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Pour le 1er-Mai, la gauche en ordre de marche pour parler aux travailleurs

Marine Tondelier, Olivier Faure et François Ruffin qui entonnent l’Internationale à Dunkerque aux côtés des salariés d’ArcelorMittal: pour ce 1er-Mai, la gauche veut se réapproprier la question du travail, éternel combat pour elle depuis qu’elle a perdu le vote ouvrier.  “C’est un formidable symbole”, a vanté jeudi matin la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, en saluant la venue de nombreux dirigeants de gauche dans le Nord pour la fête du Travail.Même si la fête a été gâchée plus tard dans la journée par des agressions émanant visiblement de black blocs contre le stand socialiste lors de la manifestation à Paris.A Dunkerque, dans une région ouvrière, le site d’ArcelorMittal est devenu le haut lieu de la contestation sociale depuis l’annonce de la suppression d’environ 600 postes par le géant de la sidérurgie.Dans un communiqué commun, l’ensemble de la gauche hormis La France insoumise (Parti socialiste, Parti communiste, Ecologistes, Génération.s et Picardie Debout, le parti de François Ruffin) a demandé une “intervention immédiate de l’Etat”, par une “nationalisation temporaire ou durable” et une entrée de l’Etat au capital.    Un discours anti-libéral et protectionniste assumé puisque ces forces progressistes demandent également la mise en place de protections douanières “en urgence” sur l’acier. Le patron des députés PS Boris Vallaud a de son côté annoncé le dépôt d’une proposition de loi de mise “sous tutelle” par l’Etat de ce site. Chantre de la défense de la classe ouvrière et partisan affirmé du protectionnisme économique, François Ruffin a rappelé jeudi matin, devant le patron du PS Olivier Faure, que “la gauche socialiste a un passif” sur ce dossier.”ArcelorMittal c’est aussi Florange, c’est François Hollande qui avait promis de sauver cette industrie et qui finalement a abandonné les ouvriers, et ça laisse des traces”, a-t-il dénoncé.Olivier Faure, adversaire assumé de François Hollande à l’intérieur du Parti socialiste, n’a pas bronché. Le porte-parole du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, le député Benjamin Lucas, a pour sa part indiqué à la presse qu’il allait “convoquer la direction d’ArcelorMittal” pour lui demander de “rendre des comptes” sur ces licenciements, alors que le géant de la sidérurgie est bénéficiaire et a été soutenu par des aides publiques.- LFI à part -Le communiqué commun de la gauche “a été publié sans nous être proposé”, a regretté le coordinateur de LFI Manuel Bompard, en appelant à “sauver les emplois et les savoir-faire”. Et le dirigeant du parti de dénoncer des “opérations politiciennes ou des combines de congrès”.Une délégation insoumise, menée par la présidente de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale Aurélie Trouvé, représentait le mouvement de gauche radicale à Dunkerque pour demander également la nationalisation d’ArcelorMittal.Mais c’est bien à Paris que Jean-Luc Mélenchon a livré sa traditionnelle adresse du 1er-Mai.Entre LFI et les syndicats, la CGT particulièrement, la relation n’est pas au beau fixe, notamment depuis les divergences d’approches lors de la lutte contre la réforme des retraites en 2023. Les seconds demandent régulièrement au premier de respecter leur autonomie.Devant ses militants jeudi, Jean-Luc Mélenchon a défendu sa vision “politique” de la fête du travail.”Pendant si longtemps, ce furent les syndicats qui unifiaient le 1er-Mai et la classe ouvrière du monde entier. Eh bien aujourd’hui, hélas, une telle unité n’a pas été possible. C’est donc à la politique de faire son travail et de dire +il faut changer le monde si vous voulez changer le travail+”, a-t-il déclaré alors que la journée internationale des travailleurs se tient cette année sans large unité syndicale”Il a parfois besoin de petits rappels” sur l’indépendance syndicale, “ce que la CGT ne manque pas de faire systématiquement, pour dire que les organisations syndicales sont là pour défendre les travailleurs et les travailleuses et ne se laisseront instrumentaliser par aucun objectif partisan”, a déclaré la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet sur franceinfo à l’égard du leader insoumis.Pas sûr que cela suffise à convaincre les troupes mélenchonistes. “C’est vrai qu’on n’a pas toujours bien géré les relations avec les syndicats. Mais pardon, ils ne font rien non plus”, déplorait auprès de l’AFP un cadre insoumis avant la manifestation du 1er-Mai.”Ils n’ont rien proposé ces derniers mois contre le racisme ou le pouvoir d’achat… S’il n’y a pas d’initiative prise, on est obligé de les prendre à leur place”, assurait-il. 

Pour son 1er-Mai, Marine Le Pen re-lepénise le RN

Un mois après sa condamnation qui pourrait compromettre une quatrième candidature à l’Elysée, Marine Le Pen a mis en garde contre une “confiscation de la démocratie”, jeudi à Narbonne, en mesurant une popularité intacte chez les militants.”Depuis trente jours, c’est pour mon honneur et pour mon innocence que j’ai dû m’engager dans une nouvelle bataille avec pour seul horizon de vous représenter dans deux ans à la prochaine élection présidentielle”: devant au moins 5.000 personnes, Marine Le Pen a entendu annihiler toute ambiguïté.Et précisé, si nécessaire, que “ce combat” sera mené “avec le soutien de Jordan Bardella”.Il s’agissait ainsi de marteler le caractère incontestable de sa candidature, malgré l’épée de Damoclès judiciaire, et surtout faire taire l’hypothèse d’un “plan B comme Bardella” pour l’Elysée en 2027, relayée ces derniers jours par l’intéressé lui-même.Le 31 mars, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné Marine Le Pen à une inéligibilité immédiate de cinq ans dans le dossier des assistants d’eurodéputés du parti, qui lui a aussi valu quatre ans d’emprisonnement, dont deux ferme, et 100.000 euros d’amende.Marine Le Pen a fait appel de cette condamnation et un nouveau procès aura lieu au premier semestre 2026.Si le président du RN a eu l’honneur protocolaire de prendre la parole en dernier lors de ce traditionnel meeting du 1er-Mai, c’était bien Marine Le Pen le clou de ce spectacle qui se voulait une démonstration de force et de détermination.La triple candidate malheureuse, après un long bain de foule, en a profité pour insister sur le volet “social” de son programme, à rebours des accents libéraux dont use Jordan Bardella depuis plusieurs mois.Revendiquant une “vision gaullienne”, elle lie “justice sociale” et “justice économique”, loue un “Etat stratège” et promet une “Renaissance”.L’immigration ? Un coût sur la protection sociale, “au-delà des problèmes sécuritaires, identitaires, culturels”.La “préférence nationale” ? Justifiée par “la lutte contre la falsification du marché du travail”. Et lorsqu’elle énumère ses “première priorités” au pouvoir, le “rétablissement de notre modèle énergétique”, “l’abrogation des transpositions européennes”, “la remise en ordre de notre système fiscal” et “la remise à flot de notre système d’éducation” arrivent avant “la maîtrise de l’immigration”.Quelques minutes auparavant, le maire RN de Perpignan, Louis Aliot, s’était d’ailleurs autorisé à célébrer la figure narbonnaise, le socialiste Léon Blum, avant d’entonner a capella “Douce France” de Charles Trénet, l’autre enfant du pays.- Appel à “se lever” -Il restait à Jordan Bardella à évoquer “les racines chrétiennes”, “les clochers”, “les prières anciennes” ou “la tolérance zéro” face à “l’ensauvagement” qui “n’épargne plus aucun territoire.Pas un mot, en revanche sur 2027, lui qui avait estimé samedi dernier que “si (Marine Le Pen) devait être empêchée demain”, il “pensait pouvoir dire” qu’il serait “son candidat”.”Si je passais demain sous un camion, eh bien, (Jordan Bardella) serait très évidemment la personne qui aurait vocation à me remplacer”, avait-elle admis pleine d’ironie trois jours plus tard, manière de mieux renvoyer l’hypothèse à une forme d’incongruité.Reste que le président du Rassemblement national a lui-aussi pu mesurer son immense popularité auprès des sympathisants, déclenchant une ferveur parfois supérieure à celle recueillie par sa patronne lors d’un discours d’ailleurs plus long d’une dizaine de minutes.Les deux, pour qui il s’agissait d’afficher leur unité, se sont quoi qu’il en soit rejoints sur l’importance des élections municipales de 2026.”Ce sont elles qui vous donneront l’occasion de vous lever contre leur entreprise de confiscation de la démocratie pour la reprendre en main au plus près de chez vous”, a lancé Marine Le Pen.Et relevé que “si le système veut m’empêcher d’être candidate à l’élection présidentielle, après avoir voulu empêcher Jordan Bardella d’être Premier ministre, il ne pourra pas empêcher des milliers de Français, partout dans notre pays, d’agir, de s’engager, de prendre des responsabilités”.

Loi simplification: l’Assemblée rétablit un “test PME” différent de la version gouvernementale

Les députés ont rétabli mercredi un article attendu de la loi de “simplification”, pour mesurer les effets de nouvelles normes sur les petites et moyennes entreprises, mais dans la version défendue par les ciottistes et leurs alliés du RN, qui ont fait passer plusieurs amendements.L’esprit de la mesure, qui figurait dans la version initiale du projet du gouvernement, examiné en première lecture à l’Assemblée, consiste à analyser les effets d’une norme créée par un texte, pour anticiper d’éventuels effets délétères, notamment sur les petites entreprises.Le Sénat avait densifié l’article en proposant la création d’un Haut Conseil à la simplification pour les entreprises. Trop complexe pour une loi de simplification, avait décidé la commission spéciale de l’Assemblée, qui l’avait supprimé du texte avant la séance publique.La ministre du Commerce Véronique Louwagie avait prévenu qu’elle proposerait la réintroduction de cette mesure, l’une des vitrines du projet de loi.Plusieurs groupes politiques et le gouvernement ont proposé leur propre réécriture. C’est finalement le groupe UDR d’Eric Ciotti qui a fait adopter à une voix près un amendement confiant au “comité interministériel de la Transformation publique” la mission d’analyser “l’impact attendu des normes sur les petites et moyennes entreprises ainsi que sur les auto-entrepreneurs”.Dans la soirée, les députés ont commencé l’examen d’un article particulièrement irritant pour les écologistes, qui vise à faciliter le déploiement de centres de données (datacenters) en les qualifiant de projet “d’intérêt national majeur”.Ce statut accélère le lancement des chantiers et facilite une Reconnaissance impérative d’intérêt public majeur (RIIPM), ouvrant la voie à une dérogation à la protection de certaines espèces.L’article, comme d’autres dispositions du projet de loi, simplifie aussi les dérogations au dispositif “Zéro artificialisation nette” (ZAN), destiné à lutter contre la bétonisation des zones rurales.Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a défendu un enjeu “de souveraineté numérique”, pour éviter que ces datacenters ne s’installent “ailleurs en Europe ou hors d’Europe”.Un datacenter “où les vidéos Netflix sont stockées” ou “pour être plus provoquant des vidéos porno” serait “d’intérêt national majeur?”, a interrogé le député écologiste Nicolas Bonnet au cours de débats animés.”Quand toutes nos terres seront bétonnées, quand la biodiversité se sera effondrée (…) croyez-vous alors que notre pays sera souverain ?”, a lancé, à son tour, la députée insoumise Claire Lejeune.Durant l’examen de l’article, les députés ont confirmé une disposition introduite en commission qui ouvre la possibilité de déclarer “d’intérêt national majeur” les projets d'”infrastructures”, remettant au cÅ“ur des débats le chantier A69 dans le Tarn, suspendu après une décision de justice.La disposition devra toutefois être confirmée avec le vote final de l’article, les députés n’ayant pas fini d’examiner les 136 amendements en deux heures et demi de discussions. L’examen reprendra les 30 et 31 mai. Il restera alors des dizaines d’autres articles et plus de 850 amendements à discuter pour aller au bout de ce projet de loi qui s’éternise. Les débats s’annoncent aussi tendus, par exemple autour des “zones à faibles émissions” (ZFE), supprimées par la droite et l’extrême droite en commission.A la fin de la séance  le président de la commission chargée d’examiner le texte, Ian Boucard (LR), a plaidé pour qu’une semaine pleine de débats complémentaires soit trouvée, quitte à retarder la reprise de l’examen, pour éviter qu’il ne soit de nouveau interrompu.  

Avant sa nomination, le PDG d’EDF tente de déminer le terrain et fixe ses priorités pour une électricité “compétitive”

Bernard Fontana, le candidat choisi par l’Elysée pour prendre la tête d’EDF, a été confirmé mercredi par le parlement après un grand oral au cours duquel il a tenté d’expliquer comment il voulait pacifier les relations avec les grands clients industriels tout en répondant au défi financier et industriel du chantier du nouveau nucléaire.M. Fontana est passé successivement au gril des questions des députés et sénateurs des commissions des Affaires économiques de chacune des deux assemblées. Toutes deux ont donné leur feu vert à sa nomination, avec un total cumulé de 55 voix pour et de 40 voix contre, notamment des Ecologistes et de la France insoumise.Mais il reste une étape: un décret présidentiel devra avaliser la nomination, après une assemblée générale d’EDF le 5 mai.”Je mesure bien les défis qui attendent le futur président-directeur général d’EDF et je m’engagerai avec détermination dans ce nouveau challenge”, a déclaré M. Fontana devant le Sénat, un peu plus d’un mois après le départ brutal de l’actuel PDG Luc Rémont, que l’Elysée n’a pas reconduit à son poste. Entre EDF et l’État actionnaire, plusieurs différends s’étaient accumulés: maîtrise du programme de construction de réacteurs EPR2, part de l’État dans leur financement, sur fonds de bras de fer sur les prix de l’électricité avec les clients industriels énergivores. L’objectif est de fournir “une électricité compétitive à l’ensemble des consommateurs français et plus particulièrement aux industriels”, a dit d’emblée M. Fontana.Message reçu cinq sur cinq par ces derniers, regroupés dans le consortium Exeltium, qui achètent ensemble leur électricité. “Nous attendons avec impatience de reprendre les discussions et souhaitons les voir aboutir avant l’été” a déclaré à l’AFP un porte-parole.   En déclinant ses priorités pour EDF, M. Fontana a voulu se montrer à l’écoute des problématiques de compétitivité de l’industrie française et européenne qui se dit étranglée par les prix de l’énergie et demande à EDF de modérer ses prix.”J’aime l’industrie”, “je les connais bien”, a-t-il lancé après avoir décliné son itinéraire professionnel passé par les plus grands industriels électro-intensifs du pays – chimie, sidérurgie, ciment.”Je serai particulièrement attentif à identifier rapidement les marges de manÅ“uvre possibles pour conclure des contrats avec eux”, a-t-il ajouté. Alors que son prédécesseur avait ulcéré les industriels en annonçant vouloir vendre de l’électricité aux enchères – notamment à destination des centres de données énergivores -, M. Fontana veut rassurer: “il faut d’abord servir nos collègues, nos partenaires électro-intensifs”.- Priorité au nucléaire -Sinon, la première priorité d’EDF restera de “poursuivre le rétablissement de la production du parc nucléaire” pour atteindre 400 térawatts en 2030. M. Fontana compte notamment “augmenter la puissance là où c’est possible”.Il s’agit aussi de “maîtriser les délais et les coûts du programme de relance du nucléaire”, annoncé en 2022 par Emmanuel Macron, avec la construction de six réacteurs EPR2 et une option pour huit autres: un programme “nécessaire” pour “faire face à l’inévitable effet de vieillissement du parc nucléaire”.Autre “grande priorité”: relancer l’investissement dans les barrages. “La ligne rouge à ne pas franchir est la mise en concurrence des installations”, a-t-il dit, même si c’est ce que demande Bruxelles.Tout cela, en assurant “la soutenabilité de la trajectoire financière de l’entreprise”, toujours lestée d’une dette abyssale de 54,3 milliards d’euros.”Équation impossible”, a réagi le rapporteur de la commission à l’Assemblée nationale Matthias Tavel (LFI) dénonçant les injonctions contradictoires, entre “le besoin de rentabilité” d’EDF “pour financer la filière nucléaire à la demande du gouvernement” et le fait de proposer une électricité à des prix bas pour les ménages et pour les entreprises, “quitte à vendre à perte”.Au Sénat, l’exposé de M. Fontana a suscité une sérieuse opposition avec 28 votes contre sa nomination et seulement 14 votes pour, plusieurs sénateurs soulignant auprès de l’AFP une audition sans relief et sur la réserve. “Beaucoup n’ont pas compris l’éviction de Luc Rémont, ce qui a renforcé la défiance et les attentes sur l’audition de Bernard Fontana. Le défi était d’autant plus grand pour lui” a indiqué un élu LR en requérant l’anonymat.  

Macron va enchaîner les rendez-vous pour afficher son “ambition européenne”

Une conférence pour attirer les chercheurs américains, une rencontre pour “retrouver le réflexe franco-allemand”, puis un traité franco-polonais inédit: Emmanuel Macron enchaînera la semaine prochaine les rendez-vous pour mettre en scène son “ambition européenne”.Dans l’attente d’un “signal russe”, encore très “incertain”, sur la possibilité d’un “véritable cessez-le-feu” en Ukraine, le président français a prévu de renforcer les liens avec deux alliés clés au sein de l’Union européenne, l’Allemagne et la Pologne, a expliqué mercredi l’Elysée à la presse.La semaine s’ouvrira lundi avec une conférence intitulée “Choose Science, Choose Europe” et organisée à la Sorbonne, prestigieuse université parisienne, pour attirer les chercheurs étrangers, notamment les Américains ébranlés par les politiques de Donald Trump. Emmanuel Macron aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.Il va plaider auprès d’elle, selon son entourage, pour que “la Commission accélère dans sa traduction concrète” des initiatives prises ces derniers mois en faveur de la compétitivité et du renforcement de la défense des Vingt-Sept face au désengagement américain.Cette “accélération”, la France entend l’afficher dans ses propres alliances, avec une succession d’événements qui marquent “un aboutissement et aussi une sorte de nouveau départ de notre ambition européenne”, a avancé un conseiller du chef de l’Etat.Dès mercredi 7 mai, au lendemain de son arrivée officielle à la tête du gouvernement en Allemagne, le nouveau chancelier conservateur Friedrich Merz est attendu à Paris. Et avec une certaine impatience, tant les points de friction ont été nombreux sous le mandat de son prédécesseur social-démocrate Olaf Scholz.- Trêve “insuffisante” -La présidence française salue une “volonté de la part du chancelier Merz, très clairement marquée y compris dans le contrat de coalition” avec les sociaux-démocrates, “sur le fait de retrouver le réflexe franco-allemand”.Les deux hommes ont déjà commencé à travailler depuis les élections allemandes de février et vont donc entrer directement dans le vif des dossiers, fait valoir l’Elysée.Ils souhaitent d’abord “solder les malentendus” en vue d’une “resynchronisation”, selon l’expression d’un conseiller d’Emmanuel Macron, qu’il s’agisse des questions liées à l’énergie ou au commerce.Ensuite, ils visent une “accélération” d’un “agenda franco-allemand de croissance et de compétitivité pour l’Europe”, avec des positions conjointes sur la simplification réglementaire, l’union des marchés de capitaux, l’investissement public et privé. Jeudi, pour les 80 ans du 8 mai 1945 et de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Emmanuel Macron doit présider une cérémonie nationale à l’Arc de Triomphe. “Nous n’avons pas d’événement international prévu à ce stade”, a dit l’Elysée, sans l’exclure totalement, alors que cela avait un temps été envisagé.Vendredi 9 mai, Journée de l’Europe, le président français et le Premier ministre polonais Donald Tusk signeront à Nancy, dans l’est de la France, un “traité d’amitié et de coopération” avec la Pologne. Il sera inspiré des traités qui lient la France à ses voisins, l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne, et abordera tous les champs de la coopération, de la défense au nucléaire civil.La Pologne “est un pays avec lequel nous resserrons nos liens”, “notamment dans le domaine de la sécurité et de la défense”, en partie en conséquence de la guerre en Ukraine, a dit la présidence française.Le sort des efforts de Washington pour mettre fin à ce conflit laisse planer l’incertitude sur le reste de l’agenda diplomatique. Alors que l’idée d’un déplacement à Kiev commun de plusieurs dirigeants européens, dont Friedrich Merz, a pu circuler, aucune date n’est fixée pour une visite d’Emmanuel Macron, a assuré mercredi son entourage.De nouvelles réunions de la “coalition des volontaires”, ces pays, pilotés par la France et le Royaume-Uni, disposés à apporter des garanties de sécurité à l’Ukraine en cas de paix sont suspendues aux tractations entre les Etats-Unis et la Russie.La trêve du 8 au 10 mai annoncée par le président russe Vladimir Poutine est “très insuffisante” et “très faible”, a répondu l’Elysée. La France plaide pour un cessez-le-feu “immédiat et complet”, préalable à des négociations de paix impliquant Moscou et Kiev, seules à même de trancher la “question des territoires”.Paris assure que les Ukrainiens et les Européens sont désormais sur la même longueur d’ondes à ce sujet avec l’équipe de Donald Trump.

Elections législatives à la proportionnelle: Bayrou consulte, Le Pen prête à bouger

François Bayrou a entamé mercredi avec le Rassemblement national une série de consultations des forces politiques sur l’élection des députés à la proportionnelle, à propos de laquelle Marine Le Pen a semblé prête à faire des concessions.Le Premier ministre a reçu en premier mercredi matin, pendant 45 minutes, la cheffe de file des députés RN Marine Le Pen et le président du parti à la flamme Jordan Bardella, qui représentent numériquement le premier groupe de l’Assemblée nationale. “La proportionnelle intégrale par département” comme en 1986 “nous apparaît être un moindre mal par rapport à un système majoritaire qui aujourd’hui ne permet pas que chaque voix des Français soit entendue”, a affirmé Mme Le Pen, semblant prête à renoncer à sa demande d’une prime majoritaire.Le RN réclame la proportionnelle mais avec une prime pour la liste arrivée en tête, qui n’est pas prévue dans le mode de scrutin de 1986.François Bayrou défend ce scrutin de 1986 alors que depuis l’instauration de la Ve République – à l’exception des législatives de cette année-là -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.Devant le Sénat, il a vanté le “pluralisme” qu’induit selon lui ce mode de scrutin, comme la “garantie” pour “tous les citoyens, d’être représentés à mesure de leur engagement et de leur vote”, alors que “les problèmes (…) à régler exigent des prises de conscience plus élaborées” que “l’affrontement systématique”.- “Contredire” -En discutant de cette revendication commune avec le RN, François Bayrou espère sans doute faire baisser la tension avec l’extrême droite, qui fait planer la menace d’une motion de censure contre son gouvernement. Le RN dénonce l’absence de perspectives législatives sur ce sujet comme sur l’immigration ainsi que sur la feuille de route énergétique (programmation pluriannuelle de l’énergie, PPE). François Bayrou l’a à cet égard ménagé lundi en reportant la date de publication d’un décret sur la PPE.Mais le Premier ministre n’est pas assuré d’avoir cette fois le soutien des macronistes, qui semblent avoir changé de pied, considérant désormais que le mode de scrutin majoritaire actuel est “le moins pire”. La “distorsion” entre le nombre de voix et le nombre de députés “n’existe plus” dans l’Assemblée actuelle, fait valoir M. Cazeneuve.”Je n’ose imaginer quand même que (le) mouvement” d’Emmanuel Macron “vienne le contredire sur un sujet aussi important que celui-là”, a taclé Mme Le Pen mercredi.Le président de la République avait en effet souhaité en 2018 instaurer un système mixte avec 15% des députés élus à la proportionnelle, puis la réforme avait été abandonnée.François Bayrou recevra jeudi à 17H00 le président du groupe macroniste et du parti Renaissance Gabriel Attal, accompagné par le député Pierre Cazeneuve, qui a mené une analyse comparative des différents modes de scrutin.Les deux élus Renaissance entendent élargir le débat à la question de “l’efficacité de l’action publique”, en reparlant de la réduction du nombre de parlementaires et de la “simplification du millefeuille administratif”.Mais ils jugent “délétère” de proposer la proportionnelle en échange du cumul des mandats, soutenu avec force par François Bayrou.- “Stabilité” -Le président du parti Horizons Edouard Philippe défend pour sa part le scrutin majoritaire, qui “impose un lien entre un député et les électeurs d’un territoire” mais il pourrait soutenir la proportionnelle si un cumul était possible entre le mandat parlementaire et un mandat exécutif local.A droite, Les Républicains (LR) y sont fermement opposés. Cela reviendrait à “assurer que le chaos dans lequel on est aujourd’hui devienne la règle”, a répété Laurent Wauquiez mercredi sur RTL. “C’est le plus sûr moyen de ne pas donner à la France une majorité”, a abondé son rival Bruno Retailleau sur Cnews et Europe1.”On a besoin de stabilité et ce n’est pas le moment”, a estimé sur RMC et BFMTV le président du Sénat Gérard Larcher, défendant “la proximité entre un élu et (son) territoire”.Le gouvernement souhaite pouvoir légiférer à ce sujet “avant la fin de la session parlementaire si le débat est mûr”, selon sa porte-parole LR Sophie Primas.D’autres partis, notamment à gauche, souhaitent une évolution du mode de scrutin. Mais le PS est divisé. L’ancien président François Hollande est pour, tandis que son Premier secrétaire Olivier Faure est contre à titre personnel. 

Proportionnelle: Bayrou défend un “scrutin du pluralisme”

François Bayrou a vanté mercredi le “pluralisme” qu’induit selon lui le scrutin à la proportionnelle, sur lequel il a entamé une série de consultations des forces politiques, divisées à son sujet.”Dieu sait que dans la société où nous vivons, dont le président du Sénat a rappelé à quel point elle était fragmentée, éclatée, opposée archipellisée, (…) on a besoin d’apaiser la réalité du pluralisme”, a affirmé le Premier ministre devant le Sénat, lors de la séance des questions du gouvernement.Il répondait au chef de file des sénateurs Les Républicains, Mathieu Darnaud, opposé à ce mode de scrutin qu’il a associé à un “poison électoral”.Le scrutin majoritaire, utilisé pour les élections législatives sous la Ve République sauf en 1986, “obéit à une règle simple : il faut être ou tout pour ou tout contre. Et Dieu sait que les problèmes que nous avons à régler exigent des prises de conscience plus élaborées, plus concertées, mieux mises au point que l’affrontement systématique”, a aussi fait valoir M. Bayrou.La proportionnelle, “c’est la garantie pour tous les grands courants politiques du pays, c’est-à-dire pour tous les citoyens, d’être représentés à mesure de leur engagement et de leur vote”, a-t-il conclu.”La représentation proportionnelle est un système évidemment raisonnable et juste”, lui a répondu M. Darnaud, mais “partout où on l’a essayée, elle a produit des effets imprévus et tout à fait funestes, par la formation d’une poussière de partis dont chacun est sans force pour gouverner, mais très puissant pour empêcher”.

Présidentielle: Clémentine Autain candidate pour représenter l’union de la gauche

La députée de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain s’est dite mercredi prête à être candidate au sein d’un processus de désignation d’un candidat d’union de la gauche pour l’élection présidentielle de 2027. “Je serai sans doute, si nous avons une démarche commune, candidate à représenter l’ensemble de la gauche, avec la gauche et des écologistes”, a déclaré l’ancienne frondeuse insoumise et membre du nouveau parti l’Après sur la radio “ici Drôme Ardèche”. Fervente défenseuse de l’union de la gauche, Clémentine Autain s’appuie notamment sur un sondage Harris Interactive publié mercredi selon lequel un candidat soutenu par LFI, le PS, les Écologistes, le PCF et les autres partis de gauche réaliserait un score de 26% au premier tour de la présidentielle, de quoi se qualifier au second tour pour y affronter l’extrême droite.Autre grande figure unioniste pour 2027, la patronne des Écologistes Marine Tondelier a relayé ce sondage sur son compte X en interpellant les autres forces du Nouveau Front populaire: “Notre électorat le demande, alors qu’est-ce qu’on attend?”. Mais les deux principales forces de gauche, les meilleurs ennemis socialistes et Insoumis, ne sont pas favorables à une telle union.Les Insoumis veulent présenter leur propre candidature et espèrent que d’autres partis pourront la soutenir.Les socialistes, eux, ont acté la rupture avec LFI.Le premier secrétaire du PS Olivier Faure, en campagne pour sa réélection à la tête du parti, veut pour 2027 “une candidature commune qui rassemble la gauche et les écologistes de François Ruffin à Raphaël Glucksmann”. 

Transport scolaire: les contrôles de chauffeurs vont être “multipliés” selon Tabarot

Le ministre des Transports Philippe Tabarot a annoncé mercredi que les contrôles de chauffeurs de cars scolaires, notamment pour déceler une éventuelle prise de stupéfiants, allaient être “multipliés, de manière inopinée”, trois mois après un accident ayant provoqué la mort d’une lycéenne.Le gouvernement présente mercredi matin un plan pour le renforcement de la sécurité routière du transport scolaire, en présence des opérateurs, des autorités organisatrices des transports et des fédérations professionnelles.Chaque jour, pour rejoindre leur établissement, 1,9 million d’élèves empruntent les transports scolaires. Le ministère des Transports dénombre plus de 30.000 conducteurs de cars et bus scolaires.”L’accident survenu à Châteaudun, le jeudi 30 janvier, ayant coûté la vie à une lycéenne et les contrôles qui s’en sont suivis, ont notamment mis en évidence des cas préoccupants de conduite après usage de stupéfiants parmi les conducteurs de transports scolaires”, indiquait mardi le ministère dans un communiqué.Mercredi sur TF1, Philippe Tabarot a annoncé qu’une “quinzaine de mesures allaient être présentées” dans le cadre de ce plan transports scolaires.Alors que “plus de 10.000 contrôles” de chauffeurs ont été réalisés depuis l’accident mortel de Châteaudun, “nous avons souhaité avec les opérateurs multiplier les contrôles au sein même” des entreprises, “de manière inopinée, concernant les stupéfiants. Ce seront des tests qui seront opérés par entreprises de transport plusieurs fois dans l’année de manière aléatoire”, a annoncé le ministre.Chaque conducteur fera l’objet d’au moins un test aléatoire par an pour dépister les stupéfiants, a précisé le ministère des Transports dans un communiqué.Par ailleurs, “et là c’est dans une échéance de plusieurs mois, mais je souhaite (…) que la filière avance sur quelque chose qui puisse permettre de contrôler les chauffeurs dès qu’ils montent dans le bus”, avec l’objectif de “stopper le démarrage” du car en cas de contrôle positif, a détaillé le ministre. “Mais cela demande quelques mois pour que la technologie puisse être avancée, pour pouvoir notamment contrôler tout type de drogue que ce soit le cannabis mais malheureusement quelque fois la cocaïne ou des dérivés comme la kétamine”, a ajouté le ministre. Le ministère des Transports s’est fixé une échéance de quatre ans pour déployer la mesure, selon le communiqué du gouvernement.Parmi les autres mesures, M. Tabarot a annoncé que le plan prévoyait de “renforcer les contrôles de police très régulièrement; avoir une meilleure formation des conducteurs sur les risques de prise de produits stupéfiants; sécuriser les bus pour les enfants, avec le port de la ceinture”.Il a aussi évoqué “l’utilisation de caméras pour prévenir le conducteur sur une perte d’attention” ou encore “la possibilité pour les enfants, à travers un numéro de téléphone, de contacter des personnes référentes pour dire que quelque chose se passe dans le bus qui n’est pas conforme”.Un alourdissement des santions pénales visant les chauffeurs responsables d’homicides routiers lorsqu’ils sont sous l’emprise de stupéfiant est aussi à l’étude.

Proportionnelle aux législatives: une multitude de modèles possibles

La proportionnelle aux élections législatives, dont François Bayrou commence à discuter mercredi avec les formations politiques, peut se décliner en une multitude de variantes, aux conséquences électorales très différentes, selon la taille de la circonscription, le seuil pour obtenir des élus, l’existence d’une prime pour la liste arrivée en tête, etc…”Il y a autant de proportionnelles que de fromages dans ce pays”, résume le député Pierre Cazeneuve, spécialiste du sujet au sein du groupe macroniste Renaissance.Voici quelques modèles possibles :. Une proportionnelle intégrale nationaleC’est le modèle des élections européennes: une proportionnelle intégrale à un tour dans une seule circonscription nationale. Les 577 élus sont alors répartis en fonction des résultats obtenus par chaque liste. Dans ce modèle, défendu notamment par LFI, l’une des variables clé est le seuil d’entrée. Plus il est bas, comme aux Pays-Bas où il est quasi-nul, plus il favorise les petites formations.A 5% comme aux européennes, le Parti communiste pourrait ne plus être représenté à l’Assemblée au vu de ses derniers résultats. A l’inverse, à 2 ou 3%, des formations du type Parti animaliste pourraient faire leur entrée.A la différence du scrutin majoritaire, la proportionnelle incite les partis (qui se sentent capable de franchir ce seuil) à partir séparément aux élections et à s’affranchir d’un partenaire dominant. Les socialistes ne se seraient ainsi probablement pas alliés aux Insoumis aux législatives de 2024.En revanche, comme un parti ne peut prétendre avoir la majorité seule – sauf victoire écrasante – cela pousse à constituer des coalitions post-électorales pour gouverner comme dans la plupart des pays européens. Mais gros inconvénient, sur une liste nationale, les députés n’ont plus un ancrage local comme celui des circonscriptions actuelles et l’équilibre géographique entre les élus n’est plus garanti. . Une proportionnelle intégrale départementale ou régionalePour garder cet ancrage local, François Bayrou milite pour la proportionnelle départementale à un tour, celle utilisée pour les législatives de 1986, les dernières à la proportionnelle en France.Mais ce scrutin entraîne des inégalités fortes. Dans la vingtaine de départements où il n’y a que deux députés (Cantal, Corrèze…), l’effet proportionnel est presque nul puisque la formation arrivée troisième n’obtient aucun député même avec 25% des voix. A l’inverse, cet effet joue à plein dans les gros départements (23 députés dans le Nord, 20 à Paris…) Pour contourner cette difficulté, une alternative pourrait être le niveau régional, même si les régions sont aussi de taille différente. Pour garder un lien territorial, les listes régionales pourraient être divisées en sections départementales, comme c’est le cas aux élections régionales. Les élections régionales sont d’ailleurs une autre variante de proportionnelle, à deux tours et avec possibilité de fusion de listes entre les deux tours. . Un scrutin mixte avec une dose de proportionnelleEn 2018, pour assurer une meilleure représentativité à l’Assemblée (le RN n’avait eu en 2017 que 8 députés pour 13% des voix), Emmanuel Macron avait proposé d’introduire “une dose de proportionnelle”. Mais les effets sont très différents si la dose retenue est de 15%, comme évoqué alors, ou 50%.La présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet a récemment proposé que la proportionnelle soit appliquée uniquement aux départements qui comptent 11 députés ou plus, soit 152 parlementaires sur 577. Ses détracteurs estiment que cela crée deux catégories de députés, certains élus en circonscription au scrutin majoritaire, d’autres sur une liste à la proportionnelle. Mais c’est déjà le cas au Sénat.Il existe plusieurs types de scrutin mixte. En Allemagne, chaque citoyen dispose de deux voix, l’une pour un candidat de sa circonscription, l’autre pour une liste de candidats présentée par un parti.. Une proportionnelle avec une prime majoritaireC’est le système qui existe aux municipales (dans les communes de plus de 1.000 habitants) pour dégager plus facilement des majorités. Une partie des sièges (50% aux municipales) sont réservés à la liste arrivée en tête, tandis que le reste est réparti à la proportionnelle.Le RN propose d’appliquer ce type de scrutin aux législatives mais avec une prime majoritaire de 25%. Du fait de son isolement politique, c’est le seul mode de scrutin qui lui permettrait d’envisager une majorité absolue à lui tout seul.