paris Anne Hidalgo et l’ensemble du spectre politique et a provoqué la colère d’Israël.La piste d’une opération de déstabilisation venue de l’étranger a “dès le départ” été envisagée “compte tenu des similitudes avec le mode opératoire” utilisé pour les tags de mains rouges sur le mur des Justes du Mémorial, l’an dernier, a confié en début de semaine à l’AFP une source proche de l’enquête.Dans cette affaire, trois Bulgares, soupçonnés de les avoir peintes, ont été mis en examen et écroués fin 2024.Ces tags, symboles pouvant êtres liés au lynchage de soldats israéliens à Ramallah en 2000, ont été analysés par les services de sécurité comme une opération d’ingérence de la part de russophones.A l’automne 2023, deux Moldaves ont été interpellés pour avoir tagué des étoiles de David sur des façades d’immeubles parisiens, dans une autre opération présumée d’ingérence.Viginum, l’organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, a affirmé début mai que près de 80 opérations de désinformation avaient été menées en ligne entre fin août 2023 et début mars 2025 par “des acteurs russes” ciblant principalement le gouvernement ukrainien et les pays soutenant l’Ukraine, dont la France. 

Une centaine d’amendes à 135 euros pour avoir filmé un accident sur l’A7

Une amende de 135 euros et trois points de permis en moins: c’est ce qu’il en coûtera à 109 automobilistes ayant filmé ou photographié avec leur téléphone un camion renversé sur l’autoroute A7 dans la Drôme, a indiqué vendredi la gendarmerie.Les véhicules de ces conducteurs indélicats, qui contribuent souvent à aggraver les bouchons dans ces circonstances, n’ont pas été arrêtés mais l’infraction a été relevée “visuellement” jeudi par les militaires occupés à sécuriser les opérations de relevage du poids-lourd, a expliqué à l’AFP le capitaine Stéphane Albano, commandant en second de l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) de la Drôme.Les 109 contrevenants surpris dans les deux sens “téléphone en main” par les gendarmes de l’EDSR, selon la procédure dite de la verbalisation à la volée – sans intercepter les véhicules mais en relevant leur plaque d’immatriculation – recevront l’amende automatisée, a expliqué l’officier à l’AFP, confirmant une information du quotidien Le Dauphiné Libéré.Jeudi matin, un poids-lourd, dont le chauffeur s’était endormi au volant, selon le Dauphiné libéré, s’était couché sur l'”autoroute du soleil”, l’une des plus fréquentées de France, au niveau de La Roche-de-Glun, entre Tain-l’Hermitage et Valence. Il avait été légèrement blessé, a précisé le journal. Les opérations de relevage du semi-remorque et de nettoyage de la chaussée avaient pris plusieurs heures, provoquant un gigantesque bouchon dans les deux sens.L’infraction ne concerne que les conducteurs, pour usage du téléphone en main au volant, pas les passagers, a précisé le capitaine Albano. L’amende est minorée à 90 euros si le paiement est effectué sous 15 jours après réception du courrier.

Les nouveaux agents de l’Etat sont plus âgés et contractuels, selon la Cour des comptes

Les jeunes travailleurs accèdent de plus en plus tard à la fonction publique d’Etat, à plus de 33 ans en moyenne, et principalement comme contractuels, a pointé vendredi la Cour des comptes, qui recommande une politique d’attractivité les ciblant spécifiquement.Dans un rapport, la Cour constate “une transformation profonde du modèle traditionnel de la fonction publique, basé historiquement sur l’accès au statut de fonctionnaire en début de carrière et par la voie du concours”. L’âge moyen des nouveaux entrants dans la fonction publique d’Etat, qui compte 2,5 millions d’agents, atteignait 33 ans et 3 mois en 2022, contre 25 ans en 2010 et 21 ans en 1980. En 2022, il était de 39 ans et 6 mois pour les fonctionnaires et 31 ans et 8 mois pour les contractuels. Les recrutements annuels par concours ont enregistré une forte baisse de 28% entre 2002 (56.000 postes offerts hors militaires) et 2022 (40.300). Parmi les quelque 250.000 nouvelles recrues en 2022, 71,4% ont été recrutés comme contractuels civils ou militaires, contre 21,3% comme fonctionnaires, le reste étant des apprentis, ouvriers d’Etat ou enseignants d’établissements privés sous contrat. La Cour constate relève aussi un “essor des contrats temporaires à durée limitée”, dont 54% de moins d’un an, 34% entre un et trois ans et 11% supérieurs à trois ans, induisant une volatilité accrue des effectifs. “Parmi les agents rentrés en 2020 dans les administrations publiques, 91% des titulaires sont encore présents deux ans après et 94% des moins de 30 ans. En revanche, les contractuels ne sont que 52% à être présents en 2023” et 44% chez les moins de 30 ans. Parmi les défis de la fonction publique d’Etat, la Cour note notamment “un vieillissement important lié à l’allongement des carrières”, ce qui rend “inéluctables (…) des départs massifs à la retraite dans les prochaines années”.Elle estime que les aspirations des jeunes générations – recherche de sens dans le travail, organisation souple, relations moins hiérarchisées – “peuvent se heurter à la représentation qu’ils en ont ou à la réalité des pratiques de la fonction publique de l’Etat”. Face à ce constat, elle préconise “de mettre en Å“uvre au plus vite une stratégie dédiée spécifiquement au recrutement des jeunes, fondée sur une gestion prévisionnelle de ses emplois et de ses compétences à cinq, dix ou quinze ans”.

Blocage de l’aide humanitaire à Gaza: ouverture d’une enquête en France pour complicité de génocide

Le parquet national antiterroriste a ouvert une information judiciaire pour complicité de génocide, incitation au génocide et complicité de crimes contre l’humanité contre des Franco-Israéliens soupçonnés d’avoir participé à des actions de blocage de l’aide humanitaire à Gaza entre janvier et mai 2024, a-t-on appris vendredi de source proche du dossier.L’ouverture de cette enquête fait suite à une plainte déposée en novembre 2024 par l’Union juive française pour la paix (UFJP) et une victime franco-palestinienne qui dénonçait “l’organisation, la participation et l’appel à participer à des actions concrètes de blocage de l’aide humanitaire à destination du territoire occupé de Gaza, notamment en empêchant physiquement le passage des camions aux postes frontières contrôlés par l’armée israélienne”.”Nous sommes très satisfaites de cette décision parfaitement cohérente avec la démonstration factuelle et juridique et les preuves objectives apportées par les parties civiles et attendons de voir si la suite de l’instruction sera tout aussi cohérente”, ont réagi les avocates des plaignants, Mes Damia Taharraoui et Marion Lafouge auprès de l’AFP.”La période de prévention”, c’est-à-dire la période à laquelle se sont déroulés les faits visés par l’enquête, “remonte à janvier 2024, à un moment où personne ne voulait entendre parler de génocide”, ont-elles souligné.Leur plainte avec constitution de partie civile pour complicité de génocide et incitation à la commission d’un génocide vise des figures de “Israël is forever” et “Tzav-9”, des associations pro-Israël, présentées comme ayant la nationalité française.Selon une source proche du dossier, le réquisitoire introductif du parquet national antiterroriste (Pnat) date du 21 mai, et vise des faits qui se seraient déroulés aux postes frontières de Nitzana et Kerem Shalom.

En Roumanie, entre inquiétude et colère autour d’une mine historique inondée

Devant la célèbre mine de sel de Praid, dans l’est de la Transylvanie roumaine, des panneaux “Défense d’entrer” accueillent les visiteurs. Les fortes pluies de la semaine dernière, qui ont envahi ses couloirs, ont entraîné la fermeture sine die du site, provoquant la déception des touristes et l’inquiétude de toute une région.”Ca fait mal au coeur”, déplore Ioan Mera, venu visiter la cathédrale souterraine de 2,7 kilomètres de profondeur, présentée comme l’une des plus grandes d’Europe.”Ce site est un monument historique, notre trésor”, explique à l’AFP le touriste de 55 ans au sujet de la réserve de sel en service depuis le XVIIIe siècle.Des intempéries ont transformé la paisible rivière Corund en un tempétueux torrent, au débit sans précédent en 30 ans, et la mine a été gagnée par l’eau.L’état d’urgence a été décrété en raison du risque d’effondrement des galeries les plus anciennes, des dizaines de villageois ont été évacués et les 130 mineurs se retrouvent au chômage technique.Près de 40.000 personnes d’une province voisine sont aussi privées d’eau potable en raison de l’augmentation de la salinité dans les nappes phréatiques. – “Chambres vides” -Alors que la mine avait accueilli en 2024 un demi-million de personnes, avec un tourisme, florissant depuis l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne en 2007, les professionnels du tourisme s’alarment.Lorsqu’il a ouvert ses chambres d’hôtes il y a 18 ans, Alexandru Muntean, 58 ans, ne comptait qu’une centaine de concurrents. Un chiffre multiplié par quatre depuis, grâce à l’attractivité des souterrains partiellement reconvertis en centre de traitement des maladies respiratoires.”Des dizaines de milliers de personnes y ont été soignées”, raconte Attila Ambrus, un autre quinquagénaire ayant ouvert sa demeure aux curistes. “Aujourd’hui, les six chambres sont vides, nous n’avons aucune réservation et celles qui avaient été faites ont été annulées”, déplore-t-il sous le soleil revenu.Des travaux pour pomper la boue et déplacer le lit du cours d’eau en cause ont commencé et des experts sont arrivés sur les lieux pour évaluer la situation sans pouvoir descendre dans la mine à ce stade.- “Coller des rustines” -Le gouvernement a approuvé 60 millions d’euros d’aide au tissu économique local et demandé le soutien de l’UE.Le voisin hongrois, Viktor Orban, a également proposé un soutien financier, la majorité des 6.500 habitants de Praid étant issus de la communauté magyare, première minorité de Roumanie. A l’image du maire Laszlo Nyagrus, qui évoque “une situation unique, dramatique pour l’ensemble de la région”. S’il espère que le site pourra être sauvé, il pense déjà à l’après et à la diversification des sources de revenus.Comme bien souvent en Roumanie, où la corruption est endémique et les pouvoirs publics mal-aimés, on cherche des responsables. Et “on les trouvera”, a promis en visite sur place le président Nicusor Dan, fraîchement élu sur la promesse d’un dégagisme des élites aux manettes depuis des décennies.Les problèmes d’infiltrations d’eau étaient connus depuis 2007, ont admis les autorités.C’est certain, il y a eu “négligence” de la part de “ceux qui ne se donnent pas la peine de protéger” le patrimoine, lance M. Muntean, sans toutefois avancer d’éléments concrets. Si au lieu de “coller des rustines”, des “vrais travaux” avaient été réalisés, “la nature n’aurait pas causé de tels ravages”, s’emporte Attila Ambrus.Il faut désormais compter avec une violence destructrice décuplée par le réchauffement climatique, a rappelé Nicusor Dan, alors que la Roumanie a déjà été touchée l’an dernier par des inondations meurtrières dans l’est du pays. 

“Tout ne se règle pas avec la police”: à Argenteuil, des médiateurs contre le harcèlement scolaire

A la sortie du collège mardi midi, Sajaa, 11 ans, se glisse discrètement derrière Hakim, solide gaillard flanqué d’une polaire estampillée “Médiation urbaine” pour lui glisser à l’oreille qu’un élève la frappe. “Je vais lui parler à la sortie”, répond fermement le médiateur. Depuis une dizaine d’années, Hakim et Mohammed se rendent quotidiennement à la sortie des établissements scolaires, des terrains de sport et dans les quartiers d’Argenteuil (Val-d’Oise). Ces 16 agents municipaux sont formés spécialement pour repérer les cas de harcèlement scolaire et prévenir les rixes. Une façon de déminer des situations explosives sans recourir systématiquement à la répression, dans une ville meurtrie par la mort quatre ans plus tôt d’Alisha, 14 ans, harcelée et jetée dans la Seine par des camarades de collège.Pour ce qui concerne Sajaa, Hakim explique qu’il va mettre l’élève harceleur “face à ces actions” devant “tout le monde”. “Si tu leur dis +ce n’est pas bien+, ça rentre par là, ça sort par là”, mime-t-il en montrant ses oreilles. Il faut “rentrer dans leur ego”, leur dire “tu es un lâche”. “C’est ça qui marche avec eux”, conclut-il. Souvent, l’élève finit par “s’excuser” et “arrêter”. “Tous les jours, tu dois en remettre une couche”, soupire-t-il. Mais “à force de te voir, ça les dissuade”. – “Confiance” -Un dispositif qui fonctionne grâce à la “confiance” que les équipes de médiateurs ont réussi à inspirer aux parents et aux jeunes, expliquent, flattés, Mohammed et Hakim, habitants de toujours du quartier du Val d’Argent, qui ne peuvent traverser une rue sans “checker” tel “chef”, tel “beau gosse”, telle “petite”.”Beaucoup de jeunes ont un lien particulier avec les médiateurs” qui sont “des capteurs de terrain”, explique à l’AFP Chems Akrouf, directeur de la sécurité et de la prévention de la commune d’Argenteuil.”On va leur dire qu’un jeune a été tabassé ou qui est le bouc émissaire d’une classe”, poursuit-il en précisant que les médiateurs “ne sont pas là pour dénoncer à la police, mais pour essayer de diminuer l’agressivité des jeunes”. A l’inverse, un incident détecté par la police doit être “transmis au volet prévention” pour “aller au coeur de la difficulté”, détaille M. Akrouf. “Tout ne se règle pas avec la police”, affirme cet ancien agent de renseignement, même si dans les cas graves, les familles sont incitées à déposer plainte. – “Un peu délaissés” -Depuis la mort d’Alisha, les équipes ont été renforcées. Six agents supplémentaires ont été recrutés et l’un est depuis 2023 spécifiquement dédié à la veille sur les réseaux sociaux. “Toutes ces actions ne visent qu’à une seule chose, ne pas laisser un jeune être isolé”, affirme M. Akrouf. Car “pour un rien, ça peut exploser”, soupire Hakim, au volant de sa Scenic grise. Il dit avoir confisqué avec Mohammed “une centaine de couteaux”, depuis qu’il a commencé à travailler. “Il y a beaucoup de familles en détresse, monoparentales, des jeunes un peu délaissés”, raconte Hakim. “Le plus compliqué”, c’est quand les harceleurs “ne voient pas le mal”, déplore-t-il, leur répétant patiemment de se mettre à la place de l’autre. Mais, parvenu devant le collège Lucie Aubrac, il sourit. Ici, les bagarres permanentes ont cessé, les tensions se sont apaisées. “On n’a plus trop de problèmes de harcèlement. Nos efforts portent leurs fruits.” Des élèves d’un autre collège de la ville, Paul Vaillant Couturier, ont même reçu un prix national, le 21 mai, récompensant leur affiche contre le harcèlement scolaire, qui sera utilisée dans toute la France. “Ca signifie beaucoup”, explique Narjes, 14 ans, l’une des conceptrices de l’affiche, elle-même victime de harcèlement grave en primaire. A l’AFP, en marge de la présentation de leur prix jeudi, elle confie: “Je vois qu’on peut écouter les autres et que je peux me défendre”. 

TV: chamboulement effectif sur les télécommandes et coup d’envoi imminent de T18

Les téléspectateurs vont devoir s’habituer, après ce bingo des chaînes: plusieurs ont changé de numéro dans la nuit de jeudi à vendredi, dont celles d’info qui ont été regroupées, et une nouvelle va être lancée dans la soirée, T18.     Cette petite révolution sur la TNT (télévision numérique terrestre) est inédite depuis vingt ans. La grande majorité des téléviseurs a effectué automatiquement la mise à jour dans la nuit ou la proposent à l’allumage. Dans de rares cas, il faut procéder manuellement à une recherche automatique.Le seul accroc a été observé chez Free, où le basculement n’avait pas eu lieu dans l’immédiat, contrairement aux autres opérateurs.Sollicité par l’AFP, l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, a confirmé “qu’à 03H30, constat a été fait qu’il y avait un problème avec l’opérateur Free”. Joint par l’AFP, Free a indiqué que “la mise à jour (était) en cours” et que la nouvelle numérotation prendrait effet “dans les prochaines heures”.Cette bascule sur la zapette découle de l’arrêt fin février des chaînes C8 et NRJ12. Cela a ouvert la possibilité d’une remise en ordre plus logique des canaux, décidée par l’Arcom.Les chaînes “historiques” (TF1, France 2, France 3, France 5, M6…) ne sont pas touchées.La modification la plus notable est la constitution d’un bloc info. Les leaders BFMTV et CNews, jusqu’alors numéros 15 et 16, avancent en 13 et 14. LCI (canal 26) et franceinfo (27) prennent les places 15 et 16.Une concurrence accrue se profile sur ce champ de l’info, qui ne fait pas que des heureux, en particulier BFMTV qui perd sa position établie et a déjà été détrônée ces derniers mois en audience par CNews. “BFMTV retrouvera son leadership, j’en suis convaincu”, a assuré son directeur général, Fabien Namias, dans Le Figaro. Une cinquantaine de départs de journalistes ont été enregistrés depuis octobre. L’évolution de ces quatre numéros est possible car les chaînes publiques LCP et Public Sénat, qui se partageaient le canal 13, font un bond jusqu’au numéro 8.Et France 4, chaîne jeunesse et culturelle de France Télévisions, quitte le 14 pour remplacer Canal+ sur le 4. Ainsi France 2, France 3, France 4 et France 5 se suivent désormais. – Audiences scrutées -Le canal 4 a été libéré par le groupe Canal+, qui a décidé de retirer ses quatre chaînes payantes de la TNT (Canal+, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport, Planète), en réaction notamment au non-renouvellement de la fréquence de C8, qui lui appartenait.Enfin Gulli, la chaîne pour enfants du groupe M6, troque le numéro 18 contre le 12, laissé vacant par NRJ12.En décembre, l’Arcom avait écarté C8 et NRJ12 de la TNT et sélectionné deux nouvelles chaînes: l’une créée par le groupe CMI France, du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, l’autre par le groupe régional Ouest-France.La première, baptisée T18, sera lancée en fanfare à 19H45 sur le canal 18, avec l’ex-star de France 2 Laurent Ruquier qui présentera la grille. La nouvelle chaîne, qui diffuse pour l’heure des extraits de films et documentaires avec un compte-à-rebours, promet d’être “la télé qui s’amuse à réfléchir”. La seconde, NOVO19, arrivera le 1er septembre sur le canal 19.Ce changement général constitue une première depuis la création de la TNT en 2005 car, jusque-là, les derniers arrivés prenaient les derniers numéros.La numérotation reste un enjeu capital, malgré un visionnage croissant via les plateformes des chaînes.Être dans les premiers est considéré comme un avantage: plus un numéro est bas, plus vite on tombe dessus, de nombreux téléspectateurs faisant défiler les chaînes au lieu de taper le numéro souhaité. Les premières vagues de mesures d’audience seront donc scrutées de près.C8, où officiait l’animateur controversé Cyril Hanouna, ainsi que NRJ12, ont contesté leur exclusion devant le Conseil d’État, en vain. Propriété du groupe Canal+, dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, C8 avait cumulé 7,6 millions d’euros d’amende en raison des dérapages du chef de file de l’émission TPMP. Cyril Hanouna animera à partir du 1er septembre deux nouvelles émissions quotidiennes, “Tout beau tout 9” sur W9 et “Tout beau tout Fun” sur Fun Radio, deux médias du groupe M6.

En France, les centres de suivi des auteurs de violences conjugales font le plein

Créés en 2020 pour prévenir la récidive et le passage à l’acte, les centres de suivi et d’accompagnement des auteurs de violences conjugales font l’objet en France d’une “forte demande” avec des “listes d’attente fréquentes” dans ces structures qui appellent à un renforcement de leurs moyens. Entre 2021, quand le dispositif est devenu pleinement opérationnel, et fin 2024, “66.694 personnes ont été reçues” par les trente sites français “pour une prise en charge globale (…) tant sur la base du volontariat que dans le cadre de mesures judiciaires”, précisent les centres de prise en charge des auteurs (CPCA) de violences conjugales dans un communiqué publié vendredi. En 2024, le nombre total de personnes prises en charge était de 21.856, en augmentation de 57% depuis 2022. Ce sont des hommes dans une écrasante majorité même si quelques femmes sont aussi accueillies.”Les moyens actuels (autour de 5 millions d’euros par an, ndlr) sont insuffisants pour prendre en charge l’ensemble des flux qui nous sont orientés donc on priorise” les demandes émanant de la justice, souligne auprès de l’AFP Claire Haury, directrice générale de l’ARSL, la structure qui pilote la coordination des CPCA. “Les auteurs de violences qui prennent contact d’eux-mêmes, soit on les perd soit on les met sur liste d’attente”, déplore-t-elle. Or “un auteur qui fait la démarche volontaire de venir, on ne peut pas lui dire revenir plus tard ça doit être traité tout de suite”, insiste Mme Haury.  Selon les derniers chiffres officiels publiés fin novembre, quelque 271.000 victimes de violences conjugales, à 85% des femmes, ont été enregistrées par les forces de sécurité en 2023. Sur la même année, 96 féminicides conjugaux ont été recensés.Pour tenter de prévenir passage à l’acte ou récidive, le gouvernement avait annoncé, à l’issue du Grenelle des violences conjugales de 2019, un suivi renforcé des auteurs de ce type de violences qui s’était concrétisé un an plus tard par l’ouverture des CPCA. Ces centres proposent essentiellement des “stages de responsabilisation” ou des groupes de parole sur la base du volontariat ou dans le cadre d’une démarche judiciaire (alternative aux poursuites, contrôle judiciaire, sursis probatoire, aménagement de peine). En moyenne, le nombre de participants par stage oscille entre 10 et 15 personnes et la durée du stage entre un à six jours, selon les CPCA.  – “Pas de +profil type+” -Un accompagnement psychothérapeutique et médico-social incluant un suivi psychologique et en addictologie peut également être proposé suivant les besoins de l’auteur des violences. En 2023, 11.022 personnes ont participé à un stage de responsabilisation et 6.399 personnes étaient engagées dans une démarche de soins. “Il n’y a pas de +profil type+ parmi les personnes reçues”, insistent les CPCA. “Les auteurs sont de tout âge, de différentes catégories socioprofessionnelles, avec une majorité en emploi, provenant de milieux ruraux et urbains. Certains sont encore en couple, tandis que d’autres sont séparés”.Les structures notent une augmentation des demandes d’accompagnement volontaires, hors du cadre judiciaire, de 80% entre 2021 et 2023. Avec quelles suites? Aucune donnée n’est encore disponible sur l’impact de cet accompagnement sur une potentielle récidive. “On n’est pas en mesure de vous dire à l’heure actuelle que 100% des auteurs de violences conjugales ne le sont plus après le suivi mais ce qui est intéressant c’est qu’il y a une majorité d’auteurs qui demandent à continuer l’accompagnement après la peine”, explique Claire Haury. “Il faut se souvenir quand les centres ont été lancés, on ne savait pas très bien où ça allait aller. Quatre ans après on peut dire que le bilan est particulièrement positif”, estime de son côté Sylvaine Grévin, fondatrice de la Fédération nationale des victimes de féminicides.”Ce travail est essentiel”, martèle-t-elle. “Tout ce qui est bon à prendre, pour protéger les victimes et réduire le taux de récidive, on doit le mettre en place. On recense les féminicides conjugaux depuis cinq ans: dans 30% des cas, l’auteur du féminicide avait déjà été condamné par le passé pour violences conjugales”.Â