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A huit jours de sa probable chute, Bayrou refuse de faire ses adieux et creuse son sillon sur la dette

“Continuons le combat”, a-t-il dit, en béarnais, en conclusion: François Bayrou a une nouvelle fois défendu ses choix budgétaires dimanche, n’entendant pas dire “au revoir” aux Français, comme l’y invitent la gauche et le RN, pressés de tourner la page de son gouvernement à la faveur du vote de confiance du 8 septembre.”Les jours qui vont venir sont cruciaux. Si vous imaginez que je peux abandonner les combats que je mène depuis des années et que je continuerai à mener après, vous vous trompez”, a-t-il lancé lors d’une interview assez décousue de près d’une heure et demi, depuis son bureau à Matignon, et retransmise sur les quatre chaînes d’information en continu. Le Premier ministre, qui a annoncé en début de semaine sa volonté de solliciter un vote de confiance de l’Assemblée sur la question budgétaire et multiplie les interventions depuis pour prendre à témoin les Français, a estimé que la “question” en jeu n’était pas “le destin du Premier ministre” mais celle du “destin de la France”.”Il n’y a aucune politique courageuse possible” sans “l’assentiment minimal des Français et de ceux qui les représentent” sur la dette, a-t-il plaidé, pour justifier le vote de confiance, se réjouissant “qu’on n’ait jamais parlé de ce sujet comme on en parle depuis huit jours”.”Si le gouvernement tombe, ça veut dire qu’on abandonnera la politique pour moi vitale pour le pays” pour une “autre” politique “plus laxiste”, “plus à la dérive”, a-t-il mis en garde.- “Bagarre” -Alors que M. Bayrou recevra à partir de lundi les chefs de parti qui le souhaitent, il s’est dit une nouvelle fois ouvert à la négociation “s’ils le veulent” sur les mesures les plus impopulaires de son plan d’économies de 44 milliards, comme la suppression de deux jours fériés.”Je pense que ça pourrait être un (jour) sans difficulté si on veut discuter”, a-t-il glissé.Mais il a écarté d’un revers de main les pistes mises sur la table par le Parti socialiste, “volontaire” pour lui succéder à Matignon, et qui a proposé un effort budgétaire deux fois moins important en 2026, passant par une hausse des recettes et une taxation des hauts patrimoines.”Les propositions du PS, ça veut dire qu’on ne fait rien” pour réduire la dette, a-t-il balayé.L’annonce par le Premier ministre d’un vote de confiance a surpris lundi, beaucoup soupçonnant le maire de Pau de vouloir prendre les devants d’une censure de son budget à l’automne et de choisir sa sortie. Le RN et la gauche ont immédiatement répondu qu’ils voteraient contre.”Le 8 septembre il devra partir. (…) Le seul mot que j’attends de lui maintenant, c’est de dire au revoir”, a martelé dimanche le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.”Olivier Faure qu’est-ce qu’il veut ? il veut être à Matignon”, a rétorqué M. Bayrou, disant que son entretien n’est “sûrement pas un au revoir”.S’il est renversé, le maire de Pau, âgé de 74 ans, n’a pas l’intention de disparaître du paysage. “Quand vous êtes renversé (…) commence le militantisme, commence la bagarre (…) commence la rencontre avec les Français”, a-t-il déclaré en refusant d’exclure une nouvelle candidature à la présidentielle. Au sein de la classe politique, peu de réactions à l’interview de M. Bayrou dimanche soir. “La tournée d’adieu de François Bayrou s’éternise et devient pire à chacune de ses représentations”, a cinglé le président de la commission des Finances de l’Assemblée, Eric Coquerel (LFI). M. Faure a évoqué un entretien “pathétique et crépusculaire”, tandis que le vice-président du RN Sébastien Chenu a vu un “Premier ministre naufragé, au bout du rouleau”.- “Suicide collectif” -La chute probable de M. Bayrou lundi prochain ouvre une nouvelle période d’incertitude, avec Emmanuel Macron en première ligne, dans un contexte social éruptif.Le chef de l’Etat, sommé par le RN et LFI de démissionner ou de dissoudre l’Assemblée nationale, va sans doute devoir dans l’immédiat se mettre en quête d’un nouveau Premier ministre. Les noms de Catherine Vautrin, Sébastien Lecornu, Gérald Darmanin ou Xavier Bertrand circulent à nouveau.Plusieurs ténors du gouvernement se sont alarmés de la situation politique dimanche. “Voulons-nous d’un suicide collectif, pas pour le gouvernement, mais pour le pays?”, a ainsi demandé l’ancien Premier ministre Manuel Valls, invitant chacun à “trouver la voie du dialogue et du compromis”.Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a de son côté appelé les partis de gouvernement à la responsabilité, à l’heure où la “stabilité” des institutions est en jeu, citant LR et le PS, “un grand parti de gouvernement”. “La France a besoin d’un budget dans les temps”, face à une situation financière qui n’est “pas critique, mais tout de même préoccupante”, a de son côté mis en garde le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici.

Darmanin, entre mise en garde et conseils de méthode, avant le 8 septembre et au delà

Gérald Darmanin a mis en garde dimanche, lors de sa rentrée politique à Tourcoing (Nord), contre “l’instabilité” politique avant le vote de confiance du 8 septembre, disant craindre pour “les institutions du général De Gaulle” et adressant des signes d’ouverture au PS.Il n’y a pas eu, contrairement à l’habitude, de nombreuses propositions dans le discours de clôture du Garde des Sceaux dans son fief du Nord. La faute à l’instabilité politique et à la grande précarité du gouvernement avant l’épreuve parlementaire du 8 septembre.Il n’y eut guère non plus de références aux tables rondes organisées tout au long d’une journée parfois pluvieuse au jardin botanique de la ville, consacrées à la parentalité, à la santé mentale et à “l”assignation à résidence sociale”, pour cette rentrée organisée par son parti, Populaires.Pas davantage de déclaration de candidature à l’élection présidentielle, un bruit qui courait depuis plusieurs jours dans le monde politique, démenti la veille par l’entourage de M. Darmanin.Ni d’acte de candidature trop explicite pour Matignon dans le cas, probable, où le gouvernement Bayrou viendrait à être renversé, la même source assurant que le ministre de la Justice n’était “pas dans cette optique” et souhaitait avant tout rester Place Vendôme.Mais, néanmoins, quelques avertissements aux oppositions, et quelques pistes politiques pour la suite des opérations.”Bien sûr, ce gouvernement doit faire des efforts, doit tendre la main, doit peut être modifier — le Premier ministre l’a dit lui même — un certain nombre de propositions. Mais quel coup, quel abîme, quel hématome que de jouer au jeu politique de l’instabilité institutionnelle”, a déclaré M. Darmanin devant quelques centaines de personnes (1.500 selon les organisateurs).”Lundi prochain se jouent en partie les institutions du général De Gaulle. Si nous retombons dans l’instabilité de la Quatrième République (…) alors ce sont les institutions du général de Gaulle, nos institutions, (…) qui potentiellement seront remises en cause”, a estimé M. Darmanin.- “Empathie sociale” -“La France, qui est un immense pays avec un immense peuple, est tout à fait capable de relever ce défi, à condition que nous soyons responsables”, a-t-il dit, s’adressant au Parti socialiste, “un grand parti d’opposition responsable”, mais aussi aux Républicains (LR), son ancienne formation, “dont on n’imagine pas un seul instant qu’ils ne puissent pas soutenir le gouvernement”.”L’écueil de Bayrou, comme Barnier, c’est de ne pas avoir choisi avec qui négocier la non-censure. Aujourd’hui c’est avec le PS qu’il faut discuter”, appuie un de ses proches.La tâche semble quasi-impossible pour François Bayrou, le premier secrétaire du PS Olivier Faure ayant réaffirmé dimanche l’intention des socialistes de voter contre la confiance. Mais la méthode pourra être employée pour son successeur.Pour l’élu du Nord, “gaulliste social” revendiqué, “tout le monde doit faire des efforts. Les élus, sans doute, les gens qui ont de l’argent, bien sûr, les entreprises évidemment, mais aussi tous ceux qui doivent travailler davantage”.”Peut-être que l’empathie sociale est désormais l’enjeu des prochains mois et, je l’espère, des prochaines années”, a lancé celui qui a, à plusieurs reprises, souhaité une “inflexion sociale” de l’exécutif et critiqué le côté technocratique de la macronie, qu’il a rejointe en 2017.”Gérald Darmanin incarne la justice sociale qui n’est pas la revanche fiscale et qui est compatible avec la politique de l’offre menée par Emmanuel Macron”, a plaidé auprès de l’AFP l’un de ses proches, le député Renaissance Mathieu Lefèvre. Un bon CV pour Matignon ?Sept collègues du gouvernement avaient fait le déplacement, dont le ministre des Armées et ami de longue date, Sébastien Lecornu, pour cette troisième rentrée de Tourcoing.Ayant pris quelque distance avec Renaissance désormais dirigé par Gabriel Attal, proche d’Edouard Philippe mais parfois critique de sa démarche, M. Darmanin ne fait pas mystère de son intention de présenter un projet en vue de 2027.Il a par ailleurs indiqué à La Voix du Nord qu’il serait candidat aux élections municipales, en tête de liste ou en numéro deux derrière sa successeure Doriane Bécue. Décision définitive en janvier.

Pour Bayrou, “la question” du 8 septembre n’est “pas le destin du Premier ministre” mais “le destin de la France”

François Bayrou a estimé dimanche, lors d’un entretien accordé aux quatre chaînes d’information en continu, que la “question” en jeu lors du vote de confiance du 8 septembre n’était pas “le destin du Premier ministre” mais celle du “destin de la France”.”Si le gouvernement tombe, comme (les oppositions) le souhaitent, comme ils l’annoncent (…) eh bien ça veut dire qu’on changera de politique. On abandonnera ou on abandonnerait la politique pour moi vitale pour le pays” pour une “autre” politique “plus laxiste”, “plus à la dérive”, a plaidé le Premier ministre.Cet entretien accordé à franceinfo, LCI, BFMTV et Cnews n’est “sûrement pas un au revoir”, a lancé M. Bayrou, alors que le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a déclaré dimanche “irrévocable” la décision des socialistes de refuser la confiance, ajoutant qu’il était temps pour le chef du gouvernement de dire “au revoir”.”Olivier Faure qu’est-ce qu’il veut ? il veut être à Matignon”, a-t-il balayé.”Je pense précisément que les jours qui vont venir sont cruciaux”. Et “si vous imaginez que je peux abandonner les combats que je mène, que je mène ici, que je menais avant, depuis des années et que je continuerai à mener après, vous vous trompez”, a-t-il insisté.”La quasi totalité des Français sait parfaitement qu’un pays endetté, c’est un pays qui n’a plus sa souveraineté, qui n’a plus la liberté”, a martelé le chef du gouvernement, qui a provoqué la surprise en annonçant, lundi, qu’il demanderait le 8 mars un vote de confiance de l’Assemblée nationale, en soutien de sa politique budgétaire.Les oppositions, Rassemblement national et Parti socialiste compris, ont immédiatement annoncé refuser la confiance.

Vote de confiance: Valls appelle à éviter un “suicide collectif”

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a appelé dimanche les forces politiques à éviter “un suicide collectif” et à “trouver la voie du dialogue et du compromis” en amont du vote de confiance demandé par François Bayrou le 8 septembre.”Voulons-nous d’un suicide collectif, pas pour le gouvernement, mais pour le pays?”, a lancé l’ancien Premier ministre de François Hollande sur France Inter, comparant la situation des forces politiques françaises à un “dilemme du prisonnier”. “Tout le monde veut discuter, tout le monde veut s’en sortir, mais les intérêts de chacun, en l’occurrence de chaque formation politique, vont à l’encontre, vont contre l’idée de trouver un chemin et un accord”, a-t-il estimé.Manuel Valls avait déjà appelé vendredi à un “compromis allant des socialistes jusqu’aux républicains (LR), en passant par le bloc central” pour éviter “une crise de régime”, brandissant la menace pour le PS, son ancien parti, d’être “balayé” en cas de dissolution. Il a, à nouveau, soutenu dimanche que des élections législatives anticipées “amèneraient incontestablement le Rassemblement national à un niveau jamais atteint et peut-être même à la majorité absolue”. “Ça, je ne le veux pas, et donc de toutes mes forces, j’appelle tout le monde à se ressaisir et à trouver la voie du dialogue et du compromis”, a-t-il déclaré, ajoutant qu'”il n’y a pas d’autre solution”.Au même moment, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a souligné sur BFMTV la décision “irrévocable” de son parti de voter contre la confiance au gouvernement, et renouvelé sa demande au président Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre de gauche. 

Pour Bardella, dissolution ou démission de Macron, “pas d’autre solution” que des élections

“On ne peut pas tenir deux ans comme cela”: le président du Rassemblement national Jordan Bardella a déclaré samedi ne “pas voir d’autre solution” pour Emmanuel Macron que de se “tourner vers les Français” en organisant de nouvelles législatives ou en démissionnant.”Nous avons besoin que le président de la République sorte le pays de l’impasse, assume sa responsabilité et revienne devant les Français, soit par l’intermédiaire d’une nouvelle dissolution – et cela sous entend que le résultat du premier tour des élections législatives soit respecté et que le second tour des élections puisse se jouer à la loyale – ou qu’il en tire les conséquences et qu’il démissionne”, a déclaré M. Bardella sur BFMTV.Emmanuel Macron a réaffirmé vendredi son intention d’exercer son mandat  jusqu’à son terme en 2027, et a qualifié de “politique fiction” le scénario d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, malgré le risque très élevé de voir le gouvernement Bayrou tomber le 8 septembre lors d’un vote de confiance.”Le fait de ne pas vouloir dissoudre l’Assemblée nationale au moment où on se parle ne veut pas dire qu’il n’y soit pas contraint à un moment donné, tant les blocages pourraient subsister au sein du Parlement”, avait estimé M. Bardella un peu plus tôt devant la presse avant d’entamer une visite de la Foire de Châlons-en-Champagne.”Il est évident que dans la situation actuelle, je ne vois aucune autre solution que de se tourner vers les Français. On ne peut pas tenir deux ans comme cela. Ce n’est pas possible”, a-t-il insisté.Les deux chefs de file du RN ont accepté de rencontrer mardi à Matignon le chef du gouvernement pour des consultations avant le vote de confiance à l’Assemblée.”Nous dirons à François Bayrou ce que je vous dis là, mon discours ne variera pas, celui de Marine Le Pen non plus”, a-t-il assuré.En cas de dissolution, Jordan Bardella n’exclut pas d’être candidat aux législatives et de quitter son mandat de parlementaire européen.”Ma décision n’est pas prise. Je suis aujourd’hui le président de notre famille politique et je serai là où je peux être utile à la fois pour mon mouvement politique et évidemment pour mon pays”, a-t-il déclaré.Dans un premier temps Il a affirmé qu’il n’accepterait d’être Premier ministre que si le RN obtenait “289 députés”, soit la majorité absolue à l’Assemblée pour “composer non seulement une majorité stable d’alternance, mais également un gouvernement”. Avant de nuancer ensuite ses propos car “il faudra voir s’il peut y avoir des accords au sein de la nouvelle Assemblée nationale avec de potentiels alliés”.Des alliés qui ne seront pas les actuels dirigeants de LR selon M. Bardella qui “ne pense pas que les Français aient envie de voir Monsieur Wauquiez demain ministre d’un gouvernement du Rassemblement national”.

François Ruffin demande la démission d’Emmanuel Macron

Le député François Ruffin (ex-LFI) a réclamé samedi la démission d’Emmanuel Macron, “dernier verrou” à “un changement d’orientation de politique dans le pays”, à l’issue d’un meeting commun avec les Unitaires organisé à Châteaudun (Eure-et-Loir).”Avant même de parler de coalition”, la “grande question c’est: qui doit payer? pour ce chaos budgétaire et politique”, a lancé François Ruffin. “Les retraités, les salariés, les malades de longue durée ou les grands PDG et les rentiers ?”.Face à “l’impasse budgétaire”, M. Macron “a perdu toute légitimité et le premier à devoir remettre son mandat en jeu, c’est lui”. Il est le “dernier verrou”, a-t-il indiqué.”J’appuierai toute personne qui épousera cette autre direction: demander de faire les efforts à ceux qui ont les poches pleines” et trouver “une autre direction”.”Notre grande affaire, c’est d’ouvrir un horizon, une espérance pour la France”, a martelé M. Ruffin. “Notre grande affaire, ce n’est pas de faire détester tel ministre, ce n’est pas de faire détester la police, ce n’est pas de faire détester le Parti socialiste”, mais “de nous faire aimer”.Face au “spectre d’une dissolution” après l’annonce du Premier ministre François Bayrou de se soumettre à un vote de confiance le 8 septembre, François Ruffin, député de la Somme, a assuré être “prêt”, “motivé” et avoir un “plan” en cas de dissolution.M. Bayrou “met sa tête sur le billot et en même temps nous demande de la pitié”, a fustigé celui qui avec son nouveau mouvement Debout!, déclinaison nationale de son micro-parti Picardie Debout, ne cache pas son envie de se présenter à la présidentielle.”Il y a une tension qui est naissante, possible, entre l’orientation du Rassemblement national et les intérêts de son électorat populaire”, a-t-il en outre ajouté à la tribune, ajoutant avoir “des arguments qu’on peut tenir qui sont très concrets”.Samedi, François Ruffin était accompagné lors de cette rentrée politique commune de L’Après (le parti des ex-Insoumis) et de Générations, fondé par Benoît Hamon. Clémentine Autain, Lucie Castets ou l’ancien ministre de l’Education nationale Benoît Hamon étaient notamment présents, avec l’unité comme volonté commune, soutenue par 2.500 militants présents.

“Boomers”, jeunes ? Édouard Philippe “n’adhère pas” à “la lutte des âges”

Édouard Philippe a pris ses distances samedi avec les récentes déclarations de François Bayrou sur les jeunes, selon lui principales victimes de l’endettement, et sur le “confort” des “boomers”, expliquant qu’il n’adhérait pas à la “lutte des âges”.”Vous avez tout à l’heure évoqué le sujet de cette France qui ferait une place trop limitée ou trop inconfortable à sa jeunesse (…) et vous n’avez pas tort”, a déclaré M. Philippe lors du Congrès des Jeunes Horizons, à Sucy-en-Brie (Val-de-Marne).Cependant, “je ne crois pas du tout qu’on puisse faire quoi que ce soit de grand en France en segmentant ou en antagonisant une partie de la population. Je n’ai pour ma part jamais adhéré à la lutte des classes. Je n’adhère pas plus à la lutte des âges”, a ajouté l’ancien Premier ministre.”Je n’accuse pas les boomers d’égoïsme” alors que ceux-ci “constituent la première génération qui, arrivant à la retraite, doit souvent prendre à sa charge la situation (…) de leurs parents”, a-t-il développé.”Donc ne rentrons pas dans une espèce de querelle des âges et pensons à ce que nous pouvons faire pour que la France fonctionne mieux plutôt qu’à ce que nous pouvons dire, pour que telle ou telle catégorie de Français aient des raisons objectives de se retourner contre telle ou telle autre catégorie de Français. Ça ne marche pas comme ça. Ça n’est pas comme ça qu’il faudrait une nation, nous le savons bien”, a conclu le président d’Horizons.M. Philippe a par ailleurs jugé nécessaire, pour stabiliser la situation politique, que les partis “de gouvernement” se parlent non dans “un esprit de ligne rouge” mais “de discussion”.”Quant aux décisions qui permettront à la France d’aller beaucoup mieux, elles relèvent d’un débat public de fond. Elles relèvent d’une élection présidentielle, elles relèvent d’une majorité qui permettra de les mettre en œuvre. Et aujourd’hui, elles sont inatteignables”, a ajouté le candidat déclaré à l’Elysée.Les Jeunes Horizons ont rassemblé environ 700 personnes pour leur évènement de rentrée et publieront prochainement leurs propositions.Leur présidente, Marine Cazard, a parlé dans son intervention des “jeunes qui sont fatigués dans notre société”. “On nous demande d’être une nation puissante mais 20 % des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté. On nous demande de réarmer démographiquement la France, mais il n’y a pas de place en crèche. On nous demande de sécuriser l’avenir mais on n’accède pas à la propriété. On nous demande de bosser plus mais le travail ne paie pas”, a-t-elle dit.

Le PS, volontaire pour gouverner, présente son budget alternatif

Le Parti socialiste, “volontaire” pour prendre la relève de François Bayrou et gouverner la France, a présenté samedi ses propositions budgétaires, prévoyant de réduire le déficit de 21,7 milliards d’euros en 2026 et de suspendre immédiatement la réforme des retraites, au dernier jour des universités d’été du parti à Blois.Ce plan, élaboré durant l’été, doit permettre de crédibiliser la démarche des socialistes, qui ne voteront pas la confiance à François Bayrou le 8 septembre, le condamnant vraisemblablement à être renversé.”La bonne nouvelle dans cette période, c’est qu’un autre chemin existe pour répondre à l’urgence”, a déclaré le président du groupe PS à l’Assemblée, Boris Vallaud, en présentant les grandes lignes de ce projet, qui s’écarte des propositions du Nouveau Front populaire lors des législatives de l’été 2024.Le plan prévoit de réduire le déficit de 21,7 milliards d’euros 2026, deux fois moins que les 44 milliards proposés par le Premier ministre François Bayrou, avec 14 milliards d’économies “sans mettre à contribution les travailleurs et les services publics”, et 26,9 milliards de recettes nouvelles, pesant “d’abord sur les grandes fortunes”.Il ambitionne de réduire le déficit à 5% en 2026, contre 4,6% visé par le gouvernement, et propose de descendre sous la barre symbolique des 3% à l’horizon 2032 plutôt qu’en 2029.19,2 milliards seraient consacrés à l’investissement, au soutien au pouvoir d’achat et au financement de la suspension immédiate de la réforme des retraites, le PS promettant à nouveau le retour de l’âge de départ à 62 ans contre 64 aujourd’hui.Le parti à la rose propose une baisse ciblée de la CSG (contribution sociale généralisée) pour les salaires jusqu’à 1,4 Smic, compensée par la création d’une taxe de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros, inspirée par l’économiste Gabriel Zucman et censée rapporter 15 milliards d’euros.- “On le cloue tout de suite” -Dans son discours, M. Vallaud a promis, si la gauche est nommée à Matignon, de se tourner “vers les députés qui ont été élus dans l’élan de front républicain” pour trouver une majorité. Ce n’est pas le budget “de nos rêves”, a souligné le premier secrétaire Olivier Faure devant la presse, mais un budget “de gauche”, qui “peut éventuellement trouver une majorité”, “sans renoncement aux grands principes qui sont les nôtres”. Signe de la bonne volonté des socialistes à l’égard de l’ancienne majorité: le député PS Philippe Brun a promis qu’ils reprendraient à leur compte “les propositions du rapport de René Dosière visant à mettre fin à un certain nombre d’avantages indus”. L’ex-député PS s’est vu confier une mission sur ce thème par M. Bayrou fin août.Olivier Faure avait semblé vendredi soir faire acte de candidature pour Matignon, affirmant que les socialistes étaient “volontaires pour être les suivants”. Mais consigne a été donnée de ne pas lâcher de noms. “Qu’il (Emmanuel Macron, ndlr) le nomme parmi nous, la gauche et les Ecologistes”, a dit M. Faure samedi, “on se pliera à son choix”.Le socialiste souhaite un gouvernement “de Ruffin à Glucksmann”, sans LFI. Les Ecologistes, les ex-Insoumis et Générations plaidant de leur côté pour une union identique à celle du Nouveau Front populaire (NFP) de 2024, Insoumis inclus.Mais ces derniers ne sont pas dans cette optique et réclament avant tout la démission de M. Macron. Si le président “choisit un type” pour remplacer M. Bayrou, “on le cloue tout de suite”, a averti Jean-Luc Mélenchon vendredi, exigeant “une élection présidentielle anticipée”.”Le président de la République étant le verrou, c’est le premier qui devrait partir”, a aussi estimé samedi sur BFMTV l’ex-LFI François Ruffin.- “Stabilité” -Le chef des députés LR, Laurent Wauquiez, a invité samedi les socialistes à clarifier “une bonne fois pour toute leur position”, et à “s’engager à ne plus jamais faire d’alliance avec cette gauche anti-républicaine”.En déplacement à Châlons-en-Champagne, le président du RN Jordan Bardella a pour sa part de nouveau appelé à un retour aux urnes, estimant qu'”on ne peut pas tenir deux ans comme cela”. “Le véritable facteur de stabilité du pays, c’est nous !”, a-t-il revendiqué sur X.Alors que les oppositions semblent avoir déjà tourné la page, François Bayrou sera interviewé dimanche par les quatre chaînes d’information du pays pour défendre son action, avant des consultations à Matignon avec les partis politiques à partir de lundi. Le PS sera reçu jeudi.

Ukraine : Macron et Merz dénoncent la mauvaise volonté de Poutine et veulent des sanctions supplémentaires

Paris et Berlin ont appelé vendredi à des “sanctions supplémentaires” contre la Russie face au refus de Vladimir Poutine de rencontrer Volodymyr Zelensky pour trouver une issue à la guerre en Ukraine, contrairement à ce qu’il avait promis à Donald Trump.Le 18 août, le chef de l’Etat russe s’était “engagé auprès du président Trump” à rencontrer son homologue ukrainien, a affirmé le président français Emmanuel Macron au côté du chancelier allemand Friedrich Merz. Or si cette réunion bilatérale ne se déroule pas d’ici à lundi, “je crois qu’une fois encore, ça voudra dire que le président Poutine se sera joué du président Trump” et “ça ne peut pas rester sans réponse”, a-t-il jugé.Vladimir Poutine n’a “manifestement aucune volonté (…) de rencontrer le président Zelensky, il pose des conditions préalables qui sont tout simplement inacceptables”, a renchéri le chancelier allemand au cours d’une conférence de presse commune à l’issue d’un conseil des ministres franco-allemand à Toulon, dans le sud-est de la France.”Cela ne me surprend pas franchement car cela fait partie de la stratégie de ce président russe d’agir de cette manière”, a-t-il confié.- “Forcer” la Russie à discuter -En conséquence, Paris et Berlin ont assuré qu’ils pousseraient à l’adoption de sanctions supplémentaires contre la Russie.”Nous continuerons d’exercer la pression pour que des sanctions supplémentaire soient prises par nous-mêmes, et nous y sommes prêts, mais aussi par les Etats-Unis d’Amérique pour forcer la Russie à revenir autour de la table des discussions”, a souligné Emmanuel Macron.”En ce moment, les Etats-Unis discutent intensément d’autres taxes douanières, je serais très favorable à ce que le gouvernement américain prenne cette décision et l’applique également à d’autres pays dont le gaz et le pétrole financent une grande partie de l’économie de guerre russe”, a quant à lui dit le dirigeant allemand.Les deux hommes parleront chacun de leur côté au président américain “ce week-end”.Interrogé par un journaliste de l’AFP à la Maison Blanche sur les commentaires de M. Macron, le chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche, Stephen Miller, a déclaré qu’il était “absurde” de suggérer que M. Trump était manipulé par le président russe.M. Trump “a clairement indiqué dans ses déclarations publiques que sa priorité était de mettre fin aux tueries en Ukraine. Nous ne sommes pas un belligérant dans cette guerre, nous ne sommes pas partie prenante dans ce conflit, il s’agit d’une préoccupation humanitaire face aux morts massives qui ont lieu, ainsi que, bien sûr, au risque permanent d’escalade et de spirale”, a-t-il ajouté.Le président américain Donald Trump “continue à travailler avec des responsables ukrainiens et russes en vue d’une rencontre bilatérale” visant à “arrêter la guerre”, a encore indiqué une haute responsable de la Maison Blanche à l’AFP.- Encore de “nombreux mois” de guerre -Les déclarations de MM. Macron et Merz ont fait écho au chef de l’Etat ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui a appelé la veille au cours d’une visioconférence des dirigeants européens à “maintenir la pression” en vue d’une rencontre au sommet entre l’Ukraine et la Russie.Les frappes de grande ampleur sur Kiev dans la nuit de mercredi à jeudi rappellent selon M. Zelensky l’urgence d’agir. Ces bombardements ont coûté la vie à au moins 25 personnes, dont quatre enfants, selon le dernier bilan.D’après Friedrich Merz, “cette guerre pourrait encore durer de nombreux mois”. “Nous devrions en tout cas nous y préparer. Nous sommes prêts”, a-il affirmé vendredi.”Maintenir cette +Coalition des volontaires+” est une donc une “priorité” du couple franco-allemand, a-t-il observé.MM. Merz et Macron auront la semaine prochaine une réunion avec leurs homologues de la trentaine de pays prêts à apporter des garanties de sécurité à l’Ukraine, pour éviter une reprise du conflit une fois que celui-ci aura pris fin.D’ici là, dans une déclaration commune, Paris et Berlin ont annoncé leur intention de fournir davantage de défense antiaérienne à l’Ukraine, “au regard des frappes russes massives” sur ce pays ces dernières semaines.Le président français s’est par ailleurs défendu d’être “grossier ou vulgaire”, comme l’en accuse Moscou pour avoir qualifié Vladimir Poutine d'”ogre”. Il a réfuté toute insulte mais défendu ces qualificatifs, évoquant un “homme qui a décidé d’aller vers une dérive autoritaire, autocratique et de mener un impérialisme révisionniste”, à savoir de vouloir modifier les “frontières internationales”.

Le PS “volontaire” pour remplacer Bayrou à Matignon

Les socialistes ne voteront pas la confiance à François Bayrou et sont “volontaires pour être les suivants” à Matignon, a affirmé vendredi Olivier Faure, renvoyant la balle à un Emmanuel Macron qui pense encore qu’un compromis sur le budget n’est “pas insurmontable” d’ici au 8 septembre.C’est toujours non: “Nous n’accorderons pas notre confiance à ce gouvernement” et à son budget “inacceptable”, a répété le patron du PS lors des universités d’été de son parti à Blois, se posant ouvertement en alternative.”Nous sommes volontaires pour être les suivants”, a-t-il lancé, mettant sur la table “une autre manière de gouverner” avec “l’engagement de ne pas utiliser le 49-3, ce qui mécaniquement nous obligera à trouver des compromis texte par texte”.Perche tendue au chef de l’Etat, à qui “il appartient désormais de répondre à cette proposition”, car “c’est à lui seul de nommer un Premier ministre”, a-t-il ajouté.Un scénario qui écarte a priori l’hypothèse d’une nouvelle dissolution, que M. Macron a un peu plus tôt qualifié de “politique fiction”, jugeant au contraire qu’un compromis sur le budget n’est “pas insurmontable” d’ici au 8 septembre.Exhortant les partis politiques à trouver “des chemins d’accord”, il a de nouveau apporté son soutien à M. Bayrou, qui a eu “raison de mettre en responsabilités les forces politiques face à l’endettement du pays”.A ceux qui anticipent la chute du Premier ministre et réclament déjà son départ, le locataire de l’Elysée a fermement exclu de démissionner: “Le mandat qui m’a été confié par les Français (…) sera exercé jusqu’à son terme”, a-t-il prévenu.- “Un autre chemin” -Inaugurant la Foire de Châlons-en-Champagne vendredi matin, François Bayrou a livré un nouveau plaidoyer, au nom d’une jeunesse réduite en “esclavage” par la dette, pour justifier sa décision de demander la confiance de l’Assemblée sur l’état des finances publiques et l’ampleur de l’effort à accomplir en 2026.Le Premier ministre, qui multiplie les prises de parole depuis le début de la semaine, donnera encore dimanche à 18H00 une interview aux quatre chaînes d’information en continu. Avec le mince espoir d’enrayer sa chute probable.Car, outre le PS, les autres partis de gauche et le Rassemblement national ont déjà annoncé qu’ils voteraient contre la confiance.C’est d’ailleurs “pour lui redire” qu’ils proposent “un autre chemin et une autre méthode” que les socialistes iront la semaine prochaine à Matignon, où M. Bayrou a invité tous les chefs de partis.Mais La France insoumise et les Ecologistes ont refusé de se rendre à ces consultations de la dernière chance. Contrairement aux communistes, qui seront reçus lundi après-midi, avant Jordan Bardella et Marine Le Pen pour le RN mardi matin.Les membres de la coalition gouvernementale (LR, Renaissance, Horizons) suivront mardi après-midi, puis les plus petits groupes parlementaires (UDR, Liot, UDI) mercredi et jeudi.Malgré un rapport de forces défavorable, M. Bayrou a encore reproché vendredi à ses opposants de vouloir “la chute du gouvernement, et après (…) le désordre et le chaos”.D’autant que la rentrée sociale s’annonce agitée, avec le 10 septembre le mouvement “Bloquons tout” né sur les réseaux sociaux, puis la journée de mobilisation du 18 à l’appel des syndicats contre “le musée des horreurs du projet de budget”.- “Opportunistes” -En réponse au discours alarmiste du Premier ministre, le PS doit dévoiler samedi ses propres pistes budgétaires, avec un effort bien inférieur aux 44 milliards d’euros portés par M. Bayrou, et reposant d’abord sur les plus riches et les grandes entreprises.Le parti à la rose espère bien “embarquer” avec lui ses partenaires: Ecologistes, communistes, ex-Insoumis, Générations, tous représentés à Blois.A priori les Verts en seront, puisque leur cheffe Marine Tondelier répète à l’envi qu’Emmanuel Macron “n’a pas d’autre choix que de nous nommer”.En revanche, le patron de Place publique Raphaël Glucksmann reste un peu en marge de ce rassemblement des gauches hors LFI, et semble vouloir jouer sa partition seul, avec pour objectif la présidentielle de 2027.Quant aux Insoumis, avec qui les relations sont exécrables, les plus optimistes les voient en “soutien sans participation”.Option balayée par Jean-Luc Mélenchon: “Nous ne soutiendrons aucun autre gouvernement que le nôtre”, a tonné le leader de la France insoumise lors d’une conférence à Paris vendredi soir, raillant au passage les “opportunistes qui sortent de sous les cailloux pour dire +je veux être Premier ministre+”.Si M. Macron “choisit un type” pour remplacer M. Bayrou, “on le cloue tout de suite”, a-t-il ajouté, affirmant que “le but, c’est qu’il s’en aille et qu’on ait une élection présidentielle anticipée”.caz-bpa-far-gbh/hr/cbn