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Première en italie: un journal publie une édition générée par l’IA

Première mondiale en Italie, où un journal publie depuis mardi une édition entièrement générée par l’IA durant un mois, une expérience destinée selon son directeur à “revitaliser le journalisme, pas à le tuer”.Il Foglio, un quotidien au ton irrévérencieux avec un tirage d’environ 29.000 exemplaires, affirme être le premier journal au monde à imprimer des éditions entières créées grâce à l’intelligence artificielle, une technologie émergente qui change rapidement la façon dont les rédactions fonctionnent. Chaque édition version IA, composée de quatre pages, inclut environ 22 articles allant de la politique à la finance ainsi que trois éditoriaux. Concrètement, la vingtaine de journalistes du quotidien demandent à une version du chatbot ChatGPT d’OpenAI de rédiger un article sur un sujet spécifique avec un ton particulier, et celui-ci produit un texte en utilisant des informations récoltées sur internet.Parmi les articles signés IA cette semaine: une analyse des discours de la Première ministre Giorgia Meloni, un éditorial sur l’appel téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine, et un article sur la mode. Claudio Cerasa, directeur de Il Foglio, a expliqué à l’AFP ce projet d’une durée d’un mois. –  Quel est le but de cette expérience?D’une part, passer de la théorie à la pratique. D’autre part, c’est pour nous tester et donc comprendre quelles sont les limites de l’intelligence artificielle, mais aussi ses opportunités. Les frontières qui doivent être franchies et celles qui ne peuvent pas être franchies. Tout cela peut naître dans un journal particulier comme le nôtre, car notre journal a une écriture irrévérencieuse, ironique, créative. Nous faisons des choses qui ne sont pas facilement reproductibles par une machine. Notre volonté était d’afficher notre particularité et d’expérimenter quelque chose que personne au monde n’a expérimenté, en créant un débat, mais surtout en essayant de comprendre nous-mêmes comment l’intelligence artificielle peut être intégrée à l’intelligence naturelle.- Comment cela fonctionne-t-il en pratique?Lors de la réunion de rédaction, de nombreux thèmes émergent. Certains de ces thèmes sont ensuite traités non seulement par le journal normal, mais aussi par le journal artificiel. Chaque question posée à l’intelligence artificielle contient une demande de sujet, une demande de ton, qu’il soit respectueux, irrévérencieux, scandaleux, provocateur, et donc nous lui demandons d’avoir le style du journal. S’il y a trop d’erreurs, nous changeons d’article, s’il y en a peu, nous les laissons, car nous voulons montrer quelles sont les limites. Cela ne sert pas à montrer à quel point c’est beau. – Quelles premières leçons avez-vous pu tirer de cette expérience?L’intelligence artificielle dépasse toutes les attentes. Nous avons appris qu’elle peut faire des choses qui peuvent concurrencer ce que produit un être humain.L’innovation doit être acceptée, car elle ne peut être arrêtée. Elle doit être comprise, elle doit être maîtrisée et transformée en une opportunité de croissance, car s’il existe un jour une demande d’articles uniquement écrits par l’intelligence artificielle, il faut l’accepter, mais cette demande devra accroître la créativité des journalistes, car les journalistes devront commencer à s’habituer à ne jamais faire ce qu’une machine pourrait faire. Donc c’est un moyen de revitaliser le journalisme, pas de le tuer.- Les journalistes de votre rédaction sont-ils inquiets?Non, tout le monde se divertit, tout le monde est curieux. Et d’ailleurs il est intéressant de noter que grâce à cette expérience nous atteignons un public bien large. Il y a beaucoup de personnes qui, grâce à l’intelligence artificielle, découvrent le journal traditionnel. Le premier jour, nous avons eu une augmentation de 60 % des ventes. Ce n’est pas un hasard si aucun grand journal n’y a pensé, car cela fait évidemment peur. Seul un journal comme le nôtre, qui est un peu un cas unique, peut se permettre de faire une telle expérience.- Avez-vous mis côte à côte un article écrit par un journaliste et un autre écrit par l’IA pour voir la différence?Nous l’avons fait, et bien sûr les articles écrits par les êtres humains sont meilleurs, car ils ont toujours quelque chose en plus, ils ont toujours un élément de créativité, de connexion, de lien imprévisible que l’intelligence artificielle n’a pas.- Comment réagissent vos lecteurs?90% des lecteurs sont amusés, 10% s’inquiètent et disent “N’abandonnez jamais votre intelligence naturelle parce que vous êtes meilleurs”. Mais personne ne dit que l’opération est stupide et n’a pas de sens. Tout le monde comprend l’esprit de cette initiative.

La tech américaine et Trump alignés sur la dérégulation de l’IA, le reste du monde prend acte

Les géants américains de l’intelligence artificielle (IA), sollicités par le gouvernement Trump, l’encouragent à poursuivre la dérégulation de l’IA, donnant le la au monde entier dans un contexte ultra-concurrentiel.Dès sa prise de fonctions, le nouveau président américain a annulé un décret pris par son prédécesseur qui imposait aux entreprises du secteur de communiquer leurs données …

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La tech américaine et Trump alignés sur la dérégulation de l’IA, le reste du monde prend acte

Les géants américains de l’intelligence artificielle (IA), sollicités par le gouvernement Trump, l’encouragent à poursuivre la dérégulation de l’IA, donnant le la au monde entier dans un contexte ultra-concurrentiel.Dès sa prise de fonctions, le nouveau président américain a annulé un décret pris par son prédécesseur qui imposait aux entreprises du secteur de communiquer leurs données lorsque leurs programmes présentaient des “risques sérieux”.Donald Trump a aussi enjoint toutes les agences publiques fédérales de ne plus suivre les recommandations de bonnes pratiques introduites par Joe Biden.”Le président Trump a fait une priorité du positionnement des Etats-Unis aux avant-postes de l’IA”, précise l’un des décrets pris fin janvier.Ces textes ne font pas mention des risques associés à l’IA, relevés par de nombreux observateurs, telles les menaces que peuvent présenter les interfaces d’intelligence artificielle générative en cas de détournement ou de perte de contrôle.”On ne gagnera pas dans l’IA de demain si on se fait des noeuds au cerveau avec la sécurité”, a martelé le vice-président JD Vance lors du sommet de l’IA à Paris.Ce revirement américain résonne bien au-delà des Etats-Unis.”On va voir un ralentissement marqué des initiatives en matière de régulation, dans le monde entier”, annonce David Danks, professeur d’analyse de données et de philosophie à l’université de Californie à San Diego.”On le voit même en Europe”, dit-il, où l’accent est davantage mis sur l’accompagnement de l’IA et les investissements que sur les contraintes imposées par l’Union européenne avec son règlement IA Act, en application depuis août.La Commission européenne a décidé, en février, de reporter sine die les discussions sur une nouvelle directive qui instaurerait un régime de responsabilité pour les dommages éventuels causés par l’IA.”On s’éloigne clairement de l’idée d’une approche cohérente et globale de la régulation de l’IA”, abonde Karen Silverman, du cabinet de conseil Cantellus Group.- “Course contre la Chine” -Le gouvernement Trump a lancé un appel à contributions sur le sujet, dans lequel se sont engouffrés promptement les grands acteurs de l’IA, en premier lieu OpenAI.Tout comme le chef de l’Etat, la start-up fait de l’IA un enjeu de souveraineté, pour “empêcher d’abandonner à la Chine notre position de leader”.La montée en puissance de la République populaire sur ce créneau a été illustrée par l’arrivée de la start-up chinoise DeepSeek, dont l’interface R1, lancée en janvier, a démontré des performances similaires aux grands modèles bien qu’ayant été conçu avec des moyens financiers et techniques nettement moindres.Pour résister à la Chine, selon OpenAI, l’intelligence artificielle “made in America” devrait être “protégée des régimes autoritaires qui pourraient priver les gens de libertés et de couches de réglementation et de bureaucratie qui l’empêcheraient” de rendre l’IA la plus avancée disponible pour le plus grand nombre.OpenAI affirme même qu'”avoir à se conformer à des législations excessivement lourdes des Etats” ferait aussi le jeu des Chinois.Selon Karen Silverman, “au moins 30 Etats (américains) ont une forme de régulation” de l’IA en place.OpenAI suggère aussi aux autorités américaines d’assouplir les règles d’utilisation de contenu soumis au droit de la propriété intellectuelle pour développer les modèles d’IA générative tels ChatGPT ou Gemini de Google.”Sans accès raisonné” à ce matériau, “les Etats-Unis seront perdants, tout comme l’IA démocratique”, selon la jeune entreprise, alors que de nombreux artistes ont saisi la justice pour faire valoir leurs droits face à l’utilisation indue de leur production.Meta a aussi mis en avant “la course contre la Chine” et la nécessité de “s’assurer de la domination de l’IA américaine”.La plupart des grands noms de cette technologie émergente assurent avoir mis en place, en interne, de puissants garde-fous, à même d’éviter qu’un modèle ne dérape ou soit utilisé de façon nocive.”Je n’ai jamais vu une société qui investisse autant dans la sécurité et l’intégrité (de ses produits) avant tout lancement”, a martelé le responsable produit d’OpenAI Kevin Weil lors de la conférence sur l’IA HumanX.Pour David Danks, les vedettes de l’IA redoutent “la mauvaise presse”, “et si votre technologie entraîne des catastrophes, l’opinion publique va vous tomber dessus”.Pour autant, si l’auto-régulation peut produire des résultats, reconnaît l’universitaire, “elle n’inclut pas les retours extérieurs, qui sont vraiment très importants”.

Sans les contenus de presse, Google gagne autant d’argent, selon un test

Google gagnerait toujours autant de revenus publicitaires s’il n’affichait plus de contenus de presse dans ses résultats, même si son moteur de recherche serait un peu moins consulté, montre un test dont le géant américain a dévoilé les conclusions vendredi.Ce test a été mené dans huit pays européens, mais pas en France, car les magazines …

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Sans les contenus de presse, Google gagne autant d’argent, selon un test

Google gagnerait toujours autant de revenus publicitaires s’il n’affichait plus de contenus de presse dans ses résultats, même si son moteur de recherche serait un peu moins consulté, montre un test dont le géant américain a dévoilé les conclusions vendredi.Ce test a été mené dans huit pays européens, mais pas en France, car les magazines hexagonaux l’ont contesté devant la justice.Selon ses résultats, “les contenus d’information dans Search (le moteur de recherche, NDLR) n’ont pas d’impact mesurable sur les revenus publicitaires de Google”, a indiqué ce dernier sur son blog officiel.Pour parvenir à cette conclusion, Google a retiré de ses résultats de recherche les contenus des journaux européens chez 1% de ses utilisateurs, dans huit pays (Belgique, Croatie, Danemark, Grèce, Italie, Pays-Bas, Pologne et Espagne), de mi-novembre à fin janvier.L’entreprise a comparé les comportements de ce 1% d’utilisateurs privés de contenus de presse à celui de la même proportion d’internautes qui y avaient encore accès.Le retrait des contenus de presse a certes entraîné une baisse de 0,8% de l’utilisation du moteur de recherche (mesurée en “utilisateurs actifs quotidiens”). Mais, dans le même temps, “il n’y a pas eu de changement dans les revenus publicitaires de Search”.Cela montre que l’utilisation perdue correspond à “des requêtes qui généraient des revenus minimes, voire nuls”, analyse Paul Liu, le responsable de Google qui a supervisé le test.”Qu’il s’agisse de trouver un fleuriste, de consulter la météo ou de réserver un vol, les utilisateurs consultent Google pour de nombreuses raisons. Cette étude montre que les utilisateurs continuent de consulter Google pour ces nombreuses autres tâches, même lorsque Google est moins utile pour l’actualité”, commente M. Liu.”Nous continuerons de collaborer avec les éditeurs (de presse) pour les aider à atteindre leur public dans un monde où les technologies évoluent rapidement”, assure-t-il toutefois.En France, le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM) a contesté ce test en justice. Le 20 février, cette dernière lui a donné raison en ordonnant à Google de ne pas procéder au test, en attendant que l’Autorité de la concurrence se prononce.Le SEPM voit dans ce test un moyen de “dévaluer” les contenus de presse et “d’amoindrir” la rémunération versée aux journaux par Google en contrepartie de l’affichage de ces contenus, dans le cadre du système des “droits voisins”.

Ouganda: 18 journalistes battus par les forces de sécurité pendant une élection, dénonce RSF

Dix-huit journalistes ont été violemment frappés par des militaires et des membres d’une unité antiterroriste ougandaise alors qu’ils couvraient une élection locale à Kampala la semaine dernière, a dénoncé Reporters sans frontières (RSF), qui s’inquiète d’une répression accrue à un an de la présidentielle.”Au moins 13 journalistes couvrant les élections partielles du 13 mars à Kawempe North, un district du nord de Kampala, ont été sévèrement battus par les forces de sécurité ougandaises”, affirme RSF dans un communiqué publié jeudi soir, précisant que tous les journalites étaient clairement identifiables.Cinq autres journalistes avaient déjà été agressés trois semaines plus tôt dans le cadre de la campagne pour ce scrutin, l’un d’eux ayant “failli perdre l’œil gauche”, ajoute l’ONG. Un reporter de la chaîne de télévision privée NTV Uganda a notamment raconté s’être vu confisquer le 13 mars, avec deux autres journalistes, leur matériel ainsi que leurs chaussures et montres, avant d’être frappés dans un véhicule aux fenêtres couvertes pendant plus d’une heure. “Ils nous ont demandé de nous allonger dans la camionnette, puis de faire semblant de dormir, de ronfler. Ils nous ont forcés à compter jusqu’à 15 et nous ont frappés à chaque chiffre” prononcé, a témoigné Raymond Tamale, de NTV.Au total, au moins dix journalistes ont dû être hôpitalisés le 13 mars, déplore RSF.Le porte-parole de l’armée Chris Magezi a affirmé dans un communiqué que ces violences résultaient “d’une incompréhension et d’une mauvaise coordination”, les journalistes ayant “probablement été confondus avec des partisans violents.”L’Ouganda occupait la 128e position sur 180 pays du classement RSF de la liberté de la presse en 2024.”Un tel traitement (…) est inacceptable”, dénonce Sadibou Marong, directeur de RSF pour l’Afrique subsaharienne. A un an de la présidentielle ougandaise, “il est essentiel que les journalistes puissent travailler en toute sécurité”, souligne-t-il.L’ONU et plusieurs organisations de défense des droits humains ont exprimé leur inquiétude concernant la répression de l’opposition en Ouganda à l’approche de l’élection présidentielle de 2026.A Kawempe North, le candidat soutenu par le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, a perdu l’élection partielle face à celui du parti rival, de l’opposant et ancien chanteur de reggae Bobi Wine.

Ouganda: 18 journalistes battus par les forces de sécurité pendant une élection, dénonce RSF

Dix-huit journalistes ont été violemment frappés par des militaires et des membres d’une unité antiterroriste ougandaise alors qu’ils couvraient une élection locale à Kampala la semaine dernière, a dénoncé Reporters sans frontières (RSF), qui s’inquiète d’une répression accrue à un an de la présidentielle.”Au moins 13 journalistes couvrant les élections partielles du 13 mars à …

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Au Pakistan, une série met à l’écran les lynchages pour blasphème

A l’écran, les quatre héros courent dans des ruelles pour échapper à la foule, ses haches et ses bâtons: si au Pakistan les lynchages pour blasphème ont déjà fait des dizaines de morts, c’est la première fois qu’ils sont portés à la télévision.Par peur de représailles de l’extrême droite islamiste, journalistes et artistes tiennent habituellement à distance l’ultra-sensible question du blasphème dans un pays né dans la douleur de la partition de l’Inde, avec l’islam pour religion d’Etat.Mais cette année, l’une des chaînes privées les plus regardées du pays, Hum Network Limited, a créé l’électrochoc.Elle a produit et diffusé “Tan Man Neelo Neel” (“Des bleus au corps et à l’âme”, en ourdou), une série en 11 épisodes au final intense: le lynchage d’un jeune couple pour une vidéo les montrant supposément en train de danser dans une mosquée.”Ce sujet n’a jamais été évoqué, par peur”, assure à l’AFP Sultana Siddiqui, patronne de Hum et figure incontournable des médias et du divertissement au Pakistan, mais “cela valait le coup de prendre le risque”.Et de raconter, les larmes aux yeux, le lynchage qui l’a le plus choquée: celui de Machal Khan, étudiant en journalisme torturé et tabassé à mort par des camarades dans son université pour des publications prétendument blasphématoires sur Facebook.- “Tous les os brisés” -“J’ai perdu le sommeil quand j’ai entendu la mère de Machal dire que tous les os de son corps avaient été brisés, même ses phalanges”, lâche-t-elle. “Je me répétais: +avec quelle violence ont-ils pu le frapper?”Le père de Machal, Mohammed Iqbal, dit à l’AFP avoir apprécié l'”hommage” de “Tan Man Neelo Neel” qui se clôt sur des photos de victimes, dont Machal.”Le monde entier discute du blasphème au Pakistan mais, nous, les principaux concernés, on en parle rarement en public”, constate-t-il, heureux qu'”enfin, ce sujet arrive à la télévision”.A la télévision, oui, mais avec des pincettes, reconnaît Mme Siddiqui.”Moi aussi j’ai peur des extrémistes qui pourraient s’en prendre à moi sous de faux prétextes”, dit-elle. Donc, “il fallait parler du problème de façon respectueuse”.La série ne consacre d’ailleurs que peu de temps au blasphème. Les dix premiers épisodes suivent la vie de jeunes et de leurs familles: le choix de devenir danseur de l’un, les turpitudes de l’autre sur les réseaux sociaux, le refus de la police d’entendre qu’un homme a été violé…Tous ces sujets, pourtant sensibles, sont explorés en détail. Le lynchage pour blasphème, lui, n’intervient qu’à la toute fin, avec une musique couvrant bruits et cris et dans un ralenti artistique.Avec cette recette, la série a trouvé son public dans un pays où deux habitants sur cinq se disent accros aux séries.”On aurait dû en parler plus tôt: peut-être qu’on n’en serait pas là aujourd’hui et que nos jeunes ne seraient pas en train de mourir”, dit Moustafa Afridi, le scénariste.Les morts du blasphème restent sûrement l’un des plus grands non-dits du cinquième pays le plus peuplé au monde.- “Questionner les structures” -Régulièrement, des hommes et des femmes, parfois des ministres, sont tués, des lieux de culte sont incendiés, mais en face “les forces de l’ordre échouent souvent à sauver les (personnes suspectées) de blasphème”, accuse la Commission pakistanaise des droits humains (HRCP), principale ONG de défense des libertés.Il est même arrivé que des lynchages aient lieu aux portes de commissariats où les suspects étaient retenus.Surtout, l’accusation de blasphème, tant elle est indiscutable, est devenue l’argument ultime pour les différends personnels.La HRCP révèle ainsi que dans les lynchages qu’elle a examinés, les accusations étaient “fondées sur des inventions avec intention de nuire et de fausses informations”.S’il ne tue pas toujours, l’anathème du blasphème peut faire taire: en 2020, l’actrice Saba Qamar et le chanteur Bilal Saeed ont dû s’excuser publiquement et subir deux années de procédure judiciaire pour un clip où ils faisaient un pas de danse dans une mosquée.A la même période, le film Zindagi Tamasha, récompensé à Los Angeles sous son titre anglais “Circus of Life”, subissait les foudres des islamistes du Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP).Le mouvement est parvenu à empêcher la sortie en salles de cette fable contre l’obscurantisme, prétextant qu’elle dépeignait un imam de façon “blasphématoire”. Pour Arafat Mazhar, patron de l’Alliance contre la politique du blasphème, un comité qui dénonce l’instrumentalisation de la loi anti-blasphème, “Tan Man Neelo Neel” est un grand bond en avant.La série a “déclenché une critique inédite de la violence de la foule”, se félicite-t-il. “Les gens n’ont pas fait que regarder une série, ils ont aussi débattu à grande échelle pour la première fois.”Désormais, il faut aller plus loin, plaide celui qui a enfin l’impression de ne plus prêcher dans le désert.”On ne peut plus que dénoncer la violence, il faut questionner les structures qui font exister les lynchages collectifs”, estime-t-il.

Au Pakistan, une série met à l’écran les lynchages pour blasphème

A l’écran, les quatre héros courent dans des ruelles pour échapper à la foule, ses haches et ses bâtons: si au Pakistan les lynchages pour blasphème ont déjà fait des dizaines de morts, c’est la première fois qu’ils sont portés à la télévision.Par peur de représailles de l’extrême droite islamiste, journalistes et artistes tiennent habituellement …

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Plateforme porno “French Bukkake”: une plaignante assure à l’AFP avoir “été torturée”

C’était un week-end d’octobre 2015. La plateforme pornographique French Bukkake lui avait promis un tournage avec des actes consentis. Sur place, “j’ai été torturée”, affirme à l’AFP l’une des quarante plaignantes.”J’ai subi une double pénétration vaginale sans en être informée” et sans “y avoir consenti”, sans préservatif, raconte Fanny, alors âgée de 20 ans. Elle tournait pour “la première et unique fois”.”J’ai saigné”, se souvient-elle, requérant que son prénom soit modifié pour conserver son anonymat. “J’ai repoussé, pleuré. J’ai bien dit +Non+ (…) mais on m’a tenue plus fort”.”Je n’ai pas été une actrice: on ne m’a pas fait signer de contrat, et surtout, une actrice joue un rôle. Tout ce qui a été montré à l’écran, la violence, les viols, je les ai vécus, il n’y a pas eu de simulation”.La “déshumanisation” se poursuit même “hors caméra”: “on m’a servi de la carcasse de poulet au dîner, comme les chiens”, assure-t-elle.D’après des éléments d’enquête consultés par l’AFP, les gendarmes ont constaté, lors du visionnage du film, que l’un des dirigeants de la plateforme, surnommé “Pascal OP”, enjoignait “d’user complètement” de Fanny. “On va l’achever”, lui répondait une voix d’homme.Les enquêteurs constataient aussi que Fanny cherchait à s’écarter, exprimait sa douleur et manquait plusieurs fois de vomir lors de fellations.Malgré ce vécu, Fanny n’a pas obtenu que les circonstances aggravantes de torture et d’actes de barbarie soient retenus par la justice dans l’information judiciaire d’ampleur visant 16 hommes, actuellement renvoyés pour viols en réunion ou trafic d’êtres humains.Avec 31 autres parties civiles, elle a formé en février un pourvoi. La Cour de cassation va “regarder précisément si la loi a été régulièrement appliquée, ce qui n’est pas le cas”, a affirmé l’avocat de Fanny, Me Seydi Ba. Et si la Cour rejette à son tour, l’avocat envisage de saisir la Cour européenne des droits de l’homme.”On veut nous faire un procès au rabais”, s’est indignée Fanny. “On nous accorde un procès parce qu’avec les autres filles, on a fait du bruit et on se dit qu’on s’en satisfera, mais je veux un vrai procès qui rachète ma dignité”.- Gêne sociale autour du dossier -La difficulté, à ses yeux, réside dans la gêne sociale autour de cette affaire, qui donnera lieu au premier grand procès en France traitant du porno amateur. “Toutes les classes sociales consomment du porno. C’est compliqué pour les gens, hommes et femmes, de se dire que ce qui les excite, pour la grande majorité des cas, ce sont des viols”, estime-t-elle.Il y a dix ans, quand elle est approchée par une certaine Axelle Vercoutre sur les réseaux sociaux, Fanny a la vingtaine et vit “au bord du précipice”, sans argent pour “payer son loyer ou se nourrir”.Derrière Axelle Vercoutre se cache en réalité un homme, Julien D., renvoyé en procès pour avoir rabattu des dizaines de femmes auprès de la plateforme French Bukkake entre 2015 et 2020. Se présentant comme une actrice, il est accusé d’avoir menti en décrivant des tournages “conviviaux”. Il est aussi renvoyé pour viols sur 31 femmes, dont Fanny.”J’ai été manipulée. Axelle m’a mis tout doucement en confiance. Je n’aurais jamais dit oui, sinon, à un film porno”, confie Fanny.Lors du tournage, malgré les premières scènes où elle réalise avoir été trompée, elle “ne peut pas partir”. “On m’avait conduite au lieu, je ne savais pas où j’étais et je n’avais pas d’argent, comment appeler un taxi ? J’étais entourée d’hommes… Que m’auraient-ils fait si je leur avais dit que je voulais partir ?”Fanny avait initialement accepté de venir, car il lui avait été assuré que la diffusion ne se ferait qu’au Canada.Quelques jours après, elle reçoit un message d’une connaissance: “Je te pensais pas comme ça…” Puis de nombreux autres.Elle raconte avoir fait une tentative de suicide. Au travail, son supérieur a mis fin à son contrat d’alternance.”Ca a fait le tour de ma ville, mais aussi du monde. J’ai vécu un harcèlement sur les réseaux sociaux, jusqu’à chez moi, on m’a jeté des cailloux, craché dessus… Un jour, dans le tramway, un homme m’a chuchoté qu’il m’avait reconnue et allait me séquestrer dans une cave”.Aujourd’hui mère d’une petite fille, Fanny, 30 ans, raconte vivre dans “l’hypervigilance”, souvent “pétrifiée” par sa “peur des hommes”.