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Dans un lycée de la Marne, deux députés dénoncent “l’omerta” autour des agissements d’un professeur

En visite mardi au lycée Pierre Bayen de Châlons-en-Champagne, les co-rapporteurs de la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire ont dénoncé “l’omerta” et la lenteur de la réaction de l’Éducation nationale face aux alertes visant un enseignant accusé de violences sexuelles.Ce lycée est le premier établissement public visité par les députés Violette Spillebout (Renaissance) et Paul Vannier (LFI) dans le cadre de leur mission. Plusieurs élèves ont mis en cause un professeur de français et des arts du cirque, décédé en décembre 2023.Une ancienne enseignante du lycée, Marie-Pierre Jacquard, indique avoir alerté la direction dès 2021, mais le professeur n’a été suspendu que le 29 septembre 2023, selon le rectorat, après une plainte pour viol, précise Mme Jacquard.Le parquet de Châlons-en-Champagne a indiqué mardi à l’AFP qu’une enquête avait été ouverte le 12 avril 2023, à la suite d’un signalement de l’association Colosse aux pieds d’argile, mentionnant des faits de harcèlement, des comportements inadaptés et des propos à connotation sexuelle de la part de cet enseignant.Au total, neuf plaintes ont été déposées pour des faits s’étalant de 1998 à 2023 selon le parquet: une pour viol, trois pour atteintes sexuelles et cinq pour harcèlement moral.Le suicide de l’enseignant en décembre 2023 a mis fin à l’action publique.La semaine dernière, le parquet a reçu un signalement au titre de “l’article 40” du code pénal, qui prévoit que toute autorité ayant connaissance d’un crime ou un délit doit en informer la justice. Selon ce signalement, “certaines personnes” auraient été au courant des agissements de ce professeur “mais n’auraient rien fait”, a-t-il précisé.”On peut s’interroger sur la lenteur de la réponse de l’administration de l’Éducation nationale, alors que du côté de syndicats, d’associations, d’une autre structure publique, le Centre national des Arts du Cirque, des décisions ont été prises beaucoup plus tôt, permettant de mettre à l’écart l’enseignant à l’origine d’agressions sexuelles et d’accusations de viol”, a assuré lors d’un point presse M. Vannier.Il a insisté sur la nécessité de développer “une culture du signalement” à “tous les étages de l’Éducation nationale”.Sa collègue Violette Spillebout a, de son côté, appelé à casser “l’omerta” autour des violences dans l’Éducation nationale.  Contacté par l’AFP, le rectorat de l’académie de Reims affirme avoir reçu les premiers signalements relatifs aux agissements de cet enseignant début avril 2023.- Plainte contre l’Etat -Deux anciens élèves du lycée, une association de parents d’élèves, des parents d’élèves et Mme Jacquard entendent attaquer dans les prochains jours l’État devant le tribunal administratif, l’accusant d’inaction dans ce dossier, a indiqué leur avocat.A l’issue de la visite à Châlons-en-Champagne mardi, la députée Violette Spillebout a souligné lors d’une conférence de presse les efforts engagés depuis par l’établissement, avec “une direction volontariste et très soucieuse du bien-être” des élèves. M. Vannier a salué la mise en place de “mesures concrètes” comme un espace “safe place” (lieu sûr NDLR) permettant “d’entendre la parole des élèves” pour faciliter “la remontée d’informations préoccupantes” et le traitement des signalements. Cette commission d’enquête parlementaire avait été lancée dans la foulée du scandale déclenché par une série de plaintes concernant des violences commises au sein de l’établissement catholique Notre-Dame de Bétharram dans les années 1970 à 1990. Les co-rapporteurs, qui doivent rendre leurs recommandations fin juin, indiquent avoir déjà effectué une vingtaine de signalements au procureur au titre de l’article 40. Outre l’ex-Notre-Dame-de-Bétharram, ils ont également déjà visité la communauté catholique traditionaliste de Riaumont (Pas-de-Calais), qui a longtemps tenu un village d’enfants visé par plusieurs enquêtes pour violences, agressions sexuelles et viol sur mineur.A ce stade de leurs travaux, le député LFI pointe “un cloisonnement très fort des administrations” et “donc des signalements qui ne sont pas transmis de l’une à l’autre”. Ce cloisonnement créé “une dilution des responsabilités avec des acteurs qui s’interrogent sur le périmètre de leurs actions”. Il faudra “cartographier, diagnostiquer et clarifier pour que les traitements soient plus rapides, plus efficaces et qu’à la fin les enfants soient protégés”, a-t-il ajouté. 

Marine Le Pen conteste en justice sa démission d’office comme conseillère départementale

Marine Le Pen a saisi le tribunal administratif de Lille pour contester la perte de son mandat de conseillère départementale du Pas-de-Calais, consécutive à sa condamnation pour détournement de fonds, a annoncé mardi Steeve Briois, élu en binôme avec Mme Le Pen.Marine Le Pen “est toujours conseillère départementale. Un recours suspensif a été introduit devant le tribunal administratif”, a écrit sur le réseau X M. Briois, maire Rassemblement national d’Hénin-Beaumont et conseiller départemental du Pas-de-Calais.La préfecture du Pas-de-Calais a notifié la semaine dernière à Marine Le Pen sa démission d’office de son mandat de conseillère départementale. Cela fait suite à sa condamnation le 31 mars à une inéligibilité immédiate de cinq ans dans le dossier des assistants d’eurodéputés du parti, qui lui a aussi valu quatre ans d’emprisonnement, dont deux ferme.Le tribunal correctionnel de Paris a estimé qu’elle était au “cÅ“ur” d’un système de détournement de fonds publics mis en place pour payer des salariés du parti avec l’argent du Parlement européen, entre 2004 et 2016. Le montant total des détournements s’élève à 4,4 millions d’euros.La peine d’inéligibilité avec exécution provisoire n’entraîne pas la fin de son mandat de député, mais elle met fin aux mandats locaux, avec “pour effet de rendre définitive une décision de première instance”, a déploré M. Briois. Selon lui “Marine Le Pen engage donc une longue bataille procédurale pour garantir ses droits et son honneur après une condamnation que nous trouvons aussi injuste qu’infamante”.Le tribunal administratif de Lille doit statuer dans les deux mois sur ce recours. “Dans l’attente d’une décision définitive par les juridictions administratives, elle reste conseillère départementale”, a indiqué M. Briois à l’AFP, entendant faire valoir “la présomption d’innocence”.

Macron réaffirme son engagement pour la “refondation” de Mayotte avec un plan à plus de 3 milliards

Emmanuel Macron a annoncé lundi à Mayotte une enveloppe de plus de trois milliards d’euros sur six ans pour financer le plan de “refondation” du département, le plus pauvre de France, meurtri par le cyclone Chido en décembre. Quatre mois après le passage du cyclone qui a fait quelque 40 morts et causé 3,5 milliards d’euros de dommages, le chef de l’Etat a passé une journée sur place, accompagné de son épouse Brigitte, des ministres Manuel Valls (Outre-mer), Annie Genevard (Agriculture), Yannick Neuder (Santé) et Thani Mohamed-Soilihi (Francophonie).Emmanuel Macron est venu donner “un coup d’accélérateur” à la reconstruction. “Mayotte a un avenir dans cette région si nous y mettons les moyens”, a-t-il déclaré devant des élus mahorais. Le président est arrivé avec, dans ses cartons, un projet de loi pour “la refondation” de l’archipel, qui vise à renforcer la lutte contre l’immigration clandestine, l’habitat illégal, l’insécurité et à soutenir l’économie locale. L’enveloppe de ce plan sera de 3,2 milliards d’euros entre 2025 et 2031, selon l’Elysée, et son financement proviendra de “fonds nationaux”, “européens” et de “bailleurs internationaux”.Le texte de loi sera voté d'”ici l’été”, a-t-il promis. Devant lui, plusieurs élus locaux ont fait état d’une situation très précaire, dénonçant le manque d’eau, l’inquiétude face au chikungunya, ou encore le retard pris par de nombreux dispositifs promis après le cyclone.Emmanuel Macron a assuré que les prêts à taux zéro étaient “en train d’arriver” et invité les banques comme les assurances à s’en “tenir aux textes” sans “compliquer les choses pour ne jamais payer”. Il a également indiqué que la campagne de vaccination contre le chikungunya commencerait dès mardi. Le chef de l’Etat, qui avait promis en 2019 une piste longue à l’aéroport de Mayotte, sur Petite Terre, afin de faciliter l’atterrissage des gros porteurs, a concédé une impossibilité pour raisons techniques, et invité à s’en remettre à une solution alternative sur Grande Terre.- “Plus de moyens” -Alors que Mayotte est confronté à un défi migratoire, notamment en provenance des Comores voisines, M. Macron a promis qu’en la matière, “d’ici un an, les choses auront profondément changé”.Le président avait plus tôt rencontré des agents engagés dans la lutte contre l’immigration clandestine, montant à bord d’une vedette d’interception sur le canal du Mozambique.Il s’est aussi rendu à Tsingoni (ouest) où il était déjà venu en décembre échanger avec des habitants en détresse.”Le moral n’est pas tellement bon”, lui a lancé une femme alors que des chants traditionnels retentissaient. Une autre s’est plainte du retard des assureurs. “On a toujours pas été relogé, pourtant je leur ai envoyé tous les papiers.””On est à la traîne par rapport à ce que vous avez fait pour La Réunion”, frappée en février par le cyclone Garance, a déploré un travailleur du BTP.Au centre hospitalier de Mamoudzou, l’inquiétude était aussi palpable. Il nous faut “plus de moyens, plus de personnel, et dans la durée”, a dit une infirmière au chef de l’Etat.- Bidonvilles -Mayotte, où Marine Le Pen a réalisé un de ses meilleurs scores à la présidentielle de 2022, reste aussi un enjeu politique majeur.Après une première loi d’urgence en février, le nouveau projet de loi, plus vaste, prévoit notamment de durcir les conditions d’obtention du titre de séjour dans l’archipel ainsi qu’une extension de l’aide au retour volontaire.Il entend aussi faciliter les expulsions de bidonvilles — alors que plusieurs élus locaux ont réclamé lundi l’interdiction pure et simple de leur construction.Mayotte, où le niveau de vie restait sept fois plus faible qu’ailleurs en France avant le passage de Chido, doit devenir une zone franche globale, avec des abattements fiscaux à 100%.Le projet de loi prévoit aussi une “convergence sociale” entre la métropole et l’archipel où les minima sociaux, comme le RSA, sont aujourd’hui 50% inférieurs.Le texte a été entériné dans la soirée par un Conseil des ministres spécial que M. Macron a présidé en visioconférence depuis l’avion qui l’a mené de Mayotte à La Réunion, deuxième étape d’une tournée de cinq jours dans l’océan Indien.Il doit également assister durant son voyage à un sommet de la Commission de l’océan Indien (COI) à Madagascar.Alors que les Mahorais souhaitent leur intégration à la COI, bloquée par les Comores qui ne reconnaissent pas la souveraineté française sur l’archipel, Emmanuel Macron a plaidé lundi pour le développement de “coopérations” régionales dans les domaines universitaire, alimentaire et économique.”Il n’y aura pas de lutte raisonnable contre la vie chère si on continue d’importer autant depuis le territoire métropolitain”, a-t-il aussi souligné.

Malika Sorel a quitté la délégation RN au Parlement européen

Malika Sorel a quitté la délégation du Rassemblement national au Parlement européen, moins d’un an après avoir figuré en deuxième position sur la liste du parti d’extrême droite conduite par Jordan Bardella, invoquant “une logique de groupe oppressante” pour la “réflexion intellectuelle”.”Je n’ai jamais été membre du Rassemblement National mais pensais pouvoir être utile à la France au sein de cette délégation. J’ai été déçue. Mon inconfort est allé croissant à mesure que je me retrouvais confrontée à une logique de groupe oppressante qui impose de renoncer à tout degré de liberté et annihile toute possibilité de réflexion intellectuelle”, écrit Mme Sorel sur le réseau X.”La gravité de la situation actuelle de la France impose de ne pas se soumettre à des logiques partisanes quand elles empêchent de travailler au redressement de notre pays, de notre Patrie”, conclut l’eurodéputée, qui siège désormais parmi les non-inscrits.En mars 2024, l’essayiste, membre du Haut Conseil à l’intégration durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, avait annoncé rejoindre la liste RN à l’occasion des européennes pour “participer à la recomposition française”.Plusieurs élus du Rassemblement national l’ont appelée à renoncer à son mandat d’eurodéputée.

L’influence française disputée dans l’océan Indien

Mayotte, îles Eparses … La France, confrontée à une souveraineté contestée sur plusieurs de ses territoires et aux ambitions croissantes de la Chine et de la Russie, joue les équilibristes dans l’océan Indien, où Emmanuel Macron entame lundi une tournée de cinq jours.Le chef de l’Etat, fidèle à sa stratégie “indopacifique”, va réaffirmer les ambitions françaises de puissance régionale tout comme une volonté de coopération renforcée avec les Etats du sud-ouest de l’océan Indien.Après des étapes à Mayotte et La Réunion, les deux départements aux avant-postes de la présence française dans cette zone, il se rendra à Madagascar et Maurice.Et participera jeudi à Antananarivo, la capitale malgache, au cinquième sommet de la Commission de l’océan Indien (COI), qui réunit cinq Etats insulaires (Madagascar, Maurice, Comores, Seychelles, France au titre de La Réunion).”La France a certes la puissance de feu, mais elle n’est pas forcément en position de force, pas forcément numéro un et en tout cas pas seule. Les compétiteurs sont présents et actifs”, résume à l’AFP Christiane Rafidinarivo, chercheuse au centre de recherches politiques Cevipof de Sciences-Po à Paris.Grâce à ses multiples îles et îlots à travers les océans, la France possède certes le deuxième espace maritime du monde (10 millions de kilomètres carrés), dont 27% dans cette partie du globe.Grâce aux îles Eparses (Tromelin, Glorieuses, Juan de Nova, Europa, et Bassas da India), des “confettis” quasi inhabités – sans compter Mayotte au nord – elle contrôle plus de la moitié de la surface du canal du Mozambique, redevenu un carrefour stratégique du transport maritime international.- “Accès aux ressources” -Elle dispose aussi de moyens militaires, dont une base navale à La Réunion, et économiques conséquents par rapport aux pays riverains.Mais Madagascar revendique la souveraineté sur les Eparses tout comme les Comores sur Mayotte, qui s’en est détaché lors de leur indépendance en 1975 pour rester française. L’île Maurice réclame de son côté Tromelin au nord de La Réunion.”La France est dans une situation un peu plus contrainte qu’il n’y paraît”, explique Denys-Sacha Robin, spécialiste en droit international de la mer à l’université Paris-Nanterre.”Ces demandes de rétrocession, c’est un enjeu d’identité nationale, un enjeu d’accès aux ressources et puis c’est un moyen de pression pour obtenir autre chose” de Paris, en matière d’immigration ou de sécurité.Le canal du Mozambique renferme d’importantes réserves en hydrocarbures – au point qu’on le qualifie parfois de “nouvelle mer du Nord” – et halieutiques.Le rôle de la France y est désormais disputé par la Chine, qui investit massivement dans la zone, notamment à travers le développement de ports, et dispose d’une importante flotte de pêche. Etats-Unis, Russie et Inde y renforcent aussi leur présence.Russes et Chinois y ont également mené des exercices militaires avec l’Afrique du sud.- “Epine dans le pied” -La Russie, après avoir tenté en vain d’adhérer à la COI en 2020, a apporté son soutien à Madagascar dans sa revendication sur les îles Éparses, tout comme aux Comores, dont elle s’est rapprochée, pour Mayotte.”Le statut de Mayotte est extraordinairement instable. C’est une épine dans le pied de la France”, estime Bertrand Badie, spécialiste de relations internationales à Sciences Po. Les Comores s’opposent aussi à son intégration à la COI, réclamée par les élus mahorais. Face à ces résistances, Emmanuel Macron devrait s’en tenir à une ligne pragmatique, c’est-à-dire demander une “inclusion” progressive de Mayotte à la COI à travers des programmes de coopération notamment sur la santé.”Pour la France, il s’agit de consolider des coopérations avec des Etats pour qu’ils ne deviennent pas hostiles, ne rentrent pas dans d’autres réseaux qui seraient hostiles”, note Christiane Rafidinarivo.Mayotte, département le plus pauvre de France, présente d’énormes fragilités, avec une importante pression migratoire en provenance des Comores et le cyclone Chido, le plus dévastateur depuis 90 ans, qui a mis à terre son économie en décembre.”C’est une région du monde dans laquelle la décolonisation n’a jamais été véritablement accomplie. La déstabilisation tient à un fil. Il suffit d’un pouvoir populiste dans l’un des pays”, relève Bertrand Badie.

Proportionnelle: Bayrou va engager une “consultation” à partir du 28 avril

François Bayrou va engager à partir du 28 avril une “consultation” avec les partis et les groupes parlementaires sur la proportionnelle, qu’il souhaite voir adoptée pour l’élection des députés, a indiqué le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola.”Le Premier ministre souhaite aller vers la proportionnelle aux législatives. A la rentrée du 28 avril, il engagera une consultation de tous les partis, avec les groupes parlementaires”, a déclaré M. Mignola dans un entretien au Journal du dimanche.”Tout le monde ou presque est d’accord sur le principe: il faut plus de proportionnelle. Reste à déterminer la forme: régionale ? Départementale ? Mixte ? Nous aurons ce débat”, ajoute ce proche de François Bayrou, qui laisse entendre que cette réforme pourrait être examinée à l’automne.Le chef du gouvernement est un défenseur historique du mode de scrutin proportionnel pour l’Assemblée nationale. Depuis l’instauration de la Ve République, et à l’exception des législatives de 1986, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.En 2018, le président de la République Emmanuel Macron avait souhaité l’instauration d’un système mixte avec 15% des députés élus à la proportionnelle, mais la réforme avait été abandonnée.La présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet est favorable à la proportionnelle dans les départements comptant au moins 11 députés. Avant d’accéder à Matignon, François Bayrou penchait, lui, pour une proportionnelle dans l’ensemble des départements.De nombreux partis, notamment à gauche, souhaitent une évolution du mode de scrutin. A droite, Les Républicains (LR) et Horizons y sont opposés. Le RN revendique également la proportionnelle, mais avec l’établissement d’une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête.Par ailleurs, Patrick Mignola a indiqué au JDD que le choix d’ouvrir ou non une session extraordinaire au Parlement n’était “pas encore arbitré”, évoquant “deux options”, une session en juillet ou une en septembre.”Ouvrir une session extraordinaire, c’est aussi une opportunité, pour certains, de replonger le pays dans l’instabilité. Cela dit, la peur n’éloigne pas le danger”, a observé le ministre, en allusion à un possible dépôt d’une motion de censure.Vendredi, Yaël Braun-Pivet a dit souhaiter une session extraordinaire “en juillet et probablement au mois de septembre” pour parachever l’adoption des textes en cours d’examen.”Je ne me résous pas à avoir un Parlement qui tourne au ralenti”, a-t-elle insisté, alors que l’exécutif ne semblait pas envisager cette prolongation des travaux.

Les matinales politiques, une compétition acharnée entre radios et télés

“Faire l’événement chaque matin”: les interviews des personnalités politiques, rendez-vous médiatiques indispensables pour délivrer son message ou se faire connaître, s’apparentent à une course au quotidien pour les matinales radio et télévision qui, en forte concurrence, doivent coller au mieux à l’actualité et respecter les règles de pluralisme.Avril 2022, en pleine campagne présidentielle, Jean-Luc Mélenchon annule son passage sur RTL pour se consacrer à son dernier meeting de campagne et envoie à sa place un de ses lieutenants, Adrien Quatennens. “Il a peur ? Il est trop fatigué ?”, s’interroge, agacée, l’éditorialiste Alba Ventura.Tout aussi anxiogène pour les chaînes et les stations, il peut arriver aussi que des invités se décommandent à la dernière minute, sans proposer de second choix, obligeant les programmateurs à sonner le branle-bas de combat.C’est “l’un des métiers les plus durs de la radio”, raconte à l’AFP Rémi Sulmont, directeur de la rédaction de France Inter. Le jeu des chaises musicales est “un casse-tête quotidien”.- “Drogués à l’actu” -Ces “drogués à l’actu”, comme se caractérise Anne-Laure Sugier, directrice de la programmation dans la même station, font un travail de longue haleine pour se constituer un carnet d’adresses et travaillent sur deux temporalités : l’anticipation et l’adaptation. Une invitée comme la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, reçue fin mars, c’est “quasiment un an de travail”. A l’inverse, d’autres personnalités sont déprogrammées, ou mobilisées au pied levé, jusqu’à quelques heures avant le direct. “Ce n’est pas une folie de les réveiller à 5H30”, sourit Anne-Laure Sugier.L’objectif est de “faire l’événement chaque matin”, en dénichant la “bonne personne au bon moment”, analyse Frank Moulin, directeur de l’information et de la rédaction de RTL. Une interview réussie fait parler d’elle au moins tout au long de la journée.L’imprévisible a son importance. “C’est la magie du direct”, commente Adrien Gindre, en charge de l’entretien politique dans la matinale de TF1.En janvier, sur son antenne, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet avait proposé de taxer les retraités les plus aisés pour financer la protection sociale. Il y a eu “une semaine de débat derrière”, sourit-il.- Marché ultraconcurrentiel -Coller au mieux à l’actualité amène à ne pas recevoir uniquement les ténors de la politique. Erwan Balanant, député MoDem du Finistère, peu connu du grand public, a récemment été très sollicité comme rapporteur de la commission d’enquête sur les violences dans le secteur de la culture.Ces personnalités de second plan, qui veulent décrocher le Graal d’une invitation, doivent “trouver l’information ou la posture” pour se démarquer dans “ce marché des personnalités” ultraconcurrentiel, explique Emilie Zapalski, spécialiste de la communication politique. La liste des invités doit aussi respecter les règles de l’Arcom. Le régulateur de l’audiovisuel impose, hors période électorale, de donner la parole un tiers du temps à l’exécutif et les deux tiers restants aux partis politiques selon leur représentativité –  résultats aux élections, importance du groupe, sondages d’opinion. Tendre vers la parité est aussi important et il ne faut pas non plus saturer l’espace médiatique en conviant trop souvent les mêmes profils. Un intérêt partagé par certains politiques. L’ex-président François Hollande refuse ainsi des invitations pour “ne pas noyer sa voix dans toutes les autres et pour que sa parole reste rare et appréciée”, explique sa conseillère en communication, Sybil Gerbaud. La concurrence est rude pour la quinzaine de grands rendez-vous sur cette tranche horaire stratégique: près de la moitié des Français (43,4%) écoutent la radio entre 6 et 9 heures du matin, selon une étude de Médiamétrie publiée en novembre. Et, pour que les propos soient repris sur les autres plateaux, en dépêches AFP ou sur les réseaux sociaux, les personnalités politiques “ont conscience (…) qu’elles doivent avoir des propositions et des avis tranchés au détriment parfois de la nuance”, observe Pauline Amiel, maîtresse de conférences en sciences de l’information et communication.L’enjeu pour les journalistes est de ne pas tomber dans la politique-spectacle. “Nous ne sommes pas une caisse de résonance, ce n’est pas que le lieu de la petite phrase”, défend Anne-Laure Sugier. Il s’agit de dépasser les éléments de langage, d’interroger voire de bousculer si nécessaire.Du côté des politiques, chaque prise de parole est un pari. “Ça peut être complètement foireux”, souligne Emilie Zapalski. Et de rappeler les récents cafouillages de ministres, divisés sur l’interdiction du voile dans les compétitions sportives, qui ont brouillé le message du gouvernement, nécessitant un rappel à l’ordre de François Bayrou.

Rachida Dati: Paris à quel prix ?

Ministre et sans doute à nouveau candidate à Paris, encartée chez LR mais présente chez Renaissance, sous la menace d’un procès dans l’affaire Ghosn: le chemin vers l’Hôtel de ville est escarpé pour Rachida Dati, à moins d’un an des municipales.La ministre de la Culture n’a pas assisté au dernier Conseil de Paris. Elle n’a pas vu certains opposants s’afficher ostensiblement avec le journal Libération qui, dans son édition du 10 avril, affirme que la maire du 7e arrondissement a omis de déclarer pour 420.000 euros de bijoux à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a indiqué que les avocats de Rachida Dati avaient déposé plainte pour diffamation. Et écrit à la HATVP. Dans quel but ? Sollicité par l’AFP, son entourage n’a pas donné suite.L’affaire tombe mal. La campagne pour les municipales sera l’occasion d'”instruire un procès en probité de tous les instants” à son encontre, prédit un concurrent. Car Mme Dati a déjà un agenda judiciaire: le parquet national financier a requis qu’elle soit jugée pour corruption et trafic d’influence, aux côtés de l’ex-patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn.Les magistrats s’intéressent notamment à 900.000 euros d’honoraires perçus en tant qu’avocate de 2010 à 2012, alors qu’elle était députée européenne. Les investigations ont également cherché à déterminer si cette convention d’honoraires aurait pu servir à masquer une activité de lobbying au Parlement européen. Ce qu’elle conteste.- Candidate “quoiqu’il arrive” -“C’est quelque chose d’angoissant, parce qu’elle ne le maîtrise pas”, relève un proche. “Ca fait longtemps que Rachida Dati est attaquée. Cela n’a jamais eu d’impact en termes de popularité et d’intentions de vote. Elle se présentera quoiqu’il arrive”, assure la conseillère de Paris Nelly Garnier, également proche de la ministre.Suffisant, cependant, pour gêner chez Renaissance. Depuis son entrée dans le gouvernement de Gabriel Attal en janvier 2024, un rapprochement avec les macronistes semblait scellé à Paris. Et, pour le député Sylvain Maillard, Mme Dati est “la meilleure candidate”. Mais son avis ne fait pas l’unanimité.L’ex-candidate Agnès Buzyn, notamment, ne la soutiendra pas, car elle s’est “engagée sur l’idée de faire de la politique autrement”. D’autres membres de Renaissance ont exprimé leur franche opposition. D’autres estiment qu’il est urgent d’attendre. Et certains se sont affichés avec le candidat Horizons Pierre-Yves Bournazel.-PLM, “prime à la notoriété”-“Le soutien à Dati n’est ni acté, ni automatique”, glisse une source chez Renaissance. Qui rappelle les “éléments structurants” du parti pour les municipales: “le cadre de vie, la transition écologique, les valeurs, l’exemplarité des élus…”.Côté droit, la ministre a récemment indiqué devant les députés LR qu’elle était à jour de cotisation. Sourire dans les rangs. “Aux européennes, elle a fait campagne pour Renaissance debout sur une chaise”, ironise un élu.”Une municipale ne dépend pas de l’investiture de tel ou tel appareil. Sa victoire se jouera sur la dynamique de terrain”, évacue Nelly Garnier.Mme Dati a le soutien de Laurent Wauquiez. La ministre a pu compter sur les députés LR pour l’adoption du texte réformant le scrutin à Paris (PLM; Paris, Lyon, Marseille), qui doit être examiné au Sénat.En 2024, avec Emmanuel Macron, “le deal, c’était: je viens au gouvernement et tu me fais PLM”, affirme un proche. Cette réforme, voulue par les macronistes et relancée par François Bayrou, prévoit une élection plus directe du maire censée avantager la ministre de la Culture, quand les règles actuelles, arrondissement par arrondissement, rendent le chemin beaucoup plus étroit.”S’il y a PLM, elle devient la seule candidate. Il faut être une rock star, connue de tous les Parisiens… Cela donne une prime énorme à la notoriété”, juge un dirigeant LR, alors que le sénateur Francis Szpiner – qui fait l’objet d’une information judiciaire pour corruption – entend briguer l’investiture.Rachida Dati, future ministre-candidate ? “L’avantage d’être au gouvernement, c’est que ça vous permet d’avoir de l’initiative institutionnelle. Vous pouvez enclencher des procédures de classement. Agir sur le Louvre, Notre-Dame, la Tour Eiffel”. Mais “elle veille toujours à ne pas être trop parisienne dans son discours. Elle est beaucoup sur l’accès à la Culture dans les zones rurales”, explique un soutien.Elle est en tout cas la troisième membre du gouvernement la plus populaire, derrière Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, d’après l’institut Ipsos. 

Marine Tondelier réélue sans surprise à la tête des Ecologistes

Malgré les critiques internes, la patronne des Écologistes Marine Tondelier a été réélue samedi à la tête du parti, plébiscitée par une large majorité des adhérents, et sera donc à la manoeuvre pour les municipales et la présidentielle, après l’échec cinglant aux Européennes.L’élue d’Hénin-Beaumont, qui a explosé médiatiquement ces dernières années, a été élue, dès le premier tour, avec 73% des voix, sur un total de 6.700 votants parmi les près de 14.000 adhérents invités à voter.Malgré des reproches sur sa gestion de l’affaire Julien Bayou, et l’échec cinglant des Européennes (5,5%), elle arrive loin devant ses trois concurrents, moins connus: l’ex-eurodéputée Karima Delli (13%), le maire-adjoint de Paris Florentin Letissier (8%) et l’adjointe à la mairie de Bordeaux Harmonie Lecerf-Meunier (6%), proche de la députée Sandrine Rousseau. Lors d’une visioconférence, Marine Tondelier, à la tête de la formation écologiste depuis décembre 2022, s’est dite “très très fière de ce résultat qui témoigne d’une confiance des militants”. Un résultats à 73% “avec trois concurrents en face, c’est quand même, je pense, assez rare dans la vie des partis”, s’est-elle félicitée.La députée Sandrine Rousseau, très critique de la gestion du parti, se retrouve évincée du bureau politique en raison d’une modification du quota des représentants franciliens dans cette instance.Le maire de Grenoble Eric Piolle, qui visait un poste de porte-parole, contre la volonté de Marine Tondelier, est, lui, en ballotage et devra en passer par un deuxième tour.  Les adhérents étaient invités à voter, de mercredi à vendredi, pour la secrétaire nationale, mais aussi pour le secrétariat exécutif (6 personnes), et pour le bureau politique (12 personnes). Les opposants de Marine Tondelier ont dénoncé ces dernières semaines une récente modification des règles électorales, visant à les simplifier, mais qui au final, selon eux, les a complexifiées et a surtout été destinée à servir la secrétaire nationale. “Nous aurions fait des résultats peut-être même plus importants avec les anciennes règles”, a-t-elle rétorqué.La patronne des Ecologistes, à l’emblématique veste verte, soutenue notamment par les ex-candidats à la présidentielle Yannick Jadot, Noël Mamère et Eva Joly, ainsi que par une majorité de maires écologistes, l’emporte dans toutes les instances du parti.Sa liste gagne notamment la quasi-totalité du secrétariat exécutif (composé de deux secrétaires nationaux adjoints, deux porte-parole et un trésorier).- “digne de LFI” -Au total, sa liste obtient par ailleurs huit des douze postes du bureau politique.De même, dix des onze membres du Comité électoral lui sont rattachés. “C’est digne de LFI. Celles et ceux qui n’ont pas soutenu Tondelier peuvent tranquillement abandonner leurs ambitions législatives ou partir ailleurs”, dénonce un écologiste.Marine Tondelier avait déjà remporté la semaine dernière un premier vote sur la désignation d’une partie des membres du conseil fédéral, sorte de Parlement du parti. Alors que ses opposants soulignent qu’elle n’y a obtenu qu’une majorité relative, la secrétaire nationale rétorque qu’elle a néanmoins la minorité de blocage.  “Marine Tondelier élimine les gens pour être la seule candidate possible en 2027”, accuse l’écologiste.Celle qui a émergé médiatiquement au moment de la dissolution de l’Assemblée nationale, en se posant en trait d’union de la gauche, se défend de toute ambition présidentielle. “Le nombre de candidats à gauche commence à ressembler au métro aux heures de pointe”, regrettait-elle récemment. Mais ses partenaires ne sont pas dupes. “Bien sûr qu’elle veut y aller”, souffle un député socialiste, tandis que Manuel Bompard, coordinateur de LFI, estime “qu’il y a une part de positionnement tactique chez Marine Tondelier dans son rôle de trait d’union de la gauche”.Dernière étape du congrès, un nouveau vote est prévu du 24 au 26 pour désigner la dernière partie du conseil fédéral, avant une “convention d’investiture” le 26 à Pantin.Marine Tondelier devrait y poser des jalons sur sa stratégie pour les municipales et la présidentielle. Elle a d’ailleurs expliqué qu’elle n’était “pas contre” une primaire pour 2027,  mais que la question était “prématurée”.

Marine Tondelier réélue sans surprise, dès le premier tour, à la tête des Ecologistes

Marine Tondelier a été réélue sans surprise samedi, dès le premier tour, à la tête des Ecologistes par les militants, a annoncé la direction du parti. Largement favorite, l’élue d’Hénin-Beaumont, qui a explosé médiatiquement depuis près de trois ans, a été réélue avec 73% des voix, sur un total de 6.700 votants (et 49% de participation). Son courant arrive en tête de toutes les instances du parti. “On est très très fiers de ce résultat qui témoigne d’une confiance des militants. C’est un premier tour à 73% avec trois concurrents en face. C’est quand même, je pense, assez rare dans la vie des partis”, s’est-elle félicitée lors d’un point presse en visioconférence.La députée Sandrine Rousseau, qui briguait un poste au sein du bureau politique, n’a pas réussi à y entrer, et le maire de Grenoble Eric Piolle, qui vise un poste de porte-parole, devra, lui, en passer par un second tour. Malgré des critiques internes l’accusant d’avoir verrouillé le parti, d’avoir mal géré l’affaire Julien Bayou, et lui reprochant l’échec cinglant des Européennes (5,5%), Marine Tondelier arrive loin devant ses trois concurrents, moins connus: l’ex-eurodéputée Karima Delli (13%), le maire-adjoint de Paris Florentin Letissier (8%), Harmonie Lecerf Meunier (6%), adjointe à Bordeaux (6%) et proche de Sandrine Rousseau.Ses opposants ont dénoncé ces dernières semaines une récente modification des règles électorales, visant à les simplifier, mais qui au final est apparue, selon eux, très complexe et surtout destinée à servir la secrétaire nationale. A la tête de la formation écologiste depuis décembre 2022, Marine Tondelier avait déjà remporté la semaine dernière un premier vote sur la désignation d’une partie des membres du conseil fédéral, sorte de Parlement du parti. Mais dans cette instance, elle n’a obtenu qu’une majorité relative, ont souligné ses opposants.Dernière étape du congrès écologiste, un nouveau vote est prévu du 24 au 26 pour désigner notamment la dernière partie du conseil fédéral, avant une “convention d’investiture”, le 26, à Pantin (Seine-Saint-Denis).Â