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Violences à Bétharram: sous pression de la gauche, Bayrou “récuse” les accusations de mensonge

François Bayrou a “récusé” mercredi les accusations de mensonge portées par la gauche sur sa connaissance des violences et agressions sexuelles dans un établissement catholique qu’ont fréquenté ses enfants, les qualifiant de “polémiques artificielles”.Le parquet de Pau mène l’enquête depuis un an sur plus d’une centaine de plaintes visant des violences physiques, agressions sexuelles et viols qui auraient été commis au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram entre les années 1970 et 1990.Le chef du gouvernement, originaire de la région, y a scolarisé plusieurs de ses enfants et son épouse y a enseigné le catéchisme.La semaine dernière, des témoins interrogés par l’AFP, après une enquête de Mediapart, ont affirmé que le Premier ministre avait connaissance dès la fin des années 1990 d’accusations d’agressions sexuelles. M. Bayrou était ministre de l’Éducation nationale entre 1993 et 1997.”Je récuse les polémiques artificielles sur ce sujet”, a déclaré le Premier ministre devant l’Assemblée nationale. “Jamais je n’ai été, à cette époque, averti en quoi que ce soit, (…) des faits qui ont donné lieu à des plaintes ou à des signalements”, a redit le chef du gouvernement. Il avait déjà assuré mardi n’avoir “jamais été informé” par le passé de ces agressions.La réponse n’est “pas à la hauteur de la gravité des faits ni de la souffrance des victimes”, a protesté sur X le patron du PS Olivier Faure. “Bayrou démission”, a réclamé Mathilde Panot, cheffe des députés de la France insoumise.François Bayrou avait été interpellé par le député écologiste Arnaud Bonnet, qui lui demandait des “réponses claires” ou sinon de quitter son poste, comme avant lui le député LFI Paul Vannier.- “Lumière” -“Vous avez menti devant la représentation nationale”, a lancé M. Vannier, en citant de nouveaux documents de Mediapart. “Allez-vous (…) en assumer toutes les conséquences et présenter votre démission ?”.Déjà interrogé mardi par M. Vannier, le chef du gouvernement avait exprimé sa “sympathie” pour “les personnes, les hommes ou les garçons, qui ont été en souffrance dans ces affaires-là”.La formulation a suscité l’ire des députés socialistes, qui ont jugé dans un communiqué qu'”en ne prononçant jamais le mot +victimes+”, M. Bayrou “a fait preuve d’une légèreté inacceptable”, compte tenu de “la gravité de ces faits” qui ont eu lieu pendant près de 60 ans.”Votre silence indique que l’omerta règne au sommet de l’Etat. Il engage directement le président de la République, seul responsable de votre maintien à Matignon”, a complété Paul Vannier. Et “il donne aux députés une immense responsabilité au moment de voter ou de ne pas voter votre censure” mercredi sur le budget de la Sécurité sociale, même si la motion, qui n’est pas soutenue par le PS, a peu de chances d’être adoptée. Une autre motion du PS doit être examinée la semaine prochaine.- Collage -Le ministre de la Justice Gérald Darmanin, qui a répondu sous les huées à Paul Vannier, a dit “avoir une pensée pour tous ces enfants (…) victimes et qui méritent, me semble-t-il, mieux que des jeux politiciens”, et renvoyé au parquet de Pau, “seul à pouvoir communiquer” sur cette affaire.Selon le procureur de Pau, interrogé mercredi, les auditions de victimes sont terminées et le parquet doit décider désormais des suites judiciaires à donner.François Bayrou assure que “lorsque la première plainte est déposée”, selon lui “en décembre 1997”, il a “quitté déjà le ministère de l’Education nationale depuis des mois”, et qu’il n’aurait pas scolarisé ses enfants dans un établissement visé par de “tels soupçons”.En avril 1996, une plainte avait déjà dénoncé les violences physiques d’un surveillant – qui a été condamné – sur un enfant de la classe d’un des fils de M. Bayrou Puis en mai 1998, alors que François Bayrou était redevenu député des Pyrénées-Atlantiques et président du Conseil général, un ancien directeur de l’institution avait été mis en examen et écroué pour viol.Selon Le Monde et La République des Pyrénées, François Bayrou a rencontré en 1998 le juge chargé d’instruire ce dossier. Cet ancien magistrat affirme qu’ils avaient évoqué l’affaire et a dit à Mediapart ne pas comprendre pourquoi l’actuel Premier ministre le “dément aujourd’hui”.Mediapart a aussi dévoilé mardi la lettre d’un ancien élève adressée en mars 2024 à François Bayrou qui raconte des faits d’attouchements subis à la fin des années 1950, restée sans réponse.Mercredi, l’association Mouvenfants, fondée par Arnaud Gallais, ancien membre de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), a collé des messages sur les murs du collège-lycée dénonçant “50 ans de déni” ou “112 plaintes pour des violences”, qui ont vite été retirés.caz-leo-ppy-cas-are/jmt/hdz

Le texte d’Attal sur la justice des mineurs à l’épreuve de l’hémicycle

Comparution immédiate, sanction des parents, dérogations à l’excuse de minorité: l’examen d’un texte risqué de Gabriel Attal visant à durcir la justice des mineurs, soutenu par le gouvernement mais honni par la gauche, débute mercredi soir dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.La proposition de loi visant à “restaurer l’autorité” de la justice à l’égard des “mineurs délinquants” et de “leurs parents” reprend une série de mesures annoncées au printemps par Gabriel Attal, alors Premier ministre.Le texte se veut une réponse aux violences urbaines de l’été 2023 – après la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre – selon l’ex-chef du gouvernement qui, après être redevenu député, a décidé de le porter dans l’hémicycle.”Je propose qu’on soit plus ferme dans la réponse pénale face à un certain nombre d’actes de délinquance, à des délits, à des crimes qui viennent des mineurs”, a résumé M. Attal mercredi matin sur RTL.Il bénéficie de l’appui de la coalition du Premier ministre, François Bayrou, qui a manifesté son soutien au texte dans la foulée du meurtre d’Elias, un adolescent de 14 ans mortellement poignardé à Paris pour son téléphone portable le 24 janvier.Les parents de l’adolescent ont encouragé mercredi le Parlement à légiférer sur la justice des mineurs, saluant la proposition.Mais son adoption est loin d’être assurée. La gauche est vent debout contre le texte “directement inspiré par les idées de l’extrême droite”, selon le député socialiste, Hervé Saulignac, qui défendra une motion de rejet préalable.- Le RN “plutôt favorable” -Lors de l’examen en commission des Lois, fin novembre, la gauche avait détricoté le texte, en l’absence d’un grand nombre de députés du centre, de la droite et de l’extrême droite.M. Attal a déposé des amendements pour rétablir les mesures supprimées, à commencer par la création d’une procédure de comparution immédiate pour les mineurs de 16 ans pour des faits graves.Il entend également “inverser les choses” sur “l’excuse de minorité” qui permet d’atténuer les peines judiciaires, afin “qu’elle ne soit plus automatique à partir de 16 ans, pour des faits particulièrement graves”.”Ce n’est pas en enfermant un enfant qu’on lui ouvre de nouvelles perspectives”, s’indigne le député écologiste Pouria Amirshahi dans une tribune publiée dans le journal Libération, appelant plutôt à s’inquiéter de la suppression de 500 postes envisagés à la protection judiciaire de la jeunesse. Le texte, dont l’examen débutera à 21H30 et devrait se poursuivre jeudi matin, prévoit en outre de durcir les sanctions envers les parents de mineurs délinquants.Une orientation qui convient au Rassemblement national. “On est plutôt favorable à tout cela”, a reconnu son vice-président, Sébastien Chenu, sur TF1.Le bloc central est, en revanche, partagé: si certains membres de l’aile droite se réjouissent de “propositions fortes et radicales”, d’autres ne cachent pas leur malaise.Comme le député macroniste, Ludovic Mendes, qui déplore que le texte ne soit “pas complet” et “ne traite qu’une partie du problème”, en l’absence notamment de mesures pour “protéger” les mineurs de l’exploitation des adultes, par exemple.Un élu redoute “qu’il ne passe qu’avec l’appui de l’extrême droite”. – Un test pour Attal -Plus largement, “dans la majorité, il n’y a pas un enthousiasme débordant”, confie à l’AFP un député LR, déçu par “un texte mal ficelé” et qui “rate un peu l’objectif”.Des voix s’élèvent toutefois à droite pour battre le rappel, à l’instar de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse: il “faut qu’on vote la proposition de loi Attal”, “elle est importante”, a-t-elle affirmé sur France 2.Le dossier a aussi valeur de test pour l’ancien Premier ministre, dans le creux de la vague après des revers essuyés par son parti Renaissance lors de récentes élections, et des critiques sur sa méthode employée comme chef du groupe, lui reprochant d’avoir manqué à “mobiliser” ses troupes ces derniers mois.En dehors de l’hémicycle, dans le monde judiciaire, le texte provoque une levée de bouclier.  “Nous, ce qu’on veut, ce qu’on sollicite, c’est plus de moyens pour la justice des mineurs. Vous avez des mesures éducatives qui ne sont pas du tout mises en Å“uvre (…) faute d’éducateurs suffisants”, dit à l’AFP Me Carole Sulli, membre du syndicat des avocats de France, qui a répondu à l’appel d’un rassemblement contre le texte devant le tribunal de Paris, par une dizaine de syndicats et organisations. parl-cma-gbh/sl/jmt/tes

L’Assemblée nationale près de clore la page budgétaire, mais pour quoi faire ?

Les députés s’apprêtent à rejeter mercredi une dernière motion de censure sur le budget de la Sécurité sociale, un vote décisif avant de clore la page budgétaire 2025 et un nouveau succès à l’actif de François Bayrou, dans une Assemblée toujours guettée par la paralysie.Quatre mois après la présentation du budget en Conseil des ministres, une petite semaine après l’adoption définitive du budget de l’Etat, le rejet attendu de la motion de censure déposée par LFI permettra l’adoption en nouvelle lecture du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), celui-là même qui avait fait chuter Michel Barnier en décembre.Comme lors des trois précédentes motions de censure sur le projet de loi de finances (PLF) et le PLFSS, le PS ne prévoit pas de joindre ses voix à celles des Insoumis, invoquant la nécessité de doter la France d’un budget, même si celui-ci n’est “pas juste”. Le RN ne devrait pas non plus censurer le texte.La pression est montée d’un cran sur François Bayrou mercredi lors des Questions au gouvernement, lorsque le député LFI Paul Vannier a appelé ses collègues à la censure, face aux “mensonges” de François Bayrou sur l’affaire des violences au collège-lycée Bétharram. Mais cela ne devrait pas influer sur le vote du PS, selon une source groupe.Le Sénat se saisira à son tour du texte en séance lundi et mardi, avec comme objectif pour le gouvernement une adoption conforme qui vaudrait adoption définitive. Dans le cas contraire, le PLFSS devrait revenir à l’Assemblée pour une ultime lecture.- “Tâche immense” -Passé à la moulinette de la censure, et des concessions accordées aux oppositions mais aussi à la majorité, le budget de la Sécu prévoit désormais une hausse des dépenses d’Assurance maladie de 3,4% en 2025, contre 2,6% initialement prévu, notamment parce que le gouvernement Bayrou a rallongé d’un milliard d’euros l’enveloppe de l’hôpital.Le déficit devrait lui s’élever à plus de 22 milliards d’euros, au lieu de 16 milliards. Le gouvernement a dû renoncer à une hausse des tickets modérateurs (reste à charge du patient après le remboursement de l’assurance maladie), accepter de revoir à la baisse les efforts demandés aux entreprises concernant les exonérations de cotisations sociales, et faire le deuil de la désindexation des retraites sur l’inflation.L’idée d’instaurer sept heures de travail annuelles supplémentaires non rémunérées n’a pas non plus fait florès, après avoir été adoptée au Sénat.Un budget qui in fine ne satisfait personne, ce qui a fait dire au Premier ministre lundi qu’il faudrait “dès le lendemain de l’adoption des budgets” trouver les voies et moyens d’un “retour à l’équilibre”, une “tâche immense” pour l’avenir.D’autant plus que l’objectif affiché de ramener le déficit public à 5,4% du PIB cette année “ne pourra pas être tenu”, a affirmé sur Public Sénat le député centriste Charles de Courson, rapporteur de la commission des Finances à l’Assemblée.- “Piège à retardement” -Dans la majorité, pas plus que dans les oppositions, la clôture de cette longue période d’incertitudes ne devrait donner lieu à des marques de joie excessives.A gauche, l’épisode a profondément divisé le Nouveau Front populaire, et laisse un goût amer aux socialistes qui ont renoncé à la censure, parfois “la mort dans l’âme” face à un gouvernement engagé dans un virage à droite, que ce soit sur le droit du sol ou la justice des mineurs.Le groupe PS déposera une motion de censure en début de semaine prochaine, pour protester contre la “trumpisation et la lepénisation des esprits”.Du côté du Rassemblement national, les cadres se réjouissent d’avoir obtenu “des victoires” grâce à la censure, tout en appelant plus que jamais à un “changement de dirigeants”. Si le parti de Marine Le Pen donne le sentiment de ne pas vouloir censurer le gouvernement avant qu’une nouvelle dissolution ne soit possible, c’est-à-dire à partir de cet été, un changement de pied est toujours possible.Dans la majorité, quelques-uns se félicitent que le PS ait renoué avec la “responsabilité”.Mais beaucoup craignent que la suite soit un purgatoire, avec une Assemblée toujours divisée en trois blocs et condamnée de ce fait à la paralysie. “Chacun a bien compris que cette législature ne servirait strictement à rien”, bougonne un cadre du groupe Ensemble pour la République.”Aujourd’hui, je ne vois pas quel texte structurant on peut mettre sur la table”, abonde un député LR, qui craint à l’inverse que le fait d’avoir rouvert le débat sur les retraites ne soit un “piège à retardement”.

Macron et Modi affichent leur proximité à Marseille

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi ont affiché mercredi à Marseille leur proximité et le partenariat entre leurs pays, symbole selon Paris de l'”indépendance” française à l’heure de la confrontation entre les Etats-Unis et la Chine.Arrivés mardi soir dans la deuxième ville de France, et après un dîner tardif dans un restaurant trois étoiles à Cassis, près de Marseille sur la côte méditerranéenne, les deux hommes d’Etat ont enchaîné mercredi au pas de course les étapes, sans s’adresser à la presse ni annoncer de nouveaux projets communs.Ils ont d’abord rendu hommage aux soldats indiens morts en France pendant la Première Guerre mondiale, au cimetière militaire marseillais de Mazargues.Ils ont ensuite inauguré le consulat général d’Inde dans la cité phocéenne, acclamés par une petite foule d’expatriés indiens, avant de se rendre au siège du géant mondial du transport maritime CMA CGM, sur le port de Marseille, où le PDG Rodolphe Saadé leur a présenté le “fleet center”, le centre de navigation d’où est gérée la flotte de l’armateur, soulignant les liens de la compagnie avec l’Inde.L’occasion d’évoquer le corridor Imec, projet de transport maritime et ferroviaire reliant l’Inde à l’Europe via le Moyen-Orient, qui se veut une alternative aux nouvelles “routes de la soie chinoises”.Dans de brefs échanges à bâtons rompus, Emmanuel Macron a estimé devant son invité que Marseille “peut clairement être le point d’entrée vers le marché européen” dans le cadre d’Imec, qu’il avait qualifié mardi de “catalyseur formidable” en clôture d’un forum d’affaires franco-indien, promettant de “mobiliser des projets concrets et des investissements”.MM. Macron et Modi ont ensuite visité le chantier monumental du réacteur expérimental de fusion nucléaire Iter, à Saint-Paul-lès-Durance, jouxtant le site nucléaire du CEA de Cadarache, à 70 km de Marseille.Ce projet international qui vise à révolutionner la production d’énergie implique la France et l’Inde mais aussi d’autres pays dont la Russie, la Chine ou encore les Etats-Unis.”C’est un projet unique aussi car ce sont des pays qui en matière géopolitique font face à des tensions mais ici ils travaillent ensemble. C’est un modèle: ici on laisse les passeports à l’accueil”, a dit à l’AFP le directeur général du site, l’Italien Pietro Barabaschi. – “Intimité particulière” -Mais alors que l’Elysée avait évoqué de possibles nouveaux projets de coopération portuaire, énergétique ou dans le nucléaire civil, aucune annonce n’a été faite. Pas plus que dans les négociations à plusieurs milliards d’euros sur l’achat par New Delhi d’avions de chasse français Rafale version marine et de sous-marins Scorpène.En emmenant Narendra Modi dans sa “ville de cÅ“ur” après avoir coprésidé le sommet sur l’intelligence artificielle à Paris, Emmanuel Macron voulait soigner sa relation avec le pays le plus peuplé de la planète, déjà invité au défilé du 14-Juillet en 2023.”L’Inde et la France sont deux grandes puissances et ont une intimité particulière”, a expliqué le président français dimanche dans une interview télévisée. “Nous voulons travailler avec les Etats-Unis d’Amérique” et “avec la Chine, mais on ne veut dépendre de personne”, a-t-il insisté, en mettant en avant sa “stratégie indopacifique”.Mardi, Narendra Modi a assuré que ce “partenariat ne se limite pas” aux relations bilatérales. “Nous travaillons ensemble pour trouver des solutions aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés”, et “renforcer notre coopération dans tous les domaines”, a-t-il dit.Pour un ancien ministre français, c’est une “bonne intuition” d’Emmanuel Macron, car “Modi, à la tête d’une puissance en devenir, a trouvé une position d’équilibre entre Américains, Chinois et Russes”.”Il y a une constance rhétorique de la France à vouloir se poser en pont entre le Nord et le Sud”, estime Bertrand Badie, professeur à Sciences-Po.Mais ce spécialiste des relations internationales prévient aussi qu’à force de vouloir afficher sa proximité avec New Delhi, “cela oblige Macron à passer sous silence la politique intérieure” du Premier ministre ultranationaliste hindou, décrié par ses opposants et des défenseurs des droits humains pour sa dérive autocratique.De Marseille, Narendra Modi s’est envolé en début d’après-midi pour les Etats-Unis, à la rencontre du nouveau président américain Donald Trump.

Macron et Modi affichent leur partenariat à Marseille

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi ont affiché mercredi à Marseille leur proximité et le partenariat entre leurs pays, symbole selon Paris de l'”indépendance” française à l’heure de la confrontation entre les Etats-Unis et la Chine.Arrivés mardi soir dans la deuxième ville de France, et après un dîner tardif dans un restaurant trois étoiles à Cassis, près de Marseille sur la côte méditerranéenne, les deux hommes d’Etat ont entamé la journée de mercredi par un hommage aux soldats indiens morts en France pendant la Première Guerre mondiale, au cimetière militaire de Mazargues, dans le sud de Marseille.Ils ont ensuite inauguré le nouveau consulat général d’Inde dans la cité phocéenne, acclamés par une petite foule d’expatriés indiens, avant de se rendre au siège du géant mondial du transport maritime CMA CGM, sur le port de Marseille, où le PDG Rodolphe Saadé leur a présenté le “fleet center”, le centre de navigation d’où est gérée la flotte de l’armateur, soulignant les liens de la compagnie avec l’Inde.Le deux dirigeants n’ont fait aucune déclaration lors de ces différentes étapes, mais devaient notamment évoquer le corridor Imec, projet de transport maritime et ferroviaire reliant l’Inde à l’Europe via le Moyen-Orient, qui se veut une alternative aux nouvelles “routes de la soie chinoises”.Dans de brefs échanges à bâtons rompus, Emmanuel Macron a estimé devant son invité que Marseille “peut clairement être le point d’entrée vers le marché européen” dans la cadre du projet Imec, qu’il avait qualifié mardi de “catalyseur formidable” en clôture d’un forum d’affaires franco-indien, promettant de “mobiliser des projets concrets et des investissements”.Paris espère aussi avancer dans les négociations à plusieurs milliards d’euros sur l’achat par New Delhi d’avions de chasse français Rafale version marine et de sous-marins Scorpène.MM. Macron et Modi sont ensuite partis pour visiter le chantier du réacteur expérimental de fusion nucléaire Iter, à Saint-Paul-lès-Durance, jouxtant le site nucléaire du CEA de Cadarache, à 70 km de Marseille.Ce projet international qui vise à révolutionner la production d’énergie implique notamment New Delhi. Les deux pays pourraient profiter de la visite pour préciser la nouvelle coopération qu’ils entendent lancer dans le nucléaire civil sur les petits réacteurs modulaires (SMR).- “Intimité particulière” -En emmenant Narendra Modi dans sa “ville de cÅ“ur” après avoir coprésidé le sommet sur l’intelligence artificielle à Paris, Emmanuel Macron soigne une nouvelle fois sa relation avec le pays le plus peuplé de la planète, déjà invité au défilé du 14-Juillet en 2023.”L’Inde et la France sont deux grandes puissances et ont une intimité particulière qui est que nous respectons, nous voulons travailler avec les Etats-Unis d’Amérique, nous voulons travailler avec la Chine, mais on ne veut dépendre de personne”, a expliqué le président français dimanche dans une interview télévisée.”On veut être indépendants”, a-t-il insisté, en mettant en avant sa “stratégie indopacifique”.Mardi, Narendra Modi a assuré que ce “partenariat ne se limite pas” aux relations bilatérales. “Nous travaillons ensemble pour trouver des solutions aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés”, et “renforcer notre coopération dans tous les domaines”, a-t-il dit.Pour un ancien ministre français, c’est une “bonne intuition” d’Emmanuel Macron, car “Modi, à la tête d’une puissance en devenir, a trouvé une position d’équilibre entre Américains, Chinois et Russes”.”Il y a une constance rhétorique de la France à vouloir se poser en pont entre le Nord et le Sud”, estime Bertrand Badie, professeur à Sciences-Po.Mais ce spécialiste des relations internationales prévient aussi qu’à force de vouloir afficher sa proximité avec New Delhi, “cela oblige Macron à passer sous silence la politique intérieure” du Premier ministre ultranationaliste hindou, décrié par ses opposants et des défenseurs des droits humains pour sa dérive autocratique.De Marseille, Narendra Modi s’envolera à la mi-journée pour les Etats-Unis, à la rencontre du nouveau président américain Donald Trump.

Retailleau annonce sa candidature à la présidence de LR dans un courrier aux militants

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé mercredi sa candidature à la présidence des Républicains, un premier pas qui pourrait le propulser dans la course à l’Elysée et déclencher une guerre des chefs à droite.  “Aujourd’hui, je veux faire pour mon parti ce que je fais à la tête de mon ministère: parler vrai et agir vite”, a indiqué le ministre dans un courrier adressé aux militants dont l’AFP a obtenu une copie, confirmant une information du Figaro.Bruno Retailleau, dont la cote est montée dans les sondages depuis son arrivée à Beauvau en septembre au sein du gouvernement de l’ex-Premier ministre Michel Barnier, a envoyé son message avant une réunion cruciale lundi du bureau politique de LR qui doit fixer la date du congrès pour désigner son président, poste auquel pourrait aussi se présenter Laurent Wauquiez.Le patron des députés de droite avait mis en garde il y a une semaine lors d’un dîner en tête à tête avec le ministre de l’Intérieur sur une “guerre des chefs dévastatrice” s’il présentait sa candidature à la présidence du parti, poste qui pourrait lui servir de tremplin pour candidater à la présidentielle. Lors de cet entretien, Laurent Wauquiez, qui vise la tête du parti LR pour se mettre lui aussi sur les rails pour 2027, a demandé au ministre le respect d’un “accord” passé entre eux: “A toi d’incarner la droite au gouvernement, à moi de reconstruire notre famille politique”, a-t-il souligné. Dans son courrier, M. Retailleau a tenté de rassurer: “Je ne veux pas de nouvelles déchirures et de nouvelles blessures dans notre parti”, a-t-il écrit, assurant qu’il ne se prêterait “pas au jeu des petites phrases” et qu’il n’en prononcerait “aucune contre (ses) concurrents”.Le ministre de l’Intérieur, qui avait déjà brigué la tête du parti il y a un peu plus de deux ans, s’était alors incliné au second tour face à Eric Ciotti, qui a quitté ses fonctions après avoir fait alliance en juin avec le RN aux législatives, laissant le poste vacant depuis bientôt neuf mois. Dans son courrier aux militants, où il salue les récentes victoires de la droite à la mairie de Villeneuve-Saint-Georges (94) et lors d’une législative partielle dans son fief de Boulogne-Billancourt, Bruno Retailleau a appelé à “agir vite”, estimant qu'”une nouvelle dissolution est possible et qu’il nous faut rapidement nous mettre en ordre de bataille”.  

Macron et Modi à Marseille pour vanter le partenariat franco-indien

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi sont mercredi à Marseille pour y vanter le partenariat entre leurs pays, symbole selon Paris de l'”indépendance” française à l’heure de la confrontation entre les Etats-Unis et la Chine.Le point saillant de cette visite sera un déplacement sur le chantier du réacteur expérimental de fusion nucléaire Iter, à Saint-Paul-lès-Durance, jouxtant le site nucléaire du CEA de Cadarache, à 70 km de là.Ce projet international qui vise à révolutionner la production d’énergie implique notamment New Delhi. Les deux pays pourraient profiter de la visite pour préciser la nouvelle coopération qu’ils entendent lancer dans le nucléaire civil sur les petits réacteurs modulaires (SMR).Auparavant, les deux dirigeants vont rendre un hommage aux soldats indiens morts en France pendant la Première Guerre mondiale, au cimetière militaire de Mazargues, dans le sud de Marseille et inaugurer le nouveau consulat général d’Inde dans la cité phocéenne.Ils doivent également se rendre au siège du géant mondial du transport maritime CMA CGM, sur le port de Marseille.Ils devraient notamment à cette occasion évoquer le corridor Imec entre l’Europe et l’Inde.Ce corridor passant par le Moyen-Orient est “un catalyseur formidable”, a dit mardi Emmanuel Macron en clôture d’un forum d’affaires franco-indien, “nous allons mobiliser des projets concrets et des investissements”. Son entourage avait évoqué la semaine dernière des projets dans les secteurs portuaire et énergétique.Paris espère aussi avancer dans les négociations à plusieurs milliards d’euros sur l’achat par New Delhi d’avions de chasse français Rafale version marine et de sous-marins Scorpène.En emmenant Narendra Modi dans sa “ville de cÅ“ur”, Emmanuel Macron soigne une nouvelle fois sa relation avec le pays le plus peuplé de la planète, déjà invité au défilé du 14-Juillet en 2023.Mardi soir, les deux hommes ont dîné dans un restaurant de Cassis, sur la Méditerranée, après avoir coprésidé le sommet sur l’intelligence artificielle à Paris. – “Intimité particulière” -“L’Inde et la France sont deux grandes puissances et ont une intimité particulière qui est que nous respectons, nous voulons travailler avec les Etats-Unis d’Amérique, nous voulons travailler avec la Chine, mais on ne veut dépendre de personne”, a expliqué le président français dimanche dans une interview télévisée.”On veut être indépendants”, a-t-il insisté, en mettant en avant sa “stratégie indopacifique”.Mardi, Narendra Modi a assuré que ce “partenariat ne se limite pas” aux relations bilatérales. “Nous travaillons ensemble pour trouver des solutions aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés”, et “renforcer notre coopération dans tous les domaines”, a-t-il dit.Pour un ancien ministre français, c’est une “bonne intuition” d’Emmanuel Macron, car “Modi, à la tête d’une puissance en devenir, a trouvé une position d’équilibre entre Américains, Chinois et Russes”.”Il y a une constance rhétorique de la France à vouloir se poser en pont entre le Nord et le Sud”, estime Bertrand Badie, professeur à Sciences-Po.Mais ce spécialiste des relations internationales prévient aussi qu’à force de vouloir afficher sa proximité avec New Delhi, “cela oblige Macron à passer sous silence la politique intérieure” du Premier ministre ultranationaliste hindou, décrié par ses opposants et des défenseurs des droits humains pour sa dérive autocratique.De Marseille, Narendra Modi s’envolera à la mi-journée pour les Etats-Unis, à la rencontre du nouveau président américain Donald Trump.

Palpations, caméras-piétons: les députés sévissent sur la sécurité dans les transports

Les députés ont adopté mardi plusieurs mesures visant à améliorer la sécurité dans les transports, dont l’autorisation pour les forces de sécurité de la SNCF et de la RATP de procéder à des palpations, ainsi que le port de caméras-piétons par les contrôleurs.La proposition de loi, très attendue par les professionnels après avoir été maintes fois repoussée, a été adoptée par 139 voix contre 59. Le ministre des Transports Philippe Tabarot, à l’origine du texte lorsqu’il était sénateur, s’est félicité de ce vote.Le texte était examiné en première lecture à l’Assemblée après avoir été adopté au Sénat en février 2024. Son parcours législatif avait été stoppé par la dissolution en juin, puis par la censure du gouvernement de Michel Barnier en décembre.Députés et sénateurs devront désormais s’entendre sur une version du texte en commission mixte paritaire.L’Assemblée a entre autres pérennisé le port des caméras-piétons pour les agents de contrôle. Une expérimentation a déjà eu lieu, mais a pris fin le 1er octobre. Or les agents ont fait état d’un “retour très positif”, jugeant que le port de ces caméras – qu’ils décident eux-mêmes de déclencher – permettait de jouer “un rôle dissuasif face aux menaces et agressions”, a fait valoir le rapporteur du texte, le macroniste Guillaume Gouffier Valente.La gauche a elle fustigé une proposition de loi portant atteinte à un certain nombre de droits fondamentaux. “C’est un texte liberticide”, a taclé la députée PS Céline Thiébault-Martinez. – Abords des gares -Les critiques ont notamment visé un amendement du gouvernement, qui doit étendre jusqu’en 2027 l’expérimentation d’un dispositif de vidéosurveillance algorithmique (VSA), testé notamment lors des Jeux olympiques de Paris, et qui devait s’achever en mars.Cette disposition a été critiquée comme un “cavalier” législatif sans lien suffisant avec le texte initial par certains députés, qui ont promis de saisir le Conseil constitutionnel. L’association La Quadrature du Net avait également réclamé sa suppression.Dans le cadre de la VSA, un algorithme analyse les images de vidéosurveillance afin de repérer des comportements suspects.Les députés ont également élargi mardi les prérogatives des forces de sécurité dans les transports (Sûreté ferroviaire pour la SNCF, et GPSR pour la RATP).Les agents pourraient procéder à des palpations sans avoir besoin du feu vert des préfets, et auraient la possibilité d’intervenir “aux abords immédiats” des gares – et non plus seulement à l’intérieur.Pour la RATP, cela doit permettre aux agents d’intervenir contre la vente à la sauvette devant les stations et saisir la marchandise.Avec ce texte les agents de sécurité de la SNCF et de la RATP pourraient aussi saisir “un objet autre qu’une arme” qui “peut être dangereux pour les voyageurs”, et le conserver jusqu’à 48 heures.Un autre amendement a été adopté pour autoriser les agents du service de sureté de la SNCF – déjà équipés d’armes létales – à porter un pistolet à impulsion électrique (Taser). – “Train surfing” -“L’élargissement progressif et continu des pouvoirs des agents de la SNCF et de la RATP leur confère des responsabilités de plus en plus proches de ceux de la police nationale”, a critiqué la députée communiste Elsa Faucillon.Le député RN Bryan Masson a lui défendu la mobilisation de son groupe en faveur d’un texte “pour la sécurité des Françaises et des Français”.Les députés ont par ailleurs supprimé un article prévoyant un délit “d’incivilité d’habitude”, qui visait à sanctionner plus fortement les comportements répétés (déclenchement sans raison d’une alarme, dégradations…). Ils ont en revanche adopté une mesure ouvrant la voie à une interdiction de paraître dans les réseaux de transports, similaire à celle existant dans les stades de foot. Difficilement applicable, ont rétorqué plusieurs députés à gauche, et “inopérant” pour M. Gouffier Valente.”La seule et unique solution, (…) pour la mettre en Å“uvre sera la reconnaissance faciale”, a alerté Elisa Martin (LFI). Particulièrement attendue par la RATP, la création d’un délit de “train surfing” – des personnes grimpant sur le toit des métros pour s’y filmer – a été adoptée, qui ont toutefois évacué la peine de prison encourue pour ne conserver qu’une lourde amende.

Bayrou dit n’avoir “jamais été informé” des agressions sexuelles au collège-lycée Bétharram

François Bayrou a assuré mardi n’avoir “jamais été informé”, dans le passé, des agressions sexuelles dont sont soupçonnés des membres d’un établissement catholique du Béarn qu’ont fréquenté ses enfants, et a annoncé “une plainte en diffamation”.Le parquet de Pau mène l’enquête depuis un an sur une centaine de plaintes visant des faits présumés de violences, agressions sexuelles et viols commis au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, entre les années 1970 et 1990.Le chef du gouvernement, originaire de la région, a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cette institution et son épouse y a enseigné le catéchisme.En avril 1996, alors que François Bayrou était ministre de l’Education, une plainte avait déjà dénoncé les violences physiques d’un surveillant à Bétharram sur un enfant de la classe d’un de ses fils, condamné par la suite. Puis en mai 1998, alors qu’il était redevenu député des Pyrénées-Atlantiques et président du conseil général, un ancien directeur de l’institution avait été mis en examen et écroué pour viol.”Je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit, de violences ou de violences a fortiori sexuelles. Jamais”, a affirmé François Bayrou à l’Assemblée nationale, en réponse à une question du député Paul Vannier (LFI).La semaine dernière, des témoins interrogés par l’AFP, après une enquête de Mediapart, ont affirmé le contraire.”Comme Cahuzac, Bayrou a menti devant l’Assemblée. Comment imaginer qu’il conserve ses fonctions après pareil parjure devant la représentation nationale ?”, a réagi sur X le député insoumis, accompagné d’une capture d’écran d’un nouvel article de Mediapart.Dans un article publié mardi soir, le média d’investigation a réitéré ses accusations de mensonges, en dévoilant notamment une lettre d’un ancien élève, reconnu victime par la Commission reconnaissance et réparation (CRR), qui accompagne les personnes abusées dans des congrégations catholiques. Adressée avec accusé de réception en mars 2024 à François Bayrou à la mairie de Pau, la missive, qui raconte des faits d’attouchements subis à la fin des années 1950 par cet ancien pensionnaire de Bétharram, est restée sans réponse selon Mediapart.Devant l’Assemblée, le chef du gouvernement a exprimé sa “sympathie” pour “les personnes, les hommes ou les garçons, qui ont été en souffrance dans ces affaires-là” et avancé “deux preuves” de son ignorance des faits.D’une part “lorsque la première plainte est déposée”, selon lui “en décembre 1997”, il a “quitté déjà le ministère de l’Education nationale depuis des mois” – en mai de la même année. D’autre part, “est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans des établissements” où l’on aurait “soupçonné ou affirmé qu’il se passe des choses de cet ordre ?”, a ajouté M. Bayrou.”Je peux vous assurer que tout est faux et qu’une plainte en diffamation sera évidemment portée”, a-t-il conclu, sans préciser qui était visé.En mars dernier, interrogé par Le Parisien, François Bayrou avait répondu que “la rumeur, il y a 25 ans, laissait entendre qu’il y avait eu des claques à l’internat”, ajoutant n’avoir “jamais entendu parler (…) de risques sexuels”.Selon les journaux Le Monde et La République des Pyrénées, l’actuel Premier ministre avait rencontré cependant, en 1998, le juge chargé d’instruire le dossier de viol à Notre-Dame-de-Bétharram. Cet ancien magistrat affirme qu’ils avaient évoqué l’affaire et a dit à Mediapart ne pas comprendre pourquoi François Bayrou le “dément aujourd’hui”.”Dès que quelqu’un occupe des responsabilités, on s’ingénie à inventer de toutes pièces des scandales”, a lancé le chef du gouvernement à l’Assemblée. Et “si on ne répond pas et qu’on se tait, on est coupable. Et si on répond et qu’on dément, on est immédiatement mis en accusation.” 

Au sommet sur l’IA à Paris, deux visions du monde s’affrontent autour de la régulation

Le sommet de Paris sur l’intelligence artificielle a vu s’affronter deux visions du monde, les Etats-Unis appelant à limiter la régulation pour “ne pas tuer une industrie en plein essor” qu’ils dominent et ne signant pas l’appel sur une IA “ouverte”, “inclusive” et “éthique”.A la clôture du sommet mardi, 58 pays, dont la Chine, la France et l’Inde (les co-organisateurs), ainsi que l’Union européenne et la Commission de l’Union africaine, se sont prononcés pour une coordination renforcée de la gouvernance de l’IA et ont appelé à éviter “une concentration du marché” afin que cette technologie soit plus accessible.Une vision très éloignée de celle défendue par les Etats-Unis qui, comme le Royaume-Uni, ne figurent pas parmi les signataires de cette déclaration, rassemblant des principes partagés de régulation, un thème maintes fois abordé lors de ce sommet.Le gouvernement britannique a fait savoir qu’il ne souhaitait adhérer “qu’à des initiatives qui sont dans l’intérêt national du Royaume-Uni”.Pendant deux jours, dirigeants politiques et patrons de la “tech” se sont réunis dans l’enceinte du Grand Palais. La journée de mardi a été marquée par le discours offensif du vice-président américain J.D. Vance, dont c’est le premier déplacement à l’international depuis la prise de fonctions de Donald Trump fin janvier et l’annonce de “Stargate”, un plan d’investissements dans l’IA américaine à hauteur de 500 milliards de dollars. – “Tactiques” -A rebours d’une Europe voulant aller plus vite tout en définissant un cadre à l’essor de l’IA, il a souhaité faire “tous les efforts possibles pour encourager les politiques pro-croissance” en la matière.”Les Etats-Unis sont les leaders dans l’IA et notre administration entend qu’ils le restent”, a-t-il souligné, quelques heures après la publication d’informations sur une offre non sollicitée d’Elon Musk, sur la start-up OpenAI, à l’origine de ChatGPT.Selon le Wall Street Journal, le milliardaire proche de Trump (qui dispose déjà de sa propre start-up d’IA générative, xAI, lancée en 2023) veut, avec un groupe d’investisseurs, racheter l’organisation à but non lucratif qui contrôle OpenAI pour 97,4 milliards de dollars.”Il essaie probablement de nous ralentir. C’est évidemment un concurrent”, a déclaré à Bloomberg TV Sam Altman, le patron d’OpenAI qui avait adressé une fin de non-recevoir lundi soir à Elon Musk.”J’aimerais qu’il se contente de créer un meilleur produit”, a-t-il ajouté, critiquant les “tactiques” de celui qui fut par ailleurs co-fondateur d’OpenAI.L’entreprise “n’est pas à vendre”, a martelé Chris Lehane, le vice-président en charge des affaires publiques d’OpenAI, présent à un événement “business” à Station F, l’incubateur de start-up fondé par le milliardaire français Xavier Niel, où s’est également rendu le président Macron dans l’après-midi.Avant de déjeuner à l’Elysée, J.D. Vance avait également mis en garde contre les partenariats avec les “régimes autoritaires”, dans une référence à peine voilée à la Chine. “S’associer avec eux (ces régimes, NDLR) revient à enchaîner votre nation à un maître autoritaire qui cherche à infiltrer, s’installer et s’emparer de votre infrastructure d’information”.- “Coup de projecteur” -En réponse aux ambitions américaines, Emmanuel Macron a insisté sur le “besoin de règles” et d’un “cadre de confiance” pour accompagner le développement de l’IA, en clôture du sommet qui s’est traduit pour la France par un plan d’investissements privés à hauteur de 109 milliards d’euros.Le sommet a aussi “été un excellent moyen de mettre un coup de projecteur sur l’écosystème, sur la France, sur l’Europe, de montrer qu’en fait il n’y a pas que ChatGPT et (le chinois) DeepSeek”, a commenté pour l’AFP Maya Noël, directrice générale de France Digitale, qui se présente comme la première organisation de start-up en Europe.Pour le Premier ministre indien Narendra Modi, qui accueillera le prochain sommet mondial sur l’IA, le défi est de ne pas laisser “le sud global”, dont les 1,4 milliard d’Indiens, à la traine d’une révolution technologique.Mais pour Dario Amodei, patron de la start-up américaine Anthropic, ce sommet s’apparente à une “opportunité ratée”: “il est nécessaire de se concentrer davantage” sur les enjeux démocratiques de l’IA, ainsi que les risques liés à la sécurité et à l’emploi que fait peser cette technologie”, dit-il.Alors que l’Union européenne tente d’avancer ses pions dans cette course à l’IA, la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen a dévoilé mardi un plan d’investissements de 200 milliards d’euros, dont 150 milliards venant de grands groupes. Le “leadership mondial est toujours à saisir”, a-t-elle lancé.mng-may-kf-dax/mch/eb