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Bayrou lance lundi une rentrée politique à haut risque pour l’exécutif

François Bayrou donnera lundi une conférence de presse, prologue d’une rentrée politique périlleuse pour le gouvernement et son projet de budget à 43,8 milliards d’euros d’économies, sur fond d’appels à bloquer le pays le 10 septembre soutenus par la gauche, La France insoumise en tête.Le Premier ministre s’exprimera lundi à 16H00, quatre jours après avoir été reçu par Emmanuel Macron à Brégançon (Var), jeudi soir.Sur le pont à Matignon cet été, François Bayrou aborde une nouvelle étape de son entreprise de persuasion de l’opinion du bien-fondé de son plan budgétaire annoncé le 15 juillet.Ce projet, qui comprend notamment une “année blanche” fiscale et la suppression de deux jours fériés, lui vaut déjà des menaces de censure à l’Assemblée de la part de la gauche, Parti socialiste compris, mais aussi du Rassemblement national.”Il n’est pas possible que cette politique cruelle s’applique. C’est pourquoi j’ai la quasi-certitude que la motion de censure sera votée (…) dès le mois de septembre”, a déclaré samedi sur TF1 Jean-Luc Mélenchon depuis l’université d’été de LFI à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme).Le leader Insoumis a par ailleurs apporté son soutien au mouvement, né sur internet, appelant à “bloquer” le pays le 10 septembre, et prôné la “grève générale”.”Le gouvernement doit reculer faute de quoi il sera censuré”, a renchéri le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a par ailleurs expliqué vouloir “accompagner” le mouvement du 10 septembre.Quant au RN, il va présenter “un contre-budget” et si François Bayrou “ne nous entend pas, nous n’aurons pas peur d’appuyer sur le bouton de la censure”, a prévenu samedi sur BFMTV la députée de Gironde Edwige Diaz.De quoi faire reculer le Premier ministre, qui plaide sa cause depuis plusieurs semaines via une série de vidéos Youtube ? “A la rentrée, il y aura forcément une confrontation entre le réel et les idéologies”, a-t-il déclaré à l’AFP.- Les 44 milliards “intangibles” -Si le montant de 44 milliards d’euros est “intangible”, “les mesures peuvent toutes être discutées”, a insisté le Premier ministre.”C’est d’ailleurs la fonction du débat parlementaire comme des négociations sociales. J’ai dit que j’étais prêt à entendre d’autres propositions (…) Mais la seule chose pour moi qui n’est pas possible, c’est qu’on renonce à la prise de conscience et à la volonté de sortir du piège infernal dans lequel nous sommes, celui du surendettement”, a-t-il ajouté.Le 15 juillet, M. Bayrou avait évoqué une “contribution des plus fortunés”, à définir avec les parlementaires. De quoi arracher le soutien du PS ? “La justice est la condition de l’acceptation de cet effort. Autrement, je manquerais à mes engagements et à mes devoirs”, a-t-il expliqué.M. Bayrou a été reçu jeudi soir à Brégançon par le chef de l’Etat, qui lui a apporté un franc soutien cette semaine dans les colonnes de Paris Match, disant “espérer” qu’il puisse rester à Matignon jusqu’en 2027.Mais l’exécutif ne dissimule pas la difficulté de la tâche. Au printemps, M. Bayrou avait même soutenu l’idée d’un référendum, dont la prérogative revient au président.Le chef du gouvernement est attendu mardi à l’événement de rentrée de la CFDT, puis jeudi à celui du Medef. Il devrait se rendre vendredi à la foire de Châlons-en-Champagne (Marne).Ses ministres doivent entamer “au cours des deux semaines qui viennent” les discussions avec les groupes parlementaires, selon le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola.Le gouvernement a par ailleurs d’autres ouvrages sur le métier, dont certains à hauts risques, comme le projet d’autonomie de la Corse, auquel s’oppose le ministre de l’Intérieur et nouveau patron des Républicains (LR) Bruno Retailleau.Le ministre des Outre-mer Manuel Valls tente de maintenir en vie l’accord de Bougival sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, rejeté par les indépendantistes du FLNKS.Le gouvernement entend par ailleurs présenter une nouvelle réforme de l’Assurance-chômage, qui suscite déjà l’opposition des syndicats. Il doit également publier prochainement le décret sur la programmation pluriannuelle énergétique (PPE).Et M. Bayrou est résolu à mener à bien quelques combats historiques comme la proportionnelle aux législatives ou la “banque de la démocratie” pour financer les partis politiques.

Aux universités d’été de la gauche, la politique entre karaoké et “drag race”

“Les militants viennent aussi pour ça”: entre tables rondes, débats, atelier de formation et meeting, les universités d’été des partis politiques rivalisent de moments festifs, allant du karaoké à la “Léon Boum”, en passant par la diffusion de l’émission de téléréalité drag race.Avec deux karaokés et un dj-set en trois jours, Les Ecologistes revendiquent la palme de l’animation: leur secrétaire nationale Marine Tondelier, qui a longtemps organisé les universités d’été de son parti avant d’en prendre la tête, ne cache pas qu’elle aime danser et chanter. “Je ne bois pas, je ne fume pas, je ne prends pas de drogue, je danse”, avait-elle rétorqué à un journaliste, après la diffusion d’une vidéo qui avait créé la polémique la montrant chantant et dansant un rock endiablé avec le patron du PS Olivier Faure, lors des journées d’été 2024 à Tours. “Les journées d’été, c’est un moment de travail, mais c’est aussi un moment convivial et festif”, a-t-elle défendu auprès de l’AFP. L’élue municipale d’opposition à Hénin-Baumont (Pas-de-Calais), ville RN, souligne que ces journées d’été ont longtemps constitué pour elle une “respiration”, et un moyen de reprendre des forces auprès de militants qui ne se retrouvent tous ensemble qu’une fois par an.Jeudi soir, celle qui se dit spécialisée “dans les chansons de Johnny Hallyday” mais “en train de se reconvertir sur Daniel Balavoine”, s’est époumonée sur “Résiste” de France Gall, avec un groupe de musiciens en live. Un peu plus tôt, l’eurodéputé David Cormand avait vocalisé sur “Aux Champs Elysées” de Joe Dassin.Lors du grand karaoké qui clôt les journées samedi soir, le groupe des députés de l’Assemblée devait interpréter un tube, gardé secret jusqu’au dernier moment. Les militants de chaque région viennent aussi souvent défendre leur culture: les Bretons entonnent le groupe Manau, les nordistes Pierre Bachelet et “les corons”…- “légendaires” -Des événements devenus “légendaires” qui poussent à venir aux journées d’été des Ecologistes, a reconnu le député de Générations Benjamin Lucas, lors d’un meeting rassemblant jeudi soir tous les partis de gauche. Concerts engagés, spectacle de danse, de théâtre, les Insoumis proposent aussi une large palette culturelle lors de leurs journées d’été (baptisées Amfis), qui se déroulent à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme.”Ça participe de la convivialité de ces moments où on se retrouve dans un esprit de festival”, souligne la députée Sarah Legrain, qui rappelle que “la culture a une dimension politique”.Quant au Parti socialiste, qui organise ses journées d’été la semaine prochaine à Blois, il propose depuis quelques années la “Léon Boum”, soirée organisée par les jeunes socialistes en référence à la grande figure du socialisme, Léon Blum.Les trois partis ont choisi par ailleurs de diffuser lors de leurs universités l’émission de téléréalité “drag race France” qui met en scène la compétition de plusieurs drag queens sur fond de paillettes et de confidences.      “C’est un message politique”, reconnaît Fanny Baklouti, en charge des questions LGBTQI+ au sein des Ecologistes. “On est assez à l’avant-garde sur les droits LGBTQI+, et c’était important de faire cette diffusion envers les personnes pas sensibilisées aux questions trans”, dit-elle.   Pour Sarah Legrain, qui a assisté jeudi soir aux Amfis à la diffusion de la demi-finale, avec l’eurodéputée Manon Aubry et plusieurs dizaines de militants, “la drag race touche largement au-delà d’un milieu queer, c’est une culture populaire inclusive, (qui) est ciblée par les milieux réactionnaires”.Le PS diffusera jeudi prochain la finale de la compétition, à Blois, en présence de la Drag Queen Mimi Styc. “Un événement social et politique”, revendique le parti.

Paris convoque l’ambassadrice d’Italie après des propos “inacceptables” de Matteo Salvini

La France a convoqué l’ambassadrice d’Italie en France, Emanuela D’Alessandro, “à la suite des propos inacceptables” tenus par le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini à l’encontre du président Emmanuel Macron pour son soutien à l’envoi de troupes en Ukraine, a-t-on appris vendredi de source diplomatique.”Il a été rappelé à l’ambassadrice [convoquée jeudi, NDLR] que ces propos allaient à l’encontre du climat de confiance et de la relation historique entre nos deux pays mais aussi des récents développements bilatéraux, qui ont mis en évidence des convergences fortes entre les deux pays, notamment s’agissant du soutien sans faille à l’Ukraine”, a-t-on précisé de source diplomatique, confirmant une information de la radio France Inter.Interrogé lors d’un déplacement à Milan sur un éventuel déploiement de soldats italiens en Ukraine après un arrêt des hostilités, comme la France et le Royaume-Uni envisagent de le faire, Matteo Salvini avait suggéré qu’Emmanuel Macron “y aille lui-même” en mettant un casque et prenant un fusil.Le chef du parti antimigrants Lega, proche de la cheffe de l’extrême droite française Marine Le Pen, avait déjà qualifié en mars le président français de “fou”, l’accusant de pousser l’Europe à la guerre avec la Russie.La France et le Royaume-Uni, qui ont pris la tête d’une “coalition des volontaires”, envisagent de déployer des contingents en Ukraine comme garantie de sécurité pour prévenir une reprise des hostilités une fois qu’un cessez-le-feu ou un accord de paix aura été conclu entre Kiev et Moscou.La Première ministre italienne Giorgia Meloni de son côté s’y refuse.

Pour sa rentrée politique, Mélenchon appelle à la grêve générale le 10 septembre

Pour sa première prise de parole politique aux universités d’été de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a de nouveau salué le mouvement de blocage annoncé pour le 10 septembre, qu’il espère être la traduction citoyenne de la colère du “peuple”, appelant même à la “grève générale”. “Il faut que le 10 septembre soit un jour de blocage général, c’est-à-dire, pour ce qui concerne le salariat, que le 10 septembre ce soit la grève générale”, a lancé le chef de file des Insoumis devant plusieurs milliers de militants à Chateauneuf-sur-Isère, près de Valence dans la Drôme.”Ce n’est pas à moi d’en décider, bien sûr”, a-t-il rappelé.”Il nous faut la grève générale le 10 septembre parce que le 23 septembre, nous déposerons la motion de censure pour faire tomber le gouvernement de M.Bayrou”, a-t-il insisté, alors que les Insoumis espèrent faire chuter le Premier ministre à l’Assemblée nationale, pour pousser in fine le président Emmanuel Macron à la démission.”Personne ne sait comment tout ça s’est engagé, mais des milliers de gens s’y sont rallié d’entrée de jeu”, a salué le triple candidat à la présidentielle.”Ce que tout le monde sait, c’est que d’entrée de jeu, il s’est créé des assemblées citoyennes et qu’il va s’en créer encore d’autres”, a-t-il ajouté à propos du 10 septembre, un mouvement aux contours jusqu’ici peu définis et qui réclame notamment plus de justice fiscale et un rejet du plan Bayrou pour le budget 2026 de la France.Mais Jean-Luc Mélenchon a tenu à écarter toute accusation en “récupération” politique, ses troupes ayant été les plus promptes à appeler au soutien de ces appels au blocage et à la grève. “Notre stratégie est d’aider et de servir le mouvement”, a-t-il promis.L’ancien sénateur socialiste, qui doit prendre la parole dans plusieurs médias samedi, n’a pas directement répondu dans ce discours aux appels à l’union à gauche en vue de la présidentielle de 2027.- Quid de l’union? -La veille, aux universités d’été des Ecologistes, la patronne du parti Marine Tondelier s’est une nouvelle fois livrée à un plaidoyer l’union de toutes les forces de gauche, son cheval de bataille.”Arrêtons avec les attaques personnelles et les guerres picrocholines, et la +commedia dell’arte+, et les +gnagnagna, si tu me mets un dissident là, je t’en mets un là (…) On n’a pas le temps”, a-t-elle martelé.A gauche, le Parti socialiste d’Olivier Faure, les Ecologistes et les anciens Insoumis (Clémentine Autain, François Ruffin) sont de fervents défenseurs de l’union face à la menace de l’extrême droite. Mais les deux présidentiables que sont Raphaël Glucksmann et Jean-Luc Mélenchon s’y refusent, mettant en avance les divergences programmatiques à gauche. Le second s’est déjà dit favorable à l’union, mais derrière LFI et autour de son programme de rupture. Présente à Strasbourg jeudi, la députée insoumise Alfa Dufour a fait état de “divergences stratégiques” entre son parti et les autres formations qui, l’an dernier, avaient constitué le Nouveau Front populaire (NFP). – A chaque parti sa rentrée -Les universités d’été de LFI seront également rythmées par un débat samedi sur la commission d’enquête “Betharram” sur les violences en milieu scolaire, auquel le député insoumis Paul Vannier a invité la députée macroniste Violette Spillebout.Les deux étaient co-rapporteurs de cette commission d’enquête.Le grand raout de rentrée du mouvement de gauche radicale se clôturera dimanche matin par un meeting de la cheffe des députés LFI Mathilde Panot et du coordinateur du mouvement Manuel Bompard.La France insoumise a refusé l’accès à ses universités d’été au journaliste du Monde, Olivier Pérou, co-auteur du livre enquête sur LFI “La Meute”.Lors de sa prise de parole, Jean-Luc Mélenchon a dans un premier temps salué les journalistes présents sur place.”Nous ne sommes pas chagrins quand ils disent du mal de nous (…) souvent nous avons l’impression que ça nous aide plus que ça nous dessert”, a-t-il lancé. “Vous serez bientôt remplacés par une intelligence artificielle, parce que vous ne disposez pas de plus de 200 mots pour penser la réalité”, a-t-il néanmoins ajouté.De son côté, le PCF organise ce weekend ses universités d’été à Montpellier avec un discours de Fabien Roussel attendu samedi.La semaine prochaine ce seront les socialistes et les “unitaires” (ex-LFI) qui feront leur rentrée.

Budget: Bayrou promet d’identifier et supprimer d’éventuels avantages des politiques

Le Premier ministre François Bayrou veut passer au crible et supprimer d’éventuels avantages indus dont bénéficieraient les responsables politiques et a confié une mission à l’ex-député socialiste René Dosière pour les identifier, en réponse à de nombreux messages de Français.Poursuivant son exercice de communication directe pour convaincre du bien-fondé de son plan d’économies budgétaires, en égrenant des vidéos postées sur les réseaux sociaux, le chef du gouvernement avait lancé la semaine dernière un appel aux questions et aux suggestions des Français.Ceux-ci ont été “très nombreux” à estimer qu’il fallait “toucher aux privilèges entre guillemets des responsables politiques, des parlementaires ou des membres du gouvernement”, a relaté François Bayrou dans une nouvelle vidéo publiée vendredi.”Je prends très au sérieux cette question, parce qu’elle signifie qu’il y a un soupçon. Les Français pour beaucoup d’entre eux en sont venus à penser que les politiques s’en mettaient plein les poches (…) que c’était une gabegie d’argent public”, a-t-il affirmé.”Il faut éclaircir tout ça. Est-ce qu’il y a pour les parlementaires français ou responsables politiques des situations d’avantages indus, excessifs, inacceptables ?”, s’est-il interrogé.Pour le déterminer, René Dosière, 84 ans, sera assisté par des représentants des groupes parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat.René Dosière a consacré une grande partie de sa vie politique à traquer les gaspillages d’argent public, notamment les finances des présidents de la République.François Bayrou avait annoncé à la mi-juillet un plan budgétaire prévoyant pour 2026 près de 44 milliards d’euros d’économies. Il propose en particulier une année blanche, c’est à dire un gel des dépenses pour l’an prochain. Il suggère également de renoncer à deux jours fériés par an.François Bayrou affirme dans cette vidéo que les rémunérations des ministres avaient été réduites de 30% par François Hollande, lors de sa présidence, et que contrairement à une “légende” ils ne perçoivent pas une retraite à vie.Mais si la mission de René Dosière identifie des avantages indus, “ils seront supprimés”, a-t-il assuré.

Plainte du préfet Nuñez après des propos anti-police d’un député LFI

Le préfet de police de Paris a déposé plainte à son tour contre un député LFI, en l’occurrence l’élu de Seine-Saint-Denis Aly Diouara, qui avait affirmé que “la police tue”, a-t-il annoncé vendredi sur son compte X.”Ces propos sont inadmissibles et inqualifiables. Ils offensent les femmes et les hommes engagés au quotidien pour la sécurité et la protection de tous”, a ainsi posté Laurent Nuñez sur son compte X, citant une publication d’Aly Diouara.”Le temps des colonies est terminé”, a rétorqué ce dernier. “Hâte de confronter mon propos devant la justice de notre pays. Si vous pensiez intimider quelqu’un avec votre plainte, vous vous trompez honteusement”.La veille, le député La France Insoumise de la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis avait assuré que “oui, LA POLICE TUE!””Et elle tue souvent les mêmes. Par choix, par racisme et par nostalgie coloniale. Les chiffres sont là, les rapports aussi et la police française a été condamnée pour ses crimes”, avait-il posté.Mercredi, le préfet du Val-d’Oise Philippe Court avait déjà déposé plainte contre un autre député LFI, Aurélien Taché, pour des propos similaires, le sommant de retirer son message.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait participé à la polémique sur le réseau social X en évoquant “les attaques irresponsables de certains élus aveuglés par la haine anti-flics”.”Si vous croyez que vous allez venir à bout des Insoumis parce que vous allez nous faire peur, vous vous trompez lourdement”, leur a répondu vendredi Jean-Luc Mélenchon lors d’un discours aux universités d’été de LFI, près de Valence dans la Drôme. 

Martinique: Retailleau annonce des moyens pour lutter contre “le tsunami blanc” de la cocaïne

Des moyens supplémentaires vont être déployés pour endiguer le “tsunami blanc” de la cocaïne en Martinique, a déclaré vendredi Bruno Retailleau, actuellement aux Antilles pour une visite dédiée à la lutte contre le narcotrafic.”La Martinique, comme l’Hexagone, souffre. (…) Il y a un tsunami blanc qui déferle sur la France et aucun des territoires n’est épargné”, a déploré devant la presse le ministre de l’Intérieur.Un deuxième escadron de gendarmes mobiles va ainsi être pérennisé sur l’île et une nouvelle brigade nautique, qui comprendra une cellule judiciaire d’investigation, va être créée, a dévoilé le ministre jeudi.Le patron des Républicains a également annoncé “un renfort significatif pour la filière investigations de l’Ofast (Office anti-stupéfiants) de 26 personnes”, dont “un tiers sera destiné à la Martinique”.”Quand un territoire subit les assauts de ces semeurs de morts que sont les trafiquants, il faut que l’Etat soit là”, avait justifié jeudi le ministre devant la presse, lors d’une réunion à la base navale de Fort Saint-Louis, à Fort-de-France.Vendredi, il devait rencontrer Serge Letchimy, président de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), en vue de signer une convention de financement pour l’installation de deux scanners à ondes millimétriques à l’aéroport de Fort-de-France.Cette visite intervient alors que la criminalité aux Antilles atteint un niveau “hors norme”, selon les responsables locaux, qui réclament depuis des mois des moyens renforcés et une réponse de l’État “à la hauteur de l’urgence”.Sur les deux territoires, les autorités s’alarment d’une circulation massive des armes sur fond de narcotrafic. Les Antilles françaises sont devenues un point de transit privilégié entre l’Amérique du Sud, les États-Unis et l’Europe.L’année 2024 s’était ainsi soldée par 33 homicides en Guadeloupe et 29 en Martinique, plaçant ces territoires aux 2e et 3e rangs de France en terme d’homicides, derrière la Guyane.Selon un rapport publié par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) des Antilles-Guyane, les juridictions de Fort-de-France (Martinique), Basse-Terre (Guadeloupe) et Cayenne (Guyane) recensaient déjà 61 homicides au 26 juin dernier, soit une moyenne de sept homicides pour 100.000 habitants par an, contre 1,1 en France métropolitaine.

François Bayrou, l’estivant de Matignon

“A la rentrée, il y aura forcément une confrontation entre le réel et les idéologies.” Sur le pont cet été à Matignon, François Bayrou s’échine à convaincre de la nécessité de son plan budgétaire, qui le place plus que jamais sous la menace d’une censure.Le Premier ministre a été reçu jeudi soir par Emmanuel Macron au Fort de Brégançon (Var). Une entente au beau fixe ? Depuis la présentation des grandes lignes du budget, le président “affirme davantage sa confiance dans le gouvernement”, glisse une source proche de Matignon.L’heure est clairement aux encouragements. François Bayrou “est mon ami… mon compagnon de route. Il a les capacités pour tenir ce gouvernement qui n’est pas habituel”, a expliqué Emmanuel Macron à Paris Match, espérant que son Premier ministre, le sixième depuis 2017, puisse rester jusqu’en 2027. Ce qui suppose de survivre aux velléités de censure de la gauche et du Rassemblement national.Oubliés, la nomination à Matignon un rien forcée en décembre, les signes perceptibles d’agacement à l’Élysée des premiers mois ? Le président a défendu le plan d’économies “lucide et courageux” de son Premier ministre, “longuement préparé ensemble”.La fameuse “co-responsabilité” théorisée par M. Bayrou ? “Je n’oublie jamais que le président de la République est l’élu de tous les Français. Aujourd’hui, les conditions de cette co-responsabilité sont mieux affirmées”, expose à l’AFP le Premier ministre. “Le président est responsable de la politique étrangère et de la politique de défense, et chacun des grands projets du gouvernement est discuté avec lui. Mais le gouvernement prend toute sa responsabilité.”Emmanuel Macron et son plus ancien allié ont partie liée. La France insoumise, qui déposera une motion de censure dès la reprise parlementaire prévue en septembre, continue de lier chute du gouvernement et démission du chef de l’État.La tâche s’annonce ardue. En présentant les grandes lignes d’un exercice budgétaire à plus de 43 milliards d’euros d’économies, François Bayrou a braqué les oppositions et les syndicats de salariés, par ailleurs échaudés par sa volonté de réformer à nouveau l’assurance chômage.Le Premier ministre n’a pas pris de vacances. Seulement quelques week-ends à Pau. Et s’est lancé, en pleine pause estivale, dans un exercice de persuasion de l’opinion, à renfort de vidéos Youtube et de podcasts. A Matignon, on se félicite du nombre et du “sérieux” des contributions reçues, par mail (3.650 messages) ou via l’application Agora (1.400 questions et environ 2.000 contributions), auxquelles le destinataire a promis de répondre.- Contribution “des plus fortunés” -“Je ne laisserai pas se durcir un conflit entre pouvoir et Français. C’est le contraire de ma philosophie. Donc l’enjeu, pour moi, est de faire passer le caractère nécessaire, inéluctable de l’effort. C’est un travail de conviction”, explique le Premier ministre.”Je crois que la conscience de la difficulté a commencé à apparaître. Mais l’idée que chacun est concerné, cette idée-là n’est pas encore acceptée”, ajoute-t-il cependant.L’attention s’est focalisée sur la suppression de deux jours fériés sans contrepartie rémunératrice, qui interroge jusque dans les rangs du MoDem et chez Renaissance.”Les mesures peuvent toutes être discutées. C’est d’ailleurs la fonction du débat parlementaire comme des négociations sociales. J’ai dit que j’étais prêt à entendre d’autres propositions; sur les jours fériés, par exemple, peut-être d’autres dates sont-elles possibles. Mais la seule chose pour moi qui n’est pas possible, c’est qu’on renonce à la prise de conscience et à la volonté de sortir du piège infernal dans lequel nous sommes, celui du surendettement”, réaffirme le Premier ministre.Nouvelle étape la semaine prochaine. François Bayrou est attendu mardi à l’évènement de rentrée de la CFDT, puis à celui du Medef, avant une journée incertaine de blocage du pays prévue le 10 septembre.   Comme en début d’année, il lui faudra convaincre les socialistes. En juillet, M. Bayrou a évoqué “une contribution des plus fortunés”, à définir avec les parlementaires. Le sujet n’est “pas tranché”, explique le Premier ministre, qui avait marqué son désaccord, en 2017, avec la suppression de l’ISF. Mais contribution “il y aura. La justice est la condition de l’acceptation de cet effort. Autrement, je manquerais à mes engagements et à mes devoirs.”Sans cela, “même au sein de notre base à nous, ça ne tiendra pas”, explique un proche, qui ajoute une deuxième condition au succès de l’entreprise: “Qu’on ne se fasse pas lâcher par Macron en cours de route.”

“Bloquons tout”: Sophie Binet (CGT) prudente sur un mouvement jugé “nébuleux”

La N.1 de la CGT Sophie Binet s’est montrée prudente vendredi à l’égard de l’appel viral à la mobilisation “Bloquons tout”, mouvement qui rejoint certaines revendications sociales du syndicat mais qui reste “nébuleux” avec un risque de “noyautage de l’extrême droite”.Si “les revendications sociales et la dénonciation” du projet de budget du Premier ministre rejoignent “tout à fait notre analyse”, “sur le reste, les choses sont très nébuleuses”, a détaillé la syndicaliste sur France Inter.Celle-ci précise que son syndicat “va en débattre la semaine prochaine” puis en intersyndicale le 1er septembre.”Les modes d’action sont flous et on (..) est très vigilant sur les tentatives de noyautage et d’instrumentalisation de l’extrême droite qui à certains endroits, essaie de développer des discours anti-syndicaux et de réorienter la colère” contre “les immigrés et étrangers”, argumente la dirigeante syndicale.Né sur les réseaux sociaux, le mouvement “Bloquons tout” appelant à une mobilisation le 10 septembre a reçu le soutien de la France insoumise, des Écologistes, des communistes puis des socialistes.Plusieurs syndicats, dont la CGT et Force ouvrière, réuniront la semaine prochaine leurs instances internes pour décider d’actions, alors que plusieurs fédérations syndicales rejoignent l’appel à “tout bloquer” du 10 septembre.Face au projet de budget du gouvernement, Mme Binet a insisté sur les initiatives syndicales comme la pétition “StopbudgetBayrou.fr” qui a récolté plus de 300.000 signatures. La secrétaire générale de la CGT appelle depuis le mois de juillet à la “mobilisation” contre les mesures d’économies de M. Bayrou pour réduire le déficit public. “Jamais un gouvernement n’a été aussi faible, à nous de jouer”, a lancé la secrétaire générale. Elle a en particulier rejeté l’appel à négociation sur la suppression de deux jours fériés lancé par François Bayrou, un “vol” doublé d’un “chiffon rouge” qui cache “le reste des mesures scandaleuses du budget”, selon elle.Il n’y a “rien à négocier puisque le gouvernement nous dit +on supprime les deux jours fériés, vous pouvez juste choisir de quel jour il s’agit+”, a-t-elle résumé.  

Le RN “n’a pas vocation à organiser des manifestations” le 10 septembre, assure sa vice-présidente

Contrairement aux partis de gauche qui ont pris fait et cause pour la mobilisation du 10 septembre, le Rassemblement national “n’a pas vocation à être l’organisateur de manifestations” et ne donnera pas de consigne à ses sympathisants, a indiqué vendredi à l’AFP la députée Edwige Diaz, vice-présidente du mouvement d’extrême droite.”Notre rôle en tant que parti politique est d’apporter des réponses aux problèmes et aux revendications des gens. Pas de crier dans un haut-parleur”, déclare l’élue de Gironde, pour expliquer que le RN “n’a pas vocation à être l’instigateur (ni) l’organisateur de manifestations”.Né sur les réseaux sociaux, le mouvement “Bloquons tout” appelant à une mobilisation le 10 septembre a reçu cette semaine le soutien de la France insoumise, rapidement suivie des Écologistes, des communistes puis des socialistes.Un ralliement initié par Jean-Luc Mélenchon, qui “ne pouvait pas faire un plus beau cadeau à Emmanuel Macron” selon Mme Diaz, “parce que récupérer cette manifestation (…) c’est le meilleur moyen de l’affaiblir, de la démonétiser et donc de dissuader des personnes d’y participer”.Pour autant, “nos adhérents et nos électeurs sont libres de faire ce qu’ils veulent”, ajoute la vice-présidente chargée de la formation des membres du parti à la flamme, tout en disant redouter des débordements en marge des cortèges.”Je doute de la capacité” du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau “à empêcher l’intrusion de Black Blocs”, dit-elle, pointant “les risques de casse de mobilier urbain ou de vitrines d’entreprises”.”Au final, c’est la France qui travaille, qui souffre et qui a des revendications légitimes qui risque d’être lésée”, insiste cette cadre du RN, qui estime que si son parti “avait été au pouvoir, il n’y aurait pas eu de mouvement +bloquons tout+ le 10 septembre”.”On n’est pas là pour prendre position sur des mouvements sociaux, on a été élus autour de Marine Le Pen à l’Assemblée nationale pour défendre les positions des Français, des classes populaires, des classes moyennes, de ceux qui bossent, des retraités de ceux qui n’en peuvent plus qu’on vienne les taxer”, a abondé vendredi sur Europe 1 le député RN Thomas Ménagé, appelant à ne pas “bordéliser le pays”.