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Le chanteur et ex-candidat aux européennes Francis Lalanne déclaré inéligible

Le chanteur Francis Lalanne a été déclaré, jeudi, inéligible pour une durée de 18 mois par le Conseil d’État pour n’avoir pas déposé de compte de campagne alors qu’il était candidat aux dernières élections européennes. Bien que Francis Lalanne ait “transmis aux services de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques des pièces par courrier électronique”, ces dernières ne constituent pas un compte de campagne, qu’il était “tenu d’établir”, peut-on lire dans la décision du Conseil d’Etat. Le compte de campagne retrace l’ensemble des recettes perçues et des dépenses effectuées en vue d’une élection.Francis Lalanne, connu ces dernières années notamment pour ses positions antivax ou en soutien aux gilets jaunes, était tête de liste sous la bannière “France libre” aux élections européennes de 2024, au côté du polémiste multi-condamné Dieudonné. Leur liste commune n’avait pas dépassé les 0,04 %. Les deux hommes s’étaient également portés candidats aux élections législatives des 29 juin et 6 juillet en Guadeloupe. M. Lalanne avait obtenu 173 votes dans la troisième circonscription, soit 0,59 % des voix. Le chanteur, qui a récemment enregistré une chanson de soutien au militant écologiste et défenseur de baleines Paul Watson, avait par ailleurs appelé à voter pour la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen, au second tour de la présidentielle en 2022.

“Dette haïtienne”: une commission d’historiens français et haïtiens fera des “recommandations”, annonce Macron

Une commission franco-haïtienne d’historiens va étudier “l’impact” sur Haïti de la “très lourde indemnité financière” imposée par la France à son ex-colonie en échange de l’octroi de son indépendance il y a 200 ans, et faire des “recommandations”, a annoncé jeudi Emmanuel Macron.Cette indemnité décidée par le roi Charles X en 1825 “plaçait alors un prix sur la liberté d’une jeune Nation, qui était ainsi confrontée, dès sa constitution, à la force injuste de l’Histoire”, a estimé le président français dans un communiqué.Il n’évoque toutefois pas, à ce stade, une éventuelle réparation financière, telle que réclamée par les autorités haïtiennes.Mercredi, l’Elysée avait assuré que le chef de l’Etat tirerait “toutes les conclusions” à l’issue de ce travail de mémoire.En janvier, le président haïtien par interim Leslie Voltaire a affirmé qu’Emmanuel Macron lui avait évoqué lors d’un entretien le principe d’une “restitution” – que la présidence française n’avait toutefois pas mentionnée dans son compte-rendu de cette rencontre.Après avoir proclamé l’indépendance du pays des Caraïbes en 1804 à l’issue d’une victoire militaire contre le corps expéditionnaire napoléonien, les nouvelles autorités de Haïti acceptèrent, le 17 avril 1825, sous la menace des canons de la flotte française, de payer 150 millions de francs-or d’indemnité aux anciens propriétaires de terres et d’esclaves, en échange de la reconnaissance de l’indépendance par Charles X. La somme sera ramenée en 1838 à 90 millions.Pour s’en acquitter, la jeune république caribéenne doit s’endetter à des taux très élevés auprès de banques françaises – alors même que plonge le cours du café, de très loin sa principale ressource.Le règlement de cette “double dette” s’étalera jusqu’en 1952, date du paiement des derniers intérêts.

Dans la course pour 2027, où sont les femmes ?

Édouard Philippe, Bruno Retailleau, Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin… si Marine Le Pen ne peut pas se présenter, la présidentielle 2027 sera-t-elle entièrement masculine ? Un “signal fort” que le monde politique “n’a pas beaucoup évolué” en terme d’égalité hommes-femmes, selon des personnalités interrogées par l’AFP. Ils sont sur la ligne de départ, prêts à être désignés par leur camp et ce sont tous des hommes. A l’exception de Yaël Braun-Pivet qui ne cache pas ses ambitions au centre et de Marine Tondelier, seule cheffe de parti, chez les Écologistes qui comptent partir unis avec le reste de la gauche. Et bien sûr de Nathalie Arthaud (LO). Dans le paysage politique que déserterait une Marine Le Pen inéligible en 2027, les premières études sur les cotes de popularité ou d’influence ne font pour l’instant pas grand place aux femmes. La popularité au zénith de la leader d’extrême droite – de même que celle de sa nièce Marion Maréchal – en ferait la favorite du premier tour pour 2027. Mais elle ne saura qu’à l’été 2026 si elle est en mesure de concourir et d’ici là, tous les partis se seront mis en ordre de marche. Or, dans une étude BVA, la première femme à apparaître derrière les deux personnalités lepénistes (1ere et 7e) est Martine Aubry, 12e, puis Rachida Dati, 19e. Aucune des deux ne se place dans la perspective de 2027. Dans une étude similaire réalisée par Toluna/Harris Interactive, Ségolène Royal arrive au 13e rang et Élisabeth Borne au 14e rang. Dans le détail, aucun camp – sauf le RN – ne porte son premier ou deuxième choix sur une femme, pour le représenter à la présidentielle. – Contrainte nécessaire -Cette situation “traduit une difficulté pour le monde politique à évoluer sur ces questions quand il n’y a pas de contrainte”, explique à l’AFP Christelle Craplet, directrice Opinion chez BVA. Elle rappelle que la loi sur la parité a permis “une vraie progression” dans les exécutifs locaux. Mais que le choix des chefs de parti et des candidats reste à la main des organisations. “Les partis politiques continuent à reproduire exactement la même organisation du pouvoir malgré 25 ans de loi sur la parité”, reconnaît la sénatrice socialiste Laurence Rossignol. Elle y voit la volonté des hommes de “s’organiser entre eux pour conserver le pouvoir”. “Leur misogynie est un moyen au service de leurs ambitions”, explique-t-elle, ça leur permet de “limiter le nombre de candidats au pouvoir, c’est aussi prosaïque que ça”. Une situation qui “n’est pas propre au monde politique”, observe Christelle Craplet, “les grandes entreprises restent massivement dirigées par des hommes”. “Il ne faut pas s’imaginer que dans ce pays, l’égalité femmes-hommes a abouti”, souffle Laurence Rossignol.- Primaires ?  -“Quand j’ai voulu prendre la tête de la fédération LR de Paris, on m’a fait comprendre que tenir un appareil politique n’était pas une affaire de femmes, +il faut des qualités viriles, quand il faudra négocier, tu n’auras pas les nerfs solides+”, raconte la sénatrice Agnès Evren, se rappelant aussi que son parti réservait les circonscriptions difficiles à gagner aux femmes. Elle dépeint une “dichotomie entre les cadres politiques et les électeurs”, convaincue que “les citoyens sont prêts à avoir une présidente”. De fait, les scrutins où la parité est obligatoire ont montré que les électeurs ne s’attachent pas au genre de leur champion. “Il y a un manque de modèles féminins en politique”, estime Marine Tondelier, “et les endroits où il n’y a que des mecs n’ont jamais donné très envie aux femmes”. Outre le “cas Marine Le Pen” qui a “hérité” du parti de son père “sans avoir à se battre” selon Laurence Rossignol, une exception est souvent citée: la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui a gravi seule les échelons, toujours contre l’avis du président Emmanuel Macron qui lui préférait, à chaque étape, un candidat masculin. Mais pour s’aligner sur l’élection reine, si les sondages restent les mêmes, sa meilleure chance serait probablement de passer par une primaire de son camp qui permet à des outsiders d’émerger, comme Valérie Pécresse en 2022. De même pour la dirigeante écologiste. Au centre, à gauche comme à droite cependant, l’organisation d’une telle primaire est loin de faire consensus. 

La Cour des comptes menace de ne plus certifier le budget de l’Etat si elle n’est pas davantage écoutée

La Cour des comptes pourrait refuser de certifier les comptes de l’Etat si ses recommandations ne sont pas mieux écoutées, a menacé mercredi son Premier président Pierre Moscovici, tout en reconnaissant que le budget 2025 s’annonçait mieux que celui de 2024.”J’aimerais vous faire part, non pas de ma mauvaise humeur, mais de ma très mauvaise humeur s’agissant des suites – ou plutôt de l’absence systématique de suites – qui sont données à l’acte de certification que nous publions annuellement”, a lancé M. Moscovici devant la presse, puis à l’Assemblée nationale, en présentant divers documents liés aux finances publiques, dont la certification des comptes de l’Etat pour 2024.”J’imagine la situation d’une entreprise” où le commissaire aux comptes “certifierait les comptes avec de fortes réserves ou ne les certifierait pas, et où le conseil d’administration dirait +on s’en fiche+: l’Etat fait ça, la Sécurité sociale fait ça”, a assuré M. Moscovici.Notant que, “pour la 19e année consécutive, les comptes de l’État ne sont pas en mesure d’être certifiés sans des réserves très significatives”, M. Moscovici a indiqué “qu’en l’absence de progrès en 2025, la Cour pourrait être amenée à (…) ne pas les certifier”. Il a écrit en ce sens à Bercy cette semaine.La Cour a relevé cinq “anomalies significatives”, comme en 2023, dans le budget 2024, portant surtout sur des surévaluations et sous-évaluations.  Le Premier président est revenu sur les prévisions trop optimistes pour le budget 2024, concocté fin 2023 par Bercy alors dirigé par Bruno Le Maire. Notamment un déficit public annoncé à 4,4% du PIB mais qui a dérapé à 5,8%. Devant cet écart, la Cour des comptes active le “mécanisme de correction”, qui oblige le gouvernement à présenter des mesures d’amélioration.M. Moscovici a évoqué “la gestion erratique, le pilotage à vue, la succession de reports, gels, surgels, coups de rabot” qui ont émaillé l’année dernière.Pour 2025, avec le gouvernement Bayrou, les choses se présentent “un peu mieux”, même si “nous observons encore, soit de légers biais optimistes, soit des risques qui ne sont pas tout à fait évalués”, a-t-il signalé, jugeant l’actuelle prévision de croissance à 0,7% “pas hors d’atteinte”.Il a appelé “au réalisme et à la prudence” dans les prévisions : “on saura toujours que faire d’une bonne surprise alors que les mauvaises seront de plus en plus complexes à absorber”. Ainsi, “il ne faut pas s’amuser à se faire plaisir avec de bons chiffres inventés pour pousser devant soi les problèmes, il faut traiter” ces derniers.Malgré “des débats” en son sein, la Cour des comptes n’a cependant pas voulu conclure à “l’insincérité” du budget 2024, ce qui impliquerait “une intention de tromper”, et l’inconstitutionnalité du texte, a-t-il précisé.”Je ne participe à aucun procès, aucune forme de règlement de comptes à l’égard de personne, a fortiori à l’égard d’un successeur”, a assuré M. Moscovici, lui-même ministre des Finances de 2012 à 2014.Il a préconisé cependant le renforcement du rôle du Haut conseil des Finances publiques (HCFP), qu’il préside également, afin que ce dernier valide désormais les prévisions du gouvernement, “selon un mécanisme de +comply or explain+” (appliquer ou expliquer) : si le HCFP doute d’une prévision, le gouvernement devrait la modifier, ou d’expliquer pourquoi il ne le fait pas.

Dans la crise avec Paris, un seul coupable selon Alger: le ministre français de l’Intérieur

Déjà tendues, les relations entre l’Algérie et la France viennent de connaître une brusque poussée de fièvre dont Alger attribue avec insistance l'”entière” responsabilité au ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau.Le ministère algérien des Affaires étrangères a fustigé par communiqué l’attitude “affligeante” du ministre, l’accusant de “barbouzeries à des fins purement personnelles”.Figure de la droite française et en campagne pour prendre la tête du parti Les Républicains, ce dernier s’est fait le porte-voix d’une ligne de fermeté face à l’Algérie, notamment sur les questions migratoires.”Il n’y a pas d’affaire Retailleau”, a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, ajoutant que le ministre était “totalement indépendant” de la procédure judiciaire à l’origine de la nouvelle brouille entre Paris et Alger.C’est l’arrestation d’un agent consulaire algérien, accusé de l’enlèvement d’un influenceur algérien exilé en France, qui a mis le feu aux poudres après un début d’accalmie.Alger a expulsé 12 agents français en rétorsion, ce à quoi Paris a répliqué en renvoyant 12 agents consulaires algériens et en rappelant pour consultations l’ambassadeur de France à Alger.- “Torpiller”-La crise a commencé l’été dernier, après l’annonce par Paris d’un soutien renforcé à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, où Alger épaule les indépendantistes du Front Polisario.L’Algérie a alors retiré son ambassadeur à Paris.Depuis, d’autres affaires ont envenimé la relation bilatérale, comme l’arrestation en novembre en Algérie de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et des bisbilles sur l’immigration.Avec une constante: les critiques d’Alger contre Bruno Retailleau, accusé de vouloir “torpiller” les relations avec Paris.Depuis qu’il est ministre, M. Retailleau “a ciblé de façon très singulière l’Algérie”, instaurant “un bras de fer” avec ce pays, explique l’enseignant en géopolitique Adlene Mohammedi.Le pouvoir algérien s’en est saisi pour en faire à son tour “une cible”, ajoute-t-il. “Une manière de ne pas (viser) l’ensemble de l’Etat français” et “de se conserver une espèce de marge de manoeuvre” pour dire: “on veut maintenir un canal de discussion avec l’Elysée et le Quai d’Orsay, mais tout ce qui a trait au ministère de l’Intérieur nous pose problème”, poursuit-il.De fait, un échange téléphonique le 31 mars entre les présidents algérien et français, Abdelmajid Tebboune et Emmanuel Macron, avait laissé espérer une réconciliation. L’ex-ministre et diplomate algérien Abdelaziz Rahabi s’interroge sur X quant à la distinction faite par “une partie de (ses) compatriotes” entre MM. Retailleau et Macron.Il ne croit pas “à une divergence de fond” entre les deux hommes “mais plutôt à une distribution avisée des rôles”, en mode “good cop, bad cop”.- “Ligne dure” -Le chercheur en relations internationales Abdellah Akir juge également “difficile de dire que Retailleau agit seul, sans l’approbation du président”.Que l’Algérie tienne à blâmer M. Retailleau est “un message au président français afin qu’il prenne la mesure qu’il jugera appropriée pour démanteler les mines posées par le ministre sur le chemin de l’apaisement”, assure à l’inverse M. Akir.Pour le président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, Bruno Fuchs, “en Algérie, la position vis-à-vis de la France n’est pas homogène”.Il y a “d’un côté les tenants de la ligne du dialogue, de l’autre les tenants d’une ligne extrêmement dure (qui) essaient de torpiller le retour à une normalisation”, dit-il.Une hypothèse plausible, selon Adlene Mohammedi, même si le système algérien fait selon lui en sorte d’être “illisible”.La relation franco-algérienne se remettra-t-elle de ces soubresauts ?Sans vouloir se montrer trop optimiste, M. Mohammedi pense “que les deux pays n’ont pas intérêt à une rupture totale” et qu’un dialogue peut “reprendre”.Un “éloignement” définitif n’est pas envisageable, pense également Ismail Maarraf, professeur de sciences politiques à Alger.”Les intérêts stratégiques élevés entre les deux pays et la sensibilité des dossiers qui n’apparaissent pas en public font que l’on n’exclut pas un retour prochain des relations à la normale”, selon l’expert.Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a assuré mercredi que même si Paris a répliqué “avec fermeté” aux décisions algériennes, il faudra “à terme” reprendre le dialogue “dans l’intérêt des Français”. 

Municipales à Paris: Clément Beaune n’écarte pas une candidature face à Rachida Dati

L’ex-ministre macroniste Clément Beaune a dit mercredi ne pas exclure la “possibilité” d’une candidature aux municipales à Paris en 2026 sous la bannière de son parti Renaissance, face à celle de Rachida Dati qu’il considère ne pas être de sa “famille politique”.”Je m’engagerai dans cette campagne, je n’ai pas encore décidé comment. Je n’écarte aucune possibilité”, a déclaré Clément Beaune, Haut-commissaire au Plan, sur Sud Radio où il était interrogé sur la possibilité d’être candidat aux prochaines municipales.”Une élection municipale, je rappelle que c’est une liste, donc on peut être aussi engagé à une place sur une liste et pas forcément tête de liste”, a précisé l’ex-ministre de l’Europe et des Transports, 43 ans, qui appartient à l’aile gauche de la macronie.”J’ai un engagement politique à Paris, je continue à voir des militants, à faire des réunions publiques, à participer à la vie de mon parti politique qui est Renaissance”, a fait valoir cet ancien député de Paris, battu aux élections législatives anticipées de juillet 2024 par le socialiste Emmanuel Grégoire qui brigue pour sa part l’investiture de son parti pour succéder à Anne Hidalgo.La ministre de la Culture Rachida Dati, candidate potentielle aux municipales, “a repris sa carte à LR” et “n’est pas de ma famille politique”, a souligné Clément Beaune.Alors que Renaissance doit annoncer le 30 juin sa tête de liste pour les élections municipales à Paris, le président de l’assemblée départementale parisienne du parti, Sylvain Maillard, a estimé que Rachida Dati était “la mieux placée”.”On prendra cette décision collectivement” mais “il n’y a aucune raison, quand on est dans un socle commun, c’est-à-dire Renaissance, Horizons et le MoDem (…), que notre famille politique ne soit pas représentée sous ses couleurs”, alors que les autres partis (PS, Écologistes, LR…) auront chacun leur candidat, a plaidé Clément Beaune.”Sur la question des transports, j’ai entendu Mme Dati dire qu’elle voulait revenir sur la politique des dernières années, rouvrir les voies sur berge (à la circulation automobile, NDLR). Ça n’est pas mon projet”, a-t-il insisté.  

Congrès des Ecologistes: un vote sans suspense mais pas sans critiques

Les 16.000 adhérents écologistes votent de mercredi à vendredi pour choisir leur chef, et devraient sans suspense reconduire Marine Tondelier, qui a explosé médiatiquement depuis trois ans mais s’est attiré des critiques en interne, dans un parti qu’elle voulait apaiser.Forte, avant même le vote, de 2.500 soutiens d’adhérents, la conseillère régionale des Hauts-de-France, âgée de 38 ans, ne fait pas mystère de sa certitude d’être réélue à la tête des Ecologistes. Et sans doute dès le premier tour, face à trois concurrents moins médiatiques: l’ex-eurodéputée Karima Delli, le maire-adjoint de Paris Florentin Letissier et celle de Bordeaux Harmonie Lecerf-Meunier.Mais celle qui déplorait lors de son élection en 2022 les querelles intestines régulières du parti n’a pas échappé aux tensions: ses opposants ont dénoncé un “manque de démocratie” au sein de la formation, mettant en cause la récente modification des règles électorales, au service selon eux de la secrétaire nationale.”Mes opposants n’ont pas grand chose à redire au bilan de l’équipe sortante”, rétorque Marine Tondelier. “Donc ils ont passé plus de temps à se plaindre des nouveaux statuts, pourtant écrits au consensus avec toutes les sensibilités du parti et votés par 74% des adhérents, qu’à parler d’écologie politique”, ajoute la patronne des Verts, déjà en train d’écrire son discours pour son investiture le 26 avril. Marine Tondelier a remporté la semaine dernière un premier vote sur la désignation d’une partie des membres du Conseil fédéral, mais ses opposants soulignent qu’elle n’a obtenu qu’une majorité relative. “Quel que soit son score au poste de secrétaire nationale, elle n’aura pas de majorité”, affirme un observateur, qui estime que “si elle n’a pas fait plus, c’est à cause de la participation, la plus faible historiquement pour un congrès”. Marine Tondelier compte, pour cette deuxième phase du congrès, sur 3.000 adhérents supplémentaires, qui n’avaient pas les six mois de cotisation nécessaires pour voter lors de la première phase.    En plus du vote pour la tête du parti, les militants sont aussi invités à choisir, par des votes uninominaux, le secrétariat exécutif (deux secrétaires nationaux adjoints, deux porte-parole et un trésorier). “Le système électoral est fait pour qu’elle ait les six postes”, remarque un écologiste, “mais il y a un sujet Eric Piolle”. – Incontournable à gauche –  Le maire de Grenoble, qui souhaite devenir porte-parole, a été évincé de la liste Tondelier, qui lui a préféré un candidat de la Manche issu de la ruralité, Guillaume Hédouin. Mais Eric Piolle, premier maire écologiste d’une grande ville, a maintenu sa candidature et peut espérer l’emporter, au regard de sa notoriété. Dans un email interne, Marine Tondelier a clairement appelé à voter pour M. Hédouin, arguant que s’il n’était pas élu, cela signifierait qu’elle a “essayé de donner plus de voix aux ruralités”, mais que “les adhérents n’ont pas voulu”.Les militants doivent également voter pour les membres du bureau politique (12 membres, scrutin de liste à la proportionnelle), et devraient permettre à la députée Sandrine Rousseau d’être présente dans cette instance, malgré une modification du quota des représentants franciliens.Pour l’observateur cité plus haut, “Marine élimine les gens pour être la seule candidate possible en 2027” lors de la présidentielle.Des accusations qui exaspèrent Marine Tondelier, au regret de constater que “les congrès sont toujours l’occasion donnée aux journalistes de nous caricaturer en égoïstes querelleurs”.     Malgré des reproches en interne sur sa gestion de l’affaire Julien Bayou, et sur l’échec cinglant des Européennes (5,5%), celle qui ne se déplace plus sans son emblématique veste verte préfère revendiquer ses succès.Elle rappelle que depuis son élection, les Ecologistes ont gagné plus de 240.000 sympathisants et engrangé plus de 18.000 adhérents, et “n’ont jamais eu autant d’élus locaux et nationaux”, ni eu une secrétaire nationale avec “autant de visibilité médiatique”.Elle se targue aussi d’avoir rendu son parti incontournable dans l’union de la gauche, après la dissolution de l’Assemblée nationale. “Mon travail à la fin du congrès sera d’être moteur de la construction de l’unité” pour 2027, souligne-t-elle.    Et si elle refuse de s’exprimer sur ses ambitions présidentielles, ses proches assurent qu’elle serait “la leader naturelle” s’il fallait désigner une candidature écologiste.

Dette: Bayrou diagnostique une “situation intolérable”, sans s’avancer sur les solutions

François Bayrou a voulu de nouveau alerter les Français sur le “piège” de la dette qui menace “la survie de notre pays”, sans proposer de remède immédiat et en écartant la piste des augmentations des impôts.”Seule la confrontation les yeux ouverts avec la vérité de notre situation peut soutenir une action déterminée”, a déclaré le Premier ministre à l’issue d’un “Comité d’alerte du budget” qui a réuni – sans lui – plusieurs membres de son gouvernement avec des parlementaires, des représentants d’organismes de sécurité sociale ou encore syndicaux. Graphiques à l’appui, le chef du gouvernement a énuméré les faiblesses de la France qui “manque de moyens” pour financer ses priorités parce “qu’elle ne produit pas assez et ne travaille pas assez” par rapport à ses voisins, notamment en raison d’un taux d’emploi plus faible chez les jeunes et les seniors.Cela conduit à une aggravation de la dette – 3.305,3 milliards d’euros en 2024, soit 113% du PIB – qui devient “un piège dangereux, potentiellement irréversible”, selon le Premier ministre. – “Explosion assurée” -“Nous ne pourrons pas en supporter durablement la charge” qui pourrait “atteindre 100 milliards d’euros en 2029”, a-t-il prévenu.  “Si les taux d’intérêt explosent, alors c’est l’explosion assurée” à laquelle aucun gouvernement ne résistera, a-t-il insisté, un leitmotiv de longue date chez lui.Après avoir fait ce “diagnostic” d’une “situation intolérable”, et annoncé “un effort de quelque 3 milliards supplémentaires” en 2026 pour la défense face à la guerre en Ukraine et au retournement stratégique des États-Unis, François Bayrou n’a pas détaillé de réponses concrètes à ce stade. Il a simplement annoncé que les “grandes orientations” et les “grands choix” du prochain budget seront proposés avant le 14 juillet, en amont des débats budgétaires au Parlement début octobre.”Ce calendrier va permettre de rassembler toutes les contributions pendant quelques semaines autour des choix que nous allons devoir faire”, a-t-il expliqué.Dans un contexte de ralentissement de la croissance pour 2025, rabotée à 0,7% dans les prévisions du gouvernement, après 1,1% en 2024, le Premier ministre n’a pas chiffré le volume d’économies à réaliser.A ses côtés, le ministre de l’Economie Eric Lombard avait évoqué dimanche “un effort” de 40 milliards pour réduire le déficit de 5,4% du PIB — objectif 2025 — à 4,6% en 2026. Il a précisé mardi viser une réduction de 6% des dépenses en cinq ans.Sur quels leviers agir ? “L’effort doit être équitable entre les trois grandes catégories” – Etat, sécurité sociale et collectivités locales, a indiqué M. Lombard. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a notamment évoqué une action contre “la très grande dérive” des arrêts maladie. Côté recettes, M. Bayrou a exclu “d’augmenter les prélèvements” car c’est “intenable”.”Si nous choisissions de continuer à augmenter ces prélèvements, c’est notre pays qui en souffrirait”, a-t-il dit. Afin de préserver la compétitivité des entreprises, “nous ne souhaitons pas augmenter ni les impôts, ni les charges des entreprises”, a renchéri M. Lombard.Mais pour le premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, “il faut que tous les Français fassent des efforts à hauteur de leur capacité contributive”, a-t-il avancé mardi soir sur BFM, jugeant qu’il ne devait pas y avoir de “tabou” sur la “fiscalité”.”Nous sommes mis dans une telle situation que nous n’avons pas d’autre choix que de faire un effort budgétaire”, a-t-il par ailleurs jugé.- “Opération de communication” -Embourbé dans les sondages et souvent taxé d’immobilisme après quatre mois à Matignon, François Bayrou entendait mardi amorcer la méthode dite de “coresponsabilité” avec les Français qu’il a souvent prônée avant de prendre les commandes du gouvernement.Mais ce gouvernement tiendra-t-il jusqu’à la présentation du budget 2026 alors que La France insoumise et le Rassemblement national menacent à nouveau de censurer ? “La conférence de presse du Premier ministre n’est pas à la hauteur de la grave crise des finances publiques”, a réagi Marine Le Pen, prévenant que le RN “ne laissera pas passer des mesures contre les Français alors qu’il existe tant de gabegies”.La gauche s’inquiète, elle, de “l’impact récessif” sur la croissance de nouvelles économies et appelle le  gouvernement à envisager des hausses d’impôts pour les plus riches et des remises en causes d’exonérations aux entreprises.Pour la leader de la CGT, Sophie Binet, le Premier ministre n’a apporté “aucune réponse” à ses “interrogations” et “interpellations”. De son côté, la patronne de la CFDT, Marylise Léon, a déploré “une vision comptable” du gouvernement, estimant qu'”on ne fait pas un budget uniquement avec un tableur Excel”. bur-bpa-far-max/jbo/asm

La France riposte à l’Algérie, la crise diplomatique reprend de plus belle

La crise diplomatique entre Paris et Alger repart de plus belle, quinze jours seulement après une accalmie: Emmanuel Macron a décidé mardi d’expulser douze agents consulaires algériens en réponse à une mesure similaire de l’Algérie, accusée d’être responsable de cette nouvelle “dégradation brutale”.Le président français, qui s’était personnellement entretenu au téléphone avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune le 31 mars pour relancer le dialogue après des mois de brouille, a aussi “décidé de rappeler pour consultations l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet”, a annoncé l’Elysée dans un communiqué.Les autorités algériennes ont déclaré dimanche persona non grata douze fonctionnaires français du ministère de l’Intérieur, leur donnant 48 heures pour quitter l’Algérie, en réponse à l’arrestation en France, puis à sa mise en détention, d’un agent consulaire algérien.Le chef de l’Etat français avait d’abord temporisé, mais voyant que le pouvoir algérien ne revenait pas sur sa décision, il a décidé de monter en première ligne.L’expulsion de ces Français, qui étaient en route vers la France mardi soir, “méconnaît les règles élémentaires de nos procédures judiciaires” et “est injustifiée et incompréhensible”, a affirmé l’Elysée. Qui a décidé de procéder “symétriquement”, aussi sous 48 heures, “à l’expulsion de douze agents” consulaires et diplomates algériens.”Les autorités algériennes prennent la responsabilité d’une dégradation brutale de nos relations bilatérales”, juge l’Elysée. Pour le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, qui était allé à Alger début avril pour recoudre les liens, Alger a “choisi l’escalade”.- Réponse “appropriée” -L’Algérie avait défendu lundi soir sa décision “souveraine”, faisant porter au ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau “la responsabilité entière” de ce regain de tensions. Cette figure de la droite française s’est fait le porte-voix ces derniers mois d’une ligne de fermeté face à l’Algérie, notamment en matière migratoire.”Bruno Retailleau n’a rien à voir avec cette affaire judiciaire”, a assuré mardi M. Barrot, insistant sur l’indépendance de la justice française.L’Algérie doit “continuer à tenir ses obligations” en matière migratoire et sécuritaire malgré les “différends” avec la France, a-t-il ajouté mardi soir.Trois hommes, dont un employé dans l’un des consulats d’Algérie en France, ont été mis en examen (inculpés) vendredi à Paris pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour, en relation avec une entreprise terroriste, selon le parquet national antiterroriste français.Dans cette affaire d’enlèvement qui visait l’opposant au régime algérien Amir Boukhors, influenceur surnommé Amir DZ, ces hommes sont aussi poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Ils ont été placés en détention provisoire.Prenant la parole mardi soir après l’Elysée, M. Retailleau a estimé que la réponse française était “totalement appropriée”, et a jugé “inadmissible que la France soit un terrain de jeu pour les services algériens”.- “Reprendre le dialogue” -Malgré cette soudaine rechute, l’Elysée a estimé que “l’intérêt même de la France et de l’Algérie” était de “reprendre le dialogue”, exhortant Alger à “faire preuve de responsabilité”.”Le dialogue, toujours, mais pas à sens unique”, a nuancé M. Barrot.Il y a quinze jours, les deux pays liés par une histoire commune souvent douloureuse avaient décidé de tourner la page d’une crise d’une intensité rare qui les avait précipités au bord de la rupture.Elle avait démarré huit mois plus tôt lorsque M. Macron avait apporté son soutien total à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L’Algérie avait immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.Les deux chefs d’Etat avaient alors chargé leurs ministres des Affaires étrangères de reprendre le dialogue sur tous les sujets “irritants”, dont la question migratoire et l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.M. Barrot a estimé que M. Sansal, condamné à de la prison en première instance en Algérie, n’avait “pas à faire les frais de problèmes” diplomatiques. “Et j’ose croire, étant donné son état de santé et sa situation, à un geste d’humanité de la part des autorités algériennes”.Les deux filles de l’écrivain ont d’ailleurs appelé M. Macron à obtenir sa libération au plus vite, dans une tribune publiée mardi soir sur le site du Figaro, qualifiant cette demande de “dernier élan d’espoir”.  Selon l’historien Pierre Vermeren, professeur à l’université Sorbonne à Paris, “la crise prouve qu’à l’intérieur de l’armée, de l’état-major” algériens, “il y a une partie des généraux ou des colonels qui veulent rompre avec la France, qui ne veulent pas se réconcilier, qui veulent saboter le travail de reprise des relations normales”, a-t-il dit à l’AFP.

Crise politique en Charente, le conseil départemental sera mis sous tutelle

“Nous rendons les clés”: Le conseil départemental de Charente, n’ayant pas réussi à voter son budget 2025 mardi, sera mis sous tutelle préfectorale dès mercredi, une situation très rare pour une collectivité de cette taille. Fin mars, celui-ci, d’un montant de 615 millions d’euros, avait été retoqué lors d’un premier vote, du fait notamment de l’abstention d’un groupe de six élus de la majorité de gauche qui avaient fait scission après des mois de dissensions politiques au sein de l’assemblée de ce territoire de quelque 350.000 habitants.L’exécutif présidé par Philippe Bouty (DVG) avait dès lors jusqu’à mardi pour présenter une nouvelle copie et la faire voter, sous peine de voir le préfet prendre la main sur les finances départementales en saisissant la Chambre régionale des Comptes (CRC).Mais à 20H00, le quorum n’avait pas été atteint pour que l’assemblée se tienne, les élus de l’opposition et le groupe sécessionniste n’étant pas venus siéger.”Nous n’avons pas le quorum et nous rendons les clés à la CRC. C’est un précédent sans équivalent. Ce soir, la Charente sera le seul département à ne pas avoir de budget”, a déclaré devant la presse le président du département, qui emploie quelque 2.000 agents.Il a déploré une “tentative de putsch” de la part des élus de droite et de la sénatrice PS Nicole Bonnefoy, l’une des six élus de gauche à avoir boycotté la séance après s’être abstenus fin mars.Philippe Bouty, qui avait fait basculer le département à gauche en 2021 avec un seul canton d’avance, a rapidement vu sa majorité gauche plurielle se fissurer, ses critiques lui reprochant des “annonces intempestives” et des “comportements parfois inadéquats”.”Ce n’est pas un problème de personne mais de dysfonctionnements depuis des années, devenus inacceptables à la longue”, a fait valoir Mme Bonnefoy, accusée par des élus restés dans la majorité de convoiter la tête de l’exécutif.Le groupe des sécessionnistes et l’opposition, emmenée par le centriste Jérôme Sourisseau, qui a présidé le conseil départemental en 2020-2021, réclament la démission de M. Bouty depuis sa mise en minorité fin mars, mais ce dernier s’y refuse.”Le préfet va saisir la CRC” de Nouvelle-Aquitaine, a confirmé la préfecture à l’AFP en précisant que cette saisine interviendrait mercredi.L’instance régionale de contrôle financier aurait alors un mois pour élaborer un nouveau projet de budget et le transmettre au préfet, qui disposerait ensuite d’un délai de 20 jours pour le faire exécuter en l’état, avec la possibilité d’y apporter des modifications motivées.”Une situation très exceptionnelle pour un département”, même s’il “n’y aura pas de +shut down+” à l’américaine, avait souligné début avril le président de la CRC, Vincent Léna, dans une interview à Charente Libre.