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Loi Duplomb: Macron veut concilier “science” et “juste concurrence”

Emmanuel Macron a dit mercredi qu’il attendrait la décision du Conseil constitutionnel sur la loi Duplomb avant de s’exprimer face à la pétition demandant son abrogation, tout en appelant à concilier “science” et “juste concurrence” en matière environnementale, a rapporté la porte-parole du gouvernement.Lors du Conseil des ministres, le chef de l’Etat a confirmé vouloir “respecter le temps institutionnel” et donc qu’il “attendra les conclusions du Conseil constitutionnel”, qui doit se prononcer d’ici le 10 août, a déclaré Sophie Primas devant la presse.”Il a rappelé que notre action politique, quelle qu’elle soit, y compris sur ces sujets agricoles, doit être notamment guidée par la science et que nous devons en même temps défendre nos agriculteurs” pour faire exercer “une juste concurrence”, a-t-elle ajouté.”Tout ce qui nous désynchronise” rapport aux règles en vigueur dans les autres pays “nous pénalise”, a affirmé Emmanuel Macron, selon elle. “Il est très attentif à ce chemin de crête”, a assuré la porte-parole.Près de 1,8 million de citoyens, un record, ont signé une pétition sur le site de l’Assemblée nationale contre la loi Duplomb, très décriée pour son impact environnemental. Cela pourrait déboucher sur un débat, sans vote, sur cette loi déjà adoptée par le Parlement.Mais plusieurs partis de gauche et associations environnementales demandent au président de la République d’exiger une “nouvelle délibération” du texte au Parlement, comme l’y autorise la Constitution.La loi du sénateur Les Républicains Laurent Duplomb, adoptée le 8 juillet, autorise notamment la réintroduction sous condition de l’acétamipride, un pesticide interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe.Ce produit, toxique pour la biodiversité et potentiellement pour la santé humaine, est réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n’avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale des producteurs étrangers.

Procès pour corruption: les magistrats répliquent vigoureusement à Dati

Après la violente charge de la ministre de la Culture Rachida Dati contre les magistrats qui ont ordonné qu’elle soit jugée notamment pour corruption, l’indignation gronde dans la profession, le président du tribunal judiciaire de Paris dénonçant “l’opprobre jetée publiquement” sur leur profession.Estimant que l’ex-Garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, elle-même magistrate de formation, a “gravement mis en cause des magistrats” lors d’une intervention mardi soir sur le plateau de LCI, Peimane Ghaleh-Marzban, président du tribunal judiciaire de Paris depuis quelques jours, a pris la défense des magistrats mis en cause.”Si toute personne peut librement apporter tout élément d’explication utile à l’appui de sa défense, au titre d’une prise de parole assurant le respect de sa présomption d’innocence, l’opprobre jetée publiquement sur des magistrats soumis au devoir de réserve et ne pouvant répondre à ces attaques, jette le discrédit sur l’autorité judiciaire et sape la confiance légitime des citoyens dans la justice”, a souligné le président du premier tribunal judiciaire de France.”Il doit être rappelé que tout justiciable a la possibilité de former un recours contre une décision de justice le concernant”, écrit le président du tribunal dans son communiqué.Mardi soir, Mme Dati avait dénoncé une “procédure émaillée d’incidents” et vilipendé des magistrats qui “marchent” sur les droits de la défense et perpétueraient des “atteintes graves” contre ces derniers.Elle a notamment mis en cause le procureur de la République financier qui, d’après elle, l’aurait assurée de son désaccord avec les charges portées contre elle lorsqu’il l’a “reçue deux heures trente dans son bureau” : “J’ai vu droit dans les yeux M. (Jean-François) Bohnert qui m’a dit que son parquet dysfonctionnait”.Dans un communiqué publié mercredi, M. Bohnert a rejeté les accusations de Mme Dati et réaffirmé son “total soutien” aux magistrats du parquet national financier (PNF).Ce n’est pas la première fois que des personnalités politiques mises en cause par la justice s’en prennent à des magistrats.Début juillet, le président du Rassemblement national Jordan Bardella avait dénoncé un “acharnement” après une perquisition au siège parisien du RN dans le cadre d’une enquête pour financement illicite des campagnes électorales du parti d’extrême droite en 2022 et 2024.- “Très dangereux” -“Transformer le juge en ennemi politique, c’est quand même très dangereux. C’est scier la branche sur laquelle on est tous assis”, a affirmé Ludovic Friat, président de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), interrogé par l’AFP.”Cette déclaration publique émanant d’une membre de l’exécutif est une atteinte intolérable à la séparation des pouvoirs et à l’indépendance de la justice”, a estimé de son côté Judith Allenbach, présidente du Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche), sollicitée par l’AFP.”Les potentielles atteintes aux droits de la défense se contestent par les voies légales et non en jetant le discrédit sur l’autorité judiciaire”, a souligné la magistrate.Mme Dati, 59 ans, sera jugée pour recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance, corruption et trafic d’influence passifs par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale, le Parlement européen.Elle est soupçonnée d’avoir illégalement fait du lobbying au Parlement européen au tournant des années 2010, en quête de décisions favorables à Renault et Carlos Ghosn, l’ex-patron de Renault-Nissan également mis en cause, et ce contre 900.000 euros.Les magistrats instructeurs estiment dans leur ordonnance signée mardi dont l’AFP a eu connaissance que ce qu’a fait Rachida Dati au Parlement européen “s’apparente à du lobbying”, ce qui “paraît incompatible tant avec son mandat qu’avec la profession d’avocat”.La convention d’honoraires aurait pu servir à masquer cette activité, répondant à des “mécanismes de dissimulation”, soulignent les juges.D’abord placée sous le statut plus favorable de témoin assisté, Mme Dati a été mise en examen en juillet 2021.”Nous allons faire appel dès aujourd’hui de cette décision”, ont déclaré à l’AFP deux des avocats de Mme Dati, Olivier Baratelli et Olivier Pardo, dont l’un des nombreux recours sur la prescription des faits qu’ils allèguent a encore été écarté mi-juillet.

Primas défend la liberté de Retailleau dans un “gouvernement d’assemblage”

La porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR) a défendu mercredi la liberté de Bruno Retailleau dans “un gouvernement d’assemblage” alors que le ministre de l’Intérieur a provoqué la colère du camp présidentiel en décrétant la fin du macronisme. “Nous (Les Républicains) sommes dans ce gouvernement qui est un gouvernement d’assemblage pour trouver une voie pour diriger la France dans l’année et demie qui vient, qui est une période extrêmement délicate d’un point de vue budgétaire et politique”, a déclaré Mme Primas sur TF1.”Le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron, tout simplement” parce qu’il “n’est ni un mouvement politique, ni une idéologie: il repose essentiellement sur un homme”, avait affirmé le patron des Républicains à l’hebdomadaire ultra-conservateur Valeurs Actuelles.”Ce type de prise de parole, ça sert à faire comprendre aux Français que nous sommes dans un cas de figure d’assemblage entre des partis qui veulent faire avancer la France mais que nous avons chacun nos convictions et que nous ne sommes pas un grand tout”, a insisté Mme Primas. Les Républicains sont “respectueux de toutes les formations politiques” mais “nous avons des convictions qui sont différentes”, a ajouté la ministre qui défend régulièrement la “polyphonie” gouvernementale. “Il n’y a rien de nouveau dans cette interview (…) J’ai l’impression que certains s’étonnent que des ministres de droite soient de droite”, a ironisé le secrétaire général des Républicains Othman Nasrou sur Franceinfo.”Nous avons des divergences avec Renaissance qui sont très importantes”, a-t-il insisté en renvoyant la balle vers Gabriel Attal qui a eu “des mots extrêmement durs envers la droite” qui est “presque une maladie honteuse” pour lui.Plusieurs ministres et figures du camp présidentiel ont vivement critiqué la forme et le fond des propos de M. Retailleau, qui doit par ailleurs rencontrer jeudi Emmanuel Macron à propos de leurs vues divergentes sur l’Algérie.”Agir ensemble exige du respect mutuel”, a ainsi répliqué la ministre de l’Education nationale Elisabeth Borne. “Ce sont des mots inutiles, blessants quand on est membre d’une coalition gouvernementale”, a renchéri sa collègue au Travail Astrid Panosyan-Bouvet sur BFMTV/RMC.Plusieurs macronistes ont demandé au ministre de partir s’il n’était pas content. “Si Bruno Retailleau est mal à l’aise avec le président de la République et son mouvement politique, il peut rendre son poste au gouvernement”, a commenté sur X le député Pieyre-Alexandre Anglade. Sur le fond, Mme Borne a maintenu sur X que le macronisme était “une idéologie ET un parti politique”.Pour le ministre aux Affaires européennes Benjamin Haddad, Bruno Retailleau se trompe car “ce que nous avons construit ces dernières années autour d’Emmanuel Macron n’est pas un accident” et répond “à une aspiration profonde des Français”.

Ruffin appelle à une “censure populaire” du gouvernement à la rentrée

Le député François Ruffin souhaite “une censure populaire” du gouvernement dans la rue à la rentrée “avant “la censure parlementaire” et défend son nouveau mouvement comme un “parti travailliste climatique”.”Au cœur de l’été, on a deux sujets qui agitent profondément le pays les jours fériés (…) et en même temps la loi Duplomb avec une pétition qui va atteindre sans doute les 2 millions de signatures”, a affirmé mercredi sur France inter M. Ruffin qui y voit le signe d’un “dérèglement politique”.”Il y a là un sujet profond, il y a un désaccord avec l’orientation choisie pour notre pays et je souhaite que, avant une censure parlementaire, il y ait une censure populaire”, a ajouté le député de la Somme qui siège au sein du groupe écologiste à l’Assemblée. Avec son nouveau mouvement Debout!, déclinaison nationale de son micro-parti Picardie Debout, François Ruffin, qui ne cache pas son envie de se présenter à la présidentielle, “veut représenter la France du travail, la France des Français qui vont au boulot et la France des Français qui aujourd’hui tiennent le pays debout”. “Notre pays tient profondément par le travail, le travail qui est fait par en bas. Je définis notre parti comme étant un parti travailliste et climatique parce que le changement climatique impose qu’on fasse beaucoup d’efforts et beaucoup de travail dans notre pays”, a-t-il fait valoir.

Le décret autorisant la retraite progressive dès 60 ans publié au JO

Le décret abaissant le droit à la retraite progressive à 60 ans contre 62 ans actuellement a été publié mercredi au Journal officiel avec une entrée en vigueur au 1er septembre.Sont concernés les assurés relevant du régime général, des régimes spéciaux et notamment du régime de la fonction publique de l’Etat, du régime des salariés et non-salariés agricoles et des régimes d’assurance vieillesse des professions libérales et des avocats, précise le décret. Ces dispositions “s’appliqueront aux pensions prenant effet à compter du 1er septembre 2025″, peut-on lire. Cette mesure est issue d’une série d’accords signés à l’automne 2024 entre le Medef, côté patronal, la CFDT et la CFTC, côté syndicats, dont l’un portait sur l’emploi des seniors et prévoyait notamment de favoriser les retraites progressives, peu répandues. Ce dispositif, qui devient donc accessible à partir de 60 ans, permet aux salariés de bénéficier d’une fraction de leur retraite tout en exerçant une activité professionnelle réduite, afin de continuer à améliorer leurs droits à la retraite. Pour en profiter, le salarié devra avoir cotisé pour la retraite pendant au moins 150 trimestres.”La fin de carrière ne doit plus être angoissante et strictement binaire – temps plein ou rien – mais au contraire s’adapter aux envies et besoins de chacun tout en favorisant le maintien dans l’emploi le plus longtemps possible”, a estimé auprès de l’AFP la ministre chargée du Travail et de l’Emploi Astrid Panosyan-Bouvet. “L’abaissement à 60 ans de l’âge d’accès à la retraite progressive constitue une avancée majeure en ce sens”, a-t-elle ajouté. 

Retailleau décrète la fin du macronisme et provoque la colère du camp présidentiel

En décrétant la fin du macronisme qui “alimente l’impuissance”, le patron des Républicains et ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui doit être reçu jeudi par Emmanuel Macron, a hérissé mardi tout le camp présidentiel.”Le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron, tout simplement” parce qu’il “n’est ni un mouvement politique, ni une idéologie : il repose essentiellement sur un homme”, a affirmé Bruno Retailleau à l’hebdomadaire ultra-conservateur Valeurs Actuelles.”Je ne crois pas au +en même temps+”, postulat d’Emmanuel Macron qui revendique d’être à la fois de droite et de gauche, “car il alimente l’impuissance”, ajoute le président de LR, dans un entretien mis en ligne mardi. Le ministre, qui doit rencontrer jeudi à l’Elysée le président de la République, redit que sa présence dans la coalition gouvernementale de la droite et du centre “n’est pas une adhésion au macronisme”, mais est animée par “l’intérêt général” et son refus que “la gauche mélenchonisée (accède) au pouvoir”. Au nom d’une “droite utile, mais pas docile”, il explique participer au gouvernement de François Bayrou non pas “pour faire de la figuration” mais “pour peser de tout le poids de (ses) convictions de droite”.La France insoumise est “la pire menace politique” par rapport au Rassemblement national, estime le ministre qui se rapproche souvent des propositions régaliennes du RN. Il appelle par conséquent à “assumer un cordon sanitaire” aux élections municipales de mars 2026 contre le mouvement de Jean-Luc Mélenchon et estime que la droite devra être “au coeur d’un bataillon de choc le plus élargi possible”. “Nous ne pourrons pas gagner seuls”, affirme-t-il sans dire s’il veut s’allier avec le RN.- “Diviser” -Emmanuel Macron avait rappelé à l’ordre François Bayrou mais aussi Bruno Retailleau début juillet quand ce dernier s’était prononcé pour la fin des aides aux énergies renouvelables, provoquant la colère de sa collègue Renaissance de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. Les ministres “doivent s’occuper des politiques qu’ils conduisent”, avait affirmé le chef de l’Etat, en appelant le Premier ministre à “discipliner la parole” de son gouvernement.Une recommandation qui pas vraiment entendue mardi soir, au regard de la levée de boucliers suscitée.La ministre Renaissance de l’Education Elisabeth Borne a accusé en retour le patron de la place Beauvau, sur le réseau X, de “tenter de diviser le socle commun” et ainsi d'”affaiblir les remparts contre les extrêmes”. “Agir ensemble exige du respect mutuel”, a ajouté l’ex-Première ministre, en affirmant que le macronisme était “une idéologie ET un parti politique”.Mme Pannier-Runacher est elle aussi montée au créneau pour défendre “le macronisme”, “choix de l’action face au populisme, du rassemblement face à la division. C’est ce qui a tenu le pays debout pendant les crises”, a-t-elle insisté.Le parti Renaissance a jugé sur le même réseau social “inacceptables” les propos de M. Retailleau pourtant ministre d’un “gouvernement de coalition”, ce qui confère aux yeux du mouvement “une responsabilité particulièrement lourde qui ne tolère ni les provocations, ni les petits calculs politiques”. “Le temps passé à diviser et à déclencher ces polémiques est du temps perdu pour l’action au service des Français”, insiste le mouvement présidentiel.”Le macronisme ne s’arrêtera pas. Ni aujourd’hui, ni dans 2 ans, ni après. (…) Personne ne l’effacera. Et il nous appartient de le porter et revendiquer avec Renaissance”, désormais dirigé par l’ex Premier ministre Gabriel Attal, a réagi aussi Aurore Bergé, une fidèle d’Emmanuel Macron, qui est aussi ministre de l’Egalité entre les hommes et les femmes.”Le macronisme est un projet politique dans lequel se sont reconnus et se reconnaissent encore de nombreux Français. Le manque de respect n’est pas la meilleure manière de bâtir un projet rassembleur pour le pays”, s’est insurgé également le ministre de l’Industrie Marc Ferracci, un proche du chef de l’Etat.

Renvoyée en procès pour corruption avec Carlos Ghosn, Rachida Dati charge violemment les magistrats

La ministre de la Culture Rachida Dati, une des principales figures du gouvernement, a violemment attaqué mardi soir les magistrats et notamment ceux qui ont prononcé ce même jour son renvoi en procès, aux côtés de l’ex-patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn, pour corruption et trafic d’influence.Alors que l’entourage d’Emmanuel Macron a indiqué après l’annonce de ce renvoi annoncé par une source judiciaire à l’AFP, que celle-ci “poursui(vai)t son travail au gouvernement”, l’ex-Garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, magistrate de formation, a dénoncé sur LCI une “procédure émaillée d’incidents” et vilipendé des magistrats qui “marchent” sur les droits de la défense et perpétueraient des “atteintes graves” contre ces derniers.Elle a notamment mis en cause le procureur de la République financier qui d’après elle l’aurait assuré de son désaccord avec les charges portées contre elle lorsqu’il l’a “reçue deux heures trente dans son bureau” : “J’ai vu droit dans les yeux M. (Jean-François) Bohnert qui m’a dit que son parquet dysfonctionnait”.Sollicités par l’AFP, ni M. Bohnert ni le Parquet national financier n’ont répondu dans l’immédiat.Mme Dati et M. Ghosn contestent les accusations dans ce dossier judiciaire instruit depuis 2019 à Paris et aux lourds enjeux politiques, Rachida Dati étant également une potentielle candidate à la mairie de Paris.Selon une source judiciaire, une première audience est prévue le 29 septembre pour fixer la date du procès, qui d’après deux sources proches du dossier pourrait se tenir après les municipales prévues en mars 2026.- “Jusqu’au bout” -Les entourages de deux potentiels rivaux dans la capitale, Michel Barnier et Gabriel Attal, n’ont pas souhaité commenter.Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a pour sa part apporté son soutien à Mme Dati, en souhaitant ardemment” qu’elle “soit maire de Paris” en 2026.Les Parisiens ne veulent “pas un prévenu” pour diriger Paris, a réagi l’entourage d’Emmanuel Grégoire, candidat socialiste. “Quel manque de respect pour les Parisiens” que la candidature de Mme Dati, a abondé le candidat écologiste David Belliard.En retour, Mme Dati a dénoncé une “instrumentalisation honteuse”.La ministre, âgée de 59 ans, sera jugée pour recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance, corruption et trafic d’influence passifs par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale, le Parlement européen.”Nous allons faire appel dès aujourd’hui de cette décision”, ont déclaré à l’AFP deux des avocats de Mme Dati, Me Olivier Baratelli et Olivier Pardo, dont l’un des nombreux recours sur la prescription des faits qu’ils alléguent a encore été écarté mi-juillet.”Des recours sont toujours pendants mais ne font pas obstacle” à cette ordonnance de renvoi, a souligné mardi la source judiciaire.- “Lobbying” ? -Mme Dati est soupçonnée d’avoir perçu 900.000 euros entre 2010 et 2012 pour des prestations de conseil actées dans une convention d’honoraires signée le 28 octobre 2009 avec RNBV, filiale de l’alliance Renault-Nissan, mais sans avoir réellement travaillé, alors qu’elle était avocate et députée européenne (2009-2019).Les magistrats instructeurs estiment dans leur ordonnance signée mardi dont l’AFP a eu connaissance que ce qu’a fait Rachida Dati au Parlement européen “s’apparente à du lobbying”, ce qui “paraît incompatible tant avec son mandat qu’avec la profession d’avocat”.La convention d’honoraires aurait pu servir à masquer cette activité, répondant à des “mécanismes de dissimulation”, soulignent les juges.D’abord placée sous le statut plus favorable de témoin assisté, Mme Dati a été mise en examen en juillet 2021.Mardi soir, elle a assuré de la réalité de son travail d’avocate et contesté tout lobbying au Parlement européen : “Président du plus grand groupe industriel automobile au monde, président des constructeurs européens, vous pensez que Carlos Ghosn avait besoin de moi ?”, a-t-elle interrogé.Accusée également début juin par le Nouvel Obs et Complément d’enquête, sur France 2, d’avoir perçu 299.000 euros de GDF Suez quand elle était eurodéputée, sans en déclarer la provenance au Parlement européen, elle a dénoncé des accusations “diffamatoires”.Carlos Ghosn, 71 ans, est lui visé depuis avril 2023 par un mandat d’arrêt et sera jugé pour abus de pouvoirs par dirigeant de société, abus de confiance, corruption et trafic d’influence actifs. Un autre mandat d’arrêt le vise depuis 2022 dans des investigations d’envergure à Nanterre en lien avec le distributeur omanais Suhail Bahwan Automobiles.Celui qui possède les nationalités libanaise, française et brésilienne a été arrêté fin 2018 au Japon où il devait être jugé pour des malversations financières présumées quand il était à la tête de Renault-Nissan. Il a trouvé refuge au Liban fin 2019 après une fuite rocambolesque du Japon.Contactés, ses avocats n’ont pas répondu.De leur côté, ni Renault, partie civile, ni son avocat Kami Haeri, n’ont souhaité commenter.Dans ce dossier, trois personnes avaient été placées sous le statut de témoin assisté et éviteront un procès: Mouna Sepehri, ancien bras droit de Carlos Ghosn; Christian Husson, directeur juridique de Renault au moment des faits, décédé en 2023, et le criminologue Alain Bauer. Un non-lieu a été ordonné concernant des contrats avec une société de conseil de ce dernier.clw-gd-jco-are-kf/swi

La France demande l’accès à Gaza pour la presse, “pour montrer ce qu’il s’y passe”

La France demande que “la presse libre et indépendante puisse accéder à Gaza pour montrer” ce qu’il se passe dans le territoire en danger de famine après 21 mois de guerre selon l’ONU et des ONG, a déclaré mardi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.”Nous avons l’espoir de pouvoir faire sortir quelques collaborateurs de journalistes dans les prochaines semaines”, a ajouté le ministre sur France Inter, interrogé sur le cas de plusieurs collaborateurs de l’AFP sur place qui se trouvent dans “une situation effroyable” selon la direction de l’agence.”Nous y consacrons beaucoup d’efforts et beaucoup d’énergie”, a dit le ministre, qui s’exprimait depuis l’est de l’Ukraine où il est en déplacement.”Depuis des mois, nous assistons, impuissants, à la détérioration dramatique de leurs conditions de vie. Leur situation est aujourd’hui intenable”, affirmait un communiqué de l’AFP lundi, tandis que la Société des journalistes (SDJ) alertait du risque de les “voir mourir”.Israël accuse le mouvement islamiste palestinien Hamas d’instrumentaliser la souffrance des populations de Gaza.”Au lieu d’accepter un cessez-le-feu, le Hamas mène une campagne de propagande mensongère sur Israël. Parallèlement, il agit délibérément pour accroître les tensions et nuire aux civils qui viennent recevoir l’aide humanitaire”, a écrit lundi le ministère des Affaires étrangères israélien sur X. “Le Hamas est le seul responsable de la poursuite de la guerre et des souffrances des deux camps”, selon lui.Vingt-cinq pays, dont le Royaume-Uni, la France, le Canada et le Japon, ont appelé à mettre fin “immédiatement” à la guerre dans la bande de Gaza assiégée par Israël, dans une déclaration commune publiée lundi.- Evanouissements -“Nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n’a le souvenir d’avoir vu un collaborateur mourir de faim”, a souligné la SDJ de l’AFP lundi.La faim, la soif, l’épuisement contraignent certains journalistes de l’AFP à Gaza à réduire leur couverture de la guerre.”J’ai dû interrompre mon travail plusieurs fois pour chercher de la nourriture pour ma famille”, raconte Bashar Taleb, 35 ans, basé dans le nord de Gaza. “Pour la première fois, je me sens complètement abattu”.Khadr Al-Zanoun, 45 ans, à Gaza-ville, affirme avoir perdu 30 kilos depuis le début de la guerre. Le journaliste évoque des évanouissements à cause du manque de nourriture et d’eau, ainsi qu’une “fatigue extrême” et la difficulté à travailler. “Ma famille est aussi à bout”.L’ONU et des ONG font régulièrement état d’un risque de famine dans le territoire palestinien assiégé par Israël après plus de 21 mois de conflit, déclenché par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.- “Pas des cibles” -“Parce que la liberté de la presse et le droit d’informer sont aussi des piliers de nos démocraties”, a déclaré la commissaire européenne chargée de la gestion des crises Hadja Lahbib, “Israël doit laisser la presse faire son travail et garantir son accès. Les journalistes et les civils ne peuvent pas, et ne doivent pas, être des cibles”.”Il est plus que temps que les médias internationaux se rendent à Gaza”, a commenté Juliette Touma, porte-parole de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), soulignant “l’excellent travail accompli par les journalistes palestiniens locaux, qui paient un lourd tribut”.”Plus de 200 d’entre eux ont été tués par l’armée israélienne depuis octobre 2023, dont au moins 46 dans l’exercice de leur fonction” dans la bande de Gaza, a affirmé mardi l’ONG Reporters sans frontières. M. Barrot a également condamné “avec la plus grande fermeté” la “déplorable” extension de l’offensive israélienne à Gaza lancée lundi, “qui va aggraver une situation déjà catastrophique”.”Il n’y a plus aucune justification aux opérations militaires de l’armée israélienne à Gaza. C’est une offensive qui va aggraver une situation déjà catastrophique qui va provoquer de nouveaux déplacements forcés de populations que nous condamnons avec la plus grande fermeté”, a-t-il dit.L’armée israélienne a étendu lundi son offensive dans un nouveau secteur de la bande de Gaza, à Deir al-Balah, dans le centre du territoire palestinien, et entend agir dans des zones où elle n’était jamais allée au cours des 21 mois de guerre contre le Hamas, sommant les habitants d’évacuer les lieux.

Le ministre français des Affaires étrangères visite Kharkiv, près du front ukrainien

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s’est rendu à Kharkiv mardi, deuxième ville d’Ukraine située près de la ligne de front dans le nord-est du pays, où la Russie avait lancé une offensive l’année dernière.En compagnie d’un petit groupe de journalistes, dont l’AFP, et de son homologue ukrainien Andriï Sybiga, M. Barrot a traversé le centre de la ville qui se trouve régulièrement sous le feu des forces russes, dont les positions sont situées à seulement quelques dizaines de kilomètres de là.”La guerre d’aggression de la Russie contre l’Ukraine ne se joue pas seulement sur la ligne de front. Elle vise délibérément les civils, les zones d’habitations, les entreprises pour miner le moral des Ukrainiens”, a déclaré le ministre français, depuis le toit d’un immeuble surplombant la ville et donnant la vue sur des immeubles résidentiels et de bureaux en ruines.Son homologue Andriï Sybiga l’a remercié pour sa visite, soulignant l’importance pour le peuple ukrainien de “comprendre qu’il n’est pas seul”.Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine, connue pour sa littérature, son industrie et sa vie étudiante, comptait 1,4 million d’habitants avant la guerre.”La guerre ne se livre pas seulement avec les canons et les chars mais aussi avec les armes de l’esprit,” a encore déclaré M. Barrot avant de se rendre au musée de la littérature.Il a ensuite visité une position militaire dans un lieu non divulgué, où il a été informé de la situation sur la ligne de front dans le nord-est et l’est du pays.Le ministre s’est également entretenu avec des militaires et a déjeuné à la cantine d’une caserne.

Nouvelle-Calédonie: “l’absence d’accord conduirait au chaos”, alerte Manuel Valls

Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a estimé lundi auprès de l’AFP que “l’absence d’accord” en Nouvelle-Calédonie “conduirait au chaos, puis de nouveau à la violence”, après les critiques formulées par l’Union calédonienne, l’une des principales composantes indépendantistes, à l’encontre de l’accord de Bougival.Quelques heures plus tôt, l’Union calédonienne (UC) avait critiqué ce texte de compromis signé à Bougival (Yvelines) le 12 juillet par plusieurs leaders loyalistes et indépendantistes, que chacun devait présenter à ses militants. “Les fondamentaux du combat du peuple kanak n’y apparaissent pas”, a déploré lundi l’Union calédonienne dans un communiqué.Pour ces indépendantistes, “le projet présente de très faibles perspectives de sortir du joug colonial” et “le transfert des compétences régaliennes présente des verrous infranchissables”.A l’inverse, M. Valls a affirmé lundi, depuis l’île polynésienne de Rurutu, que l’accord prévoyait la possibilité de transférer quatre compétences régaliennes: justice, sécurité, défense et monnaie. “J’ai lu ici ou là que certains disaient que c’était impossible, que le verrou rendait impossible ce transfert. Je ne le crois pas. Ce que nous avons fait tous ensemble, c’est d’éviter de nouveau les référendums couperets, qui jettent les Calédoniens les uns contre les autres”, a-t-il dit.Le ministre a rappelé que l’accord prévoyait la création d’un Etat, une formule inédite dans la République française, qui offrirait deux nationalités. Citant le leader kanak Jean-Marie Tjibaou, il a appelé à faire “le pari de l’intelligence, qui consiste à bâtir un sens, un destin commun”.Il a également dressé un tableau sombre de la conjoncture calédonienne: “L’économie est à terre, nous risquons à tout moment une explosion sociale” en dépit des trois milliards d’euros supplémentaires investis, selon lui, par l’Etat, en deux ans.Au printemps 2024, l’archipel surnommé “le Caillou” avait connu plusieurs semaines d’émeutes, qui ont causé la mort de 14 personnes et fait plus de deux milliards d’euros de dégâts.Dans le communiqué signé par son secrétaire général Dominique Fochi, l’UC a annoncé que son comité directeur se positionnerait le 26 juillet sur “les perspectives à donner pour la suite des discussions sur l’avenir politique du pays”.Manuel Valls a appelé à la responsabilité des partis et à la patience: “Il faut se laisser encore quelques jours, quelques semaines, pour que chacun prenne pleinement conscience des avancées de Bougival”. “Il est impossible que cet accord ne soit pas mis en œuvre, parce que nous sauterions vraiment dans l’inconnu”, a-t-il prévenu. “L’absence d’accord conduirait au chaos et de nouveau à la violence, et le futur de la Nouvelle-Calédonie serait particulièrement sombre”, a-t-il alerté.