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Les députés approuvent une relance massive du nucléaire

Les députés ont approuvé mercredi une relance massive du nucléaire en adoptant un article clé d’une proposition de loi sur le futur énergétique de la France, dont l’examen doit se poursuivre jusqu’à vendredi.Un amendement du rapporteur du texte, Antoine Armand (Renaissance), a été adopté avec les voix notamment du Rassemblement national. Il rétablit cet article clé sur le nucléaire, qui avait été supprimé dans la confusion en commission.”Nous actons une relance d’une ambition inédite: maintien du parc existant, construction de 14 EPR, décision d’un réacteur de 4e génération”, s’est félicité auprès de l’AFP M. Armand, ex-ministre de l’Économie.La France a aujourd’hui une capacité installée de production d’électricité d’origine nucléaire de 63 gigawatts. Le texte, sur lequel un vote solennel est prévu mercredi, prévoit d’augmenter cette capacité de 27 gigawatts supplémentaires “à l’horizon 2050”. Pour cela, la construction d’au moins 10 gigawatts de nouvelles capacités – soit l’équivalent de six réacteurs nucléaires de type EPR2 – devra être “engagée au plus tard en 2026”. Et celle de 13 gigawatts supplémentaires, soit huit EPR2, être engagée “au plus tard en 2030″. Le gouvernement, qui porte un programme de construction de six EPR2 annoncé en 2022 par Emmanuel Macron, défendait lui un amendement légèrement différent, le ministre de l’Industrie Marc Ferracci expliquant préférer repousser la décision sur les huit réacteurs supplémentaires à 2026.”Les sommes colossales que vous voulez à toutes forces investir dans cette énergie du passé (…), c’est tout l’argent qu’on n’investit pas dans l’énergie du futur, c’est-à-dire les énergies renouvelables”, s’est insurgée la députée insoumise Anne Stambach-Terrenoir. L’énergie nucléaire est “la plus décarbonée, la plus pilotable, la plus souveraine et financièrement la plus tenable”, a au contraire argumenté Jérôme Nury (LR). Le PS avait pour sa part proposé d’engager la construction de huit réacteurs d’ici 2035, avec des objectifs supplémentaires renvoyés à plus tard. Un compromis “balayé” par le rapporteur, a regretté le député PS Karim Benbrahim.- Victoires du RN -“Vous considérez que la bienveillance du Rassemblement national à l’égard de François Bayrou vaut plus qu’une politique énergétique exigeante”, a taclé ce député.Dans la foulée du vote sur l’article, après une courte suspension, les élus du RN, massivement présents autour de Marine Le Pen, ont engrangé une série de succès. Le rapport de force dans l’hémicycle était à leur avantage avec, face à eux, des bancs du bloc central et de la gauche bien plus dégarnis. Ainsi, l’Assemblée nationale a par exemple approuvé le redémarrage de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin). Mise en service en 1977, la doyenne des centrales françaises avait été définitivement fermée en 2020. “Je l’avais promis, le groupe RN l’a fait voter par l’Assemblée nationale”, s’est félicitée sur X Marine Le Pen. D’autres amendements RN, qui prévoient par exemple d’augmenter la puissance des réacteurs du parc nucléaire existant, ont été adoptés. Il s’agit surtout pour l’extrême droite, farouche partisane du nucléaire, de victoires symboliques.Car, “ces amendements s’inscrivent dans des articles programmatiques qui n’ont pas de portée normative directe et pourront être réexaminés au cours de la navette” parlementaire, a souligné Antoine Armand. En effet, cette proposition de loi du sénateur Daniel Gremillet (LR), déjà adoptée en première lecture à la chambre haute, doit surtout inspirer le décret gouvernemental fixant la feuille de route énergétique du pays jusqu’en 2035.Le gouvernement veut publier ce décret “avant la fin de l’été”, donc avant la fin de l’examen parlementaire du texte, afin de permettre de “lancer des investissements”.C’est sous la pression du RN, qui en avait fait un motif de censure, que François Bayrou avait accepté d’inscrire ce texte à l’ordre du jour de l’Assemblée. 

Essais nucléaires: un pardon de la France permettra à la Polynésie de “récupérer son histoire”, plaide la commission d’enquête

Le pardon de la France à la Polynésie pour les essais nucléaires est “une demande des Polynésiens” pour tourner la page et combler les “blancs dans notre histoire”, a affirmé mercredi la députée Mereana Reid-Arbelot (GDR), rapporteure d’une commission d’enquête parlementaire qui propose d’inscrire ce geste dans la loi organique du territoire.”Ce n’est pas un pardon tourné vers le passé: on a besoin de récupérer notre histoire parce qu’on a beaucoup de blancs dans nos pages d’histoire”, a-t-elle déclaré à l’AFP, ajoutant que cette demande de pardon était “un retour de toutes les personnes qu’on a rencontrées en Polynésie” dans le cadre de la commission d’enquête.Ce pardon, proposé parmi les 45 recommandations rendues publiques mardi, serait intégré à la loi organique de 2004 portant statut d’autonomie de la Polynésie française.”Depuis l’arrêt des essais, on a eu quatre présidents de la République (…) Aucun n’a prononcé le mot, mais on ne souhaite pas attacher cette demande de pardon à un président en particulier”, a expliqué Mme Reid-Arbelot, estimant “intéressant que cette demande vienne de la représentation nationale, du peuple français”.Pour elle, cette reconnaissance doit aussi s’accompagner d’un travail sur la mémoire: “Il faut faire un travail historique d’envergure, un peu à l’image de la mission Stora” sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, dit-elle, plaidant pour que les avancées historiques puissent ensuite être enseignées.Autre recommandation phare: la suppression du seuil d’un millisievert, actuellement requis pour être indemnisé au titre des conséquences sanitaires des 193 essais nucléaires réalisés entre 1966 et 1996 en Polynésie française.”Rien ne justifie ce seuil: c’est un seuil de gestion” décidé par les autorités et le Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen), estime la députée qui recommande de le supprimer et de “garder trois critères de date, de lieu et de pathologie” pour les indemnisations.Selon elle, depuis 1985 (les données antérieures sont manquantes), environ 13.500 personnes ont été exposées et atteintes d’une des 23 pathologies reconnues, mais seulement 1.206 ont été indemnisées à ce jour, pour un montant moyen de 71.000 euros.Une proposition de loi reprenant plusieurs recommandations inscrites dans le rapport est “en cours de rédaction”, précise Mme Reid-Arbelot, qui évoque aussi un toilettage de la loi Morin votée en 2010 pour faciliter les indemnisations et assure que les ministres auditionnés durant la commission d’enquête se sont montrés à l’écoute.

Municipales à Marseille: le RN Franck Allisio, premier à se lancer dans la bataille

Premier à se lancer officiellement dans la campagne des municipales 2026 à Marseille, Franck Allisio, député RN des Bouches-du-Rhône, a annoncé mercredi être “le candidat du Rassemblement national” et de ses “alliés” pour “remettre Marseille en ordre”.Une candidature, soutenue par Marine Le Pen et Jordan Bardella, visant à proposer “une véritable alternance” face aux “deux sortants qui co-dirigent Marseille” depuis respectivement cinq et 10 ans, le maire divers gauche Benoît Payan et la présidente divers droite de la métropole Aix-Marseille Provence Martine Vassal, a ajouté le délégué départemental du Rassemblement national (RN).”On sait très bien que la métropole a autant de pouvoir sur Marseille que le maire de Marseille, et on voit l’échec” auquel cela a conduit, a estimé Franck Allisio, également président du groupe RN au Conseil régional et visé à ce titre par une enquête pour détournement de biens publics.Ex-LR, le député RN, élu dans la 12e circonscription qui comprend notamment les villes de Marignane et de Vitrolles, a précisé vouloir remettre de l’ordre “au sens large, (…) partout dans notre quotidien”, que ce soit “dans nos rues, dans nos écoles, dans nos transports, dans les poubelles, dans la finance de la ville”. Un “ordre juste”, a-t-il complété, adoptant le slogan de Ségolène Royal, candidate socialiste à la présidentielle 2007.Le député de 44 ans, favorable à la réforme du mode de scrutin municipal pour Paris, Lyon et Marseille, qui doit passer devant la commission mixte paritaire le 24 juin, n’a pas précisé dans quel secteur de Marseille il se présenterait, estimant que cela “viendra bien après”.Aux élections municipales 2020, il avait été candidat dans les 11e et 12e arrondissements de Marseille (6e secteur), sur la liste du leader RN d’alors, le sénateur Stéphane Ravier, qui avait ensuite rejoint le parti d’Éric Zemmour “Reconquête!” lors de la présidentielle de 2022, avant de créer son propre mouvement “Marseille d’abord”.Dans le cadre d’une quadrangulaire, la liste RN était arrivée en troisième position au second tour (21,18%), derrière le candidat de l’alliance de gauche Yannick Ohanessian (34,11%) et le maire de secteur sortant (LR) Julien Ravier (35,37%).- “Soit Payan, soit moi” -Interrogé sur un possible rapprochement avec Stéphane Ravier, figure la plus connue de l’extrême droite dans la région, Franck Allisio a rappelé que ce dernier avait été “élu et réélu sénateur par les voix des élus du RN en majorité”.”Il a fait ce qu’il a fait” et pour les prochaines municipales “il fera ce qu’il veut”, mais “je connais peu de gens qui se suicident deux fois”, a-t-il noté.De son côté, Stéphane Ravier, interrogé par l’AFP, a appelé à l’union. “J’en appelle à l’intelligence du camp national, à ranger les flingues” car “l’expérience nous a montré qu’on ne gagnait jamais seul une ville comme celle-là”.Une alliance avec Martine Vassal, qui soulignait récemment auprès de l’AFP son “travail sur l’union” de la droite, sans indiquer toutefois si elle serait candidate –comme lors des dernières municipales–, n’est pas non plus à l’ordre du jour, selon M. Allisio.”Très vite, j’ai vu qu’elle se rapprochait beaucoup plus de M. Payan que de nous, donc (…) je leur conseille de clarifier les choses et de se mettre ensemble. D’ailleurs je crois que M. Payan lui aussi tend la main à Mme Vassal”. Mais “le vrai match, c’est le second tour, c’est soit Payan, soit moi”, a-t-il assuré.Ex-PS devenu divers gauche, le maire de Marseille Benoît Payan n’a pas encore annoncé être candidat à sa succession, ce qui lui donnerait toutefois l’opportunité d’être cette fois directement élu. Maire depuis décembre 2020, il a seulement accédé à ce fauteuil après le retrait, officiellement “pour raisons de santé”, de l’élue écologiste Michèle Rubirola, porte drapeau de l’alliance de gauche qui avait remporté l’élection six mois plus tôt, après 25 ans de règne de Jean-Claude Gaudin (LR).Mais la constitution d’une alliance à gauche reste plus incertaine que jamais, alors que La France insoumise, qui n’a pas fait partie de l’équation en 2020 mais a gagné depuis en poids politique, veut présenter une liste distincte. Liste à laquelle plusieurs élus écologistes de la majorité municipale pourraient se rallier, plutôt qu’à Benoît Payan.

Contrôle de migrants aux frontières dans les gares et bus: “4.000” forces de l’ordre mobilisées, annonce Retailleau

Quelque “4.000” forces de l’ordre seront mobilisées mercredi et jeudi lors d’opérations de contrôles nationales contre l’immigration illégale dans les gares et les bus, a annoncé mercredi le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.”Dans ces 48 heures, on va mobiliser 4.000 gendarmes, des policiers, des douaniers, des forces Sentinelle (armée, NDLR) pour interpeller des clandestins”, a détaillé Bruno Retailleau sur Cnews et Europe 1.”Depuis le début de l’année, nous en avons interpellé 47.000″, a affirmé Bruno Retailleau, qui a fait de la lutte contre l’immigration son thème de prédilection.Dans une note adressée notamment aux préfets et consultée par l’AFP, le ministre de l’Intérieur a donné des instructions pour que soit menée une opération nationale de contrôle “des trains à destination des pays voisins et des grandes métropoles françaises, en arrivée comme en départ”. Celui qui est aussi chef de file des Républicains a vanté dans ce document une “augmentation conséquente d’interception d’ESI (étrangers en situation irrégulière) ces dernières semaines (+28%)” et une “opération nationale de contrôle des flux”, menée les 20 et 21 mai et ayant débouché sur plus de 750 interpellations.Plusieurs syndicats (CGT, Solidaires et FSU) ainsi que le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) ont dénoncé “une opération xénophobe prenant pour bouc émissaire les plus précaires parmi les précaires”.Ces opérations “s’apparentent à des +rafles+”, ajoute leur communiqué, en déplorant une “escalade nauséabonde visant des travailleurs et travailleuses qui se rendent sur le lieu de travail et qui aujourd’hui et demain, un peu plus que d’habitude, le feront la peur au ventre”.  Mercredi, le ministre de l’Intérieur a déclaré avoir “réintroduit de façon beaucoup plus serrée qu’avant” le contrôle aux frontières, avec une “force frontière” composée de policiers, gendarmes, douaniers et militaires. “Ce que je veux dire, c’est que les clandestins ne sont pas les bienvenus en France de la façon la plus ferme et la plus définitive”, a-t-il lancé.

Ultime opération sauvetage pour le conclave des retraites

Pour éviter l’échec après presque quatre mois de concertation, le conclave des retraites initié par François Bayrou se donne une journée de plus pour conclure, le 23 juin, mais le patronat ne cache pas ses doutes, et l’opposition de gauche demande des comptes au Premier ministre.Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, s’est montrée la plus allante mercredi au lendemain d’une longue séance de négociation, à l’issue de laquelle les désaccords semblaient encore profonds.”La CFDT sera au rendez vous lundi”, a-t-elle indiqué à l’AFP. “Il y a des avancées sociales qu’on doit pouvoir concrétiser notamment pour les +essentiels+” que sont entre autres le sujet des femmes, a-t-elle poursuivi.Mais le patron du Medef Patrick Martin s’est dit plus tôt sur France 2 “très réservé” sur la présence de l’organisation patronale à l’ultime réunion, même s’il doit encore “consulter ses instances”.”Nous n’étions pas demandeurs que cette réforme soit réexaminée. A bas bruit, certains sont en train de la détricoter. Or, notre pays a besoin de travailler plus”, a-t-il estimé, s’opposant à des propositions syndicales qui vont “dans le sens d’une altération du financement” des retraites.”Si le patronat ne vient pas le 23, on saura qui a mis fin aux négociations et ce ne sera pas nous!”, a commenté auprès de l’AFP Cyril Chabanier, patron de la CFTC, qui assène encore: “quand Patrick Martin dit ce matin +on ne bougera pas+, c’est sûr qu’une dernière réunion ne servira à rien”.La CFE-CGC va “rester jusqu’au bout”, a assuré son président François Hommeril sur BFM Business, même si Christelle Thieffinne, négociatrice de ce syndicat, est “pessimiste” pour un accord.- “Lignes écarlates” – La CPME (patronat des petites et moyennes entreprises) devrait revenir lundi à la table des négociations, mais avec des “lignes rouges, voire écarlates”, avait de son côté prévenu Eric Chevée, son représentant, après la longue et infructueuse journée de négociations qui s’est prolongé tard dans la nuit de mardi à mercredi.Dans l’incapacité de se mettre d’accord sur un texte commun, les partenaires sociaux se sont séparés en convenant qu’il reviendrait à Jean-Jacques Marette, l’animateur des discussions, de proposer lundi un texte de synthèse, un “texte de la dernière chance” selon l’expression de Christelle Thieffinne.Parmi toutes les propositions qui pourraient être retenues pour dégager un accord, les mesures en faveur des femmes semblent les plus consensuelles, selon les participants à l’issue des discussions.Les femmes qui ont eu des enfants verraient leur retraite calculée sur les 24 meilleures années (1 enfant), ou 23 meilleures années (2 enfants), d’après les indications fournies par les participants.Sur la pénibilité, les termes de l’accord potentiel semblent plus confus. Pour répondre à une demande insistante de la CFDT, le patronat accepterait l’instauration d’un compte pénibilité, prenant en considération les manutentions manuelles de charge, les postures pénibles et les vibrations mécaniques. Mais le patronat privilégiera-t-il la reconversion au départ anticipé en retraite ?Sur l’âge de départ sans décote, l’accord se ferait autour d’un âge abaissé à 66 ans et demi contre 67 ans. L’âge de départ sans décote est l’âge auquel il est possible de partir sans pénalité, même si l’on n’a pas cotisé le nombre de trimestres exigés (172). Il semble acquis que le dispositif des carrières longues soit alors restreint et ne puisse plus bénéficier aux personnes ayant travaillé avant l’âge de 21 ans.- CSG, retraités -Pour parvenir à l’équilibre financier en 2030, la CSG serait augmentée pour les retraités aux revenus moyens ou supérieurs, et les retraites pourraient être sous-indexées de 0,8 point par rapport à l’inflation en 2026, et 0,4 point en 2027.La prime seniors, évoquée en début de semaine par François Bayrou, serait elle enterrée.La réussite ou non de ce conclave est un instant de vérité pour le Premier ministre, qui avait lancé ce nouveau format de discussions après un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement.”A partir du moment où ce conclave n’aboutit pas sur l’abrogation de la réforme des retraites, nous déposerons une motion de censure”, a promis Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise, mercredi sur RTL, même si LFI aura besoin de l’appui d’autres groupes à gauche pour pouvoir techniquement la déposer.”Il faut qu’on mette cette question des retraites derrière, ça fait depuis deux ans qu’on ne parle que de ça”, a plaidé Astrid Panosyan-Bouvet.L’idée de ce conclave était principalement de rendre moins impopulaire la réforme des retraites Borne de 2023, qui porte progressivement de 62 à 64 ans le départ à la retraite. Tout en visant l’équilibre financier, alors que le déficit du système est annoncé à 6,6 milliards d’euros en 2030.pgr-lby-grd-bat/alu/dsa

Nouvelle-Calédonie: le leader kanak Christian Tein appelle à une sortie “par le haut”

Le leader indépendantiste kanak Christian Tein, tout juste libéré après un an de détention provisoire, a espéré mercredi une sortie “par le haut” de la crise néo-calédonienne, réaffirmant avoir toujours eu une “démarche pacifique” et appelant la France à ne pas “galvauder sa parole”.”J’ai toujours contesté l’ensemble des charges qui me sont reprochées”, a insisté le président du FLNKS, dans sa première déclaration depuis sa sortie le 12 juin de la prison de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin), lors d’une conférence de presse à Montpellier, en présence de ses avocats.Poursuivi dans le cadre de l’enquête sur les émeutes qui ont fait 14 morts en Nouvelle-Calédonie en mai 2024, M. Tein, à l’époque chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), reste mis en examen pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs, a précisé Me Florian Medico. Il est également placé sous statut de témoin assisté pour complicité de tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique et provocation directe au groupement armé suivi d’effets. Revenant sur son arrestation et son transfert en métropole, où il a passé “près d’un an à l’isolement”, M. Tein a pudiquement évoqué “un moment difficile à passer”, rappelant avoir été gardé à vue puis transféré “menotté”: “Ce n’était pas possible, au XXIe siècle, pour un grand pays de lumières tel que la France”, a-t-il observé, au sujet de son “premier voyage en métropole”.Revenant sur son combat politique, le leader kanak, 57 ans, chemise à fleurs, a expliqué avoir toujours agi dans “le cadre fixé par l’accord de Nouméa” de 1998, qui a transféré progressivement des compétences à la collectivité et permis l’organisation de trois référendums d’autodétermination entre 2018 et 2021.Mais si ces trois scrutins ont vu la victoire du non à l’indépendance, le dernier, boycotté par les indépendantistes, est resté contesté, aboutissant, avec la cristallisation des divisions entre loyalistes et indépendantistes autour d’un projet de réforme du corps électoral calédonien, à ces émeutes de mai 2024, qui ont fait deux milliards d’euros de dégâts.- “Un beau gâchis” -“C’est un beau gâchis”, “je suis terriblement triste pour mon pays”, a insisté le dirigeant kanak, élu à la tête du FLNKS durant sa détention: “J’étais, comme tout le monde, déconcerté”, a-t-il raconté, évoquant ce matin où il s’est réveillé “avec l’insurrection dans les quartiers de Nouméa”.Mais “il n’a jamais été question de sacrifier des vies”, a-t-il assuré, mettant en cause les “charges” des forces de l’ordre “contre les jeunes”: “Et puis malheureusement après ça, c’est un peu comme ce qui s’est passé dans vos quartiers, ça s’est enchaîné”.Interrogé sur son éventuelle participation aux discussions qu’Emmanuel Macron souhaite organiser début juillet à l’Élysée avec les responsables calédoniens, M. Tein a rappelé qu'”une convention du FLNKS est prévue le 28 juin, pour décider dans quel cadre les discussions doivent se poursuivre”.”Si je suis là tant mieux”, a-t-il reconnu, répétant que “jamais il ne s’est considéré être irremplaçable”. Mais “il faudra qu’on trouve les voies pour sortir par le haut. On ne peut pas répéter tous les 30 ans la même chose”, a poursuivi M. Tein, désireux, “avec le gouvernement français, de se projeter et de (…) fixer une voie vers la pleine souveraineté” pour le “caillou”. Appelant à la “désescalade” et à “ramener de la sérénité”, le leader indépendantiste a regretté, durant cette crise, “l’entêtement de certains membres du gouvernement à amener ce dossier dans le mur”, sans donner de noms: “La parole que la France elle donne, elle a de la valeur, mais j’ai l’impression que ces derniers temps on a galvaudé la parole de la France”, a-t-il accusé.Plus direct, Me Roux a rappelé lui les propos du ministre de l’Intérieur de l’époque, Gérald Darmanin, aujourd’hui ministre de la Justice, qui avait traité Christian Tein et ses camarades “de mafieux et de voyous”: “de telles injures étaient totalement inappropriées”. Une certitude en tous cas pour les avocats du militant kanak: le dossier judiciaire de leur client est “vide” et son innocence devra être “intégralement reconnue”. “Il n’y a pas besoin d’amnistie. Ils sont innocents”, a martelé Me Roux.

Fin de vie: opération déminage de Vautrin à Lille devant le secteur des soins palliatifs

La ministre de la Santé Catherine Vautrin a tenté mercredi de rassurer les professionnels de santé, inquiets et en colère, après la proposition de loi sur les soins palliatifs et celle sur la fin de vie, adoptées en première lecture fin mai à l’Assemblée nationale.La ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, invitée à Lille au congrès national de la Société française des soins palliatifs (Sfap) qui fédère quelque 6.000 soignants, infirmiers et médecins, y a souligné “l’importance (de) la lutte pour les soins palliatifs” tout en justifiant “l’aide à mourir”.”J’ai souhaité venir vous retrouver ce matin car je sais que si le diable avait un visage, peut-être serait-ce le mien”, a lancé Mme Vautrin à la tribune.Elle a rappelé les grandes lignes du plan voté pour les soins palliatifs et les crédits consacrés, “un milliard d’euros en dix ans” avec 100 millions d’euros actés pour 2025. Pour 2026 elle a promis de “travailler pour que ces crédits soient sacralisés”, que “tous les départements soient dotés” et que le personnel soit formé.Sur l’aide à mourir, Mme Vautrin a insisté sur la “clause de conscience”: “aucun d’entre vous ne sera obligé de pratiquer l’aide à mourir, c’est un sujet absolument indispensable”.Concernant le “délit d’incitation” à l’aide à mourir, écarté par les députés, et le “délit d’entrave”, retenu lui dans la proposition de loi, les discussions se poursuivent, a assuré Mme Vautrin, admettant que l’absence de délit d’incitation est “effectivement un élément de déséquilibre”. Sur le plan dédié aux soins palliatifs, “on n’a aucun retour sur l’utilisation de ces moyens” a regretté Claire Fourcade, la présidente de la Sfap, après l’intervention de la ministre. Et le texte sur l’aide à mourir “est porteur de beaucoup d’incertitudes et d’inquiétudes” dans le secteur, a rappelé Mme Fourcade. “Ce changement du message collectif va avoir une importance immense”, selon elle.Seul une personne en fin de vie sur deux a accès à des soins palliatifs en France, par manque de structures d’accueil, de personnel et de moyens.La proposition de loi adoptée le 27 mai à l’unanimité en première lecture à l’Assemblée nationale, en parallèle de celle créant un droit à l’aide à mourir, doit améliorer cette prise en charge, notamment en créant un droit opposable: autrement dit, une personne n’ayant pas accès aux soins palliatifs dans un certain délai pourrait saisir la justice administrative pour l’obtenir.Les deux textes sur la fin de vie doivent être examinées en première lecture au Sénat à l’automne.

A Paris, le président du Parlement ukrainien lance un “Appel du 18 Juin” à la France

Le président de la Rada, le Parlement ukrainien, Ruslan Stefanchouk, a adressé mercredi devant les sénateurs français un “Appel du 18 juin”, 85 ans après celui du général de Gaulle, exhortant la France à “défendre l’Ukraine avec autant d’acharnement que la Russie veut (la) détruire”.Invité par le Sénat français à prononcer une allocution solennelle dans l’hémicycle, le président de la Rada a longuement dressé un parallèle entre l’Appel de Charles de Gaulle en 1940 et la guerre entre la Russie et l’Ukraine.”Je comprends à quel point son Appel du 18 juin aux Français et aux Alliés est aujourd’hui d’actualité”, a-t-il affirmé à la tribune du Sénat.”S’il sonnait aujourd’hui, il s’agirait d’un appel à la résilience, d’un appel à l’unité, d’un appel à la détermination profonde”, a ajouté le président du Parlement ukrainien face à un hémicycle quasiment rempli. “Votre histoire et la nôtre nous enseignent que la capitulation n’a jamais été une option”.Il a appelé la France à se positionner pour des “sanctions impitoyables” envers la Russie, estimant que “l’aide” demandée à la France était “d’importance vitale” pour l’Ukraine, non seulement pour sa “défense contre l’agression” mais aussi pour son “chemin vers l’Union européenne”.”J’aimerais que nos partenaires défendent l’Ukraine avec autant d’acharnement que la Russie veut détruire l’Ukraine”, “sans demi-action, sans demi-décision, mais pleinement, tous les jours et jusqu’au bout”, a-t-il encore interpellé.Les sénateurs, debout, ont longuement rendu hommage, par des applaudissements sur l’intégralité des bancs, au “courage et à la détermination du peuple ukrainien”. “L’Ukraine n’est pas seule”, a affirmé le président du Sénat Gérard Larcher lors de cette séance publique solennelle au Palais du Luxembourg. “Notre responsabilité est grande face à des autorités russes qui font le pari de la force, de la résignation ou de la lassitude. Nous vous démontrons que notre détermination à vous aider n’est en rien entamée”, a-t-il ajouté à l’adresse de M. Stefanchouk.Cette visite en France du président de la Rada a lieu après une attaque russe massive sur Kiev, survenue dans la nuit de lundi à mardi et dont le bilan s’est alourdi mercredi à 21 morts; et alors que le G7 s’est contenté mardi d’un soutien minimal lors d’un sommet au Canada chamboulé par le départ anticipé de Donald Trump en raison du conflit entre l’Iran et Israël.

Le Canard Enchaîné épingle Eric Lombard sur sa déclaration de patrimoine

Le Canard Enchaîné accuse le ministre de l’Economie Eric Lombard d’avoir “sous-évalué” son patrimoine dans un article à paraître mercredi, ce que le ministre récuse, reprochant au journal satirique de n’avoir pas “repris” les réponses “apportées en transparence” aux questions du Canard. Dans son édition à paraître mercredi, l’hebdomadaire évoque une maison dans le Morbihan achetée en 2004 pour 1,8 million d’euros et dans laquelle Eric Lombard a effectué des travaux pour un montant de plus d’un million d’euros, comme l’indique sa déclaration de patrimoine.”Vingt ans plus tard, étrangement, il assure que la bicoque ne vaut plus que… 600.000 euros”, s’étonne le journal, pour qui des agents immobiliers “estiment” que ce genre de propriété vaut “entre 3,5 et 4 millions d’euros”. Dans un communiqué envoyé mardi soir, Bercy publie les questions du Canard Enchaîné et les réponses apportées: concernant cette maison dans le Morbihan, “la différence résulte, d’une part, de ce qu’Eric Lombard ne détient que 50% du bien et, d’autre part, qu’il ne détient que l’usufruit”, a répondu le ministère au journal. Il précise qu’il ne s’agit pas “d’une dépréciation” et explique s’être conformé au “mode de calcul” de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).Le Canard Enchaîné s’interroge aussi sur un appartement acquis en 2020 par Eric Lombard. D’une superficie de 180 mètres carrés, il a été acheté 2,8 millions d’euros, d’après la déclaration de patrimoine du ministre, pour une valeur vénale indiquée de 1,4 million d’euros. Bercy répond, comme déjà indiqué sur le site de la HATVP, qu’Eric Lombard ne détient “que 50% du bien”, ce que Le Canard Enchaîné rapporte également. Malgré les réponses apportées par Bercy et partiellement reprises par l’hebdomadaire, celui-ci persiste et s’interroge sur “la sacrée différence avec les prix du marché” des biens immobiliers déclarés par Eric Lombard. Le dernier point abordé par Le Canard Enchaîné dans son article relève d”une société de conseil, Halmahera, dirigée par la femme du ministre: “elle (la société, NDLR) n’emploie qu’une seule personne et n’a aucun client mais dégage 6 millions de dividendes annuels”.”La société Halmahera n’a pas de clients car il s’agit d’une société d’investissement dont l’activité consiste en la détention de participations, lesquelles sont quasi exclusivement détenues via le groupement économique Greenstock”, fait savoir le ministère, précisant que “tant la société Halmahera qu’a fortiori ses actionnaires ne peuvent intervenir sur les décisions concernant les participations détenues par Greenstock”. 

Jadot appelle Tondelier à ne pas entretenir “l’ambiguïté d’une candidature unique de la gauche” avec Mélenchon en 2027

L’ex-candidat à la présidentielle des Ecologistes Yannick Jadot appelle la cheffe de son parti Marine Tondelier à “clarifier” le rapport des Verts avec Jean-Luc Mélenchon et à ne pas entretenir “l’ambiguïté d’une candidature unique à gauche en 2027″, dans un entretien à Libération mercredi.”Il faut clarifier notre rapport à Jean-Luc Mélenchon et dire clairement qu’on doit préparer l’élection présidentielle sans lui”, estime le sénateur. “Continuer à entretenir l’ambiguïté d’une candidature unique à gauche pour 2027, c’est construire la déception des électeurs de demain, et la défaite”. M. Jadot souligne qu’il y a aujourd’hui “une rupture sur les valeurs avec Jean-Luc Mélenchon” qui “justifie de ne pas cheminer ensemble”. Alors que Marine Tondelier continue “à refuser d’enterrer une candidature unique pour 2027”, il l’exhorte à parler “franchement” aux électeurs de gauche qui veulent l’union, et à “ne pas les baratiner”. “Sinon la tactique vis-à-vis de Mélenchon sera déceptive et démobilisatrice”.Yannick Jadot considère que sans clarification, “il n’y aura pas de projet rassembleur mais un seul mot d’ordre pour masquer nos différences : l’antifascisme”. “Un combat absolument central”, dit-il, “mais ce n’est pas un projet de reconquête des classes populaires et moyennes”.”Faire durer la confusion autour d’une formule magique +primaire+ nous fait perdre un temps précieux pour construire une candidature de gauche non-mélenchoniste”, considère l’ex-candidat à la présidentielle.Il affirme par ailleurs ne pas être hostile à une primaire, à laquelle il dit ne pas être lui-même candidat, mais refuse de faire “croire qu’une primaire rassemblant toute la gauche du NPA à François Hollande en passant par Jean-Luc Mélenchon est possible”. Quant aux municipales, alors que les Ecologistes n’excluent pas de nouer des accords avec LFI, M. Jadot souligne qu’ “il y a des endroits où ça fonctionne correctement”. Mais si, à Paris, “les Verts mènent à bien leur projet avec (la députée insoumise) Sophia Chikirou, dont les positions et les comportements sont en rupture avec nos valeurs, je le dis très clairement, ils ne feront pas simplement campagne sans moi mais contre moi”, prévient-il.Il promet aussi d’aller soutenir les maires socialistes de Nantes Johanna Rolland et de Montpellier Michael Delafosse, si les écologistes locaux s’allient avec LFI contre eux. “Ça ne me paraît pas sérieux, dans les villes où nous sommes dans des majorités municipales et où nous avons bien travaillé, de faire alliance avec l’opposition alors que par ailleurs nous voulons reconduire nos maires”, a-t-il ajouté.