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Les députés planchent sur le projet du gouvernement pour “refonder” Mayotte

“Une ambition sans précédent” ou un énième plan pour le département le plus pauvre de France ? Les députés ont commencé lundi à discuter du projet de loi visant à “refonder” Mayotte, avec pour objectif de réduire ses profondes inégalités avec le reste du territoire.Six mois après le passage dévastateur du cyclone Chido et une loi de reconstruction adoptée en février, l’Assemblée s’empare d’un nouveau texte pour Mayotte. “Depuis des années, pour ne pas dire des décennies, les Mahorais attendent ce texte qui doit répondre à leurs aspirations à l’égalité réelle et au parachèvement de la départementalisation. Nous y sommes”, s’est exclamé le ministre des Outre-mer Manuel Valls, devant les députés. “A l’heure des ingérences étrangères et de la volonté de déstabiliser la France, il est plus que jamais nécessaire d’agir et de concrétiser la promesse républicaine à Mayotte”, a insisté le ministre, défendant un texte “d’une ambition politique sans précédent”, devant un hémicycle quasi vide.Colonisée en 1841, Mayotte choisit de rester dans la République française après la proclamation d’indépendance des Comores dans les années 1970. C’est à la suite d’un référendum organisé en 2009 que l’archipel de l’Océan indien devient le 101e département français.Mais des années et plusieurs plans gouvernementaux plus tard, les inégalités avec l’Hexagone restent abyssales: 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté national et environ un tiers de l’habitat est “informel”, souvent des bidonvilles insalubres. Le cyclone n’a fait qu’exacerber ses fragilités.”Si cette loi Mayotte n’est pas parfaite” et “manque à de nombreux égards de répondre aux attentes légitimes”, elle marque, cependant, “une étape historique”, salue la députée de Mayotte et corapporteure du texte, Estelle Youssouffa (groupe Liot). Car Mayotte “n’a jamais bénéficié des investissements structurels” comme le reste du pays, a rappelé l’élue.Le texte prévoit de débloquer “près de quatre milliards d’euros” sur six ans. “Un engagement financier sans précédent”, fait valoir le ministre au moment où le pays doit trouver 40 milliards d’euros d’économies. Mais pour la seconde députée de Mayotte, Anchya Bamana (RN), “comment faire confiance à des promesses budgétaires floues quand tant d’engagements précédents n’ont jamais été honorés ?”Adopté fin mai au Sénat, le texte liste deux priorités: la lutte contre l’immigration clandestine et l’habitat illégal, “sans quoi, nous risquons de reconstruire Mayotte sur du sable” selon M. Valls, qui défend des mesures pour faciliter la destruction des bidonvilles ou durcir les conditions d’accès au séjour sur l’archipel, où la moitié de la population est étrangère.  Tour à tour, les députés de gauche ont dénoncé “l’obsession de l’immigration”. “Pendant ce temps, la justice sociale, l’égalité réelle, la question du développement, de l’accès à l’eau, à l’école, à la santé, tout cela est relégué au second plan”, a dénoncé Emeline K/Bidi (GDR). – “Signal fort” -Le texte contient cependant un volet économique et social avec une mesure particulièrement attendue sur l’archipel: la convergence sociale – c’est-à-dire une harmonisation du niveau de prestations sociales entre Mayotte et la métropole.Elle est prévue à échéance 2031, mais un premier objectif a été cranté en commission: atteindre 87,5% du Smic dès le 1er janvier 2026.La convergence était déjà promise, il y a dix ans de cela, pour 2025… ont souligné certains députés à la tribune. “C’est la première fois qu’un gouvernement” l’inscrit dans la loi, a voulu rassurer M. Valls. Autre disposition réclamée sur l’archipel, la fin du visa territorialisé, qui empêche les détenteurs d’un titre de séjour mahorais de venir dans l’Hexagone. La mesure est vue comme un manque de solidarité de la métropole refusant de prendre sa part du problème migratoire.Son abrogation a été approuvée en commission, mais à compter de 2030, le temps que les dispositifs de lutte contre l’immigration fassent effet et éviter ainsi un appel d’air. C’est “un signal fort” réclamé depuis des années, a salué Mme Youssouffa, plaidant toutefois pour sa suppression dès 2026.En milieu de soirée, les députés ont commencé à examiner dans le détail le projet de loi, avec des débats tendus dès le premier article. Adopté juste avant minuit, il durcit les conditions d’accès au séjour pour motif familiaux. Il porte notamment de trois à cinq ans la durée de résidence régulière exigée pour la délivrance de la carte de résident “parent d’enfants français”. Pour les députés de gauche, la mesure risque “d’aggraver” le problème des mineurs isolés et le nombre de personnes “sans statut” aggravant la précarité sociale et le non-recours aux droits. Les discussions reprendront mercredi en fin de journée et devraient s’étendre tout au long de la semaine.  

Pas de miracle et un “échec” pour le conclave des retraites

Après quatre mois de concertations, le conclave des retraites s’est finalement soldé par un “échec”, ont annoncé lundi soir les partenaires sociaux: c’est aussi un revers pour la méthode de dialogue social promue par François Bayrou.Le Premier ministre prendra la parole mardi matin à 07H00 à l’Hôtel de Matignon, ont annoncé ses services. Syndicats et patronat se sont renvoyés la responsabilité de l’impasse. “Le constat est fait que le patronat ne bougera pas sur la réparation de la pénibilité (c’est-à-dire ouvrir sur des départs anticipés, ndlr) c’est un échec de la négociation”, a déclaré Yvan Ricordeau, représentant de la CFDT. “La discussion s’arrête”, a-t-il ponctué.”Cette négociation était jouable, si l’accord ne se fait pas, c’est à cause des organisations patronales”, a regretté Pascale Coton, négociatrice de la CFTC. “C’était la première fois que nous avions du +plus+ pour les femmes (propositions de pensions réévaluées pour les mères, ndlr), c’est quelque chose qui me met très en colère”, a-t-elle confié.”Nous regrettons cet échec, c’est dommage pour la démocratie sociale”, a commenté Diane Milleron-Deperrois, représentante du Medef. “Au Medef, on a gardé une ligne très claire, en étant constant dans une ligne responsable: on n’était pas en mesure d’augmenter les cotisations salariales et patronales”, a-t-elle insisté.L’après-midi avait commencé par un coup médiatique: Patrick Martin, président du Medef, et Amir Reza-Tofighi, président de la CPME (patronat des petites et moyennes entreprises), convoquant la presse une demi-heure avant la reprise du conclave à 15H00.Sur le trottoir, devant le bâtiment abritant ces discussions, ils se sont dits confiants dans un accord possible grâce à une “proposition commune” sur “les différents éléments qui sont attendus par les syndicats de salariés”, notamment sur les carrières des femmes ou la pénibilité.Dans ses nouvelles propositions, le patronat a notamment semblé ouvrir une petite porte vers un départ anticipé à la retraite en cas d’usure mais seulement sur avis médical. Insuffisant pour les syndicats, qui veulent une automaticité sur la question et fustigent autant le fond que la forme.”On demande que la négociation se fasse sur le texte paritaire”, déjà sur la table et non sur les nouvelles propositions du Medef, avait alors insisté Yvan Ricordeau. – “Guet-apens ?” -Ce dernier avait d’ailleurs interpellé, sur le pavé, le dirigeant du Medef, devant les caméras, après le mini point-presse patronal:  – “Monsieur Martin ? Est-ce que la négociation s’opère sur le texte qu’on a discuté depuis quatre mois ? – On ne va pas tenir la négociation ici, répond le patron du Medef.- Pourquoi la partie patronale l’a tentée sur le trottoir, alors ? relance le syndicaliste.- C’est quoi ce guet-apens qu’on essaie de me tendre là ? a souri pour couper court le dirigeant du Medef.- Ça commence bien, ça commence dans la rue”, a conclu le représentant de la CFDT.A l’issue de ce ballet entre patronat et syndicats, Christelle Thieffinne, négociatrice de la CFE-CGC, avait accusé le patronat de “torpiller” la négociation.Ce processus a déjà laissé des partenaires sociaux sur le bord de la route: FO a tourné les talons dès la première séance et la CGT et l’U2P (patronat pour les artisans) ont jeté l’éponge mi-mars.La précédente réunion, le 17 juin, s’était achevée sur une prolongation arrachée sur le fil pour éviter l’échec. Une de plus dans une discussion entamée le 27 février et qui devait s’arrêter à l’origine le 28 mai.- Censure ? -Le principal point d’achoppement tournait autour de la finalité d’une reconnaissance de l’usure professionnelle: les syndicats y voient une ouverture aux départs anticipés à la retraite, le patronat privilégie d’autres pistes, telles la prévention ou la reconversion.Pour le reste, il était acquis que l’âge du départ à la retraite ne bougerait pas: sans surprise le Medef s’est montré inflexible sur son maintien à 64 ans. A l’issue de la réunion de la dernière chance, cette mesure phare, et impopulaire, de la réforme Borne de 2023 sera donc toujours en vigueur pour les salariés nés à partir du 1er janvier 1968.La fin du conclave est aussi un moment de vérité pour François Bayrou, qui a lancé ce nouveau format de discussions après un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement. Et le Premier ministre s’était engagé à en présenter les conclusions devant le Parlement. “La méthode Bayrou est un échec monumental”, a tancé le groupe LFI-NFP dans un communiqué, appelant “tous les groupes de gauche à déposer ensemble une motion de censure”.”Le PS doit assumer cet échec et ses dégâts. Il doit montrer l’exemple pour voter au complet la censure”, a averti le chef de file LFI Jean-Luc Mélenchon sur X.  

Municipales à Paris: l’écologiste Belliard lance sa campagne avec l’espoir d’unir toute la gauche

Le candidat écologiste à la mairie de Paris David Belliard a officiellement lancé sa campagne lundi, avec la volonté d’unir l’ensemble des forces de gauche, LFI comprise, dès le premier tour des élections de 2026, face à la droite “brutale” de Rachida Dati.”Nous ferons de Paris une ville du partage”, a plaidé David Belliard, adjoint à la maire de Paris Anne Hidalgo en charge des transports, devant quelque 400 militants réunis à La Bellevilloise dans le nord-est de la capitale, au côté de la cheffe des écologistes Marine Tondelier.Le chef de file des écologistes, investi en mars par son parti, a dévoilé son programme pour une “écologie populaire et du quotidien”, en promettant notamment de “rendre 100 hectares supplémentaires à la marche à pied”, avec une place de la République “entièrement piétonne”.David Belliard, 47 ans, déjà chef de file des écologistes en 2020, s’est engagé à “travailler à construire des ponts entre les forces progressistes”, pour contrer la menace de la droite “brutale et trumpiste de Rachida Dati”. “C’est le rôle et la mission du maire de Paris. En 2001, la gauche et les écologistes, avec Bertrand Delanoë, avaient réussi à inventer quelque chose ensemble”, a relevé l’élu parisien, martelant son souhait de rassembler l’ensemble des forces de gauche dès le premier tour, dont les Insoumis avec lesquels il a déjà entamé des discussions – les députés Sophia Chikirou et Rodrigo Arenas.”On ne peut pas se payer le luxe de la division. A Paris la menace de bascule à droite avec Rachida Dati est réelle”, a appuyé Marine Tondelier, qui prend comme “boussole” la formation du Nouveau Front Populaire (NFP) aux dernières législatives.Les trois candidats à la primaire socialiste prévue la semaine prochaine, Emmanuel Grégoire, Rémi Féraud et Marion Waller, refusent toute alliance avec LFI, tout comme le chef de file parisien du parti de Raphaël Glucksmann Place Publique, Saïd Benmoufok.David Belliard se sent conforté par un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune du dimanche selon lequel Rachida Dati arriverait nettement en tête au 1er tour, face à une gauche à un haut niveau (environ 50%) mais dispersée. Et au sein de laquelle l’écologiste serait le candidat le mieux placé avec 17% des intentions de vote, devançant de peu ses concurrents socialistes.”Ce sondage pose la question de l’union”, a commenté Ian Brossat, chef de file des communistes à Paris, présent au meeting. Le sénateur plaide pour une “primaire ouverte si la gauche n’arrive pas à se mettre d’accord sur un leadership”.En 2020, David Belliard avait rassemblé 10,8% des voix au premier tour, avant de rallier Anne Hidalgo au second.

Villepin lance son propre parti, baptisé La France humaniste

A moins de deux ans de l’élection présidentielle, l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin a annoncé lundi créer son propre parti, appelé La France humaniste, dont il sera le président d’honneur.”J’ai décidé de créer un mouvement d’idées, de citoyens, à travers la création d’un parti politique”, a-t-il déclaré dans une interview au Parisien, précisant qu’il s’agissait d’un “mouvement ouvert à tous” ayant déjà “plusieurs dizaines d’implantations locales”.”Nous avons besoin de rassembler tous les Français pour défendre la justice sociale et l’ordre républicain”, a-t-il ajouté.Dénonçant une “logique de surenchère permanente” de la part des politiques, Dominique de Villepin, 71 ans, a affirmé revenir sur le devant de la scène pour que les Français ne soient pas “prisonniers d’un clivage entre la radicalité de LFI et celle du RN”.”Je ne suis pas pour la surenchère, ni sécuritaire ni budgétaire, mais pour une politique d’équilibre et de mesure”, a-t-il martelé.Lui qui a également été ministre de l’Intérieur (2004-2005) a au passage égratigné l’actuel occupant du poste, également pressenti comme candidat sérieux en 2027.”Prenez la crise avec l’Algérie: Bruno Retailleau devrait s’atteler à la responsabilité qui est la sienne, qui est la sécurité des Français et de renvoyer les OQTF qui présentent un danger”, a-t-il taclé. “Pour cela, nous avons besoin de plus de professionnalisme et de moins de surenchère sur les plateaux télé.”Assurant qu’obtenir les 500 signatures nécessaires pour être candidat à la présidentielle “ne sera(it) pas un obstacle” au vu de “tous les soutiens et les encouragements” déjà reçus, il a assuré être “pour restaurer la fonction présidentielle, pour un chef de l’État arbitre, garant des institutions et inspirateur de la nation”.”Depuis mon départ de Matignon en 2007, j’ai eu 18 ans pour réfléchir, tirer les leçons, oublier tout orgueil et ambition personnelle”, a-t-il ajouté. Le nouveau parti, auquel adhérer sera gratuit, sera dirigé par le maire UDI de Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), Benoît Jimenez, a précisé M. Villepin. “Nous allons mettre à profit l’été pour nous structurer”, a-t-il ajouté.

Macron veut renforcer les liens de défense avec la Norvège

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre ont affiché lundi leur volonté de renforcer les liens entre les deux pays en matière de défense, face à la menace russe comme aux enjeux de sécurité dans le Grand Nord.La France et la Norvège sont “engagées main dans la main, en particulier pour réagir à la guerre d’agression russe en Ukraine”, a relevé le chef de l’Etat lors de la signature, à Oslo, d’un partenariat stratégique avec la Norvège.Il s’agissait de la première visite officielle d’un président français dans ce pays membre de l’Otan mais pas de l’Union européenne depuis 41 ans.Le partenariat stratégique porte sur la coopération au sein de l’Otan, le renforcement de l’interopérabilité entre les deux armées, les opérations conjointes dans le Grand Nord et le soutien à des projets industriels de défense.Il vise aussi à renforcer les coopérations en matière de nouvelles technologies et de transition énergétique et écologique. Les deux pays ont d’ailleurs aussi signé un accord sur la captage et le stockage de dioxyde de carbone.Emmanuel Macron a vanté au passage les mérites des frégates françaises, alors que la Norvège a lancé un appel d’offres pour cinq bâtiments de ce type.- “Un bon vendeur” -“Ce sont des frégates très fiables. Nous les utilisons et les distribuons à beaucoup de clients toujours dans les temps”, a-t-il lancé en pointant aussi l’intérêt “stratégique” pour les Européens de travailler ensemble dans ce domaine.”C’est un bon vendeur !”, a répliqué Jonas Gahr Støre, alors que l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis aspirent aussi à remporter le marché. Le Premier ministre britannique Keir Starmer est ainsi venu deux fois en Norvège ces derniers mois.”Nous choisirons le meilleur navire pour la Norvège, adapté aux conditions norvégiennes, au meilleur prix, et il doit venir d’un partenaire avec lequel nous pouvons collaborer étroitement”, a-t-il ajouté.Emmanuel et Brigitte Macron ont ensuite été reçus en audience par le roi Harald et son épouse Sonja, qui donneront un dîner en leur honneur.Une semaine après sa visite au Groenland, Emmanuel Macron entendait aussi souligner l’engagement de la France en matière de sécurité dans la région nordique et arctique.Le 15 juin, le président français a critiqué la volonté de Donald Trump de mettre la main sur ce territoire autonome du Danemark, et appelé à renforcer la sécurité de l’Arctique face aux ambitions chinoises et russes concernant les nouvelles routes maritimes.Mardi matin, Emmanuel Macron participera à un brief opérationnel sur les forces navales françaises présentes dans la région à bord de la frégate multimissions Normandie dans le port d’Oslo.- “Pas de légalité” -Les deux dirigeants ont aussi marqué leurs convergence de vues sur les frappes américaines contre des sites nucléaires iraniens. Elle ne reposent sur aucun “cadre de légalité” même si elle peuvent avoir une “légitimité”, a jugé Emmanuel Macron.L’attaque américaine n’est “pas conforme au droit international”, a encore insisté Jonas Gahr Støre, là où le chancelier allemand ne voit “aucune raison de critiquer” ces frappes.Emmanuel Macron estime qu'”aucune réponse strictement militaire” ne peut suffire à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, et appelle à un “retour à la voie diplomatique”.La Norvège a par ailleurs reconnu l’Etat palestinien, mais la France, qui l’envisage, n’a pas encore franchi le pas. Emmanuel Macron a dû suspendre mi-juin son initiative diplomatique pour relancer une solution à deux Etats avec le début des frappes israéliennes en Iran mais voudrait faire avancer le projet.Le président français rencontrera mardi matin les dirigeants du Fonds souverain norvégien et rendra hommage aux soldats norvégiens qui ont participé au débarquement de Normandie avant de rejoindre le sommet de l’Otan à La Haye (Pays-Bas).Les 32 pays de l’Alliance vont se pencher mardi et mercredi, sous la pression de Donald Trump et de la menace russe, sur une augmentation de leurs dépenses militaires à hauteur de 5% de leur PIB.

A deux ans de la présidentielle, Raphaël Glucksmann présente sa “vision pour la France”

L’eurodéputé Raphaël Glucksmann, qui peaufine sa stature présidentielle pour 2027, a présenté lundi sa “vision pour la France”, dans l’optique assumée que la gauche sociale-démocrate “arrête de se faire marcher dessus” par La France insoumise.Le leader de Place publique, très identifié sur la défense de l’Ukraine et de l’Europe, a assuré ne pas être candidat à ce stade, mais nombreux voient en lui celui qui portera le flambeau de la gauche sociale-démocrate en 2027, depuis qu’il est arrivé en tête de la gauche (13,8%) aux européennes, sur une liste Place publique-Parti socialiste.Il a dit espérer “que la gauche proeuropéenne et viscéralement démocrate arrête de se faire marcher dessus et de foutre ses principes dans la poche”, lors d’une conférence de presse à Paris, dans un tacle au Parti socialiste, son partenaire privilégié, qui a fait alliance en 2022 et 2024 avec La France insoumise. Celui qui compte parmi les mieux placés dans les sondages à gauche, a expliqué que “ne pas faire ce qu’on a fait là”, c’est-à-dire la préparation d’un projet, avait “conduit à la domination de la gauche par Mélenchon et les Insoumis”.Il a également assuré que l’éventuel conflit d’intérêt avec sa compagne, la journaliste Léa Salamé, future présentatrice du 20H00 de France 2, serait “tranché de manière transparente” s’il devenait officiellement candidat.Discret ces derniers mois, l’essayiste de 45 ans “ne pouvait pas revenir sans une armature solide sur le plan national, il a fallu qu’il bosse sur le fond”, explique un proche.L’eurodéputé s’est notamment déplacé sur le terrain à bas bruit et a fait appel à plus de 200 experts et 3.000 militants de Place publique (sur 12.000 adhérents), qui ont travaillé sur le projet.Objectif: ne pas être surpris en cas de nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, et présenter une offre structurée pour 2027, à l’instar de ce qu’a fait Jean-Luc Mélenchon avec LFI.- “Régénérer la démocratie” -“L’acte 1” de son projet, qui reprend plusieurs éléments de son programme européen, s’articule autour d’une “France puissante qui protège” et d’un “nouveau contrat social et démocratique”, avec trois éléments clés: “l’écologie, le travail et la justice”, a expliqué M. Glucksmann, qui a obtenu lundi le ralliement de l’ex-député macroniste Sacha Houlié. Pour que la France redevienne souveraine et ne dépende plus des énergies fossiles, “il faut mettre en place la révolution écologique”, a-t-il expliqué, en développant par exemple le “fabriqué en France ou une politique de “sobriété énergétique”.Il veut aussi “remettre la question du travail et des travailleurs au coeur de la question sociale”, par exemple en augmentant le Smic à 1.600 euros en deux ans ou en rééquilibrant “la fiscalité entre le travail, le capital et l’héritage”.Pour “régénérer la démocratie”, il défend la proportionnelle, l’investiture du Premier ministre par un vote de confiance de l’Assemblée nationale, et propose que les partis politique soient financés par un “fléchage” des fonds publics choisi par les citoyens au moment de leur déclaration d’impôt.   Il entend aussi abroger la réforme Borne des retraites, et plaide en attendant pour “gratter tout ce qu’on peut gratter” du conclave des partenaires sociaux. Au total, le projet déroule “une quarantaine de chantiers” qui vont faire l’objet d’une confrontation dans les territoires, avant un version définitive promise pour juin 2026. Mais ce projet n’est pas, à ce stade, d’un programme présidentiel. “C’est ce qu’on va apporter au pot commun à gauche”, afin de discuter avec le PS puis d’autres forces politiques “dont les visions sont compatibles”, précise Saïd Benmouffok, le représentant de Place publique à Paris. Car Raphaël Glucksmann juge que l’union de toute la gauche est une “hypocrisie”, et qu’il faut acter les divergences avec LFI.Si une partie des socialistes hostiles à Jean-Luc Mélenchon en fait déjà son champion pour 2027, le patron du PS Olivier Faure, qui se prépare aussi, plaide pour qu’il participe à une plateforme programmatique de la gauche non mélenchonienne, allant jusqu’à l’ex-député LFI François Ruffin.  Raphaël Glucksmann refuse cependant de participer à une primaire, persuadé que la dynamique sondagière créera le vote utile autour de lui.  Mais il a assuré que le PS restait un “partenaire particulier”, convaincu que les deux formations travailleront ensemble pour 2027.  

Les députés planchent sur le projet du gouvernement pour “refonder” Mayotte

“Une ambition sans précédent” ou un “énième plan” pour le département le plus pauvre de France ? Les députés planchent, à partir de lundi, sur le projet de loi visant à “refonder” Mayotte, avec pour objectif de réduire ses profondes inégalités avec le reste du territoire.Six mois après le passage dévastateur du cyclone Chido et une loi de reconstruction adoptée par le Parlement en février, l’Assemblée nationale s’empare de nouveau d’un texte gouvernemental pour Mayotte.  “Sans une action plus fondamentale de refondation, nous reviendrons, au mieux, à la situation très insatisfaisante” d’avant le cyclone, a souligné lundi le ministre des Outre-mer Manuel Valls, défendant un texte “d’une ambition politique sans précédent”, lors d’un point presse organisé dans la matinée.”Depuis des années, pour ne pas dire des décennies, les Mahorais attendent ce texte qui doit répondre à leurs aspirations à l’égalité réelle et au parachèvement de la départementalisation. Nous y sommes !”, s’est exclamé le ministre.Lors de la proclamation de l’indépendance des Comores dans les années 1970, Mayotte a choisi de rester en France. Après un référendum en 2009, elle devient le 101e département français.Mais des années plus tard, les inégalités avec l’Hexagone restent abyssales: 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté national et environ un tiers de l’habitat est “informel”, souvent des bidonvilles insalubres (chiffres de l’Insee). Le texte prévoit notamment de débloquer “près de quatre milliards d’euros” sur six ans pour relever l’archipel.Le département fait également face à une immigration massive venue des Comores et de l’Afrique continentale, environ la moitié de la population du département est étrangère.Le texte liste ainsi deux priorités: la lutte contre l’immigration clandestine et l’habitat illégal, “sans quoi, nous risquons de reconstuire Mayotte sur du sable”, selon M. Valls. Il prévoit des mesures pour faciliter la destruction des bidonvilles, ou durcir les conditions d’accès au séjour.Plusieurs mesures particulièrement irritantes pour la gauche, comme la possibilité de déroger à l’interdiction de placement en rétention d’un mineur, ont été supprimées en commission.Le gouvernement a prévenu qu’il soutiendrait leur réintroduction en séance. – “Mayotte étouffe” -Le texte contient aussi un volet économique et social, avec une mesure particulièrement attendue: la convergence sociale d’ici 2031 – c’est-à-dire une harmonisation du niveau de prestations sociales entre Mayotte et la métropole.En commission, les députés ont inscrit dans la loi un premier objectif d’atteindre “87,5%” du Smic dès le 1er janvier 2026.Mais sur place, des élus locaux rappellent que ces promesses de convergence ne sont pas nouvelles, sans avoir été tenues par le passé.  “On ne peut pas comprendre qu’à chaque nouveau texte, on repousse l’échéance”, s’indigne un conseiller départemental, Soula Saïd Souffou, pour qui le projet de loi n’est “qu’une énième loi” Mayotte.Des critiques balayées par Manuel Valls qui souligne que, depuis la départementalisation, “c’est la première fois qu’un gouvernement inscrit dans la loi la convergence sociale, c’est un effort inédit et massif”.Autre disposition réclamée sur l’archipel, la fin du visa territorialisé, qui empêche les détenteurs d’un titre de séjour mahorais de venir dans l’Hexagone.La suppression de ce titre de séjour spécifique, perçu comme une injustice et un manque de solidarité de la France métropolitaine face au problème migratoire, a été approuvée en commission.Mais seulement à compter de 2030, le temps que les dispositifs de lutte contre l’immigration illégale fassent effet, et éviter ainsi un appel d’air, selon les défenseurs de ce calendrier.”Mayotte étouffe”, s’indigne une autre conseillère départementale d’opposition Hélène Pollozec, déplorant que la fin de cette mesure dérogatoire ne soit pas immédiate.Plusieurs ONGs ont dénoncé ces derniers jours un projet de loi passant à côté des grands défis, comme l’accès à l’eau ou à l’éducation. Approuvé par le Sénat fin mai, le texte remanié par les députés devrait être adopté sans grande difficulté, “tant les parlementaires, de toutes sensibilités politiques (…) se retrouvent” sur la nécessité d’une loi, pense son rapporteur général Philippe Vigier (MoDem, ancien ministre des Outre-mer). “J’estime que Mayotte mérite autre chose, on continue de traiter le département différemment du reste de la France”, déplore cependant auprès de l’AFP le député insoumis Aurélien Taché. Son groupe n’a pas encore décidé s’il votera contre ou s’abstiendra.

Guerre Iran-Israël: débat à l’Assemblée nationale mercredi soir

Le gouvernement organisera, comme souhaité par le président Emmanuel Macron, un débat à l’Assemblée nationale sur la guerre entre l’Iran et Israël mercredi soir à partir de 21H30, a appris l’AFP lundi auprès de Matignon.Le Premier ministre François Bayrou devrait faire une déclaration qui donnera lieu à un débat des différents groupes politiques, conformément à l’article 50-1 de la Constitution, mais sans vote.Un tel débat était notamment demandé par la France insoumise (LFI).Emmanuel Macron avait en outre promis de réunir les chefs des partis politiques pour “échanger” sur ce conflit mais aussi sur Gaza et l’Ukraine après le sommet de l’Otan, qui se tient mardi et mercredi à La Haye.Le “format de type Saint-Denis” correspond aux chefs de partis représentés au Parlement.Le président a déjà réuni les dirigeants de ces partis en août 2023 à Saint-Denis, près de Paris, avant de reproduire l’expérience plusieurs fois, notamment en octobre de la même année après les attaques du Hamas en Israël. En février, il les avait conviés sur la situation en Ukraine et les enjeux sécuritaires.Le conflit entre Israël et l’Iran a pris une nouvelle dimension dans la nuit de samedi à dimanche, avec le bombardement par les Etats-Unis de plusieurs sites nucléaires iraniens.Téhéran a menacé lundi les Etats-Unis de “lourdes conséquences”, tandis qu’Israël a annoncé des frappes d’une force “sans précédent” contre la capitale iranienne. 

Une lanceuse d’alerte, qui accuse Edouard Philippe de détournement de fonds publics, saisit un juge d’instruction

Une lanceuse d’alerte a déposé une nouvelle plainte à Paris pour qu’un juge d’instruction enquête sur des soupçons de détournement de fonds publics et de favoritisme concernant Edouard Philippe, ancien Premier ministre et maire Horizons du Havre, a annoncé lundi l’avocat de la plaignante.Me Jérôme Karsenti a indiqué à l’AFP, France Inter et Le Monde avoir déposé vendredi cette plainte avec constitution de partie civile, qui permet d’obtenir quasiment systématiquement la saisie d’un juge d’instruction, pour harcèlement moral, favoritisme, détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêt et concussion. Avec cette nouvelle plainte “pour les mêmes faits, et en choisissant semble-t-il d’en évoquer d’autres, la plaignante poursuit sa triste vendetta, qui n’a rien à voir avec le cri d’une lanceuse d’alerte mais tout à voir avec l’insatisfaction d’une haute fonctionnaire dont le contrat n’a pas été renouvelé”, a réagi auprès de l’AFP Edouard Philippe, qui “réfute toutes les accusations”.Sont également visées Stéphanie de Bazelaire, adjointe chargée de l’innovation et du numérique, ainsi que Claire-Sophie Tasias, directrice générale des services de la communauté urbaine du Havre Seine métropole.Après une première plainte en septembre 2023, le parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête et mené des perquisitions au printemps 2024. “Nous ne savons absolument pas dans quelle direction va s’orienter l’enquête”, souligne Me Karsenti, redoutant “une tétanie” du PNF face à “un futur probable candidat à la présidentielle”.”J’ai l’impression que l’affaire n’avance pas. Je continue à subir les conséquences de mon alerte alors que je n’ai fait mon devoir”, a raconté aux trois médias la plaignante, Judith – le prénom a été modifié, ndlr- , qui a obtenu le statut de lanceuse d’alerte, contesté par Edouard Philippe.Les investigations sont “toujours en cours, avec l’exploitation des documents saisis en perquisition”, a précisé à l’AFP une source judiciaire.Les soupçons portent sur une convention d’objectifs pluriannuelle pour l’animation de la Cité numérique du Havre signée en juillet 2020 entre Edouard Philippe, président de la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole, et Stéphanie de Bazelaire, en tant cette fois que présidente bénévole de l’association LH French Tech.Le conflit d’intérêt “semble absolument évident”, considère Judith, directrice générale adjointe de la communauté urbaine entre septembre 2020 et avril 2023.LH French Tech, créée en juillet 2020 et seule candidate, a été désignée pour cette mission après un appel à manifestation d’intérêt lancé par la communauté urbaine en mars 2020 et dans le cadre d’un service d’intérêt économique général (SIEG) qui prévoyait 2,154 millions d’euros.Après ses alertes, Judith dit avoir été harcelée moralement et son contrat n’a pas été renouvelé. LH French Tech a été placée en liquidation judiciaire en 2023.

Gérald Darmanin se dit favorable à la majorité pénale à 16 ans

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a déclaré vendredi être favorable à une réforme constitutionnelle pour abaisser la majorité pénale à 16 ans, au lendemain de la censure par le Conseil constitutionnel d’une partie de la loi visant à durcir la justice des mineurs.”Je suis pour abaisser la majorité pénale à 16 ans. Et si on abaisse la majorité pénale à 16 ans, alors on pourra faire ces mesures fermes”, a indiqué le garde des Sceaux sur RMC, faisant référence à la proposition de loi de Gabriel Attal pour durcir la justice des mineurs, largement censurée jeudi par le Conseil constitutionnel.”Moi je suis (…) pour un changement profond constitutionnel”, a ajouté Gérald Darmanin, tout en reconnaissant que la configuration de l’Assemblée nationale, sans majorité claire, ne permettrait pas de réforme constitutionnelle.”Ce qu’a dit le Conseil constitutionnel, c’est que la majorité pénale étant à 18 ans, on ne peut pas prendre des mesures (…) sans changer profondément notre Constitution”, a expliqué le ministre.La justice des mineurs “aura une part très importante” dans le débat présidentiel, veut croire Gérald Darmanin. Si “ce en quoi je crois n’est pas soutenu par quelqu’un, je porterai ça, oui”, a souligné le ministre, ouvrant la porte à une éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2027.Le Conseil constitutionnel a censuré jeudi plusieurs articles clés de la proposition de loi de Gabriel Attal, une nouvelle déconvenue pour l’ancien Premier ministre après l’examen houleux de ce texte au Parlement. Des parlementaires de gauche, à l’origine de cette saisine, demandaient la censure de l’article inversant le principe de “l’excuse de minorité”, selon laquelle un mineur est sanctionné moins sévèrement qu’un majeur.Le texte adopté prévoyait que l’atténuation des peines pour des mineurs de plus de 16 ans, pour les cas de récidive punis d’au moins cinq ans d’emprisonnement, ne soit plus la règle, mais l’exception. Il appartenait dans ce cas au juge de motiver l’atténuation de la peine.  Or pour les Sages, l’article méconnaît “le principe de l’atténuation de la responsabilité pénale des mineurs en fonction de l’âge, qui est une exigence constitutionnelle”.