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Procès du RN: pour Marine Le Pen, aucun “système” mais beaucoup de “sentiments”

De la “fiction”, des malentendus, énormément de “mensonges” mais “aucun système”. De retour à la barre mardi pour un dernier interrogatoire, Marine Le Pen s’est à nouveau défendue d’avoir détourné l’argent de l’Europe au profit de son parti.Très vite au cours d’une tirade introductive d’une heure, elle fait part de son “sentiment”, après ce mois de procès où le tribunal correctionnel de Paris a disséqué ce fameux “système” – le mot met Marine Le Pen hors d’elle – qui aurait permis au Rassemblement national (ex-FN) de “soulager les finances” du parti entre 2004 et 2016.”A maintes reprises, votre opinion était déjà faite, nos arguments évacués (…) ça m’a un peu déstabilisée”, assure la triple candidate à la présidentielle.Après avoir été interrogée en tant qu’eurodéputée mi-octobre, Marine Le Pen est cette fois à la barre avec sa deuxième “casquette”, présidente du parti, dont elle a pris la tête après son père Jean-Marie Le Pen en 2011, pour répondre cette fois de complicité de détournement de fonds publics.”Si on a la conviction qu’il y a un système, que tout est suspect, évidemment que vous allez trouver quelque chose”, soutient celle qui déroule son argumentation, réécrivant parfois le dossier, éludant les points qui fâchent. “On tourne autour d’une dizaine de mails, de SMS, dont on considère qu’ils sont mal rédigés, suspects, maladroits. Mais ça reste une dizaine de mails sur des dizaines de milliers”, argue la cheffe de file de l’extrême droite.- “Je me défends !” -Quand elle récupère la parole, la présidente Bénédicte de Perthuis fait projeter ces courriers un par un. Marine Le Pen a une explication pour tous. Celui où le comptable évoque “un passage” d’un assistant parlementaire d’un député “sur” un autre ? “Il a mal compris”. Ces “transferts” d’assistants demandés pour que Marine Le Pen puisse embaucher un expert ? “Mal compris” encore.Celui où sa sÅ“ur Yann Le Pen demande si “ce n’est pas risqué que Marine Le Pen me prenne sur” son contrat ? – “Elle avait un problème” avec le fait “d’être sous la direction de sa petite sÅ“ur”.Le ton monte régulièrement, quand elle sent que la présidente n’est pas convaincue. “Vous caricaturez mon propos un petit peu quand même !”, “on va de fiction en fiction”, “je me défends, j’ai le droit ! On est au pénal, on risque des peines extrêmement lourdes !”.”L’objectif, c’est de faire disparaitre un mouvement politique”, grince, en regagnant son siège après une suspension d’audience, celle qui encourt une peine de prison, une lourde amende et une peine d’inéligibilité qui pourrait mettre à mal ses ambitions présidentielles pour 2027.A la barre, elle le martèle plusieurs fois: “jamais” il n’y a eu d'”instruction” pour “vider” les enveloppes des eurodéputés afin de payer des assistants parlementaires “fictifs” qui travaillaient en réalité pour le parti, comme en est convaincue l’accusation.”Jamais je n’ai dit à un député: +toi, tu vas prendre untel+, c’est faux, c’est un mensonge”, assure-t-elle. Tout juste admet-elle avoir eu un “droit de veto” sur les “gens politiquement toxiques”, les “nuisibles” ou les “incompétents notoires”.Le Parlement européen avait fait une première estimation de son préjudice financier à trois millions d’euros, mais l’a revu à 4,5 millions au cours du procès. – “Furax” -La présidente évoque ensuite une fameuse réunion de l’été 2014, à Bruxelles, où Marine Le Pen aurait annoncé à la vingtaine de nouveaux députés européens qu’ils n’auraient le droit qu’à un seul assistant parlementaire, et que le reste de leur enveloppe serait pour le Front national.”C’est un mensonge éhonté”, une “ignominie”, colportée par des gens “furax” animés par la “vengeance”, balaie la prévenue.”Ce que Marine (Le Pen) nous demande équivaut à ce qu’on signe pour des emplois fictifs”, écrivait peu après cette réunion un eurodéputé réfractaire au trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just. “Je comprends les raisons de Marine, mais on va se faire allumer”.”Je crois bien que Marine sait tout cela…”, avait répondu par mail Wallerand de Saint-Just. “C’est de l’ironie”, s’insurge Marine Le Pen. “C’est la lecture littérale d’un mail” où il est rappelé les règles du Parlement européen. “J’aurais préféré qu’il lui réponde: +tu es dingue, va te faire voir+ !”A 23H00, l’échange se tend à nouveau, toujours au sujet de cette réunion. “Vous avez deux déclarations contradictoires”, s’emporte la prévenue, furieuse, qui a “le sentiment” que la présidente ne retiendra pas celle en sa faveur.”Vous avez beaucoup de sentiments, nous on n’est pas là pour faire du sentiment”, rétorque la présidente. L’audience reprend mercredi avec la suite de l’interrogatoire de Marine Le Pen.

Les députés s’efforcent de faire monter la pression sur l’accord UE-Mercosur

Proposition de résolution européenne, tribune, conférence de presse, tentative d’inscription d’un texte dans la niche LFI: les députés multiplient les initiatives pour encourager le gouvernement à s’opposer de tout son poids à la conclusion de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur.Mardi soir, une proposition de résolution européenne signée par plus de soixante-dix députés a été adoptée en commission des Affaires européennes, à l’unanimité moins les abstentions.”Nous engageons (…) le gouvernement français à peser de tout son poids (…) avec les partenaires qui en sont convaincus pour récuser cet accord (…) contraire à la trajectoire climatique, (…) aux intérêts de nos producteurs, à notre souveraineté alimentaire”, a déclaré en commission son promoteur, le député Dominique Potier.Les négociations avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie) ont repris ces derniers mois sous l’impulsion de pays européens dont l’Allemagne ou l’Espagne. La perspective d’une conclusion provoque la colère des syndicats agricoles français, qui annoncent une nouvelle mobilisation pour la mi-novembre.Le texte de M. Potier formule cinq propositions, dont le renforcement de l’inscription dans les textes européens de “mesures miroirs” obligeant les exportateurs vers l’Union européenne à respecter les cahiers des charges européens en matière de sécurité sanitaire et environnementale.- Irrecevable-Plus tôt dans la journée, M. Potier avait participé avec six autres députés de la majorité, de gauche et du groupe centriste Liot, à une conférence de presse destinée à faire la promotion d’une tribune publiée lundi, dans laquelle plus de 200 députés d’un arc allant des écologistes à LR ont appelé le gouvernement à bloquer la conclusion de l’accord de libre-échange.”Ce que nous demandons, ce sont des normes égales pour tous, puisqu’on nous demande à nous agriculteurs (…) de respecter des normes environnementales et sanitaires strictes”, a dit la députée Renaissance Sandrine Le Feur, présidente de la commission du Développement durable à l’Assemblée et elle-même agricultrice, se félicitant de cette démarche “transpartisane”.Les députés ont à l’unisson enjoint au président de la République de tout faire pour obtenir une “minorité de blocage” au sein de l’UE pour s’opposer à l’adoption du texte.Le député LFI François Ruffin s’est cependant montré sceptique sur la volonté réelle du chef de l’Etat d’y parvenir. “Je crois que dans la durée Emmanuel Macron est un partisan du libre échange. Je crois qu’il donne des gages parce qu’il y a une opinion publique qui est très défavorable (…) mais qu’en vérité, il ne mettra pas tout son pouvoir dans la balance pour aller contre ce qui est le fond de ce qu’il fait et pense depuis 20 ans”, a-t-il dit.Les députés de La France insoumise n’ont pas signé la tribune de leurs collègues. Ils “n’ont pas souhaité se joindre” car ils voulaient modifier le texte, ce qui paraissait “difficile” alors qu’il y avait “déjà plus de 200 signatures”, a expliqué le président du groupe communiste, André Chassaigne.Les Insoumis ont de leur côté tenté d’inscrire à l’ordre du jour de leur “niche” parlementaire, le 28 novembre, une proposition de résolution sur le même thème.Mais elle ne sera pas débattue à l’Assemblée, le gouvernement l’ayant jugée irrecevable, a annoncé mardi la présidente du groupe LFI à l’Assemblée, Mathilde Panot, qui a dénoncé un “abus de pouvoir” et dit étudier les “recours possibles”.Le gouvernement avait déjà jugé irrecevable début octobre une proposition de résolution similaire que le groupe RN souhaitait voir débattre lors de sa “niche” du 31 octobre. Le président du RN Jordan Bardella a appelé sur X mardi soir la France à adresser un “+non+ clair et définitif” à l’UE.

Dati défend un budget de la culture axé sur le patrimoine et la liberté de création

Rallonge budgétaire de 300 millions d’euros pour le patrimoine, plan sur la liberté de création: Rachida Dati a défendu mardi son budget 2025 devant la commission de la Culture du Sénat, renouvelant aussi sa proposition controversée de faire payer l’entrée à Notre-Dame de Paris.La ministre de la Culture a d’abord profité de cette audition pour annoncer le dépôt d’un amendement gouvernemental proposant une rallonge de 300 millions d’euros pour le patrimoine, censé être discuté le 13 novembre devant cette même commission.”A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle”, a justifié Rachida Dati, évoquant l’état “alarmant” du patrimoine. Selon elle, 20% des 45.000 monuments historiques en France sont en “mauvais état” et 5% d’entre eux (2.000) sont même “en péril” et “risquent de disparaître”.Si l’amendement était adopté par le Parlement, cette somme viendrait s’ajouter au 1,2 milliard d’euros que représente le patrimoine dans un budget Culture de 4,45 milliards d’euros prévus dans le projet de loi de finances.”Très concrètement, cet amendement permettra un effort supplémentaire de 55 millions d’euros pour les monuments historiques en régions”, a poursuivi la ministre.Son ministère a précisé que cette aide bénéficierait par exemple à la tour Saint-Nicolas de La Rochelle, qui menace de s’effondrer.Selon Mme Dati, l’amendement permettra aussi de débloquer “une enveloppe de 23 millions d’euros pour les musées dans les territoires, avec une attention spécifique pour les petits musées dans la ruralité”.Enfin, “il permettra d’autres équipements en régions, comme les centres de conservation et d’étude archéologiques”, a-t-elle ajouté.Selon elle, “une attention particulière” sera portée “pour les besoins les plus impérieux de nos grands établissements”: Centre Pompidou à Paris, Château et domaine de Versailles, Fontainebleau et Chambord.- Liberté de création -La ministre a également réitéré sa volonté de mettre en place une “tarification de l’entrée de Notre-Dame-de-Paris, qui pourrait dégager 75 millions d’euros pour financer la restauration du patrimoine religieux en régions”, sans préciser si elle envisageait cette mesure comme permanente ou temporaire.Elle a spécifié que, “si le diocèse (de Paris, NDLR) est d’accord”, cette entrée payante pourrait être collectée par le Centre des monuments nationaux pour être redistribuée au diocèse et aux territoires, “sans toucher à la loi de 1905” de séparation de l’Eglise et de l’Etat.Fin octobre, le diocèse avait insisté sur le principe de “gratuité du droit d’entrée dans les églises et les cathédrales”, défendu par l’Église catholique en France, alors que Notre-Dame de Paris compte parmi les édifices les plus visités en Europe, avec 12 millions de personnes en 2017 et “14 à 15 millions” attendues après sa réouverture prévue le 7 décembre.Rachida Dati a aussi de nouveau proposé des “tarifs différenciés pour les grands opérateurs (musées et sites touristiques, NDLR) recevant plus de 60% de public étranger”.Elle a, en outre, annoncé vouloir rendre plus concrète l’utilisation de l’argent récolté par la souscription lancée par Emmanuel Macron en 2023 pour aider les petites communes à préserver leurs édifices religieux en péril, qui vise à récolter 200 millions d’euros en quatre ans. D’ici à la fin du mois, “un plan qui concernera la liberté de création” sera par ailleurs présenté, alors que plusieurs acteurs du spectacle vivant se sont inquiétés ces dernières semaines de voir des pièces de théâtre ne trouvant pas de diffuseur lors de tournées, en raison de sujets prétendument trop sensibles ou polémiques.Autre annonce: la reprise d’une mission sur le “modèle économique du spectacle vivant” et la pérennité de son financement, sans davantage de détails à ce stade.

Procès du RN: aucun “système” de détournement de fonds publics, soutient Marine Le Pen

Aucun “système” de détournement de fonds au RN: après un mois de procès, Marine Le Pen a commencé à s’expliquer mardi en fin d’après-midi sur l’utilisation, frauduleuse selon l’accusation, de l’argent européen par le parti.En tailleur noir et bottines, elle a rejoint la barre du tribunal correctionnel de Paris peu avant 18H00, après avoir secoué la tête en désaccord depuis le début de l’après-midi, assise sur un banc, pendant que l’ex-trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, était interrogé.”Depuis” le début du procès, “on tourne autour d’une dizaine de mails, de SMS, dont on considère qu’ils sont mal rédigés, suspects, maladroits. Mais ça reste une dizaine de mails sur des dizaines de milliers”, démarre la cheffe de file de l’extrême droite, dès que la présidente lui donne la parole.Dans une longue tirade de plus d’une heure, la triple candidate à la présidentielle déroule alors son argumentation, réécrivant parfois le dossier, éludant les points qui fâchent. En 2014, avec 23 députés européens fraichement élus et sans groupe parlementaire, le FN était obligé de “mutualiser” le travail de ses assistants, argue la prévenue. D’ailleurs, la “centralisation” fait partie de la “culture du Front National”, ajoute-t-elle.Pour autant, cela ne signifie pas que les enveloppes des eurodéputés RN, 21.000 euros par mois, étaient gérées par la direction du parti afin en particulier de payer des assistants parlementaires “fictifs” qui travaillaient en réalité pour le parti comme en est convaincue l’accusation, insiste-t-elle.Interrogatoire après interrogatoire, contrat par contrat, le tribunal dissèque depuis le 30 septembre ce fameux “système” – le mot met Marine Le Pen hors d’elle – qui aurait permis au Rassemblement national (ex-FN) de “soulager les finances” du parti entre 2004 et 2016.Le Parlement européen a fait une première estimation de son préjudice financier à trois millions d’euros, mais prévenu qu’elle pourrait évoluer.- “Déstabilisée” -Les huit autres ex-eurodéputés frontistes et douze de leurs assistants parlementaires, jugés à ses côtés pour détournement de fonds publics et recel de ce délit, ont tous juré avoir travaillé dans les règles. Même si les collaborateurs occupaient des fonctions particulièrement prenantes en France, comme garde du corps ou assistant personnel de Jean-Marie Le Pen.”Le fait d’être assistant parlementaire, ça ne dit rien du contenu du travail. Ca va aller de la secrétaire au rédacteur de discours, du juriste au graphique, du garde du corps à celui qui tient la permanence”, affirme Marine Le Pen. “Il y a autant de tâches possibles que d’assistants parlementaires !”Après avoir comparu en tant qu’eurodéputée, elle est interrogée avec sa deuxième “casquette”, présidente du parti, dont elle a pris la tête après son père Jean-Marie Le Pen en 2011, pour répondre cette fois de complicité de détournement de fonds publics. “Jamais je n’ai dit à un député: +toi, tu vas prendre untel+, c’est faux, c’est un mensonge”, assure-t-elle au cours de son monologue. Tout juste admet-elle avoir un “droit de veto” sur les “gens politiquement toxiques”, les “nuisibles” ou les “incompétents notoires”.”Si on a la conviction qu’il y a un système, que tout est suspect, évidemment que vous allez trouver quelque chose”, lance-t-elle au tribunal – qui n’a toujours pas posé une question. Avant de partager son “sentiment” de ce mois d’audience: “à maintes reprises, votre opinion était déjà faite, nos arguments évacués (…) ça m’a un peu déstabilisée”.Le tribunal, qui poursuivait son interrogatoire dans la soirée, devrait notamment la questionner sur deux réunions à l’été 2014, à Bruxelles puis à Strasbourg. Elle y aurait selon plusieurs témoignages annoncé aux nouveaux députés européens qu’ils n’auraient le droit qu’à un seul assistant parlementaire, et que le reste de leur enveloppe serait pour le Front national.”Ce que Marine (Le Pen) nous demande équivaut à ce qu’on signe pour des emplois fictifs”, écrivait peu après un eurodéputé réfractaire au trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just. “Je comprends les raisons de Marine, mais on va se faire allumer car on regardera, c’est sûr, nos utilisations à la loupe avec un groupe si important” (23 députés contre 3 auparavant), notait-il aussi.”Je crois bien que Marine sait tout cela…”, avait répondu Wallerand de Saint-Just. “Vous n’êtes pas obligés de me croire mais je suis persuadé que jamais Marine Le Pen n’aurait proposé quelque chose d’illégal aux députés qui viennent d’être d’élus”, a assuré ce dernier à la barre.Le procès est prévu jusqu’au 27 novembre. 

Macron propose au Kazakhstan l’aide française sur le nucléaire civil

Emmanuel Macron a affirmé mardi avoir “des préoccupations communes” sur l’Ukraine avec le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev, reçu en visite d’Etat à Paris mais aussi allié de Moscou, et a proposé l’aide de la France à Astana dans le développement du nucléaire civil.Un an après le déplacement du président français au Kazakhstan, les deux hommes se sont retrouvés à l’Elysée avec la volonté commune de renforcer le “partenariat stratégique” entre la France et le pays d’Asie centrale, allié économique et militaire de la Russie avec laquelle il partage plus de 7.500 kilomètres de frontière. Emmanuel Macron a évoqué des “convergences profondes sur les grands défis internationaux”.Dans une déclaration conjointe, les deux présidents ont ainsi “souligné leur attachement indéfectible au droit international et aux principes fondamentaux de la Charte des Nations unies, en particulier le respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de l’inviolabilité des frontières internationalement reconnues de tous les États, ainsi que le règlement pacifique des différends”.Le Français a souligné que cela s’appliquait à la guerre en Ukraine, déclenchée par l’invasion russe en 2022. “Ce qui est en jeu en effet en Ukraine est bien la primauté du droit international sur le droit du plus fort et emporte aussi des conséquences lourdes pour la sûreté nucléaire, la sécurité alimentaire ou le respect des droits humains. Et je sais à cet égard nos préoccupations communes, notre vision commune”, a-t-il insisté.Kassym-Jomart Tokaïev s’est borné à affirmer devant la presse, d’une manière générale, qu’il était “nécessaire de résoudre” les conflits en cours “par la voie pacifique et politico-diplomatique”.Plusieurs accords et contrats ont été conclus, dont un par le groupe français Alstom, présent depuis 2010 au Kazakhstan, pour fournir des locomotives électriques.Initiée l’an dernier à Astana, une feuille de route sur un partenariat stratégique sur les minerais critiques pour la période 2024-2026 a aussi été signée.Le président français a par ailleurs proposé la “disponibilité” et le “savoir-faire” de la France et de ses entreprises au Kazakhstan pour “avancer” vers le développement de l’énergie nucléaire, après un référendum qui vient d’ouvrir la voie à la construction de la première centrale de ce pays, premier producteur mondial d’uranium – et 3e fournisseur d’uranium naturel à l’UE – mais manquant d’électricité.Orano, le spécialiste français du cycle du combustible nucléaire, et son homologue local Kazatomprom ont à cette occasion “signé un protocole d’entente qui porte sur la formation nucléaire”, a indiqué le groupe. “Cette annonce vient renforcer la coopération entre les deux partenaires dans le domaine de l’énergie nucléaire dans la continuité de la signature d’un protocole de coopération signé en 2022 dans l’industrie de l’uranium”, a précisé Orano.Alors que l’immigration est un des principaux dossiers du gouvernement français, les deux pays ont également signé un accord “sur la réadmission” par le Kazakhstan de ses ressortissants expulsés de France, “avec des dispositions et délais procéduraux très favorables”, selon l’Elysée qui souligne qu’il s’agit de la première entente de ce type avec un Etat d’Asie centrale.

Chanson anti-Darmanin: prison ferme requise en appel contre un militant écolo

Le parquet de la cour d’appel de Nancy a requis mardi, à l’encontre d’un militant écologiste poursuivi pour avoir relayé sur Youtube une chanson visant Gérald Darmanin, 140 heures de travaux d’intérêt général ou six mois d’emprisonnement ferme s’il n’exécute pas un stage de citoyenneté.Loïc Schneider est poursuivi pour avoir relayé le 5 novembre 2022 sur Youtube une chanson visant le ministre de l’Intérieur d’alors, Gérald Darmanin. Il avait été relaxé en première instance par le tribunal correctionnel de Nancy en décembre 2023 mais le parquet avait fait appel.”De drôles de réquisitions puisque le procureur n’a pas demandé à mon client s’il acceptait ou non d’effectuer les TIG”, a relevé son avocat Christophe Sgro, qui a plaidé la confirmation du jugement de première instance.”Cette chanson appartient au genre de la satire, qui par définition procède par exagération ou provocation, mais elle mène aussi à des débats d’intérêt général on ne peut plus sérieux: la dissolution du bloc lorrain, les comportements sexistes de M. Darmanin qui restent discutables à mon sens et le problème des violences policières contre les manifestants, en particulier les gilets jaunes”, a estimé Me Sgro.La décision sera rendue le 14 janvier prochain.La chanson, qui interpellait directement et grossièrement Gérald Darmanin, suggérait de “dissoudre” le ministre, dont elle évoquait “le cercueil”.”En la matière, la jurisprudence de CEDH (Cour européenne des droits de l’Homme, ndlr) est très claire sur ce sujet: lorsqu’il s’agit de critiquer un homme politique, la liberté d’expression doit être entendue de manière extrêmement large”, a ajouté l’avocat. Le jeune homme est accusé de menace de crime ou de délit contre les personnes ou les biens à l’encontre d’une personne dépositaire de l’autorité publique.En première instance, le tribunal avait notamment relevé que Loïc Schneider n’était pas l’auteur des propos incriminés.Loïc Schneider a déjà été condamné à un an de prison ferme par le tribunal correctionnel de Niort pour sa participation à une manifestation contre le projet de méga-bassine à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) en octobre 2022, ainsi qu’à trois ans de prison pour des violences commises lors d’une manifestation contre le G20 en Allemagne en 2017.

Assemblée: la proposition LFI d’une résolution sur l’accord UE-Mercosur jugée irrecevable

Une proposition de résolution invitant le gouvernement à refuser l’accord entre l’UE et le Mercosur ne sera pas débattue à l’Assemblée lors de la journée annuelle réservée à LFI, le gouvernement l’ayant jugée irrecevable, a annoncé mardi la cheffe du groupe insoumis Mathilde Panot.”Je suis assez furieuse de constater que la résolution Mercosur que nous voulions présenter en premier lors de notre niche a été jugée irrecevable”, a déclaré Mme Panot lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale. Les textes proposés par LFI seront examinés le 28 novembre.Il a été jugé que le texte donne “des injonctions au gouvernement”, alors que “le titre de la résolution” est “invitant le gouvernement”, s’est défendue Mme Panot, qui a dénoncé un “abus de pouvoir” et dit étudier les “recours possibles”.Le gouvernement a jugé irrecevable le texte, lors de la conférence des présidents mardi matin à l’Assemblée, selon une source parlementaire. Tout comme il avait jugé irrecevable début octobre une proposition de résolution similaire que le groupe RN souhaitait voir débattre lors de sa “niche”, le 31 octobre. Marine Le Pen, la cheffe du groupe RN, avait alors déploré que la “représentation nationale” ne puisse pas “débattre à l’Assemblée nationale de ce traité, qui continue d’être négocié en sous-main par la Commission européenne avec l’assentiment du président de la République”. – “Sans justification” -Pour Mme Panot, “il est absolument scandaleux que dans notre hémicycle, pour la deuxième fois, le gouvernement décide, sans aucune justification, de nous empêcher de discuter et de voter sur le traité de libre-échange Mercosur et sur l’ensemble des traités de libre-échange”.Plus de 200 députés de gauche comme de droite, de l’ex-Insoumis François Ruffin, en passant par le socialiste François Hollande, jusqu’au LR Olivier Marleix, ont appelé lundi dans une tribune le gouvernement à bloquer la conclusion de l’accord de libre-échange attendu entre l’UE et les pays du Mercosur, qui selon eux “trahit” l’ambition européenne.Au cours d’une conférence de presse mardi à l’Assemblée, plusieurs d’entre eux ont de nouveau enjoint au président de la République de tout faire pour obtenir une minorité de blocage au sein de l’UE pour s’opposer à l’adoption européenne du texte.Le député LFI François Ruffin soupçonne cependant le chef de l’Etat d’une forme d’ambiguïté sur le sujet. “Je crois que dans la durée Emmanuel Macron est un partisan du libre échange. Je crois qu’il donne des gages parce qu’il y a une opinion publique qui est très défavorable (…) mais qu’en vérité, il ne mettra pas tout son pouvoir dans la balance pour aller contre ce qui est le fond de ce qu’il fait et pense depuis 20 ans”, a-t-il dit.Les négociations avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie) ont repris ces derniers mois sous l’impulsion de pays européens dont l’Allemagne ou l’Espagne. La perspective d’une conclusion provoque la colère des syndicats agricoles français, qui annoncent une nouvelle mobilisation pour la mi-novembre.

Procès du RN: Marine Le Pen de retour à la barre pour son dernier interrogatoire

Marine Le Pen est de retour à la barre, cette fois en tant qu’ancienne cheffe du Front national. Après un mois de procès, elle doit s’expliquer mardi lors d’un dernier interrogatoire sur le “système” mis en place, selon l’accusation, pour rémunérer des salariés du parti avec l’argent du Parlement européen.A l’ouverture de l’audience vers 14H00, la cheffe de file de l’extrême droite, costume noir et bottines, s’est installée comme à son habitude au premier rang pour écouter la suite de l’interrogatoire de son co-prévenu Wallerand de Saint-Just. Le sien commencera plus tard dans l’après-midi. Interrogatoire après interrogatoire, contrat par contrat, le tribunal correctionnel de Paris dissèque depuis le 30 septembre ce fameux “système” – le mot met Marine Le Pen hors d’elle – qui aurait permis au Rassemblement national (ex-FN) de “soulager les finances” du parti entre 2004 et 2016.Selon l’accusation, le FN utilisait les enveloppes (21.000 euros par mois) auxquelles les eurodéputés avaient le droit, pour payer des assistants parlementaires “fictifs” travaillant en réalité pour le parti.Pendant son premier interrogatoire mi-octobre, Mme Le Pen a juré que les assistants parlementaires qu’elle avait embauchés en tant que députée européenne avaient bien travaillé pour elle, répétant n’avoir rien commis d'”illégal” – comme les huit autres ex-eurodéputés frontistes et douze de leurs assistants parlementaires, jugés à ses côtés pour détournement de fonds publics et recel de ce délit.La triple candidate à la présidentielle va désormais être interrogée sous sa deuxième “casquette”, présidente du parti, dont elle avait pris la tête après son père Jean-Marie Le Pen en 2011, pour répondre cette fois de complicité de détournement de fonds publics. Celle qui était “l’une des principales responsables du système”, selon les enquêteurs, a pour l’heure soutenu à la barre avoir “suggéré” – mais “jamais imposé” – d’assistant parlementaire à personne. – “Marine sait tout cela…” -De loin la plus assidue aux audiences – elle y était jusqu’à 22H45 lundi soir – Marine Le Pen y ronge son frein, commentant de “ridicules”, “lunaires” les questions des magistrats à chacun des prévenus sur ces mails demandant de “déplacer”, “transférer” tel assistant parlementaire “sur” tel eurodéputé, pour “vider” les enveloppes de chaque député.”Moi j’analyse un budget, je ne sais pas qui sont les assistants parlementaires et ce qu’ils font. Si ma patronne me dit de faire quelque chose…”, disait lundi Charles Van Houtte, “cheville ouvrière” du “système de gestion centralisé” selon l’accusation.Marine Le Pen, qui encourt une peine de prison, une grosse amende et surtout une peine d’inéligibilité pouvant entraver ses ambitions présidentielles, devrait notamment être interrogée sur deux réunions à l’été 2014, à Bruxelles puis à Strasbourg. Elle y aurait selon plusieurs témoignages annoncé aux nouveaux députés européens qu’ils n’auraient le droit qu’à un seul assistant parlementaire, et que le reste de leur enveloppe serait pour le Front national.”Ce que Marine (Le Pen) nous demande équivaut à ce qu’on signe pour des emplois fictifs”, écrivait peu après un eurodéputé réfractaire au trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just. “Je comprends les raisons de Marine, mais on va se faire allumer car on regardera, c’est sûr, nos utilisations à la loupe avec un groupe si important” (23 députés contre 3 auparavant), notait-il aussi.”Je crois bien que Marine sait tout cela…”, avait répondu Wallerand de Saint-Just.”Quelles sont vos observations sur ce mail?”, lui a demandé lundi en commençant à l’interroger la présidente Bénédicte de Perthuis. “Je me dis +qu’est-ce que c’est que cette histoire, qu’est-ce qu’il me raconte. Je lui réponds sept mots qui sont en fait la démonstration – je vais être grossier – qu’il m’emmerde, et que je l’envoie balader”, a expliqué l’ex-avocat historique du parti, sous l’oeil dubitatif du tribunal.”Vous n’êtes pas obligés de me croire mais je suis persuadé que jamais Marine Le Pen n’aurait proposé quelque chose d’illégal aux députés qui viennent d’être d’élus”.Quelques jours avant cet échange de mails, il avait écrit à sa cheffe, pour l’alerter sur les dépenses qui avaient tendance “à déraper”. Et prévenu: “nous nous en sortirons que si nous faisons des économies grâce au Parlement européen”.

Budget 2025: pour les syndicats de France Travail, “la coupe est pleine”

L’ensemble des syndicats de France Travail ont dénoncé mardi le projet de budget 2025 qui prévoit la suppression de 500 postes chez l’opérateur public, estimant que “la coupe est pleine”, et la majorité des organisations annoncent une grève le 5 décembre.Lors d’une rare conférence de presse commune, les dix syndicats de France Travail (ex-Pôle emploi) – CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, SNAP, Sud, STC, Unsa – ont fait part de leur “inquiétude” sur les effectifs mais aussi le pouvoir d’achat des quelque 54.000 agents ou le recours accru à l’externalisation, alors que le projet de loi de finances est actuellement examiné au Parlement. “Nous ne sommes déjà pas suffisamment nombreux (…), avec une conjoncture économique qui est en train de se retourner”, a fait valoir un représentant de la FSU, alors que la plupart des économistes s’attendent à une remontée du chômage.Si le gouvernement a mis en avant un financement “stabilisé” pour France Travail à hauteur de 1,35 milliard d’euros, les syndicats soulignent que cela ne prend pas en compte l’inflation, ce qui implique en réalité “une baisse mécanique”, selon eux. Autres sources d’inquiétude mises en avant par les syndicats: la loi “plein emploi”, qui prévoit notamment que les allocataires du RSA soient tous inscrits automatiquement à France Travail – ce qui va accroître la charge des conseillers -, et la réforme de l’assurance chômage à venir.Côté salaires, les agents de droit public comme ceux de droit privé sont à la peine, a souligné une élue FO, citant pour ces derniers 5,5% d’augmentation depuis 2018 à rapporter à +16,3% d’inflation.Plusieurs représentants ont estimé que “la coupe est pleine”.Les syndicats ont annoncé une pétition et huit d’entre eux ont lancé un appel à la grève pour le 5 décembre prochain, la CFDT et la CFE-CGC, estimant en substance que cet appel intervient “un peu trop tôt”.

Seine-et-Marne: les élus manifestent devant la préfecture contre les économies du projet de loi de finances

Plusieurs dizaines d’élus de Seine-et-Marne ont manifesté mardi à Melun devant la préfecture contre la diminution du budget du conseil départemental prévue dans le projet de loi de finances du gouvernement, actuellement en débat à l’Assemblée nationale.En écharpe tricolore, plusieurs dizaines de conseillers départementaux, maires et sénateurs de tous bords politiques se sont rassemblés sous une bannière proclamant “Nos départements en danger ! Votre quotidien sacrifié !” devant le complexe de bâtiments historiques accueillant la préfecture et le conseil départemental, à l’appel du président LR de ce dernier, Jean-François Parigi.Selon celui-ci, le projet de loi de finances du gouvernement Barnier entraînerait une diminution de 70 millions d’euros du budget 2025 du plus vaste département francilien, sur un budget global de 1,6 milliard.”J’ai une volonté très forte, c’est que sur nos compétences obligatoires, les collèges, les routes et le monde de la solidarité, on maintienne l’effort qui a été fait. Mais je  ne voudrais pas non plus sacrifier la culture et le sport, car c’est aussi l’attractivité du département”, a déclaré M. Parigi à la presse.Bien qu’issu du même parti que le Premier ministre LR Michel Barnier, l’élu a mis en avant les relations crispées entre les collectivités locale et l’Etat pour justifier cette manifestation inhabituelle. “Je peux voir quand même quand on va trop loin”, a-t-il dit.Toute une série d’intervenants a défilé au pupitre pour défendre l’action et la présence du conseil départemental à l’échelle de la vie de ce territoire de grande couronne parisienne, largement rural.Kadir Mebarek, le maire Horizons de la ville-préfecture de Melun, s’est ainsi préoccupé du devenir d’une future ligne de bus T-Zen à forte capacité ou de la construction d’un cinquième collège sur le territoire de la commune, tous deux financés par le département. D’autres acteurs du monde économique ou agricole ont mis en avant les créations d’emplois générées par les marchés publics ou les partenariats de “bon sens” noués par le département du fait de sa proximité avec la vie du territoire de 1,4 million d’habitants, en pleine croissance démographique.”Je me demande si les choses ne seraient pas bien plus grave encore et si les petites musiques de fond que l’on entend maintenant depuis longtemps ne reviendraient pas, 70 millions après 70 millions, à la suppression d’un échelon territorial”, a tonné François Deysson, président des maires ruraux de Seine-et-Marne.