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Loi “Duplomb”: des ONG crient au “scandale” sanitaire et environnemental

Des ONG de défense de l’environnement et de la santé mais aussi des associations paysannes se sont alarmées vendredi de mesures contenues dans la proposition de loi “Duplomb” sur l’agriculture, criant au “scandale” dans un contexte politique jugé “hostile à la nature”.Pesticides, agrandissement des élevages, assouplissement de certaines obligations environnementales: ce texte venu du Sénat, qui dit vouloir “lever les contraintes” pesant sur les agriculteurs, doit être examiné à l’Assemblée nationale du 26 au 31 mai.”La charge est très lourde (pour les agriculteurs), mais quand on voit ce qui se cache derrière les propos tenus, ça flirte avec le scandale. Et c’est pour ça qu’on va se battre”, a déclaré lors d’une conférence de presse Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO.Avec une dizaine d’autres associations (Aspas, FNH, France Nature Environnement WWF…), celle-ci s’est inquiétée de “défaites” environnementales à l’occasion de la Fête de la Nature (21-25 mai).Cette édition se déroule “dans un contexte politique particulièrement hostile à la nature”, ont-elles jugé dans un communiqué commun, ciblant en particulier la proposition de loi consacrée à l’agriculture.Celle-ci s’apprête “à assouplir les procédures d’autorisation environnementale, à affaiblir l’Office français de la biodiversité (OFB) (…), à réautoriser les néonicotinoïdes +tueurs d’abeilles+ interdits depuis 2018, à faciliter l’implantation de mégabassines qui accaparent les ressources en eau au profit de l’agriculture intensive et à modifier la définition des zones humides pour en diminuer la protection alors qu’elles sont essentielles face aux inondations et sécheresses”, ont-elles listé.Pour Franck Rinchet-Girollet, porte-parole d’Avenir santé environnement, association née à la suite d’un nombre élevé de cancers pédiatriques dans la région de La Rochelle, “cette loi est une fausse réponse à un vrai problème. Au lieu de protéger notre agriculture, elle la renvoie vers le passé. Au lieu de prendre en compte la santé, elle prolonge la dépendance à un modèle toxique”. Un constat partagé par l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), ainsi que par un collectif d’associations paysannes et de défense du bien-être animal, qui ont décidé d’interpeller directement les députés, par des messages ou des courriers.  “Les enjeux liés à la biodiversité, (…) à la santé publique et à l’avenir de l’agriculture ne peuvent être sacrifiés au nom de jeux politiques ou des intérêts des lobbys agrochimiques”, a déclaré Christian Pons, président du syndicat d’apiculteurs, cité dans un communiqué. De leur côté, une demi-douzaine d’associations – dont Greenpeace, Réseau Action Climat et CIWF France, qui promeut des pratiques d’élevage respectueuses du bien-être animal – ont dénoncé dans une lettre ouverte aux députés les assouplissements de la réglementation sur les élevages industriels figurant dans la proposition de loi.  Cette stratégie “fait le jeu des industries agroalimentaires et de l’alimentation animale” mais elle “ne pourra pas, à moyen ou long terme, soutenir l’élevage en France”, alertent ces ONG dans leur lettre. 

Congrès PS: Olivier Faure défend l’union de la gauche, les yeux rivés sur 2027

A cinq jours du premier tour du congrès du PS, Olivier Faure met toutes ses forces dans la bataille pour défendre son bilan et l’union de la gauche non mélenchoniste pour 2027, avec en ligne de mire la prochaine présidentielle, où il se pose en potentiel candidat. Le patron des socialistes multiplie, comme ses concurrents Nicolas Mayer-Rossignol et Boris Vallaud, les déplacements dans les fédérations socialistes, alors que le résultat du vote est plus que jamais incertain.Avec pour objectif de défendre sa proposition d’une plateforme commune de la gauche non mélenchoniste, allant de Raphaël Glucksmann à François Ruffin, en vue d’une candidature commune pour 2027, mais sans Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, avec qui il a pris ses distances depuis plusieurs mois.Olivier Faure, qui a pris la tête du PS en 2018 après le champ de ruine laissé par le quinquennat Hollande et a été l’un des initiateurs de l’alliance Nupes en 2022, puis du Nouveau Front populaire en 2024, continue de porter l’idée d’une union large à gauche pour contrer “la vague réactionnaire et identitaire qui monte”.Mais Nicolas Mayer-Rossignol accuse le premier secrétaire, député de Seine-et-Marne, de manquer de clarté sur les alliances à venir avec LFI.De son côté, le camp fauriste se dit “concentré” et “plus organisé” qu’au congrès de Marseille, où le premier secrétaire avait été réélu sur le fil, et affirme ne pas “ressentir de vague de dégagisme”. L’ancien Premier ministre Lionel Jospin, figure de la gauche, a toutefois annoncé vendredi qu’il soutiendrait Nicolas Mayer-Rossignol. Et le chef des députés PS Boris Vallaud, qui a lâché le premier secrétaire pour se lancer lui aussi dans la bataille, en déplorant un parti “divisé”, risque de lui faire perdre des voix. Olivier Faure argumente d’avoir remis le PS “au coeur de la gauche” (le nom de sa motion). Et s’il a fait opérer à son parti un revirement, en refusant de censurer le gouvernement Bayrou sur le budget en début d’année, il n’exclut pas une nouvelle censure prochainement, sur les retraites ou le futur budget.”A un an des municipales, on appelle les militants à faire preuve de continuité, avec ceux qui ont la confiance des autres partenaires à gauche”, souligne l’eurodéputé Pierre Jouvet, jugeant qu'”avoir un leader qui commence à être reconnu et respecté, ça compte”.- “climat de tensions” -Car le patron des socialistes, longtemps sur la réserve, s’est peu à peu installé dans le paysage de gauche. Plus présent dans les médias, il a multiplié les rencontres avec les Français, et vient de sortir un livre, “Je reviens te chercher”, où il se dévoile plus intimement, évoquant notamment son père d’extrême droite. “Ça permet aux militants, et plus largement aux Français de connaître plus en sincérité et en profondeur qui il est”, insiste Pierre Jouvet. Et d’affiner une stature de présidentiable, même si le patron du PS s’en défend.”Il se présidentialise”, confirme le président du Parti radical de gauche Guillaume Lacroix. “Il est persuadé de s’être mis au barycentre de la gauche, en disant +je suis compatible avec l’extrême gauche mais je n’accepte pas tout+, et +je suis compatible avec les sociaux-démocrates, mais je n’accepte pas tout+”.Reste qu’en interne, Olivier Faure est loin de faire l’unanimité: ses détracteurs critiquent une “gestion clanique” du parti, et affirment qu’il n’a “pas d’idéologie, pas de travail, pas de méthode”. “Il a créé un climat de tensions et d’agressivité”, assène la présidente d’Occitanie, Carole Delga. “Quelle est sa position politique, personne ne le sait, c’est en fonction des saisons”, tacle-t-elle encore.Le député Arthur Delaporte, qui a un temps jugé son image “affaiblie”, remarque toutefois que “pendant le NFP Olivier Faure a réussi à incarner l’union plus que pendant la Nupes” et “génère désormais de la fierté militante”. Une socialiste, qui a fait le choix de soutenir Boris Vallaud, assure qu’il est certes “très à l’écoute”, mais “il est arrivé au bout de ce qu’il pouvait faire. Il y a une telle haine anti-Olivier”.

L’ex-maire de Toulon Hubert Falco condamné pour injures contre un journaliste

L’ex-maire de Toulon Hubert Falco, démis de ses fonctions par la justice, a été condamné vendredi à une amende de 1.000 euros pour avoir insulté et traité de “chien galeux” un journaliste collaborant pour Mediapart. Le tribunal correctionnel de Toulon l’a également condamné à verser 1.000 euros de dommages et intérêts au journaliste Simon Fontvieille et 500 euros au Syndicat national des journalistes (SNJ), qui s’était constitué partie civile.”C’est une victoire pour la liberté de la presse montrant que tout journaliste, quel qu’il soit, doit pouvoir exercer son travail de façon libre et sereine au service des citoyens et de l’intérêt général”, a réagi le journaliste auprès de l’AFP.L’avocat de l’ex-élu n’était lui pas joignable dans l’immédiat.Le procès s’était tenu le 16 mai en l’absence de l’ex-baron de la politique varoise, ce qui fut “fort dommage” selon la présidente.Simon Fontvieille, journaliste de 34 ans, avait expliqué à la barre les tentatives d'”intimidation” répétées de la part d’Hubert Falco, à qui il a consacré plusieurs enquêtes.Les faits jugés concernaient un épisode en marge d’une cérémonie publique célébrant les 79 ans de la libération de Toulon en août 2023.Hubert Falco, qui n’a alors plus de mandat, est présent et le journaliste le prend en photo, comme d’autres personnalités. L’ex-élu, aujourd’hui âgé de 78 ans, lui lance alors: “ça te gêne que je sois là ?”, le traitant d'”espèce de chien”, “chien galeux”.”Enfin M. Falco, +chien galeux+, pourquoi vous êtes aussi grossier ?”, lui répond le journaliste.Hubert Falco le traite alors de “connard”, ajoutant: “Oui, je te le dis ! Ecris-le à Mediapart que je t’ai dit que tu étais un connard”.Le 28 mai, une autre échéance judiciaire cruciale attend Hubert Falco: la décision de la Cour de cassation sur sa peine de cinq ans d’inéligibilité immédiate prononcée en 2024 par la cour d’appel d’Aix-en-Provence dans un dossier de détournements de fonds publics, qu’il conteste. Une décision dont dépend son avenir politique, à moins d’un an des municipales.

Aide à mourir: les députés votent pour renforcer la procédure collégiale

Avant d’accéder ou non à une demande d’aide à mourir, un médecin devra convoquer une réunion avec a minima un spécialiste et un soignant qui donneront leur avis, ont décidé jeudi les députés. La version initiale de la proposition de loi d’Olivier Falorni (Groupe MoDem) prévoyait que le médecin, après avoir vérifié que la personne remplit bien les critères d’éligibilité au droit à l’aide à mourir, recueille obligatoirement “l’avis écrit” d’un médecin spécialiste de la pathologie et d’un auxiliaire médical ou aide-soignant intervenant dans le traitement du malade.Mais les députés ont estimé, à une large majorité (112 contre 61), que la procédure devait être davantage collégiale, en votant un amendement du député Horizons et ancien ministre de la Santé Frédéric Valletoux, soutenu par le gouvernement et M. Falorni. Désormais, les avis écrits sont remplacés par la réunion d’un collège, composé a minima du médecin en charge de la demande, d’un spécialiste et d’un soignant impliqué dans le traitement de la personne.Ce collège doit se réunir physiquement, et, si c’est impossible, à distance. Et il peut, à son appréciation, recueillir l’avis d’autres personnes, comme d’autres professionnels de santé par exemple (c’était déjà le cas dans la version initiale). C’est seulement à l’issue de cette procédure collégiale que le médecin prononce sa décision.Durant les débats, des députés ont insisté sur la collégialité comme “un point central” et “d’équilibre” du texte, selon les mots de Yannick Monnet (GDR). Mais pour les plus farouches opposants, ce changement n’est que “cosmétique”, comme a dénoncé le député LR Philippe Juvin.Ils ont tenté, sans y parvenir, d’ajouter un certain nombre de “garde-fous”, selon leur expression. Par exemple, que la décision ne soit pas prise par le médecin, mais par le collège, que la réunion ne puisse se tenir à distance, ou que le spécialiste ait obligatoirement examiné le patient. Le texte prévoit que le spécialiste a accès “au dossier médical de la personne” et l’examine, “sauf s’il ne l’estime pas nécessaire”.- Délai de 48H -Le gouvernement a plus tard dans la journée échoué à faire adopter un amendement prévoyant que le médecin recevant la demande d’aide à mourir consulte un psychiatre ou un neurologue dans le cadre de la procédure collégiale, “lorsqu’il a un doute sérieux sur le discernement de la personne”.Plusieurs députés du “socle commun” ont jugé trop imprécise cette formulation, Charles Sitzenstuhl (EPR) estimant que “soit il y a un doute, soit il n’y a pas de doute”. La gauche a voté contre l’amendement, Sandrine Rousseau (écologiste) expliquant que les psychiatres ne sont “pas des spécialistes du discernement”.Le gouvernement a en revanche obtenu le rétablissement d’un délai incompressible de deux jours entre la décision du médecin et la confirmation par le patient de sa demande.Les députés ont ensuite étudié un article permettant au patient de choisir la date, le lieu et les personnes l’entourant au moment de l’administration de la substance létale.Un amendement du gouvernement adopté prévoit que le médecin réévalue la volonté libre et éclairée de la personne lorsque la date retenue intervient plus de trois mois après l’autorisation donnée – contre un an dans le texte auparavant.La question du lieu a particulièrement été débattue. Plusieurs députés ont tenté en vain d’établir que l’administration de la substance létale soit effectuée dans un lieu dédié, qui ne soit pas un EHPAD ou un hôpital.”Ce lieu qui était pour la vie jusqu’au bout va devenir le lieu où (…) on reçoit la mort. C’est un changement important”, a déclaré Dominique Potier (PS). “Beaucoup de soignants m’en ont parlé avec un peu d’émotion.”Mais d’autres députés se sont opposés à l’idée déplacer des patients.Un amendement prévoyant d’exclure les “voies et espaces publics” comme lieu possible pour l’administration a en revanche été adopté. Une position d'”équilibre” afin d’éviter toute “dérive”, selon M. Falorni.Le vote sur l’ensemble du texte, en première lecture, est prévu le mardi 27 mai.

Edouard Philippe “défavorable” à la proportionnelle qui conduirait à une “absence de majorité”

L’ancien Premier ministre Edouard Philippe s’est dit jeudi “défavorable” à un mode de scrutin proportionnel pour les élections législatives, comme le souhaiterait François Bayrou, car il conduirait selon lui à une “absence de majorité” et pourrait “distendre le lien entre l’électeur et le député”.”Le scrutin proportionnel a plus de chance de perpétuer ce que nous voyons aujourd’hui, c’est-à-dire une absence de majorité”, a affirmé le président d’Horizons et candidat proclamé à la présidentielle, à l’issue d’un entretien d’environ 45 minutes avec le Premier ministre à ce sujet.”Nous considérons que cette absence de majorité rend difficile, voire impossible, une action résolue dont notre pays a pourtant besoin”, a-t-il ajouté, observant que “nous ne pouvons pas accepter un régime qui est pour l’essentiel un régime de l’inaction”.En outre, “le scrutin proportionnel tend mécaniquement à éloigner, à distendre, le lien entre l’électeur et le député”, a fait valoir Edouard Philippe, qui était accompagné de Paul Christophe chef de file des députés Horizons, Claude Malhuret président Horizons du groupe des sénateurs Les Indépendants, République et territoires, et Pierre-Yves Bournazel, secrétaire général délégué du parti et candidat aux municipales à Paris.Le cumul des mandats, soutenu par les deux hommes, n’a pas été abordé lors de l’échange, selon M. Philippe, qui avait précédemment dit qu’il pourrait soutenir la proportionnelle si un cumul était possible entre le mandat parlementaire et un mandat exécutif local.François Bayrou a entamé le 30 avril une série de consultations des forces politiques sur l’élection des députés à la proportionnelle. Le chef du gouvernement défend une proportionnelle intégrale par département comme en 1986, alors que depuis l’instauration de la Ve République – à l’exception des législatives de cette année-là -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.Il a indiqué jeudi aux représentants d’Horizons “sa volonté de soumettre” un projet de loi sur le modèle de 1986. Celui-ci pourrait être examiné à l’automne.Mais le Premier ministre n’est pas assuré d’avoir cette fois le soutien des macronistes qui considèrent désormais que le mode de scrutin majoritaire actuel est “le moins pire”. A droite, Les Républicains sont fermement opposés à la proportionnelle. Leur nouveau président Bruno Retailleau doit être reçu à ce sujet la semaine prochaine.Le RN, favorable à une proportionnelle avec une prime majoritaire, a indiqué qu’il pourrait s’accommoder du modèle de 1986. La France insoumise défend une proportionnelle “à un échelon régional” et le Parti socialiste, divisé, n’a pas encore arrêté de position.François Bayrou doit recevoir jeudi après-midi Fabien Roussel pour le Parti communiste, puis vendredi Marc Fesneau pour son parti, le MoDem, et Raphaël Glucksmann pour le mouvement Place publique.

Retailleau dépasse pour la première fois Philippe en popularité, selon un sondage

Le ministre de l’Intérieur et nouveau président des Républicains Bruno Retailleau dépasse pour la première fois Edouard Philippe en popularité, avec 51% de bonnes opinions contre 48% pour l’ancien Premier ministre, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro publié jeudi.Bruno Retailleau, que d’aucuns voient déjà candidat à la présidentielle de 2027 après sa victoire sans appel dimanche face à Laurent Wauquiez, gagne près de dix points depuis sa nomination en décembre 2024 dans le gouvernement de François Bayrou où il était à 42%, relève l’institut.Dans le même temps, Edouard Philippe, candidat déclaré depuis septembre 2024 mais dont “l’invisibilité contraste avec la forte visibilité du ministre de l’Intérieur”, a perdu neuf points de popularité, ajoute-t-il.Bruno Retailleau est massivement soutenu par les sympathisants LR (90% de bonnes opinions), du parti macroniste Renaissance (74%) et du Rassemblement national (65%) tandis qu’Edouard Philippe doit en partie sa popularité à la gauche (56% de bonnes opinions au PS et 46% chez les écologistes).Le ministre de l’Intérieur est jugé comme un homme ayant des convictions plus profondes (62% versus 55%) et davantage d’autorité (55% versus 48%).Cette fermeté a toutefois un revers : les Français le perçoivent aussi comme plus “brutal” (36% versus 18%), moins “sympathique” que le maire du Havre (39% versus 53%) et moins “proche des gens” (40% contre 47%).”Bien qu’Edouard Philippe reste à ce stade le mieux placé en intentions de vote (environ 20% contre 10%) pour la présidentielle de 2027, la dynamique, en ce moment, lui échappe”, avertit Céline Bracq, directrice générale d’Odoxa.”Face à un Bruno Retailleau qui imprime sa marque, il devient urgent pour l’ancien Premier ministre de reprendre la parole, de se définir, de se projeter. Faute de quoi, l’histoire pourrait bien bégayer”, ajoute-t-elle, en référence au rendez-vous manqué d’Alain Juppé face à François Fillon en 2017.L’enquête a été réalisée mercredi et jeudi auprès d’un échantillon de 1.005 Français représentatifs de la population de 18 ans et plus. Marge d’erreur comprise entre 1,4 pt et 3,1 pts. 

La proportionnelle n’est “pas la priorité” pour Fabien Roussel

Le patron du Parti communiste Fabien Roussel a estimé jeudi qu’un mode de scrutin proportionnel aux législatives, comme souhaité par François Bayrou, n’était “pas la priorité” des Français d’abord préoccupés, selon lui, par leur “pouvoir d’achat”.”La question des factures de gaz et d’électricité, de l’alimentation, c’est ce qu’ils nous disent tous les jours. Et puis aussi ceux qui sont menacés de perdre leur emploi, notamment dans l’industrie”, a affirmé le secrétaire national du PCF à l’issue d’un entretien de plus d’une heure avec le Premier ministre qualifié de “direct” et “franc”.Il a jugé “un peu vague” le projet de M. Bayrou, qui défend une proportionnelle intégrale par département comme en 1986, et il “attend de savoir quel sera le texte complet”.À son côté, le cheffe de file des sénateurs communistes Cécile Cukierman a dit craindre que ce type de proportionnelle “vienne finalement renforcer le fait majoritaire et présidentiel plutôt que développer le pluralisme”.Pour M. Roussel, face à la “crise démocratique”, “l’urgence, c’est par exemple d’abroger le 49.3”, cet article de la Constitution qui permet au gouvernement de faire adopter un texte au Parlement sans vote, et de “permettre au Parlement de voter sur la réforme des retraites”.Interrogé sur la proposition du député ex-LFI François Ruffin d’organiser une primaire à gauche pour la présidentielle, le patron du PCF a répondu que ce n’était “pas (sa) tasse de thé (…) de consacrer son énergie à ça aujourd’hui”. “La priorité, c’est d’abord de se battre pour que les factures baissent, les salaires augmentent”.François Bayrou a entamé le 30 avril une série de consultations des forces politiques sur l’élection des députés à la proportionnelle. Depuis l’instauration de la Ve République – à l’exception de 1986 -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.Il souhaite soumettre un projet de loi sur le modèle de 1986. Celui-ci pourrait être examiné à l’automne.Mais il n’est pas assuré d’avoir le soutien des macronistes qui considèrent désormais que le mode de scrutin majoritaire actuel est “le moins pire”. L’ancien Premier ministre et patron d’Horizons Édouard Philippe s’est dit jeudi “défavorable” à la proportionnelle, qui conduirait à une “absence de majorité”.À droite, Les Républicains y sont fermement opposés. Leur nouveau président Bruno Retailleau doit être reçu à ce sujet la semaine prochaine.Le RN, favorable à une proportionnelle avec une prime majoritaire, a indiqué qu’il pourrait s’accommoder du modèle de 1986.LFI défend une proportionnelle “à un échelon régional” et le PS, divisé, n’a pas encore arrêté de position.

Rapport sur les Frères musulmans: les propositions de l’Intérieur ont été travaillées avec l’Elysée, selon l’entourage de M. Retailleau

Les propositions du ministère de l’Intérieur destinées à lutter contre “l’entrisme” des Frères musulmans en France ont été “travaillées avec l’Elysée”, a assuré jeudi une source au sein de l’entourage de Bruno Retailleau, après un recadrage d’Emmanuel Macron sur ce sujet.”Nous sommes très surpris car les propositions du ministère de l’Intérieur ont été travaillées avec l’Elysée”, a assuré cette source à l’AFP.On a souligné en outre que la réunion – un Conseil de défense – consacrée à l’entrisme islamiste France était “interministérielle”, signifiant que des propositions émanant d’autres ministères avaient été présentées.De fait, le président Emmanuel Macron avait convoqué autour de lui à l’Elysée le Premier ministre François Bayrou et les ministres concernés, parmi lesquels Bruno Retailleau (Intérieur), Gérald Darmanin (Justice), Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères) et Elisabeth Borne (Education nationale).Ce Conseil a donné lieu à un recadrage de la part du chef de l’Etat qui a jugé que les propositions faites n’étaient pas à la hauteur de la “gravité des faits”. Emmanuel Macron a demandé en conséquence au gouvernement “de formuler de nouvelles propositions”, selon un communiqué de l’Elysée.Si le président considère que les mesures proposées “ne sont pas assez musclées”, il n’y a aucun problème, a commenté un proche de Bruno Retailleau, “ce n’est pas les idées qui manquent”.Selon plusieurs sources contactées par l’AFP, le chef de l’Etat n’a pas seulement dit aux ministres présents de revoir leur copie. Il s’est aussi agacé que le rapport qu’il avait lui-même demandé en 2024 sur les Frères musulmans et l’islamisme politique ait fuité dans la presse.Emmanuel Macron s’est en outre agacé de la proposition de Gérald Darmanin de créer un quartier de haute sécurité en Guyane pour “les têtes de réseau du narcotrafic”.”Entre un rapport classifié qui fuite opportunément et une proposition de prison de haute sécurité sortie de nulle part (…) franchement ce n’est pas sérieux”, avait dénoncé mercredi une source au sein du camp présidentiel.

Rapport sur “l’entrisme” des Frères musulmans: Macron recadre Retailleau and co

“Ca ne va pas”, “ce n’est pas sérieux”: Emmanuel Macron a sèchement recadré ses ministres mercredi, Bruno Retailleau en tête, lors d’un conseil de défense consacré à l’entrisme islamiste en France, jugeant que les propositions faites n’étaient pas à la hauteur de la “gravité des faits”.”Compte tenu de l’importance du sujet et de la gravité des faits établis, il a demandé au gouvernement de formuler de nouvelles propositions qui seront examinées lors d’un prochain Conseil de défense au début du mois de juin”, a résumé l’Elysée dans un communiqué laconique. Le président avait convoqué autour de lui le Premier ministre François Bayrou et les ministres concernés, de l’Intérieur à ceux en charge des Affaires étrangères, des Finances, ainsi que de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et des Sports.Selon plusieurs sources, le chef de l’Etat n’a pas seulement dit aux ministres présents de revoir leur copie. Il s’est aussi agacé que le rapport qu’il avait lui-même demandé en 2024 sur les Frères musulmans et l’islamisme politique ait fuité dans la presse.”L’ambiance était pesante et Emmanuel Macron s’est énervé contre quelques-uns de ses ministres sur la préparation de la réunion et sur les fuites en amont”, a confirmé une source ministérielle.Selon cette source, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, auréolé de sa victoire sans appel dimanche à la tête du parti des Républicains, était clairement “ciblé sur les fuites”. Une autre au sein du gouvernement tempère: “il y a eu un moment un peu sec, mais il ne visait pas particulièrement Retailleau”.- “Islamisme par le bas” -Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a tout autant agacé Emmanuel Macron avec sa proposition d’ouverture d’un quartier de haute sécurité en Guyane pour les “têtes de réseau du narcotrafic”, une idée qui a jeté un froid sur cette ancienne terre de bagne, à des milliers de kilomètres de la France.”Entre un rapport classifié qui fuite opportunément et une proposition de prison de haute sécurité sortie de nulle part (..) franchement ce n’est pas sérieux”, a pointé une source au sein du camp présidentiel.Le chef de l’Etat a réclamé un “communication adéquate”, a ajouté cette source, en rappelant les violentes réactions dans une partie du monde musulman après son discours en 2020 sur le séparatisme. “On ne peut pas donner l’impression que tous nos compatriotes musulmans sont des agents d’influence des Frères musulmans”, a poursuivi cette source.Le rapport, dont l’AFP a obtenu copie et qui doit être publié dans une version détaillée d’ici la fin de la semaine, fait état d’une “menace pour la cohésion nationale” avec le développement d’un islamisme “par le bas” de la part des Frères musulmans.En écho, M. Retailleau a dénoncé mardi la “menace” que pose l'”entrisme” des Frères musulmans, estimant que leur but était “de faire basculer toute la société française dans la charia”, même si selon le rapport, “aucun document récent ne démontre (une telle) volonté”. Auprès du Parisien, le ministre a insisté sur “l’entrisme dans les associations sportives”: “Aujourd’hui, il y a des prières dans les vestiaires, ou des clubs où les filles ne sont plus admises”, a-t-il déclaré.Et il a esquissé de premières pistes devant le Sénat, à savoir “une meilleure organisation de l’État”  avec “un vrai chef de file en matière de renseignement” et “un parquet administratif au ministère de l’Intérieur” pour “diligenter des dissolutions” et “des entraves administratives”. Il a également évoqué une “formation” des fonctionnaires et des élus locaux, et une “stratégie de sensibilisation du grand public”, soulignant “des trous dans la raquette” concernant les “circuits financiers” de cette mouvance. – Amalgames -Présentée comme “la branche nationale des Frères musulmans en France”, la Fédération des Musulmans de France a vivement dénoncé dans un communiqué des “accusations infondées” et mis en garde contre des “amalgames dangereux”.”Nous rejetons fermement toute allégation qui tenterait de nous associer à un projet politique étranger, ou à une stratégie d’+entrisme+. Cette lecture idéologique ne reflète ni notre réalité institutionnelle ni notre action de terrain”, a-t-elle assuré.Le Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l’islam tombée en disgrâce en 2021, a lui aussi exprimé sa “profonde inquiétude face aux possibles dérives et instrumentalisations des données rendues publiques”. “L’islamophobie franchit un seuil”, a tonné sur X Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, s’inquiétant d’un “déchaînement d’inquisitions cruelles”. Avant même sa publication officielle, la classe politique a rivalisé de réactions et de propositions. A l’instar du patron de Renaissance Gabriel Attal qui a souhaité interdire le voile dans l’espace public pour les mineures de moins de quinze ans.”Mais quand on édicte une règle, il faut être sûr de pouvoir la faire appliquer”, a estimé en retour M. Retailleau.cg-grd-lum-vl/jmt/cbn

Violences scolaires: la commission d’enquête finit ses auditions sur fond de tensions sur Stanislas

La commission parlementaire sur les violences scolaires, née de l’affaire Bétharram, a terminé mercredi ses trois mois d’auditions en entendant la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne et des inspecteurs ayant enquêté sur Stanislas, sur fond de tensions concernant cet établissement catholique. La très active “commission d’enquête sur les modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires”, présidée par la socialiste Fatiha Keloua Hachi, s’est penchée sur les dessous de l’enquête administrative de 2023 sur l’établissement privé parisien Stanislas.Cette enquête de l’Inspection générale de l’Éducation (IGESR) avait été commandée en février 2023 par Pap Ndiaye après des accusations de dérives homophobes et sexistes visant cet établissement huppé, relayées dans la presse. Le rapport, rendu en juillet 2023, avait été dévoilé par Mediapart en janvier 2024. Il relevait notamment des “comportements qui entretiennent les stéréotypes de sexe”, et une culture pouvant favoriser un “climat propice à l’homophobie”.Or deux ex-inspectrices ont récemment jugé que la lettre de synthèse accompagnant le document avait minimisé les faits reprochés. Devant les députés membres de la commission, deux membres de l’équipe chargée de l’enquête administrative ont confirmé sous serment que la lettre de transmission conclusive de la mission à destination du ministre avait fait l’objet d’un “ajout”, en l’occurrence par la cheffe de l’inspection générale de l’époque devenue la numéro deux de l’Éducation nationale, Caroline Pascal.Les membres de cette inspection, dont la commission a pu mesurer le degré de dissensions pendant l’enquête sur Stanislas, ont devant les députés fait état de leurs divergences sur les conséquences d’un tel ajout. Si le coréférent de l’inspection juge qu’il n’y a pas eu “dénaturation”, les deux ex-inspectrices sont plus sévères, l’une d’elle évoquant des faits “très graves”.Interrogée longuement à ce sujet lors de son audition l’après-midi, Mme Borne a balayé cette polémique. Elle a souligné que “ce qui a une valeur, c’est les rapports de l’Inspection générale”. “Une lettre de transmission, comme son nom l’indique, sa vocation est de transmettre un rapport”.”Mais comme il y a manifestement une confusion entre les deux, je vais demander à la cheffe de l’inspection de me faire simplement un courrier de transmission sans commentaires” désormais, s’est-elle agacée.- inspection le 28 mai -Mme Borne a par ailleurs annoncé qu’une inspection “de suivi” aurait lieu le 28 mai à Stanislas, “qui permettra de faire l’état de la mise en œuvre des recommandations et des mises en demeure” à la suite du rapport de 2023.Ces annonces ont eu lieu alors que s’est ouvert mercredi devant le tribunal de Nanterre le procès de Daniel Chapellier, ex-directeur de l’établissement privé parisien Saint-Jean-de-Passy, mais aussi de Stanislas (de 2002 à 2015), pour agression sexuelle sur un élève de 14 ans en 2021. Mme Borne est par ailleurs revenue sur le plan “Brisons le silence” qu’elle a mis en place mi-mars pour mieux contrôler les établissements catholiques sous contrat avec l’État et “libérer la parole”.Elle a aussi été interrogée sur le lycée musulman Averroès à Lille, dont le contrat d’association avec l’État avait été résilié en décembre 2023 par la préfecture du Nord.Un tribunal administratif lillois a décidé fin avril de le rétablir. Mme Borne avait alors déclaré vouloir faire appel, ce qu’elle a répété mercredi, réfutant qu’Averroès fasse l’objet d’un traitement inéquitable comparé à des établissements catholiques sous contrat comme Stanislas.Questionnée par Paul Vannier (LFI), corapporteur de la commission d’enquête, Mme Borne a répliqué qu’il était “très grave (…) de créer le doute chez nos concitoyens musulmans sur le fait qu’il y aurait” une différence de traitement à leur égard.Après la fin des auditions, les deux corapporteurs de la commission, Paul Vannier et l’élue Renaissance Violette Spillebout, travailleront désormais sur leur rapport. Il est promis pour fin juin, après l’audition de 140 personnes pendant près de 60 heures au total, dont le Premier ministre François Bayrou pendant un marathon de cinq heures trente.