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Budget: Barnier ménage ses arrières et prépare le terrain à un 49.3

En difficulté à l’Assemblée nationale, le gouvernement de Michel Barnier a ouvert la voie mercredi à l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer le budget 2025, même s’il assure à ce stade vouloir la poursuite des débats parlementaires.”La faculté a été donnée au Premier ministre, à titre provisoire, d’utiliser le 49.3″ pour le projet de budget de l’Etat pour 2025 et pour celui de la Sécurité sociale, a déclaré la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, à l’issue de la réunion hebdomadaire du gouvernement.Une simple délibération du Conseil des ministres est en effet nécessaire pour recourir à cet article décrié, qui permet l’adoption d’un texte sans vote mais expose le gouvernement à une motion de censure.C’est désormais chose faite. “Mais l’objectif du Premier ministre Michel Barnier n’a pas changé, c’est celui de laisser toute sa place au débat et de le faire dans le respect du Parlement”, a-t-elle ajouté. “L’objectif du gouvernement n’est pas d’utiliser le 49.3”, a-t-elle insisté.A la tête d’un gouvernement minoritaire soutenu par son parti, Les Républicains (LR), et l’ancienne majorité macroniste, Michel Barnier avait prévenu d’emblée qu’il n’excluait pas le recours à cet outil constitutionnel. Car chaque jour révèle un peu plus les fragilités et les divisions au sein de sa coalition.Elle s’est retrouvée mardi en grande difficulté à l’Assemblée nationale. La surtaxe temporaire sur les hauts revenus, devant durer au maximum 3 ans et censée rapporter deux milliards d’euros en 2025, a été pérennisée par l’Assemblée nationale grâce au vote des députés du MoDem, membres du “socle commun” soutenant Michel Barnier, contre l’avis du gouvernement. – Un socle “tout fissuré” -“Un socle commun, qui n’a rien de commun, qui est tout fissuré”, a commenté le président de la Commission des finances, Éric Coquerel (LFI), sur Public Sénat. “On est en train de montrer (que le Nouveau Front populaire) peut avoir une majorité à l’Assemblée nationale”, a poursuivi le député mélenchoniste, persuadé que le gouvernement “va continuer à accumuler les défaites”. “Le 49.3 ne se justifie pas. Les débats dans l’hémicycle font apparaître des convergences qui franchissent les clivages politiques”, a également jugé le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.Maud Bregeon a elle estimé que le rôle du gouvernement est de “protéger les Français de l’obsession fiscale du Nouveau Front populaire”. Taxer, “ce n’est pas un projet, c’est une impasse”, a martelé la ministre sur France 2.Sur le projet de budget de la Sécurité sociale, le gouvernement a également encaissé une défaite en commission concernant la refonte des cotisations patronales.Mais les déboires de l’équipe Barnier ne s’arrêtent pas aux questions budgétaires. Ainsi, la coalition n’a pas réussi mardi à faire élire la candidate LR Véronique Duby-Muller à une vice-présidence de l’Assemblée, et laissé filer ce poste à l’écologiste Jérémie Iordanoff.Si Michel Barnier devait dégainer le 49.3, cela devrait entraîner inévitablement le dépôt d’une motion de censure. Ce serait alors “un danger” pour Michel Barnier, a estimé Éric Coquerel, convaincu que “le Rassemblement national finira par être obligé de voter une motion de censure”.Le parti d’extrême droite tient entre ses mains le destin du gouvernement qu’il pourrait faire tomber en votant une motion de censure de la gauche. Son vice-président Sébastien Chenu a répété sur BFMTV que si le gouvernement était “dans une posture de continuité” par rapport aux politiques macronistes, il s’exposait “à un rejet et plus tard à une censure” de l’Assemblée nationale. “Michel Barnier rappelle les pires heures des gouvernements Macron, qui dégainaient le 49.3 à toute vitesse”, a ajouté ce proche de Marine Le Pen, qui ne veut pas que “le Parlement soit brutalisé”.  L’article 49.3 de la Constitution, utilisé à 23 reprises par l’ex-Première ministre Élisabeth Borne est aussi critiqué, en ce qu’il peut-être perçu comme une atteinte aux droits du Parlement, que jugé nécessaire, voire inévitable, en l’absence de majorité absolue. “A la fin, il faudra évidemment un budget pour le pays”, a encore fait valoir Maud Bregeon.

Retraites: l’abrogation façon RN rejetée en commission, la gauche partagée à l’Assemblée

La proposition de loi du Rassemblement national pour ramener l’âge de la retraite à 62 ans a été vidée de sa substance mercredi en commission à l’Assemblée, où la gauche s’est partagée entre abstention et vote contre afin de faire obstacle à l’extrême droite.Les deux principaux articles du texte porté par le député Thomas Ménagé, pour ramener l’âge légal de départ à 62 ans et la durée de cotisation à 42 ans, ont été repoussés par les voix de la droite et des macronistes, ainsi que d’une partie de la gauche.L’écologiste Sandrine Rousseau et le socialiste Jerôme Guedj notamment ont choisi de s’y opposer, quand la plupart de leurs camarades présents ont choisi de ne pas prendre part au vote, de même que tous les membres LFI de la commission. Seul le communiste Yannick Monnet a voté pour, tout en reconnaissant que son groupe était divisé sur le sujet.Une diversité de positions révélatrice du dilemme posé aux quatre composantes du Nouveau Front populaire, qui ont fait campagne en juin sur l’abrogation de la réforme des retraites, mais répugnent à donner le point au RN.Pas question en effet de “participer à cette escroquerie” pour la socialiste Sandrine Runel, qui a rappelé l’absence du parti à la flamme dans les manifestations début 2023. “Votez notre texte, ça ne vous rendra pas radioactifs”, a néanmoins tenté l’élu d’extrême droite Christophe Bentz.”Tartuffes!”, a répliqué l’écologiste Benjamin Lucas, dénonçant “l’esbroufe” du “coup d’un soir législatif” proposé par le RN, dépourvu de groupe au Sénat pour reprendre sa proposition de loi.Pour éviter un rejet total qui aurait conduit à repartir du texte initial dans l’hémicycle, gauche, droite et macronistes ont ensuite approuvé plusieurs demandes de rapports – sur le financement des retraites et l’évaluation des précédentes réforme.Une manÅ“uvre qui obligera le RN à déposer des amendements pour rétablir sa proposition d’abrogation, avec un très fort risque que la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet les juge irrecevables sur le plan financier. A moins que le groupe de Marine Le Pen ne se résigne à retirer ce texte phare de l’ordre du jour de sa “niche” parlementaire du 31 octobre.- Rendez-vous le 28 novembre -La gauche reprend ainsi la main sur le calendrier, après une première manche perdue lundi soir en commission, où ses amendements au budget de la Sécurité sociale  visant à financer le coût d’un éventuel retour à 62 ans ont été écartés… avec les voix du RN.D’autres amendements sur le même thème vont encore être discutés en commission mercredi soir et jeudi. Mais pour abroger la réforme, la gauche mise surtout sur la proposition de loi programmée le 28 novembre pour la journée réservée aux textes de LFI.Texte qui pourrait en cas de succès être repris par les communistes au Sénat fin janvier puis de nouveau à l’Assemblée par les écologistes début février, a affirmé lundi la cheffe des députés LFI Mathilde Panot.Les autres textes de la niche RN n’ont pas connu un succès beaucoup plus grand mercredi dans les autres commissions. La proposition de loi visant à assouplir les conditions d’expulsion des étrangers constituant une menace grave pour l’ordre public a ainsi été rejetée, malgré le soutien de LR.Rejet également pour la proposition de loi tendant à l’instauration de peines planchers. Si LR s’y est dit “plutôt favorable”, Naïma Moutchou (Horizons), qui avait elle-même soutenu une proposition de loi sur le sujet en mars 2023, a affirmé que son groupe était “défavorable aux peines planchers dans leur application telle que proposée par le Rassemblement national”.

Attaque de Macron contre la presse: “une dérive dangereuse”, selon la profession

L’Association de la presse présidentielle (APP) a estimé mercredi que des propos d’Emmanuel Macron sur le manque de “professionnalisme” des journalistes constituaient une “dérive dangereuse” et que la liberté d’enquêter ne “saurait être remise en cause au gré des tempêtes politiques”.”Le président de la République a gravement mis en cause la déontologie de la presse entière en fustigeant la publication de propos qu’il a lui même tenus lors du Conseil des ministres”, a déclaré Thomas Despré, journaliste à RTL, au nom de l’APP lors du compte-rendu du Conseil des ministres.Emmanuel Macron a dénoncé jeudi dernier un “manque de professionnalisme” des ministres et des journalistes, leur reprochant d’avoir “déformé” des propos qu’il avait tenus sur Israël en Conseil des ministres et qui ont donné lieu à une vive polémique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.”Mettre en cause le professionnalisme et l’éthique des journalistes quand ils font honnêtement leur travail afin de mettre la pression sur leurs sources, notamment, nous semble une dérive dangereuse”, a poursuivi Thomas Despré.”Notre travail est de pouvoir enquêter librement sur les coulisses du pouvoir pour permettre à chacun de se faire une opinion”, a-t-il insisté.”Cette liberté fondamentale en démocratie ne saurait être remise en cause au gré des tempêtes politiques”, a-t-il souligné.”Et dans ces temps où les tentations populistes mettent à mal la liberté d’informer, notre association appelle à respecter le travail des journalistes”, a-t-il conclu.La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a répondu que les propos du chef de l’Etat étaient avant tout “une mise au point à l’égard de ses ministres” sur le respect de la confidentialité de propos tenus en Conseil des ministres.”Personne, ni le président de la République, ni le Premier ministre, ni le gouvernement, n’a remis et ne remettra jamais en cause la liberté de la presse’, a-t-elle assuré.”Il ne s’agit pas de remettre en cause la liberté et l’indépendance des journalistes, juste de rappeler qu’un propos rapporté, que vous êtes libres d’utiliser parce que c’est la liberté éditoriale (…), ne vaut pas un propos officiel”, a-t-elle dit.Selon ses déclarations rapportées par des participants au Conseil des ministres et publiées par les médias, M. Macron avait déclaré le 15 octobre que “M. Netanyahu ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU”. La phrase avait fait réagir le Premier ministre israélien et de nombreux responsables politiques français.

Après “Merci Patron”, Ruffin veut mettre les riches “Au boulot”

“Ce sont ceux qui connaissent le moins le pays qui le dirigent”: dix ans après “Merci Patron !”, le député de gauche François Ruffin est de retour au cinéma avec “Au Boulot !”, manifeste sur la déconnexion des classes supérieures.Choc des cultures et rires garantis avec cette “comédie documentaire”, en salles le 6 novembre: Ruffin y plonge une chroniqueuse de CNews, la juriste Sarah Saldmann, qui pourfend “l’assistanat” sur les plateaux télé, dans la vie quotidienne de salariés au Smic.Question : Pourquoi plonger Sarah Saldmann dans le quotidien des Français modestes, qu’elle qualifie d'”assistés” et de “feignasses” ?François Ruffin : “Nos vrais héros dans le film, c’est Nathalie, Sylvain, Louisa. Des gens extraordinaires, mais avec des existences qu’on dira ordinaires. C’est les gens dont Macron disait qu’ils ne sont rien, mais qui font tout.Comment les raconter, et ce qu’ils ont d’extraordinaire ? On a quelque chose qui est de l’ordre d’une revanche sociale, d’un droit de réponse. D’un coup, on a l’éditorialiste de plateau télé qui, boum, remet les pieds dans la gadoue, sur le sol commun, et à qui ils peuvent s’adresser à égalité. Et qui est obligé d’en rabattre un peu en disant +Ouais, je ne savais pas tout ça, je ne parlerai plus de vous de la même manière+”.Question : Aviez-vous anticipé un tel choc entre deux mondes ?François Ruffin: “Sarah Saldmann a un côté folklorique. (…) Ce que je prends très au sérieux, ce sont ses préjugés. Que les salariés ne veulent rien faire, ne veulent pas bosser jusqu’à 64 ans, prennent des arrêts-maladie pour rien, ne bougent pas de leur canapé… Ce ne sont pas des préjugés individuels, ce ne sont même pas les préjugés de la grande bourgeoisie, ce sont maintenant des préjugés qui sont très ancrés dans les classes populaires elles-mêmes. L’idée, c’est de déminer les préjugés de Sarah Saldmann, pour déminer les préjugés ancrés dans le pays”.Question: Comment se sont organisées les rencontres ?François Ruffin : “Elle ne savait pas où est-ce qu’on allait. C’est comme dans +Rendez-vous dans terre inconnue+ (émission d’aventure sur France 2, ndlr). Nous, on fait très peu de repérages. Il y avait l’idée de (…) montrer la France dans sa diversité, (…) une France fraternelle, humaine, qui se rassemble, une France qui s’aime et qu’on a envie d’aimer. Dans un temps où ce qui nous est donné en permanence, c’est une France de la haine, du racisme, des querelles.”Question: Vous filmez aussi bien dans le Nord que dans les quartiers populaires comme à Grigny, que certains chez LFI vous accusent de négliger…François Ruffin: “Je suis pour unifier les classes populaires. Faire que la barrière du racisme qui pourrait séparer la France populaire des bourgs et la France populaire des tours, on la brise. Quand on a côte à côte Louisa en tenue traditionnelle algérienne et Elie paysan du Morvan, c’est une France unie. Et quand on pousse la porte d’un restaurant qu’on tombe sur Haroun, cuisinier afghan qui a traversé 16 frontières et (…) fait des ficelles picardes à Amiens, je trouve que c’est la meilleure des réponses (au ministre de l’Intérieur) Bruno Retailleau”.Question: Vous pointez un séparatisme qui serait celui des plus riches ?François Ruffin : “Je n’ai pas de doute, qu’aujourd’hui il y a un séparatisme des riches. C’est les ghettos du Gotha. Malheureusement, c’est ceux qui connaissent moins le pays qui aujourd’hui le dirigent (…). Ils en sont déconnectés et pourtant ils donnent des ordres aux salariés, aux gens sur comment ils doivent vivre, travailler”.Question: “Peut-on réinsérer les riches ?”, s’interroge le film. Cela passe-t-il par une augmentation des impôts, comme le prévoit le projet de budget du gouvernement ?François Ruffin : “On en est très loin ! (…) Ce qui est fait aujourd’hui, c’est epsilon. (…) L’impôt est un instrument. Il y a un autre instrument, c’est la démocratie. Il faut parler du partage des richesses, mais aussi du partage des pouvoirs.”

Nouvelle-Calédonie: Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet se rendront sur l’archipel du 9 au 14 novembre

Les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, se rendront en Nouvelle-Calédonie du 9 au 14 novembre pour une mission de concertation, a-t-on appris mercredi auprès de la présidence de la chambre haute.Cette mission de “concertation et de dialogue” des présidents des deux chambres avait été annoncée par le Premier ministre Michel Barnier lors de sa déclaration de politique générale, dans une volonté d’apaisement vis-à-vis de l’archipel ravagé par plusieurs mois de violences.Le programme du déplacement des deux figures politiques et la composition de leur délégation n’ont pas été détaillés à ce stade par la présidence du Sénat, au lendemain d’une réunion sur le sujet, organisée à l’Elysée aux côtés du président Emmanuel Macron et du Premier ministre.Le ministre des Outre-mer François-Noël Buffet revient tout juste d’une visite sur l’archipel meurtri par des émeutes qui ont fait 13 morts et des milliards d’euros de dégâts. Il y a martelé l’importance du “retour du dialogue” entre les camps loyaliste et indépendantiste.En parallèle, le Parlement examine actuellement un texte visant à reporter les élections provinciales de Nouvelle-Calédonie de décembre 2024 à novembre 2025 au plus tard, une promesse de Michel Barnier soumise au vote du Sénat mercredi.Le chef du gouvernement avait également annoncé l’abandon de la réforme constitutionnelle dégelant le corps électoral spécifique à ces élections locales, qui avait mis le feu aux poudres sur l’archipel au printemps, le camp indépendantiste craignant de voir le peuple autochtone kanak marginalisé.A ce jour, seuls les natifs du “Caillou” et les résidents arrivés avant 1998 peuvent participer à ce scrutin, une situation jugée antidémocratique par le camp loyaliste. Cette dérogation aux principes d’universalité et d’égalité du suffrage est jugée “particulièrement significative” et de plus en plus “excessive” par le Conseil d’Etat, faisant peser le risque d’annulation du prochain scrutin si celui-ci se tenait sans modification du corps électoral.

Barnier prépare le terrain à son premier 49.3

En difficulté à l’Assemblée nationale, le gouvernement de Michel Barnier va ouvrir la voie mercredi à l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer le budget 2025, même s’il assure à ce stade vouloir la poursuite des débats parlementaires.Une simple délibération du Conseil des ministres est nécessaire pour recourir à cet article décrié, qui permet l’adoption d’un texte sans vote mais expose le gouvernement à une motion de censure.Ce sera chose faite en fin de matinée. “On en discutera, comme c’est la règle, c’est une possibilité constitutionnelle”, a affirmé la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon sur France 2.Pour autant, l’utilisation du 49.3 “n’est pas la volonté du Premier ministre, et on laissera les débats se tenir autant que nécessaire” à l’Assemblée nationale, a-t-elle précisé. Michel Barnier entend se munir de cette option mais “ça ne préjuge pas de la décision finale de l’utilisation ou non du 49.3”, a-t-elle assuré.A la tête d’un gouvernement minoritaire soutenu par son parti Les Républicains (LR) et l’ancienne majorité macroniste, Michel Barnier avait prévenu d’emblée qu’il n’excluait pas le recours à cet outil constitutionnel. Car chaque jour révèle un peu plus les fragilités et les divisions au sein de sa coalition.Elle s’est retrouvée mardi en grande difficulté à l’Assemblée nationale. La surtaxe temporaire sur les hauts revenus, devant durer au maximum 3 ans et censée rapporter deux milliards d’euros en 2025, a été pérennisée par l’Assemblée nationale grâce au vote des députés du MoDem, membres du “socle commun” soutenant Michel Barnier, contre l’avis du gouvernement. – Un socle “tout fissuré” -“Un socle commun, qui n’a rien de commun, qui est tout fissuré”, a commenté le président de la Commission des finances Éric Coquerel sur Public Sénat. “On est en train de montrer qu’on peut avoir une majorité à l’Assemblée nationale”, a poursuivi le député insoumis, persuadé que le gouvernement “va continuer à accumuler les défaites”. Maud Bregeon a elle estimé que le rôle du gouvernement est de “protéger les Français de l’obsession fiscale du Nouveau Front populaire”. Taxer, “ce n’est pas un projet, c’est une impasse”, a martelé la ministre.Sur le projet de budget de la sécurité sociale, le gouvernement a également encaissé une défaite en commission sur son projet de refonte des cotisations patronales.Mais les déboires de l’équipe Barnier ne s’arrêtent pas aux questions budgétaires. Ainsi la coalition n’a pas réussi mardi à faire élire la candidate Les Républicains (LR) Véronique Duby-Muller à une vice-présidente de l’Assemblée, et laissé filer ce poste à l’écologiste Jérémie Iordanoff.Si Michel Barnier devait dégainer le 49.3, cela entraînerait inévitablement le dépôt d’une motion de censure. “A la fin, il faudra évidemment un budget pour le pays”, a concédé Maud Bregeon. Ce serait “un danger” pour Michel Barnier, a estimé Éric Coquerel, convaincu que “le Rassemblement national finira par être obligé de voter une motion de censure”.Le parti de Marine Le Pen tient entre ses mains le destin du gouvernement qu’il pourrait faire tomber en votant une motion de censure de la gauche. Son vice-président Sébastien Chenu a répété sur BFMTV que si le gouvernement était “dans une posture de continuité” par rapport aux politiques macronistes, il s’exposait “à un rejet et plus tard à une censure” de l’Assemblée nationale. “Michel Barnier rappelle les pires heures des gouvernements Macron, qui dégainaient le 49.3 à toute vitesse”, a ajouté Sébastien Chenu, qui ne veut pas que “le Parlement soit brutalisé”.  L’article 49.3 de la Constitution, utilisé 23 reprises par l’ex-Première ministre Élisabeth Borne est très critiqué car il est souvent considéré comme une atteinte à la démocratie et aux droits du Parlement. 

Retraites: l’abrogation façon RN en commission, la gauche en plein dilemme à l’Assemblée

La proposition de loi du Rassemblement national pour ramener l’âge de la retraite à 62 ans arrive mercredi en commission à l’Assemblée, où la gauche hésite encore sur sa ligne de conduite entre vote pour, contre ou abstention.Premier test pour l’abrogation de la réforme des retraites dans la nouvelle Assemblée. Le texte porté par le député Thomas Ménagé sera examiné à partir de 9H30, avant de passer en séance plénière lors de la journée réservée aux textes du groupe RN le 31 octobre.Ce texte entend rétablir l’âge légal de départ à 62 ans, ainsi que la durée de cotisation à 42 ans pour une pension à taux plein, le tout financé par une hausse des prix du tabac.Inacceptable pour la droite et pour les macronistes qui avaient défendu l’an dernier le passage progressif à 64 ans d’ici 2030. Avec 23 sièges en commission pour le bloc central contre 17 à l’extrême droite, la gauche et ses 25 représentants se retrouvent donc en position d’arbitre.Position peu confortable puisque les quatre partis du Nouveau Front populaire ont fait campagne en juin sur l’abrogation de cette même réforme, mais refusent de donner le point au RN.Ils dénoncent d’ailleurs “l’imposture” d’une proposition de loi qui n’aurait “aucune chance de prospérer” au Sénat, où le parti à la flamme n’a qu’une poignée d’élus, comme l’a encore rappelé Arthur Delaporte (PS) mardi.Au contraire, un texte d’abrogation programmé le 28 novembre par LFI pourrait en cas de succès être repris par les communistes au Sénat fin janvier puis de nouveau à l’Assemblée par les écologistes début février, a affirmé lundi la cheffe des députés LFI Mathilde Panot.Pour imposer leur calendrier sans se déjuger, les groupes ont discuté jusqu’au bout de la meilleure stratégie. Les socialistes ont ainsi décidé mardi après-midi qu’ils “ne prendront pas part au vote”.Le groupe LFI a lui “décidé de ne pas dévoiler sa stratégie de vote”, quand le groupe écologiste a choisi d’organiser en interne “un vote électronique” mardi soir pour décider de la marche à suivre, constatant que “le groupe est partagé”. Son résultat est attendu mercredi matin, a-t-on fait savoir au groupe.Les communistes étaient eux “partagés à 50-50” entre ceux qui “ne souhaitent pas faire sauter la digue” avec l’extrême droite et ceux qui “pensent qu’on ne peut pas ne pas voter ce texte”, a reconnu leur chef André Chassaigne, prêt pour sa part à “assumer le vote”.

Surtaxe sur les hauts revenus, cotisations patronales: le gouvernement en difficulté à l’Assemblée

La surtaxe temporaire sur les hauts revenus du projet de budget 2025 a été pérennisée par les députés contre l’avis du gouvernement, qui a vu dans le même temps mardi ses propres soutiens s’opposer à une mesure phare du budget de la Sécu en commission.”Victoire!”, se réjouissait peu après minuit sur X la patronne des députés LFI Mathilde Panot. “Aucun 49.3 ne doit revenir sur cet acquis !”, a appelé le Premier secrétaire du PS Olivier Faure.Quelques minutes auparavant, une large majorité de députés a adopté l’article prévoyant la surtaxe sur les hauts revenus proposée par le gouvernement, censée rapporter deux milliards d’euros en 2025. Mais là où l’exécutif veut une contribution “exceptionnelle” pour trois ans, l’Assemblée a voté pour la rendre pérenne, à l’initiative de la gauche et du MoDem, membre de la coalition gouvernementale.”Vous demandez de faire des efforts à tout le monde (…) et les seuls à qui vous dites +rassurez-vous, c’est exceptionnel!+, c’est ceux qui ont très largement de quoi vivre”, a asséné Eric Coquerel, président de la commission des Finances (LFI).Les contribuables doivent “savoir (…) qu’il y aura une fin” à de telles mesures, pour avoir de la “visibilité”, a rétorqué le ministre du Budget Laurent Saint-Martin.Si 62.500 foyers entraient théoriquement dans le champ de cette mesure, une étude préalable publiée par le ministère du Budget estimait que 24.300 foyers seraient effectivement redevables.Le rapporteur général du budget, le centriste Charles de Courson (Liot), a en réponse fait adopter un amendement visant à limiter la possibilité pour des contribuables très aisés de recourir à des avantages fiscaux ou des crédits d’impôts pour réduire la facture.Si l’écrasante majorité des députés NFP et du RN ont voté pour le texte ainsi amendé, les groupes de la coalition présidentielle se sont divisés entre pour, contre et abstentions.Le texte du gouvernement “a été déséquilibré par une forme d’idéologie de revanche fiscale permanente”, a déploré le macroniste Mathieu Lefèvre, (EPR), espérant que l’exécutif ne retiendra pas cette version pérennisée en cas de recours au 49.3 pour faire passer le texte sans vote.”Je pense que M. Barnier a déjà prévu de déclencher le 49.3, et qu’il se moque du monde”, a commenté Jean-Philippe Tanguy (RN), regrettant que le gouvernement “ne négocie rien” et “n’a soutenu aucun amendement d’où qu’il vienne de l’opposition”.- Les cotisations de la discorde -Quelques heures plus tôt, c’est le projet de budget de la Sécurité sociale qui a subi un revers, cette fois en commission. Les députés des groupes EPR et Droite républicaine (ex-LR) ont mené la charge et, à l’instar du RN, fait adopter des amendements supprimant un article-phare, censé rapporter entre quatre et cinq milliards d’euros selon les sources.Une défaite toutefois symbolique à ce stade, car les députés repartiront dans l’hémicycle du texte initial du gouvernement.L’exécutif prévoit de limiter et répartir différemment les allègements de cotisations patronales, aujourd’hui fortement concentrés au niveau du Smic, dans l’espoir d’obtenir des recettes et inciter à des augmentations de salaires.Avec un nouveau cocktail d’allègements de cotisations qui s’arrêteraient par ailleurs à trois Smic, contre 3,5 Smic aujourd’hui. Mais la mesure annoncée hérisse le patronat comme certains députés qui y voient une hausse du coût du travail et une “menace” pour l’emploi.Les groupes de gauche ont eux voté, en vain, contre les amendements de suppression, soutenant les baisses d’exonérations.Le groupe LFI a en revanche fait adopter un amendement prévoyant un système de compensation pour les caisses de la Sécu, si elles sont pénalisées par des réductions ou exonérations de cotisations. Compensation qui se ferait soit via le budget de l’Etat, soit en baissant ou supprimant d’autres exonérations ailleurs.Le socialiste Jérôme Guedj a quant à lui fait voter un amendement pour inciter toutes les branches professionnelles à faire remonter leurs minima conventionnels au niveau du SMIC, en refondant le calcul de leurs allègements.

Attal et le bloc central, Wauquiez et Barnier: capharnaüm sur le “socle commun”

Encore raté: la perte mardi d’un nouveau poste à responsabilité à l’Assemblée nationale illustre les divisions entre le camp d’Emmanuel Macron, conduit par Gabriel Attal, et la droite emmenée par Laurent Wauquiez (LR), précaire “socle commun” du gouvernement de Michel Barnier.Dix jours après l’élection de la député insoumise Aurélie Trouvé à la présidence de la Commission des Affaires économiques, nouvelle “paume” au Palais-Bourbon. Pour remplacer la LR Annie Genevard nommée au gouvernement, les députés, après trois tours de scrutin, ont élu mardi soir le député écologiste Jérémie Iordanoff, qui a devancé de 14 voix la candidate LR soutenue par le camp présidentiel, Virginie Duby-Muller.Même cause, mêmes effets. Et jeu perdant-perdant pour le “socle commun” à l’Assemblée. Pour les LR, qui perdent une vice-présidence malgré le profil très “Macron-compatible” de la députée de Haute-Savoie. Pour le camp présidentiel qui, empêtré dans sa querelle avec le groupe de Laurent Wauquiez, s’est au demeurant divisé, avec la candidature au deux premiers tours de Christophe Blanchet qui a ratissé bien au delà de son seul groupe MoDem.Chez Ensemble pour la République (EPR), Gabriel Attal avait pourtant battu le rappel en faveur de la candidate LR. Dans la matinée, l’ancien Premier ministre avait assuré cette position à Matignon devant son successeur, Michel Barnier, et les autres cadres du “socle commun”. Consigne avait été donnée d’outrepasser la rancÅ“ur contre LR après l’épisode Aurélie Trouvé.”Le MoDem ne nous aide pas sur ce coup-là”, a-t-on regretté mardi soir dans l’entourage de Gabriel Attal.”Je sens bien qu’on va nous faire porter tous les chapeaux de la terre”, a ironisé le président du groupe MoDem, Marc Fesneau. Le parti centriste, déjà victime des premiers atermoiements du fameux “socle commun” en juillet, a présenté son candidat. “M. Attal a dit à ses troupes de voter pour les LR et pas pour le MoDem (…) C’est un mauvais axe pour M. Attal, qui vient du PS, avec des gens (LR, NDLR) qui demain lui taperont dessus”, a cinglé le député MoDem Richard Ramos.- Coalition sans contrat -C’est le paradoxe de cette Assemblée issue d’une dissolution décidée un soir de juin à l’Élysée: ce “socle”, allant des soutiens d’Emmanuel Macron – Renaissance, MoDem, Horizons – aux Républicains (LR) en passant par une partie du groupe centriste Liot s’est formé pour assurer la réélection au perchoir de la macroniste Yaël Braun-Pivet, et servir de base à la nomination à Matignon de Michel Barnier. Voilà la gauche écartée.Mais depuis lors, c’est le grand désaccord, sur la répartition des postes à l’Assemblée, l’attitude envers le gouvernement Barnier ou encore pour l’examen du budget.Une coalition sans contrat de coalition. Dont la fragilité apparaît vote après vote au Palais-Bourbon, alors qu’a débuté l’examen du budget, à qui l’ensemble des observateurs promettent une adoption par 49.3.Revenus comme par miracle au pouvoir dont ils étaient éloignés depuis douze ans, les LR jouent les bons élèves. “On ne joue pas à +si vous ne nous suivez pas, on vote la censure+, on ne joue pas à +si vous n’augmentez pas mon budget, je démissionne+. On essaie d’être solide dans la période”, explique l’un d’eux, dans une claire allusion aux députés et ministres macronistes.Mais pas question pour autant de défendre le bilan d’Emmanuel Macron. Et le groupe LR repris en main par Laurent Wauquiez s’estime lésé depuis le mois de juillet. Se juge désormais sous-représenté aux postes importants de l’Assemblée. Et accuse même Gabriel Attal et les macronistes d’avoir “dealé avec le RN”.Côté présidentiel, l’équation est encore plus complexe. En froid avec l’Élysée, mais confortablement élu président de groupe par ses pairs députés, Gabriel Attal joue une partition délicate: soutenir Michel Barnier, qui ne l’épargne guère, tout en défendant le bilan de sept ans de macronisme au gouvernement.”Certaines de ses décisions, il les prend plus pour garder son groupe ensemble qu’autre chose”, juge une figure du Palais-Bourbon. Le président du groupe Ensemble pour la République (EPR) n’a pas que des soutiens chez les macronistes. Lui qui juge au contraire que sa présence à la tête du groupe a permis de maintenir l’unité, menacée après les législatives, et devrait probablement concourir face à Elisabeth Borne pour la direction du parti Renaissance.”Ne tombons pas dans le piège des LR”, insiste-t-on mardi dans l’entourage de Gabriel Attal. bpa-arz-sl-sac/hr/cbn

L’écologiste Jérémie Iordanoff élu vice-président de l’Assemblée

L’écologiste Jérémie Iordanoff a été élu mardi vice-président de l’Assemblée, en battant la candidate LR Virginie Duby-Muller, qui a pâti des divisions du “socle commun” réunissant LR et les macronistes en soutien du gouvernement.M. Iordanoff a obtenu 175 voix au troisième tour et Mme Duby-Muller 161, dans un scrutin à suspense pour remplacer Annie Genevard (LR) partie au gouvernement. Au premier et au deuxième tour les voix du “socle commun” se sont partagées entre la candidate de la droite et un candidat MoDem, Christophe Blanchet. Celui-ci s’est finalement retiré, mais cela n’a pas suffi à faire élire la députée de Haute-Savoie.Au premier tour, la députée a totalisé 127 voix et M. Blanchet 69, soit davantage que les 33 voix de son groupe. Au deuxième, Mme Duby-Muller a obtenu 125 voix, et Christophe Blanchet 46. M. Iordanoff, qui avait obtenu 149 voix au 2e tour du scrutin, a bénéficié de la mobilisation de son camp et peut-être de l’apport de quelques voix du “socle commun”.La mésentente entre LR et le camp présidentiel s’était déjà traduite le 9 octobre par l’élection à la présidence de la commission des Affaires économique de l’Insoumise Aurélie Trouvé, face au député apparenté EPR Stéphane Travert, qui n’avait pas obtenu le soutien de LR à sa candidature.- “Equipe bidon” -“C’est la défaite” du socle commun “on voit qu’ils ne sont plus majoritaires dans cet hémicycle, leur division leur a coûté une vice-présidence”, a commenté M. Iordanoff devant la presse, remerciant les députés du NFP de leur vote.Le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a félicité M. Iordanoff sur X. “Équipe bidon, stratégie bidon, Macron et Barnier sont des encombrants inutiles”, a-t-il taclé.”Cette victoire est d’abord celle de l’union du Nouveau Front populaire. Ce bloc de soutien à Michel Barnier n’a pas de cohérence sur le plan programmatique et pas de solidarité dans les moments importants”, a salué la présidente du groupe écologiste Cyrielle Chatelain.Auprès de la presse, le président du groupe MoDem Marc Fesneau a affirmé ne pas être “satisfait du tout” de ce résultat, et assuré avoir “demandé à (ses) députés de faire en sorte que ce ne soit pas le NFP qui ait le siège”.”Je fais des additions. Je constate que Christophe Blanchet a perdu 23 voix entre le premier et le deuxième tour et que ces 23 voix ne sont pas allées chez Mme Duby-Muller”, a-t-il dit, soupçonnant des “gens qui soutenaient le candidat Stéphane Travert à la commission des Affaires économiques” d’être “vraiment pas contents”.”Il y a forcément des MoDem qui n’ont pas voté pour le LR. Quand il y a des alliances contre nature ça ne peut pas marcher (…) M. Attal est devenu le ventriloque de (Laurent) Wauquiez”, président du groupe LR, a affirmé à l’AFP le député Modem Richard Ramos.Du côté du groupe Ensemble pour la République (ex-Renaissance), on a regretté une candidature MoDem qui ne servait “à rien” et assuré que le groupe avait été “responsable depuis le début”. “Ce n’est pas parce que Laurent Wauquiez n’a pas respecté ses engagements qu’on doit faire pareil (…) Force est de constater que le Modem ne nous aide pas sur ce coup-là”, a-t-on réagi.