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La France va reconnaître l’Etat de Palestine en septembre à l’ONU (Macron)

La France va reconnaître l’Etat de Palestine lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre à New York, a annoncé jeudi le président Emmanuel Macron sur ses réseaux sociaux.”Fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient, j’ai décidé que la France reconnaîtra l’État de Palestine. J’en ferai l’annonce solennelle à l’Assemblée générale des Nations unies, au mois de septembre prochain”, écrit le chef de l’Etat français sur X et Instagram.La France coprésidera alors avec l’Arabie saoudite une conférence internationale au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement visant à relancer la solution dite “à deux Etats”, palestinien et israélien.Cette conférence, initialement prévue en juin, avait été reportée à la dernière minute en raison de la guerre entre Israël et l’Iran. Dans l’intervalle, une réunion au niveau ministériel se tiendra les 28 et 29 juillet à New York.A ce jour, au moins 142 Etats ont reconnu un Etat palestinien, selon un décompte de l’AFP. Les Etats-Unis et Israël s’opposent fermement à un tel projet.”L’urgence est aujourd’hui que cesse la guerre à Gaza et que la population civile soit secourue”, a martelé le président français sur X.Dans ce contexte, “il faut enfin bâtir l’État de Palestine, assurer sa viabilité et permettre qu’en acceptant sa démilitarisation et en reconnaissant pleinement Israël, il participe à la sécurité de tous au Proche-Orient”, a-t-il ajouté.En franchissant le pas de la reconnaissance, la France entend “apporter une contribution décisive à la paix au Proche-Orient” et “mobilisera tous ceux de ses partenaires internationaux qui souhaitent y prendre part”, écrit également Emmanuel Macron dans une lettre adressée au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Depuis le château d’Angers, Bayrou cherche les chemins escarpés de la croissance

Sur la promenade des remparts du château d’Angers, François Bayrou a invité jeudi ses ministres à s’accorder et laisser de côté leurs différends pour s’attaquer à la montagne d’économies qui les attend, tout en valorisant les “potentiels” de croissance comme le tourisme.”Nous avons devant nous des enjeux si importants qu’il est illusoire de penser les relever si nous n’arrivons pas à conjuguer nos forces”, a affirmé le Premier ministre à l’occasion de son premier déplacement depuis la présentation la semaine dernière de son plan de rigueur budgétaire prévoyant près de 44 milliards d’économies.La tâche est titanesque et lui a valu des menaces de censure de toutes parts.”On ne veut pas travailler le lundi de Pâques! Taxez les riches!”, a lancé une femme sur son passage, peu après son arrivée dans le centre-ville d’Angers, ville tenue par l’ancien ministre Horizons Christophe Béchu, dont le parti est un des partenaires de sa coalition gouvernementale.La proposition du gouvernement de travailler deux jours fériés est celle qui a suscité le plus de critiques.Depuis la présentation de cette cure budgétaire, le ministre de l’Intérieur et patron des Républicains Bruno Retailleau prend chaque jour davantage ses distances avec la macronie, y compris avec le président Emmanuel Macron, sans vouloir pour le moment quitter gouvernement. Dans une allusion à son turbulent ministre qu’il voit à 20 heures, et aux divisions qu’il suscite, François Bayrou a dénoncé ceux qui oeuvrent dans leur “coin”, restent “dans leur tuyau d’orgue”, et “n’aiment pas travailler avec d’autres”. “A mes yeux c’est une faute”, a-t-il asséné.Face à cette nouvelle cacophonie de ses poids lourds, il a effectué un double rappel à l’ordre: les “différences de sensibilités” ne doivent pas devenir des “divergences” a-t-il dit à M. Retailleau, avant d’appeler sa ministre de la Culture Rachida Dati, auteure d’une violente charge contre les magistrats ayant ordonné qu’elle soit jugée, au “respect de l’institution judiciaire”, un “devoir d’Etat”.- Facture -Bon élève, alors que son parti dirigé par Edouard Philippe n’est pas toujours tendre avec le centriste, Christophe Béchu explique que les jardins “anachroniques” du château vont être transformés en promenade urbaine, parce que leur entretien coûte cher.Ils signent ensuite ensemble un contrat sur le tourisme d’affaires et l’événementiel avec les professionnels de la filière, ainsi que Régions de France et France Urbaine, dont M. Béchu est un des vice-présidents.Une association Etat-collectivités locales qui permet de “jouer en équipe”, salue le maire d’Angers, alors que les collectivités risquent d’être mises au régime sec l’an prochain.Avant de mettre son paraphe, François Bayrou lui prête un stylo. “C’est tout un symbole de partager le même crayon”, relève l’ancien ministre de l’Ecologie. “Tu me dis à qui on envoie la facture Christophe?” demande en souriant le ministre de l’Economie Eric Lombard, architecte du plan d’économies avec sa collègue du Budget Amélie de Montchalin.L’ancien responsable sarkozyste Franck Louvrier, désormais deuxième vice-président de la région Pays-de-la-Loire chargé de l’économie, fait valoir qu’un “touriste de loisirs dépense quatre fois moins qu’un touriste d’affaires”. Un secteur que veut doper le gouvernement, alors que M. Bayrou cherche à stimuler la production en parallèle de sa cure d’austérité annoncée.Sous les voutes d’une salle du château, avec les six ministres qui l’accompagnent mais sans la presse, le Premier ministre a aussi pu observer la célèbre tapisserie de l’Apocalypse. Un chef d’oeuvre du XIVe siècle, témoin d’une époque troublée par les épidémies et la guerre de Cent ans, mais livrée à un moment (1382) où le pouvoir royal a trouvé la voie de son redressement.  

Bayrou appelle les ministres à éviter “les divergences”, Retailleau veut rester

François Bayrou a appelé jeudi les membres du gouvernement à éviter “les divergences”, avant un entretien avec le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui a annoncé son intention de rester au gouvernement malgré les tensions créées avec le camp présidentiel par ses critiques du chef de l’Etat.Lors d’un déplacement à Angers, le chef du gouvernement a assuré que les sensibilités politiques différentes étaient “les bienvenues” au sein de son gouvernement, mais qu’elles ne devaient “pas prendre la forme de divergences”, en réponse à une question sur les récentes déclarations controversées de son ministre de l’Intérieur et patron de LR sur la fin de la macronie. “Mon travail à moi, c’est de coordonner, fédérer, rassembler, rapprocher et entraîner”, a ajouté François Bayrou, qui a précisé avoir déjà eu une rencontre jeudi matin avec Bruno Retailleau avant celle prévue à 20H00 à Matignon. En marge d’un déplacement dans un commissariat parisien, Bruno Retailleau avait affirmé auparavant ne pas voir “de raison de quitter” le gouvernement… “tant que les décisions (du gouvernement) sont conformes à l’intérêt national, conformes à mes convictions”.”Tant que je peux faire mon devoir, je le ferai à fond”, a-t-il répété, mais “ne comptez pas sur moi pour abdiquer mes convictions”.Le débat sur le supposé double jeu du patron des Républicains, à la fois ministre d’Emmanuel Macron et critique de son action pour s’en différencier en vue de l’élection présidentielle de 2027, avait repris de la vigueur après une virulente interview mardi à l’hebdomadaire ultraconservateur Valeurs Actuelles.Dans celle-ci, il critique “l’impuissance” du +en même temps+, postulat du chef de l’Etat qui revendique d’être à la fois de droite et de gauche, et prédit la fin du macronisme avec Emmanuel Macron parce qu’il “n’est ni un mouvement politique, ni une idéologie”.De quoi excéder les soutiens du Président et faire monter les tensions avec celui-ci.Les deux hommes devaient se rencontrer jeudi pour discuter notamment de l’Algérie, déjà un sujet de discorde après une autre interview récente du ministre dans laquelle il a fustigé la “diplomatie des bons sentiments” de Paris à l’égard d’Alger.Mais la rencontre a été annulée par l’Elysée qui n’a pas fourni d’explications.”Cette rencontre sera sans doute remise parce qu’on a, avec le président de la République, un certain nombre de sujets dont on doit parler. Et donc je serai amené à le rencontrer, peu importe la date ou l’heure”, a relativisé Bruno Retailleau.- Réunion avec Bayrou -En revanche, il verra le Premier ministre François Bayrou “sur les différents dossiers” le concernant, selon un proche d’Emmanuel Macron. Pour un recadrage ? “Je suis toujours prêt à discuter”, a assuré Bruno Retailleau.Même “s’il peut y avoir des moments de tensions parce qu’on n’a pas des accords sur tout”, le ministre a récusé que le conseil des ministres mercredi ait été marqué par une ambiance fraîche, comme l’ont relaté certains participants dans la presse.”Il s’est déroulé absolument normalement. Il ne faut pas grossir les choses (…) J’entends aussi qu’on me respecte. Il y a des ministres qui m’ont critiqué sur telle ou telle mesure depuis des mois. M’avez vous entendu leur faire le moindre reproche ?”, a-t-il plaidé.En attendant ce rendez-vous avec le Premier ministre, le Vendéen a tenu à montrer qu’il continuait son action et s’exprimait toujours de “façon brute” en présentant un plan anti-mortiers après les scènes de “guérilla urbaine” vues ces dernières semaines à Béziers, Limoges ou Charleville-Mézières.Fidèle à ses formules choc ou outrancières sur les jeunes commettant des actes de délinquance, déjà qualifiés de “barbares” après les dégradations commises à Paris lors de la finale de la Ligue des champions, il s’en est pris à “la France des salauds qui tirent sur nos policiers, sur nos gendarmes et sur nos sapeurs-pompiers”.Il a annoncé à la rentrée un projet de loi pour que “la pénalisation de la vente d’engins pyrotechniques à des non professionnels soit punie d’un an d’emprisonnement (au lieu de six mois), voire trois ans si le produit a été vendu à un mineur ou au moyen d’un service de communication électronique”.

Fraude à l’impôt sur les dividendes: Eric Lombard retire une disposition contestée de Bercy

Le ministre de l’Economie Eric Lombard a annoncé jeudi le retrait d’un texte d’application de Bercy contesté par des parlementaires, qui y voient une brèche dans un dispositif de lutte contre le contournement de l’impôt sur les dividendes.C’est l’épilogue de plusieurs semaines de passes d’armes entre Bercy et des sénateurs et députés qui accusaient le gouvernement d’avoir altéré ce dispositif voté dans le budget 2025 et visant à lutter contre la fraude aux dividendes, dite “CumCum”.Ce stratagème d’évasion fiscale consiste, pour des actionnaires étrangers d’entreprises françaises, à confier temporairement leurs actions à un tiers français – généralement une banque, moyennant rétribution – au moment du versement des dividendes. Cela leur permet d’échapper au prélèvement à la source de l’impôt dû en tant que non-résident.Le mécanisme voté dans le budget 2025 permettait de remédier à cette faille en imposant que la retenue à la source s’applique aux “bénéficiaires effectifs”. Mais le texte d’application publié par l’administration fiscale, qui dépend de Bercy, permettait des exceptions, notamment lorsque les banques ne connaissent pas les bénéficiaires des dividendes ou en exonérant les “marchés réglementés” d’appliquer cette disposition. Ce texte avait été pris sur la base d’un avis du Conseil d’Etat, assure Bercy.”J’ai décidé de retirer le texte en question, le paragraphe 4 pour être précis”, car cette disposition “a été considérée par le Sénat comme portant le risque de dénaturer le texte, ce qui n’était évidemment pas l’objet”, a déclaré Eric Lombard, affirmant agir dans “un esprit de compromis”.Il s’exprimait aux côtés du président de la commission des Finances du Sénat, Claude Raynal (PS), et du rapporteur général de cette commission, Jean-François Husson (LR) qu’il avait rencontrés plus tôt alors que la chambre haute était à l’origine de la mise en oeuvre de cette disposition législative, votée dans le cadre du budget 2025. Ces derniers ont salué la décision d’Eric Lombard. Jean-François Husson y a vu notamment un “signal fort” envoyé aux Français et à “celles et ceux qui pratiquaient une fraude organisée”. – 4,5 milliards d’euros -Cette marche arrière intervient après que le ministre de l’Economie, interrogé à plusieurs reprises sur le sujet ces dernières semaines, avait démenti toute faille dans la lutte contre la fraude et défendu la conformité du texte d’application par rapport à la loi. Le dossier avait aussi pris de l’ampleur à l’aune des débats budgétaires dans le cadre du futur projet de budget 2026 pour lequel le gouvernement recherche 43,5 milliards d’euros d’économies. Selon Jean-François Husson, cette “délinquance en col blanc” représenterait un manque à gagner d’environ 1,5 à 2 milliards d’euros sur 2025. Outre d’éventuelles économies, la pratique de la fraude “CumCum” est surtout dans le viseur de la justice. Le parquet national financier (PNF) a ouvert plusieurs enquêtes. Il a perquisitionné cinq établissements financiers à ce propos en mars 2023: BNP Paribas, Exane (gestionnaire de fonds, filiale de BNP Paribas), Société Générale, Natixis (filiale de BPCE, rassemblant les Banques populaires et les Caisses d’épargne) et HSBC.Des “procédures de redressement” visent “cinq établissements de la place pour un montant de 4,5 milliards d’euros” et sont en cours, ce qui signifie que l’argent n’a pas encore été récupéré, a rappelé Eric Lombard, sans les nommer. Le nouveau texte d’application de Bercy grevé des dispositions litigieuses sera republié jeudi, a-t-il précisé, en rappelant que la lutte contre la fraude fiscale a rapporté “plus de 10 milliards d’euros” en 2024.”Nous allons renforcer l’année prochaine les moyens qui seront donnés à cette maison pour lutter contre la fraude, notamment la fraude fiscale”, a-t-il poursuivi.Dans une réaction transmise à l’AFP, la Fédération bancaire française (FBF) a indiqué prendre acte de la décision de Bercy de retirer son texte d’application qui permettait pourtant de réduire des “incertitudes”. Supprimer cette disposition “ne crée pas des conditions favorables à la sauvegarde d’un marché de capitaux efficient et souverain” et constitue “un frein aux activités financières conduites sur la place de Paris, sources d’importantes recettes fiscales”, selon la FBF, qui redoute un “impact négatif sur les comptes publics”.

Narcotrafiquants transférés à la prison de Vendin-le-Vieil: une plainte contre Darmanin déposée à la CJR

L’avocat d’un détenu qui vient d’être transféré à la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), Me Philippe Ohayon, a annoncé jeudi avoir déposé plainte pour abus d’autorité contre le ministre de la Justice Gérald Darmanin devant la Cour de justice de la République (CJR).La plainte, dont l’AFP a eu connaissance, reproche au garde des Sceaux d’avoir ordonné ce transfert “en s’affranchissant de l’obligation d’établir des liens préexistants entre le détenu, depuis la détention, et des réseaux de criminalité ou de délinquance organisée”, obligation pourtant posée par le Conseil constitutionnel comme condition préalable à ces transfèrements.Ce faisant, “le garde des Sceaux ou son délégataire a éhontément piétiné les conditions légales fixées par le Conseil constitutionnel”, est-il estimé dans la plainte.La CJR est la seule instance habilitée à juger des ministres dans l’exercice de leurs fonctions. Le coup d’envoi des incarcérations dans le quartier de haute sécurité de Vendin-le-Vieil, destiné à accueillir les 100 narcotrafiquants les plus “dangereux” du pays, a été donné mardi, avec 17 premiers détenus qui y ont été transférés.Douze autres détenus y ont été incarcérés jeudi, a annoncé Gérald Darmanin sur X. Un autre quartier de haute sécurité doit entrer en fonction à la mi-octobre à la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne), pour y accueillir aussi 100 personnes. L’objectif de ces quartiers est de placer ces détenus totalement à l’isolement, selon un régime de détention très strict inspiré de la lutte antimafia en Italie.Mi-juin, le Conseil constitutionnel a validé ce régime carcéral d’isolement, inclus dans la loi visant à lutter contre le narcotrafic, estimant que le législateur avait “défini avec suffisamment de précision les motifs d’affectation dans les quartiers de lutte contre la criminalité organisée”.Les dispositions de la loi “subordonnent la décision d’affectation dans ces quartiers à la condition qu’il soit établi que ces personnes détenues continuent à entretenir des liens avec les réseaux de la criminalité et de la délinquance organisées pendant la durée de leur détention ou qu’elles y aient établi de tels liens”, avait observé le Conseil.Or, selon le plaignant, condamné pour des infractions à la législation sur les stupéfiants et les armes et soupçonné d’association de malfaiteurs criminelle, le dossier pénitentiaire “ne fait qu’induire, à partir de procédures au demeurant anciennes, une capacité à établir des liens” avec la criminalité organisée.Le garde des Sceaux “a imposé à ses services de fonder les ordres de transfert non pas sur +des liens établis+, mais +des liens supposés+ lui donnant la possibilité de saisir et transférer des prisonniers bien plus facilement en se délestant de la charge de la preuve imposée par les juges constitutionnels”, est-il affirmé dans la plainte, où est dénoncée “une opération concertée de police administrative dûment médiatisée, suivant un agenda politique précis”.

“Nourrir, pas empoisonner”: les chefs se mobilisent contre la loi Duplomb

Au nom de la défense des terroirs et de la qualité de leurs produits, la mobilisation s’amplifie en cuisine pour le retrait de la loi Duplomb, au sein d’une profession qui rechigne souvent à exposer ses opinions politiques.Tout est parti début juillet d’une photo d’un pré d’herbes sauvages du Mont Mézenc (Haute-Loire), postée sur Instagram par le très discret chef trois étoiles Jacques Marcon… Accompagnée d’un texte cinglant, adressé au sénateur Laurent Duplomb, rapporteur de la loi éponyme. “Avec cette loi, vous vous êtes érigé en porte-parole de l’industrie agroalimentaire qui privilégie une agriculture intensive et néfaste pour les générations futures”, a écrit le chef.La loi Duplomb prévoit notamment la réintroduction à titre dérogatoire de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes – interdit en France mais autorisé en Europe. Plus de 1,8 million de Français ont déjà signé une pétition demandant son retrait.Le texte du chef Marcon a été largement partagé par des restaurateurs sur les réseaux sociaux.  – “Coup de massue” -Parmi ceux qui ont fait savoir leur opposition, Glenn Viel, 45 ans, chef trois étoiles et jury de “Top Chef”. “Je ne comprends pas (cette loi)”, affirme-t-il à l’AFP, dénonçant “les pesticides qui polluent notre terre” alors que “l’alimentation a une grande part (de responsabilité) dans les cancers”. “On a la capacité de mettre des milliards dans la défense de notre pays. Et c’est normal”, poursuit-il. “Est-ce qu’on ne pourrait pas trouver un milliard ou deux pour nos agriculteurs, pour les aider à faire cette transition (écologique)?”Pour Marie-Victorine Manoa, jeune cheffe trentenaire, autrice et chroniqueuse dans l’émission “Très très bon!”, cette loi a été un “coup de massue”. “Cuisiner des produits médicamentés et stériles n’excite personne”, grince celle qui appelle à la “rébellion générale”.Après la prise de parole du chef Marcon, une tribune, publiée jeudi dans Le Monde, a été lancée pour fédérer les mécontents de la profession, à l’initiative de l’entreprise Ecotable qui accompagne les restaurateurs vers plus d’éco-responsabilité. Elle réunit déjà près de 400 signatures, des étoilés aux cantines, en passant par des bistrots et des collectifs de restaurateurs-paysans.Intitulée “Nous faisons ce métier pour nourrir, pas pour empoisonner”, elle dit l’inquiétude des restaurateurs face à la qualité des produits servis et demande le retrait de la loi Duplomb.”Nous avons bien conscience des difficultés que rencontrent les producteurs français au quotidien”, nuance le texte, qui reconnaît des agriculteurs “tiraillés par la rentabilité de leur métier et les demandes citoyennes croissantes à sortir du productivisme”.- “Inaction” -Un sursaut encore timide mais rare, dans un milieu qui met en avant la qualité des produits et les circuits courts mais peu prompt à se mobiliser comme lors de la crise des agriculteurs, en 2024.Les chefs “sont des personnes qui ne prennent pas souvent la parole mais l’alimentation, c’est leur quotidien”, explique Fanny Giansetto, fondatrice d’Ecotable.”Nous les restaurateurs, on est plutôt des besogneux, on ferme notre gueule et on avance. Mais à un moment, il faut taper du poing sur la table”, estime Glenn Viel.Versant dans l’autocritique, Jacques Marcon se dit “aussi responsable de cette loi rétrograde” et prêt à devenir “un vrai militant de la cause agricole et de la cause environnementale”. Mais il enjoint aussi tout un milieu “à se remettre en question”, à “aider” les agriculteurs. Celui qui revendique son lien avec le monde paysan déplore certaines pratiques comme certains chefs qui font pression sur les prix ou l’abandon de races bovines comme la salers, au profit du japonais Wagyu par exemple, ou du boeuf australien. Mais, selon lui, la jeune génération a davantage “envie de changer le monde”.

Macron et Merz s’affichent en duo uni malgré des dissonances sur la défense

Face au compte-à-rebours pour les exportations européennes menacées de surtaxes américaines, Emmanuel Macron et Friedrich Merz ont affiché mercredi un front uni dans la réponse à Washington mais constaté de profondes divergences sur un important projet de défense européen.Les dirigeants des deux premières économies de l’UE se sont retrouvés pour un dîner de travail dans le nord de Berlin, une discussion de trois heures “très intense, très amicale et confiante”, selon la chancellerie allemande.Paris et Berlin mettent volontiers en avant le nouvel élan de leur relation liée à l’arrivée du conservateur Friedrich Merz à la chancellerie. C’était le premier déplacement du chef de l’Etat français en Allemagne depuis l’investiture de M. Merz début mai.Plat de résistance de la rencontre: les difficiles négociations commerciales avec l’administration de Donald Trump qui a fixé la date butoir du 1er août pour de possibles surtaxes de 30% sur les exportations européennes aux Etats-Unis.”Le moment ne saurait être mieux choisi” pour évoquer cette question, a souligné le chancelier selon qui “des décisions” imminentes pourraient être prises entre le négociateur en chef de l’Union européenne, Maros Sefcovic, qui défend la position des 27 membres de l’Union, et ses interlocuteurs américains. Alors que la France pousse Bruxelles à adopter une position ferme pour faire pression sur Washington, d’autres pays, comme l’Allemagne, insistent sur l’importance de la désescalade avec les Etats-Unis.Au final, le président français et le chancelier allemand “ont mis en évidence leur vision commune des négociations”, a affirmé le porte-parole de Friedrich Merz à l’issue de la rencontre.Tous deux “sont d’accord pour se réserver d’autres instruments de politique commerciale si les négociations n’aboutissent pas et sont également prêtes à élaborer de nouvelles mesures”, a-t-il ajouté.- Rendez-vous en août à Toulon -Constat de désaccord franco-allemand, en revanche, sur l’avion de combat du futur (Scaf), un projet phare pour la défense du continent, dont le développement patine, bien que Paris et Berlin veuillent être les moteurs du réarmement de l’Europe.Le groupe aéronautique Dassault, qui représente la France dans ce projet, a fait savoir qu’il doutait de l’avenir et de la viabilité du programme, qui est encore loin de toute phase de prototype.Dassaut réclame un “vrai leader” industriel, plutôt que l’architecture actuelle entre “trois +co-co-co+” partenaires, selon les propos cette semaine de Eric Trappier, le PDG du groupe. Côté allemand, le projet est porté par Airbus via sa branche Defense and Space. Le troisième partenaire est l’Espagne.Friedrich Merz insiste lui sur la nécessité de “respecter les accord conclus” sur le partage des tâches.Le Scaf a pour objectif de remplacer le Rafale en France et Eurofighter en Allemagne et en Espagne à l’horizon de 2040.Pour tenter d’éviter l’échec pur et simple du programme, les deux ministres de la Défense français et allemand ont été chargés “d’évaluer d’ici fin août les perspectives réalistes de poursuite de la coopération au sein du consortium et de soumettre des propositions pour le règlement des conflits existants”, a indiqué la chancellerie.Avec l’idée d’en tirer des conclusions lors du Conseil des ministres franco-allemand qui se déroulera les 28-29 août en France, à Toulon, dont la rade abrite une des deux grandes bases navales françaises.- Axe Berlin-Paris-Londres -Paris et Berlin n’ont pas non plus aplani toutes leurs divergences sur la politique énergétique, un sujet qui les divise de longue date, même si des rapprochements sont esquissés.La France insiste particulièrement sur le concept de “neutralité technologique” pour que le nucléaire fasse l’objet d’un traitement similaire à celui des énergies renouvelables dans la législation européenne. Le classement du nucléaire en énergie “verte” au niveau de l’UE a été par le passé un point de désaccord majeur entre Français et Allemands.En difficulté sur le plan intérieur, où sa coalition est confrontée à ses premières turbulences, le chancelier allemand continue de vouloir renforcer le poids de l’Allemagne sur la scène internationale.Très critique d’une Union européenne freinée par ses règles et ses querelles internes, il mise sur le renforcement d’un axe avec Paris et Londres, où il s’est rendu en juillet – comme Emmanuel Macron – pour faire avancer des initiatives communes.

La loi Duplomb “de toute façon sera promulguée”, dit Genevard

Le texte de la loi Duplomb “de toute façon sera promulgué” malgré une pétition signée par 1,8 million de personnes demandant son abrogation au nom de son impact environnemental, a déclaré mercredi la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.”Il y aura un débat (parlementaire) si la conférence des présidents de l’Assemblée nationale en décide. Et de toute façon le texte sera promulgué. Le président de la République le rappelait ce matin, à l’issue du conseil des ministres, qu’il est dans l’obligation de promulguer la loi”, a déclaré la ministre LR à l’occasion d’un déplacement dans le Val-d’Oise.Près de 1,8 million de citoyens, un record, ont signé une pétition sur le site de l’Assemblée nationale contre la loi Duplomb, très décriée pour son impact environnemental. Cela pourrait déboucher sur un débat, sans vote, sur cette loi déjà adoptée par le Parlement.”Il n’a pas été question du tout d’une seconde délibération, ce qui me paraîtrait être extrêmement périlleux parce que là, d’abord, ça contreviendrait à ce que les parlementaires eux-mêmes ont voté. Et puis ensuite, on compromet possiblement l’issue d’une loi qui, je le rappelle, vise à lever les entraves qui pèsent sur le métier des agriculteurs”, a dit Mme Genevard.Plusieurs partis de gauche et associations environnementales demandent au président de la République d’exiger une “nouvelle délibération” du texte au Parlement, comme l’y autorise la Constitution.La loi du sénateur Les Républicains Laurent Duplomb, adoptée le 8 juillet, autorise notamment la réintroduction sous condition de l’acétamipride, un pesticide interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe.Ce produit, toxique pour la biodiversité et potentiellement pour la santé humaine, est réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n’avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale des producteurs étrangers.”Sur ces 27 États membres (dans l’UE), il y a 26 États membres qui utilisent cette molécule, l’acétamipride. La France ne l’utilisait pas (…) Donc c’est une immense hypocrisie”, a fustigé pour sa part le ministre de l’Intérieur et patron des LR, Bruno Retailleau, qui participait au déplacement dans la région rurale du Vexin.

Un pied à l’Intérieur, un autre à l’extérieur: le “to be or not to be” de Retailleau

Il décrète la fin du macronisme, fustige la “diplomatie des bons sentiments” à l’égard de l’Algérie et entretient la menace de quitter le gouvernement: en enchaînant les déclarations controversées, Bruno Retailleau cherche à se démarquer du camp présidentiel avec 2027 en tête, sans renoncer à Beauvau pour autant.”Il est dans une optique où il ne veut pas apparaître comme membre du socle commun et ça n’aide pas”, déplore un ténor d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, agacé par les polémiques à répétition lancées par le ministre de l’Intérieur, un rival potentiel dans la course à l’Elysée.A la veille d’un entretien prévu jeudi à l’Elysée avec Emmanuel Macron, Bruno Retailleau, dont la popularité s’est érodée ces dernières semaines dans les sondages, s’est même permis de dénigrer “l’impuissance” du +en même temps+, postulat du chef de l’Etat qui revendique d’être à la fois de droite et de gauche.Il n’en fallait pas plus pour excéder les soutiens du président qui n’ont pas manqué de retourner cet argument contre le patron des Républicains. A l’image de la députée EPR Olivia Grégoire qui l’accuse à son tour de faire du +en même temps+, en voulant “être ministre d’un gouvernement ET vouloir être candidat de son parti”.”Je ne vois pas (…) ce que j’ai pu dire de nouveau que je n’aurais pas dit depuis déjà des mois”, s’est justifié le ministre lors d’un déplacement dans le Val d’Oise, estimant que le fait de respecter “à la fois la personne et la fonction présidentielle (..) ne faisait pas de lui un macroniste”.Après avoir qualifié le gouvernement “d’utilité publique”, où “chacun doit pouvoir (…) assumer sa propre différence politique”, il a nié des tensions mercredi avec le président lors du Conseil des ministres, en dépit d’informations de presse en ce sens.       – “Le goût du pouvoir” -Rester ou partir ? C’est le dilemme pour le ministre propulsé sur le devant de la scène depuis son arrivée à Beauvau en octobre dernier et qui entend profiter de cette tribune pour renforcer ses ambitions de porter les couleurs de la droite à la présidentielle.”Vous n’existez que si vous êtes au gouvernement”, observe un cadre de Renaissance pour qui Bruno Retailleau n’a pas vraiment le choix s’il entend se lancer dans la course à l’Elysée: “Il va rester… et se normaliser”, pronostique-t-il. C’est justement cette dilution dans le camp présidentiel que cherche à éviter le ministre de l’Intérieur: “Il a la volonté de continuer à dire ce qu’il pense sur tous les sujets”, prévient l’entourage du Vendéen, rappelant qu’il est entré au gouvernement “pour mener une politique de droite”. Et ce proche d’établir une autre différence, cette fois-ci entre les LR revenus aux affaires avec Michel Barnier l’an dernier et les “débauchés” par le chef de l’Etat avant la dissolution, recrutés “pour mener des politiques macronistes”. Un tacle appuyé contre des ministres comme Gérald Darmanin, Rachida Dati ou Bruno Le Maire.”Il y a une tension qui se voit de plus en plus”, reconnaît cette source, estimant qu’Emmanuel Macron “intervient” sur “tous les sujets” depuis l’arrivée de François Bayrou à Matignon.Et même si le gouvernement Bayrou devait tomber à l’automne sur le budget, le dilemme sur le maintien de Bruno Retailleau au gouvernement persisterait: une nomination du ministre de la Défense Sébastien Lecornu à Matignon “ne déplairait pas à LR qui pourrait mieux travailler avec lui qu’avec le centriste”, confie un cadre LR.C’est d’ailleurs l’opinion du dirigeant d’Horizons qui ne redoute pas une rupture avec LR: “Le bon côté de tout ça, c’est que les LR ont retrouvé le goût du pouvoir et ils n’ont pas envie de le quitter”. Rester au sein de l’exécutif n’est pourtant pas sans risque pour les ambitions élyséennes de Bruno Retailleau, dont le bilan est sans cesse attaqué par le Rassemblement national, qui le présente comme le “ministre de la parole”. Sur l’Algérie, par exemple, le Vendéen entend réitérer jeudi sa demande à Emmanuel Macron d’établir un “bras de fer” pour faire plier Alger, qui refuse d’accueillir les citoyens algériens sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). “L’Algérie, c’est effectivement un bon point de différentiation avec la macronie, mais ce dossier n’est pas forcément une réussite pour lui”, observe le cadre LR,

Des “dignitaires algériens” vont voir leurs conditions de déplacement réduites en France, selon le gouvernement

Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau est “en train” de restreindre les conditions de déplacement en France d’un “certain nombre de dignitaires algériens” après le refus d’Alger de reprendre 120 ressortissants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), a indiqué mercredi la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.”Les chiffres dont on dispose indiquent que 120 personnes OQTF, avec leurs papiers donc en règle (pour un retour en Algérie, ndlr), n’ont pas été reprises par les autorités algériennes”, a-t-elle déclaré lors du compte-rendu du Conseil des ministres, sans mention de date.Selon le quotidien Le Figaro, 53 Algériens expulsés ont été renvoyés en France sur la période allant de mars au 22 juillet, dont quatre ces derniers jours alors que Bruno Retailleau appelait de nouveau à durcir le ton vis-à-vis d’Alger.”Il ne vous a pas échappé que le ministre de l’Intérieur était de plus en plus allant pour prendre des dispositions plus fermes vis-à-vis notamment de la diplomatie algérienne”, a relevé Sophie Primas.”C’est ce qu’il est en train de faire, notamment sur un certain nombre de dignitaires algériens pour lesquels les conditions pour se déplacer en France vont être alourdies et plus difficiles”, a-t-elle souligné.”Nous sommes dans un rapport de force également avec l’Algérie sur cette question”, a-t-elle insisté, la France demandant aussi la libération de l’écrivain Boualem Sansal et du journaliste Christophe Gleizes.Bruno Retailleau s’en est de nouveau pris, dans une interview vendredi au Figaro, aux autorités algériennes, leur reprochant notamment la délivrance de passeports à “des clandestins”, et a alors affirmé son intention d’entraver la circulation des “membres de la nomenclatura” responsables de “dénigrement de la France”. Visant le président Emmanuel Macron, qui le recevra jeudi à l’Elysée, il a aussi affirmé que “la diplomatie des bons sentiments a(vait) échoué” et réclamé un changement de ton vis-à-vis d’Alger.