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Le député LFI Thomas Portes sanctionné pour des propos tenus dans l’hémicycle

Le député LFI Thomas Portes a été sanctionné mercredi par le bureau de l’Assemblée nationale pour des propos “menaçants et insultants” tenus dans l’hémicycle lors d’une séance de questions au gouvernement.Le bureau de l’Assemblée, après avoir entendu Thomas Portes, a choisi par 11 voix contre 2 et une abstention de lui infliger un rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal, la deuxième sanction possible sur une échelle de quatre. La décision a été prise par la plus haute instance exécutive de la chambre basse, qui réunit les vice-présidents, questeurs et secrétaires autour de la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet.Cette dernière a critiqué dans un communiqué des “propos menaçants et insultants” du député de Seine-Saint-Denis. Il lui était notamment reproché d’avoir dit : “ferme ta gueule, toi. On va s’occuper de toi. On va s’expliquer dehors, tu vas voir”, à l’adresse des bancs du Rassemblement national. La scène s’était déroulée le 30 octobre dernier, lors d’une question au gouvernement de sa camarade de groupe Nathalie Oziol sur le Proche-Orient.Plusieurs sources au groupe LFI ont répondu en pointant des interpellations en provenance des bancs du RN auxquelles Thomas Portes aurait répondu, et notamment du député Laurent Jacobelli qui avait qualifié des députés LFI de “porte-parole du Hamas”. Selon plusieurs sources parlementaires, des représentants du socle commun, de Liot, un PS et un écologiste se sont prononcés pour la sanction. LFI s’est prononcé contre et le représentant du groupe GDR (communistes et ultramarins) s’est abstenu.Cette sanction comporte la privation pendant un mois du quart de l’indemnité parlementaire (soit 1.482,99 euros).”Les insultes et les menaces n’ont pas leur place dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Les députés ont un devoir d’exemplarité et doivent se montrer dignes du mandat qui leur a été confié par les Français”, a estimé Yaël Braun-Pivet dans son communiqué, soulignant que M. Portes avait déjà été sanctionné par le passé.”La liberté d’expression est indispensable mais ne peut pas excuser des menaces vis-à-vis d’autres députés”, a également estimé Sophie Pantel, députée socialiste membre du bureau.

Au Congrès des maires, tir groupé des élus locaux contre les coupes budgétaires

Opération “mairie fermée”, écharpes noires et conférences de presse démultipliées au Congrès des maires: le monde des élus locaux n’a jamais été autant en ébullition face à un projet de budget accusé de menacer l’investissement et les services publics.Sur le répondeur téléphonique d’une mairie du Gard, le message tourne en boucle: “La mairie de Cendras participe à l’opération +Mairie fermée+ du 19 au 21 novembre portée par l’Association des maires ruraux du Gard”.Pour protester contre l’austérité des mesures budgétaires prévues pour les collectivités en 2025 par le précédent gouvernement, reprises par le nouveau, une cinquantaine de mairies du département participent à l’opération.”L’idée de nous faire porter la responsabilité de la dette me met en colère”, déplore auprès de l’AFP Sylvain André, maire de cette commune de 1.600 habitants. “Dans nos mairies, nos budgets sont à l’équilibre. Nous sommes comme un ménage, on ne dépense pas ce que l’on n’a pas. Pour chaque projet, le banquier nous donne un accord ou pas”, s’énerve-t-il.Une contribution de “cinq milliards d’euros” est demandée aux collectivités, dont trois milliards aux 450 plus grandes, mais les associations d’élus évaluent plutôt la facture à 11 milliards d’euros.A Paris, le Congrès des maires qui se tient jusqu’à jeudi est l’occasion de toutes les revendications, alors que plus de 10.000 élus locaux sont annoncés, ainsi qu’une vingtaine de ministres dont le Premier d’entre eux, Michel Barnier, au discours très attendu en clôture de l’événement. Après une photo commune de 5.000 maires arborant l’écharpe noire mardi, une centaine d’élus socialistes se sont réunis mercredi derrière une banderole sur laquelle était inscrit “Ecole, police, soignants, associations… On supprime quoi ? Non à la casse des services publics”.Dans une rare conférence de presse commune, huit associations d’élus ont également réitéré leur opposition aux restrictions budgétaires.”Les mesures proposées sont des mesures récessives qui, à la fin, auront un effet récessif sur les rentrées budgétaires de l’Etat”, a averti le président de l’Association des maires de France (AMF) David Lisnard.- “Signes décourageants” -“Dans nos villes populaires, il y a beaucoup d’inquiétudes sur ce budget. Ca va impacter lourdement les habitants, mais également les associations qui sont (…) la vie démocratique et la vie sociale dans nos communes”, a prévenu de son côté Gilles Leproust, président de Ville et Banlieue. “On nous qualifie souvent d’amortisseurs sociaux. Quand on enlève les amortisseurs, quand il y a un crash démocratique, c’est le risque qui est devant nous, ça fait très mal”, a alerté Christophe Bouillon, président de l’Association des petites villes de France.Jean-François Debat, président par intérim de Villes de France, l’association des villes moyennes, dénonce en particulier “la brutalité” et le côté “totalement excessif, violent”, de la méthode suivie par le nouveau gouvernement.D’autres craignent des répercussions sur le moral et les motivations des élus. “Ces ponctions seraient un élément de plus qui envoie des signes décourageants aux équipes municipales. Dans un an et demi, c’est le renouvellement, et il faut que ceux qui vont vouloir se présenter se disent qu’ils pourront agir”, juge Sébastien Gouttebel, représentant des maires ruraux.Selon la ministre du Partenariat avec les territoires Catherine Vautrin, 2.400 maires ont démissionné depuis le début de leur mandat en juin 2020. “C’est 40 de plus par an lors de ce mandat”, a-t-elle déclaré à la presse mercredi.D’après les chiffres officiels tirés du Répertoire national des élus, les démissions sont passées de 485 en moyenne par an lors du précédent mandat à 529 lors de celui-ci. Des chiffres à prendre toutefois avec précaution, prévient le ministère, compte-tenu d’un changement des modes de calcul en 2021.Venu au secours des maires, le président du Sénat Gérard Larcher a réitéré son intention de vouloir limiter l’effort des collectivités à “2 milliards et de réaliser les 3 milliards d’économies ailleurs”.”Le sujet global du gouvernement, c’est de ramener le déficit public à 5% (…) Après si en échangeant avec les parlementaires, on arrive à trouver des économies ailleurs et à moins faire d’économies avec les collectivités, pourquoi pas ?”, lui a répondu Catherine Vautrin.

Face à une crise du logement qui leur explose au visage, les maires en attente de solutions

La crise du logement est “massive” et touche “tous les segments”, de l’habitat social au premier achat immobilier, poussant les maires à demander plus d’outils au gouvernement pour faire face à cette situation explosive.”La crise du logement touche tous les segments” et cela bloque les “parcours résidentiels”, a averti le maire de Chambéry Thierry Repentin mercredi au Congrès des maires, organisé par l’Association des maires de France (AMF), dont il co-préside le groupe de travail Logement-Habitat-Hébergement.”Sujet majeur” pour les édiles, le logement connaît aujourd’hui une grave crise, autant dans le parc de résidences sociales, sous-dimensionné pour répondre aux millions de demandes, que dans le marché locatif privé ou pour permettre aux ménages d’accéder à la propriété.Les enjeux sont grands car les problèmes de logements sont le “terreau d’une colère locale très forte” selon Charlotte Libert, co-présidente du groupe de travail Logement-Habitat-Hébergement et maire de Vincennes.”Je suis confronté à des actes de violence de plus en plus fréquents”, témoigne de son côté Norbert Samama, maire du Pouliguen, station balnéaire de Loire-Atlantique située au sud de Guérande.”Il y a des individus qui ont déchiré et m’ont jeté leur carte d’électeur en me disant +je pars parce qu’il n’y a rien pour se loger dans la commune+. Je suis en situation de crise sociale, de bombe sociale”, alerte-t-il, démuni face à des “jeunes actifs qui dorment dans leur voiture”.”Le premier sujet qui explose à la figure des élus, c’est le logement”, en métropole comme en outre-mer, confirme Valérie Létard, la ministre du Logement et de la Rénovation urbaine.”Aujourd’hui quand on rentre dans un logement social, on n’en sort plus” rapporte Serge Hoareau, maire de Petite-Ile, une commune de la Réunion.  Sur son territoire, “le problème du logement est exacerbé car sur une île, si nous ne trouvons pas de logement à la Réunion, on ne peut pas se déporter vers le département voisin” et, de plus, “les bailleurs privés préfèrent faire de la location saisonnière”.Autre commune ultra-marine, Fort-de-France, le chef-lieu de Martinique, souffre d’une “inadéquation totale des logements à la réalité, notamment pour les personnes âgées ou les jeunes”, et d’une “grande vacance” des logements dans certains quartiers, selon son maire Didier Laguerre.- “Dégripper” le secteur -Pour mieux répondre aux besoins de leurs administrés, les édiles veulent des “outils pour organiser les parcours résidentiels” et les adapter à leur territoires et “plus de souplesse et d’agilité”. Thierry Repentin souhaite aussi des “outils pour gérer le foncier” et propose de pouvoir “encadrer les prix du foncier pour produire des logements”. Il demande des solutions pour “remettre sur le marché les 10% de logements vacants”.Face à une crise du logement qu’elle juge “massive”, Valérie Létard appelle les élus à travailler “main dans la main” pour “co-construire” des solutions avec les parlementaires.Elle rappelle les “mesures concrètes pour dégripper” le secteur et aider à la création de logements, en cours de discussion avec les parlementaires : généralisation du prêt à taux zéro, réduction d’un prélèvement de l’Etat sur les revenus des bailleurs sociaux et projet de loi sur la transformation des bureaux vacants en logements, ainsi qu’un amendement pour inciter les donations familiales en vue de l’achat d’une résidence principale.Des “petites choses qui dégrippent des maillons, mais ça ne suffira pas à être au niveau de l’ambition de 450.000 nouveaux logements par an”, estime Thierry Repentin, qui veut “retrouver une dynamique de construction de logements neufs”.D’autres “chantiers” de plus long terme sont sur la table de la ministre : le “statut du bailleur privé”, la “simplification des procédures en matière d’urbanisme et d’habitat”, ou encore le soutien aux bailleurs sociaux.Concernant les bailleurs privés, Valérie Létard réfléchit à des mesures pour “faire en sorte que l’investissement dans la pierre ne soit pas confiscatoire”, et sur “comment redonner de la respiration aux investisseurs privés sans tomber dans la démesure”.

Viol: l’inscription du consentement dans la loi proposée par LFI rejetée en commission

Une proposition de loi de La France insoumise visant à inclure la notion de consentement dans la définition pénale du viol a été rejetée mercredi en commission des Lois, plusieurs députés critiquant un texte court-circuitant une initiative transpartisane en cours.Le texte présenté par le groupe LFI est inscrit en deuxième position dans la liste des textes que La France insoumise souhaite voir examiner lors de sa niche, le 28 novembre, après l’emblématique proposition de loi abrogeant la réforme des retraites.Alors que le débat sur le consentement n’a fait qu’enfler dans la société, “il m’a semblé important de le faire entrer ici, dans l’enceinte de l’Assemblée”, a fait valoir la rapporteure du texte, Sarah Legrain (LFI). Aujourd’hui “le défaut de consentement ne suffit pas à caractériser le viol, mais alors, qui peut s’en prévaloir du consentement? Qui peut le définir? Qui peut le présumer? Et ne serait-ce pas mieux, plus clair, plus sûr de l’inscrire et de le définir ?”, a-t-elle plaidé.Le texte n’a toutefois par recueilli l’ensemble des voix de la gauche, les trois autres groupes préférant qu’un travail transpartisan mené depuis la fin 2023 par la délégation aux droits des femmes sur ce sujet aille à son terme avant le dépôt d’une éventuelle proposition de loi. Ce “travail de plusieurs mois, avec plus d’une centaine de personnes auditionnées – magistrats, avocats, forces de l’ordre, associations, victimes (…) nous a convaincus de la nécessité de changer la loi, mais surtout de le faire avec prudence”, a déclaré lors des débats la députée Marie-Charlotte Garin (Ecologistes), vice-présidente de cette délégation. “Cette proposition de loi est perçue par l’ensemble des acteurs comme un mépris de ce travail”, a déclaré avec virulence Véronique Riotton (EPR), la présidente de la délégation. Elle a dénoncé “un travail collectif mis en péril pour des fins individuelles et communicationnelles”. Le débat sur la redéfinition du viol dans le code pénal pour que soit prise en compte l’absence de consentement a ressurgi en France à l’occasion du procès des viols de Mazan (Vaucluse). Fin septembre, le ministre de la Justice, Didier Migaud, s’est dit favorable à l’idée de faire évoluer la définition du viol en droit français en y intégrant la notion de consentement.A l’heure actuelle, l’article 222-23 du code pénal définit le viol comme “tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise”.La notion de consentement n’y est pas mentionnée explicitement.

Destitution de Macron: les Insoumis poussent pour faire revenir le texte

La proposition LFI de destitution du président Emmanuel Macron a été de nouveau jugée recevable mercredi par le bureau de l’Assemblée nationale, un éventuel examen dans l’hémicycle restant suspendu à son inscription, en premier lieu en commission des Lois.Une proposition similaire avait déjà été examinée puis largement rejetée en commission début octobre par 54 députés sur les 69 ayant pris part au vote. Quinze députés (insoumis, communistes ou écologistes) s’étaient prononcés pour.Dans la foulée, la conférence des présidents de l’Assemblée nationale avait choisi de ne pas inscrire le texte à l’agenda dans l’hémicycle, ce que demandait le Nouveau Front populaire dans son ensemble, malgré l’opposition des socialistes sur le fond de la procédure.Pour faire remonter la pression, les députés Insoumis espèrent faire examiner la proposition de destitution dans leur niche parlementaire du 28 novembre prochain. Ils ont obtenu sans trop de surprise un premier feu vert en passant mercredi le filtre de la recevabilité du bureau de l’Assemblée, où le NFP dispose d’une majorité depuis sa reconstitution post-dissolution, selon plusieurs sources parlementaires.Mais pour avoir une chance de faire examiner le texte sous les feux de l’hémicycle le 28 novembre, les Insoumis devront d’abord passer par la case commission des Lois.”Le président de la commission des lois Florent Boudié (Ensemble pour la République) doit maintenant le faire examiner. S’il refuse, il bafouerait notre droit constitutionnel strict de choisir les textes de notre niche”, a affirmé mercredi la présidente du groupe LFI Mathilde Panot.Contacté par l’AFP, le président de la commission des Lois Florent Boudié n’était pas disponible en milieu de journée pour donner sa position sur le sujet.En l’état actuel des choses la procédure de destitution a toutefois extrêmement peu de chances d’être adoptée in fine, puisqu’elle doit pour cela être approuvée par les deux tiers des parlementaires, députés et sénateurs réunis. Une gageure alors que même la gauche parlementaire n’est pas unanime pour la soutenir.

Censure du gouvernement: Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n’hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si “le pouvoir d’achat des Français est amputé” dans le projet de budget 2025.”Nous n’accepterons pas que le pouvoir d’achat des Français soit encore amputé. C’est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure”, a affirmé mercredi sur RTL la cheffe de file des députés du Rassemblement national.Le vote de cette motion de censure interviendrait dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l’article 49.3 de la Constitution, comme c’est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l’État.Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion, alors le gouvernement Barnier, fragile attelage entre la droite et le centre, serait renversé et le projet de budget rejeté.Marine Le Pen a en particulier jugé “inadmissible” la hausse envisagée par le gouvernement des taxes sur l’électricité pour dégager trois milliards d’euros, une mesure toutefois supprimée par l’Assemblée nationale en première lecture.”Taper sur les retraités, c’est inadmissible”, a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d’augmenter les retraites de la moitié de l’inflation au 1er janvier, puis d’une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.- “Pas écoutés” -Depuis quelques jours, les responsables du RN haussent le ton sur le sujet tout en assurant que cela n’a rien à voir avec les réquisitions du parquet dans l’affaire des assistants du parti au Parlement européen. Si elles étaient suivies, Mme Le Pen pourrait ne pas pouvoir se présenter à la présidentielle.Face à cette menace, Michel Barnier va recevoir la semaine prochaine, un par un, les présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.”Ils auront à ce moment-là l’occasion d’échanger sur le budget”, souligne-t-on à Matignon.Ce premier tête-à-tête depuis la nomination de Michel Barnier suffira-t-il ?Les demandes du RN étaient “de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l’État”, a récapitulé Marine Le Pen. “Or nous n’avons pas été entendus, nous n’avons même pas été écoutés”.Alors qu’il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marges de manÅ“uvres.”L’objectif est d’arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur” budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024. – “Opportuniste” -L’exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.”Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d’un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit”, a déclaré sur CNews le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.”Le pire pour le pouvoir d’achat des Français, ce serait une crise financière”, a alerté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail). Une question demeure: le RN bluffe-t-il ? “Le RN est assez opportuniste sur ses positions de vote” qu’il définit “en fonction des sondages et de ce qu’il entend sur le terrain”, relève un ministre.Agiter cette menace permet au parti à la flamme de “faire monter les enchères pour que ses propositions soient mieux prises en compte”, en même temps que “répondre au mécontentement de ses propres électeurs”, voire “préparer l’opinion” à un passage à l’acte, analyse-t-il.A moins que le RN veuille “faire sauter” le très droitier ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui “capitalise” sur son “fonds de commerce”, considère un député de la coalition gouvernementale. En outre, si Marine Le Pen est condamnée par la justice en janvier, “elle pourra dire que c’est parce qu’on lui reproche d’avoir déstabilisé le pays”, estime un autre député, qui assure que “100%” des électeurs RN qu’il a rencontrés “veulent la censure”.Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l’Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l’État. far-lum-sac-are/sde/sp

Création d’un groupe d’amitié France-Palestine à l’Assemblée

Le bureau de l’Assemblée nationale a acté mercredi la création d’un “groupe d’amitié” France-Palestine selon des sources parlementaires, une décision à la portée hautement symbolique alors que la création d’un tel groupe requiert normalement la reconnaissance d’un Etat.Une demande du même type avait été formulée en mai, sans aboutir, car ces groupes d’amitié impliquent selon des critères définis en 1981 l’existence d’un Parlement dans l’Etat, de relations diplomatiques avec la France, et l’appartenance du pays considéré à l’ONU.Mais la gauche est devenue depuis majoritaire au sein du bureau de l’Assemblée, organe qui réunit autour de la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, les vice-présidents, questeurs et secrétaires de la chambre basse.L’Assemblée comptait déjà avant la dissolution un “groupe d’étude à vocation internationale” France-Palestine, présidé par Richard Ramos (MoDem).Ce dernier, à l’instar de la gauche, souhaitait qu’il soit transformé en “groupe d’amitié”, comme il en existe pour la plupart des États, dont Israël.”On ne peut pas avancer de façon commune si l’on a une dissymétrie dans notre Assemblée nationale” avec le groupe France-Israël, a-t-il argumenté auprès de l’AFP, soulignant aussi qu’il existe un groupe d’amitié France-Palestine au Sénat.”C’est une très bonne nouvelle”, a salué la députée écologiste Sabrina Sebaihi, notant, comme plusieurs autres sources parlementaires interrogées par l’AFP, que la création du groupe d’amitié n’avait cette fois pas suscité de réel débat ou opposition au sein du bureau. “Il ne reste qu’une seule étape maintenant, que le président de la République reconnaisse l’Etat de Palestine”, a-t-elle appelé.La députée LFI Nadège Abomangoli a elle salué sur X une décision “symbolique” mais qui “permettra de travailler pour la paix et visibiliser les initiatives de toutes celles et ceux qui veulent que la Palestine soit reconnue”.Dans un courrier à la présidente de l’Assemblée, dont l’AFP a eu connaissance, le président du groupe Ensemble pour la République, Gabriel Attal, fait part de son opposition à cette décision. “La Palestine n’est pas membre de l’ONU”, le Parlement palestinien élu en 2006 ne s’est “pas réuni pendant 11 années”, avant d’être dissout en 2018, et “la France ne reconnaît pas l’Etat de Palestine”, souligne l’ancien Premier ministre.”C’est un coup politique du Nouveau Front populaire qui ne fera pas avancer la paix d’un millimètre”, a critiqué Mathieu Lefèvre, député du groupe macroniste et ex-président du groupe d’amitié France-Israël. “La reconnaissance d’un Etat palestinien est une question bien plus sérieuse que ça”, a-t-il poursuivi.La désignation du président de ce groupe d’amitié pourrait avoir lieu le 25 novembre. Richard Ramos pourrait être candidat mais aussi des députés NFP. Cette réunion devra sans doute trancher d’autres cas épineux, comme la présidence du groupe France-Israël, assurée par les macronistes sous la précédente législature et que le Rassemblement national souhaite récupérer.

Réforme des retraites: gauche et RN marquent un premier point sur le chemin de l’abrogation

La gauche, soutenue par le RN, a marqué mercredi un premier point dans son combat pour abroger la très décriée réforme des retraites, avec l’adoption en commission parlementaire d’un texte ramenant l’âge de départ à 62 ans, un nouveau coup dur pour le gouvernement souvent malmené à l’Assemblée.”Immense victoire !”, s’est enthousiasmée après le vote la cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot. Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa “niche” parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite). Il sera examiné le 28 novembre dans l’hémicycle.La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d’Elisabeth Borne pour porter l’âge de départ à 64 ans, était “injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement”, a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.Le Rassemblement national, qui avait présenté fin octobre une proposition similaire – mais que la gauche n’avait pas soutenue -, a voté pour le texte. C’est “le même que le nôtre, et nous, nous ne sommes pas sectaires”, a argumenté Thomas Ménagé (RN).La proposition approuvée mercredi touche non seulement à l’âge de départ (c’est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation: celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d’approuver le texte global malgré tout.- “Pas de cadeau!” -Les représentants de la coalition gouvernementale, de leur côté, ont mis en garde contre un texte “pas sérieux” ou “irresponsable”. “Il faut être honnête vis-à-vis des Français: si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir” plus tôt, “mais avec une retraite beaucoup plus basse”, a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.Après cette première victoire d’étape pour la gauche et le RN, tous les yeux sont désormais tournés vers le 28 novembre, jour où le texte sera examiné dans l’hémicycle. Dans cette optique, la droite et le centre continuent de soupeser leur stratégie, selon un député de la coalition Barnier. “Certains plaident pour ne pas aller au vote” en séance, en défendant des centaines d’amendements, pour ralentir les débats et empêcher le vote du texte dans les temps impartis, mais la tactique pourrait être “dangereuse en termes d’image”, estime un élu.”On ne va rien lâcher, pas de cadeau!”, anticipe un autre cadre macroniste, qui plaide pour cette stratégie d’obstruction, conscient que l’ex-majorité n’a de toute façon pas grand chose à perdre sur ce dossier, où elle assume depuis longtemps une position qu’elle sait impopulaire. Au-delà de la date clé du 28 novembre, la gauche affirme être en mesure de porter cette proposition d’abrogation jusqu’au bout: elle a déjà prévu de l’inscrire à l’ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l’occasion d’une niche communiste, puis en deuxième lecture à l’Assemblée le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.L’abrogation n’a cependant aucune chance d’aboutir au Sénat, où la majorité de droite et du centre avait approuvé la réforme Borne en 2023. Le texte des Insoumis pourrait même y être jugé irrecevable avant d’être soumis au vote, en raison de la trop grosse charge qu’il ferait peser sur les finances publiques. Cela avait été le cas au printemps, où une proposition d’abrogation du groupe socialiste avait été retoquée par la commission des Finances, pour ce motif.

Dans le Gard, des “mairies fermées” contre les coupes exigées par le gouvernement

Sur le répondeur de la commune de Cendras dans le Gard, le message tourne en boucle: “La mairie participe à l’opération +Mairie fermée+ pour protester (…) contre des propositions visant à raboter de plus de cinq milliards d’euros les dotations aux collectivités territoriales”.A l’appel de l’association des maires ruraux, une cinquantaine de communes du Gard (sud-est de la France), dont Cendras, 1.600 habitants, ont fermé leurs portes de mardi à jeudi, le temps du congrès des maires de France réuni à Paris.Leur objectif ? Clamer haut et fort leur opposition aux économies de cinq milliards d’euros qu’exige d’elles le gouvernement pour le budget 2025 afin de réduire le déficit public.”L’accueil du public ne sera donc pas assuré durant la durée de l’opération. Vos élus se mobilisent pour défendre votre commune”, précise le message sur le répondeur de ces localités.”L’idée de nous faire porter la responsabilité de la dette me met en colère. Dans nos mairies, nos budgets sont à l’équilibre. Nous sommes comme un ménage, on ne dépense pas ce que l’on n’a pas”, explique à l’AFP le maire de Cendras et président de l’association des maires ruraux du Gard, Sylvain André.”Nos moyens ont déjà été réduits, le coût de l’énergie nous a coûté cher”, poursuit-il.”Par ailleurs, les régions, les départements vont aussi perdre des dotations. Tout cela additionné, on n’en peut plus”, lâche l’édile.Une exaspération partagée dans le Sud-Est par le maire de la deuxième ville de France, Marseille.”Je suis très inquiet de ce que nous propose le gouvernement dans son projet de loi de finances. Si c’est appliqué je vais vous expliquer simplement ce qui va se passer dans ma ville. Pour Marseille, la première année, en 2025, c’est moins 50 millions d’euros”, a déclaré mercredi sur France Inter Benoît Payan.”C’est l’intégralité du salaire de mes policiers municipaux, c’est l’intégralité de ma cantine scolaire tous les midis et c’est une école l’année prochaine” qu’on ne pourrait pas rénover, a-t-il ajouté.”On ne veut pas couper ces dépenses-ci, mais cela donne une idée de l’impact de ce que demande le gouvernement”, a indiqué la mairie à l’AFP, précisant que la ville compte 550 policiers municipaux et sert 55.000 repas par jour aux enfants marseillais.Et M. Payan de se dire solidaire des maires ruraux. Son collègue de Cendras, lui, met en garde: “Toutes ces mesures tombent à une période de réflexion des maires de repartir en 2026 ou pas. Il n’y a pas mieux pour nous décourager”.

Nouvelle-Calédonie: les loyalistes défendent une “fédération territoriale”

Le mouvement loyaliste de Nouvelle-Calédonie a présenté mercredi son projet de fédéralisme territorial, au sein de la République, en vue de la reprise prochaine des discussions sur l’avenir institutionnel de l’archipel français du Pacifique sud.La Nouvelle-Calédonie a été meurtrie par six mois de tensions insurrectionnelles qui ont coûté la vie à 13 personnes et fait des milliards d’euros de dégâts. Cet épisode a coïncidé avec l’adoption par l’Assemblée nationale d’un projet de réforme constitutionnelle, aujourd’hui abandonnée, à laquelle les indépendantistes étaient farouchement opposés.Dans la foulée de la visite des présidents des deux chambres du Parlement sur l’archipel en novembre, les loyalistes, regroupant plusieurs partis non indépendantistes radicaux, ont tenu à “clarifier leur position” avant la reprise des discussions, a précisé Sonia Backès, la cheffe de file de cette coalition qui prévoit de fusionner en début d’année 2025, “avec un nom et un projet dessiné clairement”. Le parti portera cette idée de “fédération territoriale” qu’avait formulé Dick Ukeiwé en janvier 1985 dans un discours prononcé devant le Sénat où siégeait ce proche du leader loyaliste Jacques Lafleur, qui signera en 1988 avec l’indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou les accords de Matignon.”Ses principes sont au nombre de trois: le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans l’ensemble français, l’unité du territoire et la reconnaissance de la diversité et la personnalité de toutes les parties du territoire”, a détaillé Marie-Laure Ukeiwé, fille de Dick Ukeiwé et militante loyaliste.Pour Nicolas Metzdorf, député de la première circonscription, cette vision correspond aux accords de Matignon-Oudinot qui s’inscrivaient dans la “volonté de prendre en compte la diversité de la Nouvelle-Calédonie et sa population”.”Il y a deux légitimités, il faut que chacune puisse exercer le pouvoir et donc appliquer ses règles à travers des politiques publiques dans son espace géographique”, a ajouté M. Metzdorf.Le parti non-indépendantiste modéré “Calédonie ensemble” a réagi dans un communiqué en disant ne soutenir “aucun projet de +fédération territoriale+”. D’après lui, le “consensus à construire” doit “concilier les aspirations à la souveraineté externe (…) sans remettre en cause le lien avec la France, et l’ambition d’une souveraineté interne plus affirmée (…) sans porter atteinte à l’unité du pays”.Aucun calendrier ni modalité n’ont encore été définis pour la reprise des négociations. L’Union calédonienne, principal parti indépendantiste, a toutefois précisé qu’il ne pourrait s’engager à reprendre le dialogue qu’après la tenue de son congrès, de vendredi à dimanche, et celui du FLNKS, dont la date n’est pas encore fixée.