AFP Politics

Narcotrafic: l’Assemblée approuve la création d’un nouveau régime carcéral

Les députés ont approuvé mercredi dans l’hémicycle l’une des mesures les plus décriées du texte visant à lutter contre le narcotrafic, qui prévoit la création d’un nouveau régime carcéral d’isolement pour les plus gros trafiquants.Portée par le ministre de la Justice Gérald Darmanin, et adoptée avec les voix du camp gouvernemental, de l’alliance RN-ciottistes et des indépendants de Liot, la mesure est inspirée du modèle italien de lutte contre la mafia.La députée PS Colette Capdevielle a au contraire relayé les craintes de l’Association française des magistrats instructeurs, inquiète d’une concentration au même endroit de délinquants disposant de “moyens financiers quasi illimités pour organiser des évasions”.Le texte prévoit de créer des quartiers de haute sécurité, dans lesquels seraient affectées les personnes issues de la criminalité organisée les plus dangereuses, sur décision du garde des Sceaux, et après avis du juge de l’application des peines pour une personne condamnée. Un magistrat instructeur pourra aussi s’y opposer pour une personne prévenue.Initialement fixée à quatre ans renouvelable, la durée d’affectation à ces quartiers a été ramenée à deux ans renouvelable, par amendements, après avis du Conseil d’Etat.M. Darmanin s’était engagé à saisir la juridiction, qui a recommandé plusieurs aménagements pour remédier aux “risques d’inconstitutionnalité et d’inconventionnalité”.Sur ses suggestions, les députés ont aussi adopté un amendement pour mieux cibler les personnes susceptibles d’être affectées dans ces quartiers, visant celles pour qui il est jugé nécessaire de “rompre le lien avec les réseaux de la criminalité et de la délinquance organisées”.”Cela concerne entre 600 et 900 personnes”, a affirmé M. Darmanin.Le régime est particulièrement “difficile”, de l’aveu même de M. Darmanin, et prévoit des fouilles intégrales systématiques en cas de contact physique sans surveillance constante d’un agent. Les administrations auront toutefois une latitude pour adapter le principe, par exemple en fonction de l’âge ou de la santé du détenu.- “Dignité humaine” -Le texte prévoit aussi le recours à des parloirs hygiaphones ou encore une interdiction d’accès aux unités de vie familiale et parloirs familiaux.Les visites doivent se dérouler dans un parloir avec “dispositif de séparation”, sauf exceptions comme les visites d’enfants mineurs de 16 ans (entre 16 et 18 ans l’administration pourra choisir de l’imposer). Une restriction de l’accès au téléphone est également prévue.Des amendements ont exclu les entretiens avec les avocats du champ de ces deux restrictions. Mais une proposition du président macroniste de la commission des Lois Florent Boudié a été critiquée à gauche. Elle prévoit que le détenu ou l’avocat puissent demander un parloir avec séparation. Ceci dans l’idée d’éviter au détenu une fouille intégrale après l’entretien, selon M. Boudié. Mais cela fait peser une “suspicion” sur les “avocats”, a critiqué Eléonore Caroit, membre du même groupe.L’Assemblée a aussi exclu du nouveau régime carcéral les détenus bénéficiant ou obtenant le statut de repenti en collaborant avec la justice. “Si vous parlez, vous ne serez pas dans ce régime de détention très stricte”, a assumé Gérald Darmanin, soutenant la mesure.”Est-ce qu’on va placer des personnes suspectes dans ces régimes afin d’obtenir des aveux?”, a pointé Arthur Delaporte (PS).Plus généralement la gauche, et l’ex-président macroniste de la commission des Lois Sacha Houlié (désormais député non-inscrit), se sont élevés contre un régime rappelant par trop les “quartiers de haute sécurité” abandonnés en 1982 par le ministre de la Justice de l’époque, Robert Badinter.Pouria Amirshahi (écologiste) a fustigé un régime qui “contrevient à tous les principes essentiels de la dignité humaine”.Les débats sur ce texte issu du Sénat se poursuivront jeudi à l’Assemblée.

Bayrou ravive l’opposition des socialistes pourtant gages de sa survie politique

François Bayrou fragilisé ? Le Premier ministre, déjà bousculé par les désaccords à répétition de ses ministres, voit s’effilocher le conclave sur les retraites, ravivant l’opposition des socialistes sur lesquels il compte pour durer à Matignon.Grand défenseur de la “démocratie sociale”, François Bayrou avait proposé aux partenaires sociaux de rediscuter “sans aucun totem” ni “tabou” de la réforme contestée des retraites, obtenant en contrepartie, avec plusieurs autres concessions à la clé, que les socialistes ne le censurent pas sur le budget.Or il s’est depuis mêlé des discussions, réclamant un retour à l’équilibre, fermant la porte à la retraite à 62 ans, et provoquant le départ de plusieurs participants, dont la CGT mercredi soir. Si la CFDT entend rester à la table des négociations, elle considère que le Premier ministre a “rompu le contrat”, et va “s’affranchir” de la lettre de mission.En parallèle, le ton est monté au sein de la gauche, qui accuse François Bayrou de “trahison”.Le Premier ministre “commet une erreur” s’il pense que les socialistes ne peuvent plus le censurer, mais ceux-ci attendront de voir l’issue du conclave, a prévenu mardi le premier secrétaire du PS Olivier Faure. “Nous avons sanctuarisé le budget, nous n’avons pas sanctuarisé la place de François Bayrou”, a-t-il dit.- “Sirènes” -Le Premier ministre “a baladé les Français”, “la représentation nationale” et les partenaires sociaux, tonne Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste demandant que “l’abrogation” de la réforme soit examinée par les députés, alors que François Bayrou a promis de porter au Parlement tout accord, même partiel, des partenaires sociaux.Signe que M. Bayrou évolue en terrain glissant, un sondage Elabe pour BFMTV indique mercredi que la moitié des personnes interrogées souhaitent voir le gouvernement renversé sur le sujet des retraites, en hausse de neuf points par rapport à janvier.Les socialistes “se sont laissé rouler dans la farine”, a raillé Jean-Luc Mélenchon en marge d’une réunion publique à Brest. “Est-ce qu’il y a une seule personne qui croyait dans ce pays qu’un gouvernement de droite allait décider de ramener la retraite à 62 ans ?”, a ajouté le leader de La France insoumise (LFI), certain que les socialistes “vont finir par changer d’avis” et “renverser le gouvernement”.Selon une source au groupe, les députés LFI ont contacté les groupes écologiste et communiste pour proposer une motion de censure spontanée contre François Bayrou. Une prise de contact que n’avaient confirmé ni les parlementaires écologistes ni les communistes mercredi soir, sollicités par l’AFP.Les socialistes avaient de leur côté peu goûté la charge lancée contre eux par le Premier ministre lors de l’examen de leur propre motion de censure spontanée, contre sa sortie sur la “submersion migratoire”.Patrick Kanner, chef de file des sénateurs PS, l’a accusé mercredi de dériver “vers l’extrême droite du centre” et de “céder aux sirènes” de ses ministres très droitiers Bruno Retailleau (Intérieur) et Gérald Darmanin (Justice).Ces deux poids-lourds ont mis chacun leur démission dans la balance pour peser dans les arbitrages sur l’Algérie ou le voile islamique, sur fond de désaccords avec leurs collègues. Ce qui leur a valu mardi un rappel à l’ordre, M. Bayrou les appelant à la “solidarité”.- “Lui tout seul” -“On est dans un jeu de postures lié à la présidentielle”, et “aux jeux internes aux partis politiques”, analyse un conseiller ministériel, avec Bruno Retailleau en campagne pour la présidence des Républicains et Olivier Faure en préparation de son congrès.Le Premier ministre veut aussi “rassurer sur sa droite”, selon la même source, après que le président d’Horizons Edouard Philippe a jugé “hors sol” le conclave sur les retraites dans le contexte international.Mais sans le soutien des socialistes, et en l’absence de majorité, François Bayrou risque de se retrouver à la merci du Rassemblement national, comme son prédécesseur Michel Barnier.”Nous verrons si nous votons une motion de censure si cela va dans l’intérêt des Français. Si nous héritons ensuite d’un Bayrou bis ou Bayrou fils, la censure n’aura pas d’intérêt”, a estimé mercredi Sébastien Chenu, vice-président du RN.Un ancien député MoDem observe lui que si les socialistes “ne sont pas contents” de la manière dont évolue le conclave, “ils ne sont pas vindicatifs”. Il ne les voit donc pas censurer une nouvelle fois le gouvernement “au vu du contexte” géopolitique.François Bayrou dit “ce que tout le monde pense tout bas”, décrypte un cacique du camp présidentiel pour qui “jamais personne n’a pensé qu’on puisse revenir aux 62 ans” compte tenu des déficits. “Quel est donc l’intérêt de censurer le gouvernement aujourd’hui ?” se demande-t-il.

Renaissance organise un “sommet pour la démocratie et les libertés” avec ses partenaires européens

Le patron de Renaissance Gabriel Attal et la présidente du groupe Renew au Parlement européen Valérie Hayer convient lundi à Paris une cinquantaine de dirigeants centristes européens pour un “sommet pour la démocratie et les libertés”, face à “l’internationale réactionnaire” menée par la Russie et les États-Unis de Donald Trump.”Aujourd’hui, on le voit, une internationale réactionnaire, comme l’a dit le président de la République, est à l’œuvre. Elle est sûre d’elle, elle avance comme un rouleau compresseur, elle devient la seule qu’on entend dans le débat public. Il nous revient à nous de démontrer qu’il n’en est rien et de montrer qu’il y a face aux réactionnaires un mouvement aussi puissant, aussi fort, probablement plus puissant et plus organisé, qui se lève”, a expliqué Gabriel Attal mercredi à la presse.”On a donc pris l’initiative, avec Valérie Hayer, de rassembler lundi 24 mars à Paris les chefs de délégation au parlement européen, les présidents de groupe des parlements nationaux et les chefs de partis nationaux membres et alliés de Renew pour ce qu’on a appelé un sommet pour la démocratie et les libertés”, a-t-il développé.Ce sommet rassemblera à la Cité universitaire internationale de Paris une cinquantaine de dirigeants, dont notamment l’ancien Premier ministre bulgare Nicolaï Denkof, l’ancienne Première ministre belge Sophie Wilmès ou encore Szymon Holownia, président du parlement polonais et candidat à l’élection présidentielle du mois de mai. Le vice-président de la Commission européenne Stéphane Séjourné sera également présent.Ce sommet constitue “le point de départ d’une coalition libérale, démocrate, progressiste, qui fera dérailler le rouleau compresseur réactionnaire et qui engagera fermement un renforcement de notre soutien à l’Ukraine”, a expliqué M. Attal.Après ce sommet, “l’enjeu et l’objectif sont d’élargir le format au-delà des pays de l’Union européenne -Royaume Uni, Canada, Norvège, Islande-, avec nos partenaires politiques qui partagent notre souhait de défendre et de promouvoir notre modèle de démocratie”. “Et c’est aussi un signal qu’on enverra outre-atlantique aux démocrates”, qui sont “en train de s’organiser” face à Donald Trump, a expliqué Valérie Hayer.Ce sommet, auquel ont été conviés le président Emmanuel Macron et le Premier ministre François Bayrou, doit déboucher sur une déclaration commune “autour d’engagements forts d’un soutien à l’Ukraine”, d’un “soutien à notre réarmement” et de “la volonté de construire une Europe de la défense plus large que les frontières de l’Union”, a expliqué M. Attal.

Retraites: la CGT claque à son tour la porte d’un “conclave” en sursis

Après Force ouvrière et l’U2P, c’est au tour de la CGT de claquer la porte: Sophie Binet a annoncé mercredi soir le départ de son organisation des concertations sur les retraites lancées par le Premier ministre en janvier, après le refus répété de celui-ci de revenir aux 62 ans.”Le Premier ministre et le patronat ont malheureusement définitivement enterré ce conclave. Et c’est très grave parce que le Premier ministre s’était engagé à ce que ces discussions soient +sans totem, ni tabou+”, a justifié la patronne de la CGT, après le vote de ses instances.Par conséquent, “la CGT a décidé ce soir de quitter ces concertations et d’appeler les salariés à se mobiliser” en rejoignant notamment les cortèges de retraités prévus jeudi. Après avoir suscité beaucoup d’espoir auprès des syndicats, en leur donnant l’occasion, pour la première fois en plus de deux ans, de renégocier la décriée réforme des retraites qui a porté l’âge de départ de 62 à 64 ans en 2023, François Bayrou a déçu l’opposition de gauche comme les syndicats.Ses déclarations dimanche fermant la porte au retour des 62 ans, réitérées mardi et mercredi devant le Parlement ont fini de provoquer l’ire des centrales syndicales qui lui opposent une fin de non recevoir.Devant le Sénat, François Bayrou a assuré ne s’être “jamais (…) immiscé” dans le débat des partenaires sociaux. “J’ai simplement rappelé qu’il fallait se fixer comme objectif le retour à l’équilibre (du système de retraites) en 2030” et jugé “qu’à mes yeux, on ne pouvait pas revenir à 62, supprimer la réforme des retraites et retrouver l’équilibre financier”, a-t-il plaidé.- L’âge, “le coeur du réacteur” -Le Premier ministre a “rompu le contrat”, “changé les règles du jeu” et “ne voit pas où est le problème”, a dénoncé mardi matin Marylise Léon, N°1 de la CFDT, sur BFMTV/RMC.”Nous, on veut discuter de l’âge, l’âge de départ. C’est le cÅ“ur du réacteur. C’est la raison pour laquelle on s’est mobilisés et pour laquelle on a souhaité reprendre le fil des discussions”, a-t-elle encore rappelé.Dans ces conditions, la leader a prévenu qu’elle “s’affranchit” désormais “de la lettre de cadrage” du gouvernement et entend négocier “avec ceux qui ont envie vraiment de travailler” pour ouvrir “un autre” conclave.Mais celui-ci a du plomb dans l’aile : Force ouvrière avait claqué la porte dès la première séance le 27 février, jugeant que la concertation tournait à la “mascarade” après l’exigence de François Bayrou de rétablir l’équilibre financier du système de retraites en 2030, demandant de trouver 6,6 milliards d’économies supplémentaires par rapport à ce qui avait été demandé aux partenaires sociaux en janvier.- “Usure” et “pénibilité” jeudi -Jeudi, seules trois organisations syndicales (CFDT, CFTC, CFE-CGC) et deux organisations patronales (Medef et CPME) se retrouveront ainsi à la table des discussions à partir de 14H00 pour parler d'”usure professionnelle et pénibilité”.Mais “avec les (derniers) rebondissements, j’ai bien peur qu’il y ait du changement”, a déclaré à l’AFP Pascale Coton, négociatrice pour la CFTC.Sur des positions diamétralement opposées à celles des syndicats, la plus petite des trois organisations patronales, l’U2P (artisans, commerçants et professions libérales) a aussi quitté les négociations mardi.Cette organisation estime que l’équilibre du régime des retraites “imposera de repousser l’âge légal de départ au-delà de 64 ans”, sauf pour les métiers difficiles.Le Medef, première organisation patronale, a dit mercredi par la voix de son président Patrick Martin vouloir “laisser sa chance” à la discussion estimant toutefois que “tous les partenaires sociaux, les politiques a fortiori, doivent prendre en compte cette situation des finances publiques qui devient critique”.Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi, 50% des personnes sondées souhaitent que, dans les prochaines semaines, une motion de censure soit adoptée contre le gouvernement de François Bayrou sur le sujet des retraites. Et ils sont : 56% des Français à souhaiter revenir à 62 ans -contre 62% en janvier-.

Municipales à Paris: Marion Waller se lance dans la primaire du PS “pour gagner”

La socialiste Marion Waller, qui a crée la surprise en annonçant briguer l’investiture du PS pour les municipales à Paris face à Emmanuel Grégoire et Rémi Féraud, a assuré mercredi n’être la candidate d’aucun clan et qu’elle partait à la primaire “pour gagner”.”Je ne suis pas la candidate d’un clan, je suis là pour parler aux 3.500 militants socialistes parisiens. Je suis candidate en mon nom, je monte ma propre équipe et j’y vais pour gagner”, a déclaré Marion Walter à l’AFP.Cette ancienne conseillère de la maire socialiste sortante Anne Hidalgo, 32 ans, aujourd’hui à la tête du Pavillon de l’Arsenal, centre d’urbanisme et d’architecture de Paris, a créé la surprise dimanche en annonçant qu’elle se lançait dans la course de la primaire socialiste prévue le 30 juin.Elle affrontera le sénateur Rémi Féraud, successeur désigné d’Anne Hidalgo, et le député Emmanuel Grégoire, ancien premier adjoint que l’édile honnit désormais, au point d’avoir dit qu’elle ne le soutiendrait pas s’il gagnait le vote des militants.Avant de se lancer dans la course, Marion Waller, un “bébé Hidalgo” qui se dit “alignée à 100%” avec son bilan, “parlait” davantage au camp de Rémi Féraud qu’à celui d’Emmanuel Grégoire. “J’ai participé à un évènement de campagne de Rémi Féraud, mais maintenant je suis candidate en mon nom”, a-t-elle insisté.  La primaire, elle y pensait “depuis quelques mois”, portée par “l’envie d’incarner le renouveau et d’apporter quelque chose de joyeux” à une campagne tendue entre les deux parlementaires.”J’ai aussi entendu que beaucoup de militants avaient envie d’une troisième voie, c’est ce qui m’a motivée à y aller”, ajoute cette militante dans le 11e arrondissement.”Ca (lui) a demandé beaucoup de courage” d’annoncer sa décision à Anne Hidalgo, son premier adjoint Patrick Bloche, la patronne du PS parisien Lamia El Aaraje et à ses deux concurrents, qui ont “tous été étonnés”, confie-t-elle. “Je n’ai jamais été élue mais j’ai travaillé dix ans à l’Hôtel de ville, j’ai l’expérience de l’action politique”, fait valoir la candidate à l’investiture qui s’est engagée en politique pour la première campagne d’Anne Hidalgo en 2014.Avec son slogan “Partager Paris”, elle fait de la question de la métropole du Grand Paris “un préalable”. “C’est à cette échelle qu’il faut mener le combat. Si le prochain ou la prochaine maire de Paris n’en fait pas une priorité, son mandat sera déceptif”.

Le gouvernement s’attaque aux faux diagnostics de performance énergétique

Dix mesures pour “crédibiliser” le diagnostic de performance énergétique (DPE) pour les logements, obligatoire en cas de vente ou de location mais au coeur de fraudes, ont été présentées mercredi par la ministre Valérie Létard.Promettant une “tolérance zéro” envers la “poignée de diagnostiqueurs (…) qui réalisent des DPE frauduleux, des DPE de complaisance”, elle a souligné combien cet outil était “essentiel pour définir le niveau de qualité d’un bien au regard de sa consommation énergétique, des factures qu’il va générer en terme de chauffage (…) et de l’impact qu’il a sur le climat”.Il doit être “irréprochable”, a-t-elle déclaré sur TF1.La ministre du Logement a ensuite présenté son “plan d’action” à des fédérations de diagnostiqueurs, des instituts de formation, des organismes de certifications et des parlementaires lors d’une réunion au ministère. Le DPE donne une note de A (la meilleure) à G (la plus médiocre) en fonction de nombreux paramètres, comme l’isolation des murs et du toit, le système de chauffage. Cette note, obligatoire pour toute transaction et bail de location, est de plus en plus déterminante pour fixer la valeur d’un bien immobilier à vendre. Elle est prise en compte dans l’octroi d’aides à la rénovation énergétique et si elle est trop basse, et empêche la location du logement.Chaque année, 4 millions de DPE sont réalisés, parmi lesquels le conseil d’analyse économique a identifié 1,7% de diagnostics frauduleux, soit 70.000, selon la ministre. “C’est 70.000 de trop, on doit tendre vers zéro”, a-t-elle affirmé lors de la réunion. “Plus on a d’informations, plus le DPE sera précis”, mais cette recherche d’informations nécessite du temps, a assuré Jean-Louis Kersac’h, dirigeant d’une société de diagnostic, lors d’un déplacement de la ministre qui assistait à la réalisation d’un DPE d’un appartement. Or il a souvent eu vent de diagnostiqueurs à qui il est demandé de “faire quatre diagnostics par jour, avec une prime pour le 5e”. D’où la volonté de Valérie Létard d’utiliser l’intelligence artificielle et la base de données de DPE de l’Agence de la transition écologique (Ademe) pour “mieux repérer et mieux contrôler” les comportements suspects de diagnostiqueurs, comme 10 audits réalisés en une journée aux quatre coins de la France. – “Gros billet” -Elle souhaite aussi géolocaliser les diagnostiqueurs, leur assigner un QR code, ainsi qu’aux DPE établis, afin de vérifier leurs fiabilité. Les contrôles vont être multipliés par quatre pour inspecter chacun des 10.000 diagnostiqueurs chaque année, et les sanctions seront plus sévères: jusqu’à deux ans d’interdiction d’exercer en cas de fraude, contre 6 mois actuellement. Pour limiter les pressions subies, le DPE ne sera plus délivré immédiatement à l’issue de la visite, mais plus tard et dématérialisé. Ces pressions sont légion, selon Jean-Louis Kersac’h : “mail dans lequel le client dit s’attendre à une note C”, “menace de ne pas nous payer”, “proposition d’un gros billet”. “Tous les jours, des clients nous disent +votre DPE n’est pas bon+”, rapporte-t-il.Alban Chanemougame, diagnostiqueur indépendant, confirme : “J’ai déjà perdu un client qui a préféré prendre un diagnostiqueur moins cher mais qui travaille en dix minutes et donc moins fiable”.”Des agences immobilières m’ont déjà demandé d’ajuster des diagnostics, comme le nombre de mètres carrés, ça ne touche pas que les DPE”, explique-t-il à l’AFP.Valérie Létard veut aussi se pencher sur la création d’un éventuel ordre des diagnostiqueurs, d’une formation post-bac et mieux contrôler les organismes de certification et de formation des diagnostiqueurs.Des annonces accueillies favorablement par Yannick Ainouche, co-président de l’Alliance du diagnostic immobilier. Elles correspondent à des propositions qu’il porte depuis deux ans.Il souhaite aller plus loin dans la sanction avec la création d’un “organe disciplinaire” et dans la formation avec “une filière BTS de bac+2”. L’interdiction de location depuis le 1er janvier des logements les plus énergivores, classés G, est critiquée par de nombreux élus de droite, qui affirment qu’elle aggrave la crise actuelle du logement.

Justice des mineurs: le texte d’Attal largement amoindri en commission au Sénat

Nouveau revers pour l’initiative de Gabriel Attal sur la justice des mineurs: sa proposition de loi pour lutter contre la délinquance des plus jeunes, adoptée à l’Assemblée mi-février, a été largement amoindrie en commission au Sénat, avant son examen mardi dans l’hémicycle.Comparution immédiate, sanction des parents des délinquants mineurs, dérogations à l’excuse de minorité… Plusieurs mesures phares prônées par l’ancien Premier ministre ont été supprimées de ce texte qui vise à “restaurer l’autorité” de la justice à l’égard des mineurs délinquants.Le sénateur Les Républicains de Paris, Francis Szpiner, nommé rapporteur sur ce texte, a ainsi proposé – et obtenu – en commission des Lois la suppression de la plupart des dispositions centrales du texte, rédigées selon lui “dans la précipitation”. “On ne fait jamais de bonne loi dans la précipitation”, a-t-il expliqué à l’AFP, épinglant des mesures “difficilement applicables” ou de nature à “fragiliser l’application des textes déjà existants”.Ont été supprimées à ce stade: la création d’une procédure de comparution immédiate pour les mineurs de 16 ans pour des faits graves, ou encore la fin de l’application de l’excuse de minorité, sauf décision motivée du juge, pour des mineurs âgés de 16 ans et plus multirécidivistes auteurs de faits graves.La commission des Lois a également supprimé la création d’une amende civile pour les parents qui ne répondraient pas aux convocations aux audiences, lui préférant un dispositif permettant aux assureurs de se retourner sur les parents pour que leur soit versé un “reste à charge plafonné” à 7.500 euros, pour participer à l’indemnisation du dommage pour lequel l’enfant a été condamné.Les sénateurs ont par ailleurs introduit plusieurs mesures renforçant l’arsenal répressif visant les mineurs condamnés pour des faits terroristes ou commis en bande organisée (placement et détention provisoire facilités et allongés, surveillance électronique, assignation à résidence…).Les multiples suppressions ont été soutenues au Sénat par les groupes écologiste et socialiste, selon plusieurs participants. “Ce texte se veut une réponse à l’actualité, mais on ne répond pas à l’actualité par un texte qui n’est pas fondé juridiquement”, a insisté auprès de l’AFP la socialiste Laurence Harribey, qui s’est dite “agréablement surprise” de la position du rapporteur LR. Le camp gouvernemental s’est d’ailleurs divisé en commission, laissant augurer des dissensions d’ici la séance publique mardi: le groupe centriste, traditionnel allié de LR au Sénat, s’est majoritairement abstenu sur le texte ainsi vidé de sa substance. “On fait partie d’un socle commun, on fait de la politique. On a le droit de sortir par le haut en aidant Gabriel Attal à réécrire mieux ce texte”, a déploré la centriste Dominique Vérien, qui espère rétablir certaines mesures dans l’hémicycle.

Lutte contre le narcotrafic: la confidentialité des messageries cryptées en débat

Accéder aux messages des trafiquants de drogue sur les plateformes chiffrées telles que WhatsApp ou Signal: la mesure portée par une proposition de loi, soutenue par le gouvernement, continue d’agréger contre elle de nombreux acteurs et experts de la cybersécurité.L’obligation pour les messageries d’ouvrir sur requête des services de police l’accès aux conversations de personnes mises sur écoute figure dans le texte adopté à l’unanimité au Sénat début février.L’article a été supprimé à l’Assemblée nationale en commission des lois début mars. Mais la majorité présidentielle insiste, avec un amendement au but similaire déposé par trois députés, qui devrait être examiné dans la semaine. L’un d’eux, Paul Midy, défend une “réécriture complète de l’article, pour prendre en compte la totalité des inquiétudes” au sujet de sa version initiale.En question: les modalités d’accès aux échanges qui mettraient en péril la sécurité de l’ensemble des utilisateurs.Le “chiffrement de bout en bout” mis en place par Whatsapp, Signal mais aussi Messenger (Facebook) revient à brouiller les conversations, les rendant indéchiffrables y compris pour les plateformes elles-mêmes. Celles-ci n’ont donc pas les moyens, actuellement, de livrer leur contenu. – “Porte dérobée” -Les députés de la gauche et du centre opposés à l’article initial s’inquiétaient de l’introduction d’un mécanisme de “porte dérobée”, ou “backdoor”, permettant à un tiers d’accéder à des messages chiffrés, ouvrant en même temps une faille de sécurité.Dans son amendement, “il n’y a pas de backdoor, il n’y a pas d’atteinte au chiffrement”, insiste Paul Midy. Le texte, en effet, exige de ne pas “porter atteinte à la prestation de cryptologie” et renvoie les modalités techniques à l’approbation d’une commission.Sur X mercredi, la ministre chargée du Numérique, Clara Chappaz, s’est réjouie “de l’ouverture d’une discussion technique exigeante avec les messageries”, après s’être inquiétée mardi, dans un message supprimé depuis, de ne pas avoir “à ce jour de solution technique pour accéder à des communications ciblées sans affaiblir la sécurité du système tout entier”. L’évolution de l’article ne convainc toutefois ni les plateformes de messagerie, ni les acteurs de la cybersécurité. Pour eux, introduire un processus permettant de lire des messages cryptés revient nécessairement à ouvrir une brèche exploitable par des individus mal intentionnés.- Solution “impossible” -“Modifier les mécanismes de sécurité, (…) c’est la garantie de multiplier les erreurs et vulnérabilités involontaires qui pourront ensuite être exploitées par les cybercriminels”, a ainsi indiqué le directeur adjoint de Docaposte — filiale numérique de La Poste française — et ancien directeur de l’agence de sécurité informatique (Anssi), Guillaume Poupard, sur le réseau LinkedIn. “Si c’est possible sur réquisition judiciaire, ça sera aussi possible pour un pirate”, pointe Patrick Blum, délégué général de l’Association française des correspondants à la protection des données personnelles. La “technique du fantôme”, évoquée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui consiste à intégrer un utilisateur tiers dans une conversation privée de manière invisible, est aussi critiquée.Pour Benoit Grunemwald, expert cybersécurité chez ESET, société de logiciels, “c’est juste impossible d’avoir un chiffrement de bout en bout, (…) une complète sécurité et confidentialité des messages, et qu’en même temps un tiers puisse y accéder”. Le président de la messagerie chiffrée française Olvid, désignée par le gouvernement en 2023 pour être utilisée dans les ministères, tient la même position auprès de l’AFP. “L’idée de l’utilisateur fantôme, je comprends qu’elle soit séduisante. (…) Mais, en réalité, dès lors qu’on doit vraiment mettre les mains dans le cambouis, elle pose un nombre de problèmes considérable”, martèle Thomas Baignères. À l’image d’autres services, tels que Proton et Signal, il refuse d’appliquer de telles solutions. “On ne peut pas implémenter ce genre de choses de manière sûre”, tranche-t-il. 

Macron prévient qu’il “n’y aura pas de solution militaire israélienne à Gaza”

Emmanuel Macron a affirmé mercredi que la reprise des frappes israéliennes à Gaza constituait “un retour en arrière dramatique”, et a prévenu qu’il n’y aurait “pas de solution militaire” possible dans le territoire palestinien.”Il faut que les hostilités cessent immédiatement et que les négociations reprennent de bonne foi sous les auspices américains”, a dit le président français aux côtés du roi de Jordanie Abdallah II, reçu à l’Elysée. “Nous appelons de nos vÅ“ux une cessation permanente des hostilités et une libération de tous les otages” retenus par le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la Bande de Gaza, a-t-il ajouté.Le souverain jordanien a aussi dénoncé “une étape extrêmement dangereuse” qui ajoute “une nouvelle dévastation à une situation humanitaire déjà désastreuse”, appelant la communauté internationale à agir “immédiatement” pour “un retour au cessez-le-feu”.Il a plaidé poour une reprise de l’aide internationale, déplorant “le blocage” par Israël de la fourniture d’eau et d’électricité qui “met en danger la vie d’une population extrêmement vulnérable”.Selon Emmanuel Macron, la reprise du conflit est “dramatique pour les Palestiniens de Gaza, à nouveau plongés dans la terreur des bombardements, dramatique pour les otages et leurs familles qui vivent dans le cauchemar de l’attente et de l’incertitude d’une libération que nous souhaitons plus que tout, dramatique pour la région tout entière qui tente de se relever en plus d’une année de guerre et de bouleversements”.Emmanuel Macron a aussi estimé que le Hamas avait “été vaincu”, et qu’il était “dépourvu du parrain qui l’avait poussé au crime du 7 octobre” 2023 lors de son attaque meurtrière sans précédent contre Israël, dans une allusion à l’Iran. “L’axe de la résistance est aujourd’hui une illusion”, a-t-il martelé en faisant là aussi référence à Téhéran et ses alliés au Moyen-Orient, dont le Hamas et le mouvement libanais Hezbollah, considérablement affaiblis par les frappes israéliennes.Le président français a appelé à “retrouver le chemin d’une solution politique”, apportant son soutien au plan des dirigeants arabes pour Gaza, “qui propose un cadre crédible de reconstruction et des éléments pour garantir la sécurité et installer une nouvelle gouvernance qui ne peut pas être celle du Hamas”.Pour le chef de l’Etat, “les ferments d’une nouvelle architecture de sécurité” régionale “sont là”, mais “il manque aujourd’hui une pièce à cet ensemble éminemment complexe”: “un État palestinien”.Il a rappelé qu’il coprésiderait en juin aux Nations unies “une conférence pour les deux Etats”, palestinien et israélien, avec le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, avec lequel il doit aussi “échanger” mercredi soir.

Prévenir l’obésité infantile/école: une “mesure-pesée” en CE2 et respecter le nombre d’heures d’EPS

Pour mieux “mesurer le surpoids et l’obésité”, deux députés préconisent une “mesure-pesée en CE2” et plaident aussi pour que les trois heures d’EPS en primaire soit réellement appliquées, selon les conclusions de leur mission présentée mercredi.Cette mission flash sur l’activité physique et sportive et la prévention de l’obésité en milieu scolaire s’étonne du manque de données récentes sur l’obésité infantile au niveau national, une étude de grande ampleur étant attendue pour 2028. Afin d’améliorer le suivi, Christophe Proença (PS, Lot) et Frédérique Meunier (LR, Corrèze), souhaitent instaurer “une mesure-pesée de tous les élèves de CE2 par un infirmier scolaire”. Ils veulent aussi “généraliser” les tests de capacités physiques au collège, déjà expérimentés dans quelques écoles, et ce alors que des médecins alertent sur la baisse notable de capacité respiratoire des enfants. Au niveau mondial une étude publié début mars dans la revue The Lancet estime que sans une action forte et immédiate des gouvernements, une épidémie mondiale inédite de surpoids et d’obésité touchera six adultes sur dix et un enfant et adolescent sur trois d’ici 2050, plombant les systèmes de santé. Selon cette étude, qui évoque “l’un des plus grands défis sanitaires du XXIe siècle”, l’obésité chez les jeunes devrait bondir de 121% à l’échelle mondiale, avec un total de 360 millions d’enfants et adolescents obèses d’ici 2050. Parmi ses recommandations, elle prescrit entre autres “d’intégrer des infrastructures sportives et des terrains de jeux dans les écoles”. Les deux députés appellent aussi à faire respecter les trois heures d’EPS en école primaire. “Si les trois heures étaient déjà faites, ce serait très bien”, a expliqué M. Proença à l’AFP. Sur le collège, il faut “porter le volume horaire à quatre heures pour tous les collégiens” contre 3 heures de la 5e à la 3e. “Il y a aussi un travail à faire avec le corps des médecins pour éviter des dispenses systématiques car il y très peu de pathologies qui demandent à ce qu’on dispense un enfant complètement “, a-t-il ajouté. Quant au dispositif des 30 minutes d’activité physique en primaire, initié par le comité d’organisation des JO de Paris, M. Proença a bien entendu la ministre des Sports récemment dire aux députés qu’un nouveau bilan serait fait prochainement alors qu’un rapport sénatorial avait fait état de seulement “42% des écoles” l’appliquant. Les deux députés relèvent aussi que “comme pour le niveau d’activité physique, la prévalence du surpoids et de l’obésité est inégalement répartie: le surpoids touche deux fois plus les enfants d’ouvriers que les enfants de cadres, l’obésité trois fois plus”.Â