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Programmation énergétique: débats scrutés au Sénat, sur fond de discorde gouvernementale
Les désaccords gouvernementaux autour des énergies renouvelables se sont invités mardi au Sénat avec l’examen d’une loi sur l’avenir énergétique de la France actant une relance massive du nucléaire, censée aider l’exécutif à finaliser sa programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) “avant la fin de l’été”.Les débats sur la proposition de loi du sénateur Les Républicains Daniel Gremillet (Vosges) se sont ouverts en début d’après-midi. Un vote sur le texte est prévu dans la soirée ou dans la nuit.Mais au-delà du scrutin, qui sera sauf surprise largement favorable, ce sont les passes d’armes des derniers jours qui ont cristallisé les discussions.La coalition gouvernementale est en effet fragilisée par l’opposition frontale entre camp macroniste et droite, depuis que le patron des Républicains (LR) – et ministre de l’Intérieur – Bruno Retailleau s’est fendu d’une tribune au Figaro dans laquelle il plaide pour la fin des “subventions publiques” pour l’éolien et le photovoltaïque… “Une tribune dont je déplore les constats et les recommandations à de nombreux égards”, a martelé le ministre de l’Industrie Marc Ferracci (Renaissance) devant les sénateurs, assurant que “certaines énergies renouvelables sont très compétitives”.Lui défend “un mix énergétique équilibré combinant la puissance du nucléaire et le potentiel des énergies renouvelables”… Deux piliers qui figurent bien dans le texte examiné au Parlement.- 14 nouveaux réacteurs -Le groupe LR, première force au Sénat, s’est de son côté employé à expliquer que sa vision n’était pas incompatible avec celle de Bruno Retailleau, qui est d’ailleurs le coauteur du texte débattu au Sénat.”Il n’y a absolument pas de contradiction, car le financement des énergies renouvelables relève du projet de loi de finances. C’est là que des choix seront à faire”, a insisté le sénateur LR Alain Cadec. La gauche n’a pas manqué de s’engager dans cette brèche, fustigeant l’absence de volet financier dans cette loi programmatique, mise au débat sans étude d’impact ni avis du Conseil d’Etat.”Quels seront les impacts de cette loi sur le prix de l’électricité payée par les Français ? Sur le montant nécessaire d’investissements publics ? Sur notre trajectoire climatique ? Sur notre souveraineté? On n’en sait rien. C’est irresponsable”, s’est indigné l’écologiste Yannick Jadot.La majorité sénatoriale défend tout de même sa vision qu’elle juge “équilibrée”: d’une part une relance massive du nucléaire, avec notamment la construction de 14 nouveaux réacteurs; d’autre part des objectifs pour l’essor des énergies renouvelables avec d’ici 2030, une part d’énergie décarbonée d’au moins 58% de la consommation d’énergie en France, contre environ 40% actuellement. Cette architecture a fait l’objet de négociations entre gouvernement, sénateurs et députés de l’ex-majorité présidentielle, au point de faire quasiment consensus. – Examen chaotique -C’est une prouesse au vu des conditions chaotiques de l’examen du texte à l’Assemblée nationale. Il y avait été dénaturé à l’initiative notamment du Rassemblement national et des Républicains : un amendement de ces derniers instaurant un moratoire sur les énergies éolienne et solaire avait mis le feu aux poudres, convainquant les groupes de l’ancienne majorité macroniste de voter contre l’ensemble du texte.En seconde lecture, cette disposition ne peut plus être mise au débat en raison des règles de procédure parlementaire. Le Sénat n’y était de toute façon pas favorable, même s’il a voté une mesure précisant la nécessité de “privilégier le renouvellement des installations existantes” plutôt que l’implantation de nouveaux projets. Pour cette deuxième lecture, les sénateurs ont par ailleurs choisi de condenser la proposition de loi en supprimant une douzaine d’articles, soit environ un tiers du texte, privilégiant le volet programmatique par rapport aux mesures de simplification. L’objectif: accélérer la navette parlementaire.Mais cela pourrait ne pas suffire pour convaincre le gouvernement d’attendre l’adoption définitive de cette loi pour finaliser sa programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la trajectoire énergétique qu’il entend publier prochainement par décret. Le décret sera publié “avant la fin de l’été”, a en effet assuré M. Ferracci… Un délai incompatible avec la deuxième lecture du texte par les députés fin septembre, puis la tenue d’une commission mixte paritaire attendue mi-octobre pour aboutir à une rédaction commune aux deux chambre du Parlement.
Energie: “des filières entières vont licencier” en cas de moratoire sur les renouvelables, selon Ferracci
Des “filières entières vont licencier” si un moratoire sur le financement des énergies renouvelables devait être décidé, car il y a beaucoup d’emplois industriels associés à l’éolien et au photovoltaïque, a souligné mardi le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci sur CNews et Europe 1.”Un moratoire sur les énergies renouvelables, ce serait d’abord un moratoire sur l’emploi. Ça veut dire plein de projets d’investissement qui vont s’arrêter, ça veut dire des filières entières qui vont licencier”, a déclaré le ministre.Ses propos interviennent le jour où le Sénat doit examiner la proposition de loi du sénateur Les Républicains Daniel Gremillet (Vosges) qui divise le camp macroniste et la droite depuis que le patron des Républicains Bruno Retailleau, membre du gouvernement, a plaidé pour la fin des “subventions publiques” pour l’éolien et le photovoltaique.”Je note qu’il (Bruno Retailleau, NDLR) a défendu les éoliennes par le passé lorsqu’il était président du conseil général de Vendée”, a relevé M. Ferracci.Évoquant les usines de Cherbourg, Saint-Nazaire, ou du Havre où sont fabriquées ou assemblées des pâles et composants d’éoliennes, le ministre a fait valoir les “8.000 emplois” de la seule filière des éoliennes en mer.”Si on étend cela à toutes les énergies renouvelables, le photovoltaïque, ce sont des dizaines de milliers d’emplois, a-t-il ajouté.Sans jamais prononcer le mot de climat, le ministre a souhaité la fin de la “guerre de religion” entre nucléaire et renouvelables. Il a notamment souligné l’enjeu de “souveraineté énergétique” de l’éolien et du photovoltaïque.”Aujourd’hui, nous avons besoin d’électrifier nos usages pour moins dépendre du gaz et du pétrole: 60% de notre consommation énergétique, c’est du gaz et du pétrole importé, c’est 70 milliards d’euros de déficit sur notre balance commerciale et c’est une dépendance vis-à -vis de la Russie” notamment, a-t-il fait valoir.”Certaines énergies renouvelables, l’éolien terrestre en particulier, sont aussi compétitifs — autour de 70 euros du megawattheure pour le coût de production — que le nucléaire existant”, a-t-il ajouté. “Le sujet c’est électricité décarbonée contre énergie fossile. Moi, ce que je veux, c’est qu’on sorte de la dépendance au gaz et au pétrole que nous importons”, a-t-il dit.Devant les sénateurs l’après-midi, le ministre a par ailleurs rappelé l'”ambition claire du gouvernement” de publier le décret de la programmation pluriannuelle de l’énergie, très attendu des acteurs de l’énergie, “avant la fin de l’été”, sans attendre la 2e lecture de la proposition de loi Gremillet à l’Assemblée nationale.”C’est indispensable pour donner de la visibilité aux porteurs de projets, indispensable pour lancer les appels d’offres pour l’éolien en mer (…), indispensable pour que nos industriels investissent, que nos territoires planifient”, a justifié le ministre. La 2e lecture de la proposition de loi Gremillet à l’Assemblée nationale devrait avoir lieu les 22 et 23 septembre, ce qui permet d’envisager une adoption définitive de la proposition de loi autour de la mi-octobre, selon plusieurs parlementaires.Or le Sénat et son président Gérard Larcher ont plaidé ces derniers jours pour que le gouvernement attende la fin des débats parlementaires pour publier le décret. Le ministre a assuré que cette “programmation serait aménagée par rapport à celle qui a été mise en consultation en mars 2025 pour tenir compte des débats parlementaires et des votes”.Â
Agriculture, énergie: l’écologiste Jadot fustige une droite “ivre de son pouvoir”
Retour d’un pesticide, priorité au nucléaire contre les renouvelables: le sénateur écologiste a épinglé mardi une “droite ivre de son pouvoir” et dénoncé le “climato-scepticisme bas du front” du patron des Républicains Bruno Retailleau.Un an après avoir “perdu les élections” législatives, “la droite dans notre pays est ivre de son pouvoir”, a déclaré M. Jadot sur Public Sénat.”Ils n’ont de comptes à rendre à personne (…) Ils tapent sur Macron comme s’ils n’appartenaient pas au gouvernement, et puis ils sortent des lois, les unes après les autres, sans études d’impact”, a poursuivi le sénateur de Paris.L’élu écologiste a pris pour exemple le texte de son collègue LR Daniel Gremillet sur la programmation énergétique, qui prévoit une relance massive du nucléaire avec la construction de 14 nouveaux réacteurs “pour une somme astronomique” et “qui ne seront jamais installés avant 2040″.”Et en attendant, on fait quoi? On combat les énergies renouvelables”, a déploré M. Jadot, en référence notamment à la récente tribune signée par M. Retailleau pour stopper les subventions à l’éolien et au solaire, preuve selon lui d’un “climato-scepticisme bas du front”.Logique également à l’oeuvre, de son point de vue, dans la loi agricole d’un autre sénateur LR, Laurent Duplomb, dont la mesure phare prévoit de réautoriser un pesticides de type néonicotinoïde.Un produit “tueur d’abeilles” et qui “génère des maladies neuro-dégénératives” ainsi que des cancers, a souligné M. Jadot, regrettant “une forme d’affaissement de la relation à la science”.Cette loi “qui sert une ultra minorité des agriculteurs qui vit très bien” illustre selon lui “un débat qui s’effondre du point de vue de sa rationalité, de sa base scientifique”.
Le député LR Olivier Marleix a mis fin à ses jours
Olivier Marleix, député LR d’Eure-et-Loir, a mis fin à ses jours, lundi, à son domicile d’Anet, suscitant la stupéfaction et une vague d’hommages dans l’ensemble de la classe politique.De grande stature, fossette au menton et le front dégarni, l’ancien patron du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale (2022-2024), âgé de 54 ans, était père de deux filles. Il était le fils de l’ancien secrétaire d’Etat et baron politique du Cantal Alain Marleix.Peu avant 15H00, les gendarmes, alertés par l’assistante parlementaire du député et par la maire d’Anet, “toutes les deux inquiètes de l’absence de ce dernier à des rendez-vous prévus le matin en Eure-et-Loir et de son absence ensuite à l’Assemblée nationale”, pénétraient dans son domicile. Ils “découvraient son corps inanimé, pendu (…) dans une chambre à l’étage de la maison”, selon un communiqué du procureur de Chartres, Frédéric Chevallier.Au terme des premières constatations médico-légales, “il peut être exclu l’intervention d’un tiers dans la survenance de la mort du député, la piste du suicide étant par conséquent privilégiée”, a-t-il ajouté. Une autopsie sera pratiquée mercredi matin.”Un téléphone et des ordinateurs” ont été saisis en vue d’être rapidement analysés mais “en l’état, aucun écrit n’a été retrouvé pouvant intéresser l’enquête”, selon la même source.Le président Emmanuel Macron, qui a souvent été la cible des attaques virulentes d’Olivier Marleix, a rendu hommage à un “homme politique d’expérience” qui “défendait ses idées avec conviction” dans un message sur le réseau social X.Souverainiste assumé, le député d’Eure-et-Loir avait notamment fustigé la vente controversée en 2014 de la branche énergie d’Alstom à l’américain General Electric, alors que le chef de l’Etat était ministre de l’Economie. Après avoir présidé une commission d’enquête sur ce rachat, Olivier Marleix avait saisi la justice en 2019, s’interrogeant sur le rôle joué par Emmanuel Macron.  De son côté, le Premier ministre François Bayrou a exprimé, sur le même réseau social, sa “stupéfaction” et son “immense tristesse”, reconnaissant que “l’on ne se rend jamais compte de la fragilité des êtres humains…” A l’Assemblée, où Olivier Marleix siégeait depuis 2012, l’annonce de sa mort a bouleversé les députés qui ont observé une minute du silence.C’est la quatrième fois sous la Ve République qu’un député se suicide, après Aymeric Simon-Lorière en 1977, Pierre Bérégovoy en 1993 et Jean-Marie Demange en 2008.- Hommage prévu à l’Assemblée -Après avoir salué la mémoire d’un homme “droit, rigoureux, profondément humain”, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, proposera mardi à la conférence des présidents de la chambre basse qu’un hommage soit rendu à Olivier Marleix à 15H00. Proche de l’ex-Premier ministre Michel Barnier, le député avait soutenu ce printemps la candidature de Bruno Retailleau à la présidence des Républicains face à Laurent Wauquiez, lequel lui avait succédé l’an dernier à la présidence des députés LR.”Nous n’oublierons pas l’homme de conviction, défenseur inlassable de l’intérêt général dont la vision tirait vers le haut le débat public”, a réagi le député de Haute-Loire.L’ex-chef de l’Etat Nicolas Sarkozy a rendu hommage à celui qui fut son conseiller technique à l’Elysée, “un collaborateur précieux, un soutien fidèle dont l’engagement ne m’a jamais fait défaut”.Dans un communiqué à l’AFP l’ancien Premier ministre Edouard Balladur a salué “un grand parlementaire aux qualités reconnues par tous”, qui “avait les capacités d’un homme de gouvernement”.Parmi ses adversaires politiques aussi, beaucoup ont salué la mémoire de cette figure de l’Assemblée.A l’image de l’ancien président socialiste François Hollande qui a fait valoir que la “fidélité pour son parti ne le détournait pas du respect qu’il affichait avec élégance pour les idées qui n’étaient pas les siennes”.- “Toujours respectueux” -“Il fut un élu de terrain, rigoureux, engagé au service de ses idées”, a ainsi réagi Marine Le Pen, présidente du groupe RN, tandis que Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, a rendu hommage à “un adversaire politique toujours respectueux, une voix singulière, attachée à défendre la souveraineté industrielle de la France”.Le patron de Renaissance, Gabriel Attal, a décrit “un homme de passion et de conviction, défendant avec sincérité ses idéaux”. Entré en politique au mitan des années 90, Olivier Marleix s’était ensuite implanté en Eure-et-Loir, loin de la circonscription auvergnate de son père. Conseiller général de ce département de 2008 à 2014, il s’était retrouvé il y a un an en ballottage défavorable face à un candidat du RN au premier tour des législatives anticipées, avant de s’imposer au second. pab-arz-sac-mas/mb/swi
Gestion du Covid-19: non-lieu pour trois ex-membres du gouvernement, dont Edouard Philippe
Cinq ans après le début des investigations menées à la Cour de justice de la République (CJR) sur la gestion du Covid-19, trois ex-membres du gouvernement, dont Edouard Philippe, ont bénéficié lundi après-midi d’un non-lieu.”La commission d’instruction de la CJR a rendu une décision de non-lieu”, a annoncé Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation, dans un bref communiqué, sans détailler les motivations des magistrats.Cette décision n’est pas une surprise.Le non-lieu requis en mai par le ministère public en faveur de l’ancien Premier ministre (mai 2017-juillet 2020), de l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn (mai 2017–février 2020) et de son successeur Olivier Véran (février 2020-mai 2022) éloignait la perspective d’un procès, même s’il revenait à la commission d’instruction de la CJR de trancher.”C’était attendu”, a simplement réagi Mme Buzyn, sollicitée par l’AFP.”On a fait le maximum de ce qu’il était possible de faire à l’époque (…) pour sauver le maximum de vies”, a-t-elle dit à Libération ensuite.”La CJR ne s’est pas penchée que sur les ministres, pas sur les éventuelles responsabilités, l’impréparation et le manque de réactivité d’autres personnes”, a-t-elle ajouté, pointant du doigt la “passivité initiale d’autres institutions, comme le président de l’Ordre des médecins” ou l’écho reçu par le professeur Didier Raoult.M. Véran a évoqué de son côté dans un communiqué “un non-lieu sans joie ni soulagement”, disant qu’il “n’effacera ni les menaces de mort, ni les insultes”, et adressant ses pensées aux victimes, à leurs familles et aux soignants.M. Philippe n’a pas encore réagi, ni son avocat.La CJR est la seule juridiction habilitée à poursuivre et juger les membres du gouvernement – Premiers ministres, ministres et secrétaires d’Etat – pour les crimes et délits commis dans l’exercice de leurs fonctions.L’information judiciaire avait été ouverte en juillet 2020 pour mise en danger de la vie d’autrui et abstention volontaire de combattre un sinistre, à la suite d’une série de plaintes (médecins, patients, syndicats…) dénonçant une mauvaise anticipation du gouvernement ou des mesures tardives.Selon Santé publique France, 168.000 personnes sont décédées du Covid-19 entre 2020 et septembre 2023, date à laquelle l’Organisation mondiale de la santé a mis fin à l’urgence sanitaire mondiale.Les trois politiques avaient été placés sous le statut de témoin assisté. La Cour de Cassation avait annulé en janvier 2023 la mise en examen de Mme Buzyn, pour mise en danger de la vie d’autrui.- “Nombreuses initiatives” -Rémy Heitz, qui exerce les fonctions de ministère public à la CJR, avait expliqué en mai que les investigations qui ont porté sur le premier semestre 2020 avaient établi que “de nombreuses initiatives (avaient) été prises par le gouvernement pour combattre la pandémie de Covid-19, faisant obstacle à ce que l’infraction d’abstention volontaire de combattre un sinistre soit constituée à l’encontre” de MM. Philippe et Véran. Concernant Mme Buzyn, le parquet général avait relevé qu’elle avait quitté ses fonctions le 16 février 2020, soit avant le premier décès d’un malade contaminé, neuf jours plus tard.D’après ces réquisitions dont l’AFP a eu connaissance, si les mesures prises “n’ont pas été suffisantes pour éviter des drames qui ont endeuillé de nombreuses familles”, le code pénal “ne vise pas à réprimer une politique publique qui n’aurait pas atteint entièrement son objectif”, “mais des individus qui volontairement ont refusé de prendre toute mesure de nature à combattre un sinistre”.”Tel n’est pas le cas de M. Philippe et de M. Véran, qui, chacun a leur niveau ont combattu l’épidémie dès son émergence en France”.- “Excessive centralisation” -“Il n’appartient pas au juge pénal de porter un jugement sur la pertinence” des choix faits, issus parfois d'”arbitrages entre des objectifs d’intérêt général opposés” et dans un contexte “de connaissances scientifiques en constante évolution”, avait estimé le parquet général. Si les masques ont en particulier manqué aux soignants du milieu libéral en mars 2020, cela résultait d’un “choix” gouvernemental de “prioriser les services hospitaliers” et non d’une “abstention d’agir”.Le confinement, jugé trop tardif par des plaignants, est aussi un “choix politique” pour “arbitrer entre différents objectifs”: “la santé publique, la liberté d’aller et venir, de travailler”…Cette analyse semble diverger de celle des magistrats de la commission d’instruction qui, même s’ils ont décidé d’un non-lieu, ont souligné “l’excessive centralisation”, “la trop grande complexité des dispositifs administratifs” ou encore “le dimensionnement insuffisant de Santé publique France”, avait relevé le parquet général en mai.Ce dossier nourrira l’information judiciaire ouverte contre X, au Pôle santé publique du tribunal de Paris, pour mise en danger de la vie d’autrui, homicides et blessures involontaires.
Budget: Bercy poursuit son tour de table des groupes politiques avec la gauche
Bercy a poursuivi son tour de table des groupes politiques lundi en recevant des représentants du Parti socialiste (PS) et des communistes qui se sont dits “prêts à faire un pas”, avant l’annonce des orientations budgétaires du Premier ministre le 15 juillet, tandis que le gouvernement est toujours en quête de 40 milliards d’euros d’économies.Après le sénateur centriste Hervé Marseille dans la matinée, le ministre de l’Economie Eric Lombard a rencontré des représentants du PS et du Parti communiste ainsi que le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale Eric Coquerel (LFI).Interrogé à l’issue de son entretien avec M. Lombard sur l’hypothèse d’une “année blanche”, régulièrement avancée pour 2026 par le gouvernement – qui n’en a pas précisé le périmètre -, M. Coquerel a affirmé qu’elle pourrait se traduire par “une vraie année blanche pour les budgets de l’Etat, et moins de dépenses” concernant les collectivités locales et la Sécurité sociale. “Sur le reste, tout ce qui est gel de pension, etc., ce n’est pas décidé”, a-t-il ajouté. Ces consultations avec les groupes politiques sont prévues jusqu’au 11 juillet, alors que le gouvernement, dépourvu de majorité au Parlement, ambitionne un effort budgétaire de 40 milliards d’euros dans le cadre du projet de budget pour 2026 afin de réduire le lourd déficit du pays, attendu à 5,4% du PIB en 2025 puis 4,6% en 2026. M. Lombard “nous a donné quelques éléments, à dire vrai très légers, sur la situation économique, et sur les grands équilibres qu’il entendait proposer au Premier ministre” François Bayrou pour 2026, a déclaré à la presse le président des députés PS, Boris Vallaud, à l’issue de la réunion.”Nous serons vigilants pour que les efforts ne soient pas demandés aux mêmes” et pour “que soient mis à contribution celles et ceux qui depuis trop longtemps sont les passagers clandestins de la solidarité nationale”, a-t-il poursuivi. “J’ai dit à (M. Lombard) que, s’il voulait un dialogue, il fallait que l’un et l’autre avance, qu’il y ait une main tendue et que chacun fasse un pas”, a dit à l’issue de la rencontre le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.”On est prêts à faire un pas, à discuter, on ne demande pas tout notre programme”, a-t-il assuré, réclamant “des gestes en faveur du pouvoir d’achat, de la lutte contre la vie chère”, et annonçant que les communistes allaient adresser à Bercy “un courrier précis avec des mesures précises”.Le ministère a indiqué à l’AFP que la cheffe du groupe la France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, avait également été invitée à participer à ces rencontres cette semaine, sans préciser la date. Les Insoumis avaient boudé des réunions similaires en janvier, pour la préparation du budget 2025, même si M. Coquerel était venu en tant que président de la Commission des Finances de l’Assemblée.Le député des Bouches-du-Rhône et représentant d’Eric Ciotti (UDR), Gérault Verny, doit lui être reçu mardi à midi. Le ballet des consultations avait repris la semaine dernière avec notamment la venue d’un allié de M. Ciotti, le député Rassemblement national (RN) Jean-Philippe Tanguy mercredi. Le même jour, plusieurs sources indiquaient que le Premier ministre, dont les orientations budgétaires doivent être présentées le 15 juillet, pourrait lancer un appel à propositions aux groupes politiques pour certaines économies.Â
Après le décès d’Olivier Marleix, l’Assemblée en “état de choc”
La rumeur de son décès bruissait déjà sur les groupes Whatsapp du microcosme politique parisien, quand les portables des journalistes et agents de l’Assemblée nationale se sont mis à vibrer de concert dans la salle des Quatre-Colonnes.”C’est Olivier Marleix… Il s’est donné la mort”, glisse un agent à sa collègue, stupéfait, en lui montrant la notification sur son téléphone.”Je ne comprends pas… je l’ai vu ici la semaine dernière, il avait l’air d’aller bien”, murmure un journaliste, abasourdi.Quelques mètres plus loin, derrière les cordons de velours rouge, la nouvelle de la mort du député LR se propage dans l’hémicycle.En plein examen de la loi pour réformer le mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille, la vice-présidente Naïma Moutchou, qui dirige la séance, demande le silence alors qu’un murmure confus s’élève dans les travées.”Mes chers collègues, une terrible nouvelle (…) vient de me parvenir, par décence et par respect, dans l’attente d’une confirmation, je vais suspendre la séance”, annonce la députée Horizons depuis le perchoir.Quelques minutes plus tard, la voix tremblante, elle confirme le décès de M. Marleix, âgé de 54 ans. “C’est une onde de choc”, dit la vice-présidente avant d’observer avec ses collègues un moment de silence, et de suspendre à nouveau. Dans un recueillement total, les députés quittent l’hémicycle un à un, le regard baissé. Certains ont les yeux humides, comme Jérôme Guedj (PS) ou Erwan Balanant (MoDem). Les journalistes, d’ordinaire prompts à solliciter les élus pour la moindre réaction, restent figés. Par respect, aucun n’ose interpeller un parlementaire.Peu à peu, le Palais Bourbon sort de sa torpeur, aidé par les groupes de visiteurs qui continuent leur ballet, sans se rendre compte de la profonde tristesse qui s’est emparée des lieux.- “Sidérés” -“Ici tous les collègues, tous les collaborateurs qui l’ont connu sont en état de choc”, confie le député LR Vincent Jeanbrun à un groupe de journalistes. “On est sidérés”. “Je ne suis député que depuis un an et il a tout de suite été là à prodiguer des conseils, expliquer comment ça fonctionnait. (…) j’avais une vraie admiration en tant que jeune parlementaire, pour son parcours, pour son talent”, dit-il. Car, au Palais Bourbon, Olivier Marleix n’était pas un débutant: il y siégeait depuis 2012, et a même été entre 2022 et 2024 le patron du groupe de la droite. Dans l’hémicycle, la séance reprend, et les discours à la tribune des orateurs, sur la réforme du scrutin municipal, prennent des allures d’oraison funèbre. Le député de son groupe Nicolas Ray est le premier à prendre la parole: “Olivier a été mon premier président de groupe”, dit-il la gorge serrée, tentant de dénouer un peu sa cravate pour mieux s’exprimer. “Ironie du sort, Olivier était très engagé sur ce texte, très opposé à cette réforme en première lecture”, à contre-courant de son groupe, rappelle-t-il devant un hémicycle bouleversé.Â
Le Parlement français autorise la restitution du tambour parleur à la Côte d’Ivoire
Volé il y a plus d’un siècle par la France, le tambour parleur Djidji Ayôkwé s’apprête à retrouver la Côte d’Ivoire. Le Parlement a autorisé lundi cette restitution, six ans après la demande officielle d’Abidjan.Mesurant trois mètres de long et pesant 430 kg, cet instrument sacré servait à transmettre des messages rituels et à alerter les villageois, par exemple lors des opérations de recrutement forcé ou d’enrôlement militaire. Saisi en 1916 par les autorités coloniales auprès de l’ethnie ébrié, il avait été envoyé en France en 1929, exposé au musée du Trocadéro puis à celui du quai Branly. Restauré en 2022, il est aujourd’hui conservé, dans l’attente de son retour.Sa restitution répond à un engagement pris par Emmanuel Macron en 2021.”Le retour du Djidji Ayôkwè, s’intègre dans une vision plus large : celle d’une réappropriation culturelle qui se traduit entre autres par la réhabilitation du musée des Civilisations de Côte d’Ivoire et un partenariat scientifique avec le musée du quai Branly – Jacques Chirac”, a déclaré dans un communiqué le ministère ivoirien de la Culture.”Tout est prêt : la scénographie, la mise en récit, la salle pour l’accueillir. Au Musée des Civilisations les travaux sont en cours de finalisation. Le tambour devait revenir pour la fête de l’indépendance (le 7 août, NDLR), mais il va peut-être falloir attendre un peu plus”, dit à l’AFP Silvie Memel Kassi, experte chargée du retour des biens culturels au ministère de la Culture ivoirien.La proposition de loi adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale, comme elle l’avait été au Sénat fin avril, doit permettre de “déclasser” ce bien culturel, en dérogeant au principe d’inaliénabilité des collections publiques.La Côte d’Ivoire avait officiellement formulé sa demande en 2019. “Mais les communautés locales le réclament depuis l’indépendance”, souligne Serge Alain Nhiang’O, fondateur de l’association Ivoire Black History Month, à Abidjan. C’est le premier objet d’une liste de 148 Å“uvres dont la Côte d’Ivoire a demandé la restitution à la France, et son retour “pourrait devenir un symbole très fort”, dit-il.Du côté français, cette restitution est perçue comme un acte de reconnaissance. “Le retour du tambour contribuera à la réparation d’une extorsion commise à l’époque coloniale, le témoin de notre prise de conscience”, a affirmé le député Bertrand Sorre (Renaissance), rapporteur du texte.Mais il met aussi en lumière la lenteur du processus français. À ce jour, seules 27 Å“uvres ont été officiellement restituées à des pays africains depuis une loi votée en décembre 2020, qui a permis le retour des 26 trésors d’Abomey au Bénin et du sabre d’El Hadj Omar au Sénégal.- “A la traîne” -Considérée comme pionnière, la France apparaît à présent à “la traîne” par rapport à d’autres pays occidentaux, estime l’anthropologue Saskia Cousin, professeure à l’université de Nanterre, citant par exemple l’Allemagne, qui a enclenché un vrai travail d’inventaire des Å“uvres dans les musées, contrairement à la France, où “il y a clairement une rétention d’informations”.En outre, les rapatriements se font au compte-gouttes, en l’absence d’une loi-cadre promise par le chef de l’Etat et devenue un “serpent de mer”, explique Mme Cousin. Elle permettrait d’éviter un texte spécifique à chaque restitution.En 2023, la France a adopté deux lois-cadres: l’une pour restituer les biens spoliés aux familles juives entre 1933 et 1945, l’autre pour encadrer le retour des restes humains issus des collections publiques. Mais la troisième loi, annoncée pour les objets pillés pendant la colonisation, n’a toujours pas vu le jour.”Je sais que l’essentiel des attentes se porte aujourd’hui vers la loi cadre”, a déclaré, à la tribune, la ministre de la Culture Rachida Dati, affirmant que le gouvernement présentera ce texte “d’ici la fin du mois de juillet”, avec un examen en première lecture au Parlement “dès l’automne”.Mme Dati, qui avait déclaré en mars ne pas souhaiter que ce texte serve de “repentance idéologique”, a redit lundi vouloir éviter “toute instrumentalisation des débats”.A la tribune, des députés de gauche ont au contraire appelé la France à ouvrir grand la porte sur son passé colonial.  “La domination ne s’efface pas avec le temps, et elle se perpétue tant qu’elle n’est pas reconnue, réparée”, a déclaré l’écologiste Sabrina Sebaihi.”Tout ce qui a été pillé et volé doit être restitué comme autant de preuves tangibles que la France sait regarder son passé en face”, a-t-elle ajouté. Le député Les Républicains Sébastien Martin, tout en appelant de ses vÅ“ux la restitution du tambour, a rappelé l’attachement de son groupe à ce que la “France demeure un carrefour universel de la culture”, avec des musées comme le Quai Branly ou le Louvre, où “le patrimoine mondial est rendu visible au plus grand nombre, où il est protégé et transmis”.
Olivier Marleix, nostalgique du gaullisme et fervent antimacroniste
Nostalgique du gaullisme et souverainiste assumé, le député LR Olivier Marleix, qui a mis fin à ses jours lundi à l’âge de 54 ans, s’était illustré par son opposition au macronisme, dont il avait fait une critique virulente dans un livre.Père de deux filles, le député était aussi le fils du ministre Alain Marleix, qui avait occupé des postes ministériels sous Nicolas Sarkozy et était un des plus fins connaisseurs de la carte électorale.  Soutien d’Edouard Balladur en 1995, Olivier Marleix était un homme plutôt discret à l’élégance classique. Il a été élu pour la première fois en 2012 à l’Assemblée nationale en Eure-et-Loir, loin de la circonscription du Cantal de son père.Pince sans rire, cet homme à la haute stature et au crâne dégarni, avait paradoxalement bénéficié des défaites de son parti pour atteindre d’importantes responsabilités parlementaires.En 2022, après la déroute électorale de Valérie Pécresse à la présidentielle avec moins de 5% des voix, il avait été propulsé à la tête d’un groupe réduit à une soixantaine de députés qui avaient pour la plupart sauvé leur peau beaucoup plus grâce à leur ancrage local qu’à l’appartenance à un parti complètement groggy.Sa tâche n’a pas été aisée: le groupe LR se montrait souvent divisé, tout particulièrement lors de la réforme des retraites en 2023, où près d’un tiers de ses députés avaient désobéi aux consignes de la direction du parti dirigé alors par Eric Ciotti et avaient voté la censure contre le gouvernement d’Elisabeth Borne. L’influent sénateur LR Roger Karoutchi avait alors accordé à Olivier Marleix le mérite “considérable” d’avoir fait au mieux pour conserver l’unité d’un groupe aussi disparate.Quelques mois plus tard, Olivier Marleix avait toutefois connu un succès personnel avec l’approbation en novembre 2023 de la motion de rejet de la loi sur l’immigration portée par son rival Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, grâce au soutien de 40 de ses députés.- Contre les “liquidateurs” -Lors des législatives anticipées de 2024, il s’était retrouvé à l’issue du premier tour en ballottage défavorable face au candidat du Rassemblement national Olivier Dubois, s’imposant au second avec 57% des voix. A son retour à l’Assemblée, il a toutefois été contraint de céder sa place de patron des députés LR à Laurent Wauquiez, qui avait effectué à cette occasion son retour à l’Assemblée nationale.Lors de l’élection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de la chambre basse le 18 juillet 2024, il s’était présenté ostensiblement avec un livre sous le bras: “La Grande Peur de juillet 1789” de l’historien Jean-Clément Martin. “Il y a dedans tous les éléments d’un moment d’instabilité”, sourit-il. Lorsque le nom de Michel Barnier a commencé à circuler en septembre dernier pour Matignon, il avait défendu l’entrée de LR au gouvernement et s’était aussi chargé de modérer l’enthousiasme des membres de son parti qui exigeaient de nombreux postes au sein de l’exécutif “comme si on avait gagné les législatives”.Depuis 2017, Olivier Marleix s’est souvent érigé en un anti-macroniste farouche, saisissant la justice en 2019 après avoir présidé la commission d’enquête sur le rachat controversé de la branche énergie d’Alstom par l’américain GE, finalisé alors que le chef de l’Etat était ministre de l’Economie.”Il a une véritable haine pour Emmanuel Macron”, mais aussi pour les ex-LR partis rejoindre la majorité, tels Gérald Darmanin qu’il accuse régulièrement de mentir, ou l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, explique un proche du parti.Il avait d’ailleurs publié un livre en 2021 intitulé “Les liquidateurs” et sous-titré “Ce que que le macronisme inflige à la France et comment s’en sortir”.