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Soupçons de soumission chimique: procès requis contre le sénateur Joël Guerriau

Le parquet de Paris a requis lundi un procès contre le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d’avoir drogué à son insu la députée Sandrine Josso afin de l’agresser sexuellement, a appris l’AFP de source proche du dossier.Le parquet a requis un procès devant le tribunal correctionnel pour ces faits, qui remontent à la mi-novembre 2023. Le sénateur centriste est soupçonné d’avoir dilué de la MDMA dans une coupe de champagne, d’après la source proche du dossier.Cette affaire a mis en lumière le fléau de la soumission chimique jusque dans les hautes sphères du monde politique.Le 14 novembre 2023, Mme Josso, députée MoDem de Loire-Atlantique, s’était rendue au domicile parisien de son “ami politique”, comme elle l’a décrit au cours de l’enquête devant les magistrats, qui célébrait sa réélection.Seule invitée, elle en était ressortie avec 388 ng/ml d’ecstasy dans le sang, d’après les analyses toxicologiques dont l’AFP a eu connaissance. Une dose bien supérieure à la quantité dite récréative.Ces analyses montraient aussi une absence de stupéfiants pendant les sept mois qui ont précédé cette soirée. Comment Mme Josso s’est-elle retrouvée, ce soir-là, avec autant d’ecstasy dans le sang ?Dans ce dossier, l’absorption de drogue et ses effets délétères sur Mme Josso, qui souffre un an après d’un stress post-traumatique, ne semblent pas discutés. Tout l’enjeu repose sur l’intention.Pour le parquet de Paris, le produit stupéfiant a été placé dans le verre “à dessein”.Dans ses réquisitions dont l’AFP a eu connaissance, le ministère public souligne les déclarations “évolutives” et “pas cohérentes du sénateur. De plus, une expertise informatique a révélé “de nombreuses recherches en lien avec la drogue et le viol”, “un peu plus d’un mois avant les faits”, puis “le lendemain”.”Il est ainsi acquis que Joël Guerriau était informé sur les effets et le but de la substance administrée”, estime le parquet.Depuis sa mise en examen, le parlementaire, placé sous contrôle judiciaire, n’est plus apparu dans l’hémicycle et a été suspendu de son parti Horizons et de son groupe parlementaire Les Indépendants-République et Territoires.Il avait en revanche exclu de démissionner, estimant en septembre 2024 “totalement injuste” de quitter ses fonctions alors que la justice n’avait pas encore “tranché”.

Municipales à Paris: Place Publique investit son chef de file pour “unir à gauche”, sans LFI

Le parti Place Publique de Raphaël Glucksmann a investi lundi pour la première fois un chef de file pour les municipales à Paris, Saïd Benmouffok, dans l’optique d’unir la gauche dès le premier tour, sans LFI.”Il faut qu’on apporte un souffle nouveau pour que Paris reste à gauche en 2026″, a déclaré l’AFP Saïd Benmouffok, coordinateur de la section parisienne de Place publique, qui compte 1.500 adhérents sur les 11.000 au niveau national.C’est la première fois que le parti fondé en 2018 par Raphaël Glucksmann investit un chef de file pour les municipales à Paris, afin de “prolonger la dynamique des élections européennes” qui ont placé l’eurodéputé en tête dans la capitale, a souligné Saïd Benmouffok.”Place Publique va discuter avec les forces de gauche (PS, PCF, Ecologistes) pour trouver un rassemblement le plus large possible, dès le premier tour, car personne ne peut gagner Paris tout seul”, a ajouté ce professeur de philosophie de 41 ans qui fut conseiller de la maire socialiste Anne Hidalgo pendant cinq ans.”Mais il n’y aura pas d’alliance avec LFI”, a précisé Saïd Benmouffok, comme l’ont également fait savoir les candidats à la primaire socialiste du 30 juin, Rémi Féraud, Emmanuel Grégoire et Marion Waller.L’écologiste David Belliard, tout juste investi par son parti, prône lui une union de toute la gauche, y compris LFI.Le chef de file de Place Publique entend porter “une gauche attachée aux liens entre la justice sociale, l’écologie et la démocratie”.”S’il doit y avoir une incarnation forte à gauche, ça doit être à travers la force des idées. Rachida Dati, c’est l’inverse. C’est l’incarnation sans les idées”, a-t-il taclé.

Au Caire, Macron rejette tout “déplacement” des habitants de Gaza et tout rôle futur du Hamas

Emmanuel Macron a apporté lundi au Caire son soutien au plan arabe pour Gaza, s’opposant “fermement aux déplacements de populations” face aux ambitions de Donald Trump, mais a aussi donné des gages aux Etats-Unis en rejetant tout rôle futur du Hamas dans le territoire palestinien.Au côté de son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le président français a déroulé le volet politique de cette visite en Egypte essentiellement consacrée à la guerre à Gaza, avant un volet humanitaire mardi.”L’Égypte et la France partagent une convergence de vues”, a-t-il dit. “Nous condamnons la reprise des frappes israéliennes à Gaza” depuis le 18 mars après deux mois de trêve, a-t-il ajouté, évoquant “un recul dramatique” de la situation.Tour à tour, les deux dirigeants ont appelé à un “retour immédiat au cessez-le-feu” et à une reprise de l’aide humanitaire pour les 2,4 millions de Gazaouis, dont la quasi-totalité ont été déplacés au moins une fois par les combats dans le territoire assiégé.Emmanuel Macron a “salué les efforts inlassables déployés par l’Égypte” en tant que co-médiateur pour la trêve et la libération des otages encore retenus par le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël, qui a déclenché la guerre.Les présidents français et égyptien, qui s’étaient retrouvés la veille pour une promenade et un dîner dans le célèbre souk Khan al-Khalili de la capitale égyptienne, ont été rejoints lundi par le roi Abdallah II de Jordanie pour un sommet à trois.Pour la diplomatie française, c’est une manière d’afficher sa solidarité avec deux pays voisins de la bande de Gaza ébranlés par le projet du président américain. D’autant plus que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, partisan de ce plan, devait être reçu lundi à la Maison Blanche.Début février, Donald Trump a suscité un tollé international en évoquant une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la “Riviera du Moyen-Orient”. Pour cela, ses habitants pourraient être déplacés vers l’Egypte et la Jordanie, qui ont vivement rejeté cette option mais doivent composer avec la pression américaine.- Etape symbolique -“Nous nous opposons fermement aux déplacements de populations et à toute annexion de Gaza comme de la Cisjordanie”, occupée par Israël depuis 1967, a martelé Emmanuel Macron. “Il s’agirait d’une violation du droit international, d’une menace grave pour la sécurité de toute la région, y compris celle d’Israël”, a-t-il ajouté.Il a aussi exprimé le soutien de la France au plan arabe, qualifié de “voie réaliste à la reconstruction de Gaza”, conçu comme une réponse au plan Trump. Cette initiative, préparée par l’Egypte, prévoit de ne pas déplacer les Gazaouis.  Paris estime toutefois qu’il faut “encore renforcer” ce plan, notamment sur “la sécurité” et la “gouvernance” du territoire palestinien, pour rassurer des Américains réticents. Les pays arabes prévoient un retour progressif de l’Autorité palestinienne, au détriment du Hamas qui dirige Gaza depuis 2007.”Le Hamas ne doit avoir aucune part à cette gouvernance, ne doit plus constituer une menace pour Israël”, a insisté Emmanuel Macron, assurant que cette question était à l’ordre du jour de ses entretiens.Abdel Fattah al-Sissi a pour sa part prévenu que “la paix durable et la stabilité permanente au Moyen-Orient seront loin d’être réalisés tant que la cause palestinienne restera sans solution équitable”.Le président français organise en juin à l’ONU, avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, une conférence sur la solution à deux Etats, israélien et palestinien. Ce rendez-vous pourrait, selon des sources diplomatiques, constituer le “moment opportun” que la France attend pour éventuellement reconnaître un Etat palestinien.Mardi, M. Macron se rendra, accompagné de son homologue égyptien, dans la ville d’al-Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, à 50 kilomètres du point de passage de Rafah par lequel est censée transiter l’aide humanitaire vers Gaza, à nouveau stoppée depuis un mois.Lors de cette étape hautement symbolique, il appellera à “la réouverture des points de passage pour l’acheminement de fret humanitaire à Gaza”, selon la présidence française.Dans ce port méditerranéen qui sert de base arrière pour l’aide, il va rencontrer des personnels d’ONG françaises, des Nations unies, du Croissant-Rouge égyptien, mais aussi probablement des “bénéficiaires” palestiniens de l’action humanitaire, selon la même source.Sur le plan bilatéral franco-égyptien, plusieurs accords économiques doivent être signés lundi dans les transports, la santé, les énergies renouvelables ou le domaine universitaire.

Assemblée: l’épineuse réforme du scrutin à Paris, Lyon et Marseille arrive dans l’hémicycle

Rejetée par LR et la majorité de la gauche, la réforme du scrutin municipal à Paris, Lyon, et Marseille arrive lundi dans l’hémicycle de l’Assemblée, où elle pourrait être adoptée grâce au soutien du RN et de LFI, avant de connaître un sort plus funeste au Sénat.La proposition de loi écrite par le député Renaissance de Paris Sylvain Maillard, et dont le MoDem Jean-Paul Mattei a accepté d’être le rapporteur, a été adoptée largement mercredi en commission des lois, grâce au soutien de Renaissance, du MoDem, du RN et de LFI, ainsi que du député PS de Marseille Laurent Lhardit. Le reste de la gauche et les Républicains ont voté contre, tandis qu’Horizons s’est abstenu.La division des socialistes reflète celle de leurs édiles, la maire de Paris Anne Hidalgo étant farouchement opposée à la réforme, quand le maire de Marseille Benoît Payan y est favorable.La commission a été le théâtre de vifs débats, chaque camp accusant l’autre de privilégier ses intérêts électoraux, sous les arguments de fond. Et elle a donné lieu à des échanges plus qu’acerbes entre M. Maillard et le député LR Olivier Marleix.Le texte prévoit pour l’essentiel d’instaurer dès les municipales de 2026 deux scrutins distincts pour les trois métropoles, l’un pour élire les conseillers d’arrondissement ou de secteur, l’autre pour élire ceux du conseil municipal, sur une circonscription unique. Il propose par ailleurs d’abaisser à 25% la prime majoritaire pour la liste arrivée en tête, au lieu de 50% comme c’est aujourd’hui le cas dans les trois villes et partout en France.Actuellement, les électeurs votent dans chaque arrondissement pour une liste de conseillers, et les élus du haut de la liste siègent à la fois au conseil d’arrondissement et au conseil municipal.Un mode de scrutin décrié, qui peut aboutir à l’élection d’un maire ayant réuni une minorité de voix – comme ce fut le cas en 1983 à Marseille -, et qui conduit à ce que l’élection se joue dans une poignée d’arrondissements clés.- Lyon exclu ? -“Le fait est qu’à Paris, Lyon et Marseille (…) les villes apparaissent coupées en deux. La raison en est que les mairies centrales choisissent de privilégier significativement les arrondissements qui leur ont permis de gagner”, argumente M. Maillard.Autre effet pervers du scrutin institué en 1982: une moindre participation des électeurs, qui ont “le sentiment récurrent et légitime que leur vote ne sert à rien”, pointe-t-il.Les détracteurs du texte protestent de leur côté contre une réforme “précipitée”, qui crée un régime dérogatoire concernant la prime majoritaire, et qui laisse dans l’ombre nombre de sujets.L’un d’eux a trait à la métropole de Lyon, où la réforme aboutirait à instaurer trois scrutins le même jour, pour les élus des arrondissements, de la ville et de la métropole. M. Mattei suggère dans un amendement de limiter pour l’heure la réforme à Paris et Marseille, la députée MoDem Blandine Brocard proposant elle de supprimer les arrondissements lyonnais.Au banc, le gouvernement devrait être représenté par le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola. Car si le texte a l’onction du Premier ministre François Bayrou, il n’enthousiasme guère le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ancien chef des sénateurs LR qui ne veulent pas entendre parler de la réforme.Le président du Sénat Gérard Larcher n’est pas plus allant, au moins pour des raisons de calendrier, et l’adoption du texte à la Chambre haute semble très improbable.Or il paraît difficile sur un tel dossier de se passer de son accord, comme l’avait souligné M. Bayrou lui-même le 19 février lors d’une séance de questions au gouvernement: “Je n’imagine pas qu’un texte puisse être adopté sur ce sujet sans qu’il y ait accord de l’Assemblée nationale et du Sénat”, avait-il dit.”D’abord on s’occupe de passer le texte à l’Assemblée”, ensuite “je prendrai mon bâton de pèlerin pour convaincre les sénateurs”, affirme M. Maillard, qui continue de croire possible une mise en Å“uvre de la réforme l’année prochaine.

Marine Le Pen condamnée dénonce une “décision politique”, “tu voles, tu paies” répond Attal

La cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, s’est dite dimanche victime d’une “chasse aux sorcières” après le jugement qui l’a condamnée en première instance pour détournement de fonds publics, Gabriel Attal lui répondant par meeting interposé: “tu voles, tu paies”.”Ce n’est pas une décision de justice, c’est une décision politique” qui a “non seulement bafoué l’Etat de droit, mais aussi l’Etat de démocratie”, a martelé Mme Le Pen, lors d’un meeting organisé en urgence près des Invalides à Paris.”Je ne lâcherai rien”, a-t-elle lancé à ses partisans, se disant victime d’une “chasse aux sorcières” – terme utilisé par Donald Trump pour lui marquer son soutien.Réfutant tout “esprit de sédition”, elle s’est réclamée de Martin Luther King, défenseur des droits civiques: “Nous ne demandons pas d’être au-dessus des lois, mais pas au-dessous des lois. Nous ne sommes pas des sous-citoyens”.Avant elle, son dauphin Jordan Bardella avait fustigé la décision “scandaleuse” du tribunal judiciaire de Paris, se félicitant de la présence de 10.000 sympathisants, alors que la place Vauban était loin d’être remplie. 7.000 personnes ont participé au rassemblement, selon une source policière.Mme Le Pen a été condamnée lundi dans l’affaire des assistants parlementaires des députés européens à une peine de quatre ans de prison, dont deux sous bracelet électronique, 100.000 euros d’amende et surtout cinq ans d’inéligibilité immédiate, qui pourraient lui barrer la route de l’Elysée en 2027.Si un procès en appel a été promptement annoncé d’ici l’été 2026, le RN a rapidement appelé ses partisans à se mobiliser contre “la dictature des juges”. Rhétorique encore reprise par son député Jean-Philippe Tanguy fustigeant dimanche sur BFMTV “une partie de cette magistrature qui s’oppose à la démocratie”.- “Ingérence sans précédent” -Le président de Renaissance, Gabriel Attal, a répliqué depuis Saint-Denis, en ouverture d’un meeting de son parti, s’en prenant à “l’extrême droite qui se réunit aujourd’hui pour attaquer nos juges, attaquer nos institutions”.”Nous, ici, nous ne disqualifierons jamais une décision de justice”, a-t-il ajouté, entouré de ses alliés Edouard Philippe et François Bayrou.Message réitéré un peu plus tard dans l’après-midi, lors d’un discours devant les militants de Renaissance: “Si tu voles, tu payes, surtout quand on est un responsable politique”, a-t-il dit, en promettant de pas voter la proposition de loi mise sur la table par Eric Ciotti, allié de Marine Le Pen, pour supprimer l’exécution provisoire concernant les peines d’inéligibilité.M. Attal a aussi fustigé “une ingérence sans précédent” dans le soutien de Donald Trump, Vladimir Poutine ou encore Viktor Orban à Mme Le Pen. “Au profit de qui? D’un de leurs prestataires de service chez nous, le Rassemblement national”, a-t-il lancé.Il a au passage tenu à se distinguer du droitier ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, en soulignant que Renaissance “ne jet(ait) pas le discrédit sur la justice (…) en affirmant qu’il y aurait des +juges rouges+”, allusion à une formule utilisée par le candidat à la présidence de LR.L’événement a réuni près de 9.000 personnes dans la journée, selon les organisateurs.M. Bayrou avait pour sa part estimé, dans un entretien au Parisien, qu’il n’était “ni sain ni souhaitable” d’organiser un rassemblement pour protester contre une décision de justice.A droite également, le président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a pointé en fin de journée sur BFMTV “la violence” et “la charge contre les magistrats” dans “les propos de Mme Le Pen”.- Rendez-vous le 1er mai -En début d’après-midi, un troisième rassemblement politique s’était tenu, réunissant une partie de la gauche place de la République, en soutien à l’institution judiciaire. Jean-Luc Mélenchon y a brièvement participé, sans prendre la parole.Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard a estimé que “l’extrême droite montr(ait) son vrai visage”, celui d’un “parti violent qui menace y compris les juges quand les décisions prises par la justice ne leur conviennent pas”. Plus de 15.000 personnes ont selon lui répondu à l’appel, une “première étape” avant une plus grande mobilisation le 1er mai. Une source policière a compté 5.000 personnes place de la République, dont 1.500 manifestants pro-Palestiniens, une manifestation ayant peu à peu remplacé l’autre.La patronne des Ecologistes Marine Tondelier a regretté l’absence des socialistes et des communistes, pour des raisons tenant notamment au “congrès” du PS.Un peu plus tôt, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, avait expliqué sur France 3 ne pas vouloir “donner le sentiment que ce serait une manifestation qui aurait un caractère politique”. Son parti sera en revanche présent “la semaine prochaine” à une autre manifestation “à l’appel des syndicats, des ONG, des associations”, a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie française annonce “une nouvelle phase” des relations avec Alger

Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a annoncé dimanche lors d’une visite à Alger, “une nouvelle phase” pour les relations entre la France et l’Algérie, après huit mois d’une crise qui a mené les deux pays au bord de la rupture.”Avec le président (Abdelmadjid) Tebboune, nous avons exprimé la volonté partagée de lever le rideau, d’entrer dans une nouvelle phase” et de “reconstruire un partenariat d’égal à égal, serein et apaisé”, a déclaré M. Barrot, à l’issue d’un entretien de 2H30 avec le chef de l’Etat algérien.Il a dit avoir tenu à venir en Algérie, “moins d’une semaine après” l’appel téléphonique du 31 mars entre M. Tebboune et le président français Emmanuel Macron ayant acté la reprise du dialogue bilatéral.”La France souhaite tourner la page des tensions actuelles” “dans un souci d’efficacité et de résultats”, a expliqué M. Barrot, annonçant une “réactivation de l’ensemble des mécanismes de coopération” où “nous revenons à la normale”. La période de tension inédite traversée ces derniers mois “ne sert ni les intérêts des Algériens ni des Français”, a-t-il estimé.Selon M. Barrot, tous les sujets ont été mis sur la table lors d’une “réunion très utile” de 1H45 avec son homologue Ahmed Attaf, l’idée étant de “retrouver la dynamique et l’ambition fixées” par MM. Macron et Tebboune en août 2022 lors d’une visite du président français à Alger.La récente crise d’une gravité inédite entre l’Algérie et son ancienne puissance coloniale (1830-1962) a démarré à l’été 2024 quand M. Macron a apporté son soutien total à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L’Algérie a immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.A l’automne, l’arrestation à Alger de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour des déclarations portant, selon l’Algérie, “atteinte à l’intégrité du territoire”, a fait monter d’un cran les tensions.Les tensions se sont ensuite enflammées début 2025 lorsque Paris a réclamé l’expulsion d’influenceurs algériens, refusée par Alger.- “Geste d’humanité” -Un point culminant a été atteint fin février, le jour où le ministre de l’Intérieur français Bruno Retailleau a pointé un doigt accusateur contre l’Algérie après un attentat en France commis par un Algérien, objet d’obligations de quitter le territoire rejetées par Alger. Depuis que MM. Macron et Tebboune ont repris les choses en main, il y a une volonté conjointe de “retrouver les voies de la coopération dans l’intérêt mutuel des deux peuples”, selon M. Barrot.Le ministre a annoncé “tout d’abord” une reprise de la coopération sécuritaire avec une réunion déjà “actée” des hauts responsables des renseignements. “Nous aurons, a-t-il ajouté, un dialogue stratégique sur le Sahel”, où l’Algérie est limitrophe du Mali et du Niger. Les deux pays sont préoccupés aussi par le retour de jihadistes de Syrie.Autre préoccupation française: l’acceptation par Alger des ressortissants renvoyés ou expulsés de France. Le traitement de questions comme les visas et les réadmissions se fera “dans le cadre des accords existants, via des procédures normales”, a indiqué M. Barrot, annonçant “une rencontre prochaine” entre préfets français et consuls algériens.Sur le plan économique, face aux difficultés rencontrées par une partie des 6.000 entreprises françaises implantées en Algérie notamment dans l’agro-alimentaire, l’automobile et le transport maritime, M. Tebboune a assuré vouloir “donner une nouvelle impulsion”, a dit M. Barrot, annonçant une réunion entre les patronats des deux pays le 9 mai à Paris.M. Barrot a évoqué le sort de “notre compatriote Boualem Sansal”, appelant le président Tebboune à “un geste d’humanité” pour l’écrivain “au vu de son âge et de son état de santé”. L’essayiste-romancier de plus de 80 ans, atteint d’un cancer, a été condamné le 27 mars à cinq ans de prison. Le Parquet algérien, qui avait requis 10 ans, a fait appel. Selon des avocats à Alger, une réduction de peine et éventuellement une grâce présidentielle permettraient sa libération anticipée.”Les relations reprennent leur cours normal, sans avoir besoin de déclarer un vainqueur dans cette brouille diplomatique” tout en démontrant “l’impossibilité d’une rupture entre l’Algérie et la France” voulue par l’extrême droite française, estime le journal algérien L’Expression.

Attal et Renaissance se donnent “deux ans pour la France”, 2027 en ligne de mire

“Attal, président”. Sous les ovations des militants Renaissance, Gabriel Attal a lancé dimanche une opération “deux ans pour la France” pour aboutir à un “projet pour le pays” qui prévoira un “changement profond”, malgré l’héritage revendiqué d’Emmanuel Macron.L’ancien Premier ministre organisait dimanche à la Cité du Cinéma, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), son premier grand évènement depuis son élection à la tête de Renaissance début décembre.Prévu depuis des mois, ce meeting a été rattrapé par la manifestation convoquée par le Rassemblement national pour protester contre la condamnation judiciaire de Marine Le Pen.”Tu voles, tu paies”, a lancé M. Attal à l’attention de la leader du RN, déclinant la formule choc (“tu casses, tu répares…) de sa déclaration de politique générale, lors de son bref passage à Matignon.Si l’actualité politico-judiciaire et la situation internationale ont coloré les échanges – la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili et la députée ukrainienne Liudmyla Buimister se sont notamment exprimées -, M. Attal n’en a pas moins clairement mis le cap sur 2027.Devant ses partisans – 8.850 tout au long de la journée selon le parti, un peu moins de 5.000 lors du discours final -, le patron de Renaissance a lancé “un nouveau temps politique”, qu’il a appelé “deux ans pour la France”, censé aboutir dès l’an prochain à un “projet complet pour le pays”.Ce projet “devra être celui d’un changement profond. Cela peut paraître paradoxal pour un parti qui a gouverné le pays jusqu’à l’été dernier, mais le changement profond, ce n’est pas renier notre bilan, c’est avoir le courage de se réinventer sans se renier, de reconnaître nos succès comme nos échecs”, a-t-il expliqué.M. Attal a rendu hommage à Emmanuel Macron, avec qui les relations sont dégradées depuis la dissolution. Le chef de l’État, fondateur du parti en 2016, a tweeté sa “reconnaissance infinie” envers ses soutiens et son “espoir tout aussi grand pour notre avenir et ce qui nous reste à accomplir”. Sans toutefois mentionner son ancien Premier ministre.-“Champ de ruines”-“La politique française est malade. Et depuis l’été dernier, elle est un véritable champ de ruine”, a jugé Gabriel Attal.Le patron de Renaissance aura fort à faire au sein du “bloc central”. Ses principaux dirigeants, conviés en matinée à la Cité du cinéma, ont rivalisé d’appels à l’unité, sans vraiment aborder les sujets qui fâchent.Si François Bayrou a jugé que les “sensibilités différentes” de ce bloc devaient “continuer” à travailler ensemble, il n’a pas évoqué sa volonté de fusionner Renaissance avec son parti, le MoDem, comme il l’a fait dans un entretien au Parisien, après que l’idée a été évoquée par Élisabeth Borne.La ministre de l’Éducation, présidente du Conseil national de Renaissance – sorte de parlement du parti- a suscité, mezza vocce, des critiques en interne. “Une démarche pour savonner la planche d’Attal à la veille du meeting”, juge un adhérent du parti.Candidat déclaré à l’Élysée et déjà en campagne, Édouard Philippe a de son côté plaidé pour “une base large et un projet clair”.”Nous ne pourrons prévaloir qu’avec une base plus large”. “Le bloc central (…) a vocation à devenir un bloc républicain et démocrate”, un rassemblement allant “de la droite conservatrice à la social-démocratie”, a expliqué le maire du Havre.Proche d’Édouard Philippe – il s’est exprimé lors de son dernier meeting à Lille – mais membre de Renaissance, Gérald Darmanin s’est prononcé pour une candidature commune du bloc central et des Républicains (LR).”Si nous sommes plusieurs candidats à la présidentielle, nous ne serons pas au second tour”. “Je dis aussi à Laurent Wauquiez, je dis aussi à Bruno Retailleau que leur place est parmi nous”, a lancé le garde des Sceaux.Le président de l’UDI, Hervé Marseille, a plaidé pour la plus large unité dès les élections municipales de mars 2026. “Quand on est à Toulon face au RN, quand on est à Roubaix face à LFI, il n’y a qu’une seule solution, c’est de se rassembler le plus fortement possible, le plus concrètement possible et même aller au-delà, aller au-delà de notre rassemblement”, a expliqué le sénateur des Hauts-de-Seine.

A République, des militants de gauche contre le RN et pour “soutenir la justice”

Décidés à “se faire entendre jusqu’à la place Vauban” où le RN tient son meeting de soutien à Marine Le Pen, quelques milliers de sympathisants de gauche se sont retrouvés place de la République dimanche pour dénoncer les attaques contre la justice. “Marine, quand on fait une bêtise, on est puni”, clame une pancarte tenue par une petite fille sous le soleil printanier.”Qui jugeait les juges trop laxistes ? Et prônait l’inéligibilité à vie ? La Marine sombre dans le déni”, fustige une autre affiche dans la petite foule installée autour de la statue de la République, répondant à l’appel des Ecologistes et de LFI.”Je suis venu pour soutenir la justice, la juge qui est sous protection policière. Il y a eu des attaques contre l’Etat de droit et pas que de la part du RN”, explique à l’AFP Olivier Péant, 43 ans, pas encarté. Mais “c’est dommage car il y a peu de monde”.Les organisateurs ont annoncé 15.000 participants, une source policière a évoqué 3.000 personnes. Parmi elles, Thomas Le Faouder, un sympathisant de gauche pas encarté, entend “soutenir la République de façon générale et plus particulièrement contre l’extrême droite”. En écho, Marie, 62 ans, espère “un sursaut”, inquiète “pour (ses) petits enfants avec cette montée des extrêmes un peu partout”.- “Vrai visage” du RN -Au lendemain de la condamnation de Marine Le Pen pour détournement de fonds publics, lundi en première instance, qui l’empêche à ce stade de concourir à la présidentielle 2027 en raison de l’application immédiate d’une inéligibilité de cinq ans, le RN avait riposté en dénonçant une “tyrannie des juges”. Le RN montre “son “vrai visage”, celui d’un parti “dangereux pour la démocratie”, qui “menace y compris les juges quand les décisions prises par la justice ne leur convient pas”, a dénoncé devant la presse le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard.”On a entendu pendant longtemps le Rassemblement national nous dire nous, on est mains propres têtes hautes et aujourd’hui sont mains sales et tête basse”, a-t-il renchéri sur scène, micro en main. Face au meeting organisé par le RN, “il était impossible pour nous que cela ne donne pas lieu à une riposte populaire et aujourd’hui c’est la première étape de cette réaction”, a-t-il lancé, en évoquant une mobilisation le 1er mai.Samedi prochain, une autre mobilisation pour la défense de l’Etat de droit est prévue “partout en France”, à l’initiative cette fois d’associations et de syndicats (SOS Racisme, CGT, LDH), alors que ce premier rassemblement politique a peiné à mobiliser au-delà des écologistes et des insoumis, PS et PCF notamment ayant décliné. – “Chacun sa sensibilité” -Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a admis devant la presse ne “pas comprendre complètement les arguments pour ne pas être là” de la part des socialistes. Mais “la gauche et les écolos, on n’est pas une caserne, chacun a sa sensibilité”, dit-elle, en préférant garder ses banderilles pour les représentants de l’extrême droite qui “prennent comme modèle Donald Trump”.Iris Besnainou, manifestante “non affiliée”, se dit évidemment “attentive à qui appelle au rassemblement, mais j’avais surtout envie qu’il y en ait un”: “On a peur de ce qui est en train de se passer, on n’en dort pas la nuit (…). Si je peux, je retournerai manifester dans une semaine”, dit-elle.Les discours ont duré environ une heure devant une assemblée où s’est glissé au début le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, sans prendre la parole. Au milieu des étendards de toutes les couleurs, celles des écologistes, des insoumis, du NPA ou le bleu-blanc-rouge national, les drapeaux palestiniens sont devenus de plus en plus nombreux, alors qu’une manifestation pour Gaza était prévue dans la foulée, place de la République. cko-jdy-alu-sm/spi

Congrès du PS : Vallaud veut “parler aux ouvriers, paysans et travailleurs”

Le député Boris Vallaud a lancé dimanche depuis sa circonscription des Landes sa campagne au poste de Premier secrétaire du Parti socialiste en souhaitant se tourner vers les “classes populaires”, “la vocation historique” de son parti. A Montfort-en-Chalosse, territoire agricole et rural du sud des Landes, Boris Vallaud a dit vouloir retrouver “la vocation historique du PS”, celle de “parler aux ouvriers, aux paysans et aux travailleurs”.Devant plus de 200 personnes, il a expliqué sa “certitude” de ne “rien pouvoir faire dans la division et les désaccords”, vantant la “fraternité”, “seul projet politique qui vaille dans une société fracturée”. Pour M. Vallaud, le PS doit devenir “un parti de combat face au grand choc qui nous opposera à l’extrême droite” lors de l’élection présidentielle de 2027.”Je ne crois pas à la possibilité du front républicain au second tour, tant je vois dans l’hémicycle toutes les droites se donner la main”, a-t-il asséné.  Dans les Landes, fief socialiste, le Rassemblement national atteignait pour la première fois plus de 35% au premier tour des élections législatives, en juillet dernier.”Ici, où l’on mène des politiques socialistes depuis quarante ans, des gens ont jugé plus utile de voter Bardella que Vallaud, mais nous allons barrer la route des classes populaires au Rassemblement national”, a promis le député, sous les applaudissements nourris.  Préférant le congrès “d’unité’ d’Epinay, en 1971, qui a vu la victoire de François Mitterrand, à celui de Marseille, en 2023 “et sa bagarre de village gaulois, le banquet en moins”, Vallaud veut “faire d’abord l’union des socialistes avant l’union de la gauche”.Il en exclut d’office la France insoumise, avec laquelle “le divorce est consommé”, juge-t-il.Six contributions ont été déposées samedi pour définir la ligne stratégique parti. Celle de Boris Vallaud a obtenu jusqu’ici 27 parrainages, contre 119 pour Olivier Faure, 72 pour Nicolas Mayer-Rossignol et 42 pour Hélène Geoffroy, parmi les principaux candidats à la tête du PS.A l’issue d’un premier vote des adhérents le 27 mai, les premiers signataires des deux textes arrivés en tête pourront concourir pour l’élection du premier secrétaire du parti prévue le 5 juin.

Haine en ligne: un député de Dordogne dépose plainte pour “menace de mort”

Le député de Dordogne Sébastien Peytavie, le seul de l’Assemblée en fauteuil roulant, a déposé plainte pour “menace de mort” après qu’un blog eut appelé au retour d’un programme nazi d’extermination des handicapés, a-t-on appris dimanche auprès du parquet.”Un site d’extrême droite appelle à ma mise à mort à travers une +Aktion T4+” qui “désigne la campagne d’extermination par assassinat des adultes handicapés, menée par le régime nazi de 1939 à 1941″, avait annoncé samedi M. Peytavie, député de la 4e circonscription de Dordogne, sur son compte X.”C’est une offensive contre ce que je suis, en tant qu’élu et homme handicapés”, a ajouté ce membre du parti Générations.Sa plainte retient les qualifications de “menace de mort”, “injures publiques” et “injures à caractère homophobe”, a indiqué dimanche le parquet de Bergerac à l’AFP, confirmant une information du journal Sud Ouest.Sur un blog intitulé “Démocratie Participative” au ton ouvertement raciste et xénophobe, un article évoquant le double meurtre d’une femme et de sa fille dans un village du Périgord, fin mars, s’en prend au député local, Sébastien Peytavie,  injurié et présenté comme “l’heureux participant de la prochaine Aktion T4″.”Tout mon soutien à @speytavie. Les menaces dont il est l’objet sont totalement inacceptables”, a réagi sur X Catherine Vautrin, ministre du Travailde la Santé, des Solidarités et des Familles de France.L’administrateur présumé de ce site hébergé aux États-Unis, le blogueur ultranationaliste Boris Le Lay, localisé pour la dernière fois au Japon, demeure recherché après plusieurs condamnations par défaut, notamment pour provocation à la haine raciale et antisémitisme.”Aktion T4″, programme de meurtre de masse des handicapés mentaux et physiques mené par le régime nazi en Allemagne et dans certains pays annexés durant la Seconde Guerre mondiale, fit entre 200.000 et 250.000 victimes, selon les historiens.