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Les prisons de Vendin-le-Vieil et Condé-sur-Sarthe choisies pour accueillir les 200 narcotrafiquants les plus dangereux

Les 200 narcotrafiquants les plus dangereux seront emprisonnés dans la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), à partir du 31 juillet, suivie mi-octobre de celle de Condé-sur-Sarthe (Orne), a annoncé jeudi Gérald Darmanin.”Nous aurons deux établissements de haute sécurité cette année”, “ça fait 200 narcotrafiquants qui, d’ici le 15 octobre, seront totalement à l’isolement du reste de la société”, a déclaré sur France 2 le garde des Sceaux.Ces deux prisons, toutes les deux récentes, sont déjà les deux établissements les plus sécurisés de France.Mais le ministre a souligné qu’il fallait “rendre tout à fait hermétiques les deux établissements, renforcer les moyens, y mettre un certain nombre de personnels supplémentaires”. “A partir du mois d’avril, pour la prison du Pas-de-Calais, on sortira les détenus qui ne sont pas concernés”, a-t-il encore indiqué. “On fera pendant deux mois des formations pour les agents, une sécurité totale et les travaux. Et à partir du mois de mai-juin, les nouveaux détenus rentreront”.Sont déjà détenus à Vendin-le-Vieil Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos jihadistes des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, et le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, surnommé le “roi de la belle”, tous les deux placés à l’isolement. “On va laisser sur place les personnes les plus dangereuses”, a dit M. Darmanin.- “Plus jamais une affaire Amra” -“C’est une révolution pour les prisons françaises, pour l’administration française, on n’a jamais fait ça”, s’est-il félicité, assurant qu’il ne fallait “plus jamais une affaire Amra”.Le narcotrafiquant Mohamed Amra, qui était l’homme le plus recherché de France et a été arrêté en Roumanie, a été incarcéré dans le centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe après sa remise à la France.Son cas, après son évasion sanglante qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires en mai 2024, a plusieurs fois été invoqué par M. Darmanin pour justifier la création de nouvelles prisons destinées aux trafiquants de stupéfiants, dont le régime carcéral d’isolement est inspiré de la lutte anti-mafia en Italie.Ce “régime de détention très strict” a fait l’objet d’un amendement à la proposition de loi sur la lutte contre le narcotrafic, qui a été adopté mercredi par la commission des lois de l’Assemblée nationale.Ce régime comprend des mesures telles que des fouilles intégrales après tout contact avec l’extérieur, des parloirs équipés d’hygiaphone ou encore un accès limité au téléphone.Ces dispositions ont été dénoncées, notamment par l’Observatoire international des prisons qui les juge “attentatoires aux droits fondamentaux”.Face aux critiques, M. Darmanin a saisi le Conseil d’Etat, qui doit se réunir la semaine prochaine.Dans ces prisons, seront affectées des personnes qui sont soit en détention provisoire, soit condamnées, a encore expliqué le ministre.”Ce sont les services de police et de justice qui vont me désigner les personnes les plus dangereuses”, a indiqué M. Darmanin. “Je prendrai un arrêté pour chacune des personnes et ces personnes seront mises dans cette prison”. En principe, pour une durée de quatre ans, renouvelable.Parmi les critères permettant de déterminer le degré de dangerosité des détenus, figurent la “capacité à corrompre”, la “capacité à menacer”, la “capacité à tenir une communication avec l’extérieur”, “toucher de l’argent de l’étranger”, “menacer des magistrats, des policiers, des journalistes, des avocats”. Pour protéger les surveillants pénitentiaires travaillant dans ces prisons, M. Darmanin a annoncé qu’il acceptait de “les anonymiser”, dans les procès-verbaux.Par ailleurs, seront affectés “deux ou trois gardiens pour un détenu afin qu’il y ait un contrôle qui s’applique et qu’on ne puisse pas menacer ou corrompre les gardiens”.”Deux établissements en 2025 au lieu d’un confirment qu’un changement s’opère dans la prise en charge de la population pénale”, a commenté auprès de l’AFP le syndicat pénitentiaire Ufap-Unsa, appelant à créer “des établissements spécialisés  et adaptés pour tous les profils: criminalité organisée, terroristes, détenus violents et cas psy”.

L’Assemblée adopte un nouveau texte pour tenter d’enrayer le démarchage téléphonique intempestif

A la recherche de solutions contre le démarchage téléphonique intempestif, les députés ont adopté à l’unanimité jeudi un texte pour instaurer un consentement préalable du consommateur.Déjà adopté au Sénat, le texte était défendu à l’Assemblée nationale par le MoDem dans le cadre de sa niche parlementaire, la journée annuelle réservée aux textes de son groupe.”Ce démarchage téléphonique use nos concitoyens (…) Plus de 90% des Français sont exaspérés par cette pratique à l’heure où nous recevons en moyenne six appels non désirés par semaine”, a déclaré Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce, en soutien au texte.”C’est une sorte de mini-agression”, a soutenu Pascal Lecamp (MoDem), rapporteur de la proposition de loi. Celle-ci entend interdire, à partir du 1er janvier 2026, “de démarcher téléphoniquement, directement ou par l’intermédiaire d’un tiers” un “consommateur qui n’a pas exprimé préalablement son consentement”.Une mesure consensuelle, qui a conduit à l’adoption de la proposition de loi à l’unanimité des 176 votants. Elle devra désormais poursuivre sa navette parlementaire, pour aboutir à une version commune entre Assemblée et Sénat.Le texte renforce aussi les sanctions encourues en cas de condamnation pour abus de faiblesse, alourdissant la durée d’emprisonnement à cinq ans, et faisant monter l’amende à 500.000 euros pour une personne physique et jusqu’à “20% du chiffre d’affaires moyen annuel” pour une entreprise.Il propose également d’empêcher l’inscription automatique sur des annuaires publics de numéros de téléphones fixes, et à autoriser le partage d’informations entre la direction de la répression des fraudes (DGCCRF), la Cnil, et l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep).Les débats ont en revanche été très vifs autour d’une exemption au principe de consentement préalable prévue par le texte dans le cas de démarchage téléphonique pour la fourniture de “denrées alimentaires”, dans “le cadre d’une vente ou livraison à domicile”.- Soutien aux pompiers, sus aux frelons -L’exemption est présentée comme un moyen de soutenir le modèle de fonctionnement de certains acteurs du secteur, mais a divisé les parlementaires, y compris au sein de la gauche, entre les socialistes favorables et leurs alliés écologistes et insoumis. Mélanie Thomin (PS) a défendu “l’importance de ces secteurs” pour “les populations les plus âgées et les plus vulnérables en zones rurales”, estimant qu’il leur serait “impossible” de “transformer ou d’adapter le modèle économique de leur entreprise” rapidement.”Ce n’est pas une solution”, a insisté l’écologiste Delphine Batho estimant que la rédaction de l’article risquerait d’entraîner une exemption pour l’ensemble du secteur agroalimentaire voire des acteurs comme Amazon.Le groupe MoDem a enchaîné sa journée avec l’adoption unanime d’un texte instaurant un statut propre pour les médecins et autres personnels de santé engagés dans le corps des sapeurs-pompiers.Intervenant autant auprès des victimes prises en charge qu’auprès des sapeurs-pompiers eux-mêmes, ces personnels de santé ne bénéficient pas jusqu’ici d’une reconnaissance spécifique dans la loi.Les législateurs espèrent ainsi mieux valoriser ces professions en manque d’attractivité.En fin de journée un vote unanime des députés est venu valider définitivement l’instauration d’un plan national de lutte contre la prolifération du frelon asiatique, qui sera ensuite décliné à l’échelon départemental.L’objectif affiché est de lutter plus efficacement contre l’insecte dévastateur pour les ruches, mais les députés d’opposition ont déploré un manque d’ambition. La gauche s’inquiète en particulier de l’absence de garde-fous suffisants dans le texte contre l’utilisation de produits dangereux pour l’environnement, et le RN appelle à clarifier le fait que la charge de la destruction des nids doit incomber à l’Etat.Dans la soirée, les députés MoDem espèrent créer un dispositif juridique plus efficace pour inciter à l’arrachage de vignes non cultivées, qui peuvent devenir un “foyer de contaminations” pour “d’autres vignobles”, selon le rapporteur Hubert Ott. Un autre texte veut lutter contre les “successions vacantes” lorsque des biens qui doivent être partagés restent des années dans une situation transitoire sans qu’un partage ne soit acté.Son examen, tout comme un autre texte sur les “droits voisins”, est incertain car les débats doivent terminer à minuit pile.

Une page se tourne pour Lille, Martine Aubry quitte la mairie et désigne son successeur

“Le temps est venu de passer la main”: à un an des municipales, Martine Aubry, emblématique maire socialiste de Lille depuis 2001, a annoncé jeudi sa démission “mi-mars” en faveur de son premier adjoint Arnaud Deslandes, 42 ans.”Je suis élue à Lille depuis 30 ans, je suis maire depuis 24 ans (…) mais le temps est venu de passer la main à une nouvelle génération”, a déclaré l’élue de 74 ans, lors d’une conférence de presse dans la capitale nordiste.”Je le fais vraiment avec une très grande sérénité (…) même si le cÅ“ur est pincé, bien évidemment”, a-t-elle ajouté, essuyant quelques larmes.L’ancienne ministre socialiste, connue notamment pour les emplois-jeunes et la réforme des 35 heures sous le gouvernement de Lionel Jospin à la fin des années 1990, a déclaré vouloir démissionner de son poste “mi-mars”. Elle a souhaité que son premier adjoint, Arnaud Deslandes, soit élu maire lors d’un prochain conseil municipal extraordinaire, “qui pourrait se tenir le 21 mars”.Arnaud Deslandes, encore peu connu du grand public, a fait toute sa carrière dans l’ombre de , dont il est un fidèle.Il “a porté auprès de moi de grandes transformations dans la ville” et partage “les mêmes priorités”, la “solidarité et l’accompagnement de tous”, a loué Mme Aubry. “Nous avons les mêmes colères devant les inégalités et la même envie de les combattre”.Diplômé de Science Po Lille et arrivé à la mairie comme stagiaire en 2005, Arnaud Deslandes a ensuite gravi tous les échelons: collaborateur de cabinet de 2006 à 2013, puis directeur de cabinet de 2013 à 2020, adjoint chargé de la solidarité et de la cohésion des territoires, puis premier adjoint depuis 2023.- “maire d’exception” -Martine Aubry “est un maire d’exception”, lui succéder impose “beaucoup d’humilité”, a déclaré Arnaud Deslandes, reconnaissant avoir “tout appris” à ses côtés, “le sens du travail, la rigueur”. L’édile a estimé que la sénatrice PS Audrey Linkenheld, un temps pressentie comme sa dauphine, et le député PS Roger Vicot, candidat déclaré à la mairie, avaient plutôt un rôle à jouer “au niveau national”.Elle a précisé quitter toutes ses fonctions politiques, tout en affirmant ne pas prendre sa “retraite politique”, souhaitant “participer au renouveau des idées de gauche”.Avant ses annonces, Martine Aubry a longuement défendu son bilan à la tête de Lille, devenue selon elle “une capitale culturelle, rayonnante, entreprenante”. Sa plus grande fierté reste sa décision “prise dès le départ de garder les quartiers populaires dans la ville, et de garder ce vivre-ensemble dans nos différences”, a confié jeudi l’élue, qui a beaucoup misé sur la culture et une rénovation urbaine qui préserve la mixité sociale.Ce passage de témoin intervient après des mois de suspense, donnant  l’impression d’une succession mal anticipée, alors que les écologistes notamment sont en embuscade pour conquérir la ville en 2026.- “entre-soi socialiste” -M. Vicot, ex-maire de Lomme, commune associée de Lille, a pris les devant sans attendre les consignes de Mme Aubry et sillonne activement le terrain depuis des mois.Dès septembre 2023, il a affiché son ambition de conquérir la mairie, devenant le premier socialiste à se déclarer ouvertement. “Une démarche solitaire un peu contraire à tout ce qu’on s’était dit”, a regretté Mme Aubry. Le candidat socialiste pour les municipales de 2026 doit être désigné dans l’année par les militants du parti.Le candidat écologiste Stéphane Baly, battu d’un cheveu (227 voix) par Mme Aubry lors des précédentes municipales en 2020, a lui aussi officialisé sa candidature pour EELV. Dans l’opposition, la députée macroniste Violette Spillebout, ex-proche de Martine Aubry, et Louis Delemer, candidat LR, sont également en lice.”Un immense merci pour tout ce que tu as fait pour Lille, pour l’énergie incroyable que tu as déployée pour la transformation de cette ville (…)  si chère à ton coeur”, a réagi la maire de Paris Anne Hidalgo (PS).Martine Aubry “est une figure de la gauche qui a toujours courageusement défendu ses positions au péril de la calomnie”, a souligné Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. Le groupe des élus écologistes à la mairie a rendu hommage à une maire dont les mandats “ont façonné la ville”, mais déploré qu’elle ait “préféré défendre son bastion socialiste plutôt que d’assumer une transformation de la ville en phase avec les enjeux de ce siècle”, notamment sur le plan environnemental.Mme Aubry tente “d’imposer un successeur (…) jamais élu sur son nom, destiné à gérer les affaires courantes avant l’élection”, a dénoncé Violette Spillebout. Les Insoumis lillois, eux, ont évoqué la fin d’un “entre-soi socialiste à bout de souffle”.

Réarmer la France, un nouveau casse-tête budgétaire pour le gouvernement

Réarmer la France sans affaiblir davantage des finances publiques déjà exsangues: le laborieux budget 2025 à peine voté, le gouvernement se heurte à un nouveau casse-tête face à ce qu’Emmanuel Macron a décrit comme “la menace” de la Russie.Dans une mise en garde télévisée contre les “dangers” suscités par le rapprochement entre Moscou et Washington, le président de la République a laissé entendre qu’un nouvel effort budgétaire difficile attendait les Français, avec “des réformes, des choix, du courage”.Pour lui, les Européens doivent porter leurs dépenses militaires à 3% ou 3,5% de leur richesse nationale, contre 2% actuellement en France. C’est une trentaine de milliards d’euros supplémentaires par an, une gageure pour le gouvernement tant les finances publiques sont contraintes. D’autant qu’il exclut d’alourdir le déficit public dans une France tancée par Bruxelles pour ses dérapages et où les ministères sont priés de surveiller strictement leurs dépenses pour tenir l’objectif d’un déficit à 5,4% du PIB en 2025, contre environ 6% en 2024. En comparaison, dans un virage majeur, l’Allemagne prévoit de débloquer des centaines de milliards d’euros pour son réarmement. – “Equation insoluble” -Or, en France, “avant même d’envisager d’augmenter les dépenses militaires, on était quasiment devant une équation insoluble” pour tenter de stabiliser la dette, souligne auprès de l’AFP François Ecalle, président du site spécialisé Fipeco. Avec une hausse annuelle des crédits supérieure à 3 milliards d’euros, le budget de la défense est l’un des seuls à avoir échappé aux coupes opérées dans le budget 2025.De 50,5 milliards d’euros cette année (hors retraites), il doit croître jusqu’à environ 67 milliards en 2030, selon le ministre des Armées Sébastien Lecornu, dans le cadre d’une loi de programmation militaire dotée de 413 milliards pour 2024-2030. “Un +poids de forme+ de l’armée française à un peu moins de 100 milliards d’euros de budget annuel permet de durcir notre modèle d’armée”, a-t-il estimé dans Le Point.La mobilisation des fonds européens, voulue à hauteur de 800 milliards d’euros par la Commission européenne, sujet au menu d’un sommet extraordinaire jeudi à Bruxelles, sera “probablement” insuffisante pour subvenir aux besoins français, a admis la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. La Commission, comme Berlin et Paris, veut aussi exclure les dépenses supplémentaires pour la défense du calcul des déficits excessifs. Mais où trouver des marges de manÅ“uvre alors qu’Emmanuel Macron écarte d’augmenter les impôts et le ministre Eric Lombard de tailler dans les dépenses sociales? Le Premier ministre François Bayrou, qui a exprimé son attachement au “modèle social” français, évoquera ses orientations budgétaires vendredi matin sur Europe 1 et CNews. “Pour arriver à des montants aussi colossaux” d’économies, “on ne peut pas laisser de côté la dépense sociale – qui représente la moitié des dépenses publiques – ni la dépense locale”, estime François Ecalle.  – “Acceptation sociale” -Le ministère de l’Economie entend aussi faciliter l’investissement privé dans l’industrie de la défense, en réunissant banques, assurances et fonds le 20 mars. Attirer ces capitaux nécessite “un carnet de commandes (publiques) lisible” afin d’assurer une “montée en cadence des capacités de production”, selon Julien Malizard, titulaire de la chaire Economie de défense à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).Et si l’augmentation massive des dépenses pourrait stimuler la croissance en zone euro, gare aux tensions sur les prix, a alerté la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde. Sur les marchés, les taux d’emprunt des Etats européens ont grimpé en flèche.Alors que le ministre des Armées souhaite mobiliser l’épargne des Français “de manière volontaire” dans un élan patriotique, Bercy exclut à ce stade un produit ad hoc, tout comme l’utilisation des avoirs russes gelés défendue par des leaders de la macronie et la gauche. Dans un paysage politique morcelé depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, la tâche la plus difficile sera peut-être de convaincre les Français de se serrer davantage la ceinture. La gauche refuse de nouveaux “sacrifices” tandis que des voix s’élèvent pour réformer l’Etat-providence.En pleine concertation sur la réforme des retraites et alors que le ministre de l’Economie souhaite augmenter le taux d’emploi, Emmanuel Macron a demandé aux partenaires sociaux d’avancer des “solutions”. 

Ukraine: Bayrou affirme la “priorité” budgétaire à la défense, sans abandonner le “modèle social” français

François Bayrou a exprimé jeudi sa volonté de donner la “priorité” dans le prochain budget du pays à la défense, compte tenu du désengagement des États-Unis de l’Ukraine et de la rupture de leurs liens avec l’Europe, mais “sans rien abandonner” du “modèle social”. “Il s’agit non seulement de donner priorité à l’accomplissement de la loi de programmation militaire, mais d’aller au-delà pour une loi de réarmement, ou en tout cas pour une loi de sécurité”, a affirmé le Premier ministre, en marge de l’installation de son successeur, l’ex-ministre macroniste Clément Beaune, au Haut-commissariat au Plan.”Il faut renouveler complètement la vision des projets pour l’avenir. On va le faire sans rien abandonner. Le modèle social fait partie de l’identité française”, a-t-il ajouté.”La défense est désormais une priorité évidente pour tous. Mais ça n’efface pas d’autres priorités, par exemple le souci des finances publiques, par exemple le souci du pacte social”, a développé le Premier ministre.”Nous ne laisserons aucun des problèmes du pays de côté et j’aurai l’occasion de m’exprimer dans les jours qui viennent sur les choix que le gouvernement a l’intention de porter”, a-t-il encore dit sans plus de détails.Dans son allocution télévisée mercredi soir, Emmanuel Macron avait prévenu qu’il faudrait “des réformes, du choix, du courage”, dans la “nouvelle ère” qui s’esquisse face à un rapprochement entre les États-Unis et la Russie, potentiellement aux dépens de l’Europe et de l’Ukraine.”On avait vécu pendant des années avec l’idée que les États-Unis étaient notre allié et le meilleur défenseur du droit entre les nations” et “on s’aperçoit aujourd’hui que (…) ce n’est pas le cas”, a souligné François Bayrou. Dans le même temps jeudi, les dirigeants des vingt-sept pays de l’UE se retrouvent à Bruxelles pour un sommet extraordinaire destiné à muscler la défense européenne.M. Bayrou a par ailleurs salué l’engagement européen de son sucesseur au Plan Clément Beaune, soulignant que “la dimension européenne, continentale, dans cette unité de civilisation et de projet de société, représente par rapport à d’autres menaces”.”Il faut tout prévoir, même le pire, parce que c’est en prévoyant le pire qu’on se met en situation de l’éviter”, a complété M. Beaune, qui sera rémunéré dans ses nouvelles fonctions, contrairement à M. Bayrou qui avait choisi de ne pas l’être quand il dirigeait le Plan.

Martine Aubry, la fin d’un règne au sommet du beffroi de Lille

Martine Aubry, qui a annoncé mettre fin à un quart de siècle à la tête de Lille, ville durablement marquée par son empreinte, est une figure emblématique du PS, ancienne ministre associée aux 35 heures et à la couverture maladie universelle.L’élue de 74 ans, qui souhaite passer la main mi-mars à son premier adjoint, Arnaud Deslandes, un an avant les élections municipales, apparaissait de plus en plus isolée dans son beffroi ces dernières années.”Je ne prends pas ma retraite politique”, a néanmoins assuré l’édile, “je vais continuer à m’exprimer, peut-être plus qu’avant sur le plan national et international, parce qu’aujourd’hui j’étais concentrée sur ma ville”.Depuis son départ de la tête du parti socialiste en 2012, Mme Aubry n’a plus eu de responsabilité nationale, bien qu’elle demeure régulièrement consultée. “Elle a observé l’évolution du PS avec une forme de tristesse et de distance. Mais elle reste une grande ministre, un point cardinal pour la gauche et les socialistes”, selon le sénateur PS Patrick Kanner.Prise sous l’aile du maire de Lille Pierre Mauroy, qui en fait sa première adjointe en 1995 avant de lui céder la place en 2001, l’énarque parisienne a su se bâtir une réputation d’élue locale incontournable, “très impliquée dans ses mandats locaux”, souligne le politologue Pierre Mathiot.Son ancien allié et candidat écologiste Stéphane Baly salue “l’une des rares à ne pas avoir trahi certains idéaux”, “ses valeurs de gauche”, et qui a été “absolument constante politiquement”. Il évoque ses “mandats flamboyants” de 2001 et 2008, marqués par la saga d’événements festifs et culturels Lille3000 et le renouvellement urbain. Elle s’agace contre ceux qui disent qu’elle “n’a pas préparé sa succession”. Mais faute de successeur charismatique, le PS à Lille doit désormais faire face à l’appétit grandissant des écologistes, qui ont failli l’emporter aux dernières municipales en 2020.Ses quatre mandats ont marqué “la métamorphose de Lille. Elle s’est inscrite dans la continuité de Pierre Mauroy, mais elle l’a même dépassé en termes de notoriété (…), tout en maintenant une mixité sociale” au sein de la ville, vante encore Patrick Kanner. Pragmatique, Martine Aubry bâtit dès 2008 une majorité municipale élargie, jusqu’aux centristes, loin de l’orthodoxie socialiste dont elle aime se faire la gardienne.La maire a gardé sa réputation de fonceuse au caractère bien trempé. On la dit “autoritaire”, “cassante”, ne sachant pas “déléguer”, mais aussi “loyale”, “sensible” et “bonne vivante”.”J’ai donné à Lille ce que je suis, mon énergie, mon impatience”, reconnaît-elle jeudi.- “Une boussole” -“Martine Aubry a du caractère, et quand on a du caractère, parfois, on a un mauvais caractère”, estime Pierre Mathiot. “Elle est très exigeante et perfectionniste dans le travail”, et elle a “du mal avec ce qu’elle considère comme de l’amateurisme”.Pour la macroniste Violette Spillebout, son ancienne directrice de cabinet et désormais opposante, “Martine Aubry a eu des talents”, mais elle s’est “enfermée dans son beffroi avec des collaborateurs qui la craignent”.Fille de l’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, Martine Aubry est née le 8 août 1950 à Paris. Elle a eu une fille avec son premier mari, et s’est remariée avec l’ancien bâtonnier lillois Jean-Louis Brochen. Elle a été ministre une première fois (1991-1993), avant de devenir l’emblématique numéro deux (1997-2000) du gouvernement de gauche plurielle dirigé par Lionel Jospin.La réforme des 35 heures, qu’elle porte de bout en bout malgré ses réticences initiales, la création de la couverture maladie universelle (CMU) et des emplois-jeunes lui confèrent une aura au sein de toute la gauche. En 2008, elle emporte la direction du PS à l’arraché face à Ségolène Royal lors d’un congrès à Reims marqué par la désunion, puis contribue à ressouder et à transformer le parti. En 2011, le retrait du favori socialiste Dominique Strauss-Kahn – rattrapé par le scandale du Sofitel à New York où une femme de ménage l’a accusé de viol- lui entrouvre les portes de l’élection présidentielle. Elle se lance dans la bataille mais perd la primaire du PS face à François Hollande.Ces dernières années, lors de la composition d’un gouvernement, son nom a parfois circulé. Mais depuis cet échec, elle n’a plus vraiment cherché à revenir dans le jeu national et s’est concentrée sur ses mandats locaux. Sarah Kerriche Bernard, première secrétaire de la fédération PS du Nord, souligne son influence: “Elle sent la société, nous sommes toujours attentifs à ce qu’elle pense. Elle a toujours été notre boussole et une boussole indique le Nord”.

Plus de 15 millions de téléspectateurs pour l’allocution de Macron

Quelque 15,1 millions de téléspectateurs ont regardé mercredi soir l’allocution télévisée du président Emmanuel Macron sur l’ensemble des chaînes qui la diffusaient, selon les chiffres de Médiamétrie jeudi.Cela représente une part d’audience de 71,6% toutes chaînes confondues, ce qui signifie que près des trois-quarts des gens qui étaient devant la télévision à ce moment-là regardaient l’allocution. Elle était diffusée sur TF1, France 2, M6, TMC, LCP et les quatre chaînes info (BFMTV, CNews, LCI et franceinfo).Consacrée à la situation internationale, cette allocution a débuté à 20h00 et a duré un quart d’heure. Le chef de l’Etat y a déclaré qu’il faudrait “des réformes, du choix, du courage”, dans la “nouvelle ère” qui s’esquisse face à un rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie, potentiellement aux dépens de l’Europe et de l’Ukraine.Traditionnellement, les interventions présidentielles les plus suivies sont celles qui prennent la forme d’une allocution exceptionnelle, par opposition aux interviews ou aux conférences de presse.En juin, quelque 15,3 millions de personnes au total avaient regardé l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron dans laquelle il avait annoncé sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale.De même, 13,3 millions de téléspectateurs toutes chaînes confondues avaient regardé l’allocution diffusée en octobre 2023 après l’attaque du Hamas en Israël, et 15,1 millions mi-avril 2023 après la promulgation de la très contestée réforme des retraites.

Chenu (RN): Poutine n’est “pas la menace principale” pour la France

Le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, a assuré jeudi ne pas croire “du tout” à un “scénario” selon lequel Vladimir Poutine serait “aux portes de Paris”, estimant que ce dernier ne constituait “pas la menace principale” pour la France. “C’est une menace parmi d’autres (mais) la première menace sur le sol français, c’est l’islamisme, c’est le terrorisme islamique”, a affirmé sur TF1 le député d’extrême droite, au lendemain d’une allocution d’Emmanuel Macron prévenant solennellement les Français qu’il faudrait “des réformes, du choix, du courage”.Interrogé sur le risque de voir le président russe, après l’Ukraine, s’attaquer à la Moldavie ou la Roumanie, Sébastien Chenu “ne croit pas du tout à ce scénario”. Il a reproché au président français de faire “peur aux Français en nous disant que Vladimir Poutine est aux portes de Paris”. Il “joue sur les peurs. Pourquoi? Pour dire +circulez, il n’y a rien à voir+, on ne parle plus d’immigration, d’insécurité, des finances publiques, du Mercosur (projet d’accord commercial entre l’UE et des pays du sud-américains, contesté par la France, NDRL) qui tue nos agriculteurs”. “On dit aux Français +attendez, c’est bientôt la guerre face à la Russie, ayez peur, faites confiance à votre bon président Macron”, a-t-il grincé. Le député RN a reproché au chef de l’État d'”utiliser le drame de l’Ukraine pour finalement faire avancer un agenda fédéraliste” européen, en mettant en route une défense européenne. “Le budget de la défense française doit être financé par de l’argent français au bénéfice des Français”, a-t-il prévenu, notant des économies possibles sur “par exemple l’Agence européenne de défense”. “Les Français doivent disposer d’une défense nationale propre pour défendre leurs intérêts”, a-t-il insisté. Selon lui, “la France doit avoir une position indépendante et équidistante”, vis-à-vis de la bascule géopolitique en cours, plaidant pour que Paris soit “moteur” dans un processus de paix entre l’Ukraine et la Russie. 

Prison pour les plus gros narcotrafiquants: Darmanin dévoile son choix

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin doit dévoiler jeudi soir quelle prison accueillera d’ici à fin juillet les cent narcotrafiquants les plus dangereux, dans un nouveau régime carcéral d’isolement extrêmement strict.Le garde des Sceaux donnera le nom de l’établissement pénitentiaire retenu pour cette future prison de haute sécurité spécialisée au journal télévisé de 20H00 de France 2 jeudi, une annonce repoussée de 24 heures en raison de l’allocution du président Emmanuel Macron mercredi soir.Quatre prisons sont en lice: Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), la maison centrale de Saint-Maur (Indre), le centre pénitentiaire d’Alençon-Condé-sur-Sarthe (Sarthe) et la maison centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône).M. Darmanin a visité les quatre établissements. Lors de sa dernière visite vendredi à Saint-Maur, il a présenté un calendrier prévisionnel d’ici à son ouverture prévue le 31 juillet: “un mois, un mois et demi de travaux, notamment de travaux technologiques pour ne pas qu’on communique vers l’extérieur”.L’arrivée des prisonniers est prévue “entre mai et juin”, pour une incarcération “de façon définitive” des “100 premiers narcotrafiquants” au 31 juillet.En attendant, le narcotrafiquant Mohamed Amra, qui était l’homme le plus recherché de France et a été arrêté en Roumanie, a été incarcéré dans le centre déjà ultra-sécurisé de Condé-sur-Sarthe après sa remise à la France.Son cas, après son évasion sanglante qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires en mai 2024, a plusieurs fois été invoqué par M. Darmanin pour justifier la création d’une nouvelle prison destinée aux trafiquants de stupéfiants, dont le régime carcéral d’isolement est inspiré de la lutte anti-mafia en Italie.Ce “régime de détention très strict” a fait l’objet d’un amendement à la proposition de loi sur la lutte contre le narcotrafic, qui a été adopté mercredi par la commission des lois de l’Assemblée nationale, s’est félicité le ministre sur X.L’amendement comprend des mesures telles que des fouilles intégrales après tout contact avec l’extérieur, des parloirs équipés d’hygiaphone ou encore un accès limité au téléphone. Les détenus pourraient être affectés dans cette prison sur décision du garde des Sceaux pour une durée de quatre ans, renouvelable.Ces dispositions ont été dénoncées par l’Observatoire international des prisons qui les juge “attentatoires aux droits fondamentaux”.Mercredi, M. Darmanin a reçu les organisations syndicales pénitentiaires et de magistrats à la Chancellerie alors que le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche) avait lui décliné l’invitation, déplorant dans une lettre ouverte l’absence de “consultation préalable des organisations représentatives” pour son plan “narcoprison”.edy-pgr-spe-sc/cal/pta

Macron appelle les Français au “courage” face à un “monde de dangers”

Emmanuel Macron a prévenu solennellement les Français, dans une allocution mercredi soir, qu’il faudra “des réformes, du choix, du courage”, dans la “nouvelle ère” qui s’esquisse face à un rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie, potentiellement aux dépens de l’Europe et de l’Ukraine.”Face à ce monde de dangers, rester spectateur serait une folie”, a lancé le chef de l’Etat dans un discours télévisé d’une quinzaine de minutes, à la veille d’un sommet crucial de l’Union européenne (UE) à Bruxelles pour acter un renforcement massif de la défense continentale.Le président avait choisi de s’adresser à son pays afin, selon son entourage, de répondre à “une angoisse très forte chez les Français”.Il a tenté de mettre des mots sur la bascule géopolitique en cours depuis que le président américain Donald Trump a renoué le dialogue avec son homologue russe Vladimir Poutine, décidé à mettre fin à tout prix à la guerre en Ukraine plus de trois ans après le début de l’invasion par la Russie. “L’avenir de l’Europe n’a pas à être tranché à Washington ou à Moscou”, a lancé le président.”Je veux croire que les États-Unis resteront à nos côtés. Mais il nous faut être prêts si tel n’était pas le cas”, a expliqué Emmanuel Macron, décrivant une “menace russe” qui “nous touche” avec une “agressivité” qui “ne semble pas connaître de frontières”.Il s’est réjoui de voir l’UE franchir jeudi à Bruxelles “des pas décisifs” pour investir des centaines de milliards d’euros dans la défense européenne, en prenant des décisions que “la France proposait depuis plusieurs années”.- “Des choix, du courage” -Mais il s’agira aussi d’un effort budgétaire difficile eu égard aux finances publiques très dégradées de la France, a-t-il laissé entendre. Renforcer les armées signifiera faire des “investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables”, mais “sans que les impôts ne soient augmentés”, a-t-il promis.”Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage”, a-t-il martelé, appelant la classe politique et les partenaires sociaux à proposer des “solutions de demain” qui “ne pourront être les habitudes d’hier”.”La patrie a besoin de vous et de votre engagement”, a encore dit le chef de l’Etat à ses compatriotes, vantant “la force d’âme d’une nation”.Si “le soutien à l’Ukraine est un impératif”, cela ne peut passer “par de nouveaux sacrifices pour les Français”, a réagi le patron du PS Olivier Faure sur X, et la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier a jugé que “sans augmenter les impôts des plus riches, Emmanuel Macron ne pourra ni financer cet effort de guerre ni le faire accepter à la population”.Le président “veut nous faire peur pour imposer au peuple une nouvelle salve de sacrifices sociaux”, a dénoncé le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard.A la manoeuvre ces dernières semaines, avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, pour organiser l’unité des Européens et tenter de maintenir le dialogue transatlantique, il a annoncé une réunion la semaine prochaine à Paris des “chefs d’état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités” pour garantir une future paix en Ukraine, y compris, “peut-être, par le déploiement de forces européennes”.S’il a confirmé vouloir “ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen”, il a assuré que la décision d’engager l’arme nucléaire “a toujours été et restera entre les mains du président de la République”.- Des tarifs “incompréhensibles” -Juste après son allocution, Emmanuel Macron a reçu à dîner le Premier ministre hongrois Viktor Orban, soutien de Donald Trump et Vladimir Poutine, et l’une des voix les plus dissonantes dans l’UE.Après une altercation spectaculaire entre le président américain et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, vendredi dans le Bureau ovale, et l’annonce, lundi, du gel de l’aide militaire américaine à Kiev, le dialogue semble se réengager.Emmanuel Macron s’est entretenu avec les deux hommes, et mardi soir, dans un discours devant le Congrès américain, le locataire de la Maison Blanche a dit avoir reçu une lettre de Volodymyr Zelensky manifestant sa volonté de négocier “dès que possible” une “paix durable” avec la Russie.Le dirigeant ukrainien avait exprimé cette intention quelques heures auparavant en proposant de commencer par une “trêve dans les airs” et “en mer”, reprenant une option avancée par le président français.La possibilité d’un nouveau déplacement “à court terme” du duo franco-britannique à Washington, avec Volodymyr Zelensky, a même été évoquée mercredi matin par la porte-parole du gouvernement français, mais aussitôt démentie par l’Elysée.Au-delà du dossier ukrainien, Emmanuel Macron a dit qu’il espérait encore “dissuader” Donald Trump de mettre à exécution sa menace de “tarifs douaniers sur les marchandises européennes”, “décision incompréhensible tant pour l’économie américaine que pour la nôtre”.