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Macron donne à Lecornu, démissionnaire, 48 heures pour “d’ultimes négociations”

Emmanuel Macron a donné lundi à Sébastien Lecornu, Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, 48 heures pour des négociations de la dernière chance, laissant planer la menace de dissolution en cas d’échec.Ces ultimes tractations ont été accueillies froidement jusque dans le camp présidentiel.”Il y a des décisions qui donnent le sentiment d’une forme d’acharnement à vouloir garder la main”, a taclé le secrétaire général du parti Renaissance Gabriel Attal au 20 heures de TF1. L’ex-Premier ministre, balayé par la dissolution de 2024, a avoué qu’il “ne comprend plus les décisions” du chef de l’État et appelé à “partager le pouvoir”. Il a toutefois indiqué qu’il participerait aux “ultimes négociations”, annoncées par l’Elysée, “afin de définir une plateforme d’action et de stabilité pour le pays”.Sébastien Lecornu, qui dira au chef de l’Etat mercredi soir si un compromis est possible ou non, débutera ses nouvelles tractations mardi à 09H00 en recevant des dirigeants du “socle commun”, la fragile coalition entre le camp présidentiel et le parti de droite Les Républicains dont les signes d’implosion l’ont poussé à démissionner.Les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat seront aussi présents. Mais pas Bruno Retailleau, le président de LR et ministre démissionnaire de l’Intérieur, qui préfère des contacts bilatéraux avec Sébastien Lecornu, selon des sources de son parti.En cas de nouvel échec mercredi, Emmanuel Macron “prendra ses responsabilités”, a fait savoir son entourage, semblant laisser planer l’hypothèse d’une nouvelle dissolution. Il a précisé qu’en cas de succès, Sébastien Lecornu ne serait pas automatiquement renommé Premier ministre, son rôle se bornant à ce stade à dire si “des voies de compromis” sont encore possibles.- “Fin de règne” -“La fin de règne de la Macronie est interminable. Qu’ils s’en aillent tous!”, a réagi la cheffe des députés La France insoumise Mathilde Panot, quand la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a ironisé sur ce “monde politique en train de s’effondrer et qui s’accroche comme une moule à son rocher”.La journée avait commencé par un coup de tonnerre politique.Troisième Premier ministre désigné en un an depuis la dissolution de juin 2024, Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre, s’est rendu aux premières heures à l’Élysée pour remettre sa démission, quatorze heures seulement après avoir formé son gouvernement. Emmanuel Macron l’a d’abord formellement acceptée.”Les conditions n’étaient plus remplies” pour rester, a déclaré M. Lecornu un peu plus tard, regrettant “les appétits partisans” ayant conduit à sa démission. Une allusion claire au patron de LR Bruno Retailleau qui, dimanche soir, a précipité sa chute quelques heures après avoir accepté de rester au gouvernement.Le ministre de l’Intérieur démissionnaire a assuré qu’il ne se sentait “pas du tout” responsable de la crise. La veille, il s’était insurgé contre la composition de l’équipe Lecornu, critiquant notamment le retour, aux Armées, de l’ex-ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Ce dernier a renoncé à participer au gouvernement dans l’espoir de permettre “la reprise des discussions”.- Démission, dissolution ou cohabitation -Sébastien Lecornu a aussi regretté que son offre de renoncer à l’article 49.3 de la Constitution pour redonner la main au Parlement n’avait “pas permis” d’évacuer la menace d’une censure de la gauche et du Rassemblement national.Il s’agit du gouvernement le plus bref de la Ve République. Sa chute plonge la France dans une crise politique sans précédent depuis des décennies, aggravant l’impasse née de la dissolution.Le président de la République a peu de cartes dans sa main.Hormis cette mission de la dernière chance confiée à son fidèle soutien, il peut dissoudre une Assemblée figée en trois blocs comme le demande le RN, démissionner comme le voudrait LFI ou nommer un Premier ministre de gauche comme l’ont de nouveau réclamé écologistes et socialistes. Ou encore faire appel à une personne sans étiquette à la tête d’un “gouvernement technique”.- Censure “systématique” -Au RN, Marine Le Pen a jugé une dissolution “absolument incontournable” et estimé qu’une démission du chef de l’Etat serait “sage”.Dans la soirée, le parti d’extrême droite et ses alliés de l’UDR ont fait savoir, par la voix d’Eric Ciotti, qu’ils “censureront systématiquement tout gouvernement” jusqu’à la dissolution ou la démission du président. Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a lui demandé l’examen “immédiat” d’une motion de destitution d’Emmanuel Macron, “à l’origine du chaos”.Le patron des socialistes Olivier Faure, qui avait joué le jeu des négociations jusque-là et réclamait un nouveau vote parlementaire sur la réforme des retraites pour ne pas censurer, a demandé sur TF1 “un changement de cap” avec l’arrivée d’un “gouvernement de gauche” à Matignon.Face à ce nouveau rebondissement de la crise, la Bourse de Paris a terminé en baisse et sur le marché obligataire, le taux d’intérêt à dix ans passait au-dessus de celui de l’Italie. bur-lum-far-fff-sde/hr/dsa

Crise politique: Attal acte sa prise de distance d’avec Emmanuel Macron

Gabriel Attal, ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron et président du parti présidentiel Renaissance, a déclaré lundi que “comme beaucoup de Français” il “ne comprend plus les décisions” du chef de l’Etat, confirmant la nette prise de distances entre les deux hommes.”Je ne comprends plus les décisions du président de la République”, a-t-il asséné au 20H de TF1. “Il y a eu la dissolution. Il y a depuis des décisions qui donnent le sentiment d’une forme d’acharnement à vouloir garder la main”, a-t-il ajouté au soir de la démission de Sébastien Lecornu qui a jeté l’éponge lundi matin après l’implosion du “socle commun”, cette fragile coalition gouvernementale réunissant le centre et la droite.Gabriel Attal a cependant indiqué qu’il participerait aux discussions que va mener Sébastien Lecornu dans les prochaines 48 heures à la demande d’Emmanuel Macron.Le chef de l’Etat a en effet mandaté le Premier ministre démissionnaire pour conduire “d’ici mercredi soir, d’ultimes négociations afin de définir une plateforme d’action et de stabilité pour le pays”. Ces tractations, qui ne se traduiront pas nécessairement par une reconduction de Sébastien Lecornu, doivent commencer mardi matin à Matignon par une réunion destinée à recoller les morceaux au sein du socle commun.Gabriel Attal, qui avait dû quitter le poste de Premier ministre après la dissolution de l’Assemblée nationale de 2024, prône une nouvelle méthode pour sortir de la crise politique. Il a de nouveau plaidé pour la nomination d’un négociateur chargé de créer les conditions de la formation d’un gouvernement et insisté sur la nécessité de “partager le pouvoir”.-“Trois fois”-“Le président a essayé trois fois la même chose depuis un an. Je pense qu’on peut essayer autre chose”, a-t-il dit en référence aux nominations des trois derniers chefs du gouvernement Michel Barnier, François Bayrou et Sébastien Lecornu.”Ce que j’ai proposé après la chute du gouvernement de François Bayrou, avant la nomination de Sébastien Lecornu, c’est de changer de méthode et de mettre le quoi avant le qui, de se mettre autour de la table entre forces politiques autour d’un ou de plusieurs négociateurs indépendants pour arriver à un compromis sur le budget et ensuite nommer un gouvernement”, a-t-il expliqué.La dissolution de 2024 avait marqué le début de la mésentente entre Emmanuel Macron et son Premier ministre d’alors. Informé au dernier moment, laissé en dehors de la confidence, Gabriel Attal avait marqué son désaccord avec la décision du chef de l’Etat d’appeler à des élections anticipées.Depuis, il a pris les commandes du parti présidentiel Renaissance, de son groupe parlementaire, et il laisse nettement poindre ses ambitions pour l’élection présidentielle de 2027.”Ce qu’il faut faire aujourd’hui en France, c’est partager le pouvoir. Dans l’exécutif, mais aussi avec nos collectivités locales, avec les partenaires sociaux. Je crois que c’est ce qui est attendu”, a-t-il ajouté. 

Lecornu, la chute du soldat d’Emmanuel Macron réputé habile négociateur

Discret et réputé habile négociateur, fidèle soldat d’Emmanuel Macron, Sébastien Lecornu aura échoué à cimenter le socle commun de sa fragile coalition et à convaincre les oppositions de renoncer à le censurer, devenant le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. A peine plus d’une douzaine d’heures après l’annonce de son gouvernement, et avant même de passer la main aux Armées – portefeuille qu’il avait gardé – à Bruno Le Maire, Sébastien Lecornu , âgé de 39 ans, a remis lundi matin sa démission au président de la République, qui l’a acceptée, plongeant un peu plus la France dans la crise politique. La veille, Les Républicains menaçaient de quitter la coalition gouvernementale.De tous les gouvernements depuis la première élection d’Emmanuel Macron, il avait manqué de peu Matignon l’année dernière, mais y sera resté moins d’un mois (27 jours), soit le bail le plus court de la Ve République.En succédant à François Bayrou, il avait pourtant annoncé des “ruptures” sur la forme et sur le fond que les oppositions – et la droite dans les derniers jours – estimaient ne pas voir venir. Privé comme ses prédécesseurs de majorité, Sébastien Lecornu avait aussi promis d’être “plus créatif”, “plus sérieux dans la manière de travailler avec (les) oppositions”. – “Exigence” -Peu loquace, c’est en grande partie en coulisses qu’il a étendu son influence dans la macronie et tenté à Matignon de négocier notamment avec les socialistes, avec lesquels Emmanuel Macron avait demandé de “travailler”. Mais il avait refroidi la gauche en fermant la porte à ses principales demandes, dans un entretien au Parisien, sans détailler ses intentions budgétaires.Il avait ensuite annoncé, en accord avec Emmanuel Macron, qu’il renonçait à utiliser le 49.3, qui permet l’adoption d’un texte sans vote, un geste en faveur du Parlement, salué par le PS qui le demandait mais jugé insuffisant pour ne pas le censurer.La nomination de son gouvernement dimanche a ensuite été retardée par les velléités de la droite. Celle-ci demandait davantage de garanties et a été ulcérée par la nomination de Bruno Le Maire aux Armées.”Sébastien Lecornu n’a pas poussé l’exigence de dialogue” et aurait pu choisir aux Armées “une autre personnalité”, décrypte un député MoDem. Mais “on ne peut pas lui jeter entièrement la pierre. Il y a de l’irresponsabilité chez les LR et le PS”, chacun dans une “équation compliquée” en vue des municipales et de la présidentielle.”C’est le Paganini de la négo, mais il n’y a plus de corde au violon”, ironise un cacique de la macronie.Proche de Gérald Darmanin et d’Edouard Philippe, issus comme lui de la droite, Sébastien Lecornu s’était illustré par ses négociations avec les parlementaires pour faire adopter la loi de programmation militaire 2024-2030.- Dernier “gaulliste” -Mais “ce n’est pas difficile” de faire passer un budget en hausse, modère un responsable du bloc central, qui le voit davantage “manœuvrier” et pointe la montée du RN dans son département de l’Eure.Sébastien Lecornu avait été épinglé dans la presse pour un dîner avec Marine Le Pen, ce qui en faisait “l’homme de la négociation avec le RN dans la psyché socialiste”, selon une ministre.Originaire de Normandie, petit-fils de résistant, il a un temps pensé faire Saint-Cyr mais s’est lancé très jeune en politique, battant plusieurs records de précocité. Assistant parlementaire à 19 ans, il devient en 2008 le plus jeune conseiller ministériel auprès de Bruno Le Maire aux Affaires européennes, son mentor en politique, puis en 2015, le plus jeune président d’un département, l’Eure, après avoir été maire de sa ville, Vernon.Propulsé au gouvernement à 31 ans, il est passé par l’Ecologie, les Collectivités, l’Outre-mer, puis les Armées. Réserviste de la gendarmerie dans l’Eure, cet amateur d’histoire élu sénateur en 2020 voulait rester aux Armées, citant régulièrement son lointain prédécesseur Pierre Messmer, inamovible titulaire du portefeuille sous le général de Gaulle.Le patron du PS Olivier Faure a salué lundi matin la démission “avec dignité et honneur” d’un dernier “gaulliste”.

De la dissolution à la démission de Lecornu, des inédits à la chaîne

De la dissolution surprise en juin 2024 à la démission lundi du Premier ministre Sébastien Lecornu, quelques heures après l’annonce d’une partie de son gouvernement, la France a enchaîné, ces 16 derniers mois, les moments politiques inédits.- Campagne électorale la plus courte -Le 9 juin, au soir d’élections européennes largement remportées en France par le Rassemblement national (RN, 31,37% des suffrages), le président Emmanuel Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale.C’est une première depuis la dissolution ratée de Jacques Chirac en 1997 qui avait porté au pouvoir l’opposition de gauche emmenée par le socialiste Lionel Jospin.Seules trois semaines séparent l’annonce de la dissolution du premier tour des législatives, le 30 juin. Une campagne express sans équivalent sous la Ve République.  – Nombre inédit de députés RN – Les élections aboutissent à une fragmentation de l’Assemblée nationale avec trois blocs, dont aucun n’approche de la majorité absolue des 289 députés.Le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen devient le parti le plus représenté dans l’Hémicycle avec 123 députés, un nombre jamais atteint par cette formation.- Plus long interrègne -Après la démission du Premier ministre Gabriel Attal, Emmanuel Macron annonce qu’il ne désignera pas de Premier ministre avant la fin des Jeux olympiques de Paris.S’ouvre alors le plus long “interrègne” entre deux exécutifs de la Ve République: pendant 51 jours, le gouvernement démissionnaire expédie les affaires courantes.- Premier ministre le plus âgé -Emmanuel Macron désigne le 5 septembre Michel Barnier au poste de Premier ministre. L’ancien commissaire européen et ex-ministre devient à 73 ans le plus vieux Premier ministre de la Ve République (un record battu de quelques mois en avril par son successeur, François Bayrou). Il forme un exécutif marqué à droite, avec à l’Intérieur le conservateur Bruno Retailleau.- Plus court passage à Matignon -La préparation du budget 2025 éprouve durement la fragile coalition de M. Barnier. Le 2 décembre, il engage sa responsabilité pour faire adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale (article 49.3). Le 4, une motion de censure de la gauche obtient 311 voix sur les 288 nécessaires, grâce au soutien du RN. Michel Barnier est contraint de démissionner, trois mois à peine après sa prise de fonction. C’est alors le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République.- Quatre gouvernements en 12 mois -Emmanuel Macron nomme le 13 décembre le président du MoDem, François Bayrou, à Matignon qui présente le 23 décembre un gouvernement marqué par le retour de deux anciens Premiers ministres, Élisabeth Borne et Manuel Valls, et par le tandem droitier Retailleau-Darmanin. C’est le quatrième gouvernement en l’espace de 12 mois, fait inédit sous la Ve République.Il devra avoir recours en février 2025 à l’article 49-3 pour faire adopter sans vote le budget pour l’année en cours, qui devient le budget le plus tardivement adopté de l’histoire de la Ve République.- Première chute sur un vote de confiance -La chute le 8 septembre du gouvernement Bayrou sur un vote de confiance de l’Assemblée nationale, sollicité par le Premier ministre pour tenter de faire valider ses choix budgétaires, est aussi une première sous la Ve République. Avant François Bayrou, 21 Premiers ministres se sont essayés au vote de confiance, tous avec succès, parfois de justesse comme Jacques Chirac sous la première cohabitation avec François Mitterrand en 1986 et 1987.- Démission avant le premier conseil des ministres -Il avait fallu près d’un mois au nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre, pour annoncer dimanche soir la majeure partie de son gouvernement. Son premier conseil des ministres était prévu lundi à 16H00, mais, critiqué de toutes parts et fragilisé par la fronde des Républicains, il a présenté sa démission dans la matinée. Encore une fois du jamais vu sous la Ve République.

Lecornu a remis sa démission à Macron qui l’a acceptée (Elysée)

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a remis lundi sa démission à Emmanuel Macron, qui l’a acceptée, a annoncé lundi l’Elysée dans un communiqué.Nommé le 9 septembre, M. Lecornu était sous le feu des critiques des opposants et de la droite après avoir dévoilé dimanche soir une partie de son gouvernement. Son équipe ministérielle n’aura donc duré qu’une douzaine d’heures. M. Lecornu, qui restera comme le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, devait prononcer mardi sa déclaration de politique générale à l’Assemblée et donner à cette occasion ses grandes orientations budgétaires.Sa démission plonge la France dans une crise politique sans précédent depuis plusieurs décennies, et place Emmanuel Macron en première ligne, alors que fleurissent des appels à une nouvelle dissolution, voire à une démission du chef de l’Etat. Le pays a connu cinq Premiers ministres depuis la réélection d’Emmanuel Macron en mai 2022.La désignation de M. Lecornu, ministre des Armées proche d’Emmanuel Macron, avait déjà suscité la réprobation de la gauche et du Rassemblement national, qui n’ont cessé de brandir la menace d’une censure rapide à moins d’une rupture claire dans la politique menée.Mais M. Lecornu a également dû faire face à une fronde à l’intérieur même de sa fragile coalition gouvernementale. Les Républicains ont fait monter la pression ces derniers jours en conditionnant leur participation à des engagements supplémentaires du Premier ministre, notamment sur l’immigration. Ils exigeaient également d’avoir un tiers des postes ministériels.Le dévoilement de son équipe dimanche soir, qui fait la part belle aux reconductions et signe le retour au gouvernement de l’ancien ministre de l’Economie Bruno Le Maire, tenu pour responsable de la situation budgétaire, a achevé d’enflammer la situation. Jusqu’à pousser M. Lecornu à la démission lundi matin.

Bruno Le Maire, de grand argentier aux Armées

Après sept années passées à Bercy, Bruno Le Maire fait son retour dimanche au gouvernement, aux Armées, portefeuille régalien où il devra piloter le réarmement français face au regain de tensions géopolitiques.À 56 ans, ce normalien et énarque hérite d’un portefeuille stratégique dans un contexte marqué par la montée des tensions géopolitiques depuis l’invasion russe de l’Ukraine.Sous réserve de l’adoption du projet de budget 2026, Bruno Le Maire devra s’atteler à l’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) pour accélérer le réarmement du pays face à la détérioration de la sécurité en Europe sous la menace russe.Le président Emmanuel Macron avait annoncé en juillet vouloir renforcer l’effort budgétaire pour la défense déjà engagé, en ajoutant des dépenses de 3,5 milliards d’euros en 2026 puis à nouveau 3 milliards de plus en 2027.Avec son homologue allemand Boris Pistorius, ce germanophone est également chargé d’ici la fin de l’année de trouver un chemin pour tenter d’engager la prochaine étape du projet Scaf de futur avion de combat européen, actuellement bloqué par les intérêts divergents des industriels des deux pays.- Record de longévité à Bercy -Son arrivée aux Armées est une surprise: l’ex-ministre qui enseignait depuis un an dans une université suisse, était devenu depuis quelques mois conseiller stratégique du géant technologique néerlandais ASML, et se disait en retrait de la vie politique.Mais Bruno Le Maire reste dans la continuité de son parcours de poids lourd du gouvernement.Pendant sept ans – un record de longévité à la tête de ce ministère – il avait piloté le “paquebot” Bercy et l’économie française, déployant la politique de l’offre d’Emmanuel Macron et son cortège de baisses d’impôts. Défendant les réformes contestées des retraites et de l’assurance-chômage, il fait du plein-emploi et de la réindustrialisation de la France des priorités, conditions nécessaires selon lui d’une croissance durable et d’un pays attractif.   Partisan d’un Etat moins dispendieux, il ouvre toutefois grand les cordons de la bourse face au Covid, à l’inflation et à la flambée de l’énergie, avant d’amorcer un virage vers l’orthodoxie budgétaire, essayant tant bien que mal de sortir progressivement du “quoi qu’il en coûte”.- Déficit excessif -Après la reprise post-Covid de l’économie, il cherche à convaincre du nécessaire redressement des comptes publics si fragilisés que la France a été épinglée par la Commission européenne pour déficit excessif et a vu sa note abaissée par l’agence S&P.La croissance ralentit, le déficit public dérape (5,5% en 2023) et la dette explose. Des dizaines de milliards d’euros d’économies sont jugés nécessaires.  Il y a eu “des erreurs bien entendu, des choses qui n’ont pas été parfaites, mais j’ai toujours fait le mieux possible”, avait reconnu Bruno Le Maire, tirant le bilan de son septennat, auquel mettra fin la défaite du camp présidentiel aux législatives anticipées à l’été 2024.- Soutien de la première heure -Bercy lui avait permis de renaître politiquement après son échec cuisant à la primaire de la droite fin 2016. Un choc dans le parcours jusque-là sans accroc de ce brillant élève des beaux quartiers, normalien et énarque, qui a “grandi dans les couloirs des cabinets” ministériels, comme il le dit lui-même.C’est en 2007, sur les conseils d’un de ses mentors, Dominique de Villepin, dont il a été directeur de cabinet à Matignon, que ce catholique pratiquant s’était fait élire député pour la première fois, en Normandie.Le style du nouveau locataire de l’Hôtel de Brienne, amateur d’envolées lyriques et de citations littéraires, tranche avec la réserve de son prédécesseur, Sébastien Lecornu. Les deux hommes se connaissent bien: ce dernier a notamment été son conseiller en 2008 au ministère des Affaires européennes, puis lors de la primaire perdue de 2016.Bruno Le Maire, mélomane germanophile, qui se dit autant écrivain que politique, est père de quatre garçons et marié à une artiste peintre.Dans son entourage, on loue “un homme de conviction et d’intuition”, “grand bosseur”. Agrégé de lettres modernes, Bruno Le Maire, qui se considère autant écrivain qu’homme politique, a publié au moins six livres depuis 2017.mpa-max-mra-emb/abb/vk/hj

Aurore Bergé porte-parole, une macroniste influente jugée clivante

Personnalité aussi médiatique que clivante, Aurore Bergé prend du galon au sein du gouvernement en étant nommée dimanche porte-parole: une reconnaissance pour cette macroniste influente issue de la droite et reconnue pour ses talents de communicante.Depuis son élection à l’Assemblée nationale en 2017, cette ancienne communicante professionnelle âgée de 38 ans, à l’aise sur les plateaux de télévision pour porter l’estocade contre les Insoumis ou le Rassemblement national, s’était imposée en première ligne de la macronie. Il lui faudra désormais jouer de tous ses talents rhétoriques pour porter la parole unique d’un gouvernement que sa prédecesseure, Sophie Primas, qualifiait parfois de “polyphonique”… pour ne pas dire cacophonique.Pour construire son ascension, Mme Bergé a su forcer quelques portes, jusqu’à devenir présidente de son groupe politique au Palais Bourbon, de juin 2022 à juillet 2023, puis enfin ministre, chargée de l’Egalité entre les hommes et les femmes dans le gouvernement Attal (janvier-septembre 2024). Elle connut ensuite une courte éclipse lorsque Michel Barnier devint Premier ministre (septembre-décembre 2024), en redevenant simple députée des Yvelines dans le groupe dirigé par Gabriel Attal, avec qui les relations se sont considérablement rafraîchies. Elle a été renommée ministre en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes dans le gouvernement de François Bayrou en décembre dernier, et garde ce portefeuille dans celui de Sébastien Lecornu en plus du porte-parolat. Lors de la précédente législature, cette fille de comédiens – son père, récemment décédé, était la voix française de Sylvester Stallone -, a régulièrement assumé des positions tranchantes, voire des coups médiatiques, au risque de crisper ses alliés de la majorité d’alors, des élus Horizons et Modem parfois pris de court.- “Poigne” -Décrite par ses pairs comme “très, très clivante”, “autoritaire”, “dans l’auto-promotion”, ou ne “servant que ses potes”, cette “professionnelle de la politique” était également louée par d’autres élus qui lui reconnaissaient “du talent” et une “poigne”, une capacité “un peu bulldozer” à “tenir le groupe”. Elle “sait décider vite et bien, et est très courageuse”, soulignait une élue.En octobre 2019, elle avait créé la polémique dans son camp, se disant prête à voter une proposition de loi d’Eric Ciotti (alors LR, désormais rallié au RN) sur l’interdiction du voile pour les accompagnantes scolaires.Avant de se rallier à Emmanuel Macron en 2017, ses affinités successives – pour Nicolas Sarkozy, François Fillon et Alain Juppé – lui avaient déjà valu une réputation d’ambitieuse, voire d’opportuniste. La macroniste, formée à Sciences Po Paris et engagée très jeune à droite, défend par ailleurs une vision stricte de la laïcité.En tant que ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, elle a crispé en évoquant l’idée de couper les subventions aux associations féministes ayant tenu des “propos ambigus” sur l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. Avant de reconnaître qu’aucune association financée par l’Etat ne pouvait prêter le flanc à un tel reproche. L’épisode a laissé des traces parmi les militantes féministes. Mais Aurore Bergé a toujours affirmé suivre la même ligne directrice, “libérale” et “européenne”, mais aussi “féministe” et “progressiste”. En 2013, elle avait ainsi pris position pour le mariage pour tous, à rebours de la majorité de son camp. Et son engagement pour inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution a été apprécié parmi les défenseurs des droits des femmes.  Soupçonnée d’avoir menti sous serment sur ses liens avec une lobbyiste des crèches privées, ce que Mme Bergé dément, elle a été entendue en juin dans l’enquête qui la vise pour “faux témoignage”, selon des sources proches du dossier.

Mathieu Lefèvre, un spécialiste du budget “aile droite” pour parlementer avec la gauche

Cadre macroniste sur les sujets budgétaires, proche de Gérald Darmanin, Mathieu Lefèvre, a été nommé dimanche ministre en charge des Relations avec le Parlement, avec la délicate tâche de trouver des terrains d’entente à gauche.A 38 ans, le natif de Créteil, député du Val-de-Marne depuis 2022, entre au gouvernement après avoir été plusieurs fois pressenti. Il remplace à ce poste de ministre délégué placé auprès du Premier ministre Patrick Mignola (MoDem), et devra aider à nouer des compromis budgétaires avec la gauche.Tout sauf une sinécure, d’autant que ce chantre de la politique de l’offre et de la fin des 35 heures, incarne davantage l’aile droite de la macronie.Pragmatique, il a toutefois pointé récemment un besoin de “justice fiscale” : “on ne peut pas commencer un débat budgétaire où l’on demande beaucoup d’efforts aux Français si ceux qui doivent payer l’impôt ne le font pas”.”Nos partenaires de jeu, de travail, ce sont le Parti socialiste et Les Républicains”, estimait également M. Lefèvre sur franceinfo.”Pour trouver un accord avec le PS ? C’est quand même la quintessence de l’aile droite macroniste…”, commentait peu avant sa nomination un député Les Républicains, circonspect. “C’est le pire +MRP+ possible, très clivant”, a réagi un député PS dimanche dans la foulée de sa nomination. Philippe Brun, député socialiste est nettement plus mesuré : “il est compétent sur le fond des questions budgétaires”. “Je trouve qu’il y a eu un changement chez lui après la dissolution en 2024. Il était toujours très dur contre la gauche, depuis il a plus un discours de facilitateur et d’homme de dialogue, c’est intéressant””On n’a pas tout bien fait, on doit faire amende honorable, et on doit entrer en discussion en disant que les autres aussi peuvent avoir raison”, a récemment esquissé le futur ministre.- “Dépenses publiques” -Membre de la commission des Finances depuis son élection, Mathieu Lefèvre y avait déjà fait ses classes de 2011 à 2017, en tant qu’assistant parlementaire de Gilles Carrez (LR), rapporteur général du budget, puis président de la commission des Finances.C’est Gérald Darmanin, alors chargé des Comptes publics, qui le fait venir à Bercy puis au ministère de l’Intérieur. Il fait toujours partie de ceux qui œuvrent en coulisses, sur le fond et la forme, à tracer un chemin pour le ministre de la Justice qui se verrait bien un jour à l’Elysée. Réélu après la dissolution, ce diplômé de la Sorbonne en sciences politiques et de l’Ecole supérieure de commerce de Paris, a également officié en tant que co-rapporteur de la commission d’enquête sur les raisons du dérapage du déficit public, lancée par l’Insoumis Eric Coquerel.Avec un tropisme régalien, intervenant régulièrement sur les sujet de sécurité ou d’immigration, il se frotte très souvent dans l’hémicycle aux Insoumis et au Rassemblement national.Président du groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée, il a aussi connu plusieurs passes d’armes avec les Insoumis sur le 7-octobre et la guerre à Gaza, ces derniers lui reprochant un positionnement trop pro-israélien. Lui rétorque qu’il critique le gouvernement Netanyahu et plaide pour la solution à deux Etats.Sa nomination intervient dans un contexte particulier: pour la première fois depuis 2021, le budget ne devrait faire l’objet d’aucun recours au 49.3 en bout de course pour trier les amendements des parlementaires. Ce qui promet une avalanche de tractations avec les oppositions en-dehors et à l’intérieur du Parlement pour le néo-ministre.

Annie Genevard, “habile” arbitre à l’Agriculture comme chez les Républicains

Annie Genevard, reconduite dimanche au ministère de l’Agriculture, a fait taire ceux qui la pensaient novice sur le sujet en déployant la même “habileté politique” sur les dossiers agricoles que pour gérer les conflits au sein des Républicains.Si sa capacité d’écoute est saluée par ses interlocuteurs privilégiés – FNSEA, Coopération agricole, agroindustriels et même les contestataires de la Coordination rurale -, les défenseurs de l’environnement et la Confédération paysanne déplorent eux de ne pas être entendus.Cette ancienne professeure de français de 69 ans briguait plutôt l’Education nationale avant d’être nommée rue de Varenne en septembre 2024 par Michel Barnier, suscitant alors des doutes après un été de récoltes et d’épizooties dramatiques.Mais lors de ses déplacements, l’ancienne députée du Doubs et maire de Morteau répète son attachement à “ses” agriculteurs et aux montbéliardes de sa Franche-Comté natale.Son suppléant à l’Assemblée Éric Liégeon, un éleveur, a été secrétaire départemental de la FNSEA, syndicat dominant et partenaire privilégié du gouvernement.En décembre, elle est reconduite par François Bayrou, face à des agriculteurs qui demandent l’aboutissement des promesses non tenues après les manifestations agricoles de l’hiver précédent.Le contexte est tendu, avec des élections syndicales en janvier qui font perdre la majorité absolue à l’alliance historique FNSEA-JA mais pas sa domination sur les institutions agricoles.- “Allégeance” à la FNSEA -Véronique Le Floc’h, présidente de la radicale Coordination rurale, qui perce lors du scrutin (30% des votes), affirme que le syndicat n’a depuis “jamais aussi bien travaillé avec un ministre”. “Mais elle écoute encore trop la FNSEA.”Le porte-parole de la Confédération paysanne (20% des voix) Stéphane Galais dénonce lui une une “allégeance à la FNSEA qui n’a jamais été aussi flagrante”, avec des “reculs scandaleux” sur le soutien à l’agriculture biologique et sur les pesticides. S’il lui reconnaît une certaine “habileté” lors de grandes réunions, c’est surtout car les “forces d’opposition” y sont en “minorité permanente”.En février, Annie Genevard fait adopter au pas de charge la loi d’orientation agricole. Quelques jours plus tard au Salon de l’agriculture, elle expose sa vision – “Produire plus” pour garantir la “souveraineté alimentaire”.Sa défense du stockage de l’eau, de l’agrandissement des élevages et de la réintroduction de pesticides pour “les filières sans solution” est calquée sur la FNSEA.Avec son expérience d’ancienne vice-présidente de l’Assemblée, elle réécrit avec le sénateur (LR et ex-FNSEA) Laurent Duplomb sa proposition de loi visant à “lever les contraintes” imposées aux agriculteurs pour la rendre “acceptable”.Mais le processus accéléré, sans débat en séance, pour cette loi qui doit réintroduire sous conditions un pesticide néonicotinoïde interdit, creuse les fractures avec les ONG, la gauche, et révèle des divisions avec le ministère de la Transition écologique.- “Sacrée habileté politique” -Une pétition citoyenne rassemble plus de 2 millions de signatures contre le texte, un record. Annie Genevard se heurte en août à la censure partielle du Conseil constitutionnel, qui retoque la mesure controversée.Deuxième écueil: le début du processus de ratification de l’accord de libre-échange de l’Union européenne avec des pays du Mercosur, pourfendu par l’ensemble du monde agricole français, qu’elle avait essayé de bloquer.Pas de quoi réclamer son départ. FNSEA et JA voulaient “de la stabilité”.”Elle a une sacrée habileté politique, on l’a vu dans l’agriculture comme on l’avait vu chez les Républicains quand elle règle les conflits de mâles alpha”, confie un responsable agricole.Après avoir repris le siège des Républicains à Eric Ciotti, rallié à l’extrême droite et enfermé dans son bureau en 2024, elle a notamment joué les arbitres en tant que secrétaire générale entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau. En dix ans, elle a gravi presque tous les échelons chez les Républicains, où elle défend une ligne conservatrice sur la sécurité, l’immigration, la laïcité ou encore l’avortement et la PMA pour toutes.

Eric Woerth, un partisan de la décentralisation à la tête de l’Aménagement du terrioire

Désigné dimanche ministre de l’Aménagement du territoire, l’ex-LR Eric Woerth, 69 ans, est un partisan de la décentralisation qu’il a tenté de relancer dans un rapport présenté l’an dernier au président Emmanuel Macron. Dix jours après été relaxé dans l’affaire financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, dont il a été le trésorier, Eric Woerth, 69 ans, entre au sein du gouvernement de Sébastien Lecornu, un ex-LR comme lui.En 2022, Eric Woerth avait abandonné son parti de toujours pour rejoindre la macronie et a présenté un an plus tard un rapport avec 51 propositions pour “rétablir la confiance” entre Etat et collectivités. Outre l’Aménagement du territoire, il aura dans son porte-feuille la Décentralisation et le Logement, succédant à l’ancien socialiste François Rebsamen qui avait annoncé dès samedi son départ du gouvernement. Parlementaire respecté, réputé pour son calme en toutes circonstances, il est devenu l’archétype du dirigeant inquiété par la justice et finalement mis hors de cause au terme d’un long calvaire médiatique. Réélu député de l’Oise en 2017 et 2022, Eric Woerth a d’abord été inquiété dans l’affaire de la vente contestée de l’hippodrome de Compiègne révélée par le Canard enchaîné en 2010 et soldée par un non-lieu de la Commission d’instruction de la Cour de justice de la République. Un “torrent de boue” de quatre ans, avait-il commenté à l’époque.Il fut ensuite doublement relaxé dans l’affaire Bettencourt en 2015 après “cinq ans d’accusations malveillantes et mensongères, parfois instrumentalisées par des femmes et des hommes politiques sans scrupules”, selon ses termes.Plus récemment, l’ancien maire de Chantilly (1995-2017) a également été relaxé dans l’affaire des financement libyens, contrairement à l’ex-président Nicolas Sarkozy qui a été condamné à cinq ans d’emprisonnement avec incarcération prochaine pour avoir “laissé ses plus proches” démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne victorieuse de 2007. – Un pilier de la chiraquie -En 2017, il a été élu président de la prestigieuse commission des Finances de l’Assemblée nationale, un poste dévolu à un responsable de l’opposition, dont il faisait partie en temps que député LR. Expert en finances, diplômé de HEC et de Sciences-Po, ancien de chez Arthur Andersen France, Pechiney et Bossard, M. Woerth fut en politique d’abord un pilier de la Chiraquie: trésorier de la campagne de 1995 puis conseiller parlementaire d’Alain Juppé à Matignon.Mandataire financier de l’UMP naissante en 2002, puis trésorier du parti sous le magistère de Nicolas Sarkozy, il devient secrétaire d’Etat à la Réforme de l’Etat dans le gouvernement Raffarin de 2004 à 2005.Il prend une part active à la conquête du pouvoir de M. Sarkozy en gérant notamment le “premier cercle” des importants donateurs et devient ministre du Budget (2007-2010), puis du Travail et de la Fonction publique (2010) avant d’être contraint de quitter le gouvernement après les révélations autour de l’affaire Bettencourt.