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Une affiche d’Hanouna sème le trouble jusque dans les rangs insoumis

Jean-Luc Mélenchon a eu beau se défendre une énième fois jeudi des accusations d’antisémitisme visant son parti, la polémique créée par l’affiche représentant Cyril Hanouna suscite des remous jusque dans les rangs des députés de la France insoumise.Du rififi chez LFI? Officiellement, il n’y a rien à voir: “Par pitié, lâchez-nous, occupez-vous de ce qu’on raconte vraiment” et “arrêtez avec ce cirque des antisémites”, a protesté M. Mélenchon sur France Inter.Réponse censée clore la polémique provoquée par un visuel montrant le visage de Cyril Hanouna, d’origine juive tunisienne, en noir et blanc, sourcils froncés et grimace agressive.L’image, diffusée mardi sur les réseaux sociaux par LFI pour battre le rappel des manifestations du 22 mars contre le racisme, a été rapidement retirée face au tollé suscité.Sur la défensive, le patriarche insoumis a accusé les médias de “relayer la propagande des réseaux d’extrême droite”. La veille, son entourage avait déjà dénoncé des “accusations nauséabondes” émanant “essentiellement” de “militants d’extrême droite relayés par CNews, Europe 1 et le JDD” – propriétés du milliardaire conservateur Vincent Bolloré.Les condamnations sont pourtant venues d’une grande partie de la classe politique: Marine Le Pen s’est dite “scandalisée” par ces “références aux caricatures antisémites”. Des images “insupportables” et “intolérables”, a également tranché le président du Sénat Gérard Larcher (LR), le garde des Sceaux Gérald Darmanin fustigeant une image qui met “une cible sur le dos” de l’animateur. LFI n’a “plus rien avoir avec la gauche antiraciste”, a déploré l’ancien sénateur socialiste David Assouline.Critiques récusées en bloc par le fidèle lieutenant mélenchoniste Eric Coquerel: “C’est une manière de nous discréditer”, a estimé le député de Seine-Saint-Denis, assurant que “cette affiche ne reprenait pas les codes culturels” de l’antisémitisme, tout en reconnaissant “une maladresse sur la forme”.- “On a fait une connerie” -Pourtant en privé, d’autres manifestent vivement leur désaccord avec la dernière initiative du parti. Comme narré par le journal L’Opinion, l’élu de Gironde Loïc Prud’Homme s’en est ouvert dans une boucle Whatsapp interne, d’un message sans équivoque: “Y aurait-il un moyen de s’éviter un +shitstorm+ (merdier, ndlr) à chaque visuel?”.Son collègue parisien Aymeric Caron (apparenté LFI) a aussi demandé de “tenir compte du fait que chaque membre du groupe est impacté, une fois de plus, par ces communications catastrophiques, qui se multiplient”. Messages dont l’authenticité a été confirmée à l’AFP par des membres de ce groupe de messagerie – qui compte plus de 140 personnes.Un troisième député confie pour sa part sous le sceau de l’anonymat que “ce visuel n’aurait jamais dû exister”, même s’il se dit “sûr que ça n’a pas été fait avec une intention antisémite”.”Mais qu’à aucun moment, de la conception à la diffusion, personne n’y ait pensé… Il y a un problème de culture politique”, déplore cet élu, qui émet deux hypothèses: “Soit ça a été validé et c’est un problème de ligne politique, soit c’est pas validé et c’est un problème d’organisation”.Dans les deux cas, “il y a une responsabilité à assumer” pour reconnaitre “qu’on a fait une connerie”. Et dans l’organisation du parti, celle-ci revient aux “membres chargés de la +coordination des espaces+, au titre de la +bataille médiatique+”, souligne-t-il.Façon de désigner sans les nommer deux figures majeures de LFI, proches parmi les proches de Jean-Luc Mélenchon: le coordinateur en chef Manuel Bompard, qui a hérité de la circonscription marseillaise de son mentor, et la députée de Paris Sophia Chikirou, ex-conseillère en communication du triple candidat à la présidentielle.

#MeToo dans le cinéma: à l’Assemblée, Besnehard met en cause le comportement d’actrices

L’ancien agent de stars et producteur Dominique Besnehard, créateur de la série “Dix pour cent”, a mis en cause jeudi le comportement d’actrices qui ont accusé Harvey Weinstein ou Gérard Depardieu de viols, lors d’une audition mouvementée à l’Assemblée nationale.L’homme de 71 ans, dans le métier depuis cinquante ans, a revendiqué appartenir “à l’ancien monde”, au début de son audition devant la commission d’enquête sur les violences commises dans le cinéma.Il a notamment été interrogé sur le comportement de Gérard Depardieu, avec qui il a travaillé par le passé, et en faveur duquel il a signé une pétition de soutien, “par fidélité” pour sa fille, Julie.Dominique Besnehard a répondu en mettant en cause l’actrice Charlotte Arnould, qui accuse Depardieu de l’avoir violée à son domicile. L’acteur a été mis en examen dans cette affaire et le parquet a requis un procès à son encontre.”Généralement, les cours de théâtre, on les fait dans un cours de théâtre, on ne va pas à domicile chez un acteur”, a déclaré Besnehard à propos du comportement supposé de la plaignante.Quant à Depardieu, il assume son soutien à un homme qu’il a vu “se transformer”, et “vriller après la mort de son fils”, Guillaume, en 2008. Dominique Besnehard dit ne plus avoir de contact avec lui, mais rappelle la “présomption d’innocence”.L’ancien agent le plus puissant du cinéma français a également abordé l’affaire Harvey Weinstein, le producteur roi d’Hollywood jusqu’à sa chute retentissante en 2017, lorsque des dizaines de femmes l’ont accusé de harcèlement, d’agression sexuelle ou de viol, déclenchant l’onde de choc planétaire #MeToo.- “Je l’ai vu, ça !” – Il a, là encore, mis en cause le comportement des plaignantes: “Quand j’étais agent, j’ai vu des actrices un peu dépasser les bornes. On ne va pas dans un hôtel avec un metteur en scène. Excusez-moi, Weinstein qui allait à Cannes, certaines actrices allaient dans sa chambre pour peut-être faire une carrière américaine. Je l’ai vu ça ! J’ai même des actrices dont je m’occupais qui y sont allées !”Il a par contre salué le courage d’autres actrices qui, selon lui, refusaient ce genre de propositions: “Je suis peut-être la personne qui connaît le mieux les actrices” a-t-il ajouté en citant les stars “Nathalie Baye, Isabelle Adjani…””Je ne crois pas qu’Isabelle Huppert, jeune comédienne, monte dans un hôtel avec un producteur qui a une mauvaise réputation, je suis désolé”, dit-il. Malgré tout, Dominique Besnehard a salué “le mouvement #MeToo”: “c’est important car maintenant on ne peut plus dire qu’on ne sait pas”.Il a tenu à souligner le courage de l’actrice Noémie Kocher, qui avait accusé, bien avant la vague #MeToo, le cinéaste Jean-Claude Brisseau de harcèlement sexuel. Ce dernier a été condamné en 2005 puis est décédé en 2019.Repris par la présidente de la commission d’enquête, la députée écologiste Sandrine Rousseau, Dominique Besnehard a perdu son calme, au cours de l’une des auditions les plus mouvementées depuis la création de cette instance, qui a auditionné des dizaines de responsables de la culture et du cinéma, et doit rendre son rapport dans un mois.”Si c’est mon procès, je me taille ! Vous arrêtez de faire la morale à tout le monde, ça commence à bien faire !”, a-il lancé à Sandrine Rousseau. Il est finalement resté plus d’une heure, et a pu entendre la députée lui répondre.”Loin d’être de la morale comme vous l’avez qualifiée, la question est de savoir comment on fait respecter le droit et le corps des personnes. Plein de gens ont quitté le cinéma à cause de ça, le cinéma a perdu des talents (…) car il y a eu une forme de complaisance”, a-t-elle souligné.”Vous qui dites tout le temps que vous êtes de l’ancien temps, je conclurai en vous disant : +Soyez de ce temps là, M. Besnehard, parce que nous avons aussi besoin de vous !+”.

Le gouvernement promet une relance de la politique de la ville

Après plus d’un an de silence, le gouvernement a promis jeudi de relancer les concertations sur l’avenir de la politique de la ville, une réponse au cri d’alarme lancé par sept associations d’élus pour qui les habitants des quartiers prioritaires “sont en train de craquer”. “Je suis heureuse de vous confirmer aujourd’hui que le prochain comité interministériel des villes se tiendra le 17 avril 2025 à Montpellier”, a annoncé la ministre déléguée à la Ville Juliette Méadel devant un parterre d’élus et d’associations réunis à Epinay-sous-Sénart (Essonne).Education, sécurité, logement, santé, emploi, cohésion sociale… Ce comité réuni sous la houlette du Premier ministre et qui rassemble l’ensemble des ministres doit permettre de définir les nouvelles priorités de la politique de la ville, pensée pour résorber les inégalités entre les quartiers prioritaires (QPV) et le reste du territoire.Trois réunions de consultations se tiendront en amont: le 17 mars avec le monde associatif, le 28 mars avec les représentants du monde économique et les bailleurs sociaux, et le 3 avril avec les associations d’élus. Juliette Méadel répond à “l’appel d’Epinay” lancé peu auparavant par sept associations d’élus locaux (Ville et Banlieue, Association des maires de France, Association des petites villes, Villes de France, France urbaine, Intercommunalités de France, Amif), une initiative rare sur le modèle de l’appel de Grigny, qui appelait à défendre les quartiers populaires en 2017.Les maires dressent le constat sans équivoque d’un creusement des inégalités territoriales et d’une paupérisation accélérée des 5,7 millions d’habitants des quartiers prioritaires depuis la crise du Covid.”L’appel d’Épinay-sous-Sénart doit être un moment historique de prise de conscience et de prise de décision (…) parce que les habitants sont en train de craquer”, a averti Damien Allouch, maire PS d’Epinay, jugeant que “si tout ça ne fonctionne pas dans quelques mois, ce sera l’extrême droite qui sera au pouvoir”.”Nous souhaitons (…) que les habitants aient accès aux mêmes droits et services, c’est-à-dire au droit commun qui prévaut sur l’ensemble du territoire national”, a déclaré Gilles Leproust, président de Ville et Banlieue. – “Tout se déglingue” -Les maires demandent au gouvernement de se doter d’une “feuille de route interministérielle” pour les quartiers et “d’assortir pour chaque ministère des objectifs chiffrés de réduction de l’inégalité des chances”. Dans un contexte budgétaire contraint que risque d’aggraver la situation géopolitique internationale, les élus de banlieue redoutent par ailleurs “l’extinction silencieuse de la politique de renouvellement urbain” portée par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), alors que les financements de l’Etat se font déjà attendre pour les projets actuels.La ministre du Logement Valérie Létard a indiqué qu’elle se rendra fin mars à la Commission européenne pour trouver de nouveaux modes de financement de l’agence.”On voit bien que tout se déglingue”, a fustigé de son côté l’ex-ministre de la Ville et père de la rénovation urbaine Jean-Louis Borloo, alertant au passage sur le risque d’un démantèlement d’Action Logement, premier financeur des programmes de rénovation urbaine.Lors du dernier CIV, l’ex-Première ministre Elisabeth Borne avait annoncé 84 mesures, dont le fait de ne plus attribuer de logements dans ces quartiers aux ménages bénéficiant du droit au logement opposable, au nom de la mixité sociale. La mesure avait ulcéré à gauche.Les 84 mesures annoncées n’ont pas toutes pu être mises en oeuvre, a reconnu Mme Méadel, disant préférer “quelques priorités ramassées”.La ministre a réaffirmé ses trois priorités, dont l’amélioration du cadre de vie dans et à proximité des HLM avec la création d’un “comité de suivi” trimestriel. “Dans un département sur deux, nous avons de gros problèmes de gestion des encombrants (voitures-ventouses, machines à laver)”, a-t-elle déclaré.Les deux autres priorités sont l’enfance et l’adolescence, avec la poursuite des “cités éducatives” et la mise en place d’accueils psychologiques pour les jeunes, ainsi que le développement économique des quartiers, à travers la massification du micro-crédit pour les femmes.”On ne traitera pas la question santé mentale des enfants si on ne s’attaque pas à la question de la précarité sociale, c’est-à-dire permettre à un enfant de grandir correctement, pas seul, de pouvoir se nourrir, se soigner et étudier”, a-t-elle ajouté.

Ukraine, sécurité européenne: l’exécutif fait le point avec les parlementaires

Le Premier ministre François Bayrou et le ministre des Armées Sébastien Lecornu ont reçu jeudi après-midi à huis clos les responsables parlementaires pour une réunion d’information sur le dossier ukrainien et ses conséquences sur la défense nationale.La réunion, qui a débuté vers 14h30 au ministère des Armées, s’est achevée vers 18h00. La liste des participants n’a pas été dévoilée mais les présidents de groupes à l’Assemblée, au Sénat et au Parlement européen étaient conviés.”Je crois que tous les intervenants (…) ont été frappés par le fait que c’était précis, approfondi, utile, qu’il n’y avait pas de secret dissimulé”, a estimé François Bayrou à l’issue de la réunion.”C’est un moment très difficile, c’est un moment très exigeant, un moment qui exige beaucoup de solidarité nationale, c’est exactement ce que nous avons bâti cet après-midi”, a-t-il ajouté.”On est resté à un niveau intéressant mais assez général”, a pour sa part expliqué la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée, Cyrielle Chatelain.Mais “quand on a autour de la table le Rassemblement national, qui (mercredi) soir encore à l’Assemblée demandait d’amoindrir les sanctions envers la Russie, c’est normal que nous, dans nos questions, nous soyons restés prudents et que les généraux soient prudents dans leurs réponses”, a-t-elle relevé.Cette réunion intervient au lendemain de l’adoption par les députés d’une résolution sur le renforcement du soutien à l’Ukraine, contenant notamment un appel à la saisie des avoirs russes gelés, à laquelle s’oppose le gouvernement.La présidente du groupe La France insoumise Mathilde Panot a évoqué “plusieurs appels” de M. Bayrou et M. Lecornu aux participants de la réunion pour “parler aux opinion publiques pour accepter les augmentations de dépenses militaires”.Mais “aucune leçon n’est tirée sur l’impasse dans laquelle nous a placés Emmanuel Macron et d’autres dirigeants européens en faisant pendant des années et des années une politique complètement atlantiste, complètement alignée sur les États-Unis”, a également déclaré Mme Panot, qui a réaffirmé l’opposition de son parti à l’envoi de “troupes hors cadre de l’ONU” en Ukraine.L’eurodéputée d’extrême droite Marion Maréchal a eu “le sentiment que tout ça relève davantage d’une opération de communication que d’actions très concrètes et bien définies”.Jordan Bardella et Marine Le Pen ont également participé à la réunion pour le Rassemblement national. Les socialistes Boris Vallaud et Patrick Kanner étaient également présents.Des responsables militaires ont détaillé le rôle de la France dans l’Otan, le fonctionnement de sa dissuasion nucléaire, ou encore les menaces qui pèsent sur le pays (cyberattaques contre les infrastructures civiles, ingérences et désinformation…).Paris s’active aux côtés des Européens pour peser sur d’éventuelles négociations en vue d’un cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie et de solides garanties de sécurité pour Kiev.Emmanuel Macron a par ailleurs reçu jeudi matin les ministres des Armées, des Affaires étrangères, de l’Europe, des Finances et des Comptes publics pour une réunion consacrée au renforcement de la défense du pays et des modalités de son financement, alors que la France compte augmenter son budget de défense malgré des finances publiques moribondes.

Municipales à Paris: Hidalgo ne soutiendra pas Grégoire s’il gagne la primaire socialiste

La maire PS sortante de Paris Anne Hidalgo ne soutiendra pas Emmanuel Grégoire s’il remporte la primaire des socialistes pour les municipales de 2026 face à Rémi Féraud, son successeur désigné, estimant que son ex-premier adjoint fera perdre la gauche.”Je ne pourrai pas soutenir quelqu’un qui, ces deux dernières années, a passé son temps à me tirer le tapis sous le pied, parce que ça nous fera perdre”, a déclaré jeudi sur Public Sénat l’édile socialiste, qui a renoncé à briguer un troisième mandat.”Le vote militant est essentiel et sera respecté. Comme je l’ai toujours dit, je m’attacherai au rassemblement de tous les socialistes pour gagner”, a réagi Rémi Féraud auprès de l’AFP.”Emmanuel Grégoire continuera à parler uniquement de Paris, aux Parisiens et aux militants”, a-t-on répondu dans l’entourage de l’ex-adjoint à la maire.Les militants socialistes parisiens sont appelés à élire leur candidat à l’Hôtel de ville lors d’une primaire interne le 30 juin, peu après le congrès du PS, en départageant le sénateur Rémi Féraud qu’Anne Hidalgo a adoubé pour lui succéder, et le député Emmanuel Grégoire, son ancien premier adjoint avec lequel elle a rompu les liens.Rémi Féraud, chef de la majorité au Conseil de Paris, “a la force et la capacité à mener cette ville” alors que son rival, qui fut son premier adjoint pendant six ans, “n’a pas fait ses preuves”, cingle-t-elle.”Pour être maire de Paris il faut être costaud, savoir rassembler et ne pas parler que de soi mais de l’intérêt collectif, ce que fait très bien Rémi Féraud”, a commenté l’ex-candidate PS à la présidentielle de 2022 avec un score historiquement bas (1,7%).La fonction de premier adjoint, qu’elle a occupée pendant 13 ans au côté de l’ancien maire Bertrand Delanoë, “c’est protéger le maire et l’équipe qu’il y a derrière”, a ajouté l’édile, affirmant qu’elle a “fait ses preuves”.Mme Hidalgo dit avoir “aidé” Emmanuel Grégoire “à se former” pour devenir maire, un travail “pour lequel il était prédestiné et avait beaucoup de cartes en mains”, mais considère avoir été “trahie” par son ancien dauphin quand elle a “découvert sa candidature dans les journaux (en novembre dernier, NDLR) et qu’elle se faisait contre notre bilan commun”.”On se tire une balle dans le pied”, a taclé la maire qui vient de publier un nouveau livre, “Résister: le pari de l’espoir”.

Congrès: fin du suspense, Boris Vallaud candidat à la tête du Parti socialiste

Le suspense n’aura pas duré longtemps: le chef des députés socialistes Boris Vallaud a confirmé jeudi qu’il était candidat au poste de premier secrétaire du PS pour le congrès de juin, se posant en rassembleur des socialistes, au risque d’une guerre des chefs avec Olivier Faure.Après avoir publié mercredi une tribune appelant à un congrès de “réconciliation” et “de doctrine”, le député des Landes a annoncé qu’il était “le candidat du rassemblement”, pour éviter selon lui un nouveau congrès fratricide, comme celui de Marseille en 2023, qui avait divisé les socialistes sur la question de l’alliance avec La France insoumise.Mais même s’il affirme qu’il n’est pas candidat contre Olivier Faure, sa candidature signale le début des grands manoeuvres pour la direction d’un parti à la longue tradition de luttes intestines.”Je sais ce qu’a fait Olivier Faure, j’ai été à ses côtés”, a-t-il souligné, lorsque le premier secrétaire a repris il y a sept ans un PS à terre après le quinquennat Hollande et l’échec de la présidentielle 2017. Le député landais, réputé plus consensuel, affirme que sa candidature n’est “pas une candidature de plus mais une candidature collective”, alors que plusieurs personnalités sont sur les rangs, outre Olivier Faure: le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, mais aussi le député Jérôme Guedj et la sénatrice Laurence Rossignol, qui vont déposer ensemble leur propre motion.Boris Vallaud porte “un discours positif”, “ne tape sur personne”, et défend un projet de réconciliation autour de “la réaffirmation d’une identité forte” des socialistes et de “la thématique du travail”, explique à l’AFP le conseiller départemental du Lot Rémi Branco, qui le soutient.”On est tous d’accord qu’il y a une gauche qui doit se reconstruire sans Mélenchon. Il faut nous réunir autour de la construction d’un projet”, insiste-t-il, affirmant que “n’importe quel militant socialiste doit pouvoir se reconnaître dans nos priorités”. Dans le camp d’Olivier Faure, on reste serein, soulignant qu’il ne s’agit pas d’un duel, car pour être officiellement candidat, il faut d’abord déposer un texte d’orientation (ou motion), et que ce texte soit parmi les deux qui arriveront en tête du vote des militants. Ce qui signifie que Boris Vallaud devra “passer des accords” avec d’autres courants “sur des lignes politiques qui sont différentes” pour espérer l’emporter, juge un proche d’Olivier Faure.- “Quelle ligne?” -“S’il prétend rassembler les socialistes, sur quelle ligne le fera-t-il?”, demande le même: “une candidature socialiste solitaire pour 2027, ou un candidat socialiste qui participe à un processus collectif de toute la gauche, hors LFI?”.Boris Vallaud, 49 ans, est sur une stratégie proche de celle d’Olivier Faure: il souhaite une candidature commune de la gauche, sans Jean-Luc Mélenchon, et dans laquelle des socialistes “pourront jouer le premier rôle. Mais celui-ci ne se décrète pas. Il se mérite”, a-t-il expliqué.”J’ai de l’estime pour Boris Vallaud et la façon dont il gère le groupe socialiste”, souligne le député Laurent Baumel auprès de l’AFP, mais “Olivier Faure, c’est la garantie d’une continuité dans la ligne stratégique de l’union de la gauche”.”Boris va avoir besoin de clarifier sa ligne politique”, abonde l’eurodéputé Pierre Jouvet, proche du premier secrétaire. “Un congrès ce n’est pas seulement un casting, c’est un bilan, une perspective, une ligne de fond”, relève-t-il.Boris Vallaud avait mercredi plus d’une cinquantaine de signatures de partisans, dont des sénateurs et des responsables de fédérations socialistes. Son entourage affirme que les soutiens se poursuivaient jeudi, notamment de jeunes socialistes, et y compris chez des partisans d’Olivier Faure. Ce que dément l’entourage du premier secrétaire: “Sa majorité ne bouge pas d’un millimètre”.Boris Vallaud n’aura pas en tout cas le soutien de la maire de Paris Anne Hidalgo, proche de Nicolas Mayer-Rossignol.La position de François Hollande, redevenu très influent dans le groupe socialiste depuis son élection comme député de Corrèze, est particulièrement scrutée. L’ex-président refuse de se prononcer pour un candidat, mais a jugé sur France info que Boris Vallaud faisait “bien son travail” à l’Assemblée. 

Artificialisation des sols: au Sénat, une nouvelle offensive pour assouplir les contraintes

Faut-il assouplir les objectifs de lutte contre l’artificialisation des sols? Le Sénat a commencé mercredi l’examen d’un texte pour revoir certains principes du “zéro artificialisation nette” (ZAN), régulièrement ciblé par la droite et dont la remise en cause inquiète la gauche et une partie de la macronie.Les débats, qui continueront jeudi et s’étireront jusqu’à un vote solennel prévu mardi, s’annoncent assez animés à la chambre haute sur l’un des chevaux de bataille de la majorité sénatoriale, une alliance entre Les Républicains et les centristes.Ces derniers ne cessent de fustiger les contraintes pesant sur les élus locaux dans le cadre du ZAN, qui fixe un objectif très ambitieux depuis la loi Climat de 2021: stopper l’étalement urbain d’ici 2050. A cette date, toute nouvelle surface urbanisée devra ainsi être compensée par la renaturation d’une surface équivalente.”Une logique planificatrice et dirigiste des gouvernements successifs”, s’alarme le sénateur LR Jean-Baptiste Blanc, qui a appelé en ouverture des débats à “changer de méthode, changer cette planification descendante”.Avec le centriste Guislain Cambier, il porte une proposition de loi pour suggérer divers aménagements, après de premiers assouplissements déjà votés en 2023.La mesure phare du texte entend revenir sur un objectif intermédiaire fixé à 2031, qui prévoit de diviser par deux le rythme d’artificialisation au cours de la décennie 2021-2031 par rapport à la décennie précédente (2011-2021). Sans remettre en cause néanmoins l’échéance de 2050 et l’objectif du “zéro artificialisation nette”.”Il faut assouplir, donner de la respiration et surtout donner la main aux territoires pour qu’ils décident eux-mêmes de leur propre trajectoire”, a expliqué la rapporteure centriste Amel Gacquerre.- “Trace” après “ZAN” -Pour lutter contre une loi jugée “descendante” et “désasphyxier” les collectivités, les sénateurs entendent aussi repousser les calendriers prévus par la loi, pour intégrer les objectifs de sobriété foncière dans les documents d’urbanisme, et donner plus de pouvoir aux élus locaux pour contraindre la région à revoir ses objectifs de désartificialisation.Ils souhaitent également exclure du décompte du ZAN, jusqu’en 2036, les implantations industrielles, les infrastructures de production d’énergie renouvelable et les constructions de logements sociaux dans les communes qui en sont déficitaires.Plus symbolique, les sénateurs proposent de supprimer l’appellation du ZAN – “devenue un repoussoir” selon eux – au profit de l’acronyme “Trace”, pour “Trajectoire de réduction de l’artificialisation concertée avec les élus locaux”.Autant d’aménagements qui inquiètent au plus haut point une partie de la gauche, et notamment le groupe écologiste, qui a tenu mardi une conférence de presse pour dénoncer une “loi de détricotage complet du ZAN”.”Nous dénonçons cette capitulation par rapport aux enjeux essentiels de sobriété foncière”, a fustigé le sénateur de Paris Yannick Jadot.- Objectif intermédiaire en 2034 ? -Si le gouvernement partage de son côté l’ambition “d’assouplir autant que possible” le dispositif, le ministre de l’Aménagement du territoire François Rebsamen a rappelé dans la soirée son opposition à certains objectifs du Sénat, craignant qu’ils soient “contreproductifs”.Un amendement gouvernemental propose ainsi de rétablir l’objectif intermédiaire d’une artificialisation réduite de moitié, mais en le repoussant de trois années, à 2034. “Il me semble indispensable de pouvoir essayer d’évaluer objectivement cette avancée, d’identifier les écarts et se donner la possibilité d’atteintre l’objectif en 2050 pour ceux qui seraient en retard”, a insisté le ministre.Le Sénat devrait rejeter la proposition gouvernementale, au profit d’un dispositif moins contraignant imposant aux collectivités de se fixer un objectif certes “crédible” pour 2034, mais dont le chiffrage sera à la main des territoires.L’initiative du Sénat va rapidement être éclairée par une mission parlementaire de l’Assemblée nationale, menée par la députée Renaissance Sandrine Le Feur et dont les conclusions, attendues fin mars, “s’opposeront à la proposition de loi du Sénat”, selon l’entourage de la présidente de la commission Développement durable de l’Assemblée. Les associations d’élus aussi accueillent diversement cette initiative. “Changer toutes les règles alors que tout le monde s’est mis au travail, recréer de l’incertitude chez les élus, je ne sais pas si c’est la meilleure des choses”, s’est interrogé mercredi Sébastien Martin, président d’Intercommunalités de France.

Municipales à Paris: Francis Szpiner candidat à l’investiture de la droite

Le sénateur LR de Paris Francis Szpiner a annoncé mercredi vouloir être le candidat de la droite pour les élections municipales de 2026 dans la capitale, une investiture déjà briguée par Rachida Dati.”Je demanderai en effet aux Républicains et aux Centristes d’être leur candidat à la mairie de Paris. Il appartiendra à la Commission nationale d’investiture (de LR, NDLR) de se prononcer”, a indiqué Francis Szpiner dans un entretien au Parisien publié mercredi soir.Avocat et ancien maire (LR) du 16e arrondissement, Francis Szpiner, 70 ans, dirige l’un des trois groupes de droite au Conseil de Paris, Demain Paris (16 élus, LR et centristes), qu’il a créé il y a un an pour marquer son désaccord avec le rapprochement imposé par Rachida Dati avec la majorité présidentielle lors de son entrée au gouvernement.La ministre de la Culture et maire du 7e arrondissement “est aujourd’hui la candidate du macronisme, elle n’est plus membre des Républicains”, commente le sénateur LR.”Je ne peux pas lui laisser le monopole de l’opposition car les faits démontrent qu’elle n’arrive pas à rassembler”, ajoute-t-il.Mais en janvier, la patronne de la fédération LR de Paris, la sénatrice Agnès Evren, avait appelé “toute la droite parisienne” à se rassembler derrière Rachida Dati. L’appel d’Agnès Evren n’engageait pas l’ensemble du groupe Union capitale, première force d’opposition au Conseil de Paris (22 élus), dont elle partage la présidence avec le LR Geoffroy Boulard et l’ex-député Horizons Pierre-Yves Bournazel. Ce dernier, proche d’Edouard Philippe, dit qu’il sera candidat en 2026.Rachida Dati co-dirige le groupe Changer Paris, deuxième groupe d’opposition à Anne Hidalgo avec 19 élus.La gauche est partie en ordre dispersée pour succéder à Anne Hidalgo à l’Hôtel de Ville. Les socialistes se livrent un duel fratricide entre le sénateur Rémi Féraud, dauphin adoubé par la maire sortante pour reprendre le flambeau, et le député Emmanuel Grégoire, son ancien premier adjoint avec lequel elle a rompu les liens.Leur primaire devrait se tenir le 30 juin, dans la foulée du congrès national du PS.Les écologistes doivent quant à eux investir leur candidat à partir de vendredi, en départageant quatre candidats, un mois avant le congrès national.

LR: Wauquiez déplore les propos “malheureux” de son rival Retailleau

Le patron des députés LR Laurent Wauquiez, en lice pour la présidence du parti, a déploré mercredi des propos “malheureux” de son rival Bruno Retailleau à son égard, tout en accusant “l’exécutif d’avoir capitulé” sur l’Algérie. “Je pense que c’était une phrase malheureuse et je suis sûr qu’il la regrette”, a déclaré à la presse le député de Haute-Loire à l’issue d’une réunion publique devant près de 250 personnes à Provins (Seine-et-Marne). Il réagissait ainsi aux déclarations du ministre de l’Intérieur qui avait répondu le matin sur RTL à une question sur des propos de Laurent Wauquiez par: “Les chiens aboient, la caravane tranquille passe”.”On n’est pas adversaires. Il ne faut pas qu’il y ait d’attaque, pas de phrases avec des mots qui peuvent être blessants”, a souligné le patron des députés LR qui brigue la présidence du parti face à Bruno Retailleau. Dans son discours, Laurent Wauquiez a aussi accusé “l’exécutif d’avoir capitulé avant même de livrer bataille” face à l’Algérie, reprochant au président Emmanuel Macron d’avoir refusé de dénoncer l’accord de 1968 avec Alger, qui donne un statut particulier aux Algériens en France en matière de circulation, de séjour et d’emploi.”Je ne peux accepter le choix qu’a imprimé Emmanuel Macron de dire que sur l’Algérie on ne peut rien faire, on ne va pas renégocier l’accord de 1968, on va continuer à se faire humilier”, a-t-il dénoncé.”Je le dis avec force. Il y a un seul chemin: on dénonce l’accord de 1968″, a-t-il insisté, recourant à ce qu’il présente comme “sa parole libre”. Une façon pour lui de se distinguer de Bruno Retailleau dont il affirme qu’il est bridé dans son expression par sa présence au gouvernement.”Il faut que celui qui sera demain le président de notre famille politique ait l’autonomie et la liberté de pouvoir le dire”, a-t-il expliqué.L’ancien patron du parti, Christian Jacob, qui lui a apporté son soutien, a abondé dans le même sens lors de la réunion publique: “la présidence de LR c’est un travail à plein temps”, a-t-il soutenu.”On n’a pas la parole totalement libre au gouvernement. On y est lié par la solidarité gouvernementale”, a-t-il ajouté.

LR: la campagne s’envenime entre Retailleau et Wauquiez

Coups de “poignards dans le dos” et “chiens qui aboient”: A deux mois du congrès qui désignera le nouveau président de LR, le ton monte entre les deux candidats Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, qui multiplient les piques à distance.A en croire les entourages des deux candidats, il n’y a pas de guerre des chefs: “Bruno Retailleau ne parle jamais de Laurent Wauquiez dans ses meetings”, assure le camp du ministre de l’Intérieur. “Il n’y a aucune attaque personnelle ou de critique de son action au gouvernement”, réplique celui du patron des députés LR.Malgré ces déclarations de bonnes intentions, le ton monte : “Les chiens aboient, la caravane tranquille passe”, a dit le ministre de l’Intérieur sur RTL, répondant aux doutes émis sur sa capacité à obtenir des résultats en étant “sous la tutelle de François Bayrou”.”Je pense que c’était une phrase malheureuse et je suis sûr qu’il la regrette”, a déclaré à la presse le député de Haute-Loire à l’issue d’une réunion publique devant près de 250 personnes à Provins (Seine-et-Marne). “On n’est pas adversaires. Il ne faut pas qu’il y ait d’attaque, pas de phrases avec des mots qui peuvent être blessants”, a-t-il ajouté, tandis que l’un de ses proches taclait “la fébrilité” du ministre et l’appelait “à garder son calme”.Dans l’entourage de Bruno Retailleau, en vogue dans les sondages, on nie un quelconque dédain dans l’utilisation de cette expression, assurant qu’elle témoigne de la volonté de Bruno Retailleau de montrer que “ça ne l’empêche pas d’avancer” dans sa tâche à Beauvau.Surtout, c’est une manière de dire “ça suffit” à Laurent Wauquiez qui “passe son temps à nous taper dessus avec des sous-entendus”, explique la source, agacée par les attaques sur le manque de liberté du ministre en tant que membre du gouvernement.Et l’entourage du Vendéen de contre-attaquer: “Pour décrédibiliser le ministre de l’Intérieur, Laurent Wauquiez se sert du récit de nos adversaires du RN”. A l’image du vice-président Sébastien Chenu qui a récemment présenté le ministre comme “l’homme des accommodements”.- “La campagne contre la ville” -Ces premiers échanges musclés entre les deux candidats coïncident avec l’accentuation de la “chiraquisation” de la campagne de Laurent Wauquiez.Le député de Haute-Loire l’a d’ailleurs reconnu mardi sur Europe 1, citant dès les premières secondes de l’interview le nom de l’ancien président et affichant sa volonté de vouloir “sillonner la France” comme lui pour aller à la rencontre des adhérents LR. Un parallèle qu’il a cherché à renforcer en parlant des “poignards qu’on lui a plantés dans le dos”. Allusion à la trahison infligée à Jacques Chirac par Edouard Balladur, son meilleur ennemi à droite, qui s’était finalement aussi jeté dans la course à l’Elysée en 1995 porté par des sondages favorables… avant de se faire doubler par celui qui deviendra au final président.   “C’est la campagne contre la ville”, observe un élu auvergnat en comparant la stratégie de Laurent Wauquiez, qui prend son temps pour prendre un verre après ses meetings avec les militants et celle du ministre de l’Intérieur dont les fonctions le privent de la même disponibilité.Le patron des députés LR a d’ailleurs l’intention de mener sa campagne jusqu’au congrès du 17 et 18 mai au “rythme de deux réunions par jour avec les fédérations, voire trois” pour pouvoir les rencontrer toutes, commente un proche.C’est déjà le cas cette semaine où il est allé mercredi à la rencontre des militants en Côte d’Or et en Seine-et-Marne, avant de mettre le cap jeudi et vendredi sur l’Aude, l’Hérault, le Tarn et Toulouse.Un emploi du temps chargé qui donne au camp de Bruno Retailleau l’occasion de riposter aux attaques de son adversaire qui souligne sans cesse que “la France a besoin d’un ministre à temps plein”.A Beauvau, on déplore que cette campagne se fasse aux dépens de sa présidence des députés LR: “Il était absent lors du débat sur l’Ukraine…”, relève un proche du ministre.Pour sa part, le ministre accélère également et avance au rythme de trois réunions publiques par semaine, auxquelles s’ajoutent celles de son directeur de campagne Othman Nasrou qui se rend jeudi à Marseille.