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Pesticides: la pétition contre la loi Duplomb franchit la barre des deux millions de signatures

La mobilisation citoyenne se poursuit: la pĂ©tition contre la loi Duplomb, qui permet notamment la rĂ©introduction sous conditions, d’un pesticide, interdit en France depuis 2018, a dĂ©passĂ© lundi la barre des deux millions de signatures sur le site de l’AssemblĂ©e nationale.”Aujourd’hui je suis seule Ă  Ă©crire, mais non seule Ă  le penser”, affirmait le 10 juillet, pour conclure son texte, Eleonore Pattery, une Ă©tudiante de 23 ans. Dix-sept jours plus tard, les faits continuent de lui donner raison, mĂŞme si le rythme des signatures ralentit.Sa pĂ©tition avait dĂ©jĂ  atteint les 500.000 signatures le 19 juillet, une première sur le portail de l’AssemblĂ©e, ce qui ouvre la voie Ă  l’organisation d’un nouveau dĂ©bat dans l’hĂ©micycle.Sa portĂ©e sera toutefois limitĂ©e: si les diffĂ©rents groupes politiques pourront exprimer leurs positions, il ne permettra pas, seul, de revenir sur les dispositions dĂ©jĂ  adoptĂ©es. La pression s’accentue en tout cas un peu plus sur le gouvernement, sommĂ© par la gauche, les ONG et dĂ©sormais une partie non nĂ©gligeable de l’opinion publique d’abroger le texte.Un sondage de Cluster17 pour le parti GĂ©nĂ©ration Écologie, dans La Tribune Dimanche, confirme ce sentiment de dĂ©fiance: 61% des personnes interrogĂ©es se disent dĂ©favorables Ă  cette loi, dont 46% “très dĂ©favorables”. Elles sont 64% Ă  souhaiter qu’Emmanuel Macron ne promulgue pas le texte et qu’il le soumette Ă  une nouvelle dĂ©libĂ©ration au Parlement.”Historique”, ont commentĂ© les Écologistes sur X, demandant de ne pas laisser les Français “sans rĂ©ponse” et le rĂ©examen du texte par l’AssemblĂ©e.”Face Ă  cette mobilisation citoyenne historique, le gouvernement doit rouvrir le dĂ©bat Ă  l’AssemblĂ©e nationale”, a abondĂ© le PS.La pĂ©tition a Ă©tĂ© abondamment relayĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux par des ONG, des partis politiques mais aussi des personnalitĂ©s.Elle demande l’abrogation “immĂ©diate” de la loi, “la rĂ©vision dĂ©mocratique des conditions dans lesquelles elle a Ă©tĂ© adoptĂ©e”, alors qu’il n’y a pas eu de rĂ©el dĂ©bat dans l’hĂ©micycle, et une “consultation citoyenne des acteurs de la santĂ©, de l’agriculture, de l’Ă©cologie et du droit” sur les sujets soulevĂ©s.”Il est inconcevable qu’un texte adoptĂ© dans des conditions indignes entre en vigueur”, a dĂ©noncĂ© Mathilde Panot, la cheffe des dĂ©putĂ©s insoumis, demandant elle aussi une seconde dĂ©libĂ©ration.- “Fait de sociĂ©tĂ©” -“Ce que dit cette pĂ©tition, ce n’est plus un fait divers Ă  ce niveau-lĂ , c’est un fait de sociĂ©tĂ©”, a estimĂ© sur franceinfo le Haut-commissaire au Plan ClĂ©ment Beaune, pour qui “ce n’est pas la loi Duplomb qui est contestĂ©e par beaucoup de nos concitoyens, beaucoup de jeunes en particulier, mais c’est plus largement les reculs Ă©cologiques rĂ©cents”.Outre des mesures sur les retenues d’eau ou les seuils d’autorisation environnementale des bâtiments d’Ă©levage, la loi “Duplomb-Menonville”, du nom des sĂ©nateurs de droite et du centre qui l’ont portĂ©e, cristallise les critiques en raison de la rĂ©introduction sous conditions d’un pesticide, l’acĂ©tamipride, interdit en France depuis 2018, mais autorisĂ© en Europe.Son utilisation est rĂ©clamĂ©e par les producteurs de betteraves et de noisettes, qui estiment n’avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence dĂ©loyale de leurs concurrents europĂ©ens. A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre “un tueur d’abeilles”. Ses effets sur l’humain sont aussi source de prĂ©occupations, mĂŞme si les risques restent incertains, faute d’Ă©tudes d’ampleur.Le texte, adoptĂ© dĂ©finitivement au Parlement après un parcours lĂ©gislatif très agitĂ©, attend dĂ©sormais le couperet du Conseil constitutionnel, saisi par la gauche, qui rendra sa dĂ©cision “a priori” le 7 aoĂ»t et pourrait censurer toute ou partie de la loi. – Concilier “science” et “juste concurrence” -Le prĂ©sident de la RĂ©publique a dit attendre la dĂ©cision des Sages avant de s’exprimer sur la pĂ©tition. Il a appelĂ© Ă  concilier “science” et “juste concurrence” en matière environnementale, selon ses mots mercredi en Conseil des ministres, rapportĂ©es par la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.C’est Ă  lui que reviendra le droit de promulguer la loi ou de demander une seconde dĂ©libĂ©ration au Parlement.Le camp prĂ©sidentiel ne parle pas d’une seule voix.La ministre de l’Agriculture Annie Genevard (LR) a affirmĂ© que le texte serait “de toute façon promulguĂ©”, estimant qu’il serait “extrĂŞmement pĂ©rilleux” d’organiser une seconde dĂ©libĂ©ration.D’autres ont demandĂ© une saisine de l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire (Anses), comme le patron du parti prĂ©sidentiel Renaissance, Gabriel Attal, soutenu par la ministre de la Transition Ă©cologique Agnès Pannier-Runacher.Le gouvernement s’est dit “disponible” pour un dĂ©bat au Parlement.Le sĂ©nateur Les RĂ©publicains Laurent Duplomb a, lui, dĂ©noncĂ© ces derniers jours “l’instrumentalisation par l’extrĂŞme gauche et les Ă©cologistes” de cette pĂ©tition. 

Santé: Vautrin précise les économies à réaliser

Franchises mĂ©dicales, affections longue durĂ©e, arrĂŞts maladie… La ministre du Travail, de la SantĂ©, des SolidaritĂ©s et des Familles, Catherine Vautrin, dĂ©taille les mesures d’Ă©conomie pour freiner les dĂ©penses de santĂ© l’an prochain dans une interview au Monde publiĂ©e samedi matin.Le Premier ministre a demandĂ© mi-juillet que les dĂ©penses de santĂ© soient freinĂ©es de “l’ordre de” cinq milliards d’euros l’an prochain, en demandant notamment un effort de “responsabilisation” des Français.Mme Vautrin rappelle que François Bayrou a notamment annoncĂ© “le doublement du plafond des franchises mĂ©dicales” Ă  100 euros par an (soit les sommes non remboursĂ©es au patient, fixĂ©es Ă  1 euro par boĂ®te de mĂ©dicament). Soulignant qu'”il faut arrĂŞter avec cette idĂ©e que l’Assurance-maladie, +c’est gratuit, j’y ai droit+”, elle prĂ©cise qu’il y aura un plafond fixĂ© “Ă  8 euros maximum par mois”, et rĂ©affirme que ces franchises seront payĂ©es “au comptoir”.Concernant les affections longue durĂ©e (ALD), Ă©galement citĂ©es par François Bayrou parmi les mesures d’Ă©conomies, Mme Vautrin indique qu’il s’agira d’abord de “faciliter la sortie de ce rĂ©gime, quand le mĂ©decin dĂ©clare que vous ĂŞtes pleinement guĂ©ris d’un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral ou d’un cancer, par exemple”.Elle ajoute que le gouvernement entend “interroger le maintien du remboursement Ă  100% des cures thermales et des mĂ©dicaments dont le service mĂ©dical rendu est faible pour les patients en ALD”.Sur un autre sujet sensible, objet de “dĂ©rive” selon M. Bayrou, celui des arrĂŞts maladie, la ministre explique que le transfert de la prise en charge de ces arrĂŞts, jusqu’au 7e jour, Ă  l’employeur est une piste “Ă  l’Ă©tude” et “doit faire l’objet de discussions avec les partenaires sociaux”.”Dans cette hypothèse, les entreprises seraient amenĂ©es Ă  prendre le relais sur cette pĂ©riode supplĂ©mentaire de carence, du quatrième au septième jour”, dit-elle.Mme Vautrin indique encore que le gouvernement entend “mettre fin Ă  des abus” et souhaite “limiter tout premier arrĂŞt de travail Ă  15 jours en mĂ©decine de ville”, et Ă  “un mois en sortie d’hospitalisation”, l’idĂ©e Ă©tant d’avoir “une réévaluation plus rĂ©gulière des situations”.En matière de prĂ©vention, la ministre relève que “les rĂ©sidents d’Ehpad sont aujourd’hui vaccinĂ©s contre la grippe Ă  hauteur de 85%”, estimant qu’il reste “au moins dix points supplĂ©mentaires de taux de vaccination” Ă  atteindre. “Pour cela, je souhaite que la vaccination devienne obligatoire pour les personnes âgĂ©es en Ă©tablissement”, indique-t-elle.Elle pointe aussi le “nomadisme mĂ©dical”, en estimant que le recours Ă  un deuxième avis “se comprend tout Ă  fait après le diagnostic d’une pathologie”, mais que “ce n’est pas le cas d’une 3e, 4e, 5e consultation identique auprès d’autres praticiens (…) Il faut limiter leur prise en charge”, dit-elle.

Des puissances europĂ©ennes exhortent Ă  mettre fin Ă  “la catastrophe humanitaire” Ă  Gaza

“La catastrophe humanitaire Ă  laquelle nous assistons Ă  Gaza doit cesser immĂ©diatement”, ont exhortĂ© vendredi Paris, Londres et Berlin, alors que le Programme alimentaire mondial (PAM) a alertĂ© sur une forte hausse de la malnutrition, notamment des femmes et des enfants.RĂ©agissant Ă  l’alerte lancĂ©e par l’ONU et les ONG qui dĂ©noncent un risque de famine imminente et gĂ©nĂ©ralisĂ©e, les trois capitales europĂ©ennes ont appelĂ© dans un communiquĂ© commun le gouvernement israĂ©lien Ă  “lever immĂ©diatement les restrictions sur l’acheminement de l’aide”. DĂ©but mars, IsraĂ«l a imposĂ© sur la bande de Gaza un blocus total, très partiellement assoupli fin mai, entraĂ®nant de graves pĂ©nuries de nourriture, de mĂ©dicaments et de carburant, et suscitant des critiques croissantes sur l’aggravation de la faim.Selon le Programme alimentaire mondial, l’agence de l’ONU s’occupant de l’aide alimentaire, un tiers environ des habitants de la bande de Gaza ne mangent pas pendant des jours.”La malnutrition est en forte augmentation, avec 90.000 femmes et enfants ayant besoin d’un traitement urgent”, a ajoutĂ© vendredi le PAM dans un communiquĂ© Ă  l’AFP, affirmant que “la crise alimentaire Ă  Gaza a atteint des niveaux de dĂ©sespoir sans prĂ©cĂ©dent”.Dans leur communiquĂ© commun, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne rappellent Ă  IsraĂ«l qu’il “doit respecter ses obligations en vertu du droit international humanitaire”.”Le moment est venu de mettre fin Ă  la guerre Ă  Gaza”, ajoutent-elles, exhortant “toutes les parties Ă  mettre un terme au conflit en concluant immĂ©diatement un cessez-le-feu”, après 21 mois de guerre.Le ministre italien des Affaires Ă©trangères, Antonio Tajani, s’est joint Ă  leurs voix en affirmant que son pays ne pouvait plus accepter “les massacres et la famine” dans la bande de Gaza.Les inquiĂ©tudes se portent en particulier sur le nombre croissant d’enfants souffrant de malnutrition.MĂ©decins sans frontières (MSF) a indiquĂ© qu’un quart des enfants âgĂ©s de six mois Ă  cinq ans et des femmes enceintes et allaitantes examinĂ©s la semaine dernière dans ses installations souffraient de malnutrition.IsraĂ«l rejette toute responsabilitĂ© et accuse le Hamas de dĂ©tourner l’aide, ce que le mouvement palestinien dĂ©ment.- “paix durable” -Berlin, Paris et Londres ont par ailleurs rĂ©itĂ©rĂ© leur appel Ă  la libĂ©ration des otages israĂ©liens et au dĂ©sarmement du mouvement islamiste palestinien Hamas.Ils disent Ă©galement “s’opposer fermement Ă  toute tentative visant Ă  imposer la souverainetĂ© israĂ©lienne sur les territoires palestiniens occupĂ©s”. “Les menaces d’annexion, les colonies et les actes de violence commis par les colons Ă  l’encontre des Palestiniens compromettent les perspectives d’une solution nĂ©gociĂ©e prĂ©voyant la coexistence de deux États”, mettent-ils en garde.Jeudi, le premier ministre britannique Keir Starmer avait annoncĂ© qu’il allait avoir un “entretien d’urgence” sur la situation Ă  Gaza avec ses homologues français, Emmanuel Macron, et allemand, Friedrich Merz.Le communiquĂ© des trois capitales ne prĂ©cise pas s’il est paru avant ou après cet entretien.Dans un communiquĂ© publiĂ© en parallèle de leur dĂ©claration conjointe, Keir Starmer a indiquĂ© que Londres n’allait pas immĂ©diatement reconnaĂ®tre l’Etat de Palestine, après l’annonce par Emmanuel Macron d’une reconnaissance formelle par la France lors de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies, en septembre Ă  New York.Le Premier ministre britannique a rĂ©affirmĂ© que la reconnaissance d’un Etat palestinien “doit ĂŞtre une des Ă©tapes” vers une “paix durable” dans la rĂ©gion.L’attaque du 7-Octobre a entraĂ®nĂ© cĂ´tĂ© israĂ©lien la mort de 1.219 personnes, en majoritĂ© des civils, selon un dĂ©compte de l’AFP rĂ©alisĂ© Ă  partir de donnĂ©es officielles. Sur les 251 personnes enlevĂ©es ce jour-lĂ , 49 restent otages Ă  Gaza, dont 27 ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©es mortes par l’armĂ©e.Les reprĂ©sailles israĂ©liennes ont fait 59.676 morts Ă  Gaza, majoritairement des civils, selon des donnĂ©es du ministère de la SantĂ© Ă  Gaza, jugĂ©es fiables par l’ONU.

Statut de la Corse: Bayrou “favorable” au projet constitutionnel initial, malgrĂ© l’avis du Conseil d’Etat

François Bayrou s’est dit vendredi auprès de l’AFP “favorable” au projet de loi initial de rĂ©vision constitutionnelle sur la Corse, sans intĂ©grer les modifications suggĂ©rĂ©es par le Conseil d’Etat, affirmant qu’il Ă©tait “pour que l’Etat tienne la parole donnĂ©e”.”Je suis pour respecter l’accord de sortie de crise, proposĂ© par le prĂ©sident de la RĂ©publique aux Ă©lus de la Corse, adoptĂ© Ă  l’unanimitĂ© (-1 voix) par les Ă©lus de toutes sensibilitĂ©s de l’AssemblĂ©e de Corse”, a dĂ©clarĂ© le Premier ministre.”Je suis donc favorable Ă  prĂ©senter au Parlement le texte qu’ils ont adoptĂ©. Et le Parlement en dĂ©libĂ©rera. Les deux assemblĂ©es auront toutes les prĂ©rogatives du constituant pour s’exprimer sur le texte. En règle gĂ©nĂ©rale, je suis pour que l’État tienne la parole donnĂ©e”, a ajoutĂ© François Bayrou, au risque de dĂ©plaire Ă  la droite sĂ©natoriale, qui est aussi un partenaire de son gouvernement.Le prĂ©sident Les RĂ©publicains du SĂ©nat, GĂ©rard Larcher, avait Ă©crit au Premier ministre pour demander que le gouvernement intègre dans le projet constitutionnel l’intĂ©gralitĂ© des prĂ©conisations du Conseil d’Etat.”L’intention prĂŞtĂ©e au ministre de ne pas tenir compte de l’avis du Conseil d’Etat ne manque pas de m’inquiĂ©ter. S’il en Ă©tait ainsi, cela constituerait une atteinte grave aux prĂ©rogatives du Parlement”, affirmait le tĂ©nor des RĂ©publicains dans son courrier dont l’AFP a obtenu copie. Le projet de rĂ©vision constitutionnelle sur la Corse, qui vise Ă  octroyer Ă  l’Ă®le “une autonomie dans la RĂ©publique”, doit ĂŞtre prĂ©sentĂ© en Conseil des ministres mercredi prochain.Or le Conseil d’Etat, consultĂ© pour avis, a fait plusieurs recommandations. Le texte amendĂ© par la juridiction, consultĂ© par l’AFP, enlève notamment la notion de “communautĂ©” corse, “de lien singulier (de cette communautĂ©) Ă  sa terre” et refuse un pouvoir lĂ©gislatif autonome Ă  la CollectivitĂ© de Corse. Ces modifications sont jugĂ©es inacceptables par les nationalistes.François Bayrou avait exprimĂ© son “plein soutien (au) processus historique” en ouverture mardi soir Ă  Paris d’un “comitĂ© stratĂ©gique” sur la Corse, rĂ©unissant les Ă©lus et les prĂ©fets, organisĂ© par le ministre de l’AmĂ©nagement du territoire, François Rebsamen.Le chef du gouvernement a ensuite consultĂ© jeudi ses ministres Bruno Retailleau (IntĂ©rieur) et François Rebsamen, selon plusieurs sources, parlementaire et au sein de l’exĂ©cutif.Un Ă©chec du “statut d’autonomie” de la Corse pourrait “ouvrir la porte Ă  des dĂ©cennies d’incertitudes et de multiples dangers”, a averti jeudi le prĂ©sident autonomiste du Conseil exĂ©cutif de Corse, Gilles Simeoni.Cette rĂ©vision constitutionnelle a Ă©tĂ© initiĂ©e en 2022 par GĂ©rald Darmanin, alors ministre de l’IntĂ©rieur, Ă  la demande d’Emmanuel Macron, pour mettre un terme aux violences sur l’Ă®le provoquĂ©es par la mort en prison du militant indĂ©pendantiste Yvan Colonna.

Face aux critiques, la France dĂ©fend sa dĂ©cision de reconnaĂ®tre l’Etat de Palestine

La France a dĂ©fendu vendredi sa dĂ©cision de reconnaĂ®tre l’Etat de Palestine, affirmant qu’elle visait Ă  “donner raison au camp de la paix”, en rĂ©ponse aux virulentes critiques d’IsraĂ«l et des Etats-Unis qui accusent Paris de faire le jeu du Hamas.L’annonce faite jeudi soir par le prĂ©sident Emmanuel Macron en vue d’une reconnaissance formelle par la France d’un Etat de Palestine lors de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies, en septembre Ă  New York, a suscitĂ© la colère d’IsraĂ«l, qui a dĂ©noncĂ© une “rĂ©compense de la terreur”, en rĂ©fĂ©rence Ă  l’attaque sans prĂ©cĂ©dent du Hamas dans le sud d’IsraĂ«l le 7 octobre 2023.Le secrĂ©taire d’Etat Marco Rubio a “fermement” rejetĂ© jeudi cette dĂ©cision “imprudente” qui “ne sert que la propagande du Hamas”.Vendredi, le prĂ©sident Donald Trump a, lui, relativisĂ© la portĂ©e de cette dĂ©cision de son homologue français. “C’est quelqu’un de très bien, je l’apprĂ©cie, mais cette dĂ©claration n’a pas beaucoup de poids”, a-t-il affirmĂ© Ă  la presse: “Cela ne changera rien”.L’ambassadeur des États-Unis en IsraĂ«l, Mike Huckabee, avait ironisĂ©, affirmant que M. Macron n’avait pas prĂ©cisĂ© oĂą serait situĂ© le futur État palestinien, “je peux dĂ©sormais rĂ©vĂ©ler en exclusivitĂ© que la France offrira la CĂ´te d’Azur”, a-t-il dĂ©clarĂ© sur X.CĂ´tĂ© palestinien, le prĂ©sident de l’AutoritĂ© palestinienne Mahmoud Abbas a saluĂ© vendredi “une victoire pour la cause palestinienne”. Le mouvement islamiste Hamas, rival du Fatah de M. Abbas, a dit voir dans cette dĂ©cision un “pas positif”.Paris a assurĂ© que sa dĂ©cision ne rĂ©compense pas le Hamas, mais lui “donne tort”. “Le Hamas a toujours refusĂ© la solution Ă  deux États. En reconnaissant la Palestine, la France donne tort Ă  ce mouvement terroriste. Elle donne raison au camp de la paix contre celui de la guerre”, a Ă©crit sur X le ministre français des Affaires Ă©trangères Jean-NoĂ«l Barrot.- “Etat Hamas” -M. Macron fait Ă©galement face aux critiques en France, de la part de la droite et de l’extrĂŞme droite, dont la leader Marine Le Pen a estimĂ© que “reconnaĂ®tre aujourd’hui un Etat palestinien, c’est reconnaĂ®tre un Etat Hamas et donc un Etat terroriste”. Le Conseil reprĂ©sentatif des institutions juives de France (Crif) a dĂ©noncĂ© “une faute morale, une erreur diplomatique et un danger politique”. La France abrite la première communautĂ© juive d’Europe, avec près de 500.000 personnes (moins de 1% de la population).Pays du G7 et membre permanent du Conseil de sĂ©curitĂ© de l’ONU, la France rejoindra en septembre un groupe d’au moins 142 autres Etats qui ont reconnu un Etat palestinien, selon un dĂ©compte de l’AFP.Cette annonce apparaĂ®t comme une tentative de faire bouger les lignes, alors que les discussions pour un cessez-le feu patinent, après 21 mois d’une guerre qui a plongĂ© Gaza dans une situation humanitaire dĂ©sastreuse.Depuis l’attaque du 7-octobre, qui a tuĂ© 1.219 personnes cĂ´tĂ© israĂ©lien, selon un dĂ©compte de l’AFP rĂ©alisĂ© Ă  partir de donnĂ©es officielles, IsraĂ«l mène des reprĂ©sailles militaires qui ont fait 59.587 morts Ă  Gaza, selon des donnĂ©es du ministère de la SantĂ© Ă  Gaza, jugĂ©es fiables par l’ONU.”La catastrophe humanitaire Ă  laquelle nous assistons Ă  Gaza doit cesser immĂ©diatement”, ont exhortĂ© vendredi Paris, Londres et Berlin, dans un communiquĂ© commun, appelant “le gouvernement israĂ©lien Ă  lever immĂ©diatement les restrictions sur l’acheminement de l’aide et Ă  permettre de toute urgence Ă  l’ONU et aux ONG humanitaires de mener Ă  bien leur travail afin de lutter contre la famine”.- Divisions – Si l’Irlande, l’Espagne, la Norvège et la SlovĂ©nie ont actĂ© la reconnaissance de l’Etat de Palestine en 2024, les EuropĂ©ens restent divisĂ©s sur la question d’un Etat de Palestine.Berlin a rĂ©pĂ©tĂ© vendredi “ne pas envisager de reconnaĂ®tre un Etat palestinien Ă  court terme”.Le Premier ministre britannique Keir Starmer a, lui, insistĂ© dĂ©but juillet sur l’importance de l’obtention d’un cessez-le-feu pour amorcer un “processus” de reconnaissance.La France coprĂ©sidera en septembre avec l’Arabie saoudite une confĂ©rence internationale au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement pour essayer de relancer la solution dite “Ă  deux Etats”, palestinien et israĂ©lien.Une rĂ©union au niveau ministĂ©riel sur le sujet se tient lundi et mardi Ă  New York.

Le Libanais Georges Abdallah, libre après 40 ans de prison, a décollé pour Beyrouth

Georges Abdallah est libre, et bientĂ´t de retour chez lui après 40 ans derrière les barreaux en France. Le militant libanais propalestinien, condamnĂ© dans les annĂ©es 1980 pour complicitĂ© d’assassinats de diplomates amĂ©ricain et israĂ©lien, a quittĂ© sa prison vendredi et s’est envolĂ© de Roissy vers Beyrouth dans la matinĂ©e.L’avion transportant Georges Abdallah vers le Liban a dĂ©collĂ© peu après 09H30 du tarmac de cet aĂ©roport de la rĂ©gion parisienne, a indiquĂ© une source aĂ©roportuaire.Un convoi de six vĂ©hicules, dont deux vans noirs et la voiture du prĂ©fet des Hautes-PyrĂ©nĂ©es, s’Ă©tait Ă©lancĂ© gyrophares allumĂ©s du centre pĂ©nitentiaire de Lannemezan (Hautes-PyrĂ©enĂ©es) sur les coups de 03H40, selon une Ă©quipe de l’AFP sur place. Des sources proches du dossier ont confirmĂ© Ă  l’AFP que l’ancien instituteur d’aujourd’hui 74 ans Ă©tait bien Ă  bord.Georges Abdallah a ensuite pris un vol entre Tarbes et la rĂ©gion parisienne. “Il Ă©tait bien, en bonne santĂ©, très heureux de retourner au Liban auprès de sa famille et de retrouver la libertĂ© après plus de 40 ans”, a tĂ©moignĂ© auprès de l’AFP le chargĂ© d’affaires de l’ambassade du Liban Ă  Paris, Ziad Taan, qui l’a vu Ă  Roissy avant son dĂ©part. Il a prĂ©cisĂ© que Georges Abdallah avait “aussi eu des bons mots Ă  l’Ă©gard des responsables de la prison de Lannemezan”, saluant “le traitement humain, respectueux” qu’il avait reçu sur place. La semaine dernière, la cour d’appel de Paris avait ordonnĂ© sa libĂ©ration “Ă  compter du 25 juillet”, Ă  condition qu’il quitte le territoire français et n’y revienne plus. Georges Abdallah Ă©tait libĂ©rable depuis 1999, mais avait vu jusque-lĂ  sa dizaine de demandes de libĂ©ration Ă©chouer, faisant de lui l’un des plus anciens dĂ©tenus de France. Selon son avocat Jean-Louis Chalanset, qui l’a vu une dernière fois dans sa prison jeudi, il semblait “très heureux”, “mĂŞme s’il sait qu’il arrive au Moyen-Orient dans un contexte extrĂŞmement lourd pour les populations libanaises et palestiniennes”.- “Petite valise” -Ces derniers jours, Georges Abdallah avait vidĂ© sa cellule, dĂ©corĂ©e d’un drapeau rouge de Che Guevara et dĂ©bordant de piles de journaux et de livres, qu’il a confiĂ©s Ă  son petit comitĂ© de soutien. Il a aussi donnĂ© la majoritĂ© de ses vĂŞtements Ă  des codĂ©tenus, n’emportant qu'”une petite valise”, a relatĂ© son avocat.Ses proches espèrent qu’il sera accueilli au “salon d’honneur” de l’aĂ©roport de Beyrouth. Ils ont demandĂ© l’autorisation aux autoritĂ©s libanaises, qui rĂ©clamaient depuis des annĂ©es Ă  la France la libĂ©ration de Georges Abdallah.Ce dernier se rendra ensuite dans son village natal de Kobayat (nord du Liban), oĂą “un accueil populaire et officiel lui sera rĂ©servĂ©”, selon sa famille.L’AFP l’avait rencontrĂ© le jour de la dĂ©cision de la cour d’appel de Paris, le 17 juillet, dans sa cellule, en accompagnant une parlementaire. “Quarante ans, c’est beaucoup, mais on ne les sent pas quand il y a une dynamique de lutte”, avait assurĂ© le dĂ©tenu Ă  l’Ă©paisse barbe blanche. – “Symbole passĂ©” -La durĂ©e de sa dĂ©tention Ă©tait “disproportionnĂ©e” par rapport aux crimes commis et au vu de l’âge de l’ancien chef des FARL (Fractions armĂ©es rĂ©volutionnaires libanaises), ont jugĂ© les magistrats de la cour d’appel.Ce groupuscule de chrĂ©tiens libanais marxistes, dissous depuis longtemps, n’a “pas commis d’action violente depuis 1984”, a aussi rappelĂ© la cour, voyant en Georges Abdallah un “symbole passĂ© de la lutte palestinienne”.Tout en regrettant qu’il n’ait pas “Ă©voluĂ©” ni exprimĂ© de “regret ou compassion pour les victimes qu’il considère comme des ennemis”, les juges ont estimĂ© que Georges Abdallah, qui veut “finir ses jours” dans son village, peut-ĂŞtre en s’engageant en politique locale, ne reprĂ©sente plus aujourd’hui de risque de trouble Ă  l’ordre public. Le parquet gĂ©nĂ©ral, qui s’Ă©tait opposĂ© Ă  sa libĂ©ration comme les Etats-Unis, parties civiles, a fait un pourvoi en cassation mais il n’est pas suspensif et ne peut donc empĂŞcher son dĂ©part.A l’Ă©poque des faits, dans le contexte de la guerre civile libanaise et de l’invasion israĂ©lienne au Sud-Liban en 1978, les FARL ciblaient les intĂ©rĂŞts d’IsraĂ«l et de son alliĂ© amĂ©ricain Ă  l’Ă©tranger. Notamment en France, tuant deux diplomates en 1982: le lieutenant-colonel amĂ©ricain Charles Ray, puis l’IsraĂ©lien Yacov Barsimantov, considĂ©rĂ© comme le responsable du Mossad en France, abattu par une femme devant son Ă©pouse et ses deux enfants.IdentifiĂ© par ses empreintes dĂ©couvertes dans une planque bourrĂ©e d’armes, dont le pistolet ayant servi aux deux assassinats, Georges Abdallah avait comparu seul au palais de justice en 1987, dans un contexte particulier. Il Ă©tait devenu l’ennemi public numĂ©ro 1 car on le croyait, Ă  tort, derrière la vague d’attentats de 1985-86 qui a fait 13 morts et installĂ© la psychose dans les rues de Paris. Il avait Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  la perpĂ©tuitĂ©. 

La France va reconnaĂ®tre l’Etat de Palestine en septembre Ă  l’ONU (Macron)

La France va reconnaĂ®tre l’Etat de Palestine lors de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies en septembre Ă  New York, a annoncĂ© jeudi le prĂ©sident Emmanuel Macron sur ses rĂ©seaux sociaux.”Fidèle Ă  son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient, j’ai dĂ©cidĂ© que la France reconnaĂ®tra l’État de Palestine. J’en ferai l’annonce solennelle Ă  l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies, au mois de septembre prochain”, Ă©crit le chef de l’Etat français sur X et Instagram.La France coprĂ©sidera alors avec l’Arabie saoudite une confĂ©rence internationale au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement visant Ă  relancer la solution dite “Ă  deux Etats”, palestinien et israĂ©lien.Cette confĂ©rence, initialement prĂ©vue en juin, avait Ă©tĂ© reportĂ©e Ă  la dernière minute en raison de la guerre entre IsraĂ«l et l’Iran. Dans l’intervalle, une rĂ©union au niveau ministĂ©riel se tiendra les 28 et 29 juillet Ă  New York.A ce jour, au moins 142 Etats ont reconnu un Etat palestinien, selon un dĂ©compte de l’AFP. Les Etats-Unis et IsraĂ«l s’opposent fermement Ă  un tel projet.”L’urgence est aujourd’hui que cesse la guerre Ă  Gaza et que la population civile soit secourue”, a martelĂ© le prĂ©sident français sur X.Dans ce contexte, “il faut enfin bâtir l’État de Palestine, assurer sa viabilitĂ© et permettre qu’en acceptant sa dĂ©militarisation et en reconnaissant pleinement IsraĂ«l, il participe Ă  la sĂ©curitĂ© de tous au Proche-Orient”, a-t-il ajoutĂ©.En franchissant le pas de la reconnaissance, la France entend “apporter une contribution dĂ©cisive Ă  la paix au Proche-Orient” et “mobilisera tous ceux de ses partenaires internationaux qui souhaitent y prendre part”, Ă©crit Ă©galement Emmanuel Macron dans une lettre adressĂ©e au prĂ©sident de l’AutoritĂ© palestinienne Mahmoud Abbas.

Depuis le château d’Angers, Bayrou cherche les chemins escarpĂ©s de la croissance

Sur la promenade des remparts du château d’Angers, François Bayrou a invitĂ© jeudi ses ministres Ă  s’accorder et laisser de cĂ´tĂ© leurs diffĂ©rends pour s’attaquer Ă  la montagne d’Ă©conomies qui les attend, tout en valorisant les “potentiels” de croissance comme le tourisme.”Nous avons devant nous des enjeux si importants qu’il est illusoire de penser les relever si nous n’arrivons pas Ă  conjuguer nos forces”, a affirmĂ© le Premier ministre Ă  l’occasion de son premier dĂ©placement depuis la prĂ©sentation la semaine dernière de son plan de rigueur budgĂ©taire prĂ©voyant près de 44 milliards d’Ă©conomies.La tâche est titanesque et lui a valu des menaces de censure de toutes parts.”On ne veut pas travailler le lundi de Pâques! Taxez les riches!”, a lancĂ© une femme sur son passage, peu après son arrivĂ©e dans le centre-ville d’Angers, ville tenue par l’ancien ministre Horizons Christophe BĂ©chu, dont le parti est un des partenaires de sa coalition gouvernementale.La proposition du gouvernement de travailler deux jours fĂ©riĂ©s est celle qui a suscitĂ© le plus de critiques.Depuis la prĂ©sentation de cette cure budgĂ©taire, le ministre de l’IntĂ©rieur et patron des RĂ©publicains Bruno Retailleau prend chaque jour davantage ses distances avec la macronie, y compris avec le prĂ©sident Emmanuel Macron, sans vouloir pour le moment quitter gouvernement. Dans une allusion Ă  son turbulent ministre qu’il voit Ă  20 heures, et aux divisions qu’il suscite, François Bayrou a dĂ©noncĂ© ceux qui oeuvrent dans leur “coin”, restent “dans leur tuyau d’orgue”, et “n’aiment pas travailler avec d’autres”. “A mes yeux c’est une faute”, a-t-il assĂ©nĂ©.Face Ă  cette nouvelle cacophonie de ses poids lourds, il a effectuĂ© un double rappel Ă  l’ordre: les “diffĂ©rences de sensibilitĂ©s” ne doivent pas devenir des “divergences” a-t-il dit Ă  M. Retailleau, avant d’appeler sa ministre de la Culture Rachida Dati, auteure d’une violente charge contre les magistrats ayant ordonnĂ© qu’elle soit jugĂ©e, au “respect de l’institution judiciaire”, un “devoir d’Etat”.- Facture -Bon Ă©lève, alors que son parti dirigĂ© par Edouard Philippe n’est pas toujours tendre avec le centriste, Christophe BĂ©chu explique que les jardins “anachroniques” du château vont ĂŞtre transformĂ©s en promenade urbaine, parce que leur entretien coĂ»te cher.Ils signent ensuite ensemble un contrat sur le tourisme d’affaires et l’Ă©vĂ©nementiel avec les professionnels de la filière, ainsi que RĂ©gions de France et France Urbaine, dont M. BĂ©chu est un des vice-prĂ©sidents.Une association Etat-collectivitĂ©s locales qui permet de “jouer en Ă©quipe”, salue le maire d’Angers, alors que les collectivitĂ©s risquent d’ĂŞtre mises au rĂ©gime sec l’an prochain.Avant de mettre son paraphe, François Bayrou lui prĂŞte un stylo. “C’est tout un symbole de partager le mĂŞme crayon”, relève l’ancien ministre de l’Ecologie. “Tu me dis Ă  qui on envoie la facture Christophe?” demande en souriant le ministre de l’Economie Eric Lombard, architecte du plan d’Ă©conomies avec sa collègue du Budget AmĂ©lie de Montchalin.L’ancien responsable sarkozyste Franck Louvrier, dĂ©sormais deuxième vice-prĂ©sident de la rĂ©gion Pays-de-la-Loire chargĂ© de l’Ă©conomie, fait valoir qu’un “touriste de loisirs dĂ©pense quatre fois moins qu’un touriste d’affaires”. Un secteur que veut doper le gouvernement, alors que M. Bayrou cherche Ă  stimuler la production en parallèle de sa cure d’austĂ©ritĂ© annoncĂ©e.Sous les voutes d’une salle du château, avec les six ministres qui l’accompagnent mais sans la presse, le Premier ministre a aussi pu observer la cĂ©lèbre tapisserie de l’Apocalypse. Un chef d’oeuvre du XIVe siècle, tĂ©moin d’une Ă©poque troublĂ©e par les Ă©pidĂ©mies et la guerre de Cent ans, mais livrĂ©e Ă  un moment (1382) oĂą le pouvoir royal a trouvĂ© la voie de son redressement.  

Bayrou appelle les ministres Ă  Ă©viter “les divergences”, Retailleau veut rester

François Bayrou a appelĂ© jeudi les membres du gouvernement Ă  Ă©viter “les divergences”, avant un entretien avec le ministre de l’IntĂ©rieur Bruno Retailleau qui a annoncĂ© son intention de rester au gouvernement malgrĂ© les tensions créées avec le camp prĂ©sidentiel par ses critiques du chef de l’Etat.Lors d’un dĂ©placement Ă  Angers, le chef du gouvernement a assurĂ© que les sensibilitĂ©s politiques diffĂ©rentes Ă©taient “les bienvenues” au sein de son gouvernement, mais qu’elles ne devaient “pas prendre la forme de divergences”, en rĂ©ponse Ă  une question sur les rĂ©centes dĂ©clarations controversĂ©es de son ministre de l’IntĂ©rieur et patron de LR sur la fin de la macronie. “Mon travail Ă  moi, c’est de coordonner, fĂ©dĂ©rer, rassembler, rapprocher et entraĂ®ner”, a ajoutĂ© François Bayrou, qui a prĂ©cisĂ© avoir dĂ©jĂ  eu une rencontre jeudi matin avec Bruno Retailleau avant celle prĂ©vue Ă  20H00 Ă  Matignon. En marge d’un dĂ©placement dans un commissariat parisien, Bruno Retailleau avait affirmĂ© auparavant ne pas voir “de raison de quitter” le gouvernement… “tant que les dĂ©cisions (du gouvernement) sont conformes Ă  l’intĂ©rĂŞt national, conformes Ă  mes convictions”.”Tant que je peux faire mon devoir, je le ferai Ă  fond”, a-t-il rĂ©pĂ©tĂ©, mais “ne comptez pas sur moi pour abdiquer mes convictions”.Le dĂ©bat sur le supposĂ© double jeu du patron des RĂ©publicains, Ă  la fois ministre d’Emmanuel Macron et critique de son action pour s’en diffĂ©rencier en vue de l’Ă©lection prĂ©sidentielle de 2027, avait repris de la vigueur après une virulente interview mardi Ă  l’hebdomadaire ultraconservateur Valeurs Actuelles.Dans celle-ci, il critique “l’impuissance” du +en mĂŞme temps+, postulat du chef de l’Etat qui revendique d’ĂŞtre Ă  la fois de droite et de gauche, et prĂ©dit la fin du macronisme avec Emmanuel Macron parce qu’il “n’est ni un mouvement politique, ni une idĂ©ologie”.De quoi excĂ©der les soutiens du PrĂ©sident et faire monter les tensions avec celui-ci.Les deux hommes devaient se rencontrer jeudi pour discuter notamment de l’AlgĂ©rie, dĂ©jĂ  un sujet de discorde après une autre interview rĂ©cente du ministre dans laquelle il a fustigĂ© la “diplomatie des bons sentiments” de Paris Ă  l’Ă©gard d’Alger.Mais la rencontre a Ă©tĂ© annulĂ©e par l’ElysĂ©e qui n’a pas fourni d’explications.”Cette rencontre sera sans doute remise parce qu’on a, avec le prĂ©sident de la RĂ©publique, un certain nombre de sujets dont on doit parler. Et donc je serai amenĂ© Ă  le rencontrer, peu importe la date ou l’heure”, a relativisĂ© Bruno Retailleau.- RĂ©union avec Bayrou -En revanche, il verra le Premier ministre François Bayrou “sur les diffĂ©rents dossiers” le concernant, selon un proche d’Emmanuel Macron. Pour un recadrage ? “Je suis toujours prĂŞt Ă  discuter”, a assurĂ© Bruno Retailleau.MĂŞme “s’il peut y avoir des moments de tensions parce qu’on n’a pas des accords sur tout”, le ministre a rĂ©cusĂ© que le conseil des ministres mercredi ait Ă©tĂ© marquĂ© par une ambiance fraĂ®che, comme l’ont relatĂ© certains participants dans la presse.”Il s’est dĂ©roulĂ© absolument normalement. Il ne faut pas grossir les choses (…) J’entends aussi qu’on me respecte. Il y a des ministres qui m’ont critiquĂ© sur telle ou telle mesure depuis des mois. M’avez vous entendu leur faire le moindre reproche ?”, a-t-il plaidĂ©.En attendant ce rendez-vous avec le Premier ministre, le VendĂ©en a tenu Ă  montrer qu’il continuait son action et s’exprimait toujours de “façon brute” en prĂ©sentant un plan anti-mortiers après les scènes de “guĂ©rilla urbaine” vues ces dernières semaines Ă  BĂ©ziers, Limoges ou Charleville-MĂ©zières.Fidèle Ă  ses formules choc ou outrancières sur les jeunes commettant des actes de dĂ©linquance, dĂ©jĂ  qualifiĂ©s de “barbares” après les dĂ©gradations commises Ă  Paris lors de la finale de la Ligue des champions, il s’en est pris Ă  “la France des salauds qui tirent sur nos policiers, sur nos gendarmes et sur nos sapeurs-pompiers”.Il a annoncĂ© Ă  la rentrĂ©e un projet de loi pour que “la pĂ©nalisation de la vente d’engins pyrotechniques Ă  des non professionnels soit punie d’un an d’emprisonnement (au lieu de six mois), voire trois ans si le produit a Ă©tĂ© vendu Ă  un mineur ou au moyen d’un service de communication Ă©lectronique”.

Fraude Ă  l’impĂ´t sur les dividendes: Eric Lombard retire une disposition contestĂ©e de Bercy

Le ministre de l’Economie Eric Lombard a annoncĂ© jeudi le retrait d’un texte d’application de Bercy contestĂ© par des parlementaires, qui y voient une brèche dans un dispositif de lutte contre le contournement de l’impĂ´t sur les dividendes.C’est l’Ă©pilogue de plusieurs semaines de passes d’armes entre Bercy et des sĂ©nateurs et dĂ©putĂ©s qui accusaient le gouvernement d’avoir altĂ©rĂ© ce dispositif votĂ© dans le budget 2025 et visant Ă  lutter contre la fraude aux dividendes, dite “CumCum”.Ce stratagème d’Ă©vasion fiscale consiste, pour des actionnaires Ă©trangers d’entreprises françaises, Ă  confier temporairement leurs actions Ă  un tiers français – gĂ©nĂ©ralement une banque, moyennant rĂ©tribution – au moment du versement des dividendes. Cela leur permet d’Ă©chapper au prĂ©lèvement Ă  la source de l’impĂ´t dĂ» en tant que non-rĂ©sident.Le mĂ©canisme votĂ© dans le budget 2025 permettait de remĂ©dier Ă  cette faille en imposant que la retenue Ă  la source s’applique aux “bĂ©nĂ©ficiaires effectifs”. Mais le texte d’application publiĂ© par l’administration fiscale, qui dĂ©pend de Bercy, permettait des exceptions, notamment lorsque les banques ne connaissent pas les bĂ©nĂ©ficiaires des dividendes ou en exonĂ©rant les “marchĂ©s rĂ©glementĂ©s” d’appliquer cette disposition. Ce texte avait Ă©tĂ© pris sur la base d’un avis du Conseil d’Etat, assure Bercy.”J’ai dĂ©cidĂ© de retirer le texte en question, le paragraphe 4 pour ĂŞtre prĂ©cis”, car cette disposition “a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e par le SĂ©nat comme portant le risque de dĂ©naturer le texte, ce qui n’Ă©tait Ă©videmment pas l’objet”, a dĂ©clarĂ© Eric Lombard, affirmant agir dans “un esprit de compromis”.Il s’exprimait aux cĂ´tĂ©s du prĂ©sident de la commission des Finances du SĂ©nat, Claude Raynal (PS), et du rapporteur gĂ©nĂ©ral de cette commission, Jean-François Husson (LR) qu’il avait rencontrĂ©s plus tĂ´t alors que la chambre haute Ă©tait Ă  l’origine de la mise en oeuvre de cette disposition lĂ©gislative, votĂ©e dans le cadre du budget 2025. Ces derniers ont saluĂ© la dĂ©cision d’Eric Lombard. Jean-François Husson y a vu notamment un “signal fort” envoyĂ© aux Français et Ă  “celles et ceux qui pratiquaient une fraude organisĂ©e”. – 4,5 milliards d’euros -Cette marche arrière intervient après que le ministre de l’Economie, interrogĂ© Ă  plusieurs reprises sur le sujet ces dernières semaines, avait dĂ©menti toute faille dans la lutte contre la fraude et dĂ©fendu la conformitĂ© du texte d’application par rapport Ă  la loi. Le dossier avait aussi pris de l’ampleur Ă  l’aune des dĂ©bats budgĂ©taires dans le cadre du futur projet de budget 2026 pour lequel le gouvernement recherche 43,5 milliards d’euros d’Ă©conomies. Selon Jean-François Husson, cette “dĂ©linquance en col blanc” reprĂ©senterait un manque Ă  gagner d’environ 1,5 Ă  2 milliards d’euros sur 2025. Outre d’Ă©ventuelles Ă©conomies, la pratique de la fraude “CumCum” est surtout dans le viseur de la justice. Le parquet national financier (PNF) a ouvert plusieurs enquĂŞtes. Il a perquisitionnĂ© cinq Ă©tablissements financiers Ă  ce propos en mars 2023: BNP Paribas, Exane (gestionnaire de fonds, filiale de BNP Paribas), SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale, Natixis (filiale de BPCE, rassemblant les Banques populaires et les Caisses d’Ă©pargne) et HSBC.Des “procĂ©dures de redressement” visent “cinq Ă©tablissements de la place pour un montant de 4,5 milliards d’euros” et sont en cours, ce qui signifie que l’argent n’a pas encore Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©, a rappelĂ© Eric Lombard, sans les nommer. Le nouveau texte d’application de Bercy grevĂ© des dispositions litigieuses sera republiĂ© jeudi, a-t-il prĂ©cisĂ©, en rappelant que la lutte contre la fraude fiscale a rapportĂ© “plus de 10 milliards d’euros” en 2024.”Nous allons renforcer l’annĂ©e prochaine les moyens qui seront donnĂ©s Ă  cette maison pour lutter contre la fraude, notamment la fraude fiscale”, a-t-il poursuivi.Dans une rĂ©action transmise Ă  l’AFP, la FĂ©dĂ©ration bancaire française (FBF) a indiquĂ© prendre acte de la dĂ©cision de Bercy de retirer son texte d’application qui permettait pourtant de rĂ©duire des “incertitudes”. Supprimer cette disposition “ne crĂ©e pas des conditions favorables Ă  la sauvegarde d’un marchĂ© de capitaux efficient et souverain” et constitue “un frein aux activitĂ©s financières conduites sur la place de Paris, sources d’importantes recettes fiscales”, selon la FBF, qui redoute un “impact nĂ©gatif sur les comptes publics”.