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“Génération Notre-Dame”: Macron décore les artisans de la reconstruction

Emmanuel Macron a décoré mardi cent participants au chantier titanesque de la reconstruction de Notre-Dame de Paris, six ans exactement après l’incendie dévastateur, lors d’une cérémonie où il a salué en eux “la génération Notre-Dame”.”Vous avez montré en effet durant ces cinq années ce que peut faire une grande nation (…), une nation faite d’une histoire plus grande qu’elle-même, et capable encore d’embrasser des rêves plus grands qu’elle-même”, a déclaré le chef de l’Etat avant de procéder aux remises de décorations à l’Elysée.A l’heure même où, le 15 avril 2019, les flammes se déclaraient dans le chef-d’oeuvre gothique de l’île de la Cité, Emmanuel Macron a distingué le président de l’établissement public qui a permis la restauration en un temps record de cinq ans, Philippe Jost, promu commandeur de la Légion d’honneur.Ce haut fonctionnaire avait succédé au général Jean-Louis Georgelin, décédé accidentellement en 2023 et lui-même grand’croix, plus haut grade de cette récompense fondée par Napoléon Bonaparte.Les architectes Rémi Fromont et Philippe Villeneuve ont aussi été distingués. A leurs côtés, près de 100 fonctionnaires, entrepreneurs ou artisans représentatifs de l’ensemble des 2.000 personnes qui ont participé à l’opération, ont été décorés de la Légion d’honneur ou de l’Ordre national du mérite. Ils sont issus de “l’ensemble des corps de métiers, les charpentiers, les ferronniers, les échafaudistes, les cordistes, les restaurateurs de l’orgue, les restaurateurs des vitraux, les restaurateurs des peintures”, a énuméré la présidence de la République.Aymeric Albert, qui a été fait chevalier de la Légion d’honneur, a par exemple prospecté dans les forêts de France pour sélectionner les chênes nécessaires à la reconstruction de la flèche, de la nef et du choeur. Cette promotion spéciale a été publiée au Journal officiel du 18 janvier, un mois après la réouverture en grande pompe de la cathédrale, le 9 décembre. Depuis, ce sont en moyenne 30.000 personnes par jour qui visitent l’édifice.- “Plus belle encore” -“Le 15 avril 2019, Notre-Dame-de-Paris était en feu. Nous étions plusieurs à craindre le pire. Vous l’avez sauvée. Et nous l’avons rebâtie. En cinq ans, grâce à vous, Notre-Dame de Paris fut reconstruite, rebâtie, plus belle encore qu’elle n’était”, a redit mardi Emmanuel Macron.Le chef de l’Etat a décerné ces décorations accompagné du Premier ministre François Bayrou, d’autres membres du gouvernement dont la ministre de la Culture Rachida Dati, mais aussi du général Jean-Claude Gallet qui était à la tête de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris lors du sinistre retransmis en direct par les télévisions du monde entier.”C’est un des grands enseignements de ce chantier: la France peut être fière, elle détient les fabuleux savoir-faire qui permettent aujourd’hui de rebâtir une cathédrale”, a aussi souligné Philippe Jost, mardi sur France 2.Ce chantier titanesque a été financé grâce à près de 850 millions d’euros de dons en provenance du monde entier.”La générosité a été telle dans les jours qui ont suivi l’incendie qu’il nous reste (…) 140 millions d’euros. Et donc, on va pouvoir engager de nouvelles restaurations à l’extérieur pour des travaux dont la cathédrale avait déjà besoin avant l’incendie”, a expliqué M. Jost.Ces derniers mois, le chef de l’Etat a plusieurs fois invoqué cet “esprit”, ainsi que celui des Jeux olympiques réussis de l’été dernier dans la capitale, comme exemple de la capacité de la France à s’unir dans l’adversité. Sans que cela ait déteint sur la vie politique du pays, plus fracturée que jamais depuis qu’il a dissous l’Assemblée nationale en juin.

Barnier veut une “coalition” centre-droite en 2027 contre “l’impuissance publique”

L’ancien Premier ministre Michel Barnier a souhaité mardi qu’une “coalition” du centre et surtout de la droite arrive en position de force en 2027 pour lancer la lutte contre “l’impuissance publique”. “Je pense qu’il faudra une coalition, et même si le (futur) Président de la République a un grand parti avec lui, ce que je souhaite, il faudra qu’il fasse attention aux autres”, a déclaré sur RMC-BFMTV Michel Barnier, discret depuis qu’il a été renversé par l’Assemblée nationale début décembre.Tout en entretenant le mystère sur son éventuelle candidature – “ça ne sert pas de personnaliser les choses à ce stade” -, l’ancien commissaire européen a vanté les mérites du “socle commun” qui “rassemble aujourd’hui les centristes, une famille importante, les amis d’Édouard Philippe, les amis de M. Macron et puis les Républicains qui ont retrouvé de l’élan depuis que j’ai été Premier ministre et avec de grands ministres comme Bruno Retailleau” notamment.Michel Barnier a apporté son soutien à la candidature du ministre de l’Intérieur à la tête de LR.  “On a besoin d’un parti de la droite républicaine qui soit fort, notamment pour que des citoyens qui, en toute bonne foi ont eu la tentation” de voter pour l’extrême droite “reviennent vers nous”, a-t-il détaillé. Pour lui, 2027 sera l’heure “des comptes” car avec François Bayrou à Matignon, “l’état de la France, le déficit public, l’impuissance publique” sont “toujours là”. “Le diagnostic, moi j’ai envie de le reprendre là où il était”, a-t-il expliqué, “il faudra qu’on assume dans le débat présidentiel (…) ce constat de l’impuissance publique et qu’on dise la vérité aux gens”. Il a entre autres cité “l’impuissance publique à réduire la bureaucratie, à donner de la souplesse, à permettre aux gens qui veulent travailler de le faire, à réduire l’immigration ou à réduire la dette”. 

Economies: le gouvernement prépare les esprits et réveille les oppositions

La gauche et le Rassemblement national ont brandi de nouveau lundi, à la veille d’une conférence sur les finances publiques, la menace de la censure après l’annonce par le gouvernement d’un effort de 40 milliards d’euros pour le budget 2026.Dimanche, le ministre des Finances Eric Lombard a mis les pieds dans le plat en annonçant un effort de “40 milliards d’euros” l’an prochain, sous forme “essentiellement” d’économies, pour réduire le déficit public de 5,4% du PIB – objectif 2025 – à 4,6% en 2026. L’exécutif veut préparer les esprits à une France “en état d’alerte budgétaire”. Mardi, François Bayrou réunira une conférence sur les finances publiques avec des parlementaires, des organismes de sécurité sociale ou encore des collectivités locales. L’Association des maires de France (AMF), qui voit dans cette réunion “convoquée à la hâte” une “énième séquence de communication”, n’y participera pas.Aucune annonce immédiate n’ait à attendre, si ce n’est la création de groupes de travail pour identifier les économies.La conférence servira “à la fois à dire où on en est et où on veut aller. Après, il y aura trois mois, trois mois et demi, de mise au point, d’avancée, vers des décisions”, a expliqué le Premier ministre dans Le Parisien.Du “dialogue avec toutes les parties prenantes” et destiné à faire émerger “un consensus”, a déclaré Eric Lombard. “40 milliards, c’est l’écart par rapport à la trajectoire naturelle du budget. Une autre façon de le dire, c’est que nous allons légèrement baisser la dépense publique, très légèrement, par rapport à son niveau de 2025”, a-t-il relativisé lundi.Mais point de consensus en vue. Au contraire, cette perspective a fait bondir, pour des raisons différentes, les oppositions qui remettent la censure sur le tapis.Le Rassemblement national se dit favorable à des économies, mais refuse qu’elles visent “les Français”.  “Si le projet, c’est de demander aux Français de se serrer la ceinture sans que l’État n’aille sur le chemin des économies en matière d’immigration, de train de vie de l’État, des collectivités, nous nous emploierons à le censurer”, a prévenu son vice-président Sébastien Chenu.- Récession -A l’inverse, la gauche s’inquiète de “l’impact récessif” de nouvelles économies sur une croissance déjà fragilisée par les incertitudes liées à la politique protectionniste des Etats-Unis.Jean-Luc Mélenchon (LFI) s’est indigné que “le peuple de France soit traité comme la Grèce en 2010″, contrainte à une sévère cure d’austérité.”On n’en est pas à la Grèce. Mais ça ne veut pas dire que l’équilibre qui est aujourd’hui proposé par le gouvernement est un équilibre juste”, a temporisé le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur BFMTV.Et de s’insurger que le gouvernement refuse toujours d’envisager des hausses d’impôt pour les plus riches.S’il continue à nous expliquer “qu’on ne touchera pas au patrimoine des plus riches, qu’on ne touchera jamais aux grandes fortunes, mais qu’on fera tout payer à la classe moyenne, aux classes populaires, la réponse est immédiate: oui, il y aura censure”, a-t-il averti, chiffrant à “80 milliards d’économies” l’abandon des “cadeaux fiscaux depuis 2017”.La gauche a fait notamment adopter à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à instaurer un impôt plancher sur le patrimoine des “ultra-riches” afin de s’assurer qu’ils payent au moins 2% de leur fortune en impôt. Ce texte, inspiré par les travaux de l’économiste Gabriel Zucman, sera débattu au Sénat, à majorité de droite, en juin.Mais la gauche reste divisée sur l’opportunité de faire tomber rapidement le gouvernement. Les socialistes, qui avaient refusé de voter la censure sur le projet de budget 2025 et permis ainsi à François Bayrou de se maintenir, voudront probablement attendre, officiellement l’issue du conclave sur les retraites, et officieusement celle de leur propre congrès à la mi-juin à Nancy. Et, comme l’exécutif envisage de ne pas convoquer de session extraordinaire du Parlement en juillet, cela pourrait renvoyer la question de la censure à l’automne… au moment des débats budgétaires.

Déficit: Eric Lombard annonce un effort “considérable” de 40 milliards d’euros en 2026

La France va devoir réaliser “un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros” l’an prochain, un engagement “très considérable”, sous forme “essentiellement” d’économies, nécessaire pour atteindre son objectif de déficit public de 4,6% du PIB en 2026, a annoncé dimanche le ministre de l’Economie Eric Lombard.Le pays s’était déjà doté d’un budget pour 2025 prévoyant une cinquantaine de milliards d’euros d’efforts, renforcé cette semaine par cinq milliards supplémentaires puisés dans des crédits mis en réserve.La France est “en état d’alerte budgétaire”, a prévenu dimanche M. Lombard sur BFMTV, une situation qui n’est pas liée à la guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis mais bien aux “déficits cumulés” du pays.Le ministre a tenu ces propos l’avant-veille d’une conférence publique convoquée par le Premier Ministre François Bayrou, destinée à sensibiliser les Français aux “pathologies” budgétaires du pays, dont la grande fragilité est exacerbée par les incertitudes liées à l’assaut protectionniste des Etats-Unis.L’effort de 40 milliards d’euros portera “essentiellement” sur des “économies”. Mais “ça peut être aussi une augmentation des recettes liées à la croissance”, a tenu à rassurer M. Lombard.- “Crédibilité sur les marchés” -“Avec 57% de PIB de dépenses publiques, on peut tout à fait à la fois réduire les dépenses et maintenir la qualité des services”, a-t-il estimé, refusant de qualifier cette politique “d’austérité”.En outre, il a dit “souhaiter” que la contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR), appliquée aux ménages les plus aisés, présentée comme temporaire et qui fixe un taux minimal d’imposition de 20%, soit “pérenne” dans “un souci d’équité”, précisant que le gouvernement s’engageait à combattre la suroptimisation fiscale. Bercy travaille à transformer cette contribution “en un outil de lutte contre les suroptimisations fiscales”, a précisé son cabinet à l’AFP.”Nous avons une méthode radicalement nouvelle, avec le Premier ministre, qui est de construire ce budget dès mardi”, a-t-il lancé.Réagissant rapidement après cette annonce, le leader de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a jugé que “le peuple de France est traité comme la Grèce en 2010″. Le leader de la gauche radicale fait référence dans son message à la crise grecque qui avait provoqué une crise de toute la zone euro et obligé la Grèce à une cure d’austérité d’une rare sévérité.”La macronie vous présente sa facture (…). L’équivalent du budget de l’Éducation nationale”, écrit-il également dans un message posté sur X.La porte-parole du gouvernement Sophie Primas a admis dimanche qu’il s’agissait “d’une équation difficile”. Cependant, “le Premier ministre s’est engagé, le président de la République également, (…) à ne pas augmenter les impôts”, a-t-elle rappelé au “Grand Jury” RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat. Pour 2025, l’objectif d’un déficit à 5,4% du PIB “est une question de crédibilité sur les marchés”, a-t-elle estimé, en assurant: “Nous tiendrons ces 5,4%.”Concernant le maintien de cet objectif, Eric Lombard a de son côté suggéré qu’il était “possible” que les efforts additionnels soient supérieurs aux cinq milliards d’euros prévus. “Ca peut être plus d’économies car il est hors de question d’augmenter les impôts.”- “Pas tirés d’affaire” -Le ministre de l’Economie a été longuement questionné à propos des droits de douane américains. Le président américain Donald Trump a récemment fait volte-face et les a ramenés à 10% pendant 90 jours, ce qui reste “beaucoup trop”, a rappelé le ministre. Si ces droits de douane sont passés de 20% à 10% pour l’Union européenne, “on a l’impression qu’on est tirés d’affaire, mais pas du tout”, a-t-il averti, soulignant que l’objectif était “de revenir au libre-échange”.Interrogé sur l’introduction éventuelle d’un “quoi qu’il en coûte”, comme pendant la pandémie de Covid 19, le ministre s’est montré ferme : “Nous n’en avons pas les moyens d’une part et puis, d’autre part, notre économie grâce d’ailleurs au +quoi qu’il en coûte+ est solide, nos entreprises sont solides”. Eric Lombard a toutefois dit suivre “très attentivement” la situation et notamment les “28.000 entreprises qui exportent aux Etats-Unis, dont 40% (…) la moitié de leur production”.”Le temps n’est pas à distribuer de l’argent public que nous n’avons pas. Il faut trouver d’autres solutions pour soutenir nos filières industrielles”, a-t-il ajouté.

Fin de vie: pour Retailleau, le texte va “dans le très mauvais sens”

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est dit dimanche “stupéfait” par la proposition de loi relative à la fin de vie étudiée en commission parlementaire, jugeant que ce texte “tellement permissif” va “dans le très mauvais sens”.”Le texte que j’ai découvert m’a stupéfié”, a dit le ministre qui était interrogé sur LCI. Les députés ont commencé vendredi en commission l’examen de ce texte et approuvé la création d’un droit à l’aide à mourir, en élargissant les cas où la substance létale pourra être administrée par un soignant.”Le texte aujourd’hui est tellement permissif, demain ce que je crains, c’est qu’il soit beaucoup plus facile de demander la mort que d’avoir des soins”, a-t-il argué. “C’est un texte qui va cumuler aussi bien le suicide assisté que l’euthanasie. Or, dans tous les pays qui ont autorisé ce double choix, et bien, c’est toujours l’euthanasie qui a écrasé le suicide assisté”, a-t-il poursuivi.”Bien sûr, c’est une proposition de loi, mais ce texte pour moi, il est terrible parce que c’est un texte d’abandon”, selon lui.Si “par malheur, il était demain voté, et bien, au moment de votre mort, les uns ou les autres devront se poser cette question non pas de tendre une main ou de demander une main secourable, mais de dire: +Suis-je un fardeau pour la société?+ “, a souligné Bruno Retailleau. “Quand on voit que dans la dernière année d’une vie, le coût pour la santé, c’est plus de 35.000 euros, ce que je crains demain, c’est que ces considérations matérielles, ces considérations économiques prennent le pas sur la dignité de la vie humaine”, a-t-il souligné.”Ce n’est pas un texte de fraternité, c’est un texte d’abandon” qui va “dans le très mauvais sens”, a-t-il jugé.Les députés ont notamment approuvé un amendement d’Elise Leboucher (LFI) accordant à la personne qui souhaite recourir à l’aide à mourir la liberté de choisir entre auto-administration du produit létal et administration par un médecin ou un infirmier. Le texte initial prévoyait que celle-ci ne soit possible que lorsque le patient “n’est pas en mesure physiquement d’y procéder”.

L’objectif de déficit de 4,6% du PIB en 2026 exige “40 mds d’euros d’efforts supplémentaires”, selon le ministre de l’Economie

Maintenir l’objectif de déficit de 4,6% du PIB en 2026 “va demander un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros”, ce qui est “très considérable”, a annoncé dimanche le ministre de l’Economie Eric Lombard.”Ca va être essentiellement des économies” ou “ça peut être aussi une augmentation des recettes liées à la croissance”, a précisé le ministre sur BFM.Interrogé sur cette répartition, le ministre a répondu : “Nous sommes en avril (…) on parle du budget 2026, il est trop tôt pour donner ce détail”.Mais “avec 57% de PIB de dépenses publiques, on peut tout à fait à la fois réduire les dépenses et maintenir la qualité des services”, a estimé Eric Lombard, qui a refusé de taxer cette politique “d’austérité”.Entre “40 à 50 milliards” d’euros d’économies sont “à trouver” pour le budget 2026, a également annoncé dans le même temps la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, à l’avant-veille d’une conférence sur les finances publiques convoquée mardi par François Bayrou.C’est “une équation difficile, mais le Premier ministre s’est engagé, le président de la République également, (…) à ne pas augmenter les impôts”, a déclaré Mme Primas au “Grand Jury” RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat. Pour l’année 2025, l’objectif d’un déficit à 5,4% du PIB “est une question de crédibilité sur les marchés”, a-t-elle rappelé, en assurant: “Nous tiendrons ces 5,4%.”En outre, pour tenir le déficit budgétaire de 5,4% du PIB en 2025, il est “possible” que les efforts soient supérieurs à cinq milliards d’euros, a déclaré Eric Lombard.”Ca peut être plus d’économies car il est hors de question d’augmenter les impôts”, a promis le locataire de Bercy.Sur la question des droits de douane américains ramenés à 10% pendant 90 jours, “c’est (encore) beaucoup trop”, s’est inquiété le ministre. Passés de 20% à 10% pour l’Union européenne, “on a l’impression qu’on est tirés d’affaire, mais pas du tout”, a averti M. Lombard.

L’impopularité de Bayrou en hausse, notamment chez les soutiens de son camp

L’impopularité de François Bayrou continue de grandir, quatre mois après sa nomination comme Premier ministre, en particulier auprès de son camp, selon un sondage Ipsos pour la Tribune dimanche.Selon le baromètre mensuel, réalisé du 9 au 10 avril, 67% des Français portent un jugement défavorable sur l’action du Premier ministre, soit trois points de plus que le mois dernier. Ils sont 24% à penser le contraire (- 1 point).C’est chez les sympathisants Renaissance-MoDem-Horizons, les partis du bloc central, qu’il enregistre la plus forte baisse de sa popularité, 12 points de moins par rapport à mars, avec seulement 53% d’opinions favorables.” Le pays a le sentiment qu’on fait la planche, qu’on flotte, qu’on se laisse dériver”, analyse pour la Tribune le directeur général délégué d’Ipsos Brice Teinturier.Selon lui, c’est l’un des principaux moteurs de l’impopularité de François Bayrou: “Alors que les partis, que ce soit le Rassemblement national, LR ou le Parti socialiste, se parlent beaucoup à eux-mêmes, que les événements internationaux dominent l’actualité, le gouvernement donne le sentiment de ne pas parler aux Français”.Les récentes prises de position du Premier ministre sur l’exécution provisoire de la peine d’inéligibilité de Marine Le Pen, dont il s’est dit “troublé”, ou sur l’affaire Bétharram ont suscité des interrogations.Au sein du couple exécutif, Emmanuel Macron est relativement stable avec 26% de jugements favorables (- 1 point) et 70% défavorables (+1 point).Au sein du gouvernement, le ministre de l’Intérieur LR Bruno Retailleau (33%) et celui de la Justice Gérald Darmanin (33%) restent les plus appréciés des Français, loin devant Rachida Dati, en troisième position (16%).De nouveau ce mois, le baromètre des potentiels successeurs d’Emmanuel Macron place en tête les RN, Jordan Bardella qui stagne à 34% par rapport à mars et Marine Le Pen qui le talonne à 33% mais gagne deux points.En troisième position, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe cède 1 point à 31%, devant Bruno Retailleau qui perd aussi 1 point à 27%. Enquête IPSOS/CESI Ecole d’ingénieurs menée sur internet les 9 et 10 avril auprès d’un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

“Plus de sons, moins de répression”: défilés en France pour défendre les free-parties

Plus de 20.000 personnes ont manifesté samedi dans plusieurs villes de France pour défendre les free-parties, dont une proposition de loi veut “renforcer la pénalisation”.Parmi les 23 cortèges musicaux intitulés “Manifestives” organisés sur tout le territoire, les plus gros contingents de “teufeurs” ont été recensés par la police à Marseille (1.600), Nantes (au moins 2.000 personnes), Bordeaux (3.100 manifestants) et Paris (4.800).”On vient manifester pour montrer aux gens ce qu’est le mouvement free-party, et aussi contre la répression et les violences des forces de l’ordre”, a dit à l’AFP Paul, 24 ans, venu depuis la ville voisine d’Aubagne manifester à Marseille. “On ne veut pas de cette loi qui prévoit de la prison pour les organisateurs. On est un mouvement attaché à la liberté, à l’autogestion, au partage”.Les free-parties sont des rassemblements non-déclarés et gratuits pouvant réunir des milliers de personnes, parfois pendant plusieurs jours.La foule a brandi des pancartes proclamant “la teuf ne vole pas les fonds publics”, “plus de sons, moins de répression”, “liberté, égalité, tape du pied”, “je rêve d’un monde où j’ai le droit de danser”, “laissez nous vivre libres” ou encore “plus de teufs, moins de keufs”.A Nantes (Loire-Atlantique), au moins 2.000 personnes ont défilé en musique dans le centre-ville, derrière plusieurs camions chargés de systèmes-son et décorés de banderoles marquées “On va faire péter le son face à la répression” et “Mourir en dansant plutôt que vivre en rampant”. “Les fêtes, la danse, sont un espace de liberté que nous ne sommes pas prêts à nous voir retirés”, a déclaré Nina Pascal, 24 ans. – “Laissez-moi danser” -Des “manifestives” similaires ont été organisées à Lille (950 personnes), Toulouse, Brest, ou Besançon. A Strasbourg, une centaine de “teufeurs”, refoulés du centre-ville, ont installé un mur de son à la faculté avant d’être évacués dans la soirée.Tous ont protesté contre une proposition de loi visant à “renforcer la pénalisation de l’organisation” des free-parties, qui “se transforment souvent en lieux de dérapages” selon les 44 députés de la majorité présidentielle à l’origine du texte.Outre des amendes, y compris pour les participants, elle prévoit jusqu’à six mois de prison pour toute personne “participant à l’organisation” d’une free-party – de l’édification d’un mur de son à l’installation d’un food-truck – et la confiscation du matériel saisi.”Je peux comprendre qu’ils n’aient pas envie qu’on fasse des teufs sur des lieux privés mais il n’y a pas que des dégradations, on essaie de faire attention. Il faudrait essayer de trouver un moyen pour que tout le monde puisse bien s’entendre, là la répression est violente, des gens peuvent aller en prison juste pour avoir voulu mettre du son dans un champ”, a expliqué dans le cortège lillois Louise Duconget, étudiante en médecine, arborant sur le dos une pancarte “je suis comme Dalida, laissez-moi danser”.Le 5 avril, environ 1.500 “teufeurs” ont défilé au son de la musique techno à Montpellier, pour défendre leur “droit fondamental” à la fête après l’interdiction pour un an des rave-parties dans le département de l’Hérault.bur-alc-ld-dac/sp

Jugement Le Pen/RN: faibles mobilisations à l’appel d’ONG et syndicats pour l'”Etat de droit”

Les rassemblements prévus samedi dans plusieurs villes de France pour défendre “la démocratie” et l'”Etat de droit” n’ont que faiblement mobilisé, ont constaté des journalistes de l’AFP.Après les attaques contre la justice ayant suivi la condamnation de plusieurs responsables du RN, au moins une quarantaine de manifestations étaient organisées à l’appel de plusieurs syndicats et associations.A Marseille, le rassemblement initialement prévu à 14h00 devant la préfecture a finalement été annulé, trop peu d’associations ayant répondu présentes.À Metz, seules quelques dizaines de personnes se sont déplacées dans la matinée. A Bordeaux, la manifestation a rassemblé 260 personnes, selon la préfecture, bien moins que celle défendant la culture rave qui a, elle, mobilisé 3.100 personnes.A Nantes, environ 200 personnes étaient réunies en milieu d’après-midi devant le palais de justice. A Arras, 80 personnes se sont rassemblées, selon les organisateurs. Pour David Noël, président de la Ligue des droits de l’Homme du Pas-de-Calais, “ce n’est pas si mal car cela s’est organisé assez rapidement”. A Lyon, quelque “200 personnes” ont manifesté, selon la préfecture.A Paris, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à République vers 17H00, a constaté une journaliste de l’AFP. Les manifestants brandissaient des pancartes “touche pas à mon état de droit”, “démocratie menacée, réagissons”, ou “menacer l’état de droit, c’est menacer la démocratie”.L’appel lancé par une trentaine d’organisations de la société civile visait à réagir aux propos du RN contre la “tyrannie des juges” après la condamnation de Marine Le Pen pour détournement de fonds publics, le 31 mars en première instance, qui l’empêche à ce stade de concourir à la présidentielle 2027 en raison de l’application immédiate d’une inéligibilité de cinq ans.Parmi ces organisations, SOS Racisme, France Terre d’asile, la Ligue des droits de l’Homme, la Cimade, SOS Homophobie, Oxfam, Greenpeace ou encore la CGT et Solidaires.Najat Vallaud-Belkacem, présidente de France Terre d’Asile, a notamment appelé à Paris à applaudir “les juges qui sont menacés de violence, de mort, par la clique de fraudeurs de Marine Le Pen”.”Nous n’acceptons pas que l’indépendance de la justice soit attaquée”, a aussi lancé Dominique Sopo, le président de SOS Racisme.Les organisateurs ne s’attendaient pas à drainer des foules, une semaine après la mobilisation lancée par Les Ecologistes et La France insoumise (3.000 personnes à Paris) et boudée par toutes les principales organisations syndicales, les socialistes et les communistes. “Les délais étaient trop courts pour s’organiser alors que l’appel a été rendu public mardi”, a souligné Aurélien Boudon (Solidaires).Si les autres grandes centrales syndicales ne se sont pas jointes à l’appel (CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC ou Unsa), les différentes formations de gauche ont, elles, répondu présentes. Le Parti socialiste était représenté à Paris par son Premier secrétaire Olivier Faure, qui a rappelé qu’il n’y a “pas de démocratie sans pouvoir et contre-pouvoir”. “La justice en fait partie. Et donc, il était légitime qu’on soit là aujourd’hui à l’appel d’organisations non gouvernementales, de syndicats qui défendent justement ces principes qui nous gouvernent, qui doivent continuer de nous gouverner”, a-t-il déclaré à l’AFP.Marine Tondelier (Les Ecologistes) et Fabien Roussel (PCF) devaient participer à d’autres mobilisations, en régions. Quant à La France insoumise, elle a indiqué soutenir “toutes les initiatives prises contre l’extrême droite et ses attaques contre la République”.leo-bat-bur-cac/ito/sp

Bayrou: une marge de manœuvre réduite par les crises

La crise des droits de douane, comme celle de l’Ukraine, réduit l’espace de François Bayrou pour agir, tant le sujet est international et piloté de fait par Emmanuel Macron, mais le Premier ministre n’en est pas moins attendu sur les choix budgétaires à opérer pour y faire face.Quand Donald Trump annonce début avril ses hausses de taxes sur les importations, c’est Emmanuel Macron qui convoque et préside à l’Élysée une réunion avec les principales filières touchées par la mesure, jugée “brutale et infondée”.Après la décision du président américain de finalement suspendre ces augmentations pendant trois mois, c’est encore le chef de l’Etat qui réagit sur X pour qualifier la pause de “fragile”, le matin même où François Bayrou se rend à la foire aux fromages et aux vins de Coulommiers (Seine-et-Marne) pour apporter son soutien à des filières susceptibles d’être concernées.Chacun joue certes sa partition naturelle: plus diplomatique pour le chef de l’État, en première ligne sur la guerre en Ukraine ou sur le rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie; davantage tournée vers l’opinion française pour le Premier ministre.Sauf que les droits de douane relèvent autant de la diplomatie, “domaine réservé” du président, que de l’économie, pilotée par Matignon, chargé de financer les politiques par le budget.- “Système assez factice” -Et les finances publiques, dont le chef du gouvernement doit faire un état des lieux mardi, s’annoncent triplement contraintes: par le dérapage du déficit public, par l’effort militaire envisagé pour aider l’Ukraine et réarmer l’Europe, et par les taxes décrétées par Donald Trump. Le tout sur fond d’absence de majorité à l’Assemblée nationale, où le Premier ministre “n’a pas intérêt à s’agiter trop fort (…) sachant que la situation internationale capte l’actualité”, note un ancien locataire de Matignon.”Le président est le leader des équilibres, le Premier ministre celui de l’action”, résume cet ancien chef du gouvernement. “Là c’est quand même très difficile. On a un système assez factice. On va voir combien de temps ça peut durer”, prévient-il, alors que François Bayrou n’a toujours pas exposé ses choix budgétaires.Sans proximité excessive avec le président, auquel il avait imposé sa nomination, François Bayrou semble expérimenter “une certaine solitude”, d’autant que le ministre de l’Economie Eric Lombard “doit travailler directement avec Macron sur pas mal de sujets” comme les droits de douane, pointe-t-il.Le chef du gouvernement a néanmoins tenté jeudi de rassurer sur les capacités d’investissement de la France, en promettant d’engager les 15 milliards d’euros restants du programme France 2030 dans l’innovation, en dépit des “inquiétudes” mondiales.- Impatiences -Emmanuel Macron a “une forme de leadership mondial” et est “respecté comme un interlocuteur”, mais François Bayrou, “on ne le sent pas actif pour sauter sur tous les sujets”, ajoute le même ex-Premier ministre. “Il faut prendre des risques. Matignon n’est pas une +planque+.”Mardi, lors d’une conférence du gouvernement sur les finances publiques, le Premier ministre entend exposer les “pathologies” françaises et les “risques” pesant sur le budget. “La vérité est décisive pour qu’on puisse prendre les décisions qui s’imposent”, a-t-il expliqué.”Je sens le coup du président qui a dû lui dire: +M. le Premier ministre, il faut que les Français le sachent+”, sourit un membre du gouvernement, pointant ainsi des impatiences du chef de l’Etat vis-à-vis du locataire de Matignon.Après s’être sorti du piège des budgets 2025, qu’il a fait adopter en début d’année là où son prédécesseur Michel Barnier avait chuté, François Bayrou cherche à durer.”Depuis le début, son objectif, c’est de survivre. Et de ce point de vue-là, c’est une réussite”, explique un député du groupe macroniste Renaissance, même si cela implique parfois de “naviguer à vue”. Il a même déjà planté son arbre dans les jardins de Matignon, un chêne selon Le Parisien, connu pour sa longévité.François Bayrou décroche pourtant dans les sondages, avec une confiance au plus bas pour un Premier ministre depuis dix ans, selon Elabe début avril.Venu tester son aura entre verres de vin et morceaux de brie à Coulommiers vendredi, l’intéressé avance qu’à ce niveau de “responsabilité”, il ne faut pas s’attendre à être “populaire”.