AFP Politics

Macron appelle les Français au “courage” face à un “monde de dangers”

Emmanuel Macron a prévenu solennellement les Français, dans une allocution mercredi soir, qu’il faudra “des réformes, du choix, du courage”, dans la “nouvelle ère” qui s’esquisse face à un rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie, potentiellement aux dépens de l’Europe et de l’Ukraine.”Face à ce monde de dangers, rester spectateur serait une folie”, a lancé le chef de l’Etat dans un discours télévisé d’une quinzaine de minutes, à la veille d’un sommet crucial de l’Union européenne (UE) à Bruxelles pour acter un renforcement massif de la défense continentale.Le président avait choisi de s’adresser à son pays afin, selon son entourage, de répondre à “une angoisse très forte chez les Français”.Il a tenté de mettre des mots sur la bascule géopolitique en cours depuis que le président américain Donald Trump a renoué le dialogue avec son homologue russe Vladimir Poutine, décidé à mettre fin à tout prix à la guerre en Ukraine plus de trois ans après le début de l’invasion par la Russie. “L’avenir de l’Europe n’a pas à être tranché à Washington ou à Moscou”, a lancé le président.”Je veux croire que les États-Unis resteront à nos côtés. Mais il nous faut être prêts si tel n’était pas le cas”, a expliqué Emmanuel Macron, décrivant une “menace russe” qui “nous touche” avec une “agressivité” qui “ne semble pas connaître de frontières”.Il s’est réjoui de voir l’UE franchir jeudi à Bruxelles “des pas décisifs” pour investir des centaines de milliards d’euros dans la défense européenne, en prenant des décisions que “la France proposait depuis plusieurs années”.- “Des choix, du courage” -Mais il s’agira aussi d’un effort budgétaire difficile eu égard aux finances publiques très dégradées de la France, a-t-il laissé entendre. Renforcer les armées signifiera faire des “investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables”, mais “sans que les impôts ne soient augmentés”, a-t-il promis.”Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage”, a-t-il martelé, appelant la classe politique et les partenaires sociaux à proposer des “solutions de demain” qui “ne pourront être les habitudes d’hier”.”La patrie a besoin de vous et de votre engagement”, a encore dit le chef de l’Etat à ses compatriotes, vantant “la force d’âme d’une nation”.Si “le soutien à l’Ukraine est un impératif”, cela ne peut passer “par de nouveaux sacrifices pour les Français”, a réagi le patron du PS Olivier Faure sur X, et la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier a jugé que “sans augmenter les impôts des plus riches, Emmanuel Macron ne pourra ni financer cet effort de guerre ni le faire accepter à la population”.Le président “veut nous faire peur pour imposer au peuple une nouvelle salve de sacrifices sociaux”, a dénoncé le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard.A la manoeuvre ces dernières semaines, avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, pour organiser l’unité des Européens et tenter de maintenir le dialogue transatlantique, il a annoncé une réunion la semaine prochaine à Paris des “chefs d’état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités” pour garantir une future paix en Ukraine, y compris, “peut-être, par le déploiement de forces européennes”.S’il a confirmé vouloir “ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen”, il a assuré que la décision d’engager l’arme nucléaire “a toujours été et restera entre les mains du président de la République”.- Des tarifs “incompréhensibles” -Juste après son allocution, Emmanuel Macron a reçu à dîner le Premier ministre hongrois Viktor Orban, soutien de Donald Trump et Vladimir Poutine, et l’une des voix les plus dissonantes dans l’UE.Après une altercation spectaculaire entre le président américain et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, vendredi dans le Bureau ovale, et l’annonce, lundi, du gel de l’aide militaire américaine à Kiev, le dialogue semble se réengager.Emmanuel Macron s’est entretenu avec les deux hommes, et mardi soir, dans un discours devant le Congrès américain, le locataire de la Maison Blanche a dit avoir reçu une lettre de Volodymyr Zelensky manifestant sa volonté de négocier “dès que possible” une “paix durable” avec la Russie.Le dirigeant ukrainien avait exprimé cette intention quelques heures auparavant en proposant de commencer par une “trêve dans les airs” et “en mer”, reprenant une option avancée par le président français.La possibilité d’un nouveau déplacement “à court terme” du duo franco-britannique à Washington, avec Volodymyr Zelensky, a même été évoquée mercredi matin par la porte-parole du gouvernement français, mais aussitôt démentie par l’Elysée.Au-delà du dossier ukrainien, Emmanuel Macron a dit qu’il espérait encore “dissuader” Donald Trump de mettre à exécution sa menace de “tarifs douaniers sur les marchandises européennes”, “décision incompréhensible tant pour l’économie américaine que pour la nôtre”.

L’ex-ministre macroniste Clément Beaune nommé Haut-commissaire au plan

L’ex-ministre macroniste Clément Beaune a été nommé mercredi Haut-commissaire au Plan, l’ancien poste de François Bayrou vacant depuis sa nomination à Matignon, a annoncé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, à l’issue du Conseil des ministres.L’ancien ministre des Affaires européennes dirigera une institution chargée des réflexions prospectives du gouvernement et fusionnée avec France Stratégie.La porte-parole a ajouté que l’ex-ministre de la Transition écologique Barbara Pompili avait été nommée de son côté ambassadrice à l’environnement.Enarque et macroniste historique, Clément Beaune, 43 ans, a occupé successivement les fonctions de ministre délégué chargé de l’Europe de 2020 à 2022, puis ministre délégué chargé des Transports de 2022 à 2024.Il appartient à l’aile gauche de la macronie et avait manifesté des désaccords avec la loi sur l’immigration présentée par le gouvernement d’Elisabeth Borne votée au début de l’année 2024. Il n’avait ensuite pas été reconduit dans l’équipe de Gabriel Attal.Lors des élections législatives anticipées de juillet 2024, il avait été battu à Paris par le socialiste Emmanuel Grégoire.Barbara Pompili, 49 ans, avait été ministre de la Transition écologique de 2020 à 2022. Ancienne membre du parti Europe-Ecologie-Les Verts, elle avait été secrétaire d’Etat à la Biodiversité sous les gouvernements de gauche de Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, avant d’être réélue aux législatives de 2017 avec le soutien des macronistes.

Prison pour les plus gros narcotrafiquants: Darmanin annoncera son choix jeudi

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin annoncera jeudi soir quelle prison accueillera d’ici à fin juillet les cent narcotrafiquants les plus dangereux, auxquels il veut appliquer un nouveau régime carcéral d’isolement extrêmement strict.Le garde des Sceaux dévoilera son choix pour cette future prison de haute sécurité spécialisée au journal télévisé de 20H00 de France 2 jeudi, une annonce décalée de 24 heures en raison de l’allocution du président Emmanuel Macron mercredi soir sur la situation internationale.Quatre prisons sont en lice: Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), la maison centrale de Saint-Maur (Indre), le centre pénitentiaire d’Alençon-Condé-sur-Sarthe (Sarthe) et la maison centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône).M. Darmanin a visité les quatre établissements ces dernières semaines. Lors de sa dernière visite vendredi, à la maison centrale de Saint-Maur (Indre), il a présenté un calendrier prévisionnel d’ici à son ouverture prévue le 31 juillet: “un mois, un mois et demi de travaux, notamment de travaux technologiques pour ne pas qu’on communique vers l’extérieur, d’y revoir les services informatiques, et l’intégralité du site”.Cette période devra être utilisée pour “former les agents, faire les recrutements qu’il faut”, renforcer les hôpitaux, “la police et la gendarmerie”, mais aussi “le tribunal et la cour d’appel” de la zone concernée.”Puis, l’arrivée des prisonniers” est prévue “entre mai et juin, pour que le 31 juillet, de façon définitive (…) les 100 premiers narcotrafiquants” soient accueillis.En attendant, le narcotrafiquant Mohamed Amra, qui était l’homme le plus recherché de France et a été arrêté en Roumanie, a été incarcéré dans le centre déjà ultra-sécurisé de Condé-sur-Sarthe après sa remise à la France.Son cas, après son évasion sanglante qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires en mai 2024, a plusieurs fois été invoqué par M. Darmanin pour justifier la création d’une nouvelle prison destinée aux trafiquants de stupéfiants et fondée sur un nouveau régime carcéral d’isolement inspiré de la lutte anti-mafia en Italie.Dans un amendement à la proposition de loi sur la lutte contre le narcotrafic qui vient d’être déposé, le gouvernement propose des mesures telles que des fouilles intégrales après tout contact avec l’extérieur, des parloirs équipés d’hygiaphone ou encore un accès limité au téléphone. Les détenus pourraient y être affectés sur décision du garde des Sceaux pour une durée de quatre ans, renouvelable.Ces dispositions ont été dénoncées par l’Observatoire international des prisons, qui les juge “attentatoires aux droits fondamentaux”.Le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche) a décliné une invitation à déjeuner mercredi avec Gérald Darmanin, déplorant dans une lettre ouverte l’absence de “consultation préalable des organisations représentatives” pour son plan “narcoprison”.Le SM avait été invité “avec l’ensemble des organisations syndicales pénitentiaires et de magistrats, sans ordre du jour, ni autre élément de contexte”, écrit dans une lettre ouverte Judith Allenbach, présidente du Syndicat de la magistrature.Et ce, “pour le lendemain de votre présentation du plan +narcoprison+ devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, pour lequel vos services n’ont initié aucune consultation préalable des organisations représentatives”, regrette le syndicat. 

Wauquiez juge “très difficile” pour les ministres LR “d’avoir des résultats” avec Macron et Bayrou

Laurent Wauquiez, candidat à la présidence des Républicains, juge qu’il sera “très difficile” pour les ministres de son parti “d’avoir des résultats” dans le gouvernement actuel, prenant l’exemple de son concurrent Bruno Retailleau entravé selon lui dans son action sur l’Algérie par Emmanuel Macron et François Bayrou.Le patron des députés LR s’est dit sur RTL “totalement d’accord avec le discours de fermeté de Bruno Retailleau sur l’Algérie”, mais “on ne lui donne pas les moyens d’avoir des résultats”.M Wauquiez a dénoncé “les choix incompréhensibles” d’Emmanuel Macron qui ne veut pas dénoncer, mais renégocier l’accord de 1968 qui donne un statut particulier aux Algériens en France en matière de circulation, de séjour et d’emploi. “Quand François Bayrou dit +on va faire une évaluation (ndlr, de l’Algérie) pendant deux mois+, on n’a pas besoin d’un conclave pour comprendre que l’Algérie nous humilie”, a-t-il insisté, regrettant que la France “soit dans la soumission et pas suffisamment dans le rapport de forces”. Selon lui, cet exemple justifie sa candidature à la présidence de LR car son rival, Bruno Retailleau, “ne peut pas dire ça” en tant que ministre de l’Intérieur, tenu à la solidarité gouvernementale. “Moi, je peux le dire. Et demain, comme président des Républicains, je pourrai le dire”, a-t-il insisté. Les ministres LR “ont des contraintes, c’est très difficile pour eux d’avoir des résultats. Raison de plus pour avoir une parole de la droite plus libre, plus indépendante, à l’extérieur” du gouvernement, a martelé M. Wauquiez qui veut “refonder la droite sur un projet de rupture avec le macronisme”.

A l’Assemblée, les ministres plaident pour un arsenal contre le narcotrafic devant une gauche inquiète

Érigée en priorité par le gouvernement, la lutte contre le narcotrafic a commencé à être débattue en commission à l’Assemblée nationale mardi, avec une proposition de loi sur laquelle la gauche a émis de nombreuses réserves, notamment au regard des libertés individuelles.Ce texte transpartisan, adopté à l’unanimité au Sénat début février, entend compléter l’arsenal répressif contre le trafic de drogues et prévoit notamment la création d’un parquet spécialisé.Mais les débats promettent d’être plus mouvementés qu’à la chambre haute, avec quelque 500 amendements déposés par les députés. Tout en reconnaissant le “fléau” du narcotrafic, la députée socialiste Colette Capdevielle a alerté: “Attention aux atteintes aux droits de la défense (…), aux atteintes à la vie privée (…), aux droits fondamentaux.” L’examen en commission des Lois, qui devrait se poursuivre jusqu’à vendredi, a commencé mardi après-midi avec l’audition des ministres de la Justice Gérald Darmanin et de l’Intérieur Bruno Retailleau.Le narcotrafic “est à la fois la cause racine de l’hyper violence qu’on voit partout en France” et “une menace existentielle sur nos institutions”, a déclaré ce dernier. “Le moment est venu de reprendre le contrôle.”Il a mis en avant la nécessité de nouvelles techniques spéciales d’enquêtes. Si le texte “devait ressortir sans aucune mesure qui permettrait que nous puissions lutter à armes égales” en matière de nouvelles technologies, “il n’y aurait aucun texte”, a-t-il alerté.L’une des ces techniques, et l’un des principaux points de crispation, imposerait aux plateformes de messagerie chiffrée (Signal, WhatsApp…) d’autoriser l’accès aux correspondances des trafiquants par les services de renseignement.Plusieurs groupes politiques ont déposé des amendements pour supprimer l’article, dont des députés du groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR), dénonçant une “porte dérobée” dangereuse.”Affaiblir le chiffrement ne pénaliserait pas seulement les criminels. Cela exposerait aussi nos citoyens, nos entreprises et nos infrastructures aux cyberattaques”, a mis en garde la ministre chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, Clara Chappaz.- Nouveau régime carcéral -La proposition phare du texte, issu d’une commission d’enquête sénatoriale, consiste en la création d’un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco). Sur le modèle des parquets financier (PNF) et antiterroriste (Pnat), il serait saisi des crimes les plus graves.Un rapport d’étape rendu mardi à Gérald Darmanin a préconisé qu’il soit implanté à Paris -et non Marseille-, avec une entrée en vigueur “pas avant début 2026”.Les prérogatives de ce parquet pourraient à l’avenir être étendues à la cybercriminalité, pour englober le blanchiment d’argent via cryptomonnaies, a déclaré M. Darmanin mardi.Le gouvernement a par ailleurs déposé un amendement visant à créer dans les prisons des quartiers de lutte contre la criminalité organisée, avec fouilles intégrales après tout contact avec l’extérieur, ou encore accès limité au téléphone. Des détenus pourraient y être placés sur décision du garde des Sceaux.Il s’agit “d’isoler les personnes les plus dangereuses”, entre 600 et 800 détenus, a dit le ministre de la Justice. Un tel régime serait “attentatoire aux droits fondamentaux”, a toutefois mis en garde l’Observatoire international des prisons (OIP).M. Darmanin a annoncé avoir saisi le Conseil d’Etat sur cette question, pour éventuellement modifier le texte en séance.- “Dossier-coffre” -Parmi les autres mesures du texte: la fermeture administrative de commerces soupçonnés d’agir comme “blanchisseuses”, la création d’une procédure “d’injonction pour richesse inexpliquée” pour obliger les suspects à s’expliquer sur leur train de vie, ou encore la possibilité pour les préfets de prononcer des “interdictions de paraître” sur les points de deal.Un article prévoit de rendre possible l’activation à distance d’un appareil électronique (micro, caméra…). Un dispositif censuré par le passé par le Conseil constitutionnel pour atteinte à la vie privée.Autre disposition décriée, la création d’un “procès-verbal distinct”, surnommé “dossier-coffre”, pour ne pas divulguer certaines techniques d’enquête sensibles. Une mesure faisant craindre des atteintes aux droits de la défense.Face à des “organisations professionnelles”, “il faut faire très attention de ne pas livrer des noms” d’informateurs ou d’enquêteurs, a plaidé le ministre de l’Intérieur. “Votre logique est celle d’un élargissement des moyens techniques au mépris du respect des droits”, a rétorqué le député La France insoumise Antoine Léaument.Le texte doit arriver dans l’hémicycle la semaine du 17 mars, avant un vote solennel prévu le 25 mars. 

Mort de Jean-Louis Debré, grand témoin de la Ve République, de l’Assemblée au Conseil constitutionnel

Un nom de famille irrémédiablement lié à la Ve République: Jean-Louis Debré, proche de l’ancien président Jacques Chirac, ex-président de l’Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel, est décédé dans la nuit de lundi à mardi à l’âge de 80 ans.La famille de l’ancien élu de l’Eure a annoncé le décès mardi matin à LCI, dirigée par l’un de ses fils, le journaliste Guillaume Debré. L’actuelle présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déploré la perte d’un “immense serviteur de l’État”, évoquant “un amoureux de la République”.L’Assemblée nationale lui a rendu hommage et respecté une minute de silence avant la séance de questions au gouvernement. Le Sénat le fera également.”Jean-Louis Debré a consacré sa vie à une certaine idée de la France”, a réagi sur X le président Emmanuel Macron, saluant “un homme de droit et de droiture”.Le chef du gouvernement, François Bayrou, a souligné son “esprit particulier” et “la profondeur” de son “engagement”.”C’était un personnage truculent et assez unique (…) héritier d’une grande famille politique”, a commenté sur France Inter l’ancien Premier ministre et maire du Havre, Édouard Philippe.Le fils de Michel Debré, rédacteur de la Constitution de la Ve République et premier chef de gouvernement de Charles de Gaulle en 1959, était un proche de Jacques Chirac, dont il fut conseiller dès les années 1970.L’ancien patron des députés LR (ex-UMP, ex-RPR), Christian Jacob, a salué “le fidèle grognard de Jacques Chirac, celui qui aura apporté une réelle contribution à la victoire de 1995”.Docteur en droit sans avoir passé le bac, magistrat instructeur puis député (1986), soutien de Jacques Chirac dans sa guerre interne à droite avec Édouard Balladur, il fut nommé ministre de l’Intérieur de 1995 à la dissolution de l’Assemblée nationale de 1997, marquant l’opinion publique par l’évacuation de sans-papiers occupant l’église Saint-Bernard à Paris.Accédant à la présidence de l’Assemblée nationale après la réélection de Jacques Chirac en 2002, y gagna une image plus consensuelle et fut ensuite nommé à la présidence du Conseil constitutionnel (2007-2016).Ses successeurs lui ont rendu hommage, Laurent Fabius mettant en avant “son attachement au service de la République” et Richard Ferrand “son indépendance d’esprit et son humanité”.Parmi de nombreux ouvrages publiés, Jean-Louis Debré raconta son expérience à la tête de l’institution de la rue de Montpensier. Mais aussi ses rapports parfois tendus avec Nicolas Sarkozy, dont le Conseil constitutionnel a, après sa défaite face à François Hollande en 2012, confirmé le rejet des comptes de campagne.-“Voix singulière” et “humour décapant”-Auteur de livres politiques et de romans policiers, familier des planches de théâtre, Jean-Louis Debré -dont le frère jumeau Bernard Debré, professeur urologue réputé et lui aussi député, est décédé en 2020- fut également, pendant plus de vingt ans, député de la première circonscription de l’Eure (Évreux), où lui a succédé Bruno Le Maire en 2007, détenue depuis juillet 2024 par le Rassemblement national.”Ce grand connaisseur et ce grand serviteur de nos institutions aura marqué de ses convictions gaullistes la vie politique française”, a réagi sur X le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (LR).Marine Le Pen (RN) a salué sur le même réseau social “un homme de tempérament, connu pour son franc-parler et son attachement aux débats”.Les hommages sont également élogieux à gauche, à l’image de l’ex-président (PS) François Hollande qui a mis en avant un homme “passionné, ardent, fiévreux” dans sa défense de Jacques Chirac et de ses “convictions gaullistes”, mais aussi sa “grande capacité d’indépendance”.”Nos débats passionnants et respectueux dépassaient nos divergences”, a souligné le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel.”Il était de ceux pour qui l’idée républicaine restait un idéal et même davantage qu’une Constitution (…) Sa fidélité à cette attitude nous est léguée comme un exemple”, a réagi sur X le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.Homme de tempérament, connu pour son franc-parler et son attachement aux débats, il fut et demeurera une personnalité du paysage politique et institutionnel.

Soupçons de corruption à Fréjus: la mairie RN de David Rachline perquisitionnée

Un haut responsable RN dans les rets de la justice financière : la mairie de Fréjus (Var) de David Rachline, directeur de la campagne présidentielle 2017 de Marine Le Pen et qui doit être jugé en septembre pour prise illégale d’intérêts, est perquisitionnée mardi dans une enquête pour corruption autour des marchés publics.Confirmant une information de L’Obs, une source judiciaire a indiqué à l’AFP que “des perquisitions (étaient) en cours depuis ce matin au sein de la mairie de Fréjus et de plusieurs sociétés concernées” par ces marchés, dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en janvier 2024 par le Parquet national financier (PNF).La source judiciaire a précisé que l’enquête avait été ouverte à la suite des révélations du livre “Les Rapaces” (éditions Les Arènes) de la journaliste Camille Vigogne Le Coat, publié en novembre 2023 et mettant sévèrement en cause M. Rachline pour sa gestion de la commune varoise.”La justice suit son cours dans le cadre d’une procédure classique, déclenchée par une série d’articles fallacieux et la publication d’un ouvrage militant à charge contre David Rachline, sans fondement”, a commenté la mairie dans un communiqué.Selon la source judiciaire, les opérations de mardi sont “réalisées par 40 gendarmes de la section de recherches de Marseille, en présence d’un magistrat et d’un assistant spécialisé du PNF”. “Aucune garde à vue n’est en cours”, a encore indiqué cette source.Cité balnéaire de 56.000 habitants, Fréjus a été pendant des années érigée en vitrine du projet lepéniste, le parti y organisant souvent ses rentrées politiques.Ex-sénateur, David Rachline, conseiller municipal à 20 ans puis maire depuis 2014 de la commune varoise, a dirigé le Front national de la jeunesse ou encore la première campagne présidentielle de Marine Le Pen qui l’a amenée au second tour, en 2017.Selon l’organigramme en ligne du parti d’extrême droite, il en est toujours 2e vice-président et membre de sa plus haute instance, le bureau exécutif.”Je ne crois pas un mot de ce qui est écrit”, avait déclaré à la sortie du livre Sébastien Chenu, vice-président du RN, mettant en avant un maire “très bien jugé” par les électeurs.- “Inventions” -Des enveloppes d’argent liquide sur fond de marchés publics truqués: le livre “Les rapaces”, qui se veut une “enquête sur la mafia varoise de Marine Le Pen”, dénonçait le train de vie de l’édile, sans rapport selon la journaliste avec ses indemnités d’élu.Il l’accusait aussi d’arrangements avec un puissant entrepreneur local de BTP pour l’attribution de marchés publics, loin de l’image d’exemplarité véhiculée par le parti, et relayait des soirées arrosées du maire où fuseraient remarques racistes et gestes antisémites. D’après la journaliste, qui travaille pour L’Obs et qui a également révélé mardi ces perquisitions, “le géant local du BTP Alexandre Barbero, à la tête de sa Holding Delta Investissements (HDI)” est visé par l’enquête.Il a noué “une relation de très grande proximité avec David Rachline et jouit d’une position quasi hégémonique sur les chantiers de l’Est Var”, assure Mme Vigogne Le Coat.L’AFP n’a pu confirmer auprès d’une source judiciaire ou proche du dossier qu’HDI était visé par les opérations.A la sortie du livre, M. Rachline avait évoqué “de pures inventions relayées par d’anciens collaborateurs éconduits et opposants politiques” et son avocat Alexandre Varaut avait annoncé une plainte en diffamation. “Face à ces attaques récurrentes, David Rachline demeure serein et confiant. Il reste persuadé que la procédure en cours confirmera à nouveau sa bonne foi, son honnêteté et sa probité”, a maintenu mardi le communiqué de la mairie.M. Rachline est cependant convoqué pour être jugé pour prise illégale d’intérêts le 30 septembre devant le tribunal correctionnel de Draguignan, concernant les conditions de sa nomination à la tête des deux sociétés d’économie mixte, Fréjus Aménagement et Gestion du port de Fréjus.

Commission d’enquête : Coquerel (LFI) annonce saisir la justice après le refus de Kohler d’être auditionné

Le député Eric Coquerel (LFI) a annoncé mardi qu’il saisirait “dès ce jour” le procureur de la République pour demander des poursuites contre le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler, après son nouveau refus d’être auditionné devant une commission d’enquête sur les raisons du dérapage des finances publiques.”J’ai donné une dernière chance à Monsieur Kohler pour se présenter devant notre commission puisqu’il en a l’obligation. Il vient de me répondre à l’instant que ce ne sera pas le cas. Donc je vais évidemment entamer dès ce jour une poursuite devant le procureur de la République”, a annoncé M. Coquerel, président de cette commission d’enquête, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée.”Certains diront qu’il a peut-être des choses à cacher. Je ne suis même pas sûr que ça soit l’élément fondamental. L’élément fondamental ? C’est que ces gens-là pensent qu’ils n’ont pas de comptes à rendre au Parlement. Je rappelle que Monsieur Kohler n’est pas le président de la République”, a poursuivi le député de Seine-Saint-Denis devant des journalistes.La commission des Finances de l’Assemblée, présidée par Eric Coquerel, a obtenu pour six mois les pouvoirs d’une commission d’enquête et lancé ses travaux début décembre pour enquêter sur “les causes” de “la variation” et des “écarts des prévisions fiscales et budgétaires” constatés sur les années 2023 et 2024.Alexis Kohler, bras droit du président Emmanuel Macron, n’a pas répondu à la convocation de la commission invoquant des problèmes d’agenda, puis “le principe de séparation des pouvoirs”, selon différents courriers adressés à Eric Coquerel et consultés par l’AFP, dont le dernier est daté du 3 mars.Le secrétaire général de l’Elysée y invoque à nouveau “le principe de séparation des pouvoirs” entre l’exécutif et le législatif, pour justifier le fait qu’un collaborateur du président de la République puisse refuser d’être auditionné devant une commission d’enquête, estimant qu’une telle audition risquerait de “porter atteinte aux principes constitutionnels qui encadrent le fonctionnement de nos institutions”.Selon une ordonnance du 17 novembre 1958, toute personne dont une commission d’enquête a jugé l’audition utile est tenue de déférer à la convocation qui lui est délivrée. La personne qui ne comparaît pas ou refuse de déposer ou de prêter serment devant une commission d’enquête est passible de deux ans d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende.M. Kohler s’est déjà présenté devant des commissions d’enquête, en 2019 sur l’affaire Benalla au Sénat, ou en 2020 sur les concessions d’autoroute, toujours à la chambre haute.

Jean-Louis Debré, porte-flingue de Chirac devenu sage de la République

Considéré un temps comme le vilain petit canard de son illustre famille, grognard de la chiraquie d’abord associé à la droite dure, Jean-Louis Debré, décédé mardi à l’âge de 80 ans, s’était imposé comme un sage de la République, à la parole émancipée.Sa fidélité sans faille à Jacques Chirac lui a valu d’obtenir les postes les plus en vue: le ministère de l’Intérieur en 1995 dès l’arrivée à l’Elysée de son mentor, la présidence stratégique du groupe RPR à l’Assemblée après la dissolution ratée de 1997, le perchoir du Palais-Bourbon (2002-2007) remporté au nez et à la barbe d’Edouard Balladur et, récompense suprême, la présidence de 2007 à 2016 du Conseil constitutionnel, institution qu’il a profondément modernisée.- “Fidèle, républicain et libre” -“C’est un politique jusqu’au bout des ongles”, décrivait le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand.Mais aussi “un homme fidèle, républicain et libre”, résumait récemment pour l’AFP l’ancien président de la République socialiste François Hollande. Les deux hommes ont longtemps bataillé ferme avant d’entretenir des relations d’estime mutuelle.Après avoir quitté la rue de Montpensier et retrouvé sa liberté de parole, dont il use dès lors pleinement, Jean-Louis Debré révèle même avoir voté Hollande en 2012 face à Nicolas Sarkozy, son ennemi intime, “homme de clan” sans “aucun sens de l’Etat” à ses yeux. “Sarkozy et moi, ça n’a jamais collé…”, soufflait-il.Né le 30 septembre 1944 à Toulouse, Jean-Louis Debré est issu d’une famille éminente. Son père Michel, résistant, rédigera la Constitution de la Ve République en 1958 et sera Premier ministre du général de Gaulle. Le grand-père Robert a fondé la pédiatrie moderne et est à l’origine des CHU et l’arrière-grand-père Simon a failli être grand rabbin de France.Il a trois frères dont un jumeau, Bernard, chirurgien urologue réputé, député et ministre, décédé en 2020. Son faux jumeau à tous égards: Bernard hérite du fief politique familial d’Amboise quand Jean-Louis, dans l’ombre envahissante de leur père et moins charismatique, doit conquérir seul sa place au soleil, dans l’Eure. Et lors de la guerre Chirac-Balladur, les frères sont dans des camps opposés, Bernard choisissant Balladur.Magistrat, Jean-Louis Debré se lance définitivement en politique en 1986, dans le sillage de Chirac bien sûr.Avec qui il a des relations quasi filiales – lui restant fidèle jusqu’à la mort – mais empreintes de franchise. “Chirac, je l’adore, je l’aime. Mais je suis aussi lucide sur le personnage” à qui il est l’un des seuls à pouvoir dire “des choses désagréables en privé”.Ministre de l’Intérieur, il doit faire face à la série d’attentats islamistes à l’été 1995 et devient la bête noire de la gauche et des caricaturistes après l’expulsion musclée en 1996 de centaines de sans-papiers occupant l’église Saint-Bernard à Paris.Après 2002, changement radical: au perchoir, la gauche découvre “un vrai républicain”, une “personnalité originale”, “pas sectaire”, qui “défend les droits de l’opposition” au grand dam de la droite, résume pour l’AFP Jean-Marc Ayrault, alors patron des députés PS.- Ecrivain prolifique -Veuf, père de trois enfants, il a toujours aimé écrire: des romans policiers comme “Quand les brochets font courir les carpes” mais aussi un “Dictionnaire amoureux de la République” ou une galerie de femmes pionnières, “Ces femmes qui ont réveillé la France”, qu’il adapte au théâtre en montant sur les planches en 2021 avec sa nouvelle compagne Valérie Bochenek.En privé, il montre aussi des talents de conteur et d’imitateur. Narrant avec délectation la haine inextinguible entre Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac, amenés en 2007 à siéger ensemble parmi les Sages.Ces dernières années, l’homme, toujours à l’affût d’un bon mot, était devenu chroniqueur à la radio et à la télévision.Sans filtre, il aimait décocher ses flèches, notamment contre ces “politiques à bout de souffle”. Mais aussi prodiguer des conseils. Ainsi proposait-il en 2023 qu’Emmanuel Macron, pour qui il a voté dès 2017, ait recours au “référendum” ou à “la dissolution”. Vraisemblablement sans imaginer être pris au mot…

Suspension de l’aide à l’Ukraine: la décision de Trump est une “trahison” selon Edouard Philippe

La décision de Donald Trump de suspendre l’aide militaire à l’Ukraine est “une trahison” qui vient après “une embuscade”, a dénoncé mardi l’ancien Premier ministre Edouard Philippe.”L’épisode qui s’est passé dans le bureau du président des Etats-Unis était une embuscade et la décision américaine est une trahison”, a jugé M. Philippe sur France inter.”Abandonner un pays qu’on soutient, qui est agressé, travestir la vérité au point de dire que la guerre serait le fait de l’Ukraine, évidemment, c’est une trahison”, a-t-il renchéri. Edouard Philippe juge qu’il “faut désormais passer à une étape supérieure” à l’égard de la Russie et faire en sorte que les actifs russes gelés “soient mis totalement à la disposition” de l’effort de guerre ukrainien.Les pays de l’Union européenne utilisent déjà les profits dégagés par les avoirs russes gelés afin d’aider à armer l’Ukraine et à financer sa reconstruction d’après-guerre, une manne représentant entre 2,5 et 3 milliards d’euros par an.En revanche, l’option d’une saisie des avoirs russes eux-mêmes a jusqu’ici été écartée, essentiellement pour des raisons d’ordre juridique.M. Philippe souhaite également utiliser “les crédits européens non dépensés dans des politiques publiques européennes” pour les “consacrer à l’effort de défense”.