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Mathieu Lefèvre, un spécialiste du budget “aile droite” chargé de la Transition écologique

Cadre macroniste sur les sujets budgétaires, proche de Gérald Darmanin, le député Mathieu Lefèvre a été nommé dimanche ministre délégué chargé de la Transition écologique, un portefeuille aux marges de manœuvre financières réduites malgré l’urgence climatique.A 38 ans, le natif de Créteil, élu député du Val-de-Marne en 2022, rentre une nouvelle fois au gouvernement, une semaine après sa nomination comme ministre éphémère en charge des Relations avec le Parlement, avec la délicate tâche de trouver des terrains d’entente à gauche.C’est désormais sur un autre terrain que le trentenaire, chantre de la politique de l’offre et de la fin des 35 heures, est envoyé, aux côtés de la ministre de la Transition écologique, de la biodiversité et des négociations internationales sur le climat et la nature Monique Barbut. L’ancienne locataire de l’hôtel de Roquelaure, Agnès Pannier-Runacher, a dû batailler contre les coupes budgétaires qui menaçaient son ministère, allant jusqu’à mettre sa démission dans la balance. Sur d’autres dossiers, comme la loi Duplomb sur l’agriculture, elle a assisté, non sans protestations, à plusieurs reculs préjudiciables à l’environnement.”La transition écologique est l’affaire de tous les Français dans leur quotidien. J’aurai à cœur de la rendre concrète et populaire sous l’autorité de Monique Barbut et aux côtés de Catherine Chabaud (ministre déléguée, chargée de la mer et de la pêche NDLR)”, a affirmé dimanche le ministre sur le réseau social X. En tant que député, Mathieu Lefèvre a voté contre la loi Duplomb et s’est montré favorable au maintien d’une forme de zones à faibles émission (ZFE) réservées aux véhicules les moins polluants, un dispositif que l’Assemblée nationale a abrogé. Membre de la commission des Finances depuis son élection, Mathieu Lefèvre y avait déjà fait ses classes de 2011 à 2017, en tant qu’assistant parlementaire de Gilles Carrez (LR), rapporteur général du budget, puis président de la commission des Finances.C’est Gérald Darmanin, alors chargé des Comptes publics, qui le fait venir à Bercy puis au ministère de l’Intérieur. Il fait toujours partie de ceux qui œuvrent en coulisses, sur le fond et la forme, à tracer un chemin pour le ministre de la Justice qui se verrait bien un jour à l’Elysée. Réélu après la dissolution, ce diplômé de la Sorbonne en sciences politiques et de l’Ecole supérieure de commerce de Paris (ESCP), a également officié en tant que co-rapporteur de la commission d’enquête sur les raisons du dérapage du déficit public, lancée par l’Insoumis Eric Coquerel.Avec un tropisme régalien, intervenant régulièrement sur les sujets de sécurité ou d’immigration, il se confronte très souvent dans l’hémicycle aux Insoumis et au Rassemblement national.Président du groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée, il a aussi connu plusieurs passes d’armes avec les Insoumis sur le 7-Octobre et la guerre à Gaza, ces derniers lui reprochant un positionnement trop pro-israélien. Lui rétorque qu’il critique le gouvernement Netanyahu et plaide pour la solution à deux Etats.

Monique Barbut, une ancienne présidente de WWF à la Transition écologique

Monique Barbut, nommée dimanche ministre de la Transition écologique pour succéder à Agnès Pannier-Runacher, a un solide parcours dans le service public et l’international qui l’a conduit jusqu’aux Nations unies et WWF. A 69 ans, Monique Barbut succède à Agnès Pannier-Runacher, une fidèle d’Emmanuel Macron de la première heure, de tous les gouvernements depuis 2018, qui a indiqué ne pas vouloir être reconduite dans le gouvernement Lecornu 2, au nom de “la rupture”. Elle hérite d’un poste qui a vu ses marges de manoeuvre réduites, entre reculs environnementaux, coupes budgétaires et attaques contre les énergies renouvelables ou les agences nationales environnementales, largement dénoncées par sa prédécesseure. Sa nomination au poste de ministre de la Transition écologique, de la biodiversité et des négociations internationales sur le climat et la nature intervient à moins d’un mois de l’ouverture de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP30 qui prend ses quartiers à Belem au Brésil du 10 au 21 novembre. Jusqu’alors, Monique Barbut avait effectué une partie de sa carrière dans des postes internationaux au service de la protection de l’environnement. Elle a notamment été présidente de l’ONG environnementale WWF entre 2021 et 2023, après avoir occupé le poste de secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies (ONU) sur la lutte contre la désertification, entre 2013 et 2019. En 2019, elle est nommée envoyée spéciale du président de la République Emmanuel Macron pour la biodiversité dans le cadre du One Planet Summit. Elle a également dirigé la division “technologie, industrie et économie” du Programme des Nations unies pour l’environnement entre 2003 et 2006. Entre 2006 et 2012, elle est présidente et directrice générale du Fonds pour l’environnement mondial.Auparavant, Monique Barbut a suivi un long parcours dans le service public, au sein de l’Agence Française de développement (AFD), où elle débute sa carrière en 1981, comme chargée de mission à La Réunion. Elle occupera plusieurs postes à responsabilités de directrice, notamment en lien avec les départements et territoires d’Outre-Mer, jusqu’en 2003.Née le 22 août 1956, Monique Barbut est titulaire d’une licence d’anglais et d’un diplôme d’études approfondies (DEA) de sciences économiques. 

Panifous (Liot), membre de l’opposition, aux Relations avec le Parlement

Laurent Panifous, socialiste suspendu par son parti, président du groupe indépendant Liot à l’Assemblée, a été nommé dimanche ministre des Relations avec le Parlement.Une nomination surprise, ne serait-ce que parce que son groupe parlementaire est à ce stade… dans l’opposition, et devra donc clarifier sa position vis-à-vis du gouvernement.Il succède au député macroniste Mathieu Lefèvre, nommé il y a une semaine seulement, et qui est désormais chargé de la Transition écologique.”Je ne le fais ni pour faire le beau, ni pour mon CV, je risque plutôt l’excommunication et la fin de ma carrière politique”, a déclaré M. Panifous aux députés de son groupe dans la soirée de dimanche, via un message sur leur boucle interne annonçant son entrée au gouvernement. Une annonce mal accueillie, au moins sur le coup, par certains d’entre eux.Il y avait bien eu quelques signes avant-coureurs: le député de la deuxième circonscription de l’Ariège avait étonnamment participé dans la semaine à une réunion à Matignon avec les quatre chefs de groupe du “socle commun”, allant de Renaissance à LR.”Je ne partage pas les idées de la macronie, pas plus aujourd’hui qu’hier”, a affirmé le futur ministre à ses troupes, invoquant le temps “venu de tout essayer pour éviter le chaos politique qui suivra si ce gouvernement échoue” dans sa quête de faire passer un budget pour 2026.Un avenir que le ministre délégué auprès de Sébastien Lecornu devra s’employer à conjurer à l’Assemblée. Et si le RN et LFI ont déjà prévu de déposer leurs motions de censure, les espoirs de survie passent par le Parti socialiste, dont M. Panifous est suspendu “depuis trois ans”.- “Nouvelle manière” -Député depuis 2022, il était entré à l’Assemblée nationale avec le soutien de la patronne socialiste de la région Occitanie Carole Delga, et, hostile à l’alliance de gauche Nupes, avait bénéficié d’un report de voix d’électeurs anti-Mélenchon.Mais la natif de Foix (Ariège) reste intéressé par l’avenir du parti et a même signé le texte d’orientation de Nicolas Mayer-Rossignol, opposant à Olivier Faure lors du dernier Congrès.L’exécutif a-t-il choisi quelqu’un qui aura des relais chez certains socialistes ?”Il serait inquiétant que la stratégie du gouvernement soit de chercher des +relais+ avec nous. Il leur suffit juste de lire le contre-budget” socialiste, évacue une source au groupe. Cet ex-directeur d’Ehpad, âgé de 48 ans, a été maire du village du Fossat et président de la communauté de communes Arize-Lèze.Inconnu du grand public et peu expansif à l’Assemblée nationale même s’il intervient régulièrement au nom de son groupe, notamment sur des sujets de santé, il pousse les portes du “MRP” en pleine période de crise politique. “On vit peut-être le début d’une nouvelle manière de faire de la politique (…) S’il n’y a pas de majorité absolue en 2027, ce qu’on fait aujourd’hui sera utile”, disait-il déjà fin septembre. Aujourd’hui, il assure être entré au gouvernement parce qu’Emmanuel Macron a accepté “de bouger sur le 49.3, sur la fiscalité des plus fortunés, sur la valorisation du travail, et depuis vendredi sur les retraites”.En 2023 il avait co-signé une proposition de loi avec la gauche pour “affirmer que l’âge légal de départ à la retraite ne peut être fixé au‑delà de 62 ans”, en réponse à la réforme Borne repoussant l’âge de départ à 64 ans.

La France en attente d’un budget après la nomination du gouvernement Lecornu 2

Le Premier ministre reconduit Sébastien Lecornu devrait présenter mardi une première copie de son budget pour 2026 pour ralentir la dérive des comptes publics, laissant le soin au Parlement de surmonter ses divisions pour trouver un compromis.Nommé dimanche soir “pour donner un budget à la France avant la fin de l’année”, selon ses mots, le gouvernement Lecornu 2 tiendra mardi à 10H00 son premier conseil des ministres. Un projet de budget pourra être présenté puis transmis à l’Assemblée nationale.Le temps presse car le Parlement doit disposer, selon la Constitution, d’au moins 70 jours pour boucler cet examen budgétaire avant le 31 décembre. Sans quoi, une loi spéciale peut reconduire les crédits de 2025 à l’identique et les dépenses de l’Etat seraient gelées. “Pas parfait”, ce budget a été “plutôt imaginé aussi pour que le débat ait lieu”, avait expliqué Sébastien Lecornu.Jusqu’au bout, des tractations ont été menées pour tenter de rallier une majorité parlementaire et éviter la perspective d’une censure ou de nouvelles élections législatives anticipées.  Après s’être cristallisé sur la taxe Zucman sur le patrimoine des ultra-riches, réclamée par la gauche mais refusée par Lecornu, le débat s’est déplacé sur un autre terrain miné, celui des retraites.- Trajectoire moins ambitieuse -Le Parti socialiste réclame la suspension de la réforme fixant à 64 ans l’âge légal de départ, un point sur lequel le gouvernement s’est dit prêt à débattre. Mais cette perspective, qui coûterait au moins 3 milliards d’euros en 2027, fracture le camp présidentiel et rebute la droite comme le patronat. “J’en ai vraiment assez de ce gâchis politique”, s’est impatienté vendredi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, appelant à des “compromis” et des “coalitions”.  Faute de temps, le projet de budget pourrait être identique à celui que Sébastien Lecornu a envoyé le 2 octobre au Haut conseil des finances publiques (HCFP).Ce dernier a déjà rendu un avis qui reste encore confidentiel, a indiqué son président Pierre Moscovici.Certaines mesures, inspirées de la copie de l’ex-Premier ministre François Bayrou qui prévoyait un effort de 44 milliards d’euros, ont déjà été dévoilées: diminution du train de vie de l’Etat, baisse d’un impôt de production réclamé par les entreprises, taxe visant les holdings familiales parfois utilisées pour contourner l’impôt, maintien d’une contribution supplémentaire des hauts revenus.Pour se donner de la marge en vue d’un compromis, Sébastien Lecornu a accepté de revoir à la baisse ses ambitions d’assainissement des finances publiques. La zone d’atterrissage du déficit public est désormais projetée “en dessous de 5%” du produit intérieur brut (PIB) plutôt qu’à 4,7%. Chaque dixième de point de pourcentage de déficit supplémentaire correspond à presque 3 milliards d’euros de dépenses supplémentaires. – Coût de l’incertitude -Cela complique la trajectoire du retour en 2029 à un déficit de maximum 3% autorisé par Bruxelles alors que la deuxième économie de la zone euro est déjà un cancre en la matière.Cinquante ans après son dernier budget excédentaire, elle affichait en 2024 le pire déficit: 5,8% du PIB, soit “un trou” de quasi 170 milliards d’euros entre les dépenses et les recettes. Le déficit atteindrait 5,4% en 2025. La dette est la plus importante derrière celles de la Grèce et de l’Italie (115,6% du PIB ou 3.416,3 milliards d’euros à fin juin).  Compliquant la donne, la croissance risque en outre d’être plus faible qu’anticipé en 2026, à 1% voire 0,9% au lieu de 1,2%, synonyme de moindres recettes fiscales.La Banque de France estime à “au moins 0,2 point de croissance” le coût de la crise politique. Elle “freine les décisions d’investissements, d’embauche et paralyse les agents économiques”, a souligné le patron du Medef Patrick Martin dans le JDD dimanche.  La France paie aussi le prix de l’instabilité sur les marchés où elle emprunte plus cher depuis la dissolution de juin 2024, alourdissant le coût de la dette. La charge d’intérêt, en passe de devenir le premier poste de dépenses de l’Etat, pourrait dépasser 70 milliards en 2026.

Vincent Jeanbrun, l’ascension express d’un député LR francilien

Le député LR du Val-de-Marne Vincent Jeanbrun, 41 ans, a été nommé dimanche ministre de la Ville et du Logement en remplacement du ministre démissionnaire Eric Woerth, un peu plus d’un an après son élection à l’Assemblée nationale.Il a aussitôt été exclu de LR, comme cinq autres ministres, alors que le parti dirigé par Bruno Retailleau a décidé samedi à une large majorité de ne pas entrer au gouvernement de Sébastien Lecornu.Porte-parole du groupe LR à l’Assemblée, M. Jeanbrun avait accueilli samedi sur sa circonscription le Premier ministre au lendemain de sa “re-nomination”. Il avait salué vendredi cette dernière en estimant qu’ainsi le président de la République “donn(ait) une chance à la stabilité”.M. Jeanbrun avait émergé médiatiquement durant les émeutes de l’été 2023, consécutives à la mort du jeune Nahel, tué par un tir de policier.Alors qu’il était maire de L’Haÿ-les-Roses, son domicile avait été attaqué à la voiture-bélier. Sa femme, présente, avait été blessée en prenant la fuite avec leurs deux jeunes enfants. Par la suite, il s’est souvent exprimé au nom des maires, notamment pour critiquer les réponses gouvernementales après les émeutes.Membre de l’UMP depuis 2004, il avait fait passer à droite la commune en 2014, une première sous la Ve République. M. Jeanbrun était alors le plus jeune maire d’une ville de plus de 30.000 habitants.En 2024, il a battu assez largement aux législatives avec 55% des voix l’Insoumise Rachel Keke, qui avait été élue dès le premier tour en 2022.Comme député, M. Jeanbrun a notamment été rapporteur d’une proposition de loi visant à prioriser les travailleurs dans l’attribution de logements sociaux, qui n’est pas arrivée en séance.Il a aussi fait parler de lui cette semaine, en devenant le président de la commission d’enquête lancée par LR à l’Assemblée, sur des liens supposés entre politiques et islamistes, visant implicitement LFI.La France insoumise a accueilli fraîchement sa nomination, le député Thomas Portes rappelant sur les réseaux sociaux l’ouverture d’une enquête le concernant pour prise illégale d’intérêts, en septembre 2024.L’élu est soupçonné d’avoir attribué des logements appartenant à un syndicat intercommunal à deux de ses collaborateurs. “On montrera sans aucune difficulté et la légalité et la bonne foi qui est la nôtre”, avait-il assuré l’année dernière.

La centriste Françoise Gatel nommée ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation

L’ancienne ministre déléguée à la Ruralité Françoise Gatel, 72 ans, vice-présidente du parti centriste UDI et “élue locale avant tout”, prend les rênes du ministère de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation. Ancienne sénatrice d’Ille-et-Vilaine, elle a été ministre déléguée à la Ruralité, au Commerce et à l’Artisanat dans le gouvernement de Michel Barnier, entre septembre et décembre 2024. A l’ère du Premier ministre François Bayrou, entre décembre 2024 et septembre 2025, elle est restée ministre déléguée, chargée de la Ruralité.Coupe en brosse, lunettes aux couleurs changeantes et garde-robe au style affirmé, la Bretonne a effectué toute sa carrière à la Chambre de commerce et d’industrie de Rennes.Maire de Châteaugiron (Ile-et-Vilaine) de 2001 à 2017, cette ancienne vice-présidente de l’Association des maires de France a fait de la défense de l’action municipale son principal combat au Sénat où elle a été élue en 2014, puis en 2020.A la tête de la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et à la décentralisation depuis 2020, Françoise Gatel a travaillé sur la revalorisation du statut de l’élu, plaidant notamment pour une meilleure rémunération dans la lignée de la loi Engagement et proximité de 2019 dont elle fut co-rapportrice.Elle a également planché, avec d’autres sénateurs, sur la réponse aux violences faites aux élus, sur l’application du “zéro artificialisation nette” des sols ainsi que sur des propositions visant à faciliter l’action des maires dans le cadre d’un groupe de travail sur la décentralisation.Interrogée en 2020 par l’AFP, la ministre se définissait comme “une élue locale avant tout”.”Je suis le porte-parole des élus locaux pour que les +faiseurs+ que sont les maires puissent avoir les moyens d’agir et ne soient pas bloqués par des règles inapplicables”, soulignait-elle, jugeant que “le sénateur sert très souvent à apporter du bon sens et de l’efficacité à la loi”.Au Sénat, Françoise Gatel dit “essayer de composer” au-delà des clivages politiques, dans un but d'”efficacité”, tout en se réclamant des “valeurs humanistes” de l’UDI.”Femme de la territoriale” et technicienne de référence, elle a été l’auteure d’une loi sur les communes nouvelles en 2019 et d’une loi sur l’encadrement et le contrôle des établissements privés hors contrat.Redevenue conseillère municipale en 2017 en raison de la loi sur le non-cumul des mandats, elle est également conseillère à la communauté de communes du Pays de Châteaugiron. Françoise Gatel préside aussi l’association Petites cités de caractère France.

L’ex-patron de Système U, Serge Papin, nommé ministre des PME

L’ancien patron de Système U, Serge Papin, a été nommé dimanche ministre des PME par Sébastien Lecornu, désireux de faire entrer des figures de la société civile dans son second gouvernement.”Je voudrais incarner le quotidien des Français”, a réagi auprès de l’AFP le Vendéen de 70 ans, qui avait dirigé de 2005 à 2018 le groupe de supermarchés connu pour ses enseignes Super U ou Hyper U, devenu depuis Coopérative U.”J’apprécie beaucoup que la société civile puisse rejoindre le gouvernement pour essayer de favoriser la réconciliation plutôt que les clivages”, a-t-il ajouté.Outre les petites et moyennes entreprises, il aura la charge du commerce, de l’artisanat, du tourisme et du pouvoir d’achat.Actif dans le conseil aux entreprises, Serge Papin avait rendu en 2020 un rapport sur les relations toujours tendues entre la grande distribution et ses fournisseurs agro-industriels.Ses travaux ont inspiré la loi dite Egalim 2, adoptée lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, qui visait à protéger la rémunération des agriculteurs dans ces discussions.Plus récemment, il avait été nommé au conseil d’administration d’Auchan Retail International, qui chapeaute l’activité distribution du groupe dans le monde, fin 2022, poste qu’il a quitté en janvier. Il avait un temps été pressenti pour prendre la présidence du conseil d’administration d’Auchan France, qui lui échappera finalement.Il est également membre du conseil de surveillance de la chaîne de supermarchés anti-gaspillage Nous anti-gaspi. Titulaire d’un BEP Commerce, il rejoint la grande distribution comme manutentionnaire au début des années 1970.A la tête de Système U (Super U), il est régulièrement invité sur les plateaux de télévision pour évoquer les sujets de grande distribution, comme l’a été ensuite son successeur Dominique Schelcher.Il succède à Véronique Louwagie, issu des rangs LR, dont le bureau politique a décidé de ne pas participer à l’exécutif.

Jean-Pierre Farandou, un cheminot au Travail

Jean-Pierre Farandou, reconnu pour son ouverture au dialogue pendant les six ans qu’il a passés à la tête de la SNCF, notamment sur le sujet de la  retraite des cheminots, devient ministre du Travail et des Solidarités.Nommé dimanche, celui qui est toujours officiellement président de la SNCF prend place dans le second gouvernement de Sébastien Lecornu, finalement reconduit à Matignon après plusieurs jours de tractation avec les oppositions politiques. En jeu notamment, la suspension de la réforme des retraites de 2023 demandée par la gauche.- “Infatigable du dialogue social” -Cette hypothèse a provoqué l’ire d’une partie de la droite, mais pourrait devenir une des concessions du gouvernement Lecornu 2 au Parlement pour éviter la censure.Des compromis sur les retraites, Jean-Pierre Farandou en a déjà fait l’expérience.Pour éviter, avec succès, qu’un mouvement social parmi les cheminots perturbent la bonne tenue des Jeux de Paris, Jean-Pierre Farandou signe en 2024 un accord sur la fin de carrière, provoquant alors une polémique à droite et au sein d’une partie du gouvernement Attal.Certains dénonçaient “un contournement de la réforme des retraites”, ce que contestait fermement Jean-Pierre Farandou.Tout juste un mois après sa nomination en novembre 2019 comme président de la SNCF, il connaissait déjà un premier mouvement social parmi les plus longs de l’histoire du groupe ferroviaire public contre le premier projet de réforme des retraites d’Emmanuel Macron, finalement abandonné pendant la crise du Covid-19.En 2023, les cheminots se mettent de nouveau massivement en grève contre une réforme qui recule l’âge de départ à 64 ans et qui sera, elle, finalement adoptée par le Parlement la même année.”Je suis un infatigable du dialogue social”, a souvent répété cet ingénieur des Mines, fils d’une institutrice et plutôt identifié à gauche. “Farandou c’est un cheminot, donc on a un langage commun”, lui reconnaissait fin 2024 le délégué Sud-Rail Fabien Villedieu, qui s’est pourtant souvent opposé à son patron, qui a rejoint la SNCF au début des années 1980.”On peut lui reconnaître une capacité à écouter”, confirmait Thierry Nier, de la CGT-Cheminots. “Mais ça ne fait pas l’alpha et l’oméga. Il nous a écouté sur le fret et on a quand même eu la liquidation de Fret SNCF” (en raison d’une procédure pour aides illégales intentée par la Commission européenne), relevait-il.- Plan d’économies -A son arrivée à la présidence de la SNCF Jean-Pierre Farandou se voit confier une mission: mettre en oeuvre la réforme ferroviaire de 2018 et transformer l’établissement public SNCF en société anonyme à capitaux publics, pour la préparer à entrer dans le monde de la concurrence.Le défi est de taille face à un corps cheminot récalcitrant, privé de son statut et des avantages qui vont avec à partir de janvier 2020, pour les nouveaux entrants. Il doit mener un plan d’économies pour améliorer la compétitivité de la SNCF, si possible sans s’endetter.Affable, il se distingue de son prédécesseur Guillaume Pepy, plus ostentatoire, par une forme de frugalité affichée.A peine quelques mois après son arrivée, le groupe ferroviaire est confronté à l’une des pires crises de son histoire.La pandémie de Covid-19 paralyse la quasi totalité des trains et seuls quelques TGV roulent encore, outre des trains sanitaires affrétés pour transporter les malades en dehors des régions submergées par l’épidémie.La SNCF navigue au gré des vagues d’épidémie successives, des confinements et des couvre-feu, mais parvient a sortir la tête de l’eau à partir de 2021. En 2022, elle affiche même un bénéfice record: 2,4 milliards d’euros.Le mandat de Jean-Pierre Farandou devait officiellement s’achever mi-2024. Il a d’abord été reconduit jusqu’aux termes des Jeux de Paris, puis jusqu’à la nomination de son successeur, maintes fois reportée depuis la dissolution de l’Assemblée nationale.Sa nomination comme ministre du Travail dimanche pourrait enfin mettre fin à son intérim et laisser le champ libre à l’ex-Premier ministre et actuel PDG de la RATP Jean Castex, désigné par l’Elysée pour lui succéder.

Catherine Vautrin aux Armées après l’imbroglio Le Maire

Bruno Le Maire ayant renoncé face à la polémique, le portefeuille des Armées revient à Catherine Vautrin, qui troque son super-ministère de la Santé, du Travail et des Solidarités pour ce poste régalien où elle devra piloter le réarmement français face au regain de tensions géopolitiques.Rompue aux arcanes du pouvoir, cette ex-chiraquienne de 65 ans va ainsi succéder à Sébastien Lecornu, reconduit vendredi à Matignon au terme d’une semaine de crise politique. Cette ex-LR, devenue membre et fidèle soldat de Renaissance, un temps pressentie pour Matignon au début du second quinquennat, a incarné avec d’autres le virage à droite d’Emmanuel Macron, conservée dans les gouvernements successifs (Attal, Barnier, Bayrou) depuis janvier 2024, principalement à la tête de son super-ministère social mais avec aussi un passage aux Territoires. Aux Armées et aux Anciens combattants, sous réserve de l’adoption du projet de budget 2026, elle devra s’atteler à l’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) pour accélérer le réarmement du pays face à la détérioration de la sécurité en Europe sous la menace russe.Le président Emmanuel Macron avait annoncé en juillet vouloir renforcer l’effort budgétaire pour la défense, en ajoutant des dépenses de 3,5 milliards d’euros en 2026 puis à nouveau 3 milliards de plus en 2027.- Habileté -Avec son homologue allemand Boris Pistorius, elle devra aussi d’ici la fin de l’année trouver un chemin pour tenter d’engager la prochaine étape du projet Scaf de futur avion de combat européen, actuellement bloqué par les intérêts divergents des industriels des deux pays.A la tête des ministères sociaux, Catherine Vautrin a déjà montré qu’elle n’avait pas peur de monter au front. Convaincue de la nécessité de couper dans les dépenses publiques, elle a endossé diverses mesures impopulaires, entre économies sur l’hôpital, relèvement du reste à charge des patients sur les consultations médicales, ou proposition de réforme de l’assurance chômage, dénoncée comme violente par les syndicats, qui ont finalement repris la main.En première ligne sur l’épineux projet de loi “fin de vie”, elle a montré son habileté lors du premier passage à l’Assemblée, qui a débouché sur l’adoption de deux textes, l’un sur la création d’une aide à mourir et l’autre sur les soins palliatifs.”Au moment du mariage pour tous, nous avions eu des débats assez rudes, moi l’homme de gauche et elle la femme de droite, mais on s’est retrouvés autour du texte sur la fin de vie et on a bien travaillé ensemble, en confiance et en clarté. (…) Elle est rigoureuse et va au bout de ce qu’elle dit”, juge Olivier Falorni (MoDem), l’un des principaux artisans du texte à l’Assemblée.Dans le champ de la Santé – dont était également chargé Yannick Neuder – elle a gagné le “respect” de ses interlocuteurs. – Ministre de Chirac -Chez les médecins ou pharmaciens, divers représentants syndicaux saluent son “sérieux” et sa “connaissance fine des dossiers”, malgré les “divergences de points de vue”. “Parmi les nombreux ministres qu’on a eus, elle se détache du lot”, souffle l’un d’eux.”C’est une femme fiable, solide”, qui “ne fait pas de vagues” et “sait manager un département ministériel”, commente un député spécialiste des questions sociales.Catherine Vautrin a rallié la macronie en 2022. Après la réélection d’Emmanuel Macron, elle avait salué “une excellente nouvelle pour la France et l’Europe”. Le président lui avait même promis Matignon, avant de lui préférer Elisabeth Borne, sous la pression de macronistes qui dénonçaient sa participation à la mobilisation contre le mariage pour tous. Dans le passé, elle a occupé plusieurs postes gouvernementaux sous la présidence de Jacques Chirac: secrétaire d’État à l’Intégration (2004), aux Personnes âgées (2004-2005), puis ministre déléguée à la Cohésion sociale (2005-2007).Elle fut députée de la Marne à plusieurs reprises entre 2002 et 2017, avant d’être battue par une élue du parti présidentiel. Depuis 2014, elle est présidente du Grand Reims.Elle a aussi eu affaire avec la justice. Elle était trésorière de l’UMP (devenu LR), lorsqu’a éclaté l’affaire Bygmalion sur les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. Elle a toutefois été blanchie en 2015 par un non-lieu.Titulaire d’une maîtrise de droit des affaires, elle a notamment travaillé comme directrice marketing dans le groupe d’assurance santé américain Cigna.burs-eva-ic-dab-alu/alv

Hervé Marseille (UDI) estime possible une censure de Lecornu dès “cette semaine”

Le président de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), Hervé Marseille, a estimé dimanche qu’une censure du deuxième gouvernement de Sébastien Lecornu pouvait intervenir “cette semaine”, après sa déclaration de politique générale. Avant même qu’il ne soit nommé, le gouvernement est menacé, a estimé le président du groupe Union centriste (59 sénateurs) au Sénat sur Radio J, “peut-être même cette semaine, après la déclaration de politique générale”. Selon lui en effet, le Premier ministre est “le partenaire obligé du parti socialiste” qui réclame notamment la suspension de la réforme des retraites de 2023 pour ne pas voter la censure. “Personne n’a la majorité et donc, si vous ne voulez pas travailler – ce qui a été décidé il y a longtemps – avec le Rassemblement national, vous êtes bien obligé de trouver des compromis avec les socialistes”, a-t-il expliqué, tout en précisant que, pour son groupe, “la réponse est non”.  “On ne revient pas sur la réforme des retraites”, a-t-il insisté, même si “on peut discuter”, “trouver des compromis” à partir des réflexions issues du “conclave” entre partenaires sociaux qui s’est tenu au premier semestre. “Le PS, il faut qu’il lise la Constitution, ce sont les parlementaires qui votent le budget”, s’est-il emporté, “ce n’est pas comme ça, dans un bureau, que ça soit à l’Élysée ou ailleurs, entre nous, autour d’une tasse de café!”. Le PS “ne peut pas dicter le budget”, a-t-il complété tout en reconnaissant que “ça va finir mal”.