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Instagram va filtrer encore davantage de contenus sur les comptes ados

Meta a présenté mardi un nouveau dispositif destiné aux comptes Instagram d’adolescents, qui va filtrer encore davantage de contenus, notamment ceux liés à des tendances virales considérées comme potentiellement nocives.Cette mise à jour intervient un peu plus d’un an après le lancement, en septembre 2024, des comptes ados, qui sont assignés, par défaut, à tous les utilisateurs de 13 à 18 ans (la plateforme n’accepte pas d’internautes plus jeunes).La nomenclature initiale des comptes ados écartait déjà les contenus à caractère sexuels, images explicites ou choquantes.La version actualisée va désormais également masquer ou ne pas recommander “toute publication contenant du langage grossier, certains défis considérés comme risqués”, ou plus généralement des contenus à même d’inciter à “des comportements potentiellement nocifs”, selon un communiqué.”On ajoute une barrière supplémentaire par défaut pour les adolescents, notamment face aux contenus sensibles et inadaptés”, a expliqué Capucine Tuffier, responsable des affaires publiques en charge de la protection de l’enfance chez Meta.Le cadre révisé des comptes ados va être appliqué, dans l’immédiat, aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Australie, avant d’être étendu à d’autres pays dans les mois à venir.Pour déterminer quels éléments doivent être rendus invisibles aux adolescents, Meta s’est appuyé sur la classification “PG-13″ utilisée au cinéma aux Etats-Unis et qui avertit les parents que certains passages de films sont déconseillés aux enfants de moins de 13 ans.Il n’existe pas de liste exhaustive des sujets ou images qui peuvent entraîner l’attribution de ce label, laquelle est à la discrétion d’une commission dédiée (CARA), composée de parents indépendants.”On veut se mettre dans les paramètres les plus restrictifs et les plus protecteurs pour les adolescents”, a dit Capucine Tuffier en réponse à une question sur la décision d’adopter, pour les 13-18 ans, des normes prévues initialement pour les moins de 13 ans.Elle a donné l’exemple de contenus promouvant des “régimes drastiques” ou “qui glorifient ou font la promotion de l’alcool ou du tabac”.Meta introduit aussi la possibilité pour les parents d’imposer des restrictions supplémentaires aux contenus visibles par leurs adolescents.Il s’agit de la fonctionnalité “contenu limité”, qui permettra notamment d’empêcher les jeunes utilisateurs de voir, écrire ou recevoir des commentaires sous les publications.”A partir de l’année prochaine”, selon Meta, cette option “limitera aussi davantage les conversations avec l’IA (intelligence artificielle) que les adolescents peuvent avoir”.Ces évolutions interviennent sur fond de protestations contre les effets négatifs des réseaux sociaux et des assistants d’IA générative, suite notamment au suicide de plusieurs adolescents ces derniers mois.

IA: Google annonce un investissement géant de 15 milliards de dollars en Inde

Google a annoncé mardi qu’il allait investir 15 milliards de dollars pour construire dans le sud de l’Inde un centre géant dédié à l’intelligence artificielle (IA), un projet qui confirme l’attrait des géants du secteur pour le pays le plus peuplé de la planète.”C’est le plus grand (site) que nous allons construire hors des Etats-Unis”, …

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IA: Google annonce un investissement géant de 15 milliards de dollars en Inde

Google a annoncé mardi qu’il allait investir 15 milliards de dollars pour construire dans le sud de l’Inde un centre géant dédié à l’intelligence artificielle (IA), un projet qui confirme l’attrait des géants du secteur pour le pays le plus peuplé de la planète.”C’est le plus grand (site) que nous allons construire hors des Etats-Unis”, a déclaré mardi le PDG de Google Cloud, Thomas Kurian, en dévoilant le projet dans la capitale New Delhi.”Cela représente un investissement en capital d’un montant de 15 milliards de dollars pour les cinq prochaines années”, a détaillé M. Kurian.D’une capacité de “l’ordre de plusieurs gigawatts”, le centre de données et de recherche du géant américain sera construit à Visakhapatnam (sud), dans l’Etat de l’Andhra Pradesh.Ces derniers mois, l’Inde a attiré plusieurs acteurs majeurs du secteur de l’IA, séduits par le plus grand marché de la planète en termes de population.Quelque 900 millions d’Indiens – sur un total de près de 1,5 milliard – utilisent régulièrement Internet, à titre privé ou dans le cadre de leur profession, selon les dernières estimations du secteur.Le Premier ministre indien Narendra Modi s’est déclaré “ravi” de cette annonce qui, a-t-il ajouté sur son compte X, “donne un coup d’accélérateur à notre économie numérique et confirme le statut mondial de l’Inde en matière de technologie”.Le nouveau site indien sera intégré dans un “réseau mondial” reliant les centres installés par Google dans 12 autres pays, a détaillé Thomas Kurian. “Nous n’apportons pas seulement la technologie de l’IA mais toute une infrastructure numérique”.- “Révolution” -Patron du conglomérat indien éponyme, Gautam Adani s’est réjoui du partenariat engagé avec Google qui, a-t-il détaillé, “permettra de construire le moteur de la révolution indienne en matière d’IA”.”C’est un fantastique bond en avant pour notre Etat en matière de technologies, d’innovation et de rang dans le monde”, a pour sa part souligné le ministre en charge des technologies de l’information pour l’Andhra Pradesh, Nara Lokesh.M. Lokesh a assimilé l’information à un “nouvel or noir” dont les centres de données seraient les “nouvelles raffineries”.La semaine dernière, la start-up américaine Anthropic a annoncé l’ouverture prochaine d’un bureau en Inde, révélant que le géant asiatique figurait déjà au deuxième rang des pays utilisateurs de son assistant conversationnel (chatbot) Claude.”L’Inde s’impose comme une évidence grâce à son énorme réservoir de talents sur le plan technique et à la volonté de son gouvernement de faire en sorte que l’IA bénéficie à toute la société”, a alors souligné le PDG d’Anthropic, Dario Amodei.”L’écosystème dynamique de la tech indienne et sa jeunesse sont à la pointe de l’innovation en matière d’IA”, lui avait alors répondu sur son compte X le Premier ministre indien Narendra Modi.L’un des principaux concurrents d’Anthropic, OpenAI, a aussi fait part de son intérêt pour le marché indien et envisage également d’y ouvrir une représentation d’ici la fin de l’année.En août, l’entreprise dirigée par Sam Altman a lancé en Inde un programme d’abonnement à ses services d’un montant d’à peine 399 roupies (4 euros) par mois qui remporte un grand succès auprès des étudiants et des jeunes professionnels.La firme Perplexity a quant à elle signé un partenariat avec l’opérateur de télécommunications indien Airtel pour offrir ses services en Inde.

Avec “Légendes Pokémon: Z-A”, Nintendo dépoussière sa formule presque trentenaire

Le nouveau jeu vidéo Pokémon, qui sort jeudi, apporte un petit vent de fraîcheur à la saga en permettant désormais aux joueurs de participer à des combats de créatures en temps réel, au sein d’une immense ville grandement inspirée de Paris.Fini les affrontements statiques où chacun joue l’un après l’autre: pour la première fois depuis …

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Avec “Légendes Pokémon: Z-A”, Nintendo dépoussière sa formule presque trentenaire

Le nouveau jeu vidéo Pokémon, qui sort jeudi, apporte un petit vent de fraîcheur à la saga en permettant désormais aux joueurs de participer à des combats de créatures en temps réel, au sein d’une immense ville grandement inspirée de Paris.Fini les affrontements statiques où chacun joue l’un après l’autre: pour la première fois depuis le lancement de la franchise en 1996, les apprentis dresseurs devront faire preuve de dextérité pour déclencher des attaques ou éviter les coups adverses lors des duels de monstres dans “Légendes Pokémon: Z-A”.Une nouveauté bienvenue, tant la série a été régulièrement critiquée ces dernières années pour son manque d’innovation.Développé par le studio japonais Game Freak, créateur de la saga, et publié par Nintendo et The Pokémon Company, cet opus fait partie d’une série dérivée appelée “Légendes” débutée en 2022 avec l’épisode “Arceus”.Disponible sur Switch 1 et 2, “Légendes Pokémon: Z-A” se déroule intégralement au sein d’une grande métropole aux faux airs de Paris, dont certains bâtiments rappellent la tour Eiffel, l’Arc de Triomphe ou la tour Montparnasse.Comme de coutume, les joueurs devront enchaîner les combats pour gravir les échelons d’une compétition qui a lieu dans toute la ville.Depuis près de 30 ans, les jeux Pokémon, déclinés sur de nombreuses consoles et sur mobile, connaissent succès mondial et se sont écoulés à près de 490 millions d’exemplaires, selon les chiffres de The Pokémon Company.Inspirés de la tradition estivale japonaise de la chasse aux insectes, ces jeux consistent à capturer et à entraîner des “monstres de poche” aux grands yeux, inspirés aussi bien des souris que des dragons, pour les faire combattre.Également célèbre pour ses films, séries animées et nombreux produits dérivés, la marque Pokémon a généré 12 milliards de dollars de revenus tirés de licences en 2024, d’après le cabinet License Global, soit plus que le géant des jeux Mattel.

La cyberfraude prospère plus que jamais en Birmanie, avec le concours du Starlink de Musk

Elles étaient censées disparaître sous la pression des gouvernements concernés. Mais les usines à arnaquer en ligne des victimes dans le monde entier prospèrent mieux que jamais en Birmanie près de la frontière avec la Thaïlande, révèle une enquête de l’AFP.La construction de ces complexes aux allures de mini-villes ceintes de barbelés et gardées par …

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La cyberfraude prospère plus que jamais en Birmanie, avec le concours du Starlink de Musk

Elles étaient censées disparaître sous la pression des gouvernements concernés. Mais les usines à arnaquer en ligne des victimes dans le monde entier prospèrent mieux que jamais en Birmanie près de la frontière avec la Thaïlande, révèle une enquête de l’AFP.La construction de ces complexes aux allures de mini-villes ceintes de barbelés et gardées par des hommes en armes continue sans relâche autour de Myawaddy, sur la frontière avec la Thaïlande, montrent des images satellite et des prises de vue réalisées par drones par l’AFP.Ces images mettent en lumière ce qui ressemble à l’utilisation à grande échelle par les fraudeurs du service internet Starlink d’Elon Musk.Ces espèces de centres d’appel d’un autre genre, qui ont proliféré dans les zones inhospitalières dites du Triangle d’Or, emploient de gré ou de force des petites mains. Assises derrière un écran ou un téléphone, elles soutirent chaque année des milliards de dollars à des Chinois, des Américains et autres pigeons à l’autre bout du monde, convaincus de réaliser un juteux investissement ou d’avoir trouvé l’amour.La plupart de ces centres sont sous la coupe de syndicats chinois du crime en cheville avec les milices birmanes qui abondent à la faveur de la guerre civile, disent les experts.La Chine, la Thaïlande et la Birmanie ont entrepris en février un effort commun pour éradiquer le fléau et mis sous pression les milices birmanes pour qu’elles ferment ces centres. Environ 7.000 personnes ont été, selon les points de vue, interpellées ou libérées d’un système brutal.Certaines d’entre elles, originaires d’Asie, d’Afrique ou du Moyen-Orient, ont montré aux journalistes de l’AFP les traces des blessures et des coups qu’ils disent avoir reçus de ceux qui les exploitaient.Sun, un Chinois revendu d’un site à un autre, a raconté son histoire. Elle donne un aperçu du fonctionnement de cette industrie.- Enquête sur Starlink -Un haut responsable policier thaïlandais estimait en mars qu’au moins 100.000 personnes travaillaient encore dans les complexes le long de la frontière birmane.Les images satellite montrent que l’expansion a repris quelques semaines seulement après les descentes de février. Des antennes paraboliques Starlink se sont rapidement multipliées sur les toits pour pallier la coupure d’internet par les autorités thaïlandaises. Près de 80 antennes sont visibles sur un seul toit du plus grand complexe, KK Park, sur les images de l’AFP.Starlink n’est pas agréé en Birmanie. Avant février, Starlink n’avait pas assez de trafic pour figurer sur la liste des fournisseurs d’accès à internet dans ce pays. Fin avril, il était au 56e rang; il est au premier depuis le 3 juillet quasiment tous les jours, indiquent les données du registre internet asiatique APNIC.Des procureurs californiens ont mis en garde Starlink en juillet 2024 contre le fait que des malfaiteurs utilisaient son système, mais n’ont reçu aucune réponse. Des responsables politiques thaïlandais et américains ont exprimé leur inquiétude. La puissante Commission économique conjointe du Congrès américain a dit à l’AFP avoir ouvert fin juillet une enquête sur le rôle joué par Starlink dans le fonctionnement de ces centres.SpaceX, propriétaire de Starlink, n’a pas répondu aux demandes de réaction de l’AFP.”Qu’une entreprise américaine permette une chose pareille est odieux”, dénonce Erin West, ancienne procureure américaine spécialisée dans la cybercriminalité qui a démissionné l’an dernier pour se consacrer pleinement à la lutte contre les réseaux.Les Américains sont parmi les principales victimes, selon le département du Trésor. Ils auraient perdu 10 milliards de dollars l’an dernier, 66% de plus que l’année précédente.Les bandits ont recommencé à construire les centres à un rythme “à couper le souffle”, observe Erin West.- Histoire de casting -La zone proche de Myawaddy paraît héberger 27 centres de cyber-arnaque disséminés le long des méandres de la rivière Moei, qui marque la frontière avec la Thaïlande. Les immeubles y poussent comme des champignons. KK Park s’est agrandi d’une nouvelle section. Le poste de contrôle à l’entrée principale s’est considérablement développé. Au moins cinq nouveaux points de passage sur la rivière ont apparu.L’un de ces passages dessert Shwe Kokko, que le Trésor américain qualifie de “plaque tournante notoire des escroqueries aux investissements en monnaie virtuelle, sous la protection de l’Armée nationale karen”, une milice alliée à la junte birmane.Les zones frontalières entre la Birmanie, la Thaïlande, la Chine et le Laos, connues sous le nom de Triangle d’Or, sont de longue date un foyer de production d’opium et d’amphétamines, de trafic de drogue, de contrebande, de jeux clandestins et de blanchiment.La corruption et le désordre causé par la guerre civile en Birmanie ont permis aux organisations criminelles d’étendre leurs activités.La fraude en Asie du Sud-Est a fait perdre à ses victimes 37 milliards de dollars en 2023, selon un rapport publié l’année dernière par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime.Nombre des personnes extraites des centres en février disent y avoir été emmenées contre leur gré en transitant par la Thaïlande et y avoir été forcées à travailler et battues.D’autres ont déclaré avoir été attirées par la promesse d’emplois bien payés. D’autres encore sont venues de leur plein gré, disent des experts.Pékin a fait pression sur les autorités birmanes et thaïlandaises pour qu’elles sévissent après l’émoi public suscité par le sort de l’acteur Wang Xing. Celui-ci a raconté avoir été enlevé à l’aéroport de Bangkok où il s’était rendu en vue d’un prétendu casting et avoir été emmené dans un centre de cyber-arnaque birman.La justice chinoise a récemment prononcé 11 condamnations fermes à la peine de mort à l’encontre de membres présumés d’un gang se livrant à la cyberfraude de l’autre côté de la frontière avec la Birmanie et responsable de la mort d’au moins 14 personnes, dont une dizaine qui cherchaient à s’enfuir d’un complexe d’arnaque.- Supplier à genoux -Des mois d’enquête dessinent un monde impitoyable peuplé d’individus insaisissables prêts à vendre des êtres ou à négocier leur libération, pour peu que le prix soit le bon, sous l’égide de milices aux intérêts communs ou concurrents.Sun, dont l’AFP préserve l’identité pour sa sécurité, fait partie des milliers de Chinois engloutis par ce gouffre. Ce jeune villageois à la voix douce venu des montagnes du Yunnan relate comment lui et d’autres étaient régulièrement battus à coups de matraque électrique et de fouet s’ils faiblissaient à la tâche ou désobéissaient aux ordres.”Presque tous ceux qui étaient dedans ont été battus à un moment ou à un autre, soit pour avoir refusé de travailler, soit pour avoir tenté de sortir”, rapporte-t-il. Mais, vu la hauteur des clôtures et la présence de miradors et de gardes armés, “il n’y avait aucun moyen de partir” avant l’épilogue de février, pour lui et 5.400 autres Chinois.Les journalistes de l’AFP lui ont parlé au moment de sa sortie du centre, puis au téléphone, puis encore à son retour dans son village isolé.Ses ennuis ont commencé en juin 2024 quand il a quitté son village pauvre situé à une centaine de kilomètres de la Birmanie, se rappelle-t-il. Il avait déjà un enfant et la famille en attendait un autre. Le jeune homme de 25 ans avait entendu dire qu’il était possible de gagner de l’argent en vendant des produits chinois en ligne via la Thaïlande. “On m’a dit que c’était très rentable.”Le voyage a viré au cauchemar à Mae Sot, ville frontalière thaïlandaise. Sun raconte y avoir été enlevé et transféré, par la rivière Moei, à Myawaddy vers ses centres d’escroquerie. Il se souvient avoir été “terrifié”. “Je n’arrêtais pas de les supplier à genoux de me laisser partir.”A Myawaddy, il a été emmené dans un camp de miliciens. Il y a été vendu pour 650.000 bahts thaïlandais (20.000 dollars) à un centre de cyberfraude, la première d’une série de transactions analogues. On lui a ordonné de faire des exercices de frappe pour accélérer sa vitesse d’écriture. Mais Sun est atteint d’une déformation du doigt qui le ralentissait et attirait les foudres de ses supérieurs.- Filatures -Son handicap lui a valu d’être confiné à des tâches subalternes et revendu de centre en centre, jusqu’au dernier, d’où il a réellement envoyé des messages à des gogos aux États-Unis, raconte-t-il. Une fois les victimes ferrées, il passait la main à des fraudeurs plus aguerris chargés de parachever l’ouvrage.Les centres fournissent à leurs petites mains des mémentos pour remplir leur tâche. Un texte de 26 pages suggère au fraudeur d’adopter le personnage d’Abby, une Japonaise de 35 ans en mal d’amour, pour séduire l’interlocuteur en ligne. “Je sens que nous sommes faits l’un pour l’autre”, peut dire Abby à son correspondant.C’est une industrie entourée d’une grande opacité, que les relations complexes de la Chine et de la Thaïlande avec le régime militaire birman et divers groupes, rebelles ou non, n’aident pas à dissiper. Beaucoup de ces groupes se livrent à l’exploitation minière et forestière et à la production de drogue.Les gangs emploient dans ces centres une main-d’œuvre quasiment réduite à l’esclavage aussi bien que des programmeurs qualifiés grassement payés, décrit David Scott Mathieson, grand connaisseur de la Birmanie, un ancien de Human Rights Watch.Les autorités chinoises traitent les personnes comme Sun comme des “suspects”. L’AFP a confirmé les principaux aspects de son récit en consultant plusieurs experts. Mais d’autres éléments ont été plus difficiles à corroborer. Les autorités thaïlandaises n’ont pas fourni d’informations.En Chine, les journalistes de l’AFP ont été suivis par plusieurs voitures banalisées alors qu’ils allaient voir Sun dans son village, à trois heures de la ville la plus proche, Lincang. Quelques minutes après le début de l’entretien, un groupe de fonctionnaires est arrivé pour, ont-ils expliqué, l’emmener “vérifier” qu’il allait bien. À son retour une demi-heure plus tard, il a refusé de s’exprimer davantage.Les semaines précédant son extraction du centre, Sun se demandait s’il arriverait à échapper un jour aux violences, aux menaces et aux corvées. “Je pensais à la possibilité (de mourir…) presque tous les jours”, confie-t-il.L’AFP a obtenu la copie d’un “contrat de travail” interdisant au personnel d’un centre de chatter ou de quitter son poste, et autorisant l’encadrement à “former” ceux qui enfreignent les règles.- Le désespoir des proches -La Chine met en garde ses citoyens depuis des années contre la cyberfraude, qu’il s’agisse des arnaques en ligne ou des offres d’emploi crapuleuses. Mais un flux constant de Chinois disparaît encore. Leurs proches se lancent désespérément à leur recherche, s’exposant eux-mêmes à de sombres agissements.Fang, originaire du Gansu, dans le nord-ouest de la Chine, raconte que son frère de 22 ans, en décrochage scolaire, s’est volatilisé en février dans le Yunnan, à la frontière birmane. Son frère avait probablement des soucis financiers et s’est rendu à Xishuangbanna, près de la frontière du Triangle d’Or, pour s’adonner au trafic d’or et de montres, pense-t-elle.Elle est à présent convaincue qu’il a été attiré là-bas et forcé de passer en Birmanie. Les relevés téléphoniques le localisent pour la dernière fois dans la région de Wa, bastion du groupe ethnique le plus important et le mieux armé de Birmanie.Comme d’autres membres de sa famille, elle se sent impuissante malgré ses appels à l’aide aux autorités chinoises. “C’est le petit dernier de la famille”, explique-t-elle. “Ma grand-mère, atteinte d’un cancer en phase terminale, pleure tous les jours à la maison.”Fang dit avoir rejoint sur la messagerie chinoise WeChat plusieurs groupes de personnes à la recherche de proches disparus près de la frontière avec la Birmanie. Elle a été approchée par des “sauveteurs” auto-proclamés lui proposant leurs services.L’AFP a contacté plus d’une douzaine de ces personnages faisant la promotion de leurs activités sur les plateformes Xiaohongshu et Kuaishou. Beaucoup semblaient avoir eux-mêmes travaillé dans les centres de cyberfraude et se prévalaient de leurs liens avec des trafiquants.Ils ont assuré pouvoir actionner des relais dans les centres ou parmi les “têtes de serpent”, des passeurs de mèche avec les centres. La plupart ont évoqué le paiement de rançons équivalant à des dizaines de milliers de dollars, en fonction du centre où se trouverait la personne disparue et d’éventuelles dettes qu’elle aurait auprès du gang.- Soudain sauvetage -Certains de ces “sauveteurs” ont affirmé ne pas prendre d’argent pour eux-mêmes. D’autres au contraire ont exposé clairement la part leur revenant et celle revenant à des intermédiaires.L’un d’eux, se présentant sous le nom de Li Chao, dit gagner des milliers de yuans par mois (1 yuan = 0,12 euro) en organisant des sauvetages au Cambodge – autre plaque tournante pour la fraude et le blanchiment – en repérant les camps et en escamotant les fugitifs en voiture de location. C’est un travail rémunérateur, mais “il y a aussi des risques pour moi”, déclare-t-il.Ling Li, chercheuse sur l’esclavage moderne aux commandes d’une ONG de lutte contre la traite des êtres humains, s’émeut que des gens comme Li Chao lui “compliquent” la tâche.Son organisation aide les familles à rechercher des travailleurs en Birmanie et au Cambodge en contactant la police et en négociant des rançons.De nombreux “sauveteurs” sont eux-mêmes des escrocs ou facturent des sommes faramineuses pour des extractions qui, souvent, ne se concrétisent jamais, déclare-t-elle. “Les familles peuvent facilement se faire rouler par des opportunistes.”Certains proches ont versé des milliers de yuans pour rien, abonde Fang. Les sauveteurs “prétendent avoir des relations, en réalité il ne s’agit que d’une arnaque de plus”, tranche-t-elle.Sun a été extrait le 12 février. Il réparait des téléphones ce matin-là quand un groupe d’hommes armés est arrivé et les a entassés, lui et des dizaines d’autres, dans des pickups qui les ont les conduits vers un camp de miliciens. Quelques heures après, il était dans un bateau pour la Thaïlande.”Jamais je n’aurais imaginé être sauvé aussi soudainement”, dit-il. Dix jours plus tard, on l’a embarqué dans un avion à destination de Nanjing, en Chine, encadré par des policiers.- “État ennemi” -Sun fait partie des milliers de personnes arrêtées lors de l’opération conjointe de février entre la Chine, la Thaïlande et deux anciens groupes rebelles karens à présent alliés à l’armée birmane parmi les différentes milices opérant autour de Myawaddy.Les fraudeurs sévissent dans un “environnement très permissif, avec l’autorisation des milices birmanes affiliées à la junte”, commente un récent rapport du groupe de réflexion Australian Strategic Policy Institute, en partie financé par le ministère de la Défense australien.Si de violents combats opposent souvent des groupes rivaux près des centres, ces derniers n’auraient jamais été touchés, note le rapport. Personne ne veut mettre en péril les “profits bruts générés par l’industrie de l’escroquerie”, ajoute-t-il.Pékin assure que son action témoigne de son engagement “résolu” à enrayer cette calamité. Mais Nathan Ruser, auteur du rapport de l’Australian Strategic Policy Institute, et d’autres experts, affirment que des opérations comme celle de février ne font que perturber temporairement les réseaux criminels.”Tant que la junte militaire de Rangoun favorisera et alimentera cette industrie, je pense que cela restera un jeu du chat et de la souris”, estime Nathan Ruser. De nouveaux centres “surgiront ailleurs”, prédit-il.Sun insiste sur le fait qu’il a été forcé de travailler dans les centres et n’a jamais escroqué personne. Traumatisé, épuisé et toujours en liberté sous caution, il trouve le “fardeau mental” de son calvaire difficile à supporter.Pékin n’a pas précisé comment il comptait traiter ceux qui ont travaillé dans les centres. Des experts font valoir que nombre d’entre eux minimisent leur implication pour échapper à la sanction.La société chinoise éprouve peu de compassion pour eux, quoi qu’ils aient fait, selon la chercheuse Ling Li. “On vous jugera pour votre cupidité et votre stupidité”, résume-t-elle.Mais les gouvernements ont fait preuve d’une “négligence insensée” face à la gravité du problème, accuse l’experte Erin West. “On nous vole la valeur d’une génération de richesse”, dénonce-t-elle. “Je ne sais pas comment nous allons y mettre fin. C’est devenu bien trop grand, comme un État ennemi”.isk-mjw-sjc-fg/lal/dp/ib/tmt

Quand l’IA sert à mettre en image la thèse du “grand remplacement”

Couverte de graffitis en arabe, Big Ben, la fameuse tour londonienne, émerge, fumante, au milieu d’un tas de déchets et d’une foule vêtue de robes musulmanes dans une vidéo dystopique générée par l’IA censée représenter la capitale britannique en 2050.Ces clips, montrant des villes européennes imaginaires, radicalement transformées par une immigration massive, font le bonheur de dirigeants d’extrême droite qui les promeuvent sur les réseaux sociaux pour conforter la thèse complotiste du “grand remplacement”.De telles vidéos peuvent désormais être créées très rapidement en utilisant des chatbots populaires, malgré les garde-fous censés bloquer les contenus nuisibles, expliquent des experts à l’AFP.”Les outils d’intelligence artificielle sont exploités pour mettre en images et diffuser des récits extrémistes”, met ainsi en garde à l’AFP Imran Ahmed, du Centre de lutte contre la haine numérique.Le dirigeant d’extrême droite britannique Tommy Robinson a ainsi republié en juin la vidéo de “Londres en 2050″ sur X, récoltant plus d’un demi-million de vues.Robinson — qui a publié des vidéos similaires générées par IA sur New York, Milan et Bruxelles — a organisé en septembre la plus grande marche d’extrême droite dans le centre de Londres depuis de nombreuses années, avec plus de 110.000 personnes manifestant contre l’immigration.”Les systèmes de modération échouent systématiquement sur toutes les plateformes à empêcher la création et le partage de ces contenus”, s’inquiète l’expert du Centre de lutte contre la haine numérique.TikTok a pourtant interdit le compte créateur des vidéos postées par Robinson. La plateforme assure interdire les comptes qui promeuvent de manière répétée des idéologies haineuses, y compris des théories du complot.- ‘Stéréotypes nuisibles’ -Mais cela n’a pas empêché de de telles vidéos, repostées aussi bien par le nationaliste radical autrichien Martin Sellner que par le parlementaire belge de droite Sam Van Rooy, d’accumuler des millions de vues sur les réseaux sociaux.La députée européenne italienne Silvia Sardone, du parti populiste de droite Lega, a publié en avril une vidéo dystopique de Milan sur Facebook, demandant si “nous voulons vraiment de ce futur”.Le Parti pour la Liberté du leader d’extrême droite néerlandais Geert Wilders a diffusé une vidéo générée par IA de femmes portant des foulards musulmans pour les élections d’octobre intitulée “Pays-Bas en 2050”.Il a prédit que l’islam serait la première religion des Pays-Bas à cette date, bien que seulement six pour cent de la population s’identifient comme musulmans.De telles vidéos amplifient “les stéréotypes nuisibles qui peuvent alimenter la violence”, analyse pour l’AFP Beatriz Lopes Buarque, une universitaire de la London School of Economics qui mène des recherches sur la politique numérique et les théories du complot.”La radicalisation massive facilitée par l’IA s’aggrave”, estime-t-elle.- ‘Haine rentable’ -“Le problème, c’est qu’aujourd’hui nous vivons dans une société où la haine est très rentable”, prévient Beatriz Lopes Buarque.Utilisant un pseudonyme, le créateur des vidéos repostées par Tommy Robinson propose des cours payants pour enseigner aux gens comment créer leurs propres clips IA, en suggérant que “les théories du complot” constituent un “excellent” sujet pour attirer des clics.La thèse du “grand remplacement” supposé de la population européenne par une population immigrée avec la complicité des élites a été popularisée par l’écrivain français d’extrême droite Renaud Camus.Pour tester les outils IA, des journalistes de l’AFP ont demandé à ChatGPT, GROK, Gemini et VEO 3 de montrer Londres et d’autres villes en 2050, et ont constaté que cela générait généralement des images plutôt positives. Mais les experts interrogés par l’AFP ont souligné que les chatbots pouvaient être facilement guidés pour créer des images racistes.Aucun ne dispose d’une modération “100 % précise”, avertit Salvatore Romano, chef de la recherche chez AI Forensics.”Cela laisse de l’espace aux acteurs malveillants pour exploiter les chatbots afin de produire des images comme celles sur les migrants”, ajoute-t-il.L’AFP, comme une centaine d’autres organisations de vérification des faits, est rémunérée par TikTok et Meta, la maison mère de Facebook, pour vérifier des vidéos susceptibles de contenir de fausses informations.

Quand l’IA sert à mettre en image la thèse du “grand remplacement”

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Australie: fuite des données de millions de clients de Qantas après une cyberattaque

Les données personnelles de 5,7 millions de clients de Qantas, volées lors d’une cyberattaque en juillet qui a touché d’autres entreprises, ont été divulguées sur internet, a reconnu dimanche la compagnie aérienne australienne.Qantas avait annoncé en juillet que des pirates informatiques avaient ciblé un système utilisé par une tiers, abritant les données sensibles de millions de ses clients, et eu accès à leurs noms, adresses électroniques, numéros de téléphone et dates d’anniversaire.Leurs numéros de passeport et de cartes bancaires n’étaient, eux, pas présents dans le système, selon l’entreprise.La tierce partie visée par la cyberattaque est l’éditeur de logiciels Salesforce, selon une source proche du dossier. Il avait indiqué la semaine dernière avoir eu “connaissance de tentatives récentes d’extorsion”. Outre Qantas, les pirates informatiques ont aussi obtenu des données de dizaines d’entreprises comme Air France, KLM, Disney, Google, Ikea, Toyota et McDonald’s, selon la source interrogée par l’AFP.”Qantas est une des entreprises à travers le monde dont des données ont été divulguées par des cybercriminels”, après la cyberattaque de juillet “au cours de laquelle des données clients ont été volées via une plateforme tierce”, a indiqué dimanche la compagnie aérienne dans un communiqué.”Avec l’aide d’experts spécialistes en cybersécurité, nous enquêtons pour savoir” quelles données précisément ont été divulguées, a ajouté le groupe.- Effort coordonné – Le géant de la tech Google, interrogé par l’AFP, a rappelé avoir indiqué en août dans un communiqué qu’un de ses serveurs Salesforce avait été attaqué, sans confirmer si les données qu’il contenait avaient fuité.”Google a pris en compte cette activité, effectué une analyse d’impact et a adressé des notifications par mail aux entreprises potentiellement affectées”, a dit Melanie Lombardi, cheffe de la communication pour la sécurité du cloud chez Google.Des analystes en cybersécurité affirment que cette fuite de données est liée à une organisation criminelle appelée Scattered Lapsus$ Hunters, qui avait donné jusqu’à vendredi pour le versement d’une rançon.Selon le groupe de recherche Unit 42, l’organisation a “revendiqué la responsabilité d’une opération visant des clients utilisateurs de Salesforce dans un effort coordonné pour voler des données et s’en servir comme rançon”.Les pirates informatiques ont utilisé des techniques d’ingénierie sociale, consistant à manipuler les victimes en se faisant passer pour des représentants légitimes de leur entreprise ou d’autres personnes de confiance, selon des experts.Le FBI américain avait mis en garde le mois dernier contre de telles attaques visant Salesforce. Selon l’agence, des pirates se présentant comme des techniciens informatiques avaient convaincu des employés de support à la clientèle de leur accorder un accès à des données sensibles.Le site spécialisé FalconFeeds a indiqué sur X que les données personnelles des clients de Qantas avaient été publiées sur le dark web ce week-end, comme d’autres données de la compagnie Vietnam Airlines ou de la multinationale japonaise Fujifilm.Ces dernières années, l’Australie a subi une série d’incidents de cybersécurité qui ont suscité des inquiétudes dans le pays en matière de protection de la vie privée.En 2023, les principaux ports australiens, qui représentent 40% du volume de fret du pays, ont temporairement suspendu leurs activités à la suite d’une cyberattaque. Un an plus tôt, des pirates avaient volé les données personnelles de plus de neuf millions de clients d’Optus, l’un des plus grands fournisseurs de services de télécommunications d’Australie.