AFP Politics

La Poste: en l’absence de nouveau PDG, Philippe Wahl reste à la présidence

Le PDG sortant de La Poste Philippe Wahl, dont le mandat s’achevait, va rester pour l’instant à la présidence du conseil d’administration du groupe public, après avoir été reconduit mercredi à cette fonction pour un intérim, l’Elysée s’étant mis hors délai pour proposer un nom à sa succession.Il y a plusieurs candidats officiels à la succession de M. Wahl dont le mandat de PDG s’est achevé le 25 juin pour raison d’âge, mais en l’absence de fumée blanche à l’Elysée, La Poste a décidé mercredi de nommer une gouvernance de transition “afin de garantir la continuité du fonctionnement des organes dirigeants”, justifie-t-elle dans un communiqué.La direction opérationnelle du groupe a elle été confiée à Philippe Bajou, secrétaire général et directeur général adjoint du groupe, qui y a débuté sa carrière en 1982.Il revient à Emmanuel Macron de proposer un nom pour la succession à la direction d’une telle grande entreprise publique, cette proposition devant être soumise par la suite à approbation parlementaire.Problème: comme le président n’a toujours pas émis de souhait, l’exécutif s’est mis “hors délai”, notamment au regard de l’agenda parlementaire, relève une source proche du dossier interrogée par l’AFP. Selon les statuts de La Poste, il est alors possible dans ce cas de figure d’opérer une scission entre le poste de président et celui de directeur général, ce qui a été fait mercredi lors de l’assemblée générale et conseil d’administration.Les deux actionnaires de La Poste, la Caisse des Dépôts à 66% et l’Etat à 34%, ont par ailleurs désigné mercredi une partie des administrateurs dont le mandat se terminait. Olivier Sichel, directeur général du groupe Caisse des dépôts, a été reconduit. Claire Waysand, directrice générale adjointe d’Engie et par ailleurs candidate à la succession de M. Wahl, n’a pas été renouvelée. Jean-Pierre Farandou, le PDG de la SNCF, a été nommé administrateur.Mercredi, le syndicat Sud PTT s’est insurgé de la reconduction par intérim partielle de M. Wahl, fustigeant “12 années de stratégie industrielle et économique qui ont fragmenté l’accès et la présence postale pour la population”, selon un communiqué.- 34,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires -La multinationale aux 230.000 postiers, dont près d’un quart des effectifs travaille à l’étranger selon son dernier document financier (DEU), est présente également dans la téléphonie mobile, les services de proximité, l’assurance, la banque et la livraison internationale de colis.L’entreprise aux 34,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires (en 2024) est chroniquement confrontée à l’attrition du courrier et ses missions de service public (distribution du courrier et de la presse, aménagement du territoire, accessibilité bancaire) ne sont pas intégralement financées par l’Etat.Dans l’optique d’en prendre la tête, six candidats ont été auditionnés par le comité des nominations, dont deux internes, Nathalie Collin, la directrice de la branche Grand Public et Numérique, et Stéphane Dedeyan, le président du directoire de la Banque postale.Mais ce dernier a finalement jeté l’éponge à la suite d’une polémique relayée par des médias sur le salaire qu’il aurait exigé, selon une source proche du dossier à l’AFP. M. Dedeyan souhaitait conserver son salaire actuel, qui est bien supérieur aux 450.000 euros annuels du PDG de La Poste.Mais aussi quatre candidats externes: Jérôme Fournel, l’ancien directeur de cabinet de l’ex-Premier ministre Michel Barnier et ex-directeur général des Finances publiques; Sylvie Jéhanno, la PDG de Dalkia; Claire Waysand, la directrice générale adjointe d’Engie et Marie Cheval, PDG de Carmila, la foncière de Carrefour.Mais le président de la République étant libre de choisir en dehors de cette liste de candidats, le suspense reste donc total.

Bétharram: adoption du rapport parlementaire sur les violences en milieu scolaire

Le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire, menée par les députés Violette Spillebout (EPR) et Paul Vannier (LFI) dans la foulée du scandale de Bétharram, a été adopté mercredi, d’après un communiqué de la commission.”Le rapport de la commission d’enquête sur les modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires a été adopté ce mercredi 25 juin par le vote” des membres de la commission parlementaire sur les affaires culturelles et l’éducation, indique le communiqué des co-rapporteurs. D’après une source parlementaire, aucun membre n’a voté contre sur 72 personnes membres de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, qui a créé cette commission d’enquête. En revanche plusieurs se sont abstenus.Les co-rapporteurs “ont formulé 50 recommandations communes pour lutter contre les violences dans l’ensemble des établissements scolaires”, ajoute le communiqué. Ce rapport sera rendu public mercredi prochain lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale.”J’ai une pensée pour toutes les victimes de violences, notamment celles que nous avons rencontrées et entendues tout au long de nos travaux. C’est de leur force que cette commission d’enquête est née”, a commenté Paul Vannier sur le réseau social X. La commission avait démarré ses travaux début mars. Elle a été créée dans la foulée du scandale sur les violences physiques et sexuelles qui se sont poursuivies pendant des décennies à Bétharram, établissement privé catholique du Béarn.Les révélations sur les violences dans cet établissement ont donné lieu à d’autres partout en France, dans des établissements privés ou pas, et ont eu un retentissement politique, le premier ministre François Bayrou ayant eu plusieurs enfants scolarisés à Bétharram.

Présidentielle: Marine Le Pen a “demandé” à Jordan Bardella “de se préparer”

Marine Le Pen a “demandé” à Jordan Bardella “de se préparer” à l'”éventualité” d’être candidat à la présidentielle de 2027 si elle-même en était empêchée, une “hypothèse” que la leader du Rassemblement national dit avoir “intégrée”, dans un entretien paru mercredi dans Valeurs actuelles.”J’ai intégré l’hypothèse que je ne puisse pas me présenter. Jordan (Bardella) a intégré la possibilité qu’il doive reprendre le flambeau. Je lui ai moi-même demandé de réfléchir et de se préparer à cette éventualité”, assure la députée du Pas-de-Calais condamnée fin mars à une peine d’inéligibilité de cinq ans avec effet immédiat.Un deuxième procès doit se tenir dans les prochains mois devant la Cour d’appel de Paris, laquelle a indiqué qu’elle rendrait sa décision “à l’été 2026″.”D’ici là, je continue à me battre. Bien sûr que la situation n’est pas idéale. Mais que me suggérez-vous d’autre? Que je me suicide avant d’être assassinée?”, interroge Mme Le Pen.La triple candidate malheureuse à la présidentielle avait jusqu’alors renvoyé une candidature Bardella à l’Elysée en 2027 à une possibilité purement théorique, à la limite de l’incongruité.”Si je passais demain sous un camion, eh bien, (Jordan Bardella) serait très évidemment la personne qui aurait vocation à me remplacer”, avait-elle seulement admis pleine d’ironie fin avril.Un certain flottement s’en était suivi entre les deux leaders pendant plusieurs semaines. Marine Le Pen avait trahi son agacement, le mois dernier, en se disant “pas sûre que Jordan, pour le coup, connaisse très bien les problèmes de la Nouvelle-Calédonie”, lors d’un déplacement à Nouméa. Depuis Paris, l’intéressé avait voulu minimiser dans la foulée, y voyant une réflexion selon lui “sortie de son contexte”… tout en assurant “très bien” connaître, lui-aussi, le dossier des Outre-mer.Un meeting commun début juin puis une visite côte à côte la semaine dernière au Salon du Bourget devaient rétablir l’image d’un “duo” soudé, complémentaire, voire interchangeable.Mais, si elle ne pouvait pas concourir en 2027, Marine Le Pen fait valoir que le scrutin apparaîtrait alors “bien évidemment” illégitime.”Je pense que nos adversaires et la plupart des observateurs sous-estiment la colère qui pourrait éclater chez un grand nombre d’électeurs si je devais être empêchée par la justice”, considère-t-elle, en prédisant que “beaucoup de Français, au-delà de leurs convictions politiques, comprendraient alors que les règles du jeu ont été manipulées”. Outre la peine d’inéligibilité, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Marine Le Pen à quatre ans d’emprisonnement dont deux ferme, reconnue coupable d’avoir mis en place un “système” de détournement de fonds publics pour payer des salariés du parti avec l’argent du Parlement européen entre 2004 et 2016, pour un montant de 4,4 millions d’euros.

Retraites: le RN ne votera pas la censure et donne “rendez-vous au moment du budget” (Chenu)

Le Rassemblement national ne votera pas la motion de censure de la gauche sur les retraites la semaine prochaine et donne “rendez-vous” à François Bayrou “à l’automne au moment du budget”, a indiqué mercredi son vice-président Sébastien Chenu.”Le rendez-vous de la censure, c’est à l’automne, c’est au moment du budget. François Bayrou, son tour viendra (…) Il devrait prendre cette non-censure comme un véritable avertissement”, a déclaré M. Chenu sur France inter. A la suite de l’échec du conclave sur les retraites, la gauche a l’intention de déposer une motion de censure qui devrait être débattue en début de semaine prochaine. Mais elle ne peut être adoptée sans les voix du RN.”Si nous censurons dans les jours qui viennent François Bayrou, la réforme des retraites, elle demeure, c’est un coup pour rien (…). Quel est le gain politique que nous avons ? A part mettre le bazar avant l’été, il n’y a pas de gain”, a-t-il expliqué. “Alors qu’au moment du budget, à l’automne, nous allons pouvoir demander à François Bayrou de bouger des lignes que ce soit sur l’énergie par exemple ou sur la politique migratoire”, a-t-il justifié.Au même moment sur Europe1/Cnews, le député RN Jean-Philippe Tanguy a confirmé “qu’il y a très peu de chances qu’on vote une censure sur les retraites pour une raison simple, c’est que la censure ne va pas faire baisser l’âge de retraite de 64 à 62 ans, ça n’a jamais été une ligne rouge”.

Macron convoque un “sommet” pour sortir la Nouvelle-Calédonie de l’impasse

Emmanuel Macron a invité mardi “l’ensemble des acteurs” de Nouvelle-Calédonie à un “sommet” à partir du 2 juillet dans l’espoir de sortir le territoire du Pacifique de la crise politique et économique, un an après des violences d’une ampleur historique.Les discussions “dureront le temps nécessaire à ce que les sujets lourds que nous aurons à aborder puissent l’être avec tout le sérieux qu’ils méritent”, écrit le président de la République dans ce courrier dont l’AFP a obtenu une copie.”Au-delà des sujets institutionnels, qui sont majeurs, je souhaite que nos échanges puissent également porter sur les enjeux économiques et sociétaux”, précise le chef de l’Etat.Le sommet, dont le lieu n’a pas été précisé, se fera sous la présidence d’Emmanuel Macron mais aussi sous la houlette du ministre des Outre-mer Manuel Valls, et associera les élus calédoniens, les responsables des partis locaux et les représentants des forces économiques et sociales de l’archipel, a-t-on précisé de source proche du dossier.Un format qui semble indiquer qu’Emmanuel Macron n’a pas accédé à la demande de Marine Le Pen d’être associée à ces échanges.”Je crois que ce serait une bonne chose que je puisse participer effectivement à ces consultations”, avait déclaré fin mai la dirigeante du Rassemblement national (RN) en marge d’une visite de l’usine de nickel SLN à Nouméa, arguant de son score de “40%” lors de l’élection présidentielle de 2022 sur le “Caillou” et du fait qu’elle serait de nouveau “candidate” en 2027.- “Tension trop forte” -La Nouvelle-Calédonie, territoire de quelque 270.000 habitants, a été secouée à partir de la mi-mai 2024 par des violences qui ont fait 14 morts et plus de 2 milliards d’euros de dégâts, sur fond de crise institutionnelle, économique et sociale aiguë.Les émeutes, les plus violentes depuis les années 1980, sont survenues sur fond de mobilisation contre un projet d’élargissement du corps électoral au scrutin provincial calédonien, contesté par les indépendantistes qui accusaient l’exécutif de vouloir minorer la population autochtone kanak.Selon le chef de l’État, dans ces conditions, “la tension était trop forte pour permettre un dialogue apaisé entre toutes les composantes de la société calédonienne” et examiner la situation créée par les trois référendums découlant de l’Accord de Nouméa de 1998, qui ont successivement acté le maintien dans la République française en 2018, 2020 et 2021.Depuis le dernier référendum d’autodétermination de décembre 2021, boycotté par les indépendantistes, la situation politique est figée dans l’archipel.Manuel Valls a mené début mai des négociations entre indépendantistes et non-indépendantistes, les premières du genre depuis 2019, dans un hôtel de Deva, à Bourail, dans le centre de la Nouvelle-Calédonie.En vain: la frange dure des non-indépendantistes a estimé que le projet de “souveraineté avec la France” présenté par le ministre, qui prévoyait une “double nationalité, française de droit et calédonienne”, ainsi qu’un “transfert et une délégation immédiate des compétences régaliennes”, équivalait à “l’indépendance” du territoire océanien.”Le ministre d’État a réussi à renouer les fils du dialogue, ce qui est un acquis en tant que tel”, mais “ces échanges dits de +Deva+ n’ont pas permis de parvenir à un accord sur l’avenir institutionnel du territoire”, relève Emmanuel Macron dans sa lettre d’invitation.Après cet échec, le président avait fait savoir qu’il inviterait les parties prenantes à Paris “à partir de la mi-juin”. Et le 10 juin à Nice, lors d’un sommet Pacifique-France, le chef de l’État avait dit vouloir un “projet nouveau” pour la Nouvelle-Calédonie, tout en promettant de ne pas refaire les “erreurs” liées aux référendums, pas “adaptés” à ses yeux aux cultures locales.Figure du camp non-indépendantiste, le député Renaissance Nicolas Metzdorf s’est “réjoui” de la tenue d’un sommet à Paris, se disant “prêt à travailler pour s’assurer d’une Nouvelle-Calédonie dans la République française”, dans un communiqué.”La proposition de Manuel Valls et l’échec de Deva avaient accentué le désespoir des Calédoniens et aggravé la situation économique et sociale. Je crois dans la construction d’un +projet nouveau+ initié par le président de la République”, a déclaré Sonia Backès, cheffe de file des Loyalistes, qui participeront “activement à l’ensemble des travaux”. Le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste), alliance des mouvements indépendantistes calédoniens, doit acter officiellement samedi lors d’une convention sa participation, très probable, à ce sommet.  fff-tbm-md-bfa/asl/cbn

Retraites: Bayrou cherche un chemin, le PS dépose une motion de censure

Le Premier ministre François Bayrou qui a rencontré mardi les partenaires sociaux pour tenter de surmonter l’échec du conclave sur les retraites est désormais visé par une motion de censure des députés PS.”Vous avez pris des engagements” qui “n’ont pas été tenus”, a lancé le président du groupe PS à l’Assemblée, Boris Vallaud, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.Les socialistes reprochent à M. Bayrou de ne pas s’engager à présenter un texte qui permettrait de débattre de l’âge de départ à 64 ans.”Le but du travail que je me suis fixé c’est qu'(…) on trouve ce chemin” vers “un texte qui pourrait être examiné par la représentation nationale”, a répondu François Bayrou.Juste avant ce face-à-face dans l’hémicycle, il a reçu à Matignon les trois syndicats participant au conclave (CDFT, CFTC et CFE-CGC), puis le président du Medef, Patrick Martin, et enfin le patron de la CPME, Amir Reza-Tofighi.Le Premier ministre a décidé de lancer ces rendez-vous après l’échec lundi soir du conclave, qui est aussi un revers pour la méthode de dialogue social qu’il prônait.”Je ne peux pas accepter sans réagir qu’on se satisfasse d’échouer si près du but”, a-t-il expliqué mardi matin. – Liste de désaccords -Il a reçu le soutien du président Emmanuel Macron, qui depuis Oslo a “encouragé ardemment” les partenaires sociaux “à savoir aller au-delà des désaccords qui persistent et à trouver ensemble une solution qui soit bonne pour le pays”. Selon les déclarations des partenaires sociaux à leur sortie de Matignon, le Premier ministre leur a notamment demandé pendant le rendez-vous de lui adresser leurs points de blocage dans leurs discussions.”L’idée est qu’il n’y ait pas de nouvelle séance de négociation, charge au Premier ministre de prendre acte et de décider d’ici la fin de la semaine ce qu’il fait de ce qui est aujourd’hui sur la table”, a déclaré Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, à la sortie.Du côté du Medef, son président Patrick Martin s’est dit “tout à fait d’accord pour transmettre” au Premier ministre la liste des désaccords qui demeurent, “dans l’esprit d’aboutir” à un accord, mais “sans que cela se traduise par une augmentation des cotisations des salariés ou des entreprises”.FO et la CGT, qui étaient sorties très rapidement des discussions, n’ont pas été invitées à Matignon mardi, malgré la demande de la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet.Les partenaires sociaux n’ont pas réussi à trouver lundi soir un accord permettant d’aménager la réforme Borne pour la rendre moins impopulaire, et remettre le système des retraites à l’équilibre en 2030, alors qu’un déficit de 6,6 milliards d’euros est aujourd’hui prévu pour cette échéance.Les partenaires sociaux, proches d’un consensus sur les mesures en faveur des femmes ayant eu des enfants, s’opposent sur la prise en compte de la pénibilité. Le Medef refuse la proposition de la CFDT, soutenue par les deux autres syndicats, d’un système à points qui permette de comptabiliser les heures de travail pénible d’un point de vue physique (port de charge, postures physiques, vibrations mécaniques) et d’obtenir une possibilité de départ anticipé.- Sous-indexation -Il propose à la place d’avancer d’un an ou deux selon les cas les départs en retraite des personnes en invalidité ou reconnues inaptes au travail. Le patron de la CPME, Amir Reza-Tofighi, a exhorté mardi soir à trouver un accord sur cette question: “il faut vraiment que ce soit autour de la pénibilité qu’on puisse trouver” une “voie de passage”, a-t-il déclaré, après sa rencontre avec François Bayrou.Les partenaires sociaux se déchirent également sur le financement des mesures qui seraient adoptées. Ils sont d’accord pour que les retraités assument une très large part du coût du retour à l’équilibre, via une sous-indexation des retraites. Mais les syndicats reprochent au Medef de refuser toute participation des entreprises à ce retour à l’équilibre, en s’opposant par exemple à toute augmentation de cotisations sociales, qu’elles soient patronales ou salariales. Et les deux parties sont en désaccord sur l’ampleur du resserrement à apporter au dispositif des carrières longues, le Medef souhaitant un très gros tour de vis aux dépens des salariés, quand les syndicats n’acceptent qu’une refonte plus limitée. Le conclave était le fruit d’un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement lors du vote du budget 2025. Et le Premier ministre s’était engagé à en présenter les conclusions devant le Parlement. La possibilité de revenir sur le départ à la retraite à 64 ans avait été vite balayée. Cette mesure phare, et impopulaire, de la réforme Borne de 2023 sera donc toujours en vigueur pour les salariés nés à partir du 1er janvier 1968.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, patron des Républicains, a estimé mardi que “la plus grande réussite” du conclave serait que l’on confie la gestion des retraites aux partenaires sociaux.Avant les socialistes, La France insoumise avait très vite appelé lundi soir les autres groupes de gauche à se joindre à une motion de censure contre le gouvernement. Mais en l’absence des voix du Rassemblement national qui a prévenu qu’il ne s’y associerait pas, le gouvernement semble assuré de se maintenir. Avant d’affronter les débats budgétaires encore plus périlleux, cet été et à l’automne.are-bat-lby-fcz/ak/cbn

Energie: l’Assemblée nationale rejette le texte Gremillet

L’Assemblée nationale a largement rejeté mardi en première lecture la proposition de loi Gremillet sur la trajectoire énergétique de la France, profondément remaniée par le RN et la droite lors de son examen dans l’hémicycle la semaine dernière.L’épisode est une nouvelle illustration du cheminement chaotique des textes à l’Assemblée, des divisions de la coalition gouvernementale et du parti LR, et du rapprochement de LR et du RN sur les questions environnementales, faisant dire à l’ancien Premier ministre Gabriel Attal qu’un “axe anti-écologie” s’est formé.142 députés ont voté pour, 377 contre. Le RN et son allié l’UDR ont fait face au front uni de la gauche et des groupes de l’ancienne majorité présidentielle (Ensemble pour la République, MoDem, Horizons). Ces derniers avaient annoncé lundi voter contre le texte d’origine sénatoriale, fustigeant notamment l’inscription d’un moratoire sur les énergies éolienne et solaire, à l’initiative de LR et du RN. LR s’est de son côté très majoritairement abstenu.Le texte, dont l’ambition est de dessiner le futur énergétique de la France à l’horizon 2035, proposait dans sa version sortie de la chambre haute en octobre une relance ambitieuse du nucléaire, et des objectifs en matière d’énergies renouvelables.Mais son examen a déraillé à l’Assemblée, en commission puis dans l’hémicycle. Après avoir voté dès l’entame des débats pour la “sortie des règles de fixation du prix du marché européen de l’énergie”, les députés ont approuvé la réouverture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), puis le fameux moratoire, qui a suscité l’indignation de toute la filière électrique mais aussi du principal syndicat agricole, la FNSEA.Le texte partira pour une deuxième lecture au Sénat, les 8 et 9 juillet.Mais le gouvernement pourrait publier sans attendre la fin de la navette parlementaire le décret sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3), attendue par les acteurs de la filière, comme l’a dit à plusieurs reprises le ministre de l’Industrie Marc Ferracci.- “Bon sens” -Les explications de vote ont spectaculairement démontré les divergences entre les groupes macronistes et la Droite républicaine de Laurent Wauquiez.M. Ferracci a affirmé “prendre acte” au nom du gouvernement d’un rejet du texte “nécessaire”, après l’adoption de mesures “industriellement absurdes” et d’autres “dévastatrices pour nos territoires”.Auteur de l’amendement de la discorde sur le moratoire, Jérôme Nury (LR) a assumé la position de son groupe. “Le bon sens, c’est (…) se préoccuper de la souveraineté de notre électricité et de sa robustesse, tout en veillant au montant de la facture d’électricité des Français et des entreprises”, a-t-il défendu, raillant les “cris d’orfraie” de ses contradicteurs.La gauche elle a fustigé un texte d’inspiration RN, et la “désertion” des macronistes.Alors que Gabriel Attal avait fustigé lundi “un nouveau recul” pour l’écologie, accusant les groupes LR et RN d’avoir soutenu ces derniers mois “tous les retours en arrière majeurs sur l’environnement”, l’écologiste Julie Laernoes s’en est prise avec virulence à l’ancien Premier ministre.”Vous annoncez voter contre ce texte. (…) sachez que ce vote ne vous absoudra pas. Depuis trois ans, vous avez gommé tout ce qui s’apparente de près ou de loin au climat et à l’écologie”, a-t-elle tempêté.Le député communiste Julien Brugerolles a lui pointé les “conditions” du débat, avec un texte mis à l’agenda tardivement et sous pression du RN, et n’ayant pas été précédé d’une “étude d’impact” comme le sont les projets de loi.Mobilisé comme jamais sur ce texte, le RN peinait à cacher son amertume, après avoir engrangé des victoires la semaine passée. “La victoire idéologique de Marine Le Pen est à la hauteur des aveux de tous nos adversaires défaits, ici réunis”, a fustigé le député Jean-Philippe Tanguy.Devant la presse, il a rappelé son souhait que les débats parlementaires puissent aller à leur terme avant la publication du décret. Au cas contraire, le RN agite la menace d’une censure, comme l’a rappelé mardi le patron du parti Jordan Bardella.Mardi toujours, le président du Sénat Gérard Larcher (LR) a dit à l’AFP “espére(r) que le gouvernement attendra la conclusion de ce débat pour publier son décret”. “Sans quoi ce décret sera fragile”, a-t-il prévenu.Il a également qualifié d'”erreur”, l’adoption à l’Assemblée de l’amendement LR instaurant le moratoire sur le solaire et l’éolien, estimant que la version sénatoriale était “équilibrée, entre nucléaire et énergies renouvelables”.

Remèdes de l’Assurance maladie face à la fièvre des dépenses de santé

Comment éviter un déficit de l’Assurance maladie à 41 milliards d’euros en 2030 ? Un bonus-malus pour la prévention de l’absentéisme ou la fin de prise en charge à 100% en cas de rémission de cancer font partie des pistes dévoilées mardi. L’Assurance maladie a présenté à la presse 60 propositions dans son rapport “charges et produits”, remis chaque année au gouvernement et au Parlement en amont de la discussion du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). La version finale sera publiée après le vote du Conseil de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) le 3 juillet.”Sans inflexion majeure, le déficit de l’Assurance maladie, estimé à 16 milliards d’euros pour 2025, pourrait se creuser encore davantage à horizon 2030 pour atteindre 41 milliards d’euros”, établit d’abord ce document. Les causes sont connues entre “double effet du vieillissement de la population et de l’accroissement des pathologies chroniques”, avec des dépenses de santé prises en charge par l’Assurance maladie de 7.700 euros par an en moyenne entre 80 et 89 ans. “Nous sommes à un point de bascule”, prévient Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam, qui, paradoxalement, a présenté un “rapport qui se veut et est optimiste”.- “Prévention” -La “prévention” est un des leviers à actionner: des changements d’habitude de vie — en terme de consommation de tabac ou alcool — peuvent ainsi influer sur 40% des cancers. De façon plus générale, une prévention personnalisée s’activerait sur la plateforme “Mon espace santé”, en mobilisant toutes les données personnelles répertoriées par l’Assurance maladie avec l’accord de l’assuré. Ce rapport propose aussi d'”interdire les dépassements d’honoraires” pour les actes “en lien avec les dépistages organisés (mammographie, échographie et coloscopie…)”.  Il est également suggéré de “médicaliser” les Ehpad, alors que 32% des résidents connaissent un passage aux urgences et que seulement la moitié d’entre eux sont ensuite hospitalisés. Certaines mesures avancées risquent de faire débat, comme réfléchir à une sortie du dispositif ALD (Affection de longue durée, prise en charge à 100% des dépenses liées à ces soins et traitements) pour des “personnes en situation de guérison ou de rémission de certaines pathologies”, comme des “cancers en phase de rémission”. “Il n’y a aucun désengagement ni de près ni de loin de l’Assurance maladie”, s’est défendu Thomas Fatôme. “En cas de rechute, par exemple, le dispositif sera à nouveau déclenché”.- “Démantèlement” -Cette idée, qui n’est pas nouvelle, fait bondir France Assos Santé, la voix des usagers du système de santé, qui dénonce un “démantèlement de la qualité des soins au profit d’économies injustes et contre-productives”.Le rapport recommande encore de “ne plus permettre la prise en charge à 100% des prestations ou des produits de santé dont l’efficacité ne justifie pas un tel niveau de remboursement – ou qui ne présentent pas de lien avec une ALD, par exemple les cures thermales”.Enfin, Thomas Fatôme a rappelé que “la dynamique des arrêts de travail n’est pas soutenable” pour l’Assurance maladie. “Est-ce qu’à un moment donné, c’est à l’Assurance maladie de prendre en charge l’arrêt d’une personne qui est en conflit avec son employeur alors que ce n’est pas lié à une raison médicale ?”, s’est interrogée en écho Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins de la Cnam. Les entreprises qui “se sont investies dans la prévention de l’absentéisme, notamment à court terme — bien être au travail, adaptation du poste, etc — on leur donnerait un bonus et donc on réfléchit aussi à un système de malus”, a développé Thomas Fatôme.Le rapport voudrait enfin “intégrer à l’avis d’arrêt de travail, la liste des motifs d’arrêts et les durées associées”.

Assemblée: le groupe d’Éric Ciotti entend lancer une commission d’enquête sur “le coût de l’immigration”

Le groupe d’Éric Ciotti à l’Assemblée nationale (UDR), a lancé mardi une procédure pour créer une commission d’enquête sur le “coût de l’immigration” en France, a-t-on appris de sources parlementaires.Le groupe, allié du Rassemblement national à l’Assemblée nationale, a fait usage de son droit de tirage, qui lui permet de lancer une fois par session la commission d’enquête de son choix, après un examen de recevabilité par la commission compétente.Selon le texte de la résolution proposant cette commission d’enquête, – qui “ne vise pas à stigmatiser une population ou un groupe” promettent ses auteurs -, “les données disponibles, bien que partielles, suggèrent que l’immigration représente une charge financière pour la France”. Une affirmation toutefois remise en question par certains experts.Selon le même texte, les députés UDR ont l’intention d’enquêter sur “les dépenses directes liées à l’accueil, l’hébergement, notamment l’hébergement d’urgence et l’asile, la santé, l’éducation et l’aide sociale des immigrés”. Mais ils entendent aussi interroger “le financement des associations d’aide aux étrangers en situation régulière et irrégulière”, l’impact de l’immigration sur le marché du travail, ou encore les “coûts indirects”, dont “le coût des contentieux du droit au séjour et d’éloignement, l’aide juridictionnelle”, et les “pressions supplémentaires sur les infrastructures publiques”. 

Municipales Paris-Lyon-Marseille: désaccord au Parlement, le camp gouvernemental affiche ses divisions

Les parlementaires des deux chambres réunis en commission mixte paritaire (CMP) ont échoué mardi à s’accorder sur la réforme décriée du scrutin municipal à Paris, Lyon et Marseille, actant d’importantes divisions au sein du camp gouvernemental sur ce texte toujours défendu par François Bayrou.Ce désaccord entre l’Assemblée nationale – favorable à la réforme – et le Sénat – opposé – est un nouveau contretemps pour le Premier ministre, mais celui-ci semble déterminé à poursuivre le processus parlementaire de cette réforme en donnant le dernier mot aux députés, au risque de se mettre ses alliés Les Républicains du Sénat à dos, à neuf mois des municipales de mars 2026.”Le gouvernement envisage que le texte poursuive son parcours parlementaire et revienne à l’Assemblée à une date indéterminée”, a affirmé une source gouvernementale, sans exclure que cette nouvelle lecture intervienne “avant l’été”. Avant de donner le dernier mot à l’Assemblée nationale, un nouvel examen dans chaque chambre est en effet nécessaire.Les positions semblent en tout cas irréconciliables entre Assemblée et Sénat: la réunion de mardi matin a tourné court. En moins d’une demi-heure, députés et sénateurs ont constaté leurs divergences de vue, sans même mettre la moindre disposition au vote, selon plusieurs participants.Un député présent a regretté “l’obstruction du Sénat”, un autre a fustigé le “coup de force” des sénateurs sur cette réforme critiquée de longue date par le président de la chambre haute Gérard Larcher, qui l’estime trop précipitée et incomplète. Mais pour le président de la commission des Lois à l’Assemblée, Florent Boudié (Renaissance), “on ne peut délibérer que d’une copie, il n’y en avait pas”.- LR et PS appellent à renoncer -“Si on avait voulu, on aurait pu cheminer de manière positive sur ce texte”, pour éviter de “passer en force à l’Assemblée nationale”, a regretté Jean-Paul Mattei, rapporteur MoDem de l’Assemblée.”Il faut savoir terminer une mauvaise loi”, a rétorqué auprès de l’AFP le sénateur Les Républicains Francis Szpiner, appelant le gouvernement à abandonner la réforme. Même tonalité chez la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo qui appelle “à renoncer à ce projet néfaste pour la démocratie”.La proposition de loi d’origine macroniste entend mettre fin au mode de scrutin mis en place en 1982 dans la loi PLM, en vertu duquel les électeurs à Paris, Lyon et Marseille votent dans chaque arrondissement pour une liste de conseillers, les élus du haut de la liste siégeant au conseil d’arrondissement et au conseil municipal.Dans sa version approuvée par les députés, il prévoit à la place d’instaurer deux scrutins, l’un pour élire les conseillers d’arrondissement ou de secteur, l’autre pour élire ceux du conseil municipal, sur une circonscription unique.Avec une ambition: rendre le scrutin “plus lisible”, rapprocher les électeurs du choix de leur maire et faire en sorte “qu’un électeur égale une voix”.Mais derrière cette formule simple se cachent d’importants enjeux électoraux.- Sans le Sénat ? -Y sont favorables le parti présidentiel Renaissance, le MoDem du Premier ministre, le Rassemblement national, la France insoumise et le groupe Les Républicains (LR) de l’Assemblée nationale.A l’inverse, les socialistes et les sénateurs LR y sont quasi unanimement opposés. Ils jugent la réforme bâclée et téléguidée par Rachida Dati, qui espère via ce texte être en meilleure posture pour ravir la mairie de Paris à la gauche.François Bayrou semble donc contraint de devoir faire sans le Sénat sur ce texte. Un scénario rarissime dans la configuration politique actuelle, où l’exécutif se repose énormément sur la Haute assemblée pour faire cheminer les textes législatifs, là où il ne dispose d’aucune majorité à l’Assemblée nationale.Il faudra aussi que le Premier ministre justifie une sorte de revirement dans son positionnement. En février en effet, il assurait ne pas pouvoir “imagine(r) qu’un texte puisse être adopté sur ce sujet sans qu’il y ait accord de l’Assemblée nationale et du Sénat”.Les sénateurs n’ont pas oublié cette promesse. Passer outre leur avis serait “très clairement une forme d’impolitesse”, assure auprès de l’AFP Lauriane Josende, rapporteure LR du Sénat. “Certains parlent d’une déclaration de guerre. Je ne sais pas si nous en sommes là, mais il s’agirait d’une mauvaise manière à l’encontre des alliés que nous sommes”.