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Barnier ne pensait pas que Marine Le Pen “oserait” la censure

“Je ne croyais pas qu’elle oserait”, a lâché le Premier ministre Michel Barnier lundi après une conversation téléphonique avec Marine Le Pen bien décidée à voter la censure malgré les multiples concessions faites au RN, a raconté mardi un président de groupe du bloc central.”Jusqu’à hier, le Premier ministre ne croyait pas que le RN censurerait”, a expliqué cette source, alors que le parti d’extrême droite s’apprête à voter mercredi soir la motion de censure déposée par la gauche.Lors de la réunion des chefs de groupe du “socle commun” (Renaissance, MoDem, Horizons et LR), au cours de laquelle Michel Barnier a informé ses troupes de son intention d’utiliser le 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale sans vote, ce dernier s’est absenté pour répondre à Marine Le Pen. “Quand il est revenu, il était différent. Il nous a dit à un moment cette phrase – je pense que ce n’était pas une phrase calculée, je pense vraiment qu’elle était spontanée -, +je ne croyais pas qu’elle oserait+”, a raconté ce chef de groupe. Et paraphrasant Michel Barnier: “On voit bien qu’à chaque fois qu’on lâche quelque chose, elle demande quelque chose d’autre, et, qu’à un moment, il faut probablement s’arrêter”. Selon l’entourage du Premier ministre, celui-ci avait déjà échangé avec la leader frontiste dans la matinée pour lui annoncer qu’il allait lui céder sur les baisses de remboursement des médicaments. L’après-midi, “elle lui dit que finalement il faut les retraites en plus”, raconte-t-on de même source, à propos de l’indexation sur l’inflation d’une partie seulement des pensions. “Là, Le Pen se dédit”, souffle l’entourage du Premier ministre, puisque l’ancienne candidate à la présidentielle avait assuré dimanche que retraites ou médicaments, il fallait que le gouvernement cède sur une des deux économies. “Hier, c’était médicaments ou retraites, on leur donne les médicaments maintenant il faut aussi des retraites. Il y aura toujours quelque chose”, a lâché Michel Barnier selon le chef de groupe. “Il y a un choix qui a été fait (par le RN), de toute façon ils auraient trouvé un narratif pour le faire”, a-t-il concédé, toujours selon cette source.Autre signe de refus d’une main tendue: d’après l’entourage de Michel Barnier, “la garde rapprochée” de Marine Le Pen a refusé “à trois reprises des opportunités de rencontres” à Matignon.Une affirmation à laquelle le RN et l’entourage de Marine Le Pen ont immédiatement répliqué. “Non, on dément formellement” ces invitations, ont-ils insisté auprès de l’AFP.”La première prise de contact avec le cabinet de Michel Barnier a eu lieu le 8 novembre à notre demande”, a-t-on assuré de même source. “Après les premières discussions, il nous a été répondu que +l’agenda du Premier ministre était très tendu+ et qu’il serait difficile de recevoir Marine Le Pen. C’était il y a près d’un mois”.sl-are-sac-pab/sde/sla

“Lamentable”: à Strasbourg, des Français affligés par la situation politique

“Triste”, “lamentable”, “une catastrophe”: malgré l’ambiance festive au marché de Noël de Strasbourg, en Alsace, visiteurs et commerçants sont affligés par la situation politique française et redoutent de prochains mois difficiles. Au pied du sapin de 31 mètres de haut qui domine la place Kléber, Michèle Pierron, 74 ans, prend des photos avec son petit-fils Matteo Bredow, 22 ans.La situation politique, “c’est lamentable”, se désole la septuagénaire originaire de la région parisienne. A la veille de l’examen des motions de censure déposées par la gauche et le parti d’extrême droite Rassemblement national (RN), qui pourraient faire tomber le gouvernement du Premier ministre de centre droit Michel Barnier, “on est dans l’attente”, constate-t-elle.”Censurer, c’est une chose, mais derrière il faut proposer quelque chose de durable… Si on enlève le Premier ministre, qui met-on ensuite ?” remarque son petit-fils, étudiant en sciences politiques à Strasbourg.Il suggère de “nommer quelqu’un d’assez technique comme Thierry Breton”, l’ancien commissaire européen et ministre de l’Economie sous Jacques Chirac (2005-2007).Le jeune homme regrette en tout cas que la situation “participe à la défiance des Français envers la politique. C’est dommage”.- “Rien ne bouge” -“La situation politique est lamentable. On est la septième puissance mondiale et on a une instabilité politique depuis la dissolution, on n’a pas de budget et rien ne bouge…”, regrette Jean-Pierre, 78 ans, un verre de soupe à la main.”On est en train de saccager l’image du pays et pour remonter la pente, ça va être dur”, craint le retraité, qui ne souhaite pas donner son nom de famille. “Pour les vieux comme moi, ça ne change pas grand chose mais je suis très inquiet pour les jeunes, pour le futur. On est dans une situation inextricable.””La solution serait qu’on ait des gens raisonnables, de tous bords politiques, qui mettent leur intérêt sous le mouchoir et se mettent d’accord pour mettre en place des mesures concrètes par rapport à la vie des Français”, suggère-t-il.”Il faut être raisonnable et mettre les égos de côté”, plaide aussi Christine Lerval, 68 ans, qui vend des accessoires douillets: chaussettes, chaussons et bonnets. Elle souhaiterait “qu’on laisse une chance au gouvernement en place”, estimant qu’il ne peut pas “faire de miracles”.En écho à la coalition de Michel Barnier, qui appelle les députés à ne pas faire chuter le gouvernement pour éviter un “chaos” politique et budgétaire, la vendeuse s’alarme des éventuelles conséquences: “Si le gouvernement est censuré, ça va être une catastrophe”.- “Un peu triste” -Si l’incertitude politique pèse sur le moral des Français, elle ne nuit en tout cas pas aux affaires, se félicitent les commerçants interrogés, qui écoulent bretzels, vin chaud ou encore produits artisanaux. Depuis son ouverture le 27 novembre, le marché ne désemplit pas.”On fait du chiffre d’affaires, c’est une période très faste de l’année”, se réjouit Christine Lerval.Beignets, gaufres, chocolats, sucreries… “Les Français se lâchent”, constate Emmanuel Parisot, 51 ans, confiseur. “Les gens pensent à autre chose, les problèmes politiques passent après”, assure-t-il, ajoutant qu’il y a aussi “beaucoup de touristes et ça ne les touche pas, tout ça”.Lui juge la situation française “un peu triste” et pointe du doigt un coupable: Emmanuel Macron. “Tout est de la responsabilité du président. Il a voulu faire une dissolution, et on ne sait pas où ça va nous mener”.”Ce qui est triste, c’est que je ne vois pas de responsable politique capable de relever le pays. Il n’y en a pas un qui sorte du lot”, selon le commerçant, pour qui “ça risque d’être difficile les prochains mois”.Face à la morosité ambiante, le confiseur invite à trouver un peu de réconfort dans les douceurs proposées sur son stand: “c’est fait pour ça!”.

La France est un “partenaire fiable”, martèle Macron depuis Ryad

Le président Emmanuel Macron a martelé mardi à Ryad que la France était un “partenaire fiable” pour accompagner la diversification économique de l’Arabie saoudite comme pour les investissements saoudiens en Europe, sans dire un mot sur l’instabilité politique en France.”Nous avons toujours été un partenaire fiable l’un envers l’autre (…) et nous voulons consolider ces investissements et partenariats”, a-t-il lancé lors d’un forum d’affaires franco-saoudien au deuxième jour de sa visite d’Etat en Arabie saoudite.Les entreprises françaises sont prêtes à accompagner le programme Vision 2030 d’ouverture et diversification du royaume, notamment dans les énergies renouvelables et l’intelligence artificielle, a-t-insisté. Plusieurs contrats ont été signés en ce sens, notamment par EDF pour la construction de centrales solaires et Veolia et Suez pour le traitement des déchets.Le géant pétrolier saoudien Aramco a aussi conclu des protocoles d’accord avec les start-up Pasqal sur la recherche quantique et Mistral IA dans l’intelligence artificielle. – “Porte d’entrée” -Le président français a aussi invité les investisseurs saoudiens à “faire plus en France”, jugeant que la marge était grande en la matière.”La France n’est pas seulement un marché de 68 millions d’habitants (..) elle est un point d’entrée pour le marché européen et pour (celui de) la francophonie”, a-t-il souligné.Le chef de l’Etat n’a fait aucune allusion à la situation politique en France où le gouvernement est en passe d’être renversé sur le budget et où l’incertitude grandit sur les engagements financiers du pays.Arrivé lundi soir à Ryad, Emmanuel Macron a signé avec le prince héritier et dirigeant de facto du pays Mohammed ben Salmane un partenariat stratégique destiné à renforcer la coopération tous azimuts, de la défense à l’économie du futur. Les deux dirigeants ont aussi “convenus de fournir tous les efforts pour contribuer à la désescalade” au Moyen-Orient, selon l’Elysée. Ils ont notamment appelé à l’élection d’un président au Liban – dont le pays est privé depuis plus de deux ans – après l’entrée en vigueur d’une trêve le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien Hezbollah. Le chef de l’Etat français était accompagné d’une cinquantaine de patrons de grands groupes français (Total, EDF, Veolia…) et de start-up emblématiques de l’économie du futur.Après le succès des Jeux Olympiques d’été à Paris, il a proposé l’expertise de la France pour les grands événements qui seront accueillis en Arabie, dont l’Expo universelle en 2030 et le Mondial-2034 de foot, et qui visent à moderniser l’image du pays.L’Arabie saoudite s’est engagée à contribuer à hauteur de 50 millions d’euros à la rénovation du Centre Pompidou à Paris, en échange d’accords de coopération culturelle, a appris l’AFP auprès du ministère français de la Culture.- Exécutions record -La France est aussi un partenaire privilégié dans la mise en valeur du patrimoine archéologique d’Al-Ula, près de Médine (nord-ouest), dont le royaume entend faire un site touristique phare du Moyen-Orient et où le président terminera sa visite mercredi.MBS, un temps paria après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en Turquie en 2018, est revenu depuis au centre du jeu sur la scène internationale, échangeant avec Pékin comme Moscou et sur le point de retrouver un allié de poids en la personne de Donald Trump à Washington.Emmanuel Macron, l’un des premiers à lui avoir rendu visite quand il était encore ostracisé, espère aussi renforcer sa relation avec lui. Les deux dirigeants se retrouveront d’ailleurs pour un dîner en tête-à-tête mardi.Les droits humains restent néanmoins un point noir du jeune dirigeant, entre répression des dissidents et exécutions. Quatre nouvelles personnes ont été exécutées mardi, ce qui porte le nombre d’exécutions à 303 depuis le début de l’année, un record absolu.La France, forte de “l’excellence de sa relation” avec le Royaume, aborde régulièrement ces sujets auprès de ses interlocuteurs, assure l’Elysée alors que les ONG l’appellent à plus de mobilisation en la matière.Le président français, qui souhaite aussi associer l’Arabie à ses engagements sur les grands enjeux globaux, co-présidera par ailleurs un sommet dédié à la gestion durable de l’eau, le One Water Summit, en marge de la COP16 désertification, en fin d’après-midi à Ryad.

Coquerel (LFI) demande aux socialistes de revenir à la seule option d’un gouvernement NFP

Le député LFI Eric Coquerel, président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, a appelé mardi les socialistes à faire bloc et à revenir à la seule option d’un gouvernement Nouveau Front populaire dans le cas où la motion de censure serait votée mercredi. “Si on veut avoir une chance qu’il y ait un gouvernement de gauche, il faut tous taper sur le même clou”, a déclaré à la presse M. Coquerel à l’Assemblée nationale. Gouvernement technique, accord de non-censure, “si on commence à proposer des options, des solutions différentes (…) on voit bien qu’on facilite le travail de M. Macron de ne pas nommer un gouvernement de gauche”, selon lui.”La seule chose qui peut nous unir, c’est de continuer à exiger un gouvernement qui porte le programme du Nouveau Front populaire”, a lancé M. Coquerel qui “conseille” à ses “camarades socialistes” de revenir à l’option NFP, “seule base commune que nous pouvons présenter en ce moment”.Les socialistes, dans un communiqué lundi soir, ont demandé la désignation “d’un Premier ministre partageant les valeurs de la gauche sur les chantiers prioritaires du Nouveau Front populaire”.Le président de la République doit “nommer un Premier ministre de gauche” qui “propose un projet de gauche mais avec le souci permanent du compromis”, a déclaré le Premier secrétaire du PS Olivier Faure mardi matin. La cheffe du groupe La France insoumise à l’Assemblée Mathilde Panot a rappelé mardi en conférence de presse la position de son groupe: “un gouvernement Nouveau Front populaire, avec le programme du Nouveau Front populaire, et ensuite (…) texte par texte, trouver des majorités” au Parlement. Elle a prévenu qu'”un accord de non-censure”, qui serait “de fait, une forme d’alliance gouvernementale avec les macronistes” était inenvisageable. “Dans le cas où il y aurait un tel accord, il y aurait alors une rupture avec le Nouveau Front populaire, et j’ose espérer que personne n’ira jusque-là”, a-t-elle rappelé. Le chef des députés socialistes Boris Vallaud avait dit la semaine dernière vouloir proposer à tous les partis, à l’exception du RN, “de poser la question des conditions d’une non-censure” si le gouvernement Barnier venait à être renversé.

Interdiction du corse à l’assemblée locale: l’appel au calme entendu à Ajaccio

La mobilisation étudiante et lycéenne pour la défense de la langue corse, qui agite l’île depuis jeudi, a été suspendue mardi à Ajaccio, au lendemain de l’appel au calme de l’évêque pour ne pas nuire à la venue du pape, mi-décembre.En dehors d’Ajaccio, des blocages filtrants étaient néanmoins en place mardi devant huit lycées et collèges de Haute-Corse et cinq établissements de Corse-du-Sud, a indiqué le rectorat à l’AFP. Les manifestants contestent la décision, mi-novembre, de la cour administrative d’appel de Marseille qui a confirmé l’interdiction de l’usage de la langue corse au sein de l’assemblée insulaire, jugé anticonstitutionnel.L’université de Corte était également bloquée mardi et les cours n’étaient “pas assurés”, a indiqué à l’AFP le service communication, précisant qu’elle devrait être débloquée mercredi. Lundi, les blocages ont concerné une dizaine de lycées et collèges de Corse et des heurts avaient éclaté à Ajaccio, contraignant la mairie à fermer temporairement le marché de Noël et poussant lundi soir, le cardinal Bustillo et le préfet de Corse à lancer des appels au calme.”Chers jeunes, nous devons arrêter cette violence”, a appelé lundi, en langue corse, l’évêque de Corse, ajoutant en français: “Les familles ont peur, les enfants ont peur, les commerçants sont inquiets, (…) nous devons résoudre les problèmes par le dialogue et pas par la violence”. “Le pape arrive, (…) préparons la paix”, a-t-il appelé de ses voeux.  Un souhait entendu par les syndicats nationalistes étudiants Ghjuventù Indipendentista (GI) et Ghjuventu Paolina (GP), à l’origine du mouvement.”Si la lutte contre la répression de la langue corse dure depuis plus de 40 ans et nous pousse à combattre de toutes nos forces, nous ne voulons pas que ces moments de revendication puissent remettre en cause, de quelque manière que ce soit, les conditions de la venue du pape François”, a écrit la GI dans un communiqué publié dans la nuit de lundi à mardi.Appelant “la jeunesse corse à retourner à l’école”, le syndicat leur a donné rendez-vous en janvier pour reprendre la mobilisation.Parce que “le contexte actuel pourrait éventuellement remettre en cause la venue du pape François”, la GP a appelé mardi matin “l’ensemble des militants à employer des moyens d’actions pacifiques afin que cet événement puisse avoir lieu”, assurant que la mobilisation “ne sera que plus forte suite à la venue du Saint-Père”.François doit effectuer la première visite d’un pape en Corse, le 15 décembre.

Les soutiens de Barnier appellent chaque député à la “responsabilité” à la veille de la censure

Ambiance de fin de règne au lendemain du déclenchement du 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale: menacée par la censure mercredi, la coalition de Michel Barnier appelle à la responsabilité pour ne pas faire tomber le gouvernement et éviter un “chaos” politique et budgétaire.La séance de questions au gouvernement prévue dans l’après-midi à l’Assemblée promet d’être tendue, alors que la conférence des présidents de groupe à l’Assemblée a fixé à mercredi 16 heures l’examen des motions de censure déposées par la gauche et le RN.Celle de la gauche, qui sera votée en premier, a toutes les chances d’être adoptée puisque le RN a annoncé la soutenir. En ajoutant leurs voix, la gauche et le RN peuvent réunir autour de 330 suffrages, largement au-delà des 288 requises. – Barnier aux JT de 20H -Baroud d’honneur ou tentative ultime d’éviter la chute ? Mardi soir, le Premier ministre en sursis s’est invité à 20H00 sur TF1 et France 2, où il répondra aux questions d’Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau en direct depuis Matignon, ont annoncé les deux chaînes. “La chute de Barnier est actée”, a proclamé la cheffe des députés insoumis Mathilde Panot. Nommé le 5 septembre, il aura tenu trois mois grâce au “soutien sans participation du RN” et, “ce qui le fera tomber, c’est justement que le RN aura cessé de le soutenir”, a souligné le député PS Arthur Delaporte.Lundi, le Premier ministre a engagé sans surprise la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), assurant avoir été “au bout du dialogue” avec les groupes politiques, y compris le Rassemblement national. Les gestes annoncés par Michel Barnier pour répondre aux exigences du parti à la flamme – notamment sur le remboursement des médicaments – n’auront toutefois pas suffi: “Censurer ce budget est, hélas, la seule manière que nous donne la Constitution pour protéger les Français d’un budget dangereux, injuste et punitif”, a justifié mardi Marine Le Pen sur X.”C’est le RN qui a obtenu le plus de gains politiques”, mais Mme Le Pen “préfère les sacrifier sur le dos des Français”, déplore-t-on dans l’entourage du Premier ministre, estimant que la cheffe des députés RN “casse le pays, sans plan derrière”.Mardi matin, les ministres se sont succédé sur les radios et télévisions pour agiter le risque du “chaos”. “C’est le pays qu’on met en danger”, s’est inquiété le ministre de l’Économie Antoine Armand. “Est-ce qu’on veut vraiment le chaos ? Est-ce qu’on veut une crise économique qui touchera les plus fragiles ? “, a lancé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur TF1. Le puissant locataire de Beauvau a même fait “le pari qu’avec Michel Barnier, nous parviendrons à écarter la motion de censure”. – une première depuis 62 ans -L’adoption par l’Assemblée nationale d’une telle motion serait une première depuis le renversement du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement Barnier deviendrait alors le plus court de l’histoire de la Ve République.Si l’exécutif tombait, la France s’enfoncerait encore plus dans la crise politique créée par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin. Sur les marchés financiers, les taux d’intérêt auxquels emprunte la France se sont tendus face aux incertitudes sur le gouvernement et la capacité du pays à réduire les déficits. Mais la Bourse de Paris évoluait en hausse mardi, les investisseurs se focalisant pour le moment sur les avantages d’un statu quo budgétaire en cas de censure.L’Élysée n’a fait aucun commentaire sur la nouvelle donne politique, alors qu’Emmanuel Macron a atterri lundi à Ryad pour une visite d’État de trois jours en Arabie saoudite. Mais c’est bien le chef de l’État qui aura rapidement la main car, si le scénario d’une censure se confirme, il devra nommer un nouveau Premier ministre.- Qui pour succéder à Barnier ? -Les spéculations vont déjà bon train sur les successeurs potentiels à Michel Barnier, du ministre des Armées Sébastien Lecornu au centriste François Bayrou dans le camp présidentiel.”Evidemment que François Bayrou est dans cette disposition d’esprit mais ce n’est pas qu’une question d’homme”, a souligné mardi sur France Inter le chef de file des députés Modem Marc Fesneau. Mais l’équation reste la même à l’Assemblée: aucune configuration ne semble promettre une majorité pour faire passer un budget pour 2025. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure a appelé de son côté Emmanuel Macron à nommer un “Premier ministre de gauche” mais ouvert “au compromis” avec le bloc central. “C’est le Front populaire au gouvernement et le Front républicain à l’Assemblée. C’est ainsi qu’on peut progresser”, a-t-il plaidé, se disant prêt à prendre ses responsabilités pour Matignon et rejetant les appels à la démission du chef de l’Etat lancés par Jean-Luc-Mélenchon.ab-far-lum-are/jmt/pta

Les motions de censure contre le gouvernement Barnier seront débattues mercredi à 16H00 (sources parlementaires)

Le débat suivi d’un vote sur les motions de censure déposées par la gauche et le Rassemblement national contre le gouvernement de Michel Barnier aura lieu mercredi à 16H00, a-t-on appris mardi de sources parlementaires.La motion de censure déposée par l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire a toutes les chances d’être adoptée puisque le RN a annoncé la soutenir. Le texte présenté par le parti de Marine Le Pen ne devrait inversement pas être appuyé par le NFP. Ces motions interviennent après que Michel Barnier a engagé la responsabilité de son gouvernement lundi sur le projet de budget pour la Sécurité sociale en déclenchant l’article 49.3 de la Constitution.Avant d’entamer ces discussions capitales, l’Assemblée nationale a prévu à ce stade d’étudier à 15h00 le projet de loi de fin gestion, un autre texte d’ordre financier qui permet de fixer d’ultimes ajustements budgétaires à réaliser en fin d’année.Mais des discussions sont encore en cours au Palais Bourbon selon plusieurs sources parlementaires, et cette inscription à l’ordre du jour pourrait être remise en cause si l’on se rend compte que le gouvernement devra recourir au 49.3 pour le faire adopter. Un compromis a été trouvé mardi matin entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire, avec une abstention du RN, selon plusieurs sources parlementaires.Quant aux deux motions de censure sur le budget de la Sécurité sociale, elle seront discutées coup sur coup, en commençant par celle de la gauche qui doit être défendue par Eric Coquerel, président LFI de la commission des Finances. Sauf retournement de situation spectaculaire, elle devrait être adoptée puisque le RN a déclaré qu’il la voterait, et que 325 députés ont signé l’une ou l’autre des deux motions de censure, un nombre bien supérieur aux 288 voix nécessaires.Le premier résultat est attendu vers 20h00 selon plusieurs sources parlementaires.

Macron poursuit sa visite d’Etat en Arabie avec un volet économique

Emmanuel Macron poursuit mardi sa visite d’Etat en Arabie saoudite, loin de la crise politique qui secoue la France, avec un important volet économique, après la signature la veille d’un partenariat stratégique entre les deux pays.Une visite dans le nouveau métro aérien de Ryad, prévue en début de journée, a toutefois été annulée en raison de l’absence du PDG d’Alstom, un des principaux groupes français associés à sa réalisation, a indiqué l’Elysée. Le président français s’est fait représenter à cette séquence par le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot. Emmanuel Macron s’est directement rendu à une session des One Planet Sovereign Wealth Funds (OPSWF), qui réunit des fonds souverains sur le changement climatique, avant un programme culturel dans le fief historique de la dynastie des Saoud, près de Ryad, hors presse.Arrivé lundi soir à Ryad alors qu’une censure du gouvernement devenait quasi-inéluctable à Paris, le président français a rejoint le Palais royal sans dire un mot de l’emballement politique à 6.000 kilomètres de là.La solennité de la cérémonie d’accueil et l’entretien en tête-à-tête avec le prince héritier et dirigeant de facto du pays Mohammed ben Salmane (“MBS”) ont en miroir paru aux antipodes de l’instabilité qui agite de nouveau la France. Les deux dirigeants ont signé un partenariat stratégique avec l’ambition de “multiplier les coopérations dans tous les domaines”, de la défense à la transition écologique et la culture. Ils ont aussi “convenus de fournir tous les efforts pour contribuer à la désescalade” au Moyen-Orient, selon l’Elysée. Ils ont notamment appelé à l’élection d’un président au Liban – dont le pays est privé depuis plus de deux ans – après l’entrée en vigueur d’une trêve le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien Hezbollah. – “Incontournable” -Après cette séquence politique lundi, place au business: Emmanuel Macron clôturera dans l’après-midi un forum d’affaires franco-saoudien, l’occasion de lancer des partenariats dans l’économie du futur, des énergies renouvelables à l’intelligence artificielle.”Notre souhait, c’est de pouvoir, à travers cette visite, consolider la place de la France comme un partenaire incontournable et fiable pour l’Arabie saoudite dans tous les domaines de son développement”, souligne l’Elysée.Le royaume s’est engagé sous la houlette de son jeune dirigeant dans une profonde modernisation économique et sociale, intitulée “Vision 2030″, à grand renfort d’investissements.Le chef de l’Etat français est accompagné d’une cinquantaine de patrons de grands groupes français (Total, EDF, Veolia…) et de start-up (Pasqal, Alan, Mistral…) emblématiques de l’économie du futur.Plusieurs contrats et déclarations d’intention doivent être signés, portant notamment sur le développement des énergies renouvelables alors que l’Arabie saoudite, premier exportateur de brut mondial, accélère sa diversification.Les dirigeants des groupes de défense Dassault, Thales et Naval Group seront également présents.Le royaume, qui accueillera l’Expo universelle en 2030 et le Mondial-2034 de foot entend aussi accélérer son ouverture au monde en modernisant au passage son image.La France, forte de la réussite des Jeux olympiques de Paris, espère pouvoir apporter son expertise dans l’organisation de ces événements.- Droits humains -Elle est aussi un partenaire privilégié dans la mise en valeur du patrimoine archéologique d’Al-Ula, près de Médine (nord-ouest), dont le royaume entend faire un site touristique phare du Moyen-Orient et où le président terminera sa visite mercredi.MBS, un temps paria après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en Turquie en 2018, est revenu depuis au centre du jeu sur la scène internationale, échangeant avec Pékin comme Moscou et sur le point de retrouver un allié de poids en la personne de Donald Trump à Washington.Emmanuel Macron, l’un des premiers à lui avoir rendu visite quand il était encore ostracisé, espère aussi renforcer sa relation avec lui. Les deux dirigeants se retrouveront d’ailleurs pour un dîner en tête-à-tête mardi.Les droits humains restent néanmoins un point noir du jeune dirigeant, entre répression des dissidents et fréquentes exécutions.”L’excellence de notre relation nous permet d’aborder tous les sujets, y compris ceux-ci”, assure de son côté l’Elysée, sans préciser si la question a été abordée.Le président français, qui souhaite aussi associer l’Arabie à ses engagements sur les grands enjeux globaux, co-présidera par ailleurs un sommet dédié à la gestion durable de l’eau, le One Water Summit, en marge de la COP16 désertification, mardi à Ryad.

Les soutiens de Barnier appellent chaque député à la “responsabilité” face à la censure

Ambiance de fin de règne au lendemain du déclenchement du 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale: menacée par une motion de censure, la coalition de Michel Barnier appelle à la responsabilité pour ne pas faire tomber le gouvernement et éviter un “chaos” politique et budgétaire.La séance de questions au gouvernement prévue dans l’après-midi à l’Assemblée promet d’être tendue, alors que les députés seront appelés dans la semaine à se prononcer sur une motion de censure qui a toutes les chances d’être approuvée, la gauche et le Rassemblement National ayant annoncé qu’ils la voteraient.Baroud d’honneur ou tentative ultime d’éviter la chute ? Mardi soir, le Premier ministre en sursis s’est invité à 20H00 sur TF1 et France 2, où il répondra aux questions d’Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau en direct depuis Matignon, ont annoncé les deux chaînes. “La chute de Barnier est actée”, a proclamé la cheffe des députés insoumis Mathilde Panot. Nommé le 5 septembre, il aura tenu trois mois grâce au “soutien sans participation du RN” et, “ce qui le fera tomber, c’est justement que le RN aura cessé de le soutenir”, a souligné le député PS Arthur Delaporte.Lundi, le Premier ministre a engagé sans surprise la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), assurant avoir été “au bout du dialogue” avec les groupes politiques, y compris le Rassemblement national. Les gestes annoncés par Michel Barnier pour répondre aux exigences du parti à la flamme – notamment sur le remboursement des médicaments – n’auront toutefois pas suffi: “Censurer ce budget est, hélas, la seule manière que nous donne la Constitution pour protéger les Français d’un budget dangereux, injuste et punitif”, a justifié mardi Marine Le Pen sur X.Voter la censure, “c’est notre devoir”, a confirmé mardi l’un de ses principaux lieutenants, le député Jean-Philippe Tanguy sur Europe1/Cnews. “Nous n’allons pas confier davantage les cordons de la bourse de la France à des gens qui sont incapables”.Mardi matin, les ministres se sont succédé sur les radios et télévisions pour agiter le risque du “chaos”. “C’est le pays qu’on met en danger”, s’est inquiété le ministre de l’Économie Antoine Armand. “Est-ce qu’on veut vraiment le chaos ? Est ce qu’on veut une crise économique qui touchera les plus fragiles ? “, a lancé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur TF1. Le puissant locataire de Beauvau a même fait “le pari qu’avec Michel Barnier, nous parviendrons à écarter la motion de censure”. Mais rien n’est moins sûr. Dans la matinée, la conférence des présidents de l’Assemblée nationale devrait selon toute vraisemblance décider de la date – sans doute mercredi ou jeudi – du débat et du vote sur les motions de censure déposées par le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national.- “Texte par texte” -L’adoption par l’Assemblée nationale d’une telle motion serait une première depuis le renversement du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement Barnier deviendrait alors le plus court de l’histoire de la Ve République.Pour faire chuter le gouvernement, 288 députés devront voter la censure, soit un nombre très largement à la portée d’une alliance de circonstances entre la gauche et le RN.Si l’exécutif tombait, la France s’enfoncerait encore plus dans la crise politique créée par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin. Sur les marchés financiers, les taux d’intérêt auxquels emprunte la France se sont tendus face aux incertitudes sur le gouvernement et la capacité du pays à réduire les déficits. L’Élysée n’a fait aucun commentaire sur la nouvelle donne politique, alors qu’Emmanuel Macron a atterri lundi à Ryad pour une visite d’État de trois jours en Arabie saoudite. Mais c’est bien le chef de l’État qui aura rapidement la main car, si le scénario d’une censure se confirme, il devra nommer un nouveau Premier ministre.A gauche, on rejette le procès en irresponsabilité. “Ne disons pas que si cette motion de censure est votée, tout va s’effondrer: c’est si elle n’est pas votée que ça continuera”, a avancé la cheffe des Écologistes Marine Tondelier sur franceinfo, pointant un budget qui “aurait des conséquences absolument délétères sur la vie quotidienne des Français”.”C’est le Front populaire au gouvernement et le Front républicain à l’Assemblée. C’est ainsi qu’on peut progresser”, a défendu le premier secrétaire du PS, Olivier Faure sur BFMTV-RMC, rappelant que son parti appelait à la recherche de “compromis texte par texte” sur la base d’un “projet de gauche” dans une Assemblée complètement fracturée.En attendant, le Sénat continue de débattre mardi du budget de l’État – texte sur lequel le recours au 49.3 semblait de toute façon également inévitable. Et une commission mixte paritaire (CMP), associant sept députés et sept sénateurs, doit se pencher sur le budget de “fin de gestion” pour 2024, qui permet au gouvernement de fixer d’ultimes ajustements budgétaires pour l’année en cours.

Faure veut un Premier ministre de gauche mais ouvert “au compromis” avec le bloc central

Le Premier secrétaire du PS souhaite qu’Emmanuel Macron nomme “un Premier ministre de gauche” mais ouvert “au compromis” avec le bloc central au Parlement en cas de renversement du gouvernement Barnier dans les prochains jours.”C’est le Front populaire au gouvernement et le Front républicain à l’Assemblée. C’est ainsi qu’on peut progresser”, a résumé Olivier Faure sur BFMTV/RMC.Le président de la République doit “nommer un Premier ministre de gauche” qui “propose un projet de gauche mais avec le souci permanent du compromis”, a-t-il insisté.M. Faure a confirmé que les socialistes voteraient sans états d’âme la censure du gouvernement avec le Rassemblement national.”Le gouvernement Barnier n’existait que grâce à Marine Le Pen. Il va tomber à cause de Marine Le Pen (…) Je ne vais quand même pas maintenant aller plaindre Michel Barnier qui ne doit son existence qu’à Marine Le Pen”, a-t-il affirmé.Si Emmanuel Macron lui propose Matignon, Olivier Faure prendra “ses responsabilités comme toutes celles et ceux qui, à gauche aujourd’hui, doivent prendre s’ils sont appelés par le président de République”.Contrairement à Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure est hostile à une présidentielle anticipée parce que “Marine Le Pen peut l’emporter” et qu’un président de gauche n’aura pas davantage de majorité, faute de dissolution possible avant l’été.