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Agriculture, énergie: l’écologiste Jadot fustige une droite “ivre de son pouvoir”

Retour d’un pesticide, priorité au nucléaire contre les renouvelables: le sénateur écologiste a épinglé mardi une “droite ivre de son pouvoir” et dénoncé le “climato-scepticisme bas du front” du patron des Républicains Bruno Retailleau.Un an après avoir “perdu les élections” législatives, “la droite dans notre pays est ivre de son pouvoir”, a déclaré M. Jadot sur Public Sénat.”Ils n’ont de comptes à rendre à personne (…) Ils tapent sur Macron comme s’ils n’appartenaient pas au gouvernement, et puis ils sortent des lois, les unes après les autres, sans études d’impact”, a poursuivi le sénateur de Paris.L’élu écologiste a pris pour exemple le texte de son collègue LR Daniel Gremillet sur la programmation énergétique, qui prévoit une relance massive du nucléaire avec la construction de 14 nouveaux réacteurs “pour une somme astronomique” et “qui ne seront jamais installés avant 2040″.”Et en attendant, on fait quoi? On combat les énergies renouvelables”, a déploré M. Jadot, en référence notamment à la récente tribune signée par M. Retailleau pour stopper les subventions à l’éolien et au solaire, preuve selon lui d’un “climato-scepticisme bas du front”.Logique également à l’oeuvre, de son point de vue, dans la loi agricole d’un autre sénateur LR, Laurent Duplomb, dont la mesure phare prévoit de réautoriser un pesticides de type néonicotinoïde.Un produit “tueur d’abeilles” et qui “génère des maladies neuro-dégénératives” ainsi que des cancers, a souligné M. Jadot, regrettant “une forme d’affaissement de la relation à la science”.Cette loi “qui sert une ultra minorité des agriculteurs qui vit très bien” illustre selon lui “un débat qui s’effondre du point de vue de sa rationalité, de sa base scientifique”.

Le député LR Olivier Marleix a mis fin à ses jours

Olivier Marleix, député LR d’Eure-et-Loir, a mis fin à ses jours, lundi, à son domicile d’Anet, suscitant la stupéfaction et une vague d’hommages dans l’ensemble de la classe politique.De grande stature, fossette au menton et le front dégarni, l’ancien patron du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale (2022-2024), âgé de 54 ans, était père de deux filles. Il était le fils de l’ancien secrétaire d’Etat et baron politique du Cantal Alain Marleix.Peu avant 15H00, les gendarmes, alertés par l’assistante parlementaire du député et par la maire d’Anet, “toutes les deux inquiètes de l’absence de ce dernier à des rendez-vous prévus le matin en Eure-et-Loir et de son absence ensuite à l’Assemblée nationale”, pénétraient dans son domicile. Ils “découvraient son corps inanimé, pendu (…) dans une chambre à l’étage de la maison”, selon un communiqué du procureur de Chartres, Frédéric Chevallier.Au terme des premières constatations médico-légales, “il peut être exclu l’intervention d’un tiers dans la survenance de la mort du député, la piste du suicide étant par conséquent privilégiée”, a-t-il ajouté. Une autopsie sera pratiquée mercredi matin.”Un téléphone et des ordinateurs” ont été saisis en vue d’être rapidement analysés mais “en l’état, aucun écrit n’a été retrouvé pouvant intéresser l’enquête”, selon la même source.Le président Emmanuel Macron, qui a souvent été la cible des attaques virulentes d’Olivier Marleix, a rendu hommage à un “homme politique d’expérience” qui “défendait ses idées avec conviction” dans un message sur le réseau social X.Souverainiste assumé, le député d’Eure-et-Loir avait notamment fustigé la vente controversée en 2014 de la branche énergie d’Alstom à l’américain General Electric, alors que le chef de l’Etat était ministre de l’Economie. Après avoir présidé une commission d’enquête sur ce rachat, Olivier Marleix avait saisi la justice en 2019, s’interrogeant sur le rôle joué par Emmanuel Macron.  De son côté, le Premier ministre François Bayrou a exprimé, sur le même réseau social, sa “stupéfaction” et son “immense tristesse”, reconnaissant que “l’on ne se rend jamais compte de la fragilité des êtres humains…” A l’Assemblée, où Olivier Marleix siégeait depuis 2012, l’annonce de sa mort a bouleversé les députés qui ont observé une minute du silence.C’est la quatrième fois sous la Ve République qu’un député se suicide, après Aymeric Simon-Lorière en 1977, Pierre Bérégovoy en 1993 et Jean-Marie Demange en 2008.- Hommage prévu à l’Assemblée -Après avoir salué la mémoire d’un homme “droit, rigoureux, profondément humain”, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, proposera mardi à la conférence des présidents de la chambre basse qu’un hommage soit rendu à Olivier Marleix à 15H00. Proche de l’ex-Premier ministre Michel Barnier, le député avait soutenu ce printemps la candidature de Bruno Retailleau à la présidence des Républicains face à Laurent Wauquiez, lequel lui avait succédé l’an dernier à la présidence des députés LR.”Nous n’oublierons pas l’homme de conviction, défenseur inlassable de l’intérêt général dont la vision tirait vers le haut le débat public”, a réagi le député de Haute-Loire.L’ex-chef de l’Etat Nicolas Sarkozy a rendu hommage à celui qui fut son conseiller technique à l’Elysée, “un collaborateur précieux, un soutien fidèle dont l’engagement ne m’a jamais fait défaut”.Dans un communiqué à l’AFP l’ancien Premier ministre Edouard Balladur a salué “un grand parlementaire aux qualités reconnues par tous”, qui “avait les capacités d’un homme de gouvernement”.Parmi ses adversaires politiques aussi, beaucoup ont salué la mémoire de cette figure de l’Assemblée.A l’image de l’ancien président socialiste François Hollande qui a fait valoir que la “fidélité pour son parti ne le détournait pas du respect qu’il affichait avec élégance pour les idées qui n’étaient pas les siennes”.- “Toujours respectueux” -“Il fut un élu de terrain, rigoureux, engagé au service de ses idées”, a ainsi réagi Marine Le Pen, présidente du groupe RN, tandis que Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, a rendu hommage à “un adversaire politique toujours respectueux, une voix singulière, attachée à défendre la souveraineté industrielle de la France”.Le patron de Renaissance, Gabriel Attal, a décrit “un homme de passion et de conviction, défendant avec sincérité ses idéaux”. Entré en politique au mitan des années 90, Olivier Marleix s’était ensuite implanté en Eure-et-Loir, loin de la circonscription auvergnate de son père. Conseiller général de ce département de 2008 à 2014, il s’était retrouvé il y a un an en ballottage défavorable face à un candidat du RN au premier tour des législatives anticipées, avant de s’imposer au second. pab-arz-sac-mas/mb/swi

Gestion du Covid-19: non-lieu pour trois ex-membres du gouvernement, dont Edouard Philippe

Cinq ans après le début des investigations menées à la Cour de justice de la République (CJR) sur la gestion du Covid-19, trois ex-membres du gouvernement, dont Edouard Philippe, ont bénéficié lundi après-midi d’un non-lieu.”La commission d’instruction de la CJR a rendu une décision de non-lieu”, a annoncé Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation, dans un bref communiqué, sans détailler les motivations des magistrats.Cette décision n’est pas une surprise.Le non-lieu requis en mai par le ministère public en faveur de l’ancien Premier ministre (mai 2017-juillet 2020), de l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn (mai 2017–février 2020) et de son successeur Olivier Véran (février 2020-mai 2022) éloignait la perspective d’un procès, même s’il revenait à la commission d’instruction de la CJR de trancher.”C’était attendu”, a simplement réagi Mme Buzyn, sollicitée par l’AFP.”On a fait le maximum de ce qu’il était possible de faire à l’époque (…) pour sauver le maximum de vies”, a-t-elle dit à Libération ensuite.”La CJR ne s’est pas penchée que sur les ministres, pas sur les éventuelles responsabilités, l’impréparation et le manque de réactivité d’autres personnes”, a-t-elle ajouté, pointant du doigt la “passivité initiale d’autres institutions, comme le président de l’Ordre des médecins” ou l’écho reçu par le professeur Didier Raoult.M. Véran a évoqué de son côté dans un communiqué “un non-lieu sans joie ni soulagement”, disant qu’il “n’effacera ni les menaces de mort, ni les insultes”, et adressant ses pensées aux victimes, à leurs familles et aux soignants.M. Philippe n’a pas encore réagi, ni son avocat.La CJR est la seule juridiction habilitée à poursuivre et juger les membres du gouvernement – Premiers ministres, ministres et secrétaires d’Etat – pour les crimes et délits commis dans l’exercice de leurs fonctions.L’information judiciaire avait été ouverte en juillet 2020 pour mise en danger de la vie d’autrui et abstention volontaire de combattre un sinistre, à la suite d’une série de plaintes (médecins, patients, syndicats…) dénonçant une mauvaise anticipation du gouvernement ou des mesures tardives.Selon Santé publique France, 168.000 personnes sont décédées du Covid-19 entre 2020 et septembre 2023, date à laquelle l’Organisation mondiale de la santé a mis fin à l’urgence sanitaire mondiale.Les trois politiques avaient été placés sous le statut de témoin assisté. La Cour de Cassation avait annulé en janvier 2023 la mise en examen de Mme Buzyn, pour mise en danger de la vie d’autrui.- “Nombreuses initiatives” -Rémy Heitz, qui exerce les fonctions de ministère public à la CJR, avait expliqué en mai que les investigations qui ont porté sur le premier semestre 2020 avaient établi que “de nombreuses initiatives (avaient) été prises par le gouvernement pour combattre la pandémie de Covid-19, faisant obstacle à ce que l’infraction d’abstention volontaire de combattre un sinistre soit constituée à l’encontre” de MM. Philippe et Véran. Concernant Mme Buzyn, le parquet général avait relevé qu’elle avait quitté ses fonctions le 16 février 2020, soit avant le premier décès d’un malade contaminé, neuf jours plus tard.D’après ces réquisitions dont l’AFP a eu connaissance, si les mesures prises “n’ont pas été suffisantes pour éviter des drames qui ont endeuillé de nombreuses familles”, le code pénal “ne vise pas à réprimer une politique publique qui n’aurait pas atteint entièrement son objectif”, “mais des individus qui volontairement ont refusé de prendre toute mesure de nature à combattre un sinistre”.”Tel n’est pas le cas de M. Philippe et de M. Véran, qui, chacun a leur niveau ont combattu l’épidémie dès son émergence en France”.- “Excessive centralisation” -“Il n’appartient pas au juge pénal de porter un jugement sur la pertinence” des choix faits, issus parfois d'”arbitrages entre des objectifs d’intérêt général opposés” et dans un contexte “de connaissances scientifiques en constante évolution”, avait estimé le parquet général. Si les masques ont en particulier manqué aux soignants du milieu libéral en mars 2020, cela résultait d’un “choix” gouvernemental de “prioriser les services hospitaliers” et non d’une “abstention d’agir”.Le confinement, jugé trop tardif par des plaignants, est aussi un “choix politique” pour “arbitrer entre différents objectifs”: “la santé publique, la liberté d’aller et venir, de travailler”…Cette analyse semble diverger de celle des magistrats de la commission d’instruction qui, même s’ils ont décidé d’un non-lieu, ont souligné “l’excessive centralisation”, “la trop grande complexité des dispositifs administratifs” ou encore “le dimensionnement insuffisant de Santé publique France”, avait relevé le parquet général en mai.Ce dossier nourrira l’information judiciaire ouverte contre X, au Pôle santé publique du tribunal de Paris, pour mise en danger de la vie d’autrui, homicides et blessures involontaires.

Budget: Bercy poursuit son tour de table des groupes politiques avec la gauche

Bercy a poursuivi son tour de table des groupes politiques lundi en recevant des représentants du Parti socialiste (PS) et des communistes qui se sont dits “prêts à faire un pas”, avant l’annonce des orientations budgétaires du Premier ministre le 15 juillet, tandis que le gouvernement est toujours en quête de 40 milliards d’euros d’économies.Après le sénateur centriste Hervé Marseille dans la matinée, le ministre de l’Economie Eric Lombard a rencontré des représentants du PS et du Parti communiste ainsi que le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale Eric Coquerel (LFI).Interrogé à l’issue de son entretien avec M. Lombard sur l’hypothèse d’une “année blanche”, régulièrement avancée pour 2026 par le gouvernement – qui n’en a pas précisé le périmètre -, M. Coquerel a affirmé qu’elle pourrait se traduire par “une vraie année blanche pour les budgets de l’Etat, et moins de dépenses” concernant les collectivités locales et la Sécurité sociale. “Sur le reste, tout ce qui est gel de pension, etc., ce n’est pas décidé”, a-t-il ajouté. Ces consultations avec les groupes politiques sont prévues jusqu’au 11 juillet, alors que le gouvernement, dépourvu de majorité au Parlement, ambitionne un effort budgétaire de 40 milliards d’euros dans le cadre du projet de budget pour 2026 afin de réduire le lourd déficit du pays, attendu à 5,4% du PIB en 2025 puis 4,6% en 2026. M. Lombard “nous a donné quelques éléments, à dire vrai très légers, sur la situation économique, et sur les grands équilibres qu’il entendait proposer au Premier ministre” François Bayrou pour 2026, a déclaré à la presse le président des députés PS, Boris Vallaud, à l’issue de la réunion.”Nous serons vigilants pour que les efforts ne soient pas demandés aux mêmes” et pour “que soient mis à contribution celles et ceux qui depuis trop longtemps sont les passagers clandestins de la solidarité nationale”, a-t-il poursuivi. “J’ai dit à (M. Lombard) que, s’il voulait un dialogue, il fallait que l’un et l’autre avance, qu’il y ait une main tendue et que chacun fasse un pas”, a dit à l’issue de la rencontre le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.”On est prêts à faire un pas, à discuter, on ne demande pas tout notre programme”, a-t-il assuré, réclamant “des gestes en faveur du pouvoir d’achat, de la lutte contre la vie chère”, et annonçant que les communistes allaient adresser à Bercy “un courrier précis avec des mesures précises”.Le ministère a indiqué à l’AFP que la cheffe du groupe la France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, avait également été invitée à participer à ces rencontres cette semaine, sans préciser la date. Les Insoumis avaient boudé des réunions similaires en janvier, pour la préparation du budget 2025, même si M. Coquerel était venu en tant que président de la Commission des Finances de l’Assemblée.Le député des Bouches-du-Rhône et représentant d’Eric Ciotti (UDR), Gérault Verny, doit lui être reçu mardi à midi. Le ballet des consultations avait repris la semaine dernière avec notamment la venue d’un allié de M. Ciotti, le député Rassemblement national (RN) Jean-Philippe Tanguy mercredi. Le même jour, plusieurs sources indiquaient que le Premier ministre, dont les orientations budgétaires doivent être présentées le 15 juillet, pourrait lancer un appel à propositions aux groupes politiques pour certaines économies. 

Après le décès d’Olivier Marleix, l’Assemblée en “état de choc”

La rumeur de son décès bruissait déjà sur les groupes Whatsapp du microcosme politique parisien, quand les portables des journalistes et agents de l’Assemblée nationale se sont mis à vibrer de concert dans la salle des Quatre-Colonnes.”C’est Olivier Marleix… Il s’est donné la mort”, glisse un agent à sa collègue, stupéfait, en lui montrant la notification sur son téléphone.”Je ne comprends pas… je l’ai vu ici la semaine dernière, il avait l’air d’aller bien”, murmure un journaliste, abasourdi.Quelques mètres plus loin, derrière les cordons de velours rouge, la nouvelle de la mort du député LR se propage dans l’hémicycle.En plein examen de la loi pour réformer le mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille, la vice-présidente Naïma Moutchou, qui dirige la séance, demande le silence alors qu’un murmure confus s’élève dans les travées.”Mes chers collègues, une terrible nouvelle (…) vient de me parvenir, par décence et par respect, dans l’attente d’une confirmation, je vais suspendre la séance”, annonce la députée Horizons depuis le perchoir.Quelques minutes plus tard, la voix tremblante, elle confirme le décès de M. Marleix, âgé de 54 ans. “C’est une onde de choc”, dit la vice-présidente avant d’observer avec ses collègues un moment de silence, et de suspendre à nouveau. Dans un recueillement total, les députés quittent l’hémicycle un à un, le regard baissé. Certains ont les yeux humides, comme Jérôme Guedj (PS) ou Erwan Balanant (MoDem). Les journalistes, d’ordinaire prompts à solliciter les élus pour la moindre réaction, restent figés. Par respect, aucun n’ose interpeller un parlementaire.Peu à peu, le Palais Bourbon sort de sa torpeur, aidé par les groupes de visiteurs qui continuent leur ballet, sans se rendre compte de la profonde tristesse qui s’est emparée des lieux.- “Sidérés” -“Ici tous les collègues, tous les collaborateurs qui l’ont connu sont en état de choc”, confie le député LR Vincent Jeanbrun à un groupe de journalistes. “On est sidérés”. “Je ne suis député que depuis un an et il a tout de suite été là à prodiguer des conseils, expliquer comment ça fonctionnait. (…) j’avais une vraie admiration en tant que jeune parlementaire, pour son parcours, pour son talent”, dit-il. Car, au Palais Bourbon, Olivier Marleix n’était pas un débutant: il y siégeait depuis 2012, et a même été entre 2022 et 2024 le patron du groupe de la droite. Dans l’hémicycle, la séance reprend, et les discours à la tribune des orateurs, sur la réforme du scrutin municipal, prennent des allures d’oraison funèbre. Le député de son groupe Nicolas Ray est le premier à prendre la parole: “Olivier a été mon premier président de groupe”, dit-il la gorge serrée, tentant de dénouer un peu sa cravate pour mieux s’exprimer. “Ironie du sort, Olivier était très engagé sur ce texte, très opposé à cette réforme en première lecture”, à contre-courant de son groupe, rappelle-t-il devant un hémicycle bouleversé. 

Le Parlement français autorise la restitution du tambour parleur à la Côte d’Ivoire

Volé il y a plus d’un siècle par la France, le tambour parleur Djidji Ayôkwé s’apprête à retrouver la Côte d’Ivoire. Le Parlement a autorisé lundi cette restitution, six ans après la demande officielle d’Abidjan.Mesurant trois mètres de long et pesant 430 kg, cet instrument sacré servait à transmettre des messages rituels et à alerter les villageois, par exemple lors des opérations de recrutement forcé ou d’enrôlement militaire. Saisi en 1916 par les autorités coloniales auprès de l’ethnie ébrié, il avait été envoyé en France en 1929, exposé au musée du Trocadéro puis à celui du quai Branly. Restauré en 2022, il est aujourd’hui conservé, dans l’attente de son retour.Sa restitution répond à un engagement pris par Emmanuel Macron en 2021.”Le retour du Djidji Ayôkwè, s’intègre dans une vision plus large : celle d’une réappropriation culturelle qui se traduit entre autres par la réhabilitation du musée des Civilisations de Côte d’Ivoire et un partenariat scientifique avec le musée du quai Branly – Jacques Chirac”, a déclaré dans un communiqué le ministère ivoirien de la Culture.”Tout est prêt : la scénographie, la mise en récit, la salle pour l’accueillir. Au Musée des Civilisations les travaux sont en cours de finalisation. Le tambour devait revenir pour la fête de l’indépendance (le 7 août, NDLR), mais il va peut-être falloir attendre un peu plus”, dit à l’AFP Silvie Memel Kassi, experte chargée du retour des biens culturels au ministère de la Culture ivoirien.La proposition de loi adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale, comme elle l’avait été au Sénat fin avril, doit permettre de “déclasser” ce bien culturel, en dérogeant au principe d’inaliénabilité des collections publiques.La Côte d’Ivoire avait officiellement formulé sa demande en 2019. “Mais les communautés locales le réclament depuis l’indépendance”, souligne Serge Alain Nhiang’O, fondateur de l’association Ivoire Black History Month, à Abidjan. C’est le premier objet d’une liste de 148 œuvres dont la Côte d’Ivoire a demandé la restitution à la France, et son retour “pourrait devenir un symbole très fort”, dit-il.Du côté français, cette restitution est perçue comme un acte de reconnaissance. “Le retour du tambour contribuera à la réparation d’une extorsion commise à l’époque coloniale, le témoin de notre prise de conscience”, a affirmé le député Bertrand Sorre (Renaissance), rapporteur du texte.Mais il met aussi en lumière la lenteur du processus français. À ce jour, seules 27 œuvres ont été officiellement restituées à des pays africains depuis une loi votée en décembre 2020, qui a permis le retour des 26 trésors d’Abomey au Bénin et du sabre d’El Hadj Omar au Sénégal.- “A la traîne” -Considérée comme pionnière, la France apparaît à présent à “la traîne” par rapport à d’autres pays occidentaux, estime l’anthropologue Saskia Cousin, professeure à l’université de Nanterre, citant par exemple l’Allemagne, qui a enclenché un vrai travail d’inventaire des œuvres dans les musées, contrairement à la France, où “il y a clairement une rétention d’informations”.En outre, les rapatriements se font au compte-gouttes, en l’absence d’une loi-cadre promise par le chef de l’Etat et devenue un “serpent de mer”, explique Mme Cousin. Elle permettrait d’éviter un texte spécifique à chaque restitution.En 2023, la France a adopté deux lois-cadres: l’une pour restituer les biens spoliés aux familles juives entre 1933 et 1945, l’autre pour encadrer le retour des restes humains issus des collections publiques. Mais la troisième loi, annoncée pour les objets pillés pendant la colonisation, n’a toujours pas vu le jour.”Je sais que l’essentiel des attentes se porte aujourd’hui vers la loi cadre”, a déclaré, à la tribune, la ministre de la Culture Rachida Dati, affirmant que le gouvernement présentera ce texte “d’ici la fin du mois de juillet”, avec un examen en première lecture au Parlement “dès l’automne”.Mme Dati, qui avait déclaré en mars ne pas souhaiter que ce texte serve de “repentance idéologique”, a redit lundi vouloir éviter “toute instrumentalisation des débats”.A la tribune, des députés de gauche ont au contraire appelé la France à ouvrir grand la porte sur son passé colonial.  “La domination ne s’efface pas avec le temps, et elle se perpétue tant qu’elle n’est pas reconnue, réparée”, a déclaré l’écologiste Sabrina Sebaihi.”Tout ce qui a été pillé et volé doit être restitué comme autant de preuves tangibles que la France sait regarder son passé en face”, a-t-elle ajouté. Le député Les Républicains Sébastien Martin, tout en appelant de ses vœux la restitution du tambour, a rappelé l’attachement de son groupe à ce que la “France demeure un carrefour universel de la culture”, avec des musées comme le Quai Branly ou le Louvre, où “le patrimoine mondial est rendu visible au plus grand nombre, où il est protégé et transmis”.

Olivier Marleix, nostalgique du gaullisme et fervent antimacroniste

Nostalgique du gaullisme et souverainiste assumé, le député LR Olivier Marleix, qui a mis fin à ses jours lundi à l’âge de 54 ans, s’était illustré par son opposition au macronisme, dont il avait fait une critique virulente dans un livre.Père de deux filles, le député était aussi le fils du ministre Alain Marleix, qui avait occupé des postes ministériels sous Nicolas Sarkozy et était un des plus fins connaisseurs de la carte électorale.  Soutien d’Edouard Balladur en 1995, Olivier Marleix était un homme plutôt discret à l’élégance classique. Il a été élu pour la première fois en 2012 à l’Assemblée nationale en Eure-et-Loir, loin de la circonscription du Cantal de son père.Pince sans rire, cet homme à la haute stature et au crâne dégarni, avait paradoxalement bénéficié des défaites de son parti pour atteindre d’importantes responsabilités parlementaires.En 2022, après la déroute électorale de Valérie Pécresse à la présidentielle avec moins de 5% des voix, il avait été propulsé à la tête d’un groupe réduit à une soixantaine de députés qui avaient pour la plupart sauvé leur peau beaucoup plus grâce à leur ancrage local qu’à l’appartenance à un parti complètement groggy.Sa tâche n’a pas été aisée: le groupe LR se montrait souvent divisé, tout particulièrement lors de la réforme des retraites en 2023, où près d’un tiers de ses députés avaient désobéi aux consignes de la direction du parti dirigé alors par Eric Ciotti et avaient voté la censure contre le gouvernement d’Elisabeth Borne. L’influent sénateur LR Roger Karoutchi avait alors accordé à Olivier Marleix le mérite “considérable” d’avoir fait au mieux pour conserver l’unité d’un groupe aussi disparate.Quelques mois plus tard, Olivier Marleix avait toutefois connu un succès personnel avec l’approbation en novembre 2023 de la motion de rejet de la loi sur l’immigration portée par son rival Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, grâce au soutien de 40 de ses députés.- Contre les “liquidateurs” -Lors des législatives anticipées de 2024, il s’était retrouvé à l’issue du premier tour en ballottage défavorable face au candidat du Rassemblement national Olivier Dubois, s’imposant au second avec 57% des voix. A son retour à l’Assemblée, il a toutefois été contraint de céder sa place de patron des députés LR à Laurent Wauquiez, qui avait effectué à cette occasion son retour à l’Assemblée nationale.Lors de l’élection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de la chambre basse le 18 juillet 2024, il s’était présenté ostensiblement avec un livre sous le bras: “La Grande Peur de juillet 1789” de l’historien Jean-Clément Martin. “Il y a dedans tous les éléments d’un moment d’instabilité”, sourit-il. Lorsque le nom de Michel Barnier a commencé à circuler en septembre dernier pour Matignon, il avait défendu l’entrée de LR au gouvernement et s’était aussi chargé de modérer l’enthousiasme des membres de son parti qui exigeaient de nombreux postes au sein de l’exécutif “comme si on avait gagné les législatives”.Depuis 2017, Olivier Marleix s’est souvent érigé en un anti-macroniste farouche, saisissant la justice en 2019 après avoir présidé la commission d’enquête sur le rachat controversé de la branche énergie d’Alstom par l’américain GE, finalisé alors que le chef de l’Etat était ministre de l’Economie.”Il a une véritable haine pour Emmanuel Macron”, mais aussi pour les ex-LR partis rejoindre la majorité, tels Gérald Darmanin qu’il accuse régulièrement de mentir, ou l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, explique un proche du parti.Il avait d’ailleurs publié un livre en 2021 intitulé “Les liquidateurs” et sous-titré “Ce que que le macronisme inflige à la France et comment s’en sortir”.

Désarmer toutes les polices municipales? La proposition de LFI provoque un tollé

Faut-il désarmer les polices municipales? À moins d’un an des élections municipales de 2026, la proposition de la cheffe des députés de La France insoumise Mathilde Panot créé la polémique – et reste loin de refléter l’état d’esprit des possibles candidats insoumis sur le terrain.”Une police municipale de proximité n’a pas besoin d’être armée”, a déclaré Mathilde Panot dimanche sur BFMTV, rappelant que La France insoumise souhaitait que la police municipale soit réintégrée dans la police nationale “avec une police de proximité”.”Une police de proximité, ça a existé, ça fonctionnait extrêmement bien et nous regrettons qu’elle ait été démantelée”, a-t-elle insisté, rappelant qu’une présence de la police nationale armée restait la règle.”Traduction: avec cette gauche, vous n’aurez plus le droit à la sécurité. La gauche sans le peuple”, a rapidement réagi sur X le ministre de la Justice Gérald Darmanin (Renaissance).”LFI fait le choix de l’insécurité dans nos communes!”, a pour sa part accusé la présidente (LR) de la région Île-de-France Valérie Pécresse.À gauche, pas vraiment de soutien non plus pour cette proposition.”Je ne me mettrais pas derrière un maire insoumis qui annoncerait qu’il va supprimer la vidéoprotection ou qu’il va supprimer l’armement des policiers. Ça n’a aucun sens. Comment peut-on même l’imaginer?”, a critiqué de son côté le Premier secrétaire du PS Olivier Faure.Car Mathilde Panot a également estimé que les caméras de surveillance “n’ont jamais prouvé leur utilité”.Interrogé lundi sur TF1, le coordinateur du mouvement Manuel Bompard n’a pas franchement répondu sur un possible désarmement des policiers municipaux dans les communes qui passeraient sous pavillon insoumis au printemps 2026, se concentrant sur sa “préférence pour de la présence humaine” par rapport à la vidéosurveillance.”C’est beaucoup plus efficace pour lutter contre les problèmes d’insécurité”, a-t-il insisté.Car le sujet du désarmement de la police municipale ne fait pas l’unanimité dans le mouvement de gauche radicale, où une dizaine de députés se préparent à être têtes de liste l’année prochaine.- “Chacun se positionnera” -“Il faut des gages de sérieux. Il y a une demande de bonne gestion de la ville de la part des habitants. Moi je ne pourrais pas désarmer ma municipale par exemple”, indiquait récemment l’un d’eux à l’AFP.”Ça ne sera pas un tabou la délinquance, loin de là. Je ne proposerais pas de désarmer la municipale”, ajoutait un autre.”La réalité locale impose de ne pas désarmer la police municipale de Roubaix, compte tenu de l’augmentation de ses missions et de ses responsabilités”, précise pour sa part à l’AFP David Guiraud, candidat dans la ville du Nord, en précisant que “les policiers municipaux font un usage de leur arme nettement inférieur à celui des policiers nationaux”.Cet hiver le député et cadre insoumis Louis Boyard, candidat à une municipale partielle à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), ne proposait pas de désarmer la police municipale en cas de victoire.Au même moment, les Insoumis publiaient leur “boîte à outils programmatique”, une longue série de propositions, pour les élections de 2026, sur lesquelles ils comptent pour améliorer leur implantation locale à un an de la présidentielle.Parmi ces idées, figurait la volonté de “refuser l’armement létal des policiers municipaux”. Ce qui pour les Insoumis inclut les armes à feu et les lanceurs de balles de défense (LBD).”On veut retirer des armes létales, ça ne veut pas dire empêcher les policiers municipaux de se défendre”, explique pour l’AFP le député et co-responsable du programme de LFI, Hadrien Clouet.”Mathilde Panot a repris une des propositions de la boîte à outils. Après chacun se positionnera, il faudra des délibérations locales”, nuance-t-il également.Les Insoumis ne sont pas le seul parti à être traversé par des hésitations sur cette question, alors que la gauche fait régulièrement face aux accusations de laxisme, venues de la droite et de l’extrême droite, sur la question de la sécurité.Les Écologistes, qui ont remporté plusieurs grandes villes lors des dernières élections de 2020, sont eux-mêmes partagés.À Grenoble, le maire et porte-parole du parti vert Éric Piolle refuse d’armer sa police municipale. À l’inverse à Bordeaux, le maire Pierre Hurmic a annoncé l’année dernière qu’un quart de ses 200 agents seraient dorénavant dotés d’armes à feu.

Nouveau conseil de défense sur “l’entrisme” des Frères musulmans

Emmanuel Macron a convoqué lundi un nouveau conseil de défense sur “l’entrisme” des Frères musulmans, après une première réunion fin mai jugée insatisfaisante par le chef de l’Etat, qui avait demandé au gouvernement “de nouvelles propositions”.Ce conseil de défense et de sécurité nationale se tiendra lundi en fin de matinée à l’Elysée, a indiqué l’entourage du président à l’AFP, confirmant une information du Figaro, sans autre précision.D’après le quotidien, y sont attendus le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, sa collègue de l’Education Elisabeth Borne, mais aussi celle des Sports Marie Barsacq.Le précédent conseil de défense consacré à “l’entrisme” des Frères musulmans avait tourné au recadrage, M. Macron s’étant agacé que le rapport qu’il avait commandé sur le sujet ait fuité dans la presse avant cette réunion.”Compte tenu de l’importance du sujet et de la gravité des faits établis, il a demandé au gouvernement de formuler de nouvelles propositions”, s’était alors contenté d’indiquer l’Elysée.Le rapport faisait état d’une “menace pour la cohésion nationale” avec le développement d’un islamisme “par le bas” de la part des Frères musulmans.Née en 1928 en Egypte, la confrérie des Frères musulmans porte le projet d’un islam politique conservateur. Le mouvement a été interdit dans plusieurs pays, comme l’Arabie saoudite, l’Egypte et plus récemment la Jordanie.En France, il existe “dans certains quartiers” des phénomènes d’entrisme “identifiés”, avait affirmé M. Macron dans la foulée du premier conseil de défense, tout en appelant à ne pas “penser qu’il y en a partout, parce que ça peut rendre complotiste ou paranoïaque”.C’est précisément ce que lui reproche à gauche La France insoumise, dont le coordinateur national Manuel Bompard a encore dénoncé lundi sur TF1 une volonté de “pointer du doigt les Français de confession musulmane”.En pratique, les pistes avancées par M. Retailleau pour “s’attaquer aux écosystèmes islamistes” ont principalement pris la forme d’une réorganisation administrative, avec la création d’un rôle de “chef de file” en matière de renseignement, ou encore d’un “parquet administratif” capable par exemple de prononcer des dissolutions.Des “mesurettes administratives” rejetées en bloc par la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, qui avait réclamé d’aller “chercher, dénoncer, débusquer, couper les financements, interdire les publications” de cette “idéologie totalitaire”.Les décisions actées par ce nouveau conseil de défense pourraient faire l’objet d’un communiqué, a fait savoir l’Elysée.

Pour Bompard (LFI), une présidentielle anticipée serait “raisonnable”

Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard a appelé lundi à l’organisation d’une “présidentielle anticipée”, la “solution la plus raisonnable” selon lui face au blocage du pays.”J’appelle à un retour aux urnes le plus rapidement possible”, a déclaré le député de Marseille sur TF1, estimant que la politique du gouvernement “ne permet pas de régler les problèmes auxquels nous sommes confrontés”.Interrogé sur l’opportunité de dissoudre l’Assemblée nationale alors qu’Emmanuel Macron vient de récupérer ce pouvoir, il a estimé que “la solution la plus raisonnable, ce serait l’organisation d’une élection présidentielle anticipée”.Il a rappelé que LFI avait fin 2024 “déposé à plusieurs reprises ce qu’on a appelé une procédure de destitution du président de la République” et que cette dernière avait toujours été rejetée par l’Assemblée nationale, grâce aux voix du RN notamment, a-t-il fustigé.”Le président de la République est aujourd’hui responsable de la situation de blocage dans lequel est le pays”, a insisté Manuel Bompard, lui reprochant d’avoir “refusé de tenir compte des résultats des dernières élections législatives” en choisissant un Premier ministre issu de LR.