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Viande: des chercheurs proposent de réduire la consommation à plusieurs vitesses

Réduire la consommation de viande des Français de 15% d’ici 2035 mais en tenant compte des contraintes et aspirations de chaque catégories socio-économiques: c’est ce que proposent des chercheurs dans un rapport publié lundi et destiné à “lancer le débat” sur un sujet “sensible”.Concrètement, une famille aisée et diplômée, prédisposée à baisser sa consommation et avec les moyens de le faire, réduirait la proportion de viande de 26% dans son assiette contre 10% pour les familles urbaines modestes.L’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) partent du principe qu’il “faut aller vers une alimentation saine, à faibles impacts sur les écosystèmes, accessible à tous et rémunérant équitablement les producteurs” et que cela passe pas une baisse de la consommation de viande et une meilleure qualité des produits.”La baisse de la consommation de viande ne suscite pas de rejet chez une grande majorité de la population française (…) Pourtant, à l’échelle nationale, la consommation de viande stagne depuis 10 ans”, déplorent les chercheurs.Alors comment la réduire ? Pas en comptant uniquement sur un changement d’habitude de la part d’un “consommateur responsable” mais grâce à des actions, explique Mathieu Saujot, directeur du programme Modes de vie en transition à l’Iddri.”Il faut dédramatiser le sujet (…) et rapprocher les producteurs des consommateurs”, notamment grâce à la vente directe, a plaidé Benoît Drouin, agriculteur en polyculture élevage, invité pour la présentation de l’étude à Paris. Mais aussi proposer des alternatives végétales au jambon comme le fait Fleury Michon, a défendu Billy Salha, son directeur général. Les choix du consommateur doivent aussi être accompagnés avec l’encadrement de la publicité, de l’étiquetage et par la disposition en rayon mais aussi grâce aux différents canaux d’information (médias, ONG, établissements publics), complètent les chercheurs.Pour Marie Massart, adjointe au maire de Montpellier aussi invitée à la présentation de l’étude, l’engagement des collectivités peut également se faire par l’augmentation du nombre de repas végétariens dans les cantines.L’étude dénombre 12 catégories socio-économiques plus ou moins sensibles à cet ensemble d’actions, en fonction de leurs revenus, de la composition du foyer, de leur niveau de diplômes, leur âge et leur lieu de vie.En partant de cette typologie, réalisée grâce à un travail mêlant sociologie, modélisation quantitative et études des politiques publiques, les chercheurs ont établi une trajectoire de réduction possible pour chaque groupe, qui aboutit à une réduction globale de 15% entre 2023 et 2035.Selon le scénario proposé, les femmes seules, qui consommaient en moyenne un peu moins de 100g de viande par jour, pourraient par exemple réduire leur consommation de 36% grâce à ces incitations, soit la variation la plus forte. Les hommes seuls, qui en consommaient environ 140g par jour, la réduiraient eux de 7%.

Gare d’Austerlitz à Paris: l’homme blessé par balles par la sûreté ferroviaire en état de mort cérébrale

“J’ai entendu tirer puis des cris…”: gare d’Austerlitz à Paris, un équipage de la sûreté ferroviaire de la SNCF a fait deux blessés par balles, dont une personne, qui taguait une croix gammée et qui a sorti une arme factice, déclarée en état de mort cérébrale lundi soir.”L’agent ayant fait usage de son arme (né en juillet 1978) a été placé en garde à vue pour procéder aux vérifications nécessaires”, a indiqué le parquet de Paris lundi soir, précisant que “les dépistages effectués (étaient) négatifs”. “Son arme et les cartouches ont été saisies”. La victime, un homme né en Syrie en 1976 et domicilié à Paris, avait été repéré par des agents de la RATP vers 11H “ayant gravé des croix gammées sur du mobilier RATP en différentes stations de la ligne (de métro) 9”, a relaté le parquet de Paris.Gare d’Austerlitz, vers 14H, un témoin a signalé à la SUGE, la police des chemins de fer, “qu’un homme venait de graver quatre croix gammées aux abords de la ligne 5”, poursuit la même source.Une demi-heure plus tard, la patrouille a repéré cet homme “sur le parvis extérieur”, il “a été vu mettre sa main dans son blouson” et “il en a sorti ce qui apparaissait être une arme de poing, qu’il a brandie des deux mains en direction des agents”. L’arme “s’est avérée factice” par la suite, a précisé le parquet.L’individu n’a pas obtempéré aux injonctions de l’équipage de la SUGE, et l’un des agents a fait usage d’une arme “à plusieurs reprises”, a détaillé la source policière.L’auteur des tags “grièvement blessé” avec “un pronostic vital engagé” a, selon le parquet, “été déclaré en état de mort cérébrale peu avant 19H”.”Un chauffeur de taxi se trouvant à proximité a été blessé au pied, il a été conduit à l’hôpital”, a ajouté le ministère public.Le parquet a ouvert deux enquêtes, toutes deux confiées au 3e district de la police judiciaire parisienne. L’une porte sur les violences sur personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée de mission de service public, l’autre concerne les violences avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée de mission de service public. “J’étais assise, hors de la gare, juste devant l’entrée. J’ai entendu tirer puis des cris… La police est arrivée immédiatement derrière”, a raconté à l’AFP une Russe vivant à Paris témoin de la scène. “C’était à proximité de la station de taxi, j’ai pensé que c’était une dispute entre deux conducteurs mais les gens avaient l’air d’avoir peur, certains couraient…”, a-t-elle aussi relaté. – Commerces fermés -Sur son compte X, le RER C a annoncé en début d’après-midi que la gare de Paris-Austerlitz n’était plus desservie, dans les deux sens de circulation, pour quelques heures en raison de mesures de sécurité.A l’intérieur de la gare, certaines voies restaient tout de même accessibles mais les trains ont du retard. Les commerces, eux, étaient fermés et un périmètre de sécurité a été installé au sein de l’enceinte, a constaté une journaliste de l’AFP.”La circulation des trains reprend progressivement”, lançaient les haut-parleurs en fin d’après-midi. “Pour des mesures de sécurité et de vérification”, un des halls d’Austerlitz, situé côté cour Seine, reste fermé, indiquait à son tour un message sonore diffusé dans la gare quelques minutes plus tard.Le parvis de la gare, située dans le XIIIe arrondissement de la capitale, était dans l’après-midi entièrement fermé au public. Des policiers ainsi que des militaires du plan Vigipirate y étaient déployés.Un camion de pompiers était stationné devant une des entrées de la gare alors que le quai d’Austerlitz était fermé à la circulation, un périmètre de sécurité ayant été installé.

Budget: les socialistes écartent la censure, Bayrou dégaine ses premiers 49.3

Conforté par la décision du PS de ne pas chercher à faire tomber son gouvernement sur les questions budgétaires, François Bayrou a dégainé lundi les premiers 49.3 de son mandat, sans grands risques pour sa survie politique malgré les motions de censure déposées par LFI.”Aucun pays ne peut vivre sans budget et la France moins que tout autre”, a argué le Premier ministre dans l’hémicycle, engageant la responsabilité de son gouvernement sur le projet de budget 2025.Le gouvernement espère ramener par ce texte le déficit public à 5,4% du PIB en 2025, notamment avec de nouvelles recettes, temporaires, sur les ménages les plus aisés et les bénéfices des grandes entreprises, mais aussi des coups de rabot sur les dépenses de plusieurs ministères.Un budget bâti sur des hypothèses “un peu optimistes” de croissance, avec “peu de marges de sécurité”, a estimé le Haut conseil des finances publiques.Les Insoumis ont répondu comme attendu à l’usage de l’article 49.3 de la Constitution qui permet l’adoption d’un texte sans vote. Ils ont déposé dans la foulée une motion de censure, qui n’aura toutefois aucune chance d’aboutir sans les voix socialistes.Celle-ci devrait être débattue et soumise au vote mercredi. Son rejet entraînerait l’adoption du budget 2025 à l’Assemblée nationale, avant une adoption définitive sans suspense jeudi au Sénat.Deux mois après la chute du gouvernement Barnier, François Bayrou semble ainsi assuré de rester pour le moment à Matignon, même si le RN décidait de censurer. “J’ai donné à Jordan Bardella et Marine Le Pen (…) mon avis, je leur ai dit que ce budget mériterait la censure”, a déclaré lundi soir sur LCI le député et porte-parole RN Jean-Philippe Tanguy. “Mais il y a d’autres considérations.”Le groupe doit trancher mercredi.- “Intérêt général” -Le PS a fait savoir qu’à l’issue de la procédure budgétaire, il déposerait une motion de censure spontanée (article 49.2) en réaction aux propos de François Bayrou sur le “sentiment de submersion” migratoire. Même si plusieurs participants au bureau national jugent qu’elle n’a “aucune chance” de recueillir les voix du RN et de faire tomber le gouvernement.”Ce que nous disons, c’est +oui+ à un budget pour les Français, mais +non+ à ce gouvernement”, a expliqué dans une interview à Libération le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, en défendant une décision guidée par “l’intérêt général”.”Nous sommes fidèles” au Nouveau Front populaire “en demeurant dans une opposition franche”, a-t-il assuré. La décision de non-censure du PS sur le budget acte encore un peu plus de sa rupture avec LFI et accentue les doutes sur l’avenir de l’alliance de gauche.”Le Nouveau Front populaire est réduit d’un parti”, a réagi le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon.Le président LFI de la commission des Finances Eric Coquerel a, de son côté, fustigé un budget “encore plus austéritaire” que celui de Michel Barnier, lançant un appel au PS: “Si le RN vote la motion de censure”, il suffit que “20-25” socialistes la soutiennent.Mais, selon le groupe PS, l’ensemble de ses députés suivront la décision du bureau national pour le budget de l’Etat et celui de la Sécurité sociale. Une décision importante puisque François Bayrou a rapidement dégainé un deuxième 49.3 lundi, sur une partie de ce second texte, qui avait causé la chute de Michel Barnier en décembre.Une situation rarissime: le dernier Premier ministre ayant invoqué plusieurs fois le 49.3 le même jour était Michel Rocard, il y a près de 35 ans, selon le site de l’Assemblée.- D’autres 49.3 attendus -“C’est une obligation pour nous d’avoir un texte qui permette aux acteurs d’avoir une feuille de route claire”, a justifié le Premier ministre en engageant à nouveau la responsabilité du gouvernement. LFI répondant par une deuxième motion de censure.La ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin a elle défendu “une première étape” dans le rétablissement des comptes, estimant que le déficit de la Sécu sera “supérieur à 22 milliards d’euros” en 2025.”Le texte que nous allons adopter ne règle aucun des problèmes structurels de nos comptes publics et de nos comptes sociaux”, a alerté le rapporteur général Thibault Bazin, élu du parti Les Républicains (LR).François Bayrou pourrait encore recourir deux fois cette semaine au 49.3 sur d’autres pans de ce projet de budget de la Sécurité sociale, en espérant par la suite une adoption conforme au Sénat autour des 17-18 février.parl-pol/sde/gvy

Malgré la crise, le logement n’est plus une priorité du gouvernement, accuse un rapport

Les signaux de la crise sont au rouge, mais l’année 2024 a presque été “une année blanche” en matière de politique du logement, regrette la Fondation pour le logement des défavorisés dans son rapport annuel, critiquant l'”attentisme” et le “renoncement” du gouvernement.Ce rapport sur l’état du mal-logement publié lundi, dont un chapitre est consacré au handicap, est le 30e de l’ex-Fondation Abbé Pierre, qui a changé de nom fin janvier après les multiples accusations de violences sexuelles visant son fondateur.Avec sept mois “sans ministre du Logement en état de prendre d’importantes décisions”, l’année aura été “presque blanche”, tacle le rapport. Les deux principales mesures prises par le gouvernement, à savoir l’extension du prêt à taux zéro et l’exonération exceptionnelle de droits de succession sur les donations en cas d’achat d’une résidence principale, sont qualifiées d'”assez contestables” car “inégalitaires et peu écologiques”.Le rapport de 342 pages enchaîne les chiffres alarmants, dont celui des 735 personnes mortes dans la rue et âgées en moyenne de 49 ans, un record en douze ans.En 2024, la Fondation évalue à 350.000 le nombre de personnes sans domicile, en hausse de 6% sur un an et de 145% depuis 2012, tandis qu’elle comptabilise 4,2 millions le nombre de personnes mal-logées, qu’elles soient privées de logement ou vivent dans des conditions difficiles.Conséquence directe, 5.000 à 8.000 personnes, dont 1.000 à 3.000 enfants, sont chaque soir refoulées par le 115 faute de place en hébergement d’urgence.Plus de 100.000 personnes vivant dans des lieux de vie informels (squats, bidonvilles) ont par ailleurs été expulsées en 2024, autre record, note la Fondation, qui critique une “posture répressive vouée à l’échec si elle ne s’attaque pas aux causes”.”On a vu en 2024 un durcissement de la crise de la construction, un grippage du marché immobilier, beaucoup d’alertes sur le front du mal-logement (…) et pourtant, du point de vue des politiques publiques, l’année a été marquée par l’attentisme et le renoncement”, a observé devant la presse Christophe Robert, délégué général de la Fondation.-“Assignation à résidence”-“On voit que les préoccupations économiques de relance de l’activité immobilière prennent le pas sur la dimension sociale de la politique du logement, alors qu’on a une crise du logement majeure et qu’il y a besoin de rééquilibrer l’ordre des priorités”, ajoute-t-il.Parallèlement, les demandes de logements sociaux n’ont pas cessé de grimper, avoisinant les 2,8 millions de ménages fin 2024, tandis que les logements sociaux disponibles suivent la pente inverse.Ce tableau noir s’inscrit dans un contexte de paupérisation croissante et de creusement des inégalités, rappellent les auteurs.Le cap du million d’interventions pour impayés a été franchi “pour la première fois” en 2023, presque “deux fois plus qu’en 2020”, avec à la clé des réductions de puissance ou des coupures d’électricité ou de gaz.Le rapport critique par ailleurs les multiples coups de rabot sur le budget de la rénovation, rappelant que la précarité énergétique concerne 12 millions de personnes et que 30% des ménages ont eu froid dans leur logement l’an dernier.Appelant à “changer de cap”, la Fondation pour le logement des défavorisés réitère son souhait de redonner des capacités d’action aux organismes HLM pour relancer la construction et “d’amplifier les mesures de régulation” en généralisant par exemple l’encadrement des loyers.Un chapitre dédié aux personnes en situation de handicap ou de perte d’autonomie dresse par ailleurs un constat “décevant”, vingt ans après la grande loi sur le handicap.Plus précaires que la moyenne, ces personnes sont confrontées à d’importantes difficultés d’accès au logement et sont davantage victimes de discriminations.”Dans le parc locatif privé, il y a des discriminations à tous les étages”, souligne Manuel Domergue, directeur des études, expliquant que beaucoup de propriétaires refusent des dossiers de location notamment par peur de devoir adapter leur logement au handicap.De même, les personnes en situation de handicap ont “14% de chances en moins d’accéder à un logement social”.”Il y a une forme d’assignation à résidence faute de réussir à trouver un logement adapté, ce qui renforce les difficultés à sortir des établissements de soin”, poursuit Manuel Domergue.

Au procès Sarkozy, le départ “tranquillou” de France d’un proche de Kadhafi

“Il a présenté ses papiers et il a décollé tranquillou”: l’intermédiaire Alexandre Djouhri a livré lundi une version fantaisiste du départ de France en 2012 de l’ex-directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, un épisode considéré par l’accusation comme une exfiltration organisée par le pouvoir Sarkozy pour le faire taire.Après la mort du dictateur, Bechir Saleh, qui dirigeait le fonds souverain libyen, est acheminé en France en secret le 23 novembre 2011. Mais fin avril 2012, Mediapart publie la fameuse note qui est le détonateur de l’affaire des soupçons de financement libyen.Et début mai, Bechir Saleh est photographié par Paris Match à Paris, alors qu’il est visé par une notice rouge d’Interpol sur plainte de la Libye.  On est alors en pleine campagne. Nicolas Sarkozy, président sortant, déclare le 2 mai à la radio que si une notice rouge effective existe bien, Bechir Saleh sera interpellé. Et le 3 mai, ce dernier quitte discrètement la France.Ce départ, “j’y étais”, confirme à la barre Alexandre Djouhri, costume noir, lunettes rondes et langage fleuri. Vers 18H00 ce jour-là, il a retrouvé son “ami” Bechir Saleh ainsi que Bernard Squarcini, alors patron de la directeur du renseignement intérieur (DCRI).Ils n’étaient pas “debout sous la tour Eiffel” comme l’écrira la presse quelques mois plus tard mais “bien assis” à “l’hôtel Shangri-La”, à “700 mètres” de là, assure-t-il.”Bechir Saleh voulait partir parce qu’il avait une réunion inter-libyenne au Niger et que ça allait très très mal. Le président Mahamadou Issoufou l’a appelé pour lui demander de venir urgemment”, affirme Alexandre Djouhri.A 20H20, Bechir Saleh décolle de l’aéroport du Bourget dans un jet privé réservé par l’intermédiaire. Sur ce vol, le passager enregistré est un certain Alexandre Djouhri.Pourquoi ? Selon le prévenu, c’est le Libyen qui lui a demandé d’utiliser son nom “pour des raisons de sécurité” à l’aéroport de Niamey, où il y avait “beaucoup d’islamistes chez les contrôleurs”.- “Bill Gates qui fait la manche” -“Comment peut-on présenter un passeport au nom de Bechir Saleh quand le passager est Alexandre Djouhri ?”, s’étonne la présidente Nathalie Gavarino.”A l’arrivée” il y a des contrôles “mais en partant, on s’en lave les mains”, tente le prévenu, qui jure que cette dissimulation n’avait “rien à voir” avec la notice rouge d’Interpol, dont il assure qu’il n’était “pas au courant”.”L’hypothèse, c’est que Bechir Saleh aurait eu des secrets sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy”, rappelle la présidente. Le fils de Kadhafi, Saïf al-Islam, a même déclaré qu’Alexandre Djouhri avait “menacé de mort” Bechir Saleh s’il s’avisait de parler.”C’est une infamie ! On ne menace pas son ami et son frère”, s’étrangle le prévenu.Depuis le Niger, Bechir Saleh s’est rendu en Afrique du Sud et, après plusieurs voyages, il serait aujourd’hui aux Emirats Arabes Unis. Lui aussi prévenu, il a demandé à être entendu en visioconférence, ce qui a été refusé par le tribunal. Dans plusieurs interviews donnés à la presse, il a eu des formules ambiguës. “Kadhafi a dit qu’il avait financé Sarkozy. Sarkozy a dit qu’il n’avait pas été financé. Je crois plus Kadhafi que Sarkozy”, a-t-il notamment déclaré en 2017.Selon Alexandre Djouhri, Bechir Saleh “était censé revenir” en France après le 3 mai 2012 mais une fois parti, “il a vu la presse se déchaîner” et il n’avait “plus confiance en la justice française”.”On l’a accusé d’avoir pris des pots de vins, il n’en avait pas besoin ! C’est comme si vous accusiez Bill Gates de faire la manche”, dit-il aussi.Un des procureurs financiers le questionne: “Comment expliquer que le vol du 3 mai 2012 n’ait pas été enregistré sur la main-courante de la police aux frontières ?”.”C’est peut-être une erreur de leur part, hein”, répond benoîtement le prévenu, tandis que l’avocat de Nicolas Sarkozy lance: “Fallait enquêter, y a rien dans le dossier là-dessus !”.”La raison la plus probable”, reprend le procureur, “c’est que cette opération d’exfiltration a été organisée par les services français, par M. Squarcini”.Nicolas Sarkozy, assis non loin, écoute sans faiblir. L’audience est levée avant qu’il ne soit entendu.

Affaire Adèle Haenel: Christophe Ruggia condamné à deux ans de bracelet électronique

Le réalisateur Christophe Ruggia a été reconnu coupable lundi d’avoir agressé sexuellement l’actrice Adèle Haenel quand elle avait entre 12 et 14 ans, et condamné par le tribunal correctionnel de Paris à quatre ans de prison dont deux ferme à effectuer sous bracelet électronique.L’ex-actrice de 35 ans, visiblement nerveuse avant le jugement, n’a pas réagi à l’annonce du délibéré, esquissant seulement quelques minutes plus tard un sourire de soulagement. Christophe Ruggia, 60 ans, costume gris et qui a évité de la regarder comme pendant le procès en décembre, n’a pas montré de réaction. A la sortie de la salle, martelant qu’il n’avait “jamais touché Adèle Haenel”, ses avocates Fanny Collin et Orly Rezlan ont annoncé faire appel de cette condamnation “injustifiée” et “dangereuse”. “Celles et ceux qui ont suivi le procès savent objectivement que Christophe Ruggia n’est pas condamné sur la foi de l’unique parole d’Adèle Haenel”, ont rétorqué ses avocats Yann Le Bras et Anouck Michelin. “Si quelque chose a été broyé, c’est plutôt l’enfance de cette très jeune actrice”, ont-ils réagi auprès de l’AFP. Le tribunal ayant assorti la condamnation de Christophe Ruggia de l'”exécution provisoire” – s’appliquant même en cas d’appel – il sera prochainement convoqué pour se voir poser un bracelet. A sa sortie, Adèle Haenel a été longuement applaudie, et accueillie par des cris de joie et des “bravos”.Costume gris sur une chemise verte, celle qui s’est depuis mise en retrait du cinéma était arrivée en avance, attendant l’ouverture de l’audience visage tendu, faisant les cent pas.”Après en avoir délibéré et longuement délibéré”, dit le président en appelant Christophe Ruggia à la barre, “le tribunal vous a déclaré coupable”. Quelques débuts d’applaudissements se font entendre dans la salle comble, que le président réprime aussitôt: “Non, pas de manifestation d’opinion”.”Vous avez profité de l’ascendance que vous aviez sur la jeune actrice”, poursuit le président parlant d’une “conséquence de la relation instaurée” pendant le tournage du film “Les Diables”, dans lequel Christophe Ruggia avait fait jouer Adèle Haenel en 2001. Elle avait 11 ans quand elle a été castée. Le tribunal a rappelé les témoignages des adultes sur le plateau, mal à l’aise face à son comportement “inadapté”. Le fait qu’Adèle Haenel avait été “progressivement isolée” de son entourage pendant le tournage de ce difficile long-métrage racontant une histoire d’amour incestueuse entre deux frère et soeur, avec des scènes de sexe et de longs gros plans sur le corps nu d’Adèle Haenel.- “Toutes les femmes” -Ensuite, “quasiment” tous les samedis après-midi pendant “plus de trois années”, Christophe Ruggia – alors âgé de 36 à 39 ans – avait “adopté des attitudes et gestes sexualisés, prolongement de l’attirance” que lui avait “inspiré” Adèle Haenel pendant le tournage.Et ce “alors que l’enfant” sur laquelle “il continuait d’exercer son autorité de réalisateur, n’était pas en mesure de s’opposer ni de s’extraire de cette emprise”, a aussi estimé le tribunal dans son jugement.Christophe Ruggia a également été condamné à indemniser Adèle Haenel à hauteur de 15.000 euros pour son préjudice moral, et 20.000 pour ses années de suivi psychologique. Il a interdiction de travailler au contact de mineurs pendant cinq ans, et est inscrit au Fijais, qui recense les auteurs d’infractions sexuelles.Une dizaine de personnes avait brièvement manifesté sur le parvis du tribunal avant le rendu de la décision pour soutenir Adèle Haenel, dont l’actrice Judith Godrèche, elle-même devenue figure du mouvement MeToo en France. “C’est important d’être là pour soutenir Adèle et toutes les femmes qui essaient de se battre face a une justice qui parfois les abandonnent”, a-t-elle déclaré à la presse avant de s’installer dans la salle d’audience.Les agressions sexuelles qu’a dénoncées Adèle Haenel – publiquement dans Mediapart en 2019, déclenchant #Metoo dans le cinéma français – avaient débuté chez le réalisateur, après le tournage du film sous couvert de préparation de sa promotion. A la barre, l’actrice avait décrit le processus toujours identique des agressions. Elle assise sur le canapé, lui qui vient “se coller” l’air de rien au fil de la conversation parce que “ma puce (t’es) vraiment trop drôle”. Puis les mains qui passent sous le T-shirt, dans son pantalon. L’actrice qui avait péniblement contenu sa rage face aux dénégations répétées de Christophe Ruggia, se contentant de le fixer d’un regard noir qu’il évitait, avait fini par exploser la seconde après-midi de procès, hurlant “mais ferme ta gueule” avant de quitter la salle, comme en écho à son départ de la cérémonie des César en 2020 après le prix du meilleur réalisateur décerné à Roman Polanski, un geste qui l’avait érigée en symbole des féministes.

Budgets : les socialistes écartent la censure, Bayrou dégaine ses premiers 49.3

Conforté par la décision du PS de ne pas chercher à faire tomber son gouvernement sur les questions budgétaires, François Bayrou a dégainé lundi les premiers 49.3 de son mandat, sans grands risques pour sa survie politique malgré les motions de censure déposées par LFI.”Aucun pays ne peut vivre sans budget et la France moins que tout autre”, a argué le Premier ministre dans l’hémicycle, engageant la responsabilité de son gouvernement sur le projet de budget 2025.Le gouvernement espère ramener par ce texte le déficit public à 5,4% du PIB en 2025, notamment avec de nouvelles recettes, temporaires, sur les ménages les plus aisés et les bénéfices des grandes entreprises, mais aussi des coups de rabot sur les dépenses de plusieurs ministères.Un budget bâti sur des hypothèses “un peu optimistes” de croissance, avec “peu de marges de sécurité”, a estimé le Haut Conseil des finances publiques.Les Insoumis ont répondu comme attendu à l’usage de l’article 49.3 de la Constitution qui permet l’adoption d’un texte sans vote. Ils ont déposé une motion de censure, qui n’aura toutefois aucune chance d’aboutir sans les voix socialistes.Celle-ci devrait être débattue et soumise au vote mercredi. Son rejet entraînerait l’adoption du budget 2025 à l’Assemblée, avant une adoption définitive sans suspense jeudi au Sénat.Deux mois après la chute du gouvernement Barnier, François Bayrou semble ainsi assuré de rester pour le moment à Matignon, même si le RN décidait de censurer, le groupe de Marine Le Pen devant trancher mercredi.- “Budget de droite” -“Le projet de loi de finances pour 2025 demeure un budget de droite”, a affirmé le groupe PS dans un communiqué, invoquant l'”esprit de responsabilité” et “l’intérêt du pays” pour “ne pas censurer le gouvernement au moment où la France attend de disposer d’un budget”.A l’issue de cette procédure budgétaire, le PS déposera en revanche une motion de censure spontanée (article 49.2) en réaction aux propos de François Bayrou sur le “sentiment de submersion” migratoire. Mais plusieurs participants au bureau national jugent qu’elle n’a “aucune chance” de recueillir les voix du RN et de faire tomber le gouvernement.”Le Nouveau Front populaire est réduit d’un parti”, a répliqué le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon après la décision de non-censure du PS sur le budget, accentuant les doutes sur l’avenir de l’alliance de gauche.Le président LFI de la commission des Finances Eric Coquerel a fustigé un budget “encore plus austéritaire” que celui de Michel Barnier, lançant un appel au PS : “si le RN vote la motion de censure”, il suffit que “20-25” socialistes la soutiennent.Mais, selon le groupe PS, l’ensemble de ses députés suivront la décision du Bureau national, pour le budget de l’Etat et celui de la Sécurité sociale. Une décision importante puisque François Bayrou a rapidement dégainé un deuxième 49.3 lundi, sur une partie de ce second texte, qui avait causé la chute de Michel Barnier en décembre.Une situation rarissime : le dernier Premier ministre ayant invoqué plusieurs fois le 49.3 le même jour était Michel Rocard, il y a près de 35 ans, selon le site de l’Assemblée.- D’autres 49.3 attendus -“C’est une obligation pour nous d’avoir un texte qui permette aux acteurs d’avoir une feuille de route claire”, a justifié le Premier ministre en engageant à nouveau la responsabilité du gouvernement. LFI répondant par une deuxième motion de censure.La ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin a elle défendu “une première étape” dans le rétablissement des comptes, estimant que le déficit de la Sécu sera “supérieur à 22 milliards d’euros” en 2025.”Le texte que nous allons adopter ne règle aucun des problèmes structurels de nos comptes publics et de nos comptes sociaux”, a alerté le rapporteur général Thibault Bazin, élu du parti de droite Les Républicains (LR).”Jamais depuis 15 ans, les comptes de la sécurité sociale n’ont connu un tel niveau de déficit à l’exception de l’année 2020, année du pic de la pandémie”, a abondé le président de la commission des Affaires sociales Frédéric Valletoux (Horizons).François Bayrou pourrait encore recourir deux fois cette semaine au 49.3 sur d’autres pans de ce projet de budget de la Sécurité sociale, en espérant par la suite une adoption conforme au Sénat autour des 17-18 février.parl-pol/sde/swi