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En Australie, des gamètes cryogénisées pour sauver la Grande Barrière de corail

Dans un zoo de Sydney, en Australie, des rangées de réservoirs remplies d’azote liquide forment le plus grand entrepôt mondial de coraux conservés cryogéniquement: des milliers de milliards de cellules collectées chaque année sur la Grande Barrière de corail doivent permettre de la régénérer.”J’espère que nos efforts collectifs permettront de préserver la belle diversité du récif”, témoigne auprès de l’AFP Justine O’Brien, responsable des sciences de la conservation à la Taronga Conservation Society Australia, en charge du parc animalier éponyme.Depuis le lancement du programme en 2011, la biobanque “CryoDiversity” de la Taronga Conservation Society Australia, intervient chaque année pendant la période de reproduction du récif, lorsque les coraux libèrent simultanément leurs oeufs et leurs spermatozoïdes dans l’eau.Les scientifiques collectent les gamètes des coraux et y ajoutent des cryoprotecteurs, qui empêchent l’eau de geler à l’intérieur des cellules, ce qui protège leur structure.Les oeufs contiennent trop d’eau et de graisse pour être congelés sans les abîmer avec les techniques actuelles, et ne peuvent donc pas encore être stockés. Mais d’autres types de cellules sont toutefois prélevées et conservées pour de la recherche.Tous les échantillons sont plongés dans de l’azote liquide à -196 degrés Celsius, dans des conditions très contrôlées pour éviter toute variation de température.”En fait, on a appuyé sur le bouton pause de leur horloge biologique”, raconte Mme O’Brien.”Vous pourriez les décongeler dans quelques années, quelques décennies ou des centaines d’années et ils auront conservé le même potentiel de fertilisation qu’ils avaient lorsqu’ils ont été initialement collectés et congelés”, ajoute-t-elle.- Blanchissement massif -A ce jour, la biobanque conserve des échantillons de 34 espèces de coraux sur les quelque 400 présentes dans la Grande Barrière de Corail. Elle donne la priorité aux espèces les plus importantes pour la structure et le bon fonctionnement du récif, avec l’objectif d’en stocker davantage à l’avenir.Ces échantillons ne servent pas seulement à la reproduction: ils permettent aussi de mener des recherches et de suivre l’impact du réchauffement des océans, de la surpêche et de la pollution — des menaces majeures pour les récifs coralliens dans le monde entier.Les scientifiques estiment que si la température mondiale augmente de 1,5 degré Celsius, entre 70 et 90% des récifs coralliens pourraient disparaître, ce qui serait désastreux pour les hommes et la planète.La surchauffe et l’acidification des mers, provoquées par les émissions de gaz à effet de serre, entraînent depuis deux ans un blanchissement massif des coraux, ce qui entraine leur mort.Près de 84% des récifs de la planète sont désormais endommagés.”Nous savons que la fréquence et la gravité des impacts actuels ne laissent pas suffisamment de temps au récif pour se rétablir”, souligne Mme O’Brien.Les récifs coralliens soutiennent non seulement la vie marine, mais aussi des centaines de millions de personnes vivant dans les communautés côtières, en leur fournissant de la nourriture, une protection contre les tempêtes et des moyens de subsistance grâce à la pêche et au tourisme.La semaine prochaine, 70 dirigeants mondiaux, dont le président brésilien Lula, et des milliers de délégués, scientifiques et représentants d’ONG convergeront vers Nice pour la troisième conférence de l’ONU sur les océans.Un consensus est difficile à atteindre, en raison de profonds désaccords entre les parties sur l’exploitation minière en eaux profondes, les déchets plastiques ou encore la surexploitation des ressources halieutiques.De rares initiatives comme celle de Sydney apportent néanmoins une lueur d’espoir.- “Petite partie de la solution” -L’année dernière, des chercheurs de Taronga et de l’Australian Institute of Marine Science ont réussi à décongeler du sperme corallien pour fertiliser des oeufs frais, produisant ainsi des larves coralliennes viables qui ont été replacées sur le récif.Il s’agissait d’une première mondiale pour la Grande Barrière de Corail, et des études préliminaires montrent que les greffes ont bien poussé.Ces efforts, qui s’inscrivent dans le cadre d’un programme plus vaste allant de l’ombrage des coraux à la transplantation de variétés plus tolérantes à la chaleur, constituent une “petite partie de la solution à la crise mondiale des récifs coralliens”, selon Richard Leck, responsable des océans à WWF Australie.Mais il a prévenu qu’il fallait faire plus pour assurer la survie à long terme des coraux.”Les récifs sont incroyablement résistants, et ils s’en remettent remarquablement vite après des perturbations majeures”, a-t-il développé auprès de l’AFP.Et s'”il y a certainement une fenêtre pour sauver les récifs”, il est toutefois clair qu’elle “est en train de se refermer”.

Peines minimales: “Il faut laisser les juges faire leur travail”, dit le procureur général près la Cour de cassation

“Il faut laisser les juges faire leur travail dans la sérénité”, a estimé jeudi Rémy Heitz, le procureur général près la Cour de cassation, en réponse à la volonté du gouvernement d’instaurer dans la loi des “peines minimales” après les violences en marge du sacre du PSG ce week-end en Ligue des champions. “Je voudrais quand même m’inscrire en faux, de manière très catégorique, par rapport au prétendu laxisme des juges”, a ajouté l’un des deux plus hauts magistrats de France, sur France Inter. “Les juges font leur travail. (…) Il y a eu des sanctions, des sanctions individualisées”. Alors que la grande fête après la victoire du PSG samedi a été assombrie par de nombreux incidents et dégradations à Paris et en régions, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a proposé mardi de “faire évoluer radicalement la loi” en supprimant notamment les aménagements de peine obligatoires et le sursis.”Les juges comprennent et entendent ce besoin de fermeté. Et en l’espèce, les peines qui ont été prononcées ne sont pas des peines légères”, a dit Rémy Heitz.Quatre personnes ont été condamnées lundi soir à des peines de deux à huit mois d’emprisonnement avec sursis, assorties de 500 euros d’amende, selon le parquet de Paris. Mardi, huit ont été condamnés à des peines de prison, allant de cinq mois avec sursis à 15 mois ferme avec mandat de dépôt. “La difficulté dans ce type d’affaires (…) c’est qu’il y a un décalage très fort entre les images de ces violences vues à la télévision et parfois la réalité des faits que l’on reproche”, a expliqué le plus haut magistrat du parquet. “Ce qu’on juge, c’est une personne, un homme ou une femme qui se trouve dans le box et à qui on impute un fait ou des faits précis, parfois d’ailleurs avec des difficultés de preuves, parce que les enquêtes sont conduites dans des délais très courts et parfois les preuves sont relativement légères”, a-t-il ajouté. Par ailleurs, Rémy Heitz a souligné que “la majorité des personnes condamnées à des peines d’emprisonnement avec sursis”, une peine “importante” selon lui, ne récidivent pas”, ce qui en fait une sanction “utile dans quand même beaucoup de situations”.”Si l’on supprime aujourd’hui le sursis, il faut pouvoir le remplacer”, a-t-il également rappelé, or “si on le remplace par des peines d’emprisonnement, là on serait dans une situation (…) totalement impossible”, faisant notamment référence à la surpopulation carcérale. 

L’ultime bataille de villageois sierra-léonais contre la déforestation massive de leurs régions

En plein cÅ“ur d’un parc national et d’une forêt tropicale censée être protégée près de Freetown, Aminata Sankoh, veuve et mère de sept enfants, s’apprête sans état d’âme à mettre le feu à des dizaines de troncs pour produire du charbon de bois, une des activités illégales menaçant de manière dramatique ce pays déjà très vulnérable au réchauffement climatique.Face à elle, Caesar Senesie, à la tête d’une unité de villageois déployée pour surveiller leurs forêts, initiative inédite, s’époumone: “Tu dis que ça ne t’affecte pas, que les arbres seront replantés, mais cette déforestation, c’est tes arrière-petits-enfants qui vont en payer le prix !”   A perte de vue, l’ampleur de cette déforestation dans la précieuse forêt tropicale humide et dans ce qui reste de forêt primaire est édifiante, comme dans toute la zone du Parc national de la péninsule de la région ouest bordant la capitale Freetown. Le parc est aussi déforesté par des plantations de marijuana – le pays est gangréné par les problèmes de drogue – et l’accaparement de terres à cause de la pression démographique. Sur les 18.000 hectares de forêt du parc, presque un tiers (5.600 hectares) ont été perdus ou gravement dégradés depuis 2012. Le parc subit une “déforestation intensive: 715 hectares – l’équivalent de 1.330 terrains de foot – ont disparu ou ont été gravement dégradés” en 2024, s’alarme le Programme alimentaire mondial (PAM). Il abrite pourtant 80 à 90% de la biodiversité de Sierra Leone, selon l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). La Sierra Leone est en outre le 11e pays au monde le plus vulnérable au changement climatique, selon l’Indice mondial d’adaptation Notre-Dame.  Il faut s’enfoncer dans le parc et la montagne pour trouver les sites illégaux de fabrication de charbon de bois, un combustible bon marché, seule façon pour nombre de Sierra-Léonais de faire la cuisine face aux coupures d’électricité et à la cherté de l’énergie. Une équipe de l’AFP a pu exceptionnellement s’y rendre. – Survie -Des groupes d’hommes, sous 35°C de chaleur humide, s’épuisent à ce travail de forçat. Les troncs d’arbres sont empilés, recouverts de pierres, consumés pendant des jours et nuits.Près d’Aminata Sankoh, une meule de plusieurs mètres d’envergure commence à fumer. Pour elle comme pour les autres personnes du site, toutes très pauvres, c’est une activité de survie.  Les traits épuisés, Mme Sankoh, 45 ans, évoque le décès de son mari il y a quatre ans. Pour nourrir ses enfants et payer des frais de scolarité, elle a dû exercer un métier informel: casser des pierres dans le bâtiment. “C’était devenu trop dur… j’ai décidé de venir dans la forêt pour faire du charbon de bois”, il y a deux ans, raconte-t-elle. “Je n’ai pas d’autre choix…” Face aux défaillances en matière de protection contre ces activités et contre les incendies pour déforester et s’accaparer la terre, des unités d’une quarantaine de villageois volontaires ont été mobilisées.”Même la nuit, si un feu se déclenche, j’appelle mes gars et on s’y rend”, lance Caesar Senesie. “On a reçu des outils et des bottes, on les utilise pour contenir l’incendie”. Cette initiative est menée par l’ONG Environmental Foundation for Africa (EFA), missionnée depuis un an et jusqu’en 2028 par le gouvernement et le Programme des Nations unies pour le développement pour restaurer 2.000 hectares dans le parc.”Les gens continuent ces activités illégales parce qu’ils pensent pouvoir le faire impunément”, déplore Tommy Garnett, activiste réputé et fondateur de l’EFA. Il pointe “la pauvreté, l’ignorance et la cupidité”, ajoutant: “Toute cette situation conduit à la destruction de notre héritage environnemental à une vitesse alarmante…” – “Déforestation massive” -Face à l’inefficacité et la corruption présumée d’une partie des gardes forestiers qui, sous-équipés et sous-payés, ferment parfois les yeux, l’EFA fait le pari d’impliquer les communautés qui sont les premières à souffrir de cette déforestation. “Depuis le 7 février, nous rémunérons ces villageois pour patrouiller quotidiennement. Nous en avons appris tellement plus ces derniers mois sur ce qui se passe dans la forêt qu’en 10 ans que ces gardes forestiers patrouillent…”, relève Tommy Garnett. L’ONG a aussi replanté 103.000 arbres depuis un an, l’objectif étant 500.000 de plus d’ici 2028. Les volontaires font des rapports, recueillent des preuves et des photographies qui permettent l’organisation de raids par les autorités. “Nous les villageois, nous sommes la solution pour protéger la forêt”, assure Caesar Senesie, en contemplant les canopées vert émeraude en haut des montagnes. A une dizaine de kilomètres de là, une seconde unité de villageois, ulcérés par la forêt partant en fumée dans leur localité de Mile 13, participe au projet avec à sa tête Sulaiman Barrie.Derrière lui, le feu couve encore: par deux fois fin avril, des individus ont déclenché des incendies. “Nous sommes ici dans une zone protégée et où de nombreux animaux vivent”, se lamente-t-il.A 22 ans, Savana Beah a rejoint le groupe de volontaires en février. “Quand j’étais enfant, on venait ici ramasser des mangues. Maintenant la zone est presque totalement déforestée…”, déplore-t-elle.”On patrouille tous les soirs”, dit-elle. “Je dois participer à protéger ma communauté et ma forêt”. Tamba Dauda, haut responsable au ministère des Terres, dit à l’AFP être “conscient de la déforestation massive” de cette région. Il pointe des pratiques opaques d’attribution des terres par de précédentes autorités et met en avant les efforts du gouvernement, le vote de lois plus sévères et la mise en place d’une unité de police spécialisée dans ces crimes fonciers.Pour sa part, Joseph Rahall, expert environnemental et fondateur de l’ONG Green Scenery, est catégorique: “On a dépassé le stade de l’urgence…”. “Au rythme auquel la déforestation est pratiquée et si on ne gère pas mieux cette région de la péninsule ouest, dans 10 à 15 ans, il n’y aura plus de forêt”, assène-t-il.

Seconde vie à Marseille pour le tapis rouge du festival de Cannes

Foulé pendant quinze jours par les stars du cinéma mondial, le mythique tapis rouge du festival de Cannes va désormais trouver une seconde vie, à Marseille, entre les mains de stylistes, de troupes de théâtre ou pour des défilés de mode. “On la vend comme une +moquette feutrée simple fine rouge+, et non pas comme +le tapis de Cannes+”, a expliqué à l’AFP mercredi Jeanne Ré, coordinatrice de la Réserve des arts, association “opératrice de gestion de déchets du monde créatif” que le festival paye pour “revaloriser” ses tapis.”On ne vend pas ce tissu en jouant sur le côté marketing, puisque quoi qu’il en soit, il sera vendu au même prix. L’objectif, c’est qu’il soit accessible à un maximum d’adhérents”, poursuit-elle: “Ce sont des éléments qui n’étaient pas destinés à être réutilisés. En les reconditionnant, on participe à faire baisser l’impact environnemental de l’événement, dont le festival est bien conscient”.La moquette rouge cannoise sera ainsi revendue un euro le kilogramme, “soit 33 centimes le mètre carré, c’est imbattable !”, affirme-t-elle.Dans l’entrepôt de 300 mètres carrés, dans les quartiers populaires du nord de Marseille, l’association remet en état tout type de produits récupérés auprès de théâtres, d’agences de production, mais aussi de mises en scène de défilés de mode, avant de les revendre “à des prix trois fois inférieurs à ceux du marché”, précise Bonnie Guespin, la responsable des ventes.”Avec ce tapis cannois, on fait des sacs à main classiques mais aussi des sacs pour bouteilles de vins, des bobs, des étuis à lunettes, des pièces assez uniques”, explique Elsa Ramouni-Yordikian, cliente de la Réserve des arts et secrétaire de l’association Les Nippones, qui exploite des mètres de la célèbre moquette depuis plus de quatre ans.- “Comme une star de cinéma” -Dans une exposition intitulée “S’habiller comme une star de cinéma”, l’artiste vient d’ailleurs d’exposer à Marseille ses créations faites avec le tapis 2024.”Le fait que ça vienne d’un fameux festival et que ce soit recyclé dans la région, pour nous, ça a du sens”, explique-t-elle, “ce n’est pas forcément une qualité incroyable ce tapis, mais c’est justement pour ça qu’on l’utilise”. Selon la trentenaire, la production de “ce genre de matières synthétiques” ne “s’arrêtera jamais, il y en aura toujours, tout autant que de festivals, de salons, il faut donc trouver des moyens de les revaloriser”.Du dernier festival de Cannes, du 13 au 24 mai, ont ainsi été récupérés 1,5 tonne de ces tapis remplacés quotidiennement, mais aussi plusieurs mètres de tasseaux de bois, des affiches, des bâches plastiques.Dans un coin du dépôt, plusieurs palettes du tapis rouge attendent leur sort, emballées dans des sacs poubelles noirs. Troué, marqué par les marches ou les traces de chaussures, agrafé, scotché, avec parfois une odeur d’humidité, il a déjà beaucoup subi. Mais l’antenne de Marseille de la Réserve des arts s’emploie, avec cinq salariés, à lui “donner une seconde vie”, explique la coordinatrice, qui s’affaire d’abord à le nettoyer.”En travaillant avec nous, Cannes accepte que son budget soit un petit peu revu à la hausse, parce que nous, notre action et notre savoir-faire vaut plus cher que des machines de recyclage”, plaide la coordinatrice de la Réserve des arts: “Si nous n’étions pas là, elles auraient juste décomposé et déchiqueté la moquette pour en refaire des matières plastiques derrière”.

Seconde vie à Marseille pour le tapis rouge du festival de Cannes

Foulé pendant quinze jours par les stars du cinéma mondial, le mythique tapis rouge du festival de Cannes va désormais trouver une seconde vie, à Marseille, entre les mains de stylistes, de troupes de théâtre ou pour des défilés de mode. “On la vend comme une +moquette feutrée simple fine rouge+, et non pas comme +le tapis de Cannes+”, a expliqué à l’AFP mercredi Jeanne Ré, coordinatrice de la Réserve des arts, association “opératrice de gestion de déchets du monde créatif” que le festival paye pour “revaloriser” ses tapis.”On ne vend pas ce tissu en jouant sur le côté marketing, puisque quoi qu’il en soit, il sera vendu au même prix. L’objectif, c’est qu’il soit accessible à un maximum d’adhérents”, poursuit-elle: “Ce sont des éléments qui n’étaient pas destinés à être réutilisés. En les reconditionnant, on participe à faire baisser l’impact environnemental de l’événement, dont le festival est bien conscient”.La moquette rouge cannoise sera ainsi revendue un euro le kilogramme, “soit 33 centimes le mètre carré, c’est imbattable !”, affirme-t-elle.Dans l’entrepôt de 300 mètres carrés, dans les quartiers populaires du nord de Marseille, l’association remet en état tout type de produits récupérés auprès de théâtres, d’agences de production, mais aussi de mises en scène de défilés de mode, avant de les revendre “à des prix trois fois inférieurs à ceux du marché”, précise Bonnie Guespin, la responsable des ventes.”Avec ce tapis cannois, on fait des sacs à main classiques mais aussi des sacs pour bouteilles de vins, des bobs, des étuis à lunettes, des pièces assez uniques”, explique Elsa Ramouni-Yordikian, cliente de la Réserve des arts et secrétaire de l’association Les Nippones, qui exploite des mètres de la célèbre moquette depuis plus de quatre ans.- “Comme une star de cinéma” -Dans une exposition intitulée “S’habiller comme une star de cinéma”, l’artiste vient d’ailleurs d’exposer à Marseille ses créations faites avec le tapis 2024.”Le fait que ça vienne d’un fameux festival et que ce soit recyclé dans la région, pour nous, ça a du sens”, explique-t-elle, “ce n’est pas forcément une qualité incroyable ce tapis, mais c’est justement pour ça qu’on l’utilise”. Selon la trentenaire, la production de “ce genre de matières synthétiques” ne “s’arrêtera jamais, il y en aura toujours, tout autant que de festivals, de salons, il faut donc trouver des moyens de les revaloriser”.Du dernier festival de Cannes, du 13 au 24 mai, ont ainsi été récupérés 1,5 tonne de ces tapis remplacés quotidiennement, mais aussi plusieurs mètres de tasseaux de bois, des affiches, des bâches plastiques.Dans un coin du dépôt, plusieurs palettes du tapis rouge attendent leur sort, emballées dans des sacs poubelles noirs. Troué, marqué par les marches ou les traces de chaussures, agrafé, scotché, avec parfois une odeur d’humidité, il a déjà beaucoup subi. Mais l’antenne de Marseille de la Réserve des arts s’emploie, avec cinq salariés, à lui “donner une seconde vie”, explique la coordinatrice, qui s’affaire d’abord à le nettoyer.”En travaillant avec nous, Cannes accepte que son budget soit un petit peu revu à la hausse, parce que nous, notre action et notre savoir-faire vaut plus cher que des machines de recyclage”, plaide la coordinatrice de la Réserve des arts: “Si nous n’étions pas là, elles auraient juste décomposé et déchiqueté la moquette pour en refaire des matières plastiques derrière”.

Protection des océans: l’UE veut afficher son “leadership”, avant le sommet de l’ONU

L’Union européenne va présenter jeudi sa stratégie pour mieux protéger les océans du réchauffement climatique ainsi que de la pollution et afficher ses ambitions avant un grand sommet de l’ONU à Nice la semaine prochaine.”L’océan se réchauffe. Son niveau s’élève. Il s’acidifie. La pollution par les plastiques, les produits chimiques et le bruit altère les écosystèmes marins (…). Il est urgent d’agir”, souligne le commissaire européen Costas Kadis.Mais une première ébauche de ce “pacte” européen pour les océans avait fuité mi-mai et profondément déçu les organisations environnementales, en l’absence de mesures fortes.L’exécutif européen y reconnaissait la nécessité d’augmenter et de diversifier les financements, sans prendre d’engagements concrets.- Pas de big bang -Malgré “des avancées en matière d’application des lois existantes”, cette feuille de route “ne contient pas d’actions concrètes pour répondre aux menaces les plus urgentes”, avaient déploré les ONG Surfrider, WWF, ClientEarth ou Oceana.Dans les aires marines protégées, ces organisations réclament notamment l’interdiction immédiate du chalutage de fond, une technique de pêche critiquée pour son impact écologique destructeur.Mais ce sujet, sensible pour de nombreux Etats membres, divise les forces politiques, la droite et le centre plaidant pour une approche au “cas par cas”.Dans le document provisoire dévoilé mi-mai par le média Contexte, la Commission ne promettait pas de big bang en matière de protection de l’océan mais une série de mesures pour renforcer ou mieux appliquer la loi.L’exécutif européen voudrait par exemple réviser une “directive-cadre” sur les milieux marins, vieille de plus de 15 ans, et qui harmonise les règles concernant la protection de la biodiversité dans les 27 Etats membres.Bruxelles évoquait aussi pour 2026 un plan d’action sur le carbone bleu, afin de cartographier et d’étendre des écosystèmes marins capables de davantage capter le CO2.- 70% d’importations -La Commission promettait également de rendre plus efficace le système de surveillance par satellite CleanSeaNet, qui scrute les mers afin de détecter le plus vite possible des épisodes de pollution.Un récent rapport de la Cour des comptes européenne en a démontré les considérables lacunes.Au cours de la période 2022-2023, CleanSeaNet a repéré plus de 7.700 déversements potentiels d’hydrocarbures dans les mers européennes, notamment en Espagne (1.462), en Grèce (1.367) et en Italie (1.188).Mais selon cet audit, les Etats membres ont donné suite à moins de la moitié de ces alertes et n’ont confirmé la pollution que dans 7% des cas. En cause bien souvent, le décalage entre le moment où l’image satellite est prise et celui où le contrôle en mer est effectué.Mi-mai, la Commission avait insisté sur la version très provisoire du document de travail.Avec sa nouvelle stratégie, l’Union européenne promet d’accorder une attention particulière aux “petits pêcheurs” et aux “communautés côtières vulnérables”.Bruxelles souligne la place de la mer dans le quotidien des Européens. Environ 40% d’entre eux vivent à moins de 50 kilomètres des côtes. L’économie bleue” représente près de cinq millions d’emplois et contribue à hauteur de plus de 250 milliards d’euros au PIB annuel de l’UE.Mais paradoxalement, l’UE demeure encore dépendante : ses habitants importent 70% des produits de la mer qu’ils consomment.Le tout dans un monde où l’océan est confronté à la pression sans cesse grandissante du réchauffement climatique et de la pollution.Après la présentation à Bruxelles, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ira défendre ce “pacte” lundi à Nice, dans le sud de la France, à la troisième conférence de l’ONU sur les océans.Les océans, qui couvrent 70,8% du globe, ont été victimes ces deux dernières années de canicules inédites qui menacent la survie des espèces marines. La conférence permettra “soit d’inverser le déclin des océans d’ici à 2030, soit de documenter l’échec de l’humanité à agir”, a prévenu Maritza Chan, l’ambassadrice à l’ONU du Costa Rica, le pays coorganisateur avec la France. Mme Chan dit attendre 100 milliards de dollars de nouveaux financements publics et privés en faveur du développement durable de l’océan. “C’est ce qui est différent cette fois-ci : zéro rhétorique, maximum de résultats”, veut-elle croire.

Congrès du PS: entre Faure et Mayer-Rossignol, les militants à l’heure du choix

Les militants du Parti socialiste tranchent jeudi le duel incertain entre les deux prétendants au poste de premier secrétaire, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, le premier partant légèrement favori depuis que Boris Vallaud, le troisième homme, a fait savoir qu’il voterait à titre personnel pour lui.Après le congrès de Marseille il y a deux ans, qui avait fracturé le congrès entre les pro et les anti-Nupes, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol se retrouvent pour un nouveau duel, cette fois sur leur stratégie pour la présidentielle.Les adhérents (quelque 40.000 comptabilisés, et 24.701 votants au premier tour) sont invités à voter dans les sections de 17H00 à 22H00, pour un résultat attendu tard dans la nuit. Une commission de récolement validera le scrutin vendredi.Avantage Faure? L’incertitude demeure mais le député de Seine-et-Marne, qui tient les rênes du parti depuis 2018, est arrivé en tête du premier tour (42,21%) devant le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol (40,38%).M. Faure, partisan d’une large union de la gauche non-mélenchoniste pour la présidentielle de 2027, du leader de Place publique Raphaël Glucksmann à l’ex-député LFI François Ruffin, en vue d’une candidature commune, bénéficie du soutien du chef de file des députés socialistes, Boris Vallaud, qui votera pour lui à titre personnel et se dit en phase avec cette ligne stratégique.Le député des Landes avait créé la surprise en se lançant dans la bataille et a obtenu 17,41% des voix la semaine dernière. Il n’a pas, pour ce second tour, donné de consigne de vote à ses troupes, partagées entre pro-Faure et pro-Mayer-Rossignol.Et il a prévenu que son choix n’était “ni un chèque en blanc ni une ardoise magique” pour Olivier Faure, qu’il soutenait pourtant en 2023, mais à qui il reproche un manque de travail interne et la division du parti.M. Vallaud dit avoir obtenu “des engagements fermes” du premier secrétaire pour remettre le parti au travail, instaurer une gouvernance élargie et reprendre plusieurs de ses propositions, comme la création d’un institut de formation.”Il faut que Boris discute avec Vallaud”, a ironisé un opposant au premier secrétaire. “Il disait qu’il voulait le changement, et il choisit Faure. Où est la cohérence?”- “Aucun regret” -Lors d’un dernier meeting numérique mardi soir, M. Faure a dit craindre “la démobilisation”, appelant ses partisans à “continuer de convaincre” les militants.Pour la députée Dieynaba Diop, une de ses proches, “il faut que ce soit tranché de manière nette, pour qu’il n’y ait pas de contestation possible”, comme ce fut le cas à Marseille, où les deux camps se sont déchirés pendant plusieurs jours, sur fond d’accusations de fraude.Nicolas Mayer-Rossignol assure, lui, que le résultat sera “serré”, appelant les militants qui n’ont pas voté au premier tour à se mobiliser pour “le changement”.Celui qui a déploré jeudi sur franceinfo un PS victime d'”un affaiblissement et d’un rétrécissement”, prône pour 2027 “un grand parti socialiste” réunissant les socialistes et ceux qui gravitent autour, comme Raphaël Glucksmann ou Bernard Cazeneuve. Le maire de Rouen a rassemblé autour de lui une coalition d’anti-Faure -il récuse ce terme-, de la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy à la présidente d’Occitanie Carole Delga, en passant par le député de l’Eure Philippe Brun et le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane.Tous accusent Olivier Faure d’une gestion “clanique” du parti, et d'”ambiguïté” vis-à-vis de Jean-Luc Mélenchon et de La France insoumise, même si le premier secrétaire sortant s’est détaché depuis plusieurs mois de celui avec qui il avait fait alliance en 2022 avec la Nupes et en 2024 avec le Nouveau Front populaire.”Je n’ai aucun regret sur ce que nous avons fait” a répondu Olivier Faure mardi soir, soulignant que lorsque que le NFP est arrivé en tête des législatives anticipées en 2024, “Nicolas Mayer-Rossignol ne le considérait pas comme une ineptie”.Son rival lui reproche aussi de se servir du congrès comme d’un tremplin pour la présidentielle. “Ce congrès n’a pas vocation à désigner un candidat pour 2027”, répond Olivier Faure. Même si certains de ses proches l’imaginent déjà candidat.

Travailler en soins palliatifs, un engagement au “coeur du soin”

Elles ne sont pas là par hasard. Infirmières, psychomotricienne ou médecin, ces soignantes ont choisi d’exercer auprès de malades dont elles accompagnent les derniers jours, à l’hôpital public, dans une spécialité méconnue mais “au coeur du soin”: les soins palliatifs.”C’est un travail qui fait sens, hyper important”, dit à l’AFP Emma Renard, psychomotricienne qui a rejoint il y a un an l’équipe mobile de soins palliatifs de l’hôpital Antoine-Béclère AP-HP en région parisienne.”J’ai fait mon mémoire dessus. C’était vraiment un souhait de travailler en soins palliatifs, parce qu’on prend le temps avec le patient, les familles, les équipes: on est dans le cÅ“ur du soin”, ajoute-t-elle.Face à une personne avec un “vécu du corps qui peut être très compliqué”, pour qui la maladie a “tout bouleversé”, elle ne va “pas chercher à faire retrouver des facultés”, mais simplement à faire renouer le patient avec “le plaisir du mouvement: on va être dans quelque chose de très contenant, de très doux”, dit-elle.Selon le code de la Santé publique, les soins palliatifs sont des soins actifs et continus, pratiqués par une équipe interdisciplinaire, visant à soulager la douleur de la personne malade, apaiser sa souffrance psychique, sauvegarder sa dignité et soutenir son entourage.Emilie Boiffard, infirmière, a opté il y a 12 ans pour cette spécialité peu abordée pendant sa formation: un seul module y était consacré, en trois ans d’études. Elle attire “des soignants qui veulent prendre le temps de bien faire les choses”, dit-elle.Emile et Emma font partie d’une équipe mobile qui accompagne des patients de tout âge atteints d’une maladie grave, jusqu’à la fin de leur vie, ainsi que leurs familles et leurs soignants de divers services (gériatrie, oncologie…) de l’hôpital. Car “beaucoup de soignants ne sont pas forcément au clair sur les lois qui encadrent les soins palliatifs et sur ces soins tout court”, note l’infirmière Cindy Zobda. “Là où on intervient, on voit qu’ils sont en difficulté”, dit-elle.- “Travail de l’ombre” -Le matin, deux membres de l’équipe mobile assistent aux réunions de service et tendent l’oreille pour repérer des patients dont l’état de santé se dégrade, complexifiant leur prise en charge. “Un travail de l’ombre”, admet en souriant le Dr Isabelle Triol, qui dirige les soins palliatifs de trois hôpitaux de l’AP-HP: Antoine-Béclère, Paul-Brousse et Bicêtre.Car les médecins peuvent se sentir un peu démunis face à des patients âgés aux pathologies multiples, “qui commencent à se fatiguer après un long parcours” de soins où “l’on a fait le tour de ce qu’on peut leur apporter au plan thérapeutique”, explique le médecin interniste Emmanuel Dossou.”On a souvent la tête dans le guidon, on essaie de contrôler la maladie au détriment parfois de la qualité de vie du patient. Il faut se demander s’il est raisonnable de continuer”, ajoute-t-il.Si l’accès aux soins palliatifs est un droit fondamental en France depuis 1999, seul un malade en fin de vie sur deux y a accès par manque de structures, de soignants -il en manquerait une centaine dans le pays, selon une mission parlementaire de 2023- et de moyens.Le 27 mai, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi visant à renforcer ces soins en créant des maisons d’accompagnement et en ouvrant au moins une unité de soins palliatifs dans les 19 départements qui en sont dépourvus.A l’hôpital Paul-Brousse, qui dispose d’une unité dédiée, le Dr Muriel Chatila sort de la chambre d’un patient qu’elle a pu apaiser, grâce à l’hypnose, le temps de la pose d’une sonde nasale. “On est là pour rendre ces moments les moins difficiles possible, voire permettre aux personnes de vivre de beaux moments avec leurs proches, malgré la maladie et la mort qui se rapproche”, dit-elle.”Chaque patient qui arrive, c’est une vraie rencontre. On fait une médecine très humaine, qui a beaucoup de sens”, estime le Dr Chatila.Selon la Cour des comptes, six malades en fin de vie sur 10 nécessitent des soins palliatifs, soit environ 380.000 personnes par an, une chiffre amené à croître “significativement” en raison du vieillissement démographique.

TotalEnergies au tribunal pour des accusations de greenwashing, une première en France

TotalEnergies a-t-il “trompé” ses clients avec ses promesses climatiques? La multinationale pétrogazière répond jeudi devant un tribunal civil d’accusations de “publicités mensongères” portées par plusieurs ONG, un premier procès de “greenwashing” en France pour un énergéticien.Trois ONG, Greenpeace France, les Amis de la Terre France et Notre Affaire à Tous, ont assigné le groupe français en mars 2022 devant le tribunal judiciaire de Paris pour “pratiques commerciales trompeuses” en raison d’allégations environnementales laissant penser que le groupe pouvait atteindre la neutralité carbone tout en continuant à extraire du pétrole et du gaz.Au cÅ“ur de l’affaire se trouve la campagne de communication du groupe déployée à partir de mai 2021, notamment sur son site internet, dans la presse, sur les réseaux sociaux et à la télévision. A l’époque, Total s’était rebaptisé TotalEnergies pour souligner ses investissements dans les énergies bas carbone, l’électricité notamment.Le groupe affichait alors son objectif de “neutralité carbone d’ici 2050”, en ajoutant souvent “ensemble avec la société”, et vantait le gaz comme “l’énergie fossile la moins émettrice de gaz à effet de serre”. Au total, une quarantaine de messages sont visés au tribunal, des “publicités mensongères” selon les ONG ne reflétant pas “de façon sincère la réalité des activités de TotalEnergies”, a expliqué à l’AFP Apolline Cagnat, responsable juridique de Greenpeace.En face, le groupe conteste la nature “publicitaire” ou “commerciale” de ces messages qui relèvent selon lui de “sa communication institutionnelle”, encadrée par le droit boursier et les règles de l’Autorité des marchés financiers (AMF), et non par le droit de la consommation. – “Verdissement total” -Pendant des années, faute de cadre clair, les entreprises ont communiqué abondamment sur leurs politiques environnementales, clamant la neutralité carbone ou utilisant des termes vagues comme “vert”, “durable” ou “écoresponsable”. Ce qui a poussé des militants du climat à saisir la justice pour tenter d’obtenir une jurisprudence sur le “greenwashing” (écoblanchiment), le fait de se clamer plus vertueux qu’on ne l’est, via le droit de la consommation.En Europe, des tribunaux ont déjà épinglé pour écoblanchiment les compagnies aériennes KLM, en 2024, et Lufthansa, en mars dernier. Mais dans l’énergie, l’énergéticien espagnol Iberdrola a échoué à faire condamner le groupe pétrogazier ibérique Repsol, qui était poursuivi pour avoir présenté des informations environnementales “mensongères” dans ses communications marketing.En France, la procédure, fondée sur une directive européenne relative aux pratiques commerciales déloyales, est inédite pour une entreprise d’hydrocarbures. Pour les associations, TotalEnergies a induit les consommateurs en erreur en affichant “un verdissement total” de son image, “qui ne présente absolument pas de façon objective, sincère et transparente comme l’exige la directive, la réalité de sa production et de ses investissements”, “largement fondés sur les énergies fossiles”, de plus en plus le gaz, que le groupe présente comme une alternative au pétrole et au charbon. Le tribunal va d’ailleurs, soulignent-elles, “juger, de façon inédite à l’échelle internationale, la légalité de publicités présentant le gaz comme une énergie indispensable à la transition”, malgré son bilan climatique contesté par les experts du climat, en raison des fuites de méthane, au pouvoir très réchauffant pour l’atmosphère.TotalEnergies assure qu'”aucune pratique commerciale trompeuse ne peut lui être reprochée”. Le groupe voit dans cette procédure, à laquelle aucune organisation de consommateurs n’est associée, un détournement du droit de la consommation pour attaquer sa stratégie.Il entend “exposer en quoi les communications (…) sur son changement de nom, sa stratégie et son rôle dans la transition énergétique sont fiables et fondées sur des données objectives et vérifiables”, a indiqué sa direction, en mettant en avant les progrès de l’entreprise: “investissements, nouveaux métiers, baisse significative des émissions directes de gaz à effet de serre…”Les associations demandent notamment au tribunal “d’ordonner la cessation immédiate sous astreinte des pratiques commerciales trompeuses”, ce qui serait un “signal fort” envers les entreprises d’hydrocarbures, selon Mme Cagnat.A côté de cette procédure au civil, d’autres associations ont attaqué avec un arsenal juridique différent, cette fois au pénal, là encore pour “pratiques commerciales trompeuses”. Et dans cette affaire, c’est le parquet de Nanterre qui enquête.

L’Assemblée vote sur les retraites… deux ans après la promulgation de la réforme

Plus de deux ans après la promulgation de la réforme des retraites, et à quelques jours de la fin des travaux du “conclave” de partenaires sociaux censés y réfléchir de nouveau, les députés votent jeudi sur le sujet, à la faveur d’une résolution déposée par le groupe GDR (communistes et ultra-marins).Cette résolution, qui a de fortes chances d’être adoptée, grâce au soutien de l’ensemble de la gauche et du RN, n’aura aucune valeur normative. Mais les communistes espèrent en faire un levier politique pour ranimer la contestation, alors qu’une journée de manifestation et de grèves est justement organisée jeudi, à l’appel de la CGT.Quelque 165 points de rassemblement sont prévus en France. A Paris, le cortège s’élancera à 14H00 depuis l’Ecole militaire et doit passer à proximité du lieu où la concertation sur les retraites se poursuit.La proposition de résolution sera examinée dès 09H00, à l’entame de la “niche” parlementaire de GDR, la journée annuelle consacrée à ses initiatives.Elle “affirme l’impérieuse nécessité d’aboutir à l’abrogation des mesures les plus régressives” de la loi du 14 avril 2023, à savoir “le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et l’augmentation de la durée de cotisation portée à 43 annuités dès 2027″.”Enfin l’Assemblée nationale pour la première fois s’exprimera sur le sujet”, s’enthousiasmait fin avril le président du groupe, le député de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu.Aucun vote n’a jusqu’à présent pu avoir lieu au Palais Bourbon sur la réforme, adoptée via l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. La première ministre d’alors Elisabeth Borne avait engagé sa responsabilité sur le texte sans être renversée.Par la suite, plusieurs tentatives menées par différents groupes ont échoué, la dernière en date étant celle de LFI, dans sa niche parlementaire fin novembre. La proposition de loi des Insoumis n’avait pu aboutir, victime de l’obstruction du camp gouvernemental.Une tactique que le PCF entend déjouer avec sa proposition de résolution, qui ne donne pas lieu à l’examen d’amendements.- Effets “puissants” -Si le texte n’aura pas force de loi, Stéphane Peu en attend des “effets (…) très puissants”.”Et éventuellement d’ailleurs un peu de carburant pour une remobilisation sociale sur le sujet, et peut-être aussi un raffermissement ou une relance de l’intersyndicale très large qu’on avait connue en 2023″, a-t-il espéré devant l’Association des journalistes parlementaires (AJP) mercredi.Le sujet a retrouvé une actualité en janvier, à la faveur du compromis noué entre le Premier ministre François Bayrou et le groupe PS à l’Assemblée.Ces derniers ont accepté de ne pas censurer son gouvernement, contre un ensemble de promesses, dont la remise en chantier de la réforme des retraites.Mais après l’enthousiasme a rapidement point la déception. Après avoir appelé à des discussions “sans totem ni tabou”, le Premier ministre a successivement imposé l’objectif d’un équilibre financier en 2030, puis fermé la porte à un retour aux 62 ans. Les syndicats FO et CGT ont claqué la porte dès le début des discussions.Les organisations restant autour de la table prévoient de clore leurs travaux le 17 juin. Pour l’instant, le Medef n’a exprimé aucune ouverture quant aux demandes des syndicats de salariés, qui veulent notamment obtenir des possibilités de partir plus tôt pour les femmes qui ont eu des enfants, ou pour les personnes ayant travaillé dans des conditions pénibles ou usantes.Quant aux députés socialistes, ils agitent de nouveau la menace d’une censure du gouvernement Bayrou, si ce dernier ne soumet pas au Parlement un éventuel accord entre les partenaires sociaux.Du côté de la coalition gouvernementale, la proposition de résolution GDR est accueillie avec une certaine indifférence. “Avant, toutes les niches de la gauche avaient un texte pour abolir la réforme des retraites, maintenant on chemine vers +peut-être qu’il faudrait qu’on se pose la question d’avoir un vote+. Je crois qu’ils n’y croient pas vraiment non plus”, a ironisé mardi le porte-parole du groupe MoDem, Erwan Balanant.