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“Miroir miroir”: dans les toilettes branchées, les Nigérianes sont les reines du selfie

“Selfies interdits dans les toilettes… C’est une blague!”, proclame une pancarte dans un cadre d’or, accrochée au mur marbré des toilettes d’une boîte de nuit de Lagos, la capitale culturelle et économique du Nigeria.De Lagos la déjantée à la sage Abuja, en passant par Kano la conservatrice, les Nigérianes ne badinent pas avec la mode du moment: se prendre en photo dans les toilettes des restaurants et des clubs branchés pour les diffuser sur les réseaux sociaux. Si la mode du “bathroom selfie” (“selfie de toilettes”) connaît un succès international, sa déclinaison locale reprend toutes les extravagances de la nuit nigériane.Les établissements ont bien saisi l’enjeu : les nombreuses influenceuses du pays le plus peuplé du continent ont le pouvoir, d’un simple “tag”, de leur faire une publicité gratuite pour peu que le décor les mette en valeur.Comiebarbie, influenceuse aux plus de 100.000 followers au compteur sur Instagram, venue célébrer son 23e anniversaire à The Library – un club de Lagos, l’atteste: quand elle arrive dans un lieu, elle se rend toujours “rapidement aux toilettes avec ses amies pour prendre des photos” car “la plupart du temps, les photos rendent vraiment bien”.”Les clients s’attendent déjà à ce que le restaurant ou le club soit agréable”, explique Marianah, cliente de The Library. “Mais lorsqu’ils entrent dans les toilettes et ont l’impression d’être dans une galerie d’art ou un salon luxueux, ils sont pris au dépourvu.””Ce moment de surprise rend l’expérience encore plus mémorable”, et donc “instagrammable”, poursuit-elle.La tendance, qui existe dans de nombreux pays, est devenue virale auprès des Nigérianes de la classe moyenne et supérieure, dans un pays où près de 60% des habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté.- Champagne et chandeliers -Le club Zaza, valeur sûre des nuits lagosiennes depuis plusieurs années, s’est récemment refait une beauté et a misé gros sur le nouveau look de ses toilettes pour femmes.Plusieurs clientes, moulées dans des robes aux couleurs vives, réajustent leurs décolletés, se déhanchent savamment et lancent une oeillade lascive toute en faux cils à leur smartphone, tête légèrement penchée en arrière.Les murs au papier peint fleuri et aux multiples miroirs permettent d’essayer différents angles de prise de vue.Afin de s’assurer du confort et du temps de pose adéquats, les patrons du lieu ont imaginé une astuce qui fait mouche. En pressant un bouton rouge dans le mur, une coupe de champagne apparaît par une petite lucarne, gratuitement, pour embellir l’attitude et faciliter les sourires.”La décoration est très importante pour les Nigérianes, on doit être créatif pour les attirer”, explique Johnny Franjeh, directeur adjoint de Zaza. Dans les toilettes, “on peut voir dix femmes qui attendent de presser le bouton, juste pour mettre une photo sur leur Instagram ou leur Snapchat”, se réjouit-il.”Nous avons inventé cette tendance!”, revendiquent de leur côté Ghada Ghaith et Rasha Jarmakani, directrices du Rococo, autre établissement branché de Lagos.Faux marbre du sol au plafond, chandelier en cristal, longs miroirs ceints de dorures sculptées, “You’re gorgeous” (“tu es magnifique”) comme inscrit au rouge à lèvre au-dessus du lavabo doré: les lieux d’aisance doivent mettre à l’aise.”Deux semaines avant l’ouverture, nous avons posté une photo de nous dans les toilettes, sans montrer les éviers ni les cuvettes, juste le sol et le chandelier”, racontent-elles.”Deux heures après avoir mis la photo en ligne, nous avons eu 200 demandes de réservations car les gens pensaient que c’était la décoration de la salle, pas des toilettes”, s’esclaffent-elles.Stephanie caresse ses longues tresses blondes et bombe la poitrine face au miroir, regard tourné vers les lavabos. Au Bar Called Paper d’Abuja, la capitale politique du Nigeria, une petite pièce “spéciale selfie” a été aménagée dans les toilettes: murs en plexiglass motifs psychédéliques du sol au plafond avec rétroéclairage et miroir géant pour l’effet de perspective, la silhouette de Stéphanie dans sa mini robe dos-nu à paillettes se réfléchit à l’infini.”La chose la plus importante que je recherche, c’est le bon angle pour mes photos, la lumière brille, tout est orange, comme si mes photos ressortaient plus lumineuses”, explique la jeune femme de 26 ans. A Kano, deuxième ville la plus peuplée du pays et capitale du nord principalement musulman et traditionnel, la mode du selfie-toilettes fait aussi ses émules, mais sans la même ostentation.Dans les toilettes de l’Antika Restolounge, prisé par les jeunes de la ville, les manches des clientes se font plus longues, les robes plus amples et moins suggestives et les maquillages discrets. Mais même en pull et en casquette, les jeunes femmes passent de longues minutes dans les toilettes et jouent avec leur reflet dans les miroirs agencés sur un papier peint tropical.

“Miroir miroir”: dans les toilettes branchées, les Nigérianes sont les reines du selfie

“Selfies interdits dans les toilettes… C’est une blague!”, proclame une pancarte dans un cadre d’or, accrochée au mur marbré des toilettes d’une boîte de nuit de Lagos, la capitale culturelle et économique du Nigeria.De Lagos la déjantée à la sage Abuja, en passant par Kano la conservatrice, les Nigérianes ne badinent pas avec la mode …

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L’animateur Jimmy Kimmel privé d’antenne après des propos sur Charlie Kirk

L’humoriste Jimmy Kimmel, animateur d’un “late night show” très populaire aux Etats-Unis, a été privé d’antenne mercredi après avoir accusé la droite américaine d’exploiter politiquement le récent assassinat du militant pro-Trump Charlie Kirk.La décision de suspendre l’émission “pour une durée indéterminée” a été immédiatement saluée par le président Donald Trump, qui poursuit son bras de fer avec les médias depuis son retour à la Maison Blanche, et n’appréciait guère les critiques régulières de l’animateur de 57 ans. C’est “une grande nouvelle pour l’Amérique”, s’est-il félicité sur son réseau Truth Social, aux antipodes des réactions des fans du présentateur vedette, qui n’ont pu accéder au plateau de l’émission diffusée par la chaîne ABC.”Ils ont attendu que l’émission soit sur le point de commencer pour l’annuler. Et ils ne nous ont pas donné la raison”, s’est étonné Tommy Williams, un docker de Jacksonville (Floride, sud-est) qui devait assister en direct à l’émission à Los Angeles.”N’importe quelle émission de télévision qui s’exprime contre Donald Trump, il essaie de la faire taire (…). Ce sont des choses qui arrivent en Russie, en Corée du Nord et en Chine”, a-t-il regretté.”Je suis vraiment contrariée (…). Nous sommes censés avoir la liberté d’expression dans ce pays, et ça ce n’est pas la liberté d’expression. Il n’a rien dit de mal”, a protesté de son côté Sheri Mowbray, retraitée venue de la région de San Francisco pour voir l’émission.M. Kimmel est l’un des visages les plus célèbres de la télévision américaine. Outre son show, qui offre un regard humoristique sur l’actualité cinq soirs par semaine, il a également été quatre fois maître de cérémonie pour les Oscars.Lundi, il avait évoqué le récent assassinat de Charlie Kirk, porte-parole de la jeunesse trumpiste, tué d’une balle dans le cou la semaine dernière.”Nous avons atteint de nouveaux sommets ce week-end, avec la clique MAGA (Make America Great Again, le slogan des partisans de Trump, ndlr) qui s’efforce désespérément de présenter ce jeune qui a assassiné Charlie Kirk comme quelqu’un d’autre qu’un des leurs, et qui fait tout son possible pour en tirer un avantage politique”, a estimé l’animateur.Les Etats-Unis se déchirent sur le profil de Tyler Robinson, poursuivi pour l’assassinat de Charlie Kirk. Un jeune homme élevé par des parents républicains, et qu’une large partie de la droite désigne comme un tueur d'”extrême gauche”. Le suspect avait dénoncé auprès de ses proches la “haine” véhiculée selon lui par Charlie Kirk.- “Liberté d’expression” -“Félicitations à ABC d’avoir enfin eu le courage de faire ce qui devait être fait. Kimmel n’a AUCUN talent”, a insisté mercredi Donald Trump, en appelant dans la foulée la chaîne NBC à priver d’antenne deux autres humoristes célèbres, Jimmy Fallon et Seth Meyers.Plus tôt mercredi, Brendan Carr, le patron du gendarme des télécoms et de l’audiovisuel américains (FCC), avait dénoncé sur X “le comportement scandaleux” de Jimmy Kimmel. Dans un podcast, ce proche allié de Donald Trump avait menacé de retirer leur licence aux chaînes qui le diffusent.Nexstar, un groupe qui possède de nombreuses chaînes affiliées à ABC aux Etats-Unis, a annoncé quelques heures plus tard que ses antennes allaient arrêter la diffusion de “Jimmy Kimmel Live”. M. Carr a publiquement remercié Nexstar.”Acheter et contrôler les plateformes médiatiques. Licencier des commentateurs. Annuler des émissions. (…) Tout cela est coordonné et c’est dangereux”, a fustigé en revanche le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, en estimant que le parti républicain “ne croit pas en la liberté d’expression”.- Le précédent Stephen Colbert -Avant Jimmy Kimmel, Stephen Colbert, présentateur du “Late Show”, a appris en juillet que son émission emblématique serait annulée par CBS à partir de 2026.Trois jours avant d’apprendre son futur licenciement, M. Colbert avait critiqué CBS pour avoir versé 16 millions de dollars pour régler un litige l’opposant à Donald Trump. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump multiplie les attaques contre la presse, en restreignant les accès à la Maison Blanche et en lançant des procédures réclamant des sommes astronomiques.Mardi, le président républicain a annoncé poursuivre le New York Times en diffamation, en exigeant 15 milliards de dollars de dommages et intérêts. En juillet, le locataire de la Maison Blanche avait indiqué réclamer au moins 10 milliards de dollars au Wall Street Journal dans une autre plainte pour diffamation.”J’ai des retours formidables sur ma plainte contre le New York Times”, a écrit mercredi Donald Trump sur Truth Social. “Le sentiment prédominant est +IL ETAIT TEMPS!+ (…) Les médias de la gauche radicale travaillent dur pour détruire les Etats-Unis, nous allons les arrêter à tous les niveaux !!!”.

L’animateur Jimmy Kimmel privé d’antenne après des propos sur Charlie Kirk

L’humoriste Jimmy Kimmel, animateur d’un “late night show” très populaire aux Etats-Unis, a été privé d’antenne mercredi après avoir accusé la droite américaine d’exploiter politiquement le récent assassinat du militant pro-Trump Charlie Kirk.La décision de suspendre l’émission “pour une durée indéterminée” a été immédiatement saluée par le président Donald Trump, qui poursuit son bras de …

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“Extrême droite”, “cible sur nos vies”: audiovisuel public et médias Bolloré sortent le lance-flammes

Escalade verbale spectaculaire dans la guerre entre l’audiovisuel public et les médias de la galaxie Bolloré: la patronne de France Télévisions a pour la première fois qualifié CNews d'”extrême droite” jeudi, ce qui “met une cible” sur les journalistes de la chaîne info, selon sa vedette Pascal Praud.Le conflit entre ces deux blocs a explosé en début de semaine dans le sillage de l’affaire Legrand-Cohen, deux journalistes du service public accusés de connivence avec le PS.A un an et demi de la présidentielle de 2027, une telle opposition est inédite dans l’histoire médiatique française.D’un côté, les médias privés dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, dont CNews (groupe Canal+) et la radio Europe 1, accusent l’audiovisuel public de partialité en faveur de la gauche. De l’autre, France Télévisions et Radio France contre-attaquent et en appellent à l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, ainsi qu’aux pouvoirs publics.”Il faut admettre que CNews est un média d’opinion. Qu’ils assument d’être une chaîne d’extrême droite!”, a lancé Delphine Ernotte Cunci, présidente de France Télévisions, dans une interview au Monde.C’est la première fois qu’une responsable de l’audiovisuel public emploie ce qualificatif au sujet de la chaîne info, leader en France en part d’audience.La riposte n’a pas tardé. “Mme Ernotte met une cible sur nos vies”, s’est indigné Pascal Praud, vedette et principale voix publique de CNews, dans son émission “L’heure des pros”, également retransmise sur Europe 1.Sollicitée par l’AFP, la direction de CNews n’a pas donné suite.- Changement de stratégie -Le déclencheur des hostilités a été une vidéo diffusée début septembre par le média conservateur L’Incorrect, source d’une vive polémique politico-médiatique.Filmée en juillet dans un restaurant parisien, la vidéo montre Thomas Legrand, chroniqueur à Libération et France Inter, et Patrick Cohen, qui intervient sur France Inter et sur France 5 (France Télévisions), échanger avec deux responsables du Parti socialiste. Durant la discussion, M. Legrand déclare: “Nous, on fait ce qu’il faut pour (Rachida) Dati, Patrick (Cohen) et moi”.La séquence a valu aux deux journalistes des accusations de connivence avec le PS et de parti pris à l’encontre de la ministre de la Culture sortante. Thomas Legrand a renoncé à son émission dominicale sur France Inter mais continuera d’intervenir à l’antenne.L’affaire a été amplement commentée sur CNews, Europe 1 et le Journal du dimanche (JDD) -tous dans le giron de M. Bolloré-, qui y ont vu un signe de partialité politique du service public.Bien avant cette affaire, les médias de la galaxie Bolloré ont fréquemment reproché à l’audiovisuel public de pencher à gauche, notamment dans son traitement des questions d’immigration et d’insécurité.Eux-mêmes sont accusés par des responsables politiques de gauche de promouvoir des idées d’extrême droite, ce qu’ils contestent.Jusqu’à ces derniers jours, les groupes publics n’avaient jamais directement répondu, mais ont désormais changé de stratégie. Mmes Ernotte Cunci et Sibyle Veil, patronne de Radio France, ont envoyé mercredi un courrier commun à l’Arcom pour dénoncer “une campagne de dénigrement”.- “Police de la pensée” -“A un moment, il faut dire stop”, a tonné Mme Ernotte Cunci dans Le Monde. “La galaxie médiatique de Vincent Bolloré veut la peau de l’audiovisuel public, réclame sa privatisation, et l’exprime avec violence”.”C’est une déclaration de guerre”, a répliqué M. Praud: “Aujourd’hui dans les manifestations, il y aura des journalistes de CNews sur le terrain. (Mme Ernotte Cunci) leur met une cible sur le dos, elle les met en danger”.Sollicité par l’AFP, le ministère de la Culture sortant n’a pas souhaité s’exprimer.Côté politique, le chef des députés LR Laurent Wauquiez a jugé sur le réseau social X que “le service public cherche à dicter sa police de la pensée”.Pour sa part, après avoir entendu mercredi Mmes Ernotte Cunci et Veil sur l’affaire Legrand-Cohen, l’Arcom a indiqué jeudi vouloir “approfondir ses travaux sur l’impartialité du service public”. Le régulateur entend notamment examiner “les dispositifs existants” et mesurer “la perception” du public.

En France, un déploiement “sans précédent” de drones pour surveiller les manifestations

L’utilisation de drones par les forces de l’ordre, encadrée par un décret de 2023, s’est généralisée pour la surveillance de manifestations, lors des mobilisations des 10 et 18 septembre notamment, malgré l’inquiétude des défenseurs des libertés publiques.Moyens de surveillance, de détection ou d’appui pour des opérations: en deux ans, ces petits aéronefs télécommandés et équipés …

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En France, un déploiement “sans précédent” de drones pour surveiller les manifestations

L’utilisation de drones par les forces de l’ordre, encadrée par un décret de 2023, s’est généralisée pour la surveillance de manifestations, lors des mobilisations des 10 et 18 septembre notamment, malgré l’inquiétude des défenseurs des libertés publiques.Moyens de surveillance, de détection ou d’appui pour des opérations: en deux ans, ces petits aéronefs télécommandés et équipés de caméras, dont l’usage nécessite la prise d’arrêtés préfectoraux, sont ainsi devenus des outils “indispensables”, notamment sur les grands événements, selon la police nationale.En cinq ans, la flotte nationale a triplé, comptabilisant 965 drones pour la gendarmerie, et 650 pour la police nationale, selon les chiffres communiqués par les autorités à l’AFP. En tout, plus de 1.500 gendarmes et policiers ont ainsi été formés “à la fois sur le pilotage, les sujets de sécurité aérienne mais également le cadre d’emploi de la caméra déportée”, précise le général Philippe Mirabaud, sous-directeur de l’emploi des forces de gendarmerie. Il insiste sur le cadre juridique strict dans lequel sont utilisés les drones.”Chaque mission est tracée, on sait quel est le télépilote qui l’a réalisée, où, quand, combien de temps, on sait où sont stockées les images, que les images ne seront stockées que sept jours et qu’elles seront ensuite détruites”, assure-t-il.Utilisés à des fins de maintien de l’ordre depuis le milieu des années 2010, les drones ont fait l’objet d’une bataille juridique de plusieurs années, avec de nombreux recours associatifs, notamment devant le Conseil d’Etat, qui ont permis d’aboutir à un “cadre législatif” défini par la loi relative à la responsabilité pénale et la sécurité intérieure de 2022.Une demande soumise à autorisation préfectorale doit être faite par la gendarmerie ou la police, en détaillant les raisons, mentionnant le périmètre géographique surveillé, la durée d’utilisation ou encore le nombre de caméras qui enregistrent en simultané. La captation de son, la reconnaissance faciale ou le croisement de fichiers ne sont pas autorisés.Mercredi soir, trois arrêtés de la préfecture de Seine-Maritime autorisant le survol des manifestations à Gonfreville, le Havre et Rouen ont été suspendus après des recours du Syndicat des avocats de France (SAF).Pour le mouvement “Bloquons Tout” du 10 septembre, 82 arrêtés préfectoraux autorisant l’usage de drones ont été comptabilisés sur le territoire par l’Association de défense des libertés constitutionnelles (ADELICO), le SAF et le Syndicat de la magistrature.Les activistes en ont contesté “une trentaine” devant le juge des référés, aboutissant à “une douzaine” de suspensions, rapporte Serge Slama, professeur de droit public et président de l’ADELICO, dénonçant un déploiement d’une ampleur “sans précédent en France”.Les arrêtés couvraient des zones parfois très importantes, jusqu’à des départements entiers, comme dans l’Orne et le Morbihan, où ils ont été suspendus par les tribunaux administratifs.-“Massification”-Les critères requis sont l'”adéquation, (la) nécessité, (la) proportionnalité”, liste Me Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’homme (LDH), en soulignant un dernier posé par le Conseil constitutionnel: “Etant donné les libertés qui sont en cause, il faut que l’usage du drone soit le dernier recours”.   En dépit de ce dernier critère, la LDH dénonce “un côté exponentiel” des moyens engagés, et un “moindre contrôle” de l’autorité préfectorale et des juges administratifs.”Vous avez une généralisation du drone, une massification dans toute la métropole, et des pratiques préfectorales empêchant la contestation et n’informant pas le public de l’utilisation des drones”, appuie M. Slama.Selon la police nationale, cette technologie est pourtant “devenue indispensable à la sécurisation des grands évènements”.”Il apparaîtrait aujourd’hui difficile de se passer de cet outil qui représente une véritable plus-value dans les missions de police du quotidien”, soutient l’institution, citant “la surveillance des frontières, la lutte contre les rodéos urbains, les violences urbaines, le trafic de stupéfiants ou plus généralement la sécurisation de nos concitoyens”.”Aujourd’hui, se passer de drones, c’est comme se passer de la vue”, résume le général Mirabaud. Selon lui, les forces de l’ordre visent un “équilibre entre demande de sécurité” de la population et “vigilance par rapport aux libertés et à la protection des personnes”. Pour Serge Slama, “la bataille des drones est perdue”, puisque ceux-ci sont entrés dans les usages des forces de l’ordre. Pour autant, en continuant de contester les arrêtés, il compte “faire en sorte que l’usage soit (…) moins généralisé”, et “corresponde vraiment à une utilité opérationnelle”. 

Affaire Legrand-Cohen: l’Arcom veut travailler sur “l’impartialité du service public”

Le régulateur de l’audiovisuel, l’Arcom, veut “approfondir ses travaux sur l’impartialité du service public”, a-t-il annoncé jeudi, après avoir entendu la veille les présidentes de France Télévisions et Radio France au sujet de l’affaire Legrand-Cohen.”Dans un contexte de défiance à l’égard des institutions et des médias (…), l’Arcom souhaite poursuivre et approfondir ses travaux visant à conforter l’impartialité de l’audiovisuel public et à en mesurer la perception par le public”, a expliqué l’autorité indépendante dans un communiqué.L’Arcom a pour cela “décidé de lancer un travail destiné à objectiver la portée concrète de l’exigence d’impartialité” de l’audiovisuel public, a-t-elle poursuivi, sans en préciser les modalités.Le régulateur va également mettre sur pieds “une étude indépendante – quantitative et qualitative – sur la perception et les attentes du public en la matière”. Il compte y associer les comités d’éthiques de France Télévisions et Radio France.Les présidentes des deux groupes publics, Delphine Ernotte Cunci et Sibyle Veil, ont été entendues mercredi par l’Arcom au sujet de l’affaire Legrand-Cohen.Les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen sont accusés de connivence avec le PS après la diffusion début septembre, par le magazine conservateur L’Incorrect, d’une vidéo les montrant en pleine conversation avec deux responsables socialistes.Cette affaire a provoqué un conflit inédit, à un an et demi de la présidentielle de 2027.D’un côté, les médias privés dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, dont CNews et la radio Europe 1, accusent l’audiovisuel public de parti pris pour la gauche. De l’autre, France Télévisions et Radio France contre-attaquent et en appellent à l’Arcom et aux pouvoirs publics.Dans son communiqué, l’Arcom rappelle qu’elle n’est pas compétente pour se prononcer “sur des vidéos qui n’ont pas été diffusées à l’antenne, ni sur le respect de la déontologie professionnelle des journalistes, qui relève de leur employeur”.L’autorité “intervient, en revanche, en tant que garante de l’impartialité et de l’indépendance du secteur public de la communication audiovisuelle”.

Les nouveaux disciples des artistes peintres : des robots IA

Un bras robotique saisit un pinceau, le trempe dans un pot de peinture et l’applique sur la toile avec précision. Trait après trait, il reproduit en toute autonomie une œuvre d’Audrey-Eve Goulet, une artiste ravie par les performances des machines d’Acrylic Robotics.”C’est très impressionnant de voir le robot en vrai”, commente-t-elle au siège de la …

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Les nouveaux disciples des artistes peintres : des robots IA

Un bras robotique saisit un pinceau, le trempe dans un pot de peinture et l’applique sur la toile avec précision. Trait après trait, il reproduit en toute autonomie une œuvre d’Audrey-Eve Goulet, une artiste ravie par les performances des machines d’Acrylic Robotics.”C’est très impressionnant de voir le robot en vrai”, commente-t-elle au siège de la start-up, à Montréal. “Il est tellement à l’aise pour tenir un pinceau, le laver et changer de couleur !”Elle a été conquise par la vision de l’entreprise : mettre au point des machines capables de peindre des tableaux quasiment à l’identique, pour permettre à leurs auteurs humains d’exposer et de vendre plus largement des reproductions de leurs toiles, sans avoir à les faire eux-mêmes.”Au début, je voulais juste construire un robot qui m’aide à recréer mes propres peintures”, raconte Chloë Ryan, la fondatrice d’Acrylic Robotics. Elle évoque les semaines nécessaires pour remplir les commandes de ses proches quand elle était adolescente : “Je gagnais 2 dollars de l’heure !”Après des études d’ingénieur, elle a lancé son entreprise en 2021. Il a fallu trois ans à son équipe pour parvenir à des tableaux – baptisés “aurographes” – à la ressemblance et à la qualité suffisante pour les exposer et les vendre.”L’idée, c’est de capturer l’aura d’une œuvre grâce à la chronologie des coups de pinceau et en trois dimensions, d’une façon qu’un simple tirage photo ne pourra jamais égaler”, explique-t-elle.- Consentement, Crédit, Compensation -“J’aime qu’on voit les traits. Dans le rose ici, on voit bien où le pinceau a été et la forme qu’il a dessiné. On dirait vraiment que c’est une de mes œuvres”, commente Audrey-Eve Goulet face à l'”aurographe” de sa peinture – la deuxième version, car la première n’était pas exacte au niveau des couleurs.”C’est sûr qu’il y a un peu moins d’histoire derrière. Mon œuvre finale a peut-être eu cinq vies avant d’arriver à ça, alors que le robot ne voit que la dernière couche”, ajoute-t-elle.Les artistes participants recréent leur tableau sur une tablette numérique, qui enregistre le choix des teintes, la pression et la vitesse de chaque coup de pinceau, et d’autres données ensuite fournies au robot.L’entreprise travaille aussi sur des modèles d’intelligence artificielle (IA) plus perfectionnés, pour que ses machines reproduisent directement l’image.D’ici un an, Chloë Ryan espère mettre au point une “plateforme en libre-service, où n’importe quel artiste dans le monde pourra télécharger son style”.Les clients pourront alors, par exemple, demander un tableau représentant leur chien à la manière de leur peintre préféré, qui recevra une commission.Un peu comme les outils IA de création d’images à la demande, mais avec une différence fondamentale : les artistes ont consenti à cette pratique, ils sont crédités et reçoivent une compensation financière – les 3 “C” que réclament les milieux artistiques depuis l’explosion de l’IA générative.- L’art du compromis -“Au début, les gens voient un robot peindre et disent +Oh mon Dieu, c’est la pire chose que j’ai jamais vue+”, remarque l’entrepreneuse.”Mais quand je propose aux artistes de référencer certaines de leurs œuvres passées, en échange d’une somme d’argent versée tous les mois, beaucoup sont enchantés”.La grande majorité des peintres peinent à vivre de leur art, car ils ne percent pas dans le circuit élitiste des galeries. Ceux qui y parviennent sont ensuite souvent restreints par leurs contrats.Ils doivent donc trouver des compromis entre leurs ambitions et leurs besoins financiers.”Je fais de l’art public et des collaborations, comme avec Acrylic, pour diffuser mon art à plus de monde et à des prix plus abordables aussi”, indique Audrey-Eve Goulet.Les “aurographes” sont vendus entre 200 et 1000 dollars en moyenne, dont 5 à 50% reviennent à l’auteur humain, en fonction de sa notoriété et de son implication dans le projet.”Nous avons une liste d’attente de 500 artistes”, note Chloë Ryan.Michael Kearns, chercheur associé chez Amazon (dont les logiciels servent à Acrylic Robotics pour concevoir ses modèles d’IA), souligne cependant que les photographes connaissent une précarité similaire “alors que leurs oeuvres sont beaucoup plus faciles à reproduire”.Pour l’instant, l’entreprise se rémunère principalement grâce aux commandes de grandes organisations, comme des chaînes hôtelières.”Nous ne prenons pas la place des créateurs”, insiste Chloë Ryan. “Les hôtels achètent la plupart du temps des stocks d’impressions, sans impliquer aucun artiste”.