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Budget: Bayrou dénonce l’absentéisme “inadmissible” des députés

L’absence de nombreux députés, en particulier de la majorité, lors des débats budgétaires à l’Assemblée est “inadmissible”, a dénoncé dimanche le patron du MoDem François Bayrou, jugeant que le recours du gouvernement à l’arme 49.3 va s’avérer “vital”.”Avoir des parlementaires qui considèrent (…) qu’ils ont mieux à faire qu’être présents à leurs bancs à l’Assemblée nationale, c’est purement et simplement inadmissible”, a déclaré M. Bayrou sur BFMTV.Le président du Mouvement démocrate a notamment jugé “criminelle” et “indéfendable” la faible présence des élus du camp gouvernemental lors du vote sur l’enveloppe allouée à l’Union européenne, d’abord rabotée par le Rassemblement national, puis rejetée par la gauche.”On n’a pas seulement des droits lorsqu’on est parlementaire. On a des devoirs et le devoir d’un parlementaire est de siéger sur ces bancs à l’Assemblée. Et il n’y a pas d’excuses à invoquer”, a insisté M. Bayrou.Au même moment, le député macroniste Roland Lescure (EPR) a expliqué au Grand Jury RTL-M6-LeFigaro-PublicSénat que le fait de “siéger face à une alliance des contraires qui vous défait régulièrement” rend “plus difficile d’être complètement mobilisé”.Et la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a souligné sur France3 que chaque député “est libre de son vote (et) de son activité” et que “beaucoup de députés ne sont pas dans l’hémicycle parce qu’ils sont simplement en commissions”, où d’autres textes sont examinés en parallèle.Faute de majorité présente pour voter la loi, M. Bayrou a prédit “avec certitude” que “ce qui sera retenu” dans le budget “c’est ce que le gouvernement considèrera comme étant acceptable”, via un recours au 49.3, une “arme très puissante et très justifiée” dont “on va s’apercevoir dans les prochains mois que c’est vital”.Le gouvernement peut décider d’actionner le 49.3 cinq fois par texte, au risque d’une litanie de motions de censure, comme l’a fait l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne en 2022 et 2023. Il peut aussi jouer sur les délais constitutionnels ou des votes de rejet à l’Assemblée pour n’utiliser cette arme qu’une seule fois par texte lors du vote final.

Budget: le RN “votera contre”, assure le député Jean-Philippe Tanguy

Le Rassemblement national “votera contre” le projet de loi de finances 2025, a assuré dimanche sur France3 Jean-Philippe Tanguy, chef de file sur le budget du groupe RN à l’Assemblée nationale.”On votera contre”, a affirmé M. Tanguy, estimant n’avoir eu “aucun retour” du Premier ministre sur les “propositions concrètes” du Rassemblement national. Les députés ont débattu de lundi à samedi de la partie recettes du budget 2025, sans être allés au bout de l’examen du texte, qui reprendra le mardi 5 novembre.Le député de la Somme a rappelé l’opposition de son groupe à une augmentation de la taxe sur l’électricité au-delà de son niveau d’avant Covid, qui a été supprimée vendredi par les députés, mais que le gouvernement “va sans doute rétablir”.Interrogé sur la possibilité que le gouvernement utilise l’article 49.3 de la Constitution, qui permet de faire adopter un texte sans vote, M. Tanguy a observé que le Premier ministre Michel Barnier pouvait faire usage d’une “autre méthode (…) plus perfide, plus machiavélique”, consistant à “laisser traîner les débats, à épuiser le Parlement”, en utilisant l’article 47 de la Constitution.Cet article prévoit que si l’Assemblée n’arrive pas à se prononcer en première lecture sur un projet de loi de finances au bout de 40 jours (soit le 21 novembre), le gouvernement saisit le Sénat.”Sous ses airs de sages, de personne tranquille, c’est une personnalité machiavélique qu’on découvre en réalité, puisqu’il sait très bien ce qu’il fait, et ce serait la première fois de l’histoire de la Ve République qu’on épuise volontairement les délais et qu’on épuise le Parlement tout en ne disant rien”, a-t-il attaqué.

Budget: les débats reprendront le 5 novembre à l’Assemblée, annonce Laurent Saint-Martin

Le ministre du Budget Laurent Saint-Martin a annoncé dimanche sur Radio J que les débats sur le projet de budget 2025 reprendront à partir du 5 novembre à l’Assemblée nationale.”On continuera là où on s’est arrêté hier à partir du 5 novembre”, a indiqué le ministre, alors que les députés ont interrompu samedi soir leurs débats sans être allés au bout de l’examen du projet de loi, après six jours d’échanges houleux sur la partie recettes du budget 2025.La semaine prochaine, les députés seront mobilisés sur le budget de la Sécu.Si le ministre a appelé à “mettre un peu de rationalité dans les débats”, il a assuré que le gouvernement voulait “que les débats aient lieu pour respecter le Parlement”: “On va voir quel sera le vote de l’Assemblée nationale. On verra comment le Sénat en débat également”, a-t-il indiqué en réponse à une question sur l’utilisation du 49.3.”Il y aura une commission mixte paritaire issue du Sénat (…) nous verrons bien ce qu’elle décide et quelle est la nature du texte”, a-t-il poursuivi.”Si le texte respecte deux choses: 60 milliards d’euros d’efforts budgétaires pour redresser les comptes et au moins deux tiers par la baisse de la dépense publique, alors je ne vois pas pourquoi nous ne ferions pas confiance au Parlement “, selon lui.”Si le Parlement ne veut pas rester sur cette règle du jeu que nous avons fixée, alors le gouvernement prendra ses responsabilités”, a-t-il ajouté.Sur X, le président LFI de la commission des Finances Eric Coquerel a estimé que “le budget qui sera soumis au vote début novembre reste +NFP compatible+”.”Nous avons proposé ou soutenu des amendements qui rapportent 35 milliards en recette” et “reste à venir, et qui avaient été adoptées en commission, la taxe sur la délocalisation des profits des multinationales, sur les super profits, sur les transactions financières soit entre 26 et 43 milliards de recettes à ajouter en plus”, a-t-il indiqué sur le réseau social.”À noter que l’ensemble de ces mesures ne pèsent que sur nos concitoyens les plus riches et les très grandes entreprises”, a-t-il salué.Alors que s’ouvre lundi l’examen du budget de la sécurité sociale à l’Assemblée, Laurent Saint-Martin s’est dit favorable à une taxe sur le sucre, à l’instar de la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq mais contrairement à la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.”La ministre de la Santé a raison de dire qu’il y a aujourd’hui un vrai fléau qui est le sucre, les produits transformés, la malbouffe… sur lesquels on doit pouvoir s’attaquer aussi par la fiscalité”, a estimé le ministre du Budget sur Radio J.La taxation rapporterait selon lui “quelques centaines de millions d’euros”.Par ailleurs, interrogé sur la baisse des allègements de charges prévue par le gouvernement pour dégager des économies dans le budget de la Sécu et décriée par le patronat, le ministre s’est dit ouvert au débat.”On peut en débattre. Je veux bien qu’on puisse être en capacité de ne pas aller jusqu’à quatre milliards d’euros de retour sur les allègements généraux de charges” mais “il faut des gages en face, il faut des contre-propositions”.

A l’Assemblée, la bataille budgétaire en pause après une série de revers pour le gouvernement

Pas de 49.3 à ce stade, pas de vote solennel mardi: après six jours d’échanges houleux sur la partie recettes du budget 2025, les députés ont interrompu samedi soir leurs débats sans être allés au bout de son examen, et devraient le reprendre le 5 novembre.A la clôture de la séance à minuit samedi, il restait encore plus de 1.500 amendements à examiner sur cette première partie du texte, qui aurait dû en principe faire l’objet d’un vote final mardi. La semaine prochaine, les députés seront mobilisés sur le budget de la “Sécu”; et selon plusieurs sources parlementaires, les débats sur le “PLF” reprendront le mardi 5. Le calendrier sera débattu mardi matin en conférence des présidents, “avec le gouvernement”, et “nous pourrons regarder comment tout cela peut s’envisager”, a affirmé à la tribune la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet. En six jours, les députés ont “adopté près de 40 milliards d’euros d’impôts supplémentaires” qui s’ajoutent aux “30 milliards de la copie initiale du gouvernement”, a déploré le député macroniste Charles Sitzenstuhl. “Il est vraiment temps que tout ceci s’arrête”, a-t-il ajouté, fustigeant un “délire fiscal”. “La coalition gouvernementale sombre” et “il n’y a même pas de chaloupes pour ceux qui restent, (…), j’ai beaucoup de peine pour notre pays”, a lancé le chef de file du RN dans cette bataille budgétaire, Jean-Philippe Tanguy.Samedi comme les jours précédents, le gouvernement a effectivement enchaîné les revers.La gauche a ainsi fait adopter une taxe exceptionnelle de 10% sur les dividendes distribués par les entreprises du CAC40. Les députés ont étendu à l’ensemble du territoire les prêts à taux zéro pour l’immobilier, dans le neuf (comme le proposait le gouvernement), mais aussi dans l’ancien. Ils ont aussi rendu pérenne la contribution exceptionnelle demandée aux entreprises de fret maritime, plafonné à 500 millions d’euros la niche fiscale dont bénéficie ce secteur, approuvé un rétablissement progressif de la CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises), et supprimé l’alourdissement prévu du “malus” pour les voitures essence et diesel.- Alliances changeantes -Le tout au gré d’alliances parfois changeantes: si le Nouveau Front populaire a obtenu seul le rétablissement progressif de la CVAE, c’est une alliance hétéroclite d’élus RN, LR, socialistes et communistes qui a eu raison du malus automobile.Et le RN – accusé par le camp macroniste d’avoir une ligne politique erratique sur la fiscalité des entreprises – a mêlé ses voix à la gauche pour plafonner la niche fiscale des armateurs, face aux rangs toujours très clairsemés des forces du “socle commun” censées soutenir le gouvernement. Autres amendements adoptés, une série d’allégements de TVA pour différents secteurs: associations d’aide alimentaire, transports de voyageurs – sauf l’aérien – entreprises de réparation, nouveaux logements sociaux, ou “premiers kilowatts” de gaz et d’électricité consommés par les ménages.Des amendements portés par Renaissance et le PS ont réduit à 30% les abattements fiscaux relatifs aux meublés de tourisme, inscrivant ainsi dans le budget une disposition destinée à mieux réguler le marché des logements type “Airbnb”.Vendredi déjà, le gouvernement avait subi de nombreuses défaites sur cette partie “recettes” du budget, avec la suppression de la surtaxe temporaire des grandes entreprises (dont la gauche avait préalablement augmenté les taux), ou la suppression de la surtaxe sur l’électricité, combattue par ses propres troupes.Des députés de l’opposition soupçonnent le camp gouvernemental de pousser à un 49.3, en laissant le projet de budget de Michel Barnier être profondément remanié. Un soupçon infondé, a assuré au Parisien la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon: “on ne cède pas à la facilité du 49.3, (…) le temps du débat est un moment de grande clarification qui permet aussi de bâtir des compromis”, a-t-elle affirmé. D’autres élus se demandent si le gouvernement ne cherche pas plutôt un rejet du texte, comme en commission des Finances, ou un enlisement des débats qui empêcherait un vote avant la date limite du 21 novembre, liée aux délais constitutionnels. Dans les deux cas, la conséquence serait une transmission directe du texte au Sénat. 

Budget: l’Assemblée rejette l’alourdissement du malus pour les voitures essence et diesel

L’Assemblée nationale a rejeté samedi le projet du gouvernement d’alourdir le malus écologique sur presque tous les véhicules essence et diesel dès le 1er janvier 2025.Cette disposition a été rejetée à 128 voix – principalement venues des élus RN, ciottistes, LR, socialistes et communistes. A l’inverse, 90 députés, surtout macronistes, écologistes et insoumis ont voté pour maintenir dans le projet de budget 2025 cette disposition qui prévoyait d’abaisser les seuils de déclenchement des malus appliqués aux véhicules neufs, en fonction de leur poids et de leur taux d’émission de CO2.Le ministre du budget Laurent Saint-Martin a souligné – en vain – que les véhicules neufs émettaient de toute façon de moins en moins et qu’il s’agissait donc surtout d'”accompagner le verdissement de la flotte à rendement constant”.L’argument n’a pas convaincu le RN et une partie de la gauche, ni les élus LR, pourtant censés soutenir le gouvernement.Pour Corentin Le Fur (LR), le malus va pénaliser à la fois l’industrie automobile française et les habitants des territoires ruraux “qui n’ont pas d’autres alternatives à la voiture”. “Ca ne veut pas dire pour autant qu’on est contre le gouvernement et Michel Barnier”, a-t-il toutefois précisé. “Au contraire, on joue notre rôle de parlementaires d’infléchir certaines mesures qui nous semblent négatives”.Avec cette mesure, “les commerçants, les artisans, les familles des classes moyennes et populaires (…) seront frappés de plein fouet par une écologie punitive et idéologique”, a fustigé de son côté Eddy Casterman, apparenté RN.La gauche, elle, s’est divisée. Hervé Saulignac (PS) a plaidé contre l’alourdissement du malus au nom de la défense du pouvoir d’achat. Il a cité le cas d’une famille avec enfants qui roule en break et se retrouve “traitée comme celui qui a un SUV Rolls-Royce ou je ne sais trop quelle autre marque de luxe”.Le malus “va dans le bon sens”, a jugé à l’inverse l’écologiste Eva Sas, estimant même qu'”on aurait pu aller plus loin et abaisser le seuil d’entrée” dans le dispositif.Dans l’après-midi, l’Assemblée a adopté des allégements de TVA sur différents secteurs économiques. En bénéficieront notamment les associations d’aide alimentaire, les entreprises de réparation (pour faciliter l’économie “circulaire”), ou la construction de logements sociaux. Une TVA à 5,5% sera appliqué pour les “premiers kilowatts” de gaz et d’électricité consommés par les ménages, considérés comme “essentiels à la vie et à la dignité”.TVA réduite également pour l’ensemble des transports de voyageurs – sauf l’aérien -, mesure qui, à elle, seule, coûterait deux milliards d’euros, selon le rapporteur du budget Charles de Courson.La conséquence réelle de tous ces votes reste très incertaine puisque le texte peut encore être modifié au cours de la navette parlementaire et qu’en cas de 49.3 le gouvernement est libre de conserver les amendements qu’il souhaite.Mais l’accumulation de dispositions coûteuses votées par l’Assemblée inquiète les élus qui soutiennent le gouvernement. “Je voudrais rappeler à nos collègues qu’on est à 7% de déficit”, s’est alarmée Emilie Bonnivard (LR). “On se fait plaisir depuis tout à l’heure, comme si de rien n’était. (…) Redevenons raisonnables, je vous en conjure!”

Budget: le gouvernement enchaîne les revers à l’Assemblée

Le gouvernement a de nouveau enchaîné samedi les revers à l’Assemblée sur son projet de loi de finances 2025, avec peu de chances d’arriver au terme de l’examen de la partie recettes avant minuit comme escompté, et la menace toujours prégnante d’un 49.3.Contre l’avis du ministre du Budget Laurent Saint-Martin, les députés ont ainsi décidé samedi matin de rendre pérenne la contribution exceptionnelle demandée aux entreprises de fret maritime, et plafonné à 500 millions d’euros la niche fiscale dont bénéficie ce secteur; approuvé un rétablissement progressif de la CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises); et supprimé un article prévoyant d’alourdir le “malus” pour les voitures essence et diesel.Ces votes contraires se sont déroulés dans un hémicycle où les forces du “socle commun” censées soutenir le gouvernement étaient comme depuis le début de la semaine très clairsemées, avec des jeux d’alliance variables.Si le RN a mêlé ses voix à la gauche pour plafonner la niche fiscale des armateurs, le Nouveau Front populaire a obtenu seul le rétablissement progressif de la CVAE, et c’est une alliance hétéroclite d’élus RN, LR, socialistes et communistes qui a eu raison du malus automobile.Vendredi déjà, le gouvernement avait subi de nombreuses défaites sur cette partie “recettes” du budget, avec la suppression de la surtaxe temporaire des grandes entreprises, après que le gauche en eût fait sensiblement monter les taux, ou la suppression de la hausse de la taxe sur l’électricité, combattue par ses propres troupes.L’examen du texte a de nouveau donné lieu à de vifs échanges samedi, le Rassemblement national étant particulièrement pris pour cible, accusé par la gauche d’être la “béquille” du gouvernement, et par le camp macroniste d’avoir une ligne politique erratique sur la fiscalité des entreprises.”On est habitué à ce que le programme économique du Rassemblement national change tous les trois mois, généralement d’ailleurs, au rythme des interviews de (son président) Jordan Bardella. Mais enfin, là, visiblement, le programme n’est pas encore stabilisé”, a ironisé le député David Amiel (Ensemble pour la République, ex-Renaissance).Le Rassemblement national a lui accusé les groupes en soutien du gouvernement se livrer à une “opération de sabotage (…) du budget par leur absence”.- Députés “à bout” -Des députés de l’opposition soupçonnent le camp gouvernemental de pousser à un 49.3, en laissant le projet de budget de Michel Barnier être profondément remanié.D’autres se demandent s’il ne cherche pas plutôt un rejet du texte, comme en commission des Finances, ce qui permettrait sa transmission au Sénat, sans avoir même à examiner la partie “dépenses” du budget.Les députés du socle commun “sont à bout et réclament le 49.3” mais le gouvernement “a intérêt à aller au vote”, analyse un député du Nouveau Front populaire.Le gouvernement peut aussi faire le choix de recourir à l’article 47 de la Constitution, selon lequel si l’Assemblée n’arrive pas à se prononcer en première lecture sur un projet de loi de finances au bout de 40 jours (le 21 novembre), il saisit le Sénat.Cette question des délais constitutionnels s’était invitée jeudi dans les débats, poussant la gauche à annoncer le retrait d’un quart de ses amendements et EPR d’une “centaine”, pour tenter de finir l’examen du texte cette semaine, avant le vote solennel mardi.Mais il semblait très improbable samedi à la mi-journée que les députés arrivent au bout de l’examen avant minuit, compte tenu des 1.850 amendements restant à discuter.A défaut, les débats reprendront le 5 novembre, après l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale. A moins donc que le gouvernement n’abrège les discussions en activant l’article 49.3.

Budget: l’Assemblée rejette l’alourdissement du malus pour les voitures essence et diesel

L’Assemblée nationale a rejeté samedi le projet du gouvernement d’alourdir le malus écologique sur presque tous les véhicules essence et diesel dès le 1er janvier 2025. Cette disposition a été rejetée à 128 voix – principalement venues des élus RN, ciottistes, LR, socialistes et communistes. A l’inverse, 90 députés, surtout macronistes, écologistes et insoumis, ont voté pour maintenir dans le projet de budget 2025 cette disposition qui prévoyait d’abaisser les seuils de déclenchement des malus appliqués aux véhicules neufs, en fonction de leur poids et de leur taux d’émission de CO2.Le ministre du budget, Laurent Saint-Martin, a souligné – en vain – que les véhicules neufs émettaient de toute façon de moins en moins, et qu’il s’agissait donc surtout d'”accompagner le verdissement de la flotte à rendement constant”. L’argument n’a pas convaincu le RN et une partie de la gauche, ni les élus LR, pourtant censés soutenir le gouvernement.Pour Corentin Le Fur (LR), le malus va pénaliser à la fois l’industrie automobile française et les habitants des territoires ruraux, “qui n’ont pas d’autres alternatives à la voiture”. “Ca ne veut pas dire pour autant qu’on est contre le gouvernement et Michel Barnier”, a-t-il toutefois précisé. “Au contraire, on joue notre rôle de parlementaires d’infléchir certaines mesures qui nous semblent négatives”.Avec cette mesure, “les commerçants, les artisans, les familles des classes moyennes et populaires (…) seront frappés de plein fouet par une écologie punitive et idéologique”, a fustigé de son côté Eddy Casterman, apparenté RN. La gauche, elle, s’est divisée. Hervé Saulignac (PS) a plaidé contre l’alourdissement du malus, au nom de la défense du pouvoir d’achat. Il a cité le cas d’une famille avec enfants qui roule en break et se retrouve “traitée comme celui qui a un SUV Rolls-Royce ou je ne sais trop quelle autre marque de luxe”. Le malus “va dans le bon sens”, a jugé à l’inverse d’écologiste Eva Sas, estimant même qu'”on aurait pu aller plus loin et abaisser le seuil d’entrée” dans le dispositif. Face à la menace climatique, il faut “changer nos comportements”, a insisté sa collègue Sandrine Rousseau. Mais “à chaque fois qu’on s’attelle à un des comportements, on trouve de multiples raisons de ne pas le faire”, a-t-elle déploré.

Dix ans après, le souvenir de Rémi Fraisse reste prégnant chez les écologistes

Dix ans après, le souvenir de Rémi Fraisse -tué par un tir de grenade d’un gendarme lors d’une manifestation contre un barrage dans le Tarn- reste vivace chez d’autres écologistes qui comme lui s’opposent à des “projets inutiles”, à l’instar de l’autoroute Toulouse-Castres.Le 26 octobre 2014, lors de violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre sur le chantier du barrage de Sivens, l’explosion d’une grenade “offensive” tue ce botaniste de 21 ans. Quelques jours après, le gouvernement suspend l’utilisation de ce type de grenade, puis l’interdit en 2017.Selon son père, Jean-Pierre Fraisse, Rémi ne faisait pas partie des radicaux du mouvement: “Il y est allé à mains nues, apparemment, au milieu de tout ça, alors que les gens sont normalement casqués (…) même les manifestants”.Depuis le 1er septembre 2014, début du défrichement du site, les opposants tentaient d’empêcher la destruction de 13 hectares de zones humides. Pour eux, les besoins en irrigation étaient surévalués et le barrage allait bénéficier à peu d’agriculteurs.Des experts mandatés par le gouvernement avaient également jugé surdimensionné ce projet qui sera finalement abandonné.Alors que l’auteur du tir, un gendarme d’une trentaine d’années, bénéficie en 2018 d’un non-lieu, confirmé en appel, la justice administrative reconnaît en 2021 la “responsabilité sans faute” de l’Etat, condamné à verser 46.400 euros à la famille Fraisse.- Emblématique -La mort de Rémi Fraisse, intervenue 37 ans après celle de Vital Michalon, tué par un tir de grenade d’un policier lors d’une manifestation antinucléaire, marquera durablement les esprits des militants opposés à d’autres “projets inutiles”.La secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, a ainsi tenu à saluer la mémoire du jeune militant, lors d’un meeting de campagne pour les européennes du 9 juin à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).En Occitanie, le dixième anniversaire de cette mort emblématique donnera lieu samedi à des rassemblements à la forêt de Sivens, à l’appel du collectif Sivens 10 ans, ou à Foix, à l’appel des Faucheurs volontaires et de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) ariégeoise.Dans le droit fil de la mobilisation de 2014, ces organisations saluent la présence, “non loin de Sivens”, d’une “résistance contre la construction de l’A69″ entre Toulouse et Castres.Et des militants anti-A69 voient aussi un lien fort entre les deux mobilisations.”Rémi Fraisse restera toujours dans ma tête. Même les camarades qui n’ont pas connu cette lutte ressentent la même chose que moi”, assure Nanoux, 40 ans. Présent à Sivens en 2014, il campera en haut d’un arbre de l’ultime Zone à défendre (ZAD) sur le tracé de l’A69, en septembre dernier, à Verfeil, en Haute-Garonne, finalement démantelée début octobre.Sivens, “c’est un repère important”, abonde Reva Viard Seifert, 37 ans, qui confie avoir vécu dans la crainte d’un accident comparable pendant les 39 jours où il est resté perché en février-mars dans un arbre d’une autre ZAD anti-A69, dans le Tarn.- Déontologie -Pour Gaël, la trentaine, “la mort de Rémi Fraisse était un peu omniprésente dans nos mémoires à chaque fois qu’il y avait des violences policières contre nous”.”On n’est pas à l’abri de nouveaux morts, y compris chez les forces de l’ordre (…) Elles se mettent même en danger sur des choses qu’elles ne maîtrisent pas”, fustige de son côté Jean-François Mignard, de la LDH Toulouse, qui souligne que des militants anti-A69 ont été blessés.Un point de vue radicalement différent de celui des gendarmes ayant démantelé la ZAD de Verfeil.Le colonel Stéphane Dallongeville, chef des opérations, s’est félicité d’avoir pu “faire descendre les écureuils en sécurité”.”Nos deux maîtres-mots pour l’intervention, c’est sécurité et déontologie. On veut absolument éviter toute blessure” parmi les opposants comme parmi les forces de l’ordre, a expliqué le lieutenant-colonel Thibault Llosa.”Et également la déontologie”, a-t-il insisté: “on ne se permet pas de juger leur lutte, on ne se permet pas d’avoir des comportements inadaptés à leur égard, on est vraiment dans le dialogue et on essaye de maintenir ce dialogue afin que la sécurité et la communication prévalent”.

Bayou: Rousseau attend “que la justice passe”, évoque “un climat d’intimidation”

La députée écologiste Sandrine Rousseau a dit samedi attendre “que la justice passe” après la clôture sans suite de l’enquête externe diligentée par son parti sur le cas de Julien Bayou, tout en évoquant “un climat d’intimidation”.Les Écologistes ont annoncé mercredi que l’enquête confiée à un cabinet spécialiste des violences sexistes après les accusations de violences psychologiques contre son ancien secrétaire national avait été clôturée sans que des preuves de délit de sa part n’aient été trouvées.”L’enquête externe qui a été faite, qui passe par un cabinet d’avocat externe, n’a manifestement pas été un cadre permettant de faire avancer suffisamment l’enquête”, a réagi Mme Rousseau, interrogée samedi sur Franceinfo.”Je rappelle aussi quand même que Julien Bayou a déposé de multiples plaintes y compris contre les personnes… contre au moins une personne qui a parlé contre lui, de sorte qu’en fait, il y a un climat vraiment très fort d’intimidation qui peut-être, aussi, n’a pas permis le dévoilement de certains témoignages”, a ajouté la députée de Paris.”J’attends que la justice passe et on verra étape après étape. Mais en l’occurrence je rappelle quand même que ce qui était écrit dans les articles, c’était qu’en tant que secrétaire national, il a eu des attitudes vis-à-vis de jeunes militantes qui arrivaient dans le parti qui posaient question. Ça, ça reste, et donc il va falloir investiguer ça”, a conclu Mme Rousseau.Deux enquêtes pénales ont été ouvertes à Paris début mars après des plaintes d’Anaïs Leleux, l’ex-compagne de Julien Bayou, par ailleurs ancienne militante du parti écologiste.Ces plaintes visaient l’ancien dirigeant pour harcèlement moral et abus de faiblesse et le parti pour non-assistance à personne en danger.Sandrine Rousseau avait accusé en septembre 2023 M. Bayou de “comportements de nature à briser la santé morale des femmes”, après avoir “reçu longuement” Mme Leleux.A la suite de ces plaintes, EELV avait confié à un cabinet spécialisé une enquête sur ces accusations. L’ancien secrétaire national a claqué la porte d’EELV et du groupe parlementaire dans la foulée.”Beaucoup de mots pour éviter de prononcer ceux qui fâchent: Julien Bayou est hors de cause, blanchi, innocenté” et “le parti se contente d’un communiqué lapidaire, sans exprimer le moindre remords ni le moindre regret quant à son acharnement”, a réagi son avocate Me Marie Dosé. 

Budget: les débats sens dessus dessous à l’Assemblée

Série de revers budgétaires pour le gouvernement vendredi, qui a vu son projet de loi de finances 2025 (PLF) largement alourdi ou amputé de pans entiers, parfois même à l’initiative de sa propre majorité relative à l’Assemblée, peu mobilisée, si ce n’est désabusée.Point d’orgue d’une journée à rebondissement sur cette partie “recettes” du PLF : les soutiens du gouvernement ont voté avec le RN et les députés ciottistes pour supprimer l’article sur la surtaxe temporaire des grandes entreprises.Le gouvernement de Michel Barnier, à la recherche de 60 milliards d’économies, espère pourtant en tirer huit milliards d’euros en 2025 et quatre milliards en 2026, sur environ “450” entreprises. Mais la gauche avait réussi via un amendement LFI à faire sensiblement monter les taux prévus.”C’est plus une loi de finances mais une entreprise de démolition”, a pointé Philippe Juvin (groupe Droite républicaine, ex-LR). L’amendement LFI aurait ponctionné “près de 13 milliards en plus de ce qui est fait (dans le texte initial)”, a tancé le ministre du Budget Laurent Saint-Martin.”Ce qui n’est pas sérieux, c’est demander au peuple de payer les cadeaux faits aux riches et aux multinationales depuis sept ans”, a rétorqué Mathilde Panot, cheffe du groupe LFI. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a salué “une victoire idéologique de la gauche”.”M. Faure a raison”, a déploré Charles Sitzenstuhl, député de l’aile droite du groupe macroniste EPR, estimant qu’un “piège fiscal se referme sur le gouvernement”.- Suppressions à la chaîne -Si les troupes de l’exécutif ont globalement défendu la surtaxe, – “nous nous résignons à cette contribution” a précisé Véronique Louwagie (DR) -, les divergences ont été flagrantes sur l’électricité.S’appuyant sur des amendements de suppression de la droite, du RN et des ciottistes, l’Assemblée a retoqué l’article autorisant le gouvernement à taxer l’électricité à un niveau supérieur à la période d’avant crise inflationniste, alors que Bercy veut ainsi mettre fin au bouclier tarifaire.Autre grand huit : les députés ont fini par supprimer l’enveloppe de prélèvement de l’Etat dédiée à l’Union européenne (environ 23 milliards d’euros), après un coup réussi par le RN. Le groupe de Marine Le Pen a arraché un amendement rabotant de 5 milliards d’euros ces crédits. Pris de court, le reste de l’Assemblée s’est divisé : la gauche et quelques centristes ont finalement fait rejeter l’article, tandis que les macronistes se sont pour la plupart abstenus.Tout cela sur fond de polémique dans l’hémicycle, le RN accusant l’écologiste Sandrine Rousseau d’avoir fait un bras d’honneur. Celle-ci a reconnu avoir “entamé” le geste et présenté ses “excuses”.Les oppositions ont aussi supprimé d’autres articles, comme celui prévoyant une réforme du tarif préférentiel d’accès à l’électricité nucléaire, dit Arenh, qui disparaîtra fin 2025. Avec une confortable majorité face à une quarantaine de députés soutenant le gouvernement.”Personne ne se sent respecté par le Premier ministre donc personne ne fait d’effort”, constate un collaborateur parlementaire au groupe macroniste EPR. “C’est la perspective du 49.3 qui démotive les troupes”, regrette un député membre de la coalition. – Calendrier embrumé -Les oppositions guettent aussi la célèbre arme constitutionnelle, conscients que l’exécutif a aussi d’autres pistes. Avec 1932 amendements encore au programme, et un examen qui doit théoriquement s’achever samedi soir avant un vote solennel prévu mardi, l’Assemblée semble se diriger vers une impasse calendaire. Le gouvernement pourrait recourir au 49.3 pour passer sans vote et réécrire le texte, mais aussi renvoyer la suite de l’examen à début novembre. Ce qui rapprocherait les débats d’une barre des 40 jours au terme desquels le texte passerait directement au Sénat. Il pourrait aussi tenter d’aller au vote, un rejet pouvant également permettre d’envoyer la copie initiale au Sénat. “Je veux laisser le débat se poursuivre”, a redit vendredi Michel Barnier.Quant à Emmanuel Macron, il s’est publiquement agacé à l’Elysée des hausses d’impôts, et “qu’on règle les problèmes de déficit public en revenant totalement sur une cohérence de politique macroeconomique”, dans une pique au gouvernement et sur fond de dégradation de la perspective française par l’agence de notation Moody’s.Le gouvernement a aussi connu un revers sur son budget de la Sécurité sociale, rejeté à l’unanimité en commission, avant d’arriver dans l’hémicycle lundi.