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A Strasbourg, Tondelier appelle à “la responsabilité” de la gauche en vue de la présidentielle

“Arrêter les gnagnagna”: Les Écologistes ont rassemblé toute la gauche, y compris mélenchoniste jeudi, au premier jour de leurs universités d’été à Strasbourg, en les appelant “à la responsabilité” dans l’optique d’une candidature commune pour la présidentielle.Dans son discours, la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a de nouveau plaidé pour une primaire allant de Raphaël Glucksmann à Jean-Luc Mélenchon, alors que les deux hommes refusent toute idée d’union de la gauche pour 2027, chacun préférant faire cavalier seul pour réussir à s’imposer dans les sondages.”Arrêtons avec les attaques personnelles et les guerres picrocholines, et la commedia dell’arte, et les +gnagnagna, si tu me mets un dissident là, je t’en mets un là (…) On n’a pas le temps”, a-t-elle martelé, mettant la pression sur ses partenaires.Dans un meeting, intitulé “pour gagner demain”, se sont retrouvés sur scène le patron des socialistes Olivier Faure, et des représentants de toutes les formation du Nouveau Front populaire, y compris de Place publique et de La France insoumise. Mais Thierry Brochot, délégué général de Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann, a rapidement douché les espoirs, en estimant que l’union “n’est pas en soi une force propulsive” et ne le devient que si “elle a un sens et un projet commun”. La députée insoumise Alma Dufour a aussi acté des “divergences stratégiques” entre LFI et ses partenaires du NFP.”L’union n’est pas la seule condition pour la victoire mais sans l’union se repètera ce qui s’est déjà passé. Comme si nous n’avions pas compris que quatre, cinq, six candidats de gauche au premier tour, c’est aucun au second tour”, a répondu Olivier Faure. Et si la gauche n’était pas au second tour, elle “n’aurait plus sa place dans le débat politique”, a-t-il prévenu.”Huit Français de gauche sur 10 veulent l’union”, a martelé l’ex-Insoumise Clémentine Autain, pro-unioniste, appelant ses partenaires “à passer à l’action”.”Il y a une bascule du fascisme qui est en cours. Elle est à l’œuvre au niveau mondial, comme si les États étaient des dominos qui tombaient(…) On a un rôle à jouer historique parce que la France fait partie des prochains dominos”, a aussi averti Marine Tondelier.Et elle a prévenu que “les écologistes n’ont pas vocation à être uniquement les gentils organisateurs de l’union”, et seront représentés “dans la primaire qui s’annonce”, précisant qu’elle rendrait publique “à l’automne” sa décision sur sa potentielle candidature.Pour l’heure, au moins un point d’accord: quasiment tous promettent de voter la censure du gouvernement Bayrou lors de l’examen du budget 2026. Et de soutenir les mouvements citoyens, dont le mouvement de blocage du 10 septembre.-“débouché politique”-Une mobilisation citoyenne aux contours encore flous mais “que nous devons accompagner”, a assuré Olivier Faure. “Nous serons là le 10 septembre et les jours suivants”, a-t-il promis. Pas pour “canaliser, dompter, instrumentaliser, ou soumettre” ce mouvement mais pour “lui offrir un débouché politique qui ne soit pas celui de l’extrême droite”.Ce rassemblement à Strasbourg fait suite à l’initiative lancée début juillet par Lucie Castets, l’éphémère prétendante à Matignon du Nouveau Front populaire, pour une candidature commune pour la présidentielle.”La barre est haute pour une victoire de la gauche et des Ecologistes mais elle peut être atteinte”, a assuré cette dernière à Strasbourg, persuadée que “l’union est la clé”. Alors que Raphaël Glucksmann a affirmé qu’il y aurait “deux offres politiques en 2027” à gauche “qui ne sont pas solubles l’une dans l’autre”, Lucie Castets a répondu: “je crois que les gauches doivent être solubles. Elles sont solubles dans la lutte contre les inégalités, pour le droit international, pour la justice sociale et la justice fiscale”.Un rassemblement unitaire similaire est prévu la semaine prochaine, pour les journées d’été du PS à Blois, mais sans les Insoumis, avec qui les relations sont glaciales, notamment depuis que les socialistes ont refusé de censurer le gouvernement sur le budget 2025.L’ode à l’union risque cependant de se voir malmener dès vendredi, aux universités d’été de LFI à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme) avec le discours de Jean-Luc Mélenchon, déjà lancé pour sa quatrième campagne présidentielle.

Nouvelle-Calédonie: Valls lance les travaux de mise en œuvre de l’accord de Bougival

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a lancé jeudi en Nouvelle-Calédonie le “comité de rédaction” chargé de traduire en loi constitutionnelle l’accord de Bougival sur l’avenir du territoire, en dépit de l’opposition des indépendantistes du FLNKS qui rejettent cet accord.”Je n’ignore rien de la prise de position du FLNKS. Ma porte est ouverte, mais nous devons avancer”, a expliqué Manuel Valls en ouvrant à Nouméa cette réunion.Manuel Valls a annoncé un calendrier serré aux membres du comité de rédaction, composé des délégations politiques signataires de l’accord de Bougival – hors FLNKS – et du Sénat coutumier.”La première étape indispensable est le report des élections provinciales à juin 2026, ainsi que l’ensemble des partenaires signataires de l’accord de Bougival s’y sont engagés”, a indiqué le ministre, détaillant le calendrier prévu.Une proposition de loi organique permettant ce report sera examinée fin septembre au Sénat pour une promulgation espérée mi-octobre par le ministre.Prévues en mai 2024, les élections provinciales, cruciales sur l’archipel, avaient été repoussées d’abord à décembre 2024, puis à novembre 2025 après les émeutes de l’an passé. L’accord de Bougival les repousse à mi-2026.En annonçant son retrait de l’accord de Bougival la semaine dernière, le FLNKS a demandé le maintien du scrutin à novembre 2025.Un projet de loi constitutionnelle, “indispensable pour créer l’Etat de la Nouvelle-Calédonie et fixer son statut dans la Constitution” et pour organiser en février le référendum local sur l’accord de Bougival, doit en outre être présenté “la semaine prochaine au Conseil d’Etat”, selon Manuel Valls, qui table sur un passage en Conseil des ministres le 17 septembre.Mercredi, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) a réitéré son refus de participer au comité de rédaction à l’issue d’une réunion avec le ministre, qui entendait essayer de les “convaincre de s’inscrire dans le processus de Bougival”. L’accord de Bougival, signé le 12 juillet par le ministre des Outre-mer, les indépendantistes et les non-indépendantistes à l’issue de plusieurs jours de négociations, prévoit un Etat de Nouvelle-Calédonie inscrit dans la constitution française et une nationalité calédonienne.Il a finalement été rejeté par les militants du FLNKS, mais l’ensemble des autres formations politiques du territoire ont maintenu leur engagement en faveur du texte.”Un comité de rédaction sans le FLNKS est illégitime par nature”, a estimé jeudi dans un communiqué la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), l’organisation à l’origine de la mobilisation contre l’ouverture du corps électoral qui a dégénéré en émeutes en mai dernier.Le comité de rédaction doit se réunir une nouvelle fois samedi, avant le départ de Manuel Valls.

Glucksmann plaide pour “deux offres politiques” à gauche pour 2027

L’eurodéputé de Place publique Raphaël Glucksmann plaide pour qu’il y ait en 2027 “deux offres politiques” à gauche qui “ne sont pas solubles l’une dans l’autre”, répétant son opposition aux positions du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon. “Le soupçon d’insincérité tue la gauche”, assure Raphaël Glucksmann dans Mediapart. “On sait tous qu’il y aura deux offres politiques en 2027 qui ne sont pas solubles l’une dans l’autre, parce que nous n’avons pas la même vision de la France, de l’Europe, du monde, et que nos approches de la démocratie comme du débat public sont opposées”, ajoute-t-il dans un entretien mercredi.Soucieux de “tout assumer”, il appelle ceux qui “estiment que leur vision du monde est assez proche de Jean-Luc Mélenchon pour s’unir à lui à la présidentielle”, à se ranger derrière le déjà triple candidat en 2012, 2017 et 2022.”De mon côté, je ne jouerai pas à Lénine dans l’opposition pour faire du social-libéralisme une fois au pouvoir. Je veux que chaque mot prononcé nous engage”, insiste celui qui n’a pas encore officialisé sa candidature et refuse de participer à une primaire pourtant souhaitée par plusieurs partis de gauche.Il défend l’idée d'”exploser le plafond de verre” en vertu duquel la gauche plafonne à 30% des voix. “La seule manière d’élargir le spectre électoral de la gauche est d’avoir deux candidatures, reflétant des différences de fond assumées”, argumente-il, rappelant qu'”en 1981, la victoire a été possible parce qu’une candidature socialiste a clairement dominé celle des communistes, qui entretenait un plafond de verre”. Réunis aux journées d’été des Écologistes qui commencent jeudi, le PS, les Écologistes, Générations, Debout (le parti de François Ruffin) et l’Après (le parti des ex-Insoumis) s’étaient mis d’accord début juillet sur le principe d’un “projet commun” et d’un candidat commun pour 2027, une idée refusée par les communistes, les Insoumis et Place publique. 

Retailleau aux Antilles pour renforcer la lutte contre le narcotrafic

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau se rend de jeudi à samedi en Martinique et en Guadeloupe pour un déplacement placé sous le signe de la sécurité et de la lutte contre le narcotrafic, enjeu majeur dans la zone Caraïbe.Le patron du parti Les Républicains (LR) débutera sa visite jeudi après-midi par une réunion de travail au Fort Saint-Louis, à Fort-de-France, consacrée aux trafics illicites dans la région, avant d’assister à une opération de surveillance maritime.Vendredi, il rencontrera Serge Letchimy, président de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), avec qui il signera une convention de financement pour l’installation de deux scanners millimétriques à l’aéroport de Fort-de-France, une demande de longue date des autorités locales.Ces nouveaux équipements doivent renforcer la détection des stupéfiants sur cet aéroport régulièrement ciblé par les trafiquants, notamment depuis l’instauration du dispositif “100% contrôle” des passagers à l’aéroport Felix-Eboué de Cayenne, en Guyane, qui y a fait baisser les saisies.En Guadeloupe samedi, Bruno Retailleau rencontrera notamment Ary Chalus, président de région, et Guy Losbar, président du département. Il participera à une opération 100% contrôle à l’aéroport de Guadeloupe.Cette visite intervient alors que la criminalité aux Antilles atteint un niveau “hors norme”, selon les responsables locaux, qui réclament depuis des mois des moyens renforcés et une réponse de l’État “à la hauteur de l’urgence”.Sur les deux territoires, les autorités s’alarment d’une circulation massive des armes sur fond de narcotrafic. Les Antilles françaises sont devenues un point de transit privilégié entre l’Amérique du Sud, les États-Unis et l’Europe.L’année 2024 s’était ainsi soldée par 33 homicides en Guadeloupe et 29 en Martinique, plaçant ces territoires aux 2e et 3e rangs de France en terme d’homicides derrière la Guyane.Selon un rapport publié par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) des Antilles-Guyane, les juridictions de Fort-de-France (Martinique), Basse-Terre (Guadeloupe) et Cayenne (Guyane) recensaient déjà 61 homicides au 26 juin dernier, soit une moyenne de sept homicides pour 100.000 habitants par an, contre 1,1 en France hexagonale.

Crise Netanyahu-Macron: le Crif dénonce de “vaines polémiques”, la gauche une “instrumentalisation” de l’antisémitisme

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dénoncé mercredi de “vaines polémiques” au lendemain de la passe d’armes entre l’Elysée et Benjamin Netanyahu qui a accusé Emmanuel Macron de nourrir la haine contre les juifs avec son intention de reconnaître l’Etat palestinien.”La relation entre la France et Israël, fondée sur des valeurs démocratiques partagées et des combats communs notamment contre le terrorisme, mérite mieux que de vaines polémiques”, a réagi le président du Crif Yonathan Arfi sur X.”Le combat contre l’antisémitisme doit rassembler et non diviser”, a poursuivi le patron du Crif qui fédère plus de soixante-dix associations juives françaises.Dans un courrier officiel adressé au président français, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a accusé ce dernier “d’alimenter le feu antisémite” en France en appelant à la reconnaissance internationale de l’Etat de Palestine.”Je suis préoccupé par la montée alarmante de l’antisémitisme en France et par le manque d’actions décisives de votre gouvernement pour y faire face. Ces dernières années, l’antisémitisme a ravagé les villes françaises”, écrit M. Netanyahu. Il affirme que l’antisémitisme a encore augmenté depuis que M. Macron a annoncé fin juillet que la France allait reconnaître l’Etat de Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre. Cette analyse “est erronée, abjecte et ne demeurera pas sans réponse”, a répondu la présidence française. “La période exige gravité et responsabilité, pas amalgames et manipulations”, a-t-elle ajouté, indiquant que “la République protège et protègera toujours ses compatriotes de confession juive”.Selon les derniers chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur, entre janvier et mai 2025, un total de 504 actes antisémites ont été recensés (dont 323 atteintes aux personnes). C’est une baisse de 24% sur un an, mais un doublement (+134%) par rapport à la même période de 2013.”Je ne dis pas que la République ne fait pas, la République fait énormément mais il y a tellement d’actes d’antisémitisme qu’aujourd’hui il semble que ça déborde”, a souligné mercredi sur Franceinfo l’ambassadeur d’Israël en France Joshua Zarka, précisant qu’une lettre a aussi été envoyée au Premier ministre d’Australie.Les institutions juives ont établi un “dialogue régulier avec les pouvoirs publics concernant la lutte contre l’antisémitisme depuis une vingtaine d’années”, a souligné le Crif dans son communiqué.- “Arme diplomatique” -Son président rappelle cependant “sa désapprobation du projet de reconnaissance d’un Etat palestinien par la France et son inquiétude de la manière dont cette annonce galvanise les agitateurs de LFI et les prêcheurs de haine antisémite qui les entourent”. A gauche, c’est “l’instrumentalisation” de l’antisémitisme par le leader israélien qui est dénoncée.”Netanyahu est un leader d’extrême droite qui instrumentalise la notion d’antisémitisme, alors même que l’antisémitisme est bien réel dans notre pays”, a commenté Chloé Ridel, porte-parole du PS sur Franceinfo.”Instrumentaliser l’antisémitisme comme une arme diplomatique est honteux”, a déclaré la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale Mathilde Panot, dont le parti est lui-même régulièrement accusé d’ambiguïtés sur cette question. Dans un message posté sur X, le président du Fonds social juif unifié (FSJU) Ariel Goldman a, lui, indiqué que “l’antisémitisme n’a jamais eu besoin de prétexte politique ou diplomatique pour exister”. “Les désaccords entre responsables ne doivent pas affaiblir le combat contre cette haine ancestrale: Français juifs, autorités françaises et israéliennes doivent rester unis et vigilants contre ce fléau !”, a-t-il écrit.Après avoir affiché sa solidarité avec Israël après le 7-Octobre, Emmanuel Macron a depuis pris ses distances et multiplié les critiques à l’égard de la stratégie du gouvernement israélien à Gaza.M. Macron a de nouveau affirmé mercredi que “l’offensive militaire que prépare Israël”, avec le rappel de 60.000 réservistes pour la prise de Gaza-ville, “ne peut conduire qu’à un véritable désastre pour les deux peuples”, palestinien et israélien.Fin juillet, le chef de l’Etat a annoncé que Paris allait reconnaître l’Etat de Palestine en septembre, à l’Assemblée générale de l’ONU qui prendra fin le 23 septembre. M. Netanyahu a sommé le président français de “remplacer la faiblesse par l’action” sur la lutte contre l’antisémitisme avant cette date qui est aussi le début de la nouvelle année juive.

En Nouvelle-Calédonie, Valls face au rejet par le FLNKS de l’accord de Bougival

En mission en Nouvelle-Calédonie pour tenter de sauver l’accord de Bougival sur l’avenir du territoire, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a enchaîné mercredi les rencontres avec les forces politiques locales, sous le signe d’un clivage persistant avec le FLNKS, le principal mouvement indépendantiste.”L’accord de Bougival est une opportunité historique, saisissez-la”, a lancé Manuel Valls dans la matinée devant le Sénat coutumier, également critique vis-à-vis du texte, se disant “convaincu qu’il n’y a pas d’alternative crédible”.Le ministre des Outre-mer a ensuite rencontré une délégation du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), qui a rejeté la semaine dernière l’accord de Bougival (Yvelines) signé en juillet après dix jours de négociations entre l’Etat, les indépendantistes et les non-indépendantistes.Après deux heures et demie d’échanges, la délégation a quitté la réunion sans faire de commentaire, souhaitant d’abord rendre compte au président du mouvement Christian Tein, sous contrôle judiciaire et interdit de séjour en Nouvelle-Calédonie.Mis en examen pour son rôle présumé dans les violences qui ont secoué le territoire en 2024, celui-ci a été chargé de “superviser les discussions” lors du congrès extraordinaire du Front le 9 août.Mais dans un communiqué, le mouvement a expliqué avoir “rappelé au ministre les raisons profondes de son désaccord”, au cours de discussions “sereines mais fermes”.”Affirmer que sans Bougival le pays plongerait dans le néant est une contre-vérité”, a martelé le FLNKS, répétant ses ambitions: refus de “tout report des élections provinciales”, initialement prévues pour fin novembre au plus tard, et exigence d’un “nouvel accord politique avec une date claire d’accession à la pleine souveraineté avant 2027”.La délégation ayant rencontré Manuel Valls était majoritairement composée de membres de petites formations politiques dites nationalistes, intégrées au FLNKS en août 2024. Absents, en revanche, les responsables qui avaient négocié à Bougival et validé le texte en juillet, dont le député Emmanuel Tjibaou.La semaine dernière, Manuel Valls avait averti que “sans accord, sans stabilité politique, il n’y aura pas de repreneurs pour le nickel, la pénurie de soignants perdurera et les inégalités continueront de se creuser” dans la collectivité française du Pacifique, encore marquée par les émeutes de 2024. – Bras de fer -Le FLNKS est le seul mouvement calédonien à avoir rejeté l’accord de Bougival, qui prévoit la création d’un Etat de Nouvelle-Calédonie doté d’une nationalité propre, tout en restant inscrit dans la Constitution française. Il implique aussi le report des élections provinciales, cruciales sur l’archipel, à mi-2026.Les indépendantistes du Parti de libération Kanak (Palika) et de l’Union progressiste en Mélanésie (UPM), qui ont pris leurs distances du FLNKS, ont eux donné leur feu vert, de même que l’Eveil océanien, parti charnière qui ne se positionne pas sur la question de l’indépendance, et l’ensemble du camp non-indépendantiste.Mercredi, Manuel Valls a aussi reçu mercredi les représentants loyalistes. “Le ministre est déterminé à poursuivre le chemin validé par la majorité”, a salué Virginie Ruffenach, du parti loyaliste Rassemblement-LR.Au cours de cette première journée, le ministre des Outre-mer a aussi échangé avec des responsables de terrain mais seuls 14 des 33 maires avaient fait le déplacement, plusieurs élus FLNKS étant absents.”Certaines communes ont dû fermer leurs centres d’action sociale”, a alerté Pascal Vittori, maire non-indépendantiste de Boulouparis tandis que Patrick Robelin, le maire de Bourail, a mis en garde contre “un risque d’explosion sociale”.Ce déplacement se déroule dans un climat encore marqué par les émeutes de mai 2024, déclenchées par un projet de réforme électorale, qui avaient fait 14 morts et coûté plus de deux milliards d’euros de dégâts. Selon l’Institut d’émission d’Outre-mer, le PIB de la Nouvelle-Calédonie a enregistré une baisse comprise entre 10 et 15%.Après cette première journée de rencontres, Manuel Valls doit lancer jeudi le “comité de rédaction” chargé de “lever toute ambiguïté et clarifier l’esprit de l’accord”, selon un courrier envoyé la semaine dernière aux signataires, avant de poursuivre sa visite dans le nord, confronté à une grave pénurie de soignants depuis les violences.

Interdire les importations de produits traités à l’acétamipride: une option “compliquée”

Empêcher les importations de produits traités avec de l’acétamipride, consommer français ou interdire le Nutella : le monde agricole a demandé au gouvernement de la “cohérence” après la décision du Conseil constitutionnel de retoquer la réintroduction de ce pesticide néonicotinoïde par la loi Duplomb.En effet, s’il est interdit pour l’usage agricole en France, l’acétamipride est encore autorisé jusqu’en 2033 dans l’Union européenne et présent dans de nombreux produits importés. – Une demande unanime -Cette censure “va conduire inexorablement à encore plus d’importations avec de l’acétamipride et de moins en moins de productions françaises”, avait déploré le sénateur LR à l’origine du texte Laurent Duplomb, issu de la FNSEA.Ce puissant syndicat agricole a appelé son réseau à protester après la décision du Conseil constitutionnel, en interpellant par exemple les clients dans plusieurs supermarchés en France. Des agriculteurs ont retiré des bouteilles d’antifourmis de rayons de magasins de bricolage et ont apposé dans des supermarchés des autocollants sur des noisettes ou des fruits importés contenant selon eux de l’acétamipride. “OK, on arrête l’acétamipride, mais on interdit la vente du Nutella parce que 90% des noisettes sont importées (pour le produire) (…) donc c’est dangereux d’en manger”, ironise Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination Rurale.Les deux syndicats réclamaient la réintroduction de l’acétamipride, notamment pour la betterave sucrière, mettant en garde contre une hausse des importations de sucre, bien que la France reste le premier producteur européen.La Confédération paysanne, opposée au retour du pesticide “tueur d’abeilles”, a elle demandé l’activation d’une clause de sauvegarde “pour protéger nos productions de la concurrence internationale”.De son côté, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a assuré vouloir poursuivre le travail à l’échelle européenne “vers une harmonisation des règles phytopharmaceutiques”, appelant dans le même temps les Français à “un sursaut de patriotisme alimentaire” dans les choix de consommation pour ne pas pénaliser “deux fois nos agriculteurs”.Sollicité par l’AFP, notamment concernant la possibilité de déclencher une clause de sauvegarde pour les produits traités à l’acétamipride, le ministère a refusé tout commentaire. – Des précédents en France… – Une clause de sauvegarde avait été actionnée en 2016 pour interdire l’importation de cerises traitées au diméthoate, un insecticide dangereux pour la santé. Cette mesure garantie par le droit européen permet à un pays, “en cas d’urgence et de risque sérieux pour la santé animale, humaine et l’environnement, d’imposer des restrictions” concernant l’importation de certains produits, explique Benoît Grimonprez, professeur de droit rural à l’Université de Poitiers.En plus du diméthoate, la France avait utilisé cette clause en 2023, contre les cerises traitées au phosmet, et en 2024 contre les importations de fruits et légumes traités au thiaclopride, un autre néonicotinoïde. Mais ces deux derniers produits “n’étaient plus autorisés au niveau européen”, rappelle Benoît Grimonprez, contrairement à l’acétamipride. La France avait actionné la clause comme une mesure d’urgence, dans l’attente d’une norme européenne. Quant au diméthoate, le ministre de l’Agriculture de l’époque, Stéphane le Foll, avait interpellé l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), qui avait reconnu que “le risque potentiel à long terme et le risque aigu du diméthoate sur la santé des consommateurs ne peuvent pas être exclus”, malgré son autorisation sur le sol européen. Là encore, la France avait pris cette mesure en attendant l’interdiction dans l’UE à partir de 2019.- … difficilement applicables à l’acétamipride – Pour Benoît Grimonprez, cette clause se justifiait aussi parce que “c’était ciblé sur une filière, la cerise, donc elle était plus facile à mettre en oeuvre”. Mais il y a deux différences majeures avec l’acétamipride. D’abord, “en Europe, de multiples produits agricoles sont traités avec l’acétamipride: miel, prunes, produits de maraîchage, pommes, poires, betteraves, noisettes…”, détaille le juriste.Il souligne ensuite qu’il existe “déjà une règle européenne qui prend en considération la présence du produit et qui détermine les limites” autorisées pour préserver la santé du consommateur: les LMR (limites maximales de résidus). Toute tentative de clause de sauvegarde concernant l’acétamipride “s’annonce compliquée”, selon Benoît Grimonprez. Ne pouvant être justifiée du point de vue sanitaire, elle porterait “atteinte au principe de libre circulation des marchandises dans l’Union Européenne”.De plus, contrôler la présence d’acétamipride dans les produits de manière généralisée pourrait se révéler compliqué, surtout pour les produits déjà transformés.

Marine Tondelier appelle à soutenir le mouvement du 10 septembre, mais refuse la récupération

La cheffe des Ecologistes Marine Tondelier estime que “l’avenir de notre pays se joue dans (les) mouvements d’ampleur annoncés à la rentrée”, comme le mouvement de blocage du 10 septembre, et appelle mercredi dans Libération à les soutenir, tout en refusant toute “récupération”.Interrogée pour savoir si elle soutenait le mouvement du 10 septembre, Marine Tondelier a expliqué avoir “plaidé dès le mois de juillet” auprès des instances de son parti “pour que nous soyons en soutien de cette mobilisation mais aussi de toutes les autres qui se préparent avec les partenaires sociaux”. Elle considère que “l’avenir de notre pays se joue dans ces mouvements d’ampleur annoncés à la rentrée”, mais dit détester “la récupération”, alors que La France insoumise a déjà appelé les Français à se joindre au mouvement.”Je le dis à tous les partis : hors de question de tout gâcher en organisant une compétition de nombre de drapeaux ou de mettre les manifestants mal à l’aise parce qu’ils qui auraient l’impression de marcher dans les pas de tel ou tel candidat à la présidentielle”, a-t-elle insisté. “Les Ecologistes seront de toutes les initiatives”, a-t-elle insisté auprès de l’AFP, mais selon elle, le scénario idéal serait “qu’il y ait un maximum de partis politiques et un maximum d’organisations syndicales, environnementales, sociales qui appellent pour que la mobilisation soit massive et transcende complètement les clivages politiques habituels”.”Concentrée et déterminée” pour cette rentrée politique qui débute jeudi avec les journées d’été des Ecologistes à Strasbourg, Marine Tondelier plaide dans Libération pour la censure du gouvernement Bayrou.”Quand François Bayrou a été nommé, j’ai dit que la simple présence de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur justifiait déjà une motion de censure. Depuis, chaque jour qui passe, ce gouvernement nous a donné de nouvelles raisons de le censurer”, explique-t-elle.Rappelant la récente loi Duplomb, adoptée début juillet, qui a fait l’objet d’une pétition signée par plus de 2 millions de personnes contre une disposition qui prévoyait la réintroduction d’un pesticide interdit, elle considère que “le gouvernement est allé trop loin dans l’irresponsabilité”. “L’+écologie à la française+ promise par Macron était déjà peu convaincante et inopérante. Elle s’est transformée, avec le gouvernement Bayrou, en écocide”, déplore Mme Tondelier, qui sort début octobre un livre intitulé “Demain si tout va bien !” (Albin Michel). 

“la police tue partout”: plainte d’un préfet après les propos d’un député LFI

Le préfet du Val-d’Oise Philippe Court a annoncé avoir déposé plainte contre le député LFI Aurélien Taché qui avait affirmé “la police tue partout”, le sommant de retirer son message, ce que le parlementaire a fustigé mercredi comme une volonté de censure.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a participé à la polémique sur le réseau social X en évoquant mercredi matin “les attaques irresponsables de certains élus aveuglés par la haine anti-flics”.Le député de Cergy-Pontoise Aurélien Taché avait écrit lundi sur X: “La police tue partout. Dans le Val-d’Oise où je suis élu, comme dans les Deux-Sèvres où j’ai grandi”.Il évoquait ainsi “Gabriel et sa famille” et “ceux qui se battent pour sa mémoire”, en réaction à un message concernant cet homme de 33 ans, blessé mortellement le 21 mai par des tirs d’un gendarme en intervention pour “tapage nocturne”, à Augé près de Niort.Le préfet du Val-d’Oise a confirmé mercredi à l’AFP avoir déposé plainte mardi à l’encontre de M. Taché, pour ces propos qu’il juge “diffamatoires, injurieux et mensongers” à l’égard des policiers du département.”Tenir de tels propos de la part d’un élu du Val-d’Oise qui vit dans le Val-d’Oise, c’est déshonorant et même indécent, sachant que 118 policiers y ont été blessés en 2024 en cours d’intervention”, a insisté Philippe Court, joint par l’AFP.De son côté, le député a déclaré à l’AFP: “Il n’est pas question que je supprime mon message, on ne tente pas impunément de censurer la voix des parlementaires en France”.”Je trouve choquant que l’Etat essaye d’étouffer les voix qui dénoncent les violences policières”, a ajouté M. Taché, accusant M. Retailleau d’organiser “une croisade politique contre de nombreux adversaires, avec les moyens de l’Etat”.La polémique s’est étendue à d’autres départements, tels les Hauts-de-Seine, où le député LFI Aurélien Saintoul a accusé sur X le préfet du Val-d’Oise avoir “fait du zèle” en écrivant: “Couvrir les abus, refuser même qu’on les évoque, c’est le contraire de sa mission”.Le préfet des Hauts-de-Seine Alexandre Brugère a alors rétorqué sur X que “le rôle des préfets est de soutenir les services de l’Etat quand ils sont injustement attaqués”.

50 ans après Aléria, le nationalisme corse amène l’autonomie au Parlement

Cinquante ans après les événements d’Aléria, acte de naissance sanglant du nationalisme corse moderne, les autonomistes ont obtenu que le Parlement étudie à l’automne un projet de loi constitutionnel visant à octroyer à l’île une “autonomie dans la République”.Le 21 août 1975, une vingtaine d’autonomistes armés occupent la cave viticole d’un rapatrié d’Algérie dans ce village de Haute-Corse pour dénoncer un scandale financier lié aux vins insulaires.L’action, emmenée par le docteur Edmond Simeoni, père de l’actuel homme fort de l’île Gilles Simeoni, se solde par la mort de deux gendarmes tués le lendemain pendant l’assaut lancé par 1.500 gendarmes mobiles et CRS.Edmond Simeoni se rend. Il sera condamné à cinq ans de prison.”A Aléria, on a demandé de façon illégale, avec des armes, que cesse en Corse de prospérer le terreau de l’absence de démocratie, des fraudes, des corruptions, du népotisme, de la prévarication”, expliquait en janvier 2018 dans une interview à l’AFP Edmond Simeoni, considéré comme le père du nationalisme corse moderne.Le Premier ministre d’alors, Jacques Chirac, douche toute velléité autonomiste, assurant que “la régionalisation est une espèce de romantisme qui peut conduire aux pires excès dans un pays où les particularismes restent grands”.Les mois suivants, des commandos multiplient les actions violentes contre des caves et des policiers, jusqu’à la création le 5 mai 1976 du Front de libération nationale de la Corse (FLNC) qui revendiquera plus de 4.500 attentats en près de 40 ans d’existence clandestine.”Avec Aléria, l’Etat a voulu traiter par la force un problème qui pouvait se traiter par les voies normales du droit, en me mettant en prison. Résultat des courses, un an après est né le FLNC et il a duré 40 ans, l’Etat prenant prétexte du FLNC pour ne pas avancer sur la voie de l’autonomie”, déclarait à l’AFP M. Simeoni, décédé en décembre 2018.Politiquement, l’île obtient en 1982 un statut particulier avec la création de l’Assemblée de Corse. En 1991, la collectivité territoriale de Corse nait.Après l’assassinat du préfet Erignac à Ajaccio en 1998 puis les incendies crapuleux de paillotes du préfet Bonnet en 1999, le Premier ministre (1997-2002) Lionel Jospin mène “les accords de Matignon” octroyant en janvier 2002 un nouveau statut à l’île avec notamment une adaptation des règlements, l’enseignement de la langue corse dans le primaire et certains avantages fiscaux.- “Dans la République” -Avancées toujours insuffisantes pour les nationalistes dont l’essor électoral grandit à mesure que la violence baisse.Avec le dépôt des armes du FLNC en 2014, les autonomistes multiplient les victoires politiques en 2015, 2017 puis 2021 et dirigent la collectivité.Forts de ces succès, ils négocient difficilement avec Paris pour obtenir l’inscription de la spécificité de la Corse dans la Constitution, la co-officialité de la langue corse, la création d’un statut de résident, le rapprochement des prisonniers corses, et plus généralement une autonomie accrue.Dès juillet 2018, un projet de loi constitutionnelle prévoit un nouveau statut particulier mais il est retardé par la crise des “gilets jaunes” puis abandonné avec la pandémie du Covid-19.En mars 2022 l’agression mortelle en prison du militant indépendantiste Yvan Colonna, condamné pour l’assassinat du préfet Erignac, déclenche des semaines de violences sur l’île.Missionné par Emmanuel Macron pour ramener le calme, l’alors ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin propose des discussions pouvant aller jusqu’à l'”autonomie”, moyennant deux “principes intangibles”: “la Corse dans la République et le refus de créer deux catégories de citoyens”.S’ouvre alors le processus dit de Beauvau visant à octroyer à l’île “une autonomie dans la République”. Le projet de loi constitutionnelle qui en découle, validé en juillet par le gouvernement sans intégrer l’avis critique du conseil d’Etat, doit être étudié en octobre par le Sénat, dominé par une droite réticente. L’actuel ministre de l’Intérieur et patron de LR Bruno Retailleau a d’ailleurs exprimé son “désaccord” avec le texte en conseil des ministres.”L’enjeu fondamental de la saisie du Parlement, c’est de savoir si oui ou non la France” souhaite “clore” 50 ans de “conflit politique”, a assuré fin juillet Gilles Simeoni, prédisant, en cas d’échec, “peut-être des décennies d’incertitudes et de multiples dangers”.Pour être adoptée, la réforme devra être votée dans les mêmes termes par l’Assemblée nationale et le Sénat, puis, lors de leur réunion en Congrès, à la majorité des trois cinquièmes.